Tournant scientifique

Tournant scientifique

 

V, 60

 

1896

 

Par teste rase viendra bien mal eslire,

Plus que sa charge ne porter passera,

Si grand fureur et rage fera dire,

Qu'a feu et sang tout sexe trenchera.

 

Dante et Clément IV

 

Dante (cf. quatrain V, 58) naquit, au mois de mai de l'année 1265, sous le pontificat de Clément IV.

 

Je sais de M. Missirini que, d'après une information donnée par Vasari, on a découvert dans l'ancienne chapelle Pretoria dite plus tard del Bargello, à Florence, un nouveau portrait de Dante, par Giotto. M. Libri a vu ce portrait, lors de son dernier voyage. Dante est placé près de Foulques, pape sous le nom de Clément IV, de Brunetto Latini, et de Corso Donati qualifié de citoyen de Florence. On n'ignore pas que Clément IV étoit Français, natif de Saint-Gilles, et qu'avant de parvenir au pontificat, en 1265, il avoit été secrétaire de saint Louis. Foulques et Brunetto s'étoient liés d'amitié à Paris (Alexis François Artaud de Montor, Histoire de Dante Alighieri, 1841 - books.google.fr).

 

Ce n'est pas la papauté, en tant qu'institution, que Dante attaque, mais l'Eglise qui s'est éloignée de la pureté, de la simplicité, de la pauvreté évangéliques, l'Eglise devenue puissance temporelle, avide de possessions et de richesses. Ce que Dante attaque, ce sont les Papes qui, par ambition et soif du pouvoir, s'opposent à la venue de l'Empereur et refusent de collaborer avec lui pour le bonheur de l'humanité. C'est ceux-là que Dante exècre : c'est ceux-là qu'il voue aux supplices de l'enfer, et c'est dans la bouche de Saint Pierre lui-même qu'il a placé la condamnation la plus sévère de la corruption de ces princes de l'Eglise. [...]

 

Dante déteste Innocent IV, Alexandre IV, Urbain IV et Clément IV, qui font peut-être partie dès damnés du chant VII de l'Enfer, v. 47-48 (Bulletin de la Société d'études Dantesques du Centre universitaire méditerranéen, Volume 16, 1967 - books.google.fr).

 

Assez curieusement, ces Papes portent presque tous le numéro d'ordre IV : Innocent IV, Alexandre IV, Urbain IV, Clément IV, Martin IV, Honorius IV, comme s'il s'agissait d'une génération de pontifes symétrique à la série précédente.

 

Mis à part les termes «membres fanatiques de l'ordre nouveau» qui sont quelque peutendancieux et ont aujourd'hui une connotation tout à fait particulière susceptible de discréditer injustement les protagonistes concernés, E. Renan dit vrai : des chercheurs comme R. Manselli, M. Reeves, etc. ont mis en lumière la puissance et la profondeur de la contestation dont les «Spirituels» se faisaient les porte-parole autorisés, lucides et légitimes. Pour comprendre à quel point le cas de Célestin V a pu revêtir un tel relief, il faut voir qu'il est venu à la suite de deux séries de Papes aux comportements suffisamment caractéristiques pour avoir été considérés comme révélateurs de deux phases préparatoires de l'Age de l'Esprit annoncé par Joachim de Flore : 1° la suite des Papes qui, du vivant de l'abbé calabrais, ont non seulement soutenu son action, admiré son zèle et favorisé l'épanouissement de son Ordre de Fiore mais qui lui ont même parfois témoigné leur amitié ; ils portent presque tous le numéro d'ordre III : Alexandre III, Lucius III, Urbain III, Clément III, Innocent III : il s'agit grosso  modo des Papes qui se sont succédés tout au long de la seconde moitié du XIIe s. ; 2° la suite des Papes qui, durant la seconde moitié du XIIIe s., ont manifesté une tendance générale favorable aux revendications des «Spirituels» et qui, malgré des mesures ponctuelles à l'encontre de cas extrêmes et aberrants (par exemple, en 1255, la condamnation du traité de Gérard de Borgo San Donnino : Liber introductorius ad Evangelium aeternum), ont pris des initiatives en leur faveur en publiant une série de décrets réglementaires qui accordaient des garanties incontestables au mouvement ; parmi les textes les plus importants on peut citer les Bulles Virtute conspicuos dite encore Mare magnum (1258), Ex alto (1259), Ad fructus uberes (1281) et surtout Exiit qui seminat (Août 1279, qui constituait une sorte de charte de la règle de pauvreté des Frères mineurs) (Jean Canteins, Dante, Tome 2, 2003 - books.google.fr).

 

Clément IV

 

Clément IV (Gui Foucois ou Foulques ou Foucault), né à la fin du XIIe siècle à Saint-Gilles, près de Nîmes et mort le 29 novembre 1268 à Viterbe en Italie) fut le 183e pape de l'Église catholique. Son pontificat s’étendit du 5 février 1265 au 29 novembre 1268.

 

L'historien médiéviste Robert-Henri Bautier mentionne deux exemplaires de son sceau, conservés aux Archives nationales (J. 340 no 23 et J. 473 no 13ter) qui représentent un bras gauche au poing fermé, placé horizontalement et sur lequel sont superposés trois épis disposés en gerbe.

 

Clément IV est sur le trône de saint Pierre le plus intransigeant des rigoristes et le plus théocratique des papes du XIIIe siècle, agissant quasi simultanément sur tous les plans, continuant l'œuvre de ses prédécesseurs Grégoire IX et Urbain IV, mais en la poussant jusqu'à son extrême logique : il autorise la torture dans les causes d'hérésie (3 novembre 1265), privilégie les dominicains et leur confie la direction de la lutte contre l'hérésie. À l'égard des juifs relaps, il ordonne des châtiments allant jusqu'à la mort, et exhorte Saint Louis à établir contre les blasphémateurs des peines temporelles capables de leur inspirer la terreur (fr.wikipedia.org - Clément IV).

 

Ce légiste si fameux, cette lumière du droit, comme l'appelle un contemporain, ce savant, ami des savants, que d'étroites liaisons unissaient à saint Thomas d'Aquin et à saint Bonaventure, avait pour maxime qu'il vaut mieux écouter Dieu que la chair et le sang, et que celui-là n'est pas le digne successeur de Pierre, qui accorde plus à ses parents qu'à Jésus-Christ. Il n'accepta le souverain pontificat qu'en pleurant. La situation du monde était bien faite pour attrister sa grande âme. L'Italie, opprimée par la tyrannie de Manfred, était ouverte aux Sarrazins. L'Allemagne, déchirée par les factions depuis la catastrophe de Frédéric II, partagée entre Richard de Cornouailles et Alfonse de Castille, n'offrait que chaos et confusion. L'Angleterre voyait son roi engagé dans une lutte sérieuse avec Simon de Leicester. L'Espagne présentait le spectacle d'une croisade permanente dont on ne pouvait encore prévoir l'issue. Constantinople, enlevée à la France et à l'Église, était retombée dans le schisme. La Hongrie et la Pologne gémissaient toujours sous le poids de la terreur qu'inspiraient les Tartares. L'Orient chrétien allait succomber. Quel immense sujet de deuil ! Mais l'espoir du nouveau pontife était en Dieu. Fac mecum, Domine, signum in bonum, telle était sa devise. Comprenant toute l'étendue de sa mission, il essaya de dompter l'orgueilleux Manfred, aux embûches duquel il n'avait échappé lui-même que sous le costume d'un mendiant; il versa des larmes sur le sort du pauvre Conradin, lorsque l’immiséricordieux Charles d'Anjou immola ce tendre agneau, chargé d'expier, en quelque sorte, les crimes de la maison de Souabe; il réconcilia Gênes et Venise; il invita l'empereur Michel Paléologue et le patriarche de Constantinople à rentrer dans l'unité catholique; et rendant, par ses légats, la paix au Nord, il contribua puissamment à y propager et à y affermir la foi.

 

Au milieu de ces graves préoccupations, Clément IV n'oubliait pas la ville ni l'abbaye de Saint-Gilles. Il envoya au prieur et aux religieux un sceau d'argent pour leur usage particulier. Il accorda à l'abbé le privilège de donner la bénédiction épiscopale dans le territoire du monastère, lorsqu'il ne s'y trouverait ni évêque, ni légat du Saint-Siège. Il lui permit de conférer à ses moines les ordres mineurs. Il lui octroya le droit d'assister, en personne ou par députés, aux conciles de la province et aux synodes du diocèse, et lui confirma celui de prononcer les censures ecclésiastiques contre le clergé et le peuple de Saint-Gilles. Puis ce furent des présents, des ornements d'église d'un grand prix, un calice d'or, des burettes et des bassins d'argent, des candélabres, des reliques, et entre autres un bras du martyr saint Georges, destiné à être porté dans les processions solennelles. Le monastère de Saint-Gilles put se glorifier d'avoir reçu douze lettres de Clément IV (A. Germain, Histoire de l'église de Nîmes, Tome I, 1838 - books.google.fr).

 

Il serait question de Richard de Cornouailles dans le quatrain précédent V, 59.

 

"rage" et "feu"

 

Le Pape Urbain IV fait present de la Sicile à Charles, Duc d'Anjou & Comte de Provence, frere du Roi S. Louis, & lui abandonne les dîmes des biens ecclésiastiques en Provence, pour le mettre en état de conquérir ce Royaume sur le Roi Mainfroi. Clément lV, successeur d'Urbain VI, confirme cette donation, &, pour y donner plus de poids, il nomme le Duc Charles, Sénateur de Rome, Vicaire de l'Empire dans la Toscane, durantibus discordiis in Germania, & le fait couronner, par sept Cardinaux, Roi de Sicile. Ce Prince s'engagea, de son côté, à payer annuellement à la Cour de Rome, un tribut de 48000 sols d'or, & promit, sous sermcnt, pour lui & pour tous ses successeurs au Royaume de Sicile & de la Pouille, qu'ils n'accepteroient jamais la Couronne Impériale. Cette derniere condition fut religieusement observée, & Charles V, Roi d'Espagne & des Deux-Siciles, n'accepta la Couronne Impériale, qu'après s'y être fait spécialement autoriser par une dispense solemnelle du Pape Léon X. Charles d'Anjou entre dans la Pouille, & défait l'armée de Mainfroi, près de Bénevent. Ce malheureux Prince fut tué dans la mêlée, & Charles le fit enterrer sur le champ de bataille. ll laissa une fille, nommée Constance, mariée à Pierre le Grand, Roi d'Arragon, qui forma incontinent, de son chef, des prétentions sur le Royaume de Sicile, mais il ne les fit valoir qu'en 1282. Charles d'Anjou fut à peine affermi sur le Trône de Sicile, par la mort de Mainfroi, qu'il eut un nouvel ennemi à combattre. Conradin, héritier légitime de ce Royaume, forme le hardi projet de reconquérir sur lui, le Trône de ses Peres. Il vend à Louis-le-Sévere, Duc de Baviere, les terres qui composent aujourd'hui le haut Palatinat, ainsi que les débris de l'héritage du Duc Welf, qui s'étendoient sur les deux rives du Lech, nommément la Ville de Donawert, & affranchit la Ville d'Ausbourg de toute dépendance du Duché de Souabe. L'argent qui lui revint de ces aliénations, lui servit à lever une armée d'Allemans, avec laquelle il passa les Alpes. Le Duc de Baviere, le Comte de Tirol & le Roi Alfonse de Castille, le favoriserent dans cette entreprise, & le jeune Frédéric de Bade, héritier légitime du Duché d'Autriche, ne balança pas à en courir les risques avec lui. Les Gibelins d'Italie le reçoivent avec un empressement singulier, & lui rendent, au cœur même de la Ville de Rome, tous les honneurs réservés aux seuls Empereurs. Il pénétre enfin dans l'Abruzze, & livre bataille au Roi Charles, dans la plaine de Tagliacozzo, près d'Aquila, sur le lac de Célano. Les Allemans, victorieux du premier choc, s'étant dispersés pour piller le camp des ennemis, sont entiérement défaits par une troupe de Picards Conradin & son ami, Frédéric de Bade, se sauvent à Rome, & delà au Port d'Astura, où ils sont arrêtés par Jean de Frangipani, au moment qu'ils alloient s'embarquer pour Pise. On les conduit à Naples, & Charles, animé par les conseils sanguinaires du Pape Clément IV, les y fait condamner à mort par une compagnie de Juges, assemblés de toutes les Provinces du Royaume. La sentence fut exécutée le 29 Octobre, & l'un & l'autre eurent la tête tranchée. Les trois fils de Frédéric, Prince d'Antioche, surnommés les Capeces, eurent le même sort, & toute la race Impériale des Hohenstauffen s'éteignit ainsi entre les mains du bourreau. Charles d'Anjou, aveuglé par son ambition, & par l'opinion qu'il attachoit aux foudres de Rome, ne prévoyoit pas que sa postérité éprouveroit, cent ans après, la même destinée (Nouvel abrégé chronologique de l'histoire et du droit public de l'Allemagne, par M. Pfeffel, 1777 - books.google.fr).

 

Les Vaudois refusent de se soumettre ; leur hostilité à Rome s'accentue même. Si le schisme lombard continue de diviser leurs forces, si leur Eglise de France décline rapidement, sa rivale progresse : elle revendique fièrement l'honneur de former seule l'authentique Eglise du Christ; elle essaime en Allemagne et en Bohême, en Hongrie et en Pologne ; malgré l'essor des fraternités allemandes, Milan reste sa plus importante métropole.

 

La branche vaudoise de Lombardie s'écarte de la ligne centrale doctrinale par son désir de rester solidaire avec les communautés d'ouvriers, alors que la branche lyonnaise proscrit le travail.

 

L'emploi de la torture est autorisé par Innocent IV, bulle ad extirpanda 15 mai 1252, par Alexandre IV, 30 novembre 1259, par Clément IV, 3 novembre 1265 [faim ou feu, chevalet ou estrapade] (Albert Dufourcq, L'avenir du Christianisme: Première partie. Le passé chrétien, vie et pensée, Tome 6, 1911 - books.google.fr, Jacques Labrot, Affairistes et usuriers au Moyen Âge : Les Lombards, l'hérésie et l'Église, 2008 - books.google.fr).

 

En 1239, Grégoire IX fait brûler le Talmud en France et en Italie; en 1264, Clément IV renouvelle la défense et condamne au bûcher ceux qui en détiennent des manuscrits. Deux siècles plus tard, l'interdiction n'est pas encore levée, et, en 1484, on met 36 ans pour imprimer 23 traités : la publication était secrète (Arsène Darmesteter, Le Talmud, traduit par Moshé Catane, 1997 - books.google.fr).

 

"sexe tranchera"

 

Il existe maints témoignages d'un poème médiéval élogieux qui, lu à rebours, se révèle satire mordante et dont l'identification du destinataire demeure peu sûre pour Hans Walther : «Auf Clemens IV ? Franc. Filelfo auf Pie II ?». Nous nous proposons d'étayer l'identité de la victime comme étant le pape Clément IV (1265-1268), - alias Guy le Gros Foulques, d'origine française, alias Guido Fulcodi pour les Italiens -, par l'apport de l'étude cryptographique approfondie du texte et par comparaison avec un poème de même genre dirigé contre Napoléon 1er. D'après G. Capellanus (1968), c'est après l'élection du pape Clément IV que circulaient les vers suivants, dont l'éloge apparent se transformait en satire par lecture récurrente avec changement de ponctuation.

 

FVLCODI CLEMENS, VERE PASTVS ES IN VIPERINO NIDO VT BVCCA MAXIME IMPIA POTIRETVR MOTV POPVLI. L'apostrophe initiale, où le patronyme du pontife est accompagné du nom papal, ne laisse aucun doute sur le destinataire de l'épigramme. Ce souci de précision est peut-être dicté par le désir de mettre le pape au pilori de la postérité, puisque le destinataire de l'épigramme était reconnaissable pour les contemporains. VERE annonce l'intention d'éclairer le lecteur sur la personne du pape. Celui-ci a été nourri, a crû dans un nid de vipères : la métaphore fait de Clément IV un être perfide dévoué au clan guelfe du synode qui l'a élu, clan guelfe symbolisé par le nid de vipères. Le pape vipérin a été choisi en raison de son éloquence (BVCCA) afin de se rendre maître des opinions, des mouvements politiques de la population, par des propos venimeux, perfides aux dépens des adversaires, afin d'asseoir la domination du parti guelfe : l'éloquence papale est dite MAXIME IMPIA car Clément IV est plus occupé d'activités terrestres partisanes que du respect de la religion ; en effet, le 8e Commandement interdit le faux témoignage et le mensonge. La véracité de cette invective initiale est confirmée par deux questions, posées directement au pape et dont l'ironie est soulignée par l'emploi répété de NONNE qui entraîne une réponse positive.

 

NONNE SECAS TVA FRAVDE RARA ET SVBTILI ? NONNE VIR CASTRATVS, CINAEDVS TVTVS, NONNA ASSITA ES ? Il est indéniable que le pape divise les Italiens par sa fourberie exceptionnelle et subtile : la ruse trompeuse, la perfidie venimeuse sont évidemment bien éloignées de la finesse politique de bon aloi. Le pape ne peut nier non plus qu'il est un homme castré, un «cinède» protégé, une nonne comparse. Il s'agit ici d'une métaphore filée dont les trois éléments stigmatisent la docilité du pontife aux instructions impératives qui lui sont données par ses protecteurs, hauts dirigeants de la politique guelfe. Clément IV est d'abord, par le biais de l'injure sexuelle VIR CASTRATVS, traité d'impuissant. L'insulte se précise avec l'expression CINAEDVS TVTVS : chez les Anciens Grecs, le mot kinaidos, - qui passera chez les Latins pour désigner l'homosexuel passif assujetti aux désirs de son maître - , était une raillerie plus ou moins méchante réservée à l'adulte qui s'abaissait et se dégradait à tenir le rôle de la femme. Clément IV est donc, pour notre satirique, un être vil, asservi au bon plaisir, à la volonté des dirigeants guelfes qui le protègent. Le scripteur passe, avec une logique indubitable, de l'injure de cinède à la comparaison féminine avec une NONNA ASSITA. La nonne est soumise au règlement de son ordre religieux, à ses supérieurs, donc plus ou moins passive en  quelque sorte. Etymologiquement ASSITA signifie «plantée à côté de», d'où «placée à côté de». Clément IV est en définitive un assistant, un pion manipulé par des instances supérieures, un simple exécutant des ordres supérieurs qui lui sont imposés par les dirigeants de la politique guelfe, un comparse de cette politique, utilisé en raison de son éloquence d'une fourberie exceptionnelle et subtile. (Lucien Janssens, La tradition d'une cryptographie satirique médiévale (D'Ovide à Clément IV, Napoléon Ier, Hitler), Belgisch tijdschrift voor philologie en geschiedenis, Volume 70, 1992 - books.google.fr, Etienne Pasquier, Les recherches de la France, 1665 - books.google.fr, Gabriel Peignot, G. P. Philomneste, Amusements philologiques; ou, Variétés en tous genres, 1842 - books.google.fr).

 

"Plus que sa charge ne porte passera" : passer sa charge et passer la porte

 

"charge" papale

 

Que l'on ne me dise pas que tout Ă©vĂŞque & tout docteur qui prĂŞchera la vĂ©ritĂ©, sera aussi de la mĂŞme maniere le fondement de l'Ă©glise ; car il y aura toujours entr'eux & les pontifes romains cette diffĂ©rence essentielle, que Pierre & ses successeurs ont Ă©tĂ© Ă©tablis pour cette fin, de sorte que leur charge, leur dignitĂ© & la puissance qu'ils exercent en engageant les fidèles dans l'unitĂ© de la foi, est le fondement de l'Ă©glise ; fondement si ferme, que nulle violence n'est capable, ni de l'Ă´ter de l'Ă©glise, ni mĂŞme d'en Ă©branler la soliditĂ©. - Mais, me direz-vous, non seulement la papautĂ© en gĂ©nĂ©ral est Pierre & fondement, mais encore chaque pontife Romain successeur de saint Pierre, donc la soliditĂ© dont vous parlez, appartient Ă  chacun d'eux en particulier. Je distingue : chaque Pape est par le devoir de sa charge pierre & fondement, je l'avoue : il l'est par lui-mĂŞme, toujours & nĂ©cessairement  je le nie. Cependant, ajoutez-vous, le fondement d'un Ă©difice Ă©ternel ne peut manquer : or l'Ă©difice de  l'Ă©glise est Ă©ternel ; donc le Pape, fondement de l'Ă©glise, ne peut manquer. Je rĂ©pons, qu'on pourroit aussi-bien conclurre de ce raisonnement, qu'il est nĂ©cessaire, pour que l'Ă©glise ne pĂ©risse point, que le Pape soit immortel, & que le saint siège ne puisse jamais vaquer. Il prouve donc trop, & par consĂ©quent il faut distinguer ainsi : le fondement principal d'un Ă©difice Ă©ternel ne peut jamais manquer, & ce fondement est JĂ©sus-Christ je l'avoue : le fondement accessoire & ministĂ©riel qui est le Pape, ne peut manquer, je distingue encore. Ce fondement ne peut manquer absolument & dans sa totalitĂ©, c'est-Ă -dire toute la papautĂ© & la suite entiere des successeurs de Pierre, j'en conviens : ce fondement ne peut manquer en quelque chose, en quelque partie & accidentellement je le nie (Defense de la declaration de l'Assemblee du clerge de France de 1682. touchant la puissance ecclesiastique. Par messire Benigne Bossuet evĂŞque de Meaux, Traduite en françois, 1745 - books.google.fr).

 

Il faudra trois ans pour trouver un successeur à Clément IV, mort en 1268 : Grégoire X (fr.wikipedia.org - Grégoire X).

 

Clément IV avait du mal à passer les portes de par son nom ou surnom supposé de Le Gros (J. Tricou, Recherches sur les Gros de Saint-Joyre, Bulletin, Volumes 11 à 13, 1932 - books.google.fr).

 

C'est toujours sous le nom de Gui Fulcodi que Clément IV est désigné dans tous les actes originaux, comme l'affirment dom Vaissète et Mazer. On n'est donc pas autorisé, par les lettres du pape, à conclure que la famille de Clément IV portait le nom ou surnom de Grossus ou le Gros. Mais quand même il serait vrai que le mot de Grosso se trouverait dans l'original, cela ne déciderait  pas que Clément lV fut de la famille de Grossi ou le Gros, à moins qu'on ne prouvât en même temps que ce Pierre Grossi, qu'on suppose avec beaucoup de vraisemblance être neveu de Clément, étoit fils de son frère plutôt que de sa sœur; ce qu'on ne sait pas (César Augustin Nicolas, Un pape Saint-Gillois: Clément IV dans le monde et dans l'église, 1195-1268, 1910 - books.google.fr).

 

"charge" : le visionnaire Roger Bacon ou le plus lourd que l'air

 

Roger Bacon (1214-1294), surnommé Doctor mirabilis («Docteur admirable») en raison de sa science prodigieuse, philosophe, savant et alchimiste anglais, est considéré comme l'un des pères de la méthode scientifique grâce à sa reprise des travaux d'Alhazen. Pour Bacon, «aucun discours ne peut donner la certitude, tout repose sur l'expérience», expérience scientifique ou religieuse. Il est le premier dans le monde occidental à mettre en question des enseignements d'Aristote, observations à l'appui.

 

En 1265, à l'avènement du pape Clément IV (Guy Foulques), qu'il connaissait bien depuis 1263 et qui l'avait en grande estime, sa recherche s'accéléra. Dès juillet 1266 le pape lui demanda de lui envoyer ses travaux, malgré les interdits des constitutions de Narbonne, et en secret. Après la mort de Clément IV (novembre 1268), ses écrits furent en butte à des rétorsions (fr.wikipedia.org - Roger Bacon).

 

On ignore en quelle annĂ©e le livre de Roger Bacon fut prĂ©cisĂ©ment prĂ©sentĂ© Ă  ClĂ©ment IV ; mais, comme ce pontife n'a rĂ©gnĂ© que cinq ans, de 1265 Ă  1271, on peut en conclure que Bacon avait de cinquante-deux Ă  cinquante-cinq ans lorsqu'il envoya son livre Ă  Rome. Cet ouvrage, qui porte le titre d'Opus majus, pour le distinguer de deux autres moins volumineux et moins importants, Opus minus et Opus tertium, composĂ©s Ă©galement pour le pape, son Grand ouvrage est l'extrait encyclopĂ©dique de toutes les connaissances qu'il avait acquises par ses lectures et vĂ©rifiĂ©es par sa propre expĂ©rience: car, en gĂ©nĂ©ral, ce savant ne donne aucune dĂ©couverte comme venant de lui, ce qui est un trait caractĂ©ristique de son livre. Ce livre est divisĂ© en six parties. Dans la première et la seconde, il y est traitĂ© des obstacles Ă  la science, des causes de l'ignorance des hommes, et de l'utilitĂ© des sciences. La troisième, consacrĂ©e Ă  la grammaire, fait ressortir les nombreux avantages que l'on peut retirer de l'Ă©tude des langues. La quatrième traite des centres des corps graves, des poids, de la musique, de l'astrologie judiciaire, de la cosmographie, de la position de la terre, des diffĂ©rentes rĂ©gions du monde, de la situation de la Palestine et des lieux saints, et de l'utilitĂ© de l'astronomie. La cinquième a pour objet la science de la perspective, ou, pour s'exprimer conformĂ©ment aux idĂ©es de nos jours, Ă  la science de l'optique, de la dioptrique et de la catoptrique. Enfin, dans la sixième, Bacon s'Ă©tend sur l'art d'Ă©tudier expĂ©rimentalement, et traite longuement, Ă  ce propos, des rayons solaires et des couleurs (E.J. DelĂ©cluze, Roger Bacon, Revue universelle: bibliothèque de l'homme du monde et de l'homme politique, Volume 42, 1839 - books.google.fr).

 

La quatrième partie de l'Opus major fut publiĂ©e en 1614 sous le titre Specula mathematica. L'ouvrage est divisĂ© en quatre distinctiones ; la quatrième distinctio comprend quinze chapitres dont le dernier De motu libræ, est consacrĂ© Ă  la balance et Ă  ses mouvements. Bacon se propose d'y montrer combien la GĂ©omĂ©trie est puissante dans l'Ă©tude des mouvements; c'est elle, en effet, "qui permet de comprendre la science des poids; c'est une science fort belle, mais trop difficile pour ceux qui n'ont pas expĂ©rimentĂ© les causes des mouvements des corps graves ou lĂ©gers." (Pierre Duhem, Les sources des thĂ©ories physiques, 1905 - books.google.fr).

 

Bacon a foi dans la science et dans la technique. CĂ©lèbre est ce texte, oĂą l'on peut voir une anticipation des vĂ©hicules automobiles, des machines Ă  voler, des sous-marins ;: «On peut rĂ©aliser pour la navigation des machines sans rameurs, si bien que les plus grands navires sur les rivières ou sur les mers seront mus par un seul homme avec une vitesse plus grande que s'ils avaient un nombreux Ă©quipage. On peut Ă©galement construire des voitures telles que, sans animaux, elles se dĂ©placeront avec une rapiditĂ© incroyable. (...) On peut aussi fabriquer des machines volantes telles qu'un homme assis au milieu de la machine fera tourner un moteur actionnant des ailes artificielles qui battront l'air comme un oiseau en vol. (...) On peut aussi rĂ©aliser facilement une machine permettant Ă  un homme d'en attirer Ă  lui un millier d'autres par la violence et contre leurs volontĂ©s, et d'attirer d'autres choses de la mĂŞme manière. On peut encore fabriquer des machines pour se dĂ©placer dans la mer et les cours d'eau, mĂŞme jusqu'au fond, sans danger. (...) Et l'on peut rĂ©aliser de telles choses presque sans limites, par exemple des ponts jetĂ©s par-dessus les rivières sans piles ni supports d'aucune sorte, et des mĂ©canismes et des engins inouĂŻs» (fr.wikipedia.org - Roger Bacon).

 

Typologie

 

On reporte la différence entre 1896 à 1268, date de la mort de Clément IV, depuis 1268 et on obtient 640, qui est la date proposée par le père bollandiste Jean Stilting (né près Utrecht en 1703, entré dans la société de Jésus en 1722, et mort en 1762) comme année de naissance de saint Gilles qui aurait été grec d'Athènes (Aegidius : le chevreau en grec) (Ethel Cecilia Jones, Saint Gilles; essai d'histoire littéraire, 1914 - archive.org).

 

Les scientifiques et ingénieurs de la fin du XIXe siècle étaient finalement bien prétentieux. Ils pensaient avoir quasiment tout sous contrôle. Les meilleurs scientifiques du moment étaient très reconnus et récompensés. Les conférences publiques étaient fréquentes. Quelques scientifiques avaient des relations privilégiées avec leurs dirigeants politiques, en partie parce la science et l'ingénierie avaient profité à leurs machines de guerre, mais aussi du fait de l'utilité des nombreuses avancées techniques. La recherche fondamentale était jugée importante à cause des applications militaires et commerciales des découvertes scientifiques. Même s'il n'y avait en 1895 que des automobiles primitives et pas encore d'avions, la révolution de ces modes de transport était sur le point de se produire. Quelques personnes avaient des téléphones, et des projets de distribution d'électricité à grande échelle étaient en cours d'étude (Stephen T. Thornton, Andrew Rex, Physique moderne, Physique générale, traduit par Richard Taillet, Loïc Villain, 2009 - books.google.fr).

 

Le premier être humain ayant volé en contrôlant la trajectoire de sa machine est Otto Lilienthal, qui a effectué entre 1891 et 1896 deux mille vols planés depuis une colline artificielle à proximité de Berlin. Les premiers vols sur une machine volante pilotée par gouvernes agissant sur les trois axes (tangage, roulis, lacet) ont été réalisés par les frères Wright sur leur planeur en 1902.

 

Le premier ĂŞtre humain ayant dĂ©clarĂ© avoir volĂ© Ă  l'aide d'un moteur est le Français ClĂ©ment Ader, aux commandes de son Avion. La rĂ©alitĂ© de ces vols est discutĂ©e, Ă  cause du manque de tĂ©moins et par l'absence de contrĂ´le en vol de ses engins. La première tentative d'Ader a lieu en 1890 aux commandes de l'Éole ; les marques laissĂ©es par les roues dans le sol meuble auraient prĂ©sentĂ© un endroit oĂą elles Ă©taient moins marquĂ©es et auraient totalement disparu sur une vingtaine ou une cinquantaine de mètres. Son engin volant aurait ainsi effectuĂ© un bond ; il n'y avait pas de tĂ©moins autres que des employĂ©s d'Ader. La mĂŞme machine, essayĂ©e devant des tĂ©moins officiels en 1891, ne donne pas d'autres rĂ©sultats.

 

Devant l'échec des essais suivants d'Ader qui eurent lieu au camp militaire de Satory, à Versailles, en 1897, le ministère de la Guerre coupèrent les crédits à Ader (fr.wikipedia.org - Histoire de l'aviation).

 

Malgré la complexité apparente de cette multitude de forces, on pense aujourd'hui qu'il n'existe que trois forces fondamentales. Toutes les autres forces en sont des manifestations. Ces trois forces sont les forces gravitationnelle, électrofaible et forte. [...] En pratique la force gravitationnelle ne se manifeste généralement qu'à une échelle macroscopique mais elle est d'une importance fondamentale : c'est la force qui garde la Terre en orbite autour de la source d'énergie qui nourrit la vie - le Soleil - et qui nous tient collés au sol, nous et notre atmosphère. [...]

 

Les questions non résolues en 1895 (le milieu électromagnétique, l'électrodynamique, le rayonnement du corps noir) et les découvertes importantes de 1895-1897 (Rayons X par Röntgen en novembre 1895, la radioactivité par Becquerel en février 1896, l'électron par Perrin en 1896, influence du champ magnétique sur la fréquence de la lumière) nous amènent à la physique moderne. En 1900 Max Planck proposa sa loi du rayonnement, qui résolvait le problème du corps noir mais demandait que l'énergie soit quantifiée. En 1905, Einstein présenta ses trois articles importants sur le mouvement brownien, l'effet photoélectrique et la relativité restreinte. Bien que les travaux de Planck et d'Einstein pourraient avoir résolu les problèmes des physiciens du XIXe siècle, ils ont en fait élargi les horizons de la physique et ont tenu les physiciens actifs jusqu'aujourd'hui (Stephen T. Thornton, Andrew Rex, Physique moderne, Physique générale, traduit par Richard Taillet, Loïc Villain, 2009 - books.google.fr).

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