La fin des Etats de l'Eglise V, 25 1870 Le Prince Arabe Mars, Sol, Venus, Lion, Regne d'Eglise par Mer succombera Devers la Perse bien près d'un million, Bizance, Egipte, Ver. Serp. invadera. Le Lion (du
septentrion) La prophétie du «Lion du Septentrion» s'était répandue
dans une bonne partie de l'Europe : on en trouve des traces au Tyrol, en
Bohême, en Allemagne, en Suède et jusqu'en Grande-Bretagne. Quand apparut-elle
pour la première fois ? Certainement bien avant 1622. Ce premier texte
connu en fournit déjà une preuve, puisqu'il y est fait mention "des letzten Osterischen Keysers Rudolphi" et que
l'empereur Rodolphe II était mort en 1612. Dans la préface - déjà citée - de de
1625, Anastasius Philaretus
expliquait que la version détenue par lui de la prophétie des "Trois
trésors" de Paracelse était une copie réalisée par un certain baron Karl
Richard von Mincquitz le 13
juin 1614 d'après des manuscrits retrouvés dans les papiers de Heinrich Khunrath. Or celui-ci mourut en 1605. De son côté, Gerhard Eis publiait en 1941 une étude sur Hans Christoph Reinhart l'Ancien, un alchimiste pragois pratiquement
inconnu jusqu'alors. Or dans son Valete paru en 1608,
il est fait allusion à cette prophétie. Il est vrai que les  citations qu'en donne Reinhart
ne font que reproduire des passages du texte beaucoup plus ancien et lui-mĂŞme
vraisemblablement pseudépigraphique de la «Tinctura physicorum». Ce n'est donc pas absolument une preuve de l'existence à ce moment de la
prophétie dans sa forme définitive. Cependant la Bohême semble avoir joué un
rôle déterminant dans l'élaboration de cette prédiction. Gerhard Eis fait observer que le titre de la première édition
connue, celle de 1622, mentionne le destin du Royaume de BohĂŞme avant celui de
la couronne impériale, ce qui est assez significatif des préoccupations locales
de son ou de ses auteurs. Dans un recueil de prédictions paru en 1632 sous le
titre «Des Mitternâchtigen Postreuters
Adeliches und Unadeliches dreyfaches Paszport...», la prophétie dite du Lion du Septentrion
était accompagnée d'un «Beyleuffiges Gemerck» où étaient cités quelques passages d'une lettre
d'Adam Haselmeyer datée de 1616. Sudhoff
y fait allusion, mais sa remarque prouve qu'il n'en a pas eu le texte original
entre les mains (Roland
Edighoffer, Le Lion du Septentrion, Études germaniques, Volume 22, 1967, Études
germaniques, Volume 22, 1967 - books.google.fr). Parmi les innombrables prophéties qui fleurissaient à cette époque, il en est une qui mérite quelque attention, parce qu'elle était alors attribuée à Paracelse, c'est celle dite du Lion du septentrion. La Confessio Fraternitatis y fait allusion, et Adam Haselmayr, dans sa Réponse aux Rose-Croix de 1612, présente le Lion du septentrion comme leur précurseur dans la lutte contre le pape et l'empereur. Il y est aussi question du tombeau de Paracelse, de trois trésors cachés et de livres également cachés contenant les recettes secrètes de Paracelse pour la fabrication de la Pierre philosophale. La missive de Haselmayr prouve qu'en 1612 déjà , des manuscrits de la Fama Fraternitatis avaient circulé jusque dans le Tyrol et qu'on en avait retenu, entre autres, sa coloration antipapale. Or Paracelse, dans les sermons de son Buch der Erkanntnuß, connu par des manuscrits au début du XVIIe siècle, s'en prenait à l'empereur et au pape ainsi qu'à l'institution hiérarchique de l'Eglise. Il ne cessait pas pour autant de se dire catholique, mais l'Eglise dont il rêvait était purement spirituelle et débarrassée de tout attirail dogmatique. A propos de son contemporain Luther, il écrivait dans le Liber Paragranum : «Quelle moqueuse caricature avez-vous faite de moi en disant que j'étais le Luther des médecins, un hérésiarque ! Je suis Théophraste, et je suis plus que ceux auxquels vous me comparez ; je suis moi-même, et le prince des médecins et je puis vous prouver ce que vous êtes incapables de prouver. Je laisserai à Luther le soin de défendre sa cause...» Quant aux luthériens, il les mettait dans le même panier que les autres chrétiens avec cette formule brutale: «Tyrannie et inquisition ici et là . Les papistes, les ariens, les luthériens, les zwingliens ne sont jamais que quatre paires de culottes taillées dans le même tissu.» (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 - books.google.fr). Le signe ternaire
Mars-Vénus-Soleil C'est évidemment le beau roman des Noces chymiques de Christian Rosenkreutz
qui, comme son titre l'indique, est la plus parfaite illustration de l'alchimie
spirituelle évoquée par Paracelse. Son parrainage est d'ailleurs discrètement
indiqué lors de la sixième joumée, dans la
description de l'athanor qui porte des inscriptions cryptées. L'un des cryptogrammes, déchiffré en 1926
par Richard Kienast, indique en effet les initiales
du nom Paracelsus Hochheimensis Medicinæ
Doctor. Ce nom est précédé du signe ternaire
Mars-Vénus-Soleil et du millésime 1459. Certes cette date est celle où sont
censées se passer les Noces chymiques, mais on peut être surpris d'y voir
associé le nom de Paracelse, alors que celui-ci ne devait naître qu'en 1493 ou
1494. On peut, pour le choix de la date de 1459, avancer plusieurs hypothèses.
L'une d'entre elles concerne un auteur
qui a certainement influencé Johann Valentin Andreæ
et le groupe de ses amis, à savoir Nicolas de Cues, dont certaines œuvres se
trouvaient, entre autres, dans la bibliothèque privée de Christoph Besold. Le traité De principio
date en effet de 1459, et Nicolas de Cues y démontre que le Dieu transcendant
se manifeste dans chacun des éléments constitutifs du cosmos. Maurice de Gandillac a indiqué que Nicolas de Cues n'a jamais renoncé
à voir dans le monde une «image de Dieu», qui «parle» et qui «pense» à travers
le cosmos. Il existe donc une certaine parenté entre les idées de Cues, celles
de Paracelse et celles qu'Andreæ exprime métaphoriquement
dans les Noces chymiques, et cette similitude pourrait avoir séduit 1e jeune
auteur désireux de dérouter ses lecteurs et d'agir selon la devise de Nicolas
de Cues: serio ludere. C'est
bien Paracelse qui patronne de façon plus ou moins
cryptée les premiers écrits rosicruciens. Ses auteurs ont sans doute cherché à concrétiser
dans un mythe la pensée si riche de celui qui écrivait dans la Philosophia sagax: «L'homme trouve de grandes choses dans le
domaine de l'avenir et des arcanes (...) de telle sorte qu'une génération doit
nécessairement apparaître, qui sera remplie d'esprit prophétique ou sibyllin»
(Roland
Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 -
books.google.fr). Le signe ternaire
est constitué par la superposition des trois signes de Mars, de Vénus et du
Soleil ou de l'or, et il peut être compris de la manière suivante: selon
Adam von Bodenstein, Mars
est la «natura prima rerum»,
et Jung souligne son action dans le processus de purification par le feu de
l'homme naturel, lors de sa transformation en Enochdianus.
Le mariage de Mars et de Vénus est en alchimie le symbole de la conjunctio. De leur union naît Eros, dont l'action aboutira
Ă la Pierre d'or, au Lapis Philosophorum, qui n'est
«rien d'autre que l'être de lumière caché dans la matière». Dejä
Gerhard Dorn avait fait représenter ce signe sur la
couverture de son Chymisticum Artificium
Naturae, paru en 1568, dans un arbor
chymica oti figure d'ailleurs
aussi la Monade hiéroglyphique de John Dee. Si l'emploi de ce cryptogramme par Dorn évoque la mouvance paracelsienne, symbole solaire, quant ä lui, nous ramène ä Nicolas de Cues, qui discerne
des correspondances entre l'astrologie et l'alchimie, entre la virtus du
soleil, celle de l'or et celle du feu, mais qui précise d'autre part que seul
le spiritus du «Soleil de Justice», sauveur et
rédempteur, a le pouvoir de conférer aux hommes la vie divine, c'est-à -dire la
«filiation divine» par laquelle se réalisera l'homo maximus.
Etant donné que le cryptogramme commence par l'indication de l'année 1459, bien
antérieure à la naissance de Paracelse, et que les «noces chymiques» ont lieu
cette même date; étant donné d'autre part que Christian Rosenkreuz signale
qu'il en avait été averti par une vision sept années auparavant, c'est-à -dire
(en comptant l'année 1459) en 1453,
alors que Nicolas de Cues, sous l'impression de la chute de Constantinople,
avait écrit De pace fidei
où s'exprime un idéal irénique d'unité religieuse entre chrétiens et musulmans,
on découvre un arrire-plan culturel des Noces
chymiques en décalage par rapport à Paracelse, et que confirme le double
choix de la date mythique de naissance (1378) et de mort (1484) de Christian
Rosenkreuz. A cette hypothèse s'ajoute la constatation que Gerhard Dorn a manifestement infléchi la pensée paracelsienne et
certains principes de l'alchimie dans un sens chrétien. Enfin il est
symptomatique que les initiales désignant Paracelse soient suivies d'un autre
symbole dans lequel Kienast avait reconnu la croix,
l'alpha et l'oméga, et qui est donc une référence directe à la parole biblique
"Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu". Le fait que le
nom de Theophrastus von Hohenheim n'apparaisse dans les Noces chymiques que sous forme cryptographique, et d'autre part que
le cryptogramme lui-même, si l'interprétation proposée est exacte, limite à la
fois par l'anachronisme voulu, par les symboles et par une référence occulte,
la dépendance à l'égard de sa pensée, indique donc bien quelle signification
Andreæ entendait donner au parrainage de Paracelse dans les Noces chymiques (Roland
Edighoffer, Les noces chymiques de Christian Rosenkreuz, Paracelsus und seine
internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frĂĽhen
Neuzeit, 1995 - books.google.fr). Les chevaliers de la Pierre d'Or, ä la fin du roman des Noces chymiques, recoivent
une médaille portant l'inscription: «L'art sert la nature», et c'est une des
raisons pour lesquelles Christian Rosenkreuz inscrit devant son nom la devise :
"Summa scientia nihil scire".
[...] La formule Summa scientia nihil scire des Noces
chymiques reprend l'idée cusaine de nescience. Le
double thème de la chaleur et de la lumière, si fréquent chez Nicolas de Cues,
la présentation de la vis solaris comme symbole de la vis divina, les allusions alchimiques, sont autant d'éléments
qui plaident en faveur d'une référence cryptée d'Andreae
ä Nicolas de Cues, dans le double but d'indiquer à la fois une ouverture et un complément
volles ä la pensée paracelsienne (Roland
Edighoffer, Les noces chymiques de Christian Rosenkreuz, Paracelsus und seine
internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frĂĽhen
Neuzeit, 1995 - books.google.fr). Les théories ecclésiologiques et politiques de Nicolas de
Cuse s'enracinent dans ses positions philosophiques
et théologiques fondamentales et suivent l'évolution de celles-ci. La réforme de
l'Église préoccupait constamment Nicolas de Cuse,
même s'il n'était pas toujours conséquent avec sa théorie quand il s'agissait
d'acquérir quelque nouveau bénéfice. L'écrit de Nicolas intitulé Reformatio generalis, de
1459, a exercé une grosse influence
sur la bulle réformatrice de Pie II Pastor aeternus qui du fait de la mort de son auteur et de son
inspirateur ne fut jamais publiée. En 1460/1461, sept ou huit ans après la prise de
Constantinople par Mahomet II et la composition par Nicolas de Cuse du De pace fidei, le Cardinal rédigea sa Cribatio Alkorani à l'intention du Pape Pie II,
qui projetait d'éclairer sur la foi du Christ le conquérant ottoman. Opérant un
«tri» (cribere) dans la teneur du Coran, Nicolas
croyait reconnaître dans une bonne part de ses énoncés une transposition
dégradée du message chrétien ; il y appuyait son apologétique concernant
les principaux mystères du Credo. Non sans commettre plus d'un contresens. Il
lisait le Coran dans la traduction latine exécutée en 1143 par l'Anglais Robert
de Keten. Sa bibliothèque possédait au moins deux
copies de cette version ; l'une d'elles formait, avec divers Ă©crits relatifs Ă
l'Islam, le Corpus Toletanum. Le Cusain
put mettre également à profit les ouvrages consacrés à la «loi des Sarrasins»
par le dominicain Ricold de Montecroix
(vers 1300), Denys le Chartreux (1454) et Jean de Torquemada (1459) (Nicolai de Cusa, Cribratio Alkorani, edidit commentariisque illustravit Ludovicus Hagemann, même éditeur, 1986) (Revue
des livres, Les Études classiques, Volume 55, 1987 - books.google.fr). "ver. serp." Aussi bien
avons-nous hâte de prouver que herpès veut dire ver, ver qui gratte la peau,
ver qui pique et ronge. Le mot latin verminare,
de vermis, congénère de herpès comme nous
l'expliquerons tout à l'heure, a reçu plusieurs sens. Il signifie grouiller,
s'agiter comme un entortillement de vers, éprouver des spasmes, des
convulsions, plus exactement des torsions, et, ce qui nous intéresse au premier
chef, d'être démangé, comme il ressort de ce vers de Martial: «Si tibi morosa prurigine terminât auris». Vermitiatio signifie
la gourme des chevaux ; vermiculari se
vermouler, se carier. Nous voyons ainsi
s'associer au ver rampeur ou grimpeur l'idée de
prurit, de gourme et d'érosion. Le sens de prurigo n'implique pas directement
celui de serpere glisser, se répandre à la surface,
mais celui de serpere, gratter, chatouiller ; celui
de se carier, se vermouler suggère un ver rongeur. En français, nous
entrevoyons l'association de ramper et de démanger dans le synonyme
chatouiller, qui dénote, au concret, l'action de gratter fait par le chat,
félin herpustes ou rampeur
; celle de ramper et de ronger dans véreux ; d'être perforé dans vermoulu ; de
dévorer dans ver rongeur, au sens moral. Nous la rencontrons également dans le
sens de vermine et dans l'expression gaux ou gaux picantis, poux, mot qui
appartient au bas argot et qui rime avec gale. Nous la tenons également dans
fourmillement, en latin formicatio, en grec murmèkia, «picotement, démangeaison, comme si on sentait
des fourmis courir sur la peau» (Richelet). Les Grecs entendaient par murmèkia spécialement des protubérances sur la peau causant
des démangeaisons. De même que grouiller (au hollandais krioelen)
se rattache Ă vermis (guermis cramponneur),
ainsi Ă fourmi sa relie le sens de fourmiller, ĂŞtre les uns sur les autres.
Mais le mot qui en français marque le plus clairement le passage du sens de
ver, grimper, ramper, à celui de démanger, est gourme, en allemand wurm, avec transformation de w pour hw
en gu, comme dans guivre pour vipera,
Gautier pour Walter, gui pour viscum. En espagnol on
dit guermeces (vermes) pour
les boutons qui se forment sous la gorge des faucons, mais, prévenus par la
vieille idée de «ramper à fleur de peau», on y appelle la gourme serpullido, comme si le mal se propageait comme le serpolet
et n'offrait pas le caractère plus frappant de l'érosion. Le hollandais, lui
aussi, a fait évoluer le sens de ramper (kruipen), de
cramponner (krammen, klampen),
d'agripper (grijpen), de grimper gravir (klimmen, klauteren, ce dernier de
klauw grille) de la façon la plus expresse et la plus
convaincue : krevel et krieuwel
signifient démangeaison et envie, comme le synonyme français, krieuwelen, kriemelen, krioelen, ressentir des picotements, avoir les fourmis. Il
possède en outre toutes les variétés de sens qui si; rencontrent en latin, en
français et les autres langues modernes : krielen, krioelen, grouiller, verminare, kriemelen, traîner, être irrésolu, mot qui peint la marche
lente et tortueuse du ver, wurmen peiner, kriemelschrift, écriture entortillée, embrouillée, kribbig, chagrin, kribberij,
querelle. En anglais to crawl, congénère de hérpein,
de gravir et de to creep, veut dire ramper, grimper
to climb, to clamber. et éprouver une sensation comme si un insecte marchait sur
la peau (Worcester). Il appelle l'herpès circinnalus
ringworm, ver circinné ou
entouré d'un cercle, non pas parce que le nom de ver (worm)
doive indiquer la présence d'un parasite animal, comme c'est le cas pour la
gale, mais parce que cette langue assimile cette forme d'herpès avec telle
maladie de la peau ne présentant pas de taches circulaires entourées de
vésicules, mais caractérisée par du prurit ou de l'érosion et appelée
anciennement worm (Henri
Fournier, Journal des maladies cutanées et syphilitiques, Volume 10, 1898 -
books.google.fr). Tous les médecins célèbres de l'époque furent unanimes
pour déclarer qu'il n'y avait aucune ressemblance entre les éruptions du mal
français et celles qu'ils avaient vues régner précédemment. Quelques-uns
crurent bien que la maladie n'était pas nouvelle; mais ceux-là mêmes admirent
qu'elle Ă©tait au moins nouvelle pour le quinzième siècle. Ainsi LĂ©onicène la considĂ©rait comme une Ă©pidĂ©mie semblable Ă
celle de Cranon, dont il est fait mention dans les
épidémies d'Hippocrate; Coradin Gilini la
croyait analogue au feu de Perse, et Antoine Beniveni
la comparait à la mentagre de Pline. Nous-mêmes, si nous étudions avec soin,
dans les écrits antérieurs à la fin du moyen âge, le lichen, l'herpès, l'impetigo, les achores, etc., sous
ces noms dont on a modifié ou changé les acceptions, dans ces détails
descriptifs qui réunissent évidemment plusieurs affections aujourd'hui
distinctes, il nous est encore possible, comme l'a prouvé le savant Lorry, de
retrouver un grand nombre des espèces existantes; mais nous ne pouvons y
découvrir aucun trait appartenant aux syphilides, qui ont cependant des
caractères plus tranchés que la plupart des autres lésions de la peau (Léon
Bassereau, Traité des affections de la peau symptomatiques de la syphilis, 1852
- books.google.fr). Il faut attendre 1530 pour que, sous la plume de Frascator, naisse le mot de syphilis, du nom du berger Syphilus qui en fut affecté pour avoir offensé le Soleil (L'histoire,
Numéros 100 à 106, 1987 - books.google.fr). C'est, en effet, à Paracelse, comme a eu soin de nous le
faire remarquer le chimiste érudit Cap, que nous devons de mieux connaître les
préparations antimoniales, mercuriques, salines, ferrugineuses. C'est Paracelse qui a eu la première idée
des poisons-remèdes; qui a préconisé les préparations de plomb dans les
maladies de peau, les sels d'étain contre les affections vermineuses, le
mercure dans la syphilis, le cuivre et l'arsenic à l'extérieur, comme escharotiques. Il employa l'acide sulfurique dans les
maladies saturnines, traitement qui n'a pas perdu de son efficacité. Il
proscrivit les électuaires et les confections, médicaments complexes
définitivement bannis de nos codex. Il créa la distinction entre les
préparations officinales et les préparations magistrales. La pharmacie lui est
redevable de la teinture d'ellébore, de la teinture d'aloès composée, de l'onguent
digestif, de la teinture des métaux (lilium de
Paracelse), du safran de Mars apéritif, de divers sulfures (M.
Cabanès, Paracelse, L'homme et l'œuvre, Revue scientifique, 1894 -
books.google.fr). serpere :
serpent Voici une vieille fable sur l'âne : Jupiter venait de
prendre possession de l'empire; les hommes, à son avénement,
lui demandèrent un printemps éternel, ce qu'il leur accorda ; il chargea
l'âne de Silène de porter sur la terre ce présent. L'âne eut soif, et
s'approcha d'une fontaine : le serpent qui la gardait, pour lui permettre d'y
boire, lui demanda le trésor dont il était porteur, et le pauvre animal troqua
le don du ciel contre un peu d'eau. C'est depuis ce temps, dit-on, que les
vieux serpents changent de peau et rajeunissent perpétuellement (Jacques
Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire Infernal, ou Répertoire Universel
des Etres, des Personnages, des Livres, des Faits et des Choses qui tiennent
aux Apparitions, 1844 - books.google.fr). Orient Peu après sa mort, la légende s'empara de Paracelse et
fit de lui une sorte d'Hermès Trismégiste capable de fabriquer de l'or. On
racontait qu'il avait, à l'âge de vingt-huit ans, conclu un pacte avec le
diable et reçu de lui la recette de la Pierre philosophale. Selon d'autres,
l'art de la transmutation des métaux lui avait été enseigné par un sage arabe,
soit en Perse, soit durant sa captivité chez les Tartares. Pour d'autres encore
il aurait fabriqué de l'or en présence de l'empereur Maximilien Ier et du roi
Ferdinand Ier. Les rares voix qui s'élevèrent pour dénoncer ces fabulations
n'ont pas empêché la vogue de l'alchimie transmutatoire
et l'image du Paracelse faiseur d'or de se perpétuer jusqu'au XVIIIe siècle. De
fait, on aurait tort de sous-estimer l'importance du maquis d'Ă©crits pseudoparacelsiens, encoreÂ
insufiisamment étudiés, qui ont véhiculé ces
images fausses depuis le XVIe siècle, qui comprennent des best-seller
comme le De tinctura physicorum
et le De natura rerum, et
qui ont parfois exercé une influence plus grande que la masse des écrits
authentiques de Paracelse. Wieland (1733 - 1813) met en doute l'affirmation de van Helmont (1579 - 1644) selon laquelle Paracelse serait allé en Arabie et
en Egypte, et y aurait été initié aux mystères de la sagesse hermétique. Il ne
croit pas davantage qu'il ait, selon ses propres dires, parcouru l'Asie et
l'Afrique en tous sens. Quoi qu'il en soit, ses nombreux voyages lui avaient
permis d'acquérir de vastes connaissances en chimie, et de faire sensation lors
de son retour en Suisse (Roland
Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 -
books.google.fr). On s'est beaucoup interrogé sur les origines du rosicrucianisme. Si la plupart des chercheurs s'accordent
pour situer ses débuts historiques au XVIIe siècle, on peut néanmoins déceler
la genèse de ce mouvement dans un passé plus lointain. Telle était l'opinion de Michael Maier. Dans
son ouvrage Silentium post clamores
(1617), il présentait les origines du rosicrucianisme
comme égyptiennes, brahmaniques, issues des mystères d'Éleusis et de Samothrace, des mages de Perse, des pythagoriciens et des
Arabes. Quelques années après la publication de la Fama Fraternitatis (1614) et de la Confessio Fraternitatis
(1615), Irenæus Agnostus,
dans dans Le Bouclier de la vérité (1618), n'hésite
pas à présenter Adam comme le premier représentant de l'Ordre. Les Manifestes
rosicruciens ne sont pas sans faire référence à leur source : «Notre
philosophie n'est rien de nouveau, elle est conforme à celle dont Adam hérita
après la Chute, et que pratiquèrent Moïse et Salomon.» Adam, l'Égypte, la
Perse, les sages de la Grèce, les Arabes ne sont pas mis en relation sans
raison par Michael Maier.
Ils font référence à un concept qui était très répandu avant l'avènement du rosicrucianisme, celui de «Tradition primordiale». Cette
notion a fait son apparition à la Renaissance. À cette époque, on redécouvre le
Corpus Hermeticum,
un ensemble de textes mystérieux attribués à un prêtre égyptien, Hermès
Trismégiste. Dès lors, cette notion de révélation primordiale, dont l'Égypte
aurait été le berceau, connaîtra un retentissement considérable (Christian
Rebisse, Rose-Croix - Histoire et Mystères, 2018 - books.google.fr). Comme la Fama, la Confessio
vilipende le pape en l'accusant de tyrannie. «La vipère cessera de siffler»
(ch. XI) et «nos griffes le mettront littéralement en pièces» (ch. V),
ajoute-t-elle en annonçant l'écrasement définitif du pontife. Il s'agit là d'un
thème que l'on trouve fréquemment dans les Pronosticationes et dans Practica de
Paracelse. Cette position, qui se comprend parfaitement dans un milieu
protestant qui considère le pape comme l'Antéchrist, sera à l'origine de la
forte hostilité du catholicisme à l'égard du rosicrucianisme.
Sans doute pour nuancer l'éloge de la
civilisation arabe présenté précédemment, le deuxième Manifeste s'en prend
aussi Mahomet. Toutefois, cette dernière mention peut être reprise à la Naometria qui
condamnait «le pape et son fils de perdition Mahomet». Le texte de la Naometria n'a jamais été publié, sans doute cause du décès
de son auteur l'année qui suivit sa rédaction finale. La bibliothèque de
Stuttgart en conserve précieusement le manuscrit. Qu'en est-il du grand bouleversement annoncé par Simon Studion pour l'année 1620 ? Certes, la révélation finale ne
se produisit pas cependant, l'Allemagne entre à cette époque dans l'un des
épisodes les plus noirs de son histoire. Le 8 novembre 1620 aura lieu la
terrible bataille de la Montagne Blanche, qui verra la défaite des protestants
face aux catholiques. L'aigle des Habsbourg triomphera du lion de Frédéric. On
assistera alors à l'effroyable guerre de Trente Ans. Simon Studion connaît l'intérêt du duc Frédéric pour les
sciences occultes. En effet, celui-ci est anglophile, et Ă ce titre, il fut en
relation avec les mouvements néoplatoniciens anglais qui s'étaient développés
dans le sillage de John Dee. En 1596, Simon Studion
lui expédie le manuscrit de sa Naometria. Frédéric n'est guère disposé à accorder toute son
attention aux spéculations ésotériques de ce texte. À cette époque, il commence
à se méfier des occultistes, car il vient de faire arrêter Georg Hanauer, un alchimiste qui a abusé de sa confiance. Ce
dernier sera d'ailleurs exécuté en avril de l'année suivante. Pourtant, dès
cette période, des copies de la Naometria commencent à circuler, notamment parmi les élèves
de l'université de Tübingen. C'est ainsi que Johann Valentin Andrae et son ami Tobias Hess prennent connaissance de ce
texte étonnant. Cependant, un autre personnage, le comte palatinat Philippe
Ludwig von Neubourg, se passionne pour la Naometria et
projette de la publier. Pour satisfaire aux exigences de cette édition, Simon Studion est obligé de procéder à une refonte complète de
son tente. C'est ainsi que naît en 1609 une seconde version de son ouvrage, qui
porte désormais le titre de Naometria Nova. Le manuscrit, entièrement en latin, comporte désormais
mille sept cent quatre-vingt-dix pages. Sa dédicace aux monarques européens est
suivie d'une introduction sur les mystères de l'Écriture sainte et d'un
entretien entre deux témoins du Christ ressuscité : Nathanel
et Cléophas. L'ouvrage se termine par les Béatitudes,
c'est-à -dire le sermon sur la montagne. L'ensemble est illustré de nombreuses
gravures réalisées par Jakob Lederlin. À la fin de la
Naometria Nova, on trouve la partition d'un motet Ă
six voix composé par Jean Brauhart et mettant en musique
un texte énigmatique de Simon Studion, intitulé Vers
sur le destin imminent du temps présent: La Nymphe honore
les Lys, Le Lien [honore] la Nymphe. Tous les autres camps [honorent] le Lion.
Eux tous, l'image de la croix les marque. Les Lys, la Nymphe et le Lion avec
l'aide de Dieu dévasteront Le Soleil, la Lune et l'Oiseau de Quirinus. La Terre
enverra Ă la roue les Lys, L'eau de la
mer [enverra] le Lion. Le Gardien de l'Ours enverra la Nymphe avec ses
alliés. Simon Studion indique lui-même
que ce poème doit être chanté pour célébrer l'éternelle amitié entre les Lys,
le Lion et la Nymphe. Doit-on y lire l'amitié qui unit les lys d'Henri IV avec
le lion de l'Angleterre et de Frédéric de Wurtemberg ? Ce texte pourrait
également être interprété comme se rapportant au rôle du leader protestant,
Frédéric de Wurtemberg (le lion), chassant les Habsbourg, les catholiques
romains corrompus (l'aigle), pour instaurer le temps des lys qui caractérise
l'ère de l'Esprit. (Christian
Rebisse, Rose-Croix - Histoire et Mystères, 2018 - books.google.fr). Based on
prophecies from Ezekiel, Daniel and Revelation, “Naometria”
predicted the crucifixion of the last pope in 1612, the imminent destruction of
the world, the beginning of Christ's millennial kingdom in 1620, and the
proclamation of the New Jerusalem (called also Heliopolis and Civitas Solis) (Donald
R. Dickson, The Tessera of Antilia: Utopian Brotherhoods and Secret Societies
in the Early Seventeenth Century, 1998 - books.google.fr). Prince Le brillant et mystérieux médecin du XVIe siècle qui se
nommait Théophraste Bombaste von
Hohenheim et se rebaptisa lui-mĂŞme Paracelse, fut un prince parmi les alchimistes (Technique;
Revue Industrielle, Industrial Review,
Volume 31, 1956 - books.google.fr). Paracelse est un Princeps Chemicorum
(Albert
Louis Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes
(1912), 2012 - books.google.fr). Paracelse disait s'opposer à la médecine de Galien et du "medicorum arabum princeps" Avicenne, titre apparaissant dans
un recueil de ses œuvres paru à Bâle en 1556 (Antoine
Louis Paris, Le Catalogue des Imprimés de la Bibliothèque de Reims, Tome I,
1843 - books.google.fr). Cependant, on
devrait noter que la plupart des médecins chimistes du XVIe et XVIIe siècle ne considéraient
pas leur travail tout ä fait nouveau. Ils s'inspiraient ouvertement des écrits
des médecins et des alchimistes arabes aussi bien que des scholastiques du
Moyen Age qui avaient changé leurs opérations chimiques en un instrument de
base pour la préparation des médicaments (Ilana
Zinguer, Aubert-Duchesne dans le débat paracelsien, Paracelsus und seine
internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frĂĽhen
Neuzeit, 1995 oks.google.fr). Acrostiche : LRDB LRDB : Le Résident du Brandebourg, soit Abraham de Wicquefort, traducteur d'un livre de Voyage en Russie et en Perse d'Adam Olearius (Henri Cordier, Bibliotheca sinica, Dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs à l'Empire chinois, Tome 2, 1885 - books.google.fr). Abraham de Wicquefort est un diplomate né le 24 décembre 1606 à Amsterdam, et mort le 23 février 1682 à Celle. Ce fils de négociant hollandais a émigré très jeune à Paris, où il embrasse la même carrière que son père. Ses capacités en politique, en droit, en diplomatie, le font rapidement connaître par l'électeur de Brandebourg, qui le nomme dès 1626 résident auprès de Louis XIII. Wicquefort fréquente alors les milieux du pouvoir et se lie avec la maison de Condé de 1626 à 1658. Il acquiert également l’estime des cercles littéraires auprès de Pierre et Jacques Dupuy, dont il fréquente assidument la célèbre bibliothèque (fr.wikipedia.org - Abraham de Wicquefort). Pierre-François Burger a reconstitué le réseau de communication de la famille Wicquefort, car outre Abraham, ses frères aussi, notamment Joachim, ont servi comme agents et informateurs pour certains personnages influents de l’Empire et de l’Europe du Nord (Sven Externbrink, Abraham de Wicquefort et ses traités sur l’ambassadeur (1676-1682). Bilan et perspectives de recherche In : De l’ambassadeur : Les écrits relatifs à l’ambassadeur et à l’art de négocier du Moyen Âge au début du XIXe siècle, 2015 - books.openedition.org). Luthérien, Joachim Wicquefort comptait les théologiens Georges Calixtus (1586-1656) et Jean-Valentin Andreae (1585-1654) parmi ses amis (C. M. Schulten, Joachim de Wicquefort et Jean Tileman Stella, fragment d'une correspondance (1639), Lias, Volume 1, 1974 - books.google.fr). Jean Valentin Andreae semble être le promoteur de la Rose-Croix, aidé en cela par la publication de trois manifestes : La Fama Fraternitatis de l'Ordre louable de la RoseCroix ; Confessio Fraternitatis ; et Les Noces Chimiques de Christian Rosencreutz (Bernard Marquier, De Moïse à Hiram, Et si c'était cela la franc-maçonnerie ?, 2016 - books.google.fr). Les descendants de l'électeur Georges Guillaume Ier de Brandebourg seront rois de Prusse et empereurs d'Allemagne après la guerre de 1870. Typologie Le report de 1870 sur la date pivot 1459 donne 1048. Les Etats de l'Eglise L'Italie, après les invasions ostrogothes (Ve -VIe
siècle) puis lombardes (fin du VI e siècle), se morcelle pour des siècles. Au
nord, les premières cités d'une Renaissance en gestation. Au centre, les États pontificaux Rome, aussi appauvrie soit-elle,
demeure la ville de Pierre. La papauté ne peut exister sans Rome. Jusqu'au
milieu du XIe siècle, le pape reste une marionnette de l'empereur. Ainsi,
Benoît IX (1020 - 1055). La famille des marquis de Toscanelle,
descendants d'Albéric, duc de Camérino et de Spolette, patrice de Rome, et de la célèbre reine Marocia, paraissait destinée à régner sur le trône pontifical
par des moyens criminels, selon ce que nous avons vu dès la fin du neuvième
siècle ; mais depuis l'ignominie, dont Grégoire V tenta de couvrir cette
famille dans la personne du sénateur et patrice Crescence,
Albéric affermit davantage l'opinion des Romains en sa faveur pour l'élection
des papes. Nous avons déjà vu Benoît VIII et Jean XIX, membres de sa famille,
et nous allons en voir un troisième exemple dans Benoît IX, fils du marquis
Albéric, et neveu des deux papes que nous venons de citer, et avec un scandale
encore plus grand, puisqu'on effectua son élection, en 1033, lorsque Theofilato (c'était son nom avant d'être pape), était âgé
que de dix ans environ. Les auteurs de l'art de vérifier les dates nient ce
fait ; mais il est affirmé par Radulphe Graber, moine contemporain, partisan déclaré du Saint-Siège
: Puer ferme decennis, dit-il. En l'année 1038, où il
avait tout au plus dix-sept ans, déjà ses moeurs étaient
si scandaleuses, que les Romains le chassèrent de la ville. Remis sur son siège
dans la même année, par l'empereur Conrad II, bien loin de changer de conduite,
ses vices augmentèrent avec son âge. Les assassinats, les adultères publics,
les vols même déshonoraient le siège de Saint-Pierre, en déshonorant celui qui
y était assis. Les Romains le chassèrent de la ville en 1044, le pape n'ayant
encore que vingt-quatre ans, et ils élurent à sa place Jean, évêque de Sabine,
qui fut antipape sous le nom de Sylvestre III. Environ trois mois après, Benoît
retourna Ă Rome, soutenu par la puissante protection de son parent, le marquis
de Toscanelle ; ce qui, au milieu de tant de maux,
produisit, du moins, l'avantage de terminer le schisme ; car Sylvestre III consentit
heureusement à redevenir évêque de Sabine, comme auparavant. Mais Benoît ne
changea pas pour cela de moeurs, et voyant qu'il
était aussi méprisé du clergé que du peuple, il chercha à vendre son pontificat
à Jean Gratien, archiprêtre de Rome, moyennant une somme considérable d'argent.
Il réalisa son projet, et fit sa renonciation dans la même année 1044- Celui
avec qui il traita, prit le nom de Grégoire VI, qui renonça lui-même à la
papauté, en 1046, et Clément II lui succéda. Ce dernier mourut le 9 octobre
1047: dans cette circonstance, Benoît IX, las de rester tranquille, vint s'asseoir
pour la quatrième fois sur le trône pontifical, par le moyen de la puissance et
de la force de ses parents ; et l'on peut s'étonner, à cet égard, de la
patience du clergé et du peuple qui consentirent à le souffrir. Cette fois il
resta sur le trône un peu plus de huit mois, après quoi il se retira pour
toujours. Quelques-uns prétendent que ce fut par suite
des exhortations de Saint-Barthélemi, abbé du
monastère du Grutaferrea. Dans ce temps, les Polonais
lui demandèrent un roi. Benoît le leur accorda comme une faveur, et en rendant
le royaume feudataire du Saint-Siège. Le système d'ambition et d'avarice ne
s'est jamais démenti à Rome, depuis le commencement du troisième siècle. Les
maximes se trouvaient établies parmi le clergé romain, et elles se sont
transmises de la bouche des anciens au cœur des modernes (www.regard.eu.org). Puis, dans les dernières décennies du XI e siècle, la
papauté accomplit son formidable redressement, avec la réforme grégorienne de
1074-1075. Les États pontificaux imposent au pape une politique territoriale
analogue à celle de n'importe quel souverain, avec toujours la même priorité :
préserver (et si possible accroître) le domaine. Pour le pape, l'expansion est
exclue. Son territoire, coincé au milieu de la «botte», ne sert qu'à préserver
l'indépendance pontificale. Il faut tout de même défendre ce domaine contre
d'éventuels agresseurs. Soit le pape réussit non sans mal à se trouver un
protecteur toujours dangereux (ainsi, le roi de France), soit il se fait chef
de guerre - comme Alexandre VI BorgiaÂ
(1431 - 1503) ou Jules II (1443 - 1513) (Philippe
Moreau-Desfarges, Histoire de l'Europe pour les Nuls, 2013 - books.google.fr). Les suffrages des électeurs tombèrent sur AEnéas Sylvius Piccolomini, célèbre comme poète, juriste et
écrivain, non moins que par les vicissitudes qu'il avait traversées. Transféré
en 1453 de l'évêché de Trieste à celui de Sienne, il était devenu cardinal en
1456 et était maintenant âgé de cinquante-trois ans. Il reconnut comme roi de
Naples Ferdinand, fils naturel d'Alphonse, à qui le pape Calixte avait contesté
ce royaume; et, comme il était peu inquiété dans les États de l'Église, il
tourna toute son énergie contre le grand ennemi de la chrétienté, les Turcs. Il
convoqua une assemblée des princes chrétiens, qui devait se réunir à Mantoue en
1459, pour aviser à une entreprise commune. Mais l'empereur Frédéric III n'y
alla point, et les princes allemands étaient désunis entre eux. La Hongrie, ce
boulevard contre les Turcs, se vit entraînée dans une guerre dangereuse par les
tentatives que faisait l'empereur pour s'emparer de cette couronne. Il fallut
que le pape intervĂ®nt pour le dĂ©tourner de cette entreprise. Pie II ne trouva Ă
Mantoue qu'un petit nombre de princes italiens : les délégués des nations
transalpines ne se hâtaient point d'arriver. Après une longue attente, il
ouvrit enfin le congrès le 1er juin 1459. On y parla beaucoup, surtout des
princes qui demandaient secours, et l'on résolut de mener la guerre avec
vigueur. Les faits, malheureusement, ne répondirent pas aux promesses; de
nouveaux ordres de chevalerie furent créés, mais disparurent bientôt (Joseph
Hergenröther, Histoire de l'Église, Tome 4, 1905 - books.google.fr). Fin des Etats de l'Eglise Les États pontificaux ou États de l'Église, sont les
États qui furent entre 754 et 1870 sous l'autorité temporelle du pape. À
l'issue de la deuxième guerre d'indépendance italienne en 1859, les légations,
l’Ombrie, les Marches et la Romagne, ainsi que la délégation d'Orvieto, furent
intégrées aux Provinces-Unies d'Italie centrale, État satellite du royaume de
Sardaigne, laissant Rome et le Latium au souverain pontife. Un an plus tard, en
1860, le Piémont annexe ces territoires. En
1870, après l'évacuation des troupes françaises, Rome est envahie et rattachée
à son tour au royaume d'Italie. Le 20 septembre 1900, le pape Léon XIII
dissout officiellement les États pontificaux. Le pape reste désormais enfermé
dans son palais apostolique. L'État de la Cité du Vatican est créé le 11
février 1929, par les accords du Latran avec Mussolini. Il est reconnu par cet
ensemble de traités internationaux comme «État souverain de droit public
international, distinct du Saint-Siège» (fr.wikipedia.org -
Etats pontificaux). Mais la déclaration de guerre avec la Prusse en juillet
1870 ayant entraîné le retour en France des troupes venues au secours du pape,
l'armĂ©e pontificale malgrĂ© ses 13000 soldats ne put rĂ©sister Ă nouveau Ă
l'invasion de Rome par l'armée italienne forte de 70000 hommes. La Ville Sainte
menacée par l'artillerie dut capituler dès les premiers coups de canons. Le
régiment des zouaves pontificaux fut alors licencié. Athanase Charette quitta Rome avec 1200 hommes et ce fut par la mer
qu'ils arrivèrent à Toulon le 27 septembre 1870 pour se mettre au service du
gouvernement de la défense nationale. L'épopée des zouaves pontificaux face
Ă l'invasion prussienne de la France allait commencer (Gilles
Bresson, Les Vendéens dans la guerre de 1870, 2010 - books.google.fr). La Prusse endosse le rôle de "Lion du Septentrion" en 1870. Les épidémies La guerre de Crimée aurait fait 50000 victimes
(1854-1855), la campagne d'Italie 60000 morts (1859), et l'expédition au
Mexique environ 40000 (1862-1867). Puis,
1870 et 1871, avec 600000 décès supplémentaires sont vraiment des «années
terribles». Ils se décomposent en 200000 soldats tués, ainsi que 200000
victimes de l'épidémie de variole, et au moins 30000 décès dus à la répression
de la Commune (Histoire de la population française, vol. 3, p. 294) (Patrice
Bourdelais, L'Âge de la vieillesse, 1993 - books.google.fr). Jusqu'en 1870, on n'entend plus parler d'elle. Mais, a cette date, de nouvelles atteintes surviennent, et nous retrouvons encore la peste dans le Kurdistan, où elle ravage plusieurs villes ou villages. Quatre années se passent à nouveau, puis, en 1873, autre manifestation : elle se confine cette fois dans le district de Daghara (Irak-Arabi) et, envahissant toute la province, fait environ 40000 victimes à Bagdad. Depuis 1871, on peut dire qu'il ne s'est pas écoulé une seule année sans qu'on l'ait vue, soit en Mésopotamie, soit en Perse, ou sur les bords de la mer Caspienne; elle franchit même cette mer, et pénètre dans la province d'Astrakan, en 1878, dévastant le village de Vitlianxa; cette épidémie fut très meurtrière. (A. Vermey, La peste et son histoire, La Science illustrée: journal illustré, 1871 - books.google.fr). |