Guerres commerciales V, 42 1882-1883 Mars eslevé en son plus haut beffroy Fera retraire les Allobrox de France, La gent Lombarde fera si grand effroy A ceux de l'Aigle comprins sous la Balance. Savoie Les Allobroges sont un peuple qui habitait la Savoie. Cette province a été annexée par la France en 1860 en échange de son aide à l'unité italienne. Protectionnisme Comment, après les résultats des traités de 1860, résultats manifestement heureux dans leur ensemble, ainsi que l'ont démontré tant d'économistes, une réaction se manifesta-t-elle en France et dans la plupart des pays de l'ancien et du nouveau monde contre la liberté commerciale ? Comment, après la guerre franco-allemande, l'esprit de jalousie se montra-t-il presque aussi vivace que dans les temps passés ? Il y aurait là matière à une étude intéressante sur la psychologie des peuples. L'ère des prohibitions resta close. Mais on eut recours aux représailles et l'on se fit la guerre à coups de tarifs, comme au temps du colbertisme. Les protectionnistes parlent peu de cette conséquence de leur système. C'est de 1881 que date, en France, la première réaction contre le régime libéral ; elle fut encore modeste elle consista à mettre des droits sur le bétail, sur les oeufs, sur le beurre, etc., à substituer la taxation spécifique à la taxation ad valorem, de manière à augmenter indirectement le tarif, mais elle n'empêcha pas que des traités de commerce fussent renouvelés ou conclus avec un grand nombre de pays, de sorte qu'en fait, le régime libéral fut maintenu jusqu'en 1892. Peu à peu, les protectionnistes gagnèrent toutefois du terrain ; des lois intervinrent sur le sucre, sur le blé, sur les boeufs; le droit sur le froment fut porté à 3 francs le quintal; les boeufs furent taxés à 25 francs; deux ans plus tard, ces droits furent relevés la taxe sur le froment étranger fut portée à 5 francs, la taxe sur les boeufs à 38 francs. A la même époque commença une guerre de tarifs avec l'Italie. Pendant longtemps, et grâce à Cavour, nos voisins avaient pratiqué un régime de liberté commerciale.
Une réaction se manifesta chez eux comme chez nous; un tarif substituant des droits spécifiques aux droits ad valorem, avec surélévation, fut adopté en 1878. Un projet
de convention fut néanmoins préparé avec la France; notre Chambre des députés l'ayant repoussé le 6 juin 1878, les deux pays s'accordèrent le traitement de la nation
la plus favorisée et conclurent un traité (3 novembre 1881) comportant, de notre côté, d'assez notables réductions de droits, sauf pour le bétail. On commençait, en France
et en Italie, à faire de la politique électorale agricole. L'Italie remania son tarif, d'abord en août 1883, puis en juillet 1887, dans un sens de plus en plus protectionniste.
C'est alors que M. Luzzati lança la phrase célèbre "Il convient de montrer à l'étranger, d'une part, les pointes de fer du tarif général; de l'autre, le rameau d'olivier
des conventions". Le résultat fut que les relations commerciales entre l'Italie et la France furent rompues et que le 1er mars 1887, les tarifs généraux des deux pays devinrent
applicables. Celui de l'Italie était plus élevé que le nôtre; une loi du 27 février 1888 releva ce demier et, par une maladresse assez singulière, le législateur ne prévit
pas que la rupture avec l'Italie entraînait l'application du tarif général à d'autres pays, pour certaines marchandises qui, parle traité franco-italien, avaient profité
de la clause de la nation la plus favorisée. L'Italie riposta par un tarif supérieur au nôtre (29 février 1888). En 1891, la chute de Crispi fut le prélude d'une modification
ce regrettable état de choses. Après l'adoption du régime douanier dé 1892, notre tarif général fut concédé à nos voisins; plus tard, le 28 septembre 1896, fut signé
un arrangement auquel fut substitué, en 1897, un accord définitif : l'Italie avait consenti des réductions sur cinquante-deux articles de son tarif général.
La guerre de tarifs avait duré onze ans et avait été désastreuse pour les deux parties. L'importation des produits italiens en France qui, en 1887, était de 307 millions,
descendit brusquement Ă 181 millions en 1888, tomba plus bas encore et arriva, en 1895 Ă 115 millions. Nos exportations qui se chiffraient, en 1887, par 192 millions,
descendirent, en 1894, à 98 millions. L'ensemble du commerce entre les deux pays, qui était de 500 millions avant la guerre, baissa jusqu'à 220 millions en 1894. Après
l'arrangement de 1898, il se releva à peine : quand des courants commerciaux sont détruits, ils ne se reconstituent pas facilement. En 1905, l'ensemble de ce commerce
n'était encore que de 367 millions; c'est seulement en 1910 qu'on a revu le chiffre de 500 millions. Les protectionnistes se sont consolés en disant que l'Italie avait
perdu plus que nous ! "Est-ce un soulagement pour moi, disait le marquis de Mirabeau, quand la moitié de ma maison brûle, si celle de mon voisin se trouve consumée
tout entière ?" Pour les vins, notre marché fut fermé à nos voisins. Il le fut aussi un peu plus tard pour les vins d'Espagne. Le résultat a été que l'Italie et l'Espagne,
obligées de chercher des débouchés, sont allés concurrencer nos vins sur les marchés de l'Autriche, de la suisse, de l'Allemagne qui nous appartenaient autrefois,
tandis que précédemment les vins italiens et espagnols servaient améliorer, au moyen de coupages, des vins français de médiocre qualité. Des considérations de politique
générale et le développement du gallophobisme en Italie ont assurément contribué à engendrer et à aggraver le mal dont nous et nos voisins avons souffert de 1887 à 1898 ;
mais il n'aurait pu nous atteindre si, d'un côté, le gouvemement de Crispi n'avait profilé des préjugés protectionnistes pour justifier sa politique anti-française et si,
de l'autre côté, le Gouvernement de la République ne s'était cru obligé de ménager les éleveurs et de maintenir la protection qui leur avait été accordée. En conséquence
et sans nulle injustice, on peut inscrire la guerre de tarifs avec l'Italie et ses résultats dans le bilan du protectionnisme (Gustave Schelle, Le Bilan du protectionnisme en France (1912), 2016
- books.google.fr). "Aigle" Typologiquement, l'aigle, peut se rapporter au nouvel empire allemand (cf. quatrain suivant V, 43). Mais la Balance, astrologiquement, est associée à l'Autriche. La balance, auec Venus, a sous elle les païs d'Autriche, Alsace, Lucouie, Sauoye, Dauphiné, Toscane , Bactriane, Caspie, Cathay, haute Egypte,
Trogloditique & Sundgau, & les villes de Lisbonne, Arles, GaĂŻete, Lode, Suesse, Plaisance, Feldkorh, Fribourg en Brisgau, Strasbourg, Spire, Francfort sur le Mein,
Hall en Suaube, Heilbrun, Freislingen, Mospach, Lansdhut, Vienne en Austriche, & Anuers (Le Voyageur curieux qui fait le tour du monde. Avec ses matieres d'entretien qui composent l'histoire curieuse, par le Sieur le B., 1664
- books.google.fr). À partir de 1879, commence l'ère Taaffe et celui-ci ne se risque guère dans des aventures trop incertaines. Le 7 octobre 1879 est signée la Duplice (Zweibund)
avec le Kaiserreich allemand. Ce pacte défensif oblige les deux Empires à une assistance mutuelle en cas d'agression russe et ils se garantissent une neutralité
réciproque en cas d'agression provenant d'un autre État européen, sous-entendu la France. La Duplice reste valable jusqu'en 1918 et continue à exister en dehors
de la Triplice. En 1882, Bismarck impose à l'Autriche-Hongrie la signature de la Triplice (Dreibund) incluant dès lors le royaume d'Italie. Cet accord est présenté
comme étant uniquement préventif. L'Italie confrontée à l'avancée de la France en Tunisie choisit alors de signer cet accord défensif avec les deux Empires centraux.
Fin octobre 1883, la Roumanie adhère à la Triplice. Du point de vue allemand, la Triplice aurait dû désamorcer les rivalités entre l'Autriche-Hongrie et l'Italie dans
les Balkans et sur la cĂ´te orientale de l'Adriatique mais l'objectif ne sera pas atteint et la concurrence entre les deux pays ira en s'accentuant (Paul Pasteur, Histoire de l'Autriche: De l'empire multinational Ă la nation autrichienne (18e-20e s.), 2011
- books.google.fr). Acrostiche : MFLA Le nom gaulois latinisé Combarillius n'est pas inconnu; c'était celui d'un dévot aux Lares augustes, dont le souvenir nous est parvenu par une petite
inscription enchassée dans le mur extérieur de l'église Saint Pancrace d'Aramon : LARIB. AVG. L: COMBARIL LIVS FVSCI NVS: MFLA S. P. D. Il se retrouve
aussi sous la forme très peu differente Coberillus sur une inscription de Metz : COBERATIVS COBERILLVS (Creuly, Noms gaulois, d'après Gruter, 907, 5) (Revue épigraphique du Midi de la France, 1878
- books.google.fr). M.F.L.A. que le Corpus développe : m (agister) f (ani) L (arum) A(ugustalium) (Adrien Blanchet, Carte archéologique de la Gaule romaine, Numéro 12, 1959
- books.google.fr). L'aramon noir N est un cépage français de raisin noir. Cépage de production de masse, il a marqué la production de vin de table pendant un siècle avant que
le classement des cépages et la mode des vins de cépage ne le relègue à une production de plus en plus anecdotique. Les sources le font provenir de Provence
où la variété des synonymes indique une présence ancienne ou d'Espagne d'où le Marquis d'Aramon l'aurait importé dans son village du Gard (Aramon).
Le cépage est cultivé principalement dans les vignobles du Languedoc-Roussillon et de Provence. Très en faveur après la crise phylloxérique, c'était le cépage
des vins de table légers. Aujourd'hui il est en grande régression passant de 150230 hectares en 1958 à 34666 hectares en 1988 et 9084 hectares en 2004 (fr.wikipedia.org - Aramon (cépage)). On n'entrevoit une solution définitive à la crise du phylloxera qu'à partir du moment où Léo Laliman, Jules-Émile Planchon et Jules Lichtenstein (entre autres) comprennent l'origine
américaine de la maladie. La vigne autochtone aux États-Unis est impropre à la vinification, mais résiste parfaitement à l'insecte avec lequel elle vit depuis des milliers
d'années. À partir de la fin des années 1870, il est acquis qu'en greffant Vitis vinifira (la vigne européenne) sur Vitis riparia ou Vitis rupestres (les espèces américaines)
aux racines insensibles à l'insecte, on obtient un nouveau pied de vigne combinant la résistance du plant américain et la qualité des cépages locaux. Mais il faut attendre 1887-1888
pour que la reconstitution du vignoble se généralise à la France viticole presque entière (Eric Glatre, Histoire(s) de vin, Les 36 grandes dates des vignobles français, 2020
- books.google.fr). Avant 1887 la France achetait pourtant beaucoup de vin à l'Italie. Les vignobles français traversaient en ce moment la crise fameuse causée par le phylloxéra,
mais après la déclaration de la guerre commerciale entre les deux pays, les produits agricoles italiens n'allèrent presque plus en France.
On a souvent dit que les deux pays ont une production agricole semblable et qu'un accord à ce sujet est très difficile. Je remarque seulement que
dans beaucoup de cas l'analogie de production existe pour la qualité et non pour la quantité des produits, et qu'il y
aurait probablement possibilité d'échange pour les quantités excédantes (Revue des nations latines, Volume 2, 1917
- books.google.fr). De par la généralisation du greffage, dont le développement a également permis de disposer d’une gamme de porte-greffes adaptés à la culture dans de
nombreuses conditions pédo-climatiques, le Phylloxera ne constitue plus aujourd’hui un problème majeur dans nos vignobles. Cependant la récente crise phylloxérique
survenue en Californie au début des années 1990 (majoritairement provoquée par l’emploi massif d’un porte-greffe insuffisamment résistant au parasite, l’Aramon-rupestris
Ganzin n°1), ainsi que la présence parfois importante de la forme gallicole sur V. vinifera dans certains vignobles, nous rappelle qu’il faut rester vigilants (www.vignevin-occitanie.com). |