La fin des Etats de l'Eglise

La fin des Etats de l'Eglise

 

V, 25

 

1870

 

Le Prince Arabe Mars, Sol, Venus, Lion,

Regne d'Eglise par Mer succombera

Devers la Perse bien près d'un million,

Bizance, Egipte, Ver. Serp. invadera.

 

Mars et Vénus avec le Soleil

 

La rencontre de Mars et Vénus avec le Soleil dans la constellation du Lion est assez rare : deux ou trois fois par siècle (Élizabeth Teissier, Les mémoires de Cassandre, 2022 - books.google.fr).

 

L'année 879 voit le Soleil, Vénus et Mars en Lion du 13 au 19 août (calendrier julien) (www.astro.com).

 

Il y un retard de 4 jours du calendrier julien par rapport au grégorien (fr.wikipedia.org - Passage du calendrier julien au calendrier grégorien).

 

L'année musulmane 266 (879-880) commença au 23 août soit le 19 du calendrier julien (James E. Lindsay, Daily Life in the Medieval Islamic World, 2005 - books.google.fr).

 

Albategnius (Mohamed ben Geber), prince arabe et mathématicien, commence ses observations astronomiques en 879 (l'année 1627 de Nabonassar)

 

Il serait le fils du savant Geber alchimiste bien connu. Il corrige en 879 Ptolémée dans la détermination de la quantité de mouvement des fixes.

 

Selon Albufaraj il était de religion sabéenne et mourut en 929. Né à Batan (près de Harran) il travaillait à son observatoire de Rakah (Arakte) et à Antioche (Astronomie par Jerôme Le Français (La Lande), de l'Academie des sciences de Paris, Tome 1, 1792 - books.google.fr, Jean Sylvain Bailly, Histoire de l'astronomie moderne: depuis la fondation de l'École d'Alexandrie jusqu'à l'époque de M.D.CC.XXX, Volume 1, 1779 - books.google.fr).

 

Il connaissait une ère d'Alexandre "tarikh Iskander", qui commence douze ans avant l'ère des Séleucides : cf. quatrain III, 77 qui parle de ses régions orientales (James Bowman Lindsay, The Chrono-Astrolabe; Containing a Full Set of Astronomic Tables, 1858 - books.google.fr).

 

Il fut lié avec le fils du calife Moktafi, Djafar (Bernard Carra de Vaux, Avicenne, 2023 - books.google.fr).

 

Lorsque Moktafi, calife de Bagdad, eut mis fin à l'indépendance par trop hedoniste des Toulounides, dans sa colère il fit raser leur capitale, à l'exception d'une superbe mosquée qui, depuis, témoigne seule d'un grand passé. On la nomme Ibn-Touloun. Un demi-siècle plus tard, Le Caire prit splendidement sa revanche sur Bagdad en renaissant sous le nom qu'elle porte depuis - El Qâhira, la dédiée à Qâher, notre planète Mars - la Martiale en somme et en devenant elle-même le siège d'un califat d'origine maghrébine à prétention universelle (Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Villes du Sud, 1990 - books.google.fr).

 

Les tables astronomiques d'Albategnius semblent commencer en septembre 879 (Carlo Alfonso Nallino Al-Batani Sive Albatenii Opus Astronomicum: Ad Fidem Codicis Escurialensis Arabice Editum, Latine Versum, Tome 1, 1969 - books.google.fr).

 

Un des premiers astronomes à répertorier les éclipses anciennes fut Claude Ptolémée (milieu du IIe siècle), à cette occasion il créa une chronologie, l'ère de Nabonassar (le vrai nom est Nabu-nasir) qui débute en l'an 747 avant J.-C. et qui utilise l'année vague égyptienne de 365 jours (media4.obspm.fr).

 

"succomdera"

 

Au VIIe siècle, il semble que le monde chrétien soit à la veille de succomber, emporté par la formidable tempête de l'Islam (Charles Diehl, Georges Marçais, Le monde oriental de 395 à 1081, 1944 - books.google.fr).

 

Le sac de Rome par les Arabes venus par la mer et Ostie se déroula en août-septembre 846 (Ph. Lauer, Le poème de la Destruction de Rome et les origines de la Cité Léonine. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 19, 1899 - www.persee.fr).

 

En cette année 846, pas de conjonction des planètes et du Soleil en Lion (Juillet/Août).

 

Jean VIII, Romain, sacré le 14 décembre 872, mourut le 15 décembre 882, après un pontificat de 10 ans et 2 jours (Jacques-Paul Migne, Encyclopédie théologique, Tome 9, 1851 - books.google.fr).

 

De retour de France à Rome le 15 décembre 882, le pape Jean VIII meurt le lendemain. Les Annales de Fulda disent qu’il aurait été d'abord empoisonné par ses ennemis romains; il a été achevé de plusieurs coups de marteau sur le crâne. À la suite de cet attentat, il serait donc le premier pape à avoir été assassiné (fr.wikipedia.org - Jean VIII (pape)).

 

Charles le Chauve successeur de Louis II mort en 875, n'eut apparemment ni l'occasion ni le désir de se consacrer à l'Italie du Sud. Par contre, l'empereur byzantin Basile Ier trouva le moment opportun, et profita du vide laissé par la mort de Louis II pour récupérer Bari, en chassant le gastald installé par Louis. Mais il ne put reprendre Tarente, qui resta entre des mains arabes jusqu'en 879. Basile 1a aurait alors fait une offre d'alliance aux ducs lombards pour purger ensemble la région de ses bandes arabes. Mais les ducs, ou ne l'osèrent pas, ou bien peut-être trouvaient-ils leur avantage à la situation, et ils ne donnèrent pas suite à la proposition byzantine. Le pape Jean VIII (872-882), dont le territoire pontifical était régulièrement ravagé, n'eut pas plus de chances. Il tenta d'obtenir l'aide des Francs, mais ceux-ci n'étaient guère intéressés à des campagnes aussi lointaines, d'autant que la mort de Charles le Chauve ouvrait une période d'incertitudes. Le pape tenta vainement d'obtenir l'aide des ducs lombards et des duchés de Naples et d'Amalfi, mais apparemment, les Lombards étaient plus favorables aux Arabes qu'à la papauté ou aux Byzantins, et rien n'y fit, même pas des excommunications prononcées contre Amalfi et contre Naples. Il faut reconnaître que les ducs lombards, en guerres continuelles les uns contre les autres, en révolutions et coups d'Etat quasi permanents, ne pouvaient apparemment pas se passer de leurs mercenaires sarrasins.

 

Jean VIII fut assassiné en 882. Sa tentative anti-arabe périt avec lui, et sa mort ouvrit une des périodes les plus noires de la papauté romaine. Un an avant sa mort, en 881, Saint-Vincent-au-Vulturne avait été détruit, et presque tous ses moines avaient été assassinés. Un an après sa mort, en 883, ce fut le tour du Mont-Cassin. Les moines qui ne furent pas massacrés réussirent à s'enfuir; des moines ne purent revenir au Mont-Cassin qu'en 934, après un siècle et demi Syracuse, la capitale de la Sicile byzantine était tombée aux mains des Arabes en 778. Basile Ier dut penser que la prochaine victime serait toute l'Italie du Sud, et il décida de réagir vigoureusement, et seul puisque les Lombards avaient refusé son offre d'alliance. Il envoya un de ses meilleurs généraux, Nicéphore Phocas, avec une armée digne des gloires passées. La progression fut rapide, et alla de pair avec l'élimination progressive des bandes arabes. Au bout de quelque temps, avant d'être rappelé à Constantinople, le général byzantin avait repris presque toute la Pouille et presque toute la Calabre, y compris les ville appartenant théoriquement à Salerne selon la Divisio, et il avait su s'associer habilement les populations lombardes. Byzance était de nouveau solidement installée en Italie du Sud, dont elle occupait environ la moitié, ce qui amena les princes lombards à reconnaître cette présence rapprochée, et à lui faire allégeance. Ce devint un peu chez eux une habitude : alliés - peu fiables ! - quand Byzance était forte, plus indépendants quand Byzance était faible… (Michel Grenon, Conflits sud-italiens et royaume normand: 1016-1198, 2008 - books.google.fr).

 

Sous Jean VIII (872-882), ils reparurent même sous les murs de Rome après avoir ravagé la campagne et le littoral. En 875, le pape, équipa une flotte considérable dont il prit lui-même le commandement, les battit au Cap Circeo et leur enleva un énorme butin. Cette défaite ne les empêcha d'ailleurs pas de revenir et Jean VIII ne put s'en débarrasser que par la promesse d'un tribut annuel de vingt-cinq mille marcs d'or. Depuis Léon IV, la Basilique de Saint-Pierre se trouvait protégée contre une nouvelle surprise de leur part. Jean VIII opéra une œuvre défensive du même genre pour les deux basiliques de Saint-Paul et sans doute aussi de Saint-Laurent, mais, à la différence de la Cité Léonine, ces deux enceintes fortifiées, qui prirent les noms, la première de Johannipolis - particulièrement bien placée sur la route qui conduisait du littoral à Rome -, la seconde de Laurentiopolis, ne furent pas rattachées aux murailles de la ville, mais constituèrent, en avant d'elle, deux forts détachés. Sous Jean IX (898-900), on revit encore les infidèles sur le territoire romain et, pour que Rome n'ait plus rien à craindre de ce péril, qui l'avait tenue en haleine plus d'un demi-siècle, il faudra attendre une vingtaine d'années encore (Léon Homo, Rome médiévale, 476-1420 : histoire - civilisation -vestiges, 1956 - books.google.fr).

 

Les raids musulmans, en 876 et 877, ravagent la campagne romaine; c'est en vain que le pape implore l'empereur de Byzance. Les désastres que celui-ci subit à ce moment en Sicile, où Syracuse succombe (878), l'empêchent sans doute d'intervenir et finalement le pape est forcé de payer annuellement aux Maures, pour échapper à leurs coups de mains, 20.000 mancusi d'argent. On n'a à faire d'ailleurs qu'à de simples bandes de pirates qui ne se proposent que le pillage (Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, 1937 - almuslih.org).

 

Baronius (1538-1607) lui-même s'écrie : «Le dixième siècle doit être appelé siècle de fer, à cause des maux innombrables qui l'ont rempli; siècle de plomb, à cause de la tyrannie des papes et des rois, et siècle obscur à cause de la stérilité des lettres et des sciences !» (Maurice La Châtre, Histoire des papes: mystères d'iniquités de la cour de Rome, Tome 1, 1874 - books.google.fr).

 

C'est la chronologie, mieux étudiée, qui a détruit l'imposture de la papesse. Il n'est resté que des conjectures sur les motifs qui avaient donné lieu à sa supposition. Le cardinal Baronius a cru les découvrir dans la faiblesse de Jean VIII, qui s'était engagé payer un tribut annuel de 25,000 marcs d'argent aux Sarrasins, et qui avait reconnu patriarche légitime Photius, condamné par son prédécesseur. On imagina donc, selon Baronius, de dire que le pontife était une femme, et dans des temps d'ignorance, de corruption et de barbarie, cette fable traversa les siècles, avec la persistance des erreurs populaires et leur déplorable durée. Mais Baronius oublie que Jean VIII avait sollicité en vain les secours de Charles le Chauve, de Louis le Bègue et de l'empereur Basile contre les Sarrasins qui promenaient alors l'incendie (Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 26 : Isa-Jos, 1858 - books.google.fr).

 

"succomber" : latin "succumbo", aussi coucher avec un homme parlant d'une femme (Varron) (Generalis dictionarii latino-gallici epitome, 1717 - books.google.fr, Varron, L'économie rurale, 1843 - books.google.fr).

 

"Perse... million" : muletier ?

 

Million : N'a pas de nom en Persan, On compte jusqu'à Cinq cent mille, ce qui se dit Koroure; deux Koroure Persan équivalent à un million (Johann L. Schlimmer, Terminologie medico-pharmaceutique et anthropologique Francaise-Persane: avec traductions Anglaise et Allemande des termes Français, 1874 - books.google.fr).

 

Robert Etienne donne la variante "milio" pour "mulio", qui signifie muletier en latin, au sujet d'une remarque de Varron sur la pièce de Pacuvius Antiopa :

 

Voces Amphionem tragœdum, iubeas Amphionis agere partes, infantiorem quàm meus est milio. Hunc Varronis locum citat Nonius in Infans. Pro milio autem quibusdam uidetur mulio legendum. Ib. Qui fabularum collocant exordia. Exordium et initium. Nonius (Robert Etienne, Fragmenta Poetarum veterum Latinorum, 1564 - books.google.fr, Mimis Valsa, Marcus Pacuvius: Poète tragique, 1957 - books.google.fr, Jacques Desautels, Dieux et mythes de la Grèce ancienne: la mythologie gréco-romaine, 1988 - books.google.fr).

 

VARRON, Men. "Onos luran", frg . 356 : uoces Amphionem tragoedum; iubeas Amphionis agere partis; infantiorem quam meus est mulio. D'après J. P. CÈBE, «tragoedum est l'attribut du complément direct Amphionem» et «uoces veut dire non pas 'convoque' mais... 'nomme'» (ibid., p. 1511). J. P. CÈBE traduit donc le passage ainsi : «nomme Amphion tragédien; ordonne-lui de jouer le rôle d'Amphion; le voilà moins éloquent que mon muletier». Varron tendrait à montrer par là qu'on ne s'improvise pas acteur, que ce métier ne relève pas de la nature mais d'un art dûment étudié (ibid., p.1510) (Aude Lehmann, Varron critique littéraire: regard sur les poètes latins, Collection Latomus, Volumes 262 à 263, 2002 - books.google.fr).

 

Ya'qûb ben Layth as-Saffâr ou Ya'qub-i Layth-i Saffari ou Radman pur-i Mahak, né le 25 octobre 840 et mort le 5 juin 879, est le fondateur de la dynastie des Saffarides (867-1003). Durant son règne, l'État saffaride domina l'essentiel du monde iranien par la conquête de l'actuel Iran, l'Afghanistan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan, ainsi que des parties du Pakistan et de l'Irak.

 

Selon certains récits, il était, au début de sa vie, extrêmement pauvre et ne mangeait parfois que du pain et des oignons. Sa famille partit de la ville de Zaranj afin de fuir les violences entre sunnites et kharidjites. Ya'qûb entreprit donc de devenir dinandier, tandis que son frère, Amr ibn al-Layth, travailla en tant que loueur de mules (fr.wikipedia.org - Ya'qub ben Layth as-Saffar).

 

Il mourut de maladie due à la fatigue pendant une campagne contre les Abbassides en 879 (Encyclopédie du dix-neuvième siècle, Tome 24, 1867 - books.google.fr).

 

Amr bin Layth succéda à Ya'qûb à sa mort en 879 mais fut battu par les Samanides en 900. Il fut forcé de restituer le Khorassan, et les Saffarides furent par la suite essentiellement confinés à leur fief du Sistan, leur rôle étant réduit à ceux de vassaux des Samanides et de leurs successeurs. Battu par le Samanide Ismaïl Ier à Balkh en 900, il est exécuté à Bagdad sur ordre du calife Al-Muktafi le 20 avril 902 (fr.wikipedia.org - Amr Ier (Saffarides), S. Frederick Starr, Lost Enlightenment: Central Asia's Golden Age from the Arab Conquest to Tamerlane, 2015 - books.google.fr).

 

Egypte

 

En Egypte, le turc Ahmed ebn-Touloun se rend indépendant du calife abbasside de Bagdad en 870. La dynastie qu'il fonda dura jusqu'en 904 date à laquelle l'Egypte est récupérée par les Abbassides.

 

Dans sa conquête de la Syrie, c'est en 879, qu'Ahmed prit Antioche, & c'est lui sans doute , qui dans une lettre du patriarche Théodore, se trouve nommé Ebintaëloum; mais il faut lire Ebin-Touloun, le fils de Touloun.

 

C'est à Antioche, en 1883, que l'attendait le décret fatal de sa destinée; ayant bu une grande quantité de lait de buffle, et sa santé en ayant souffert, il négligea les avis du médecin chrétien Sayd Théophile qui l'accompagnait ayant refusé de garder une diete sévère, il tomba sérieusement malade: alors il laissa Abd-allah, fils de Fatah, pour commander à Alep, et se hâta de retourner en Égypte. Il voyagea d'abord, porté à bras, dans une litière; mais sa faiblesse ne lui permettant pas de continuer à se servir de cette espèce de transport, il s'embarqua, aborda à Faramah et de là remonta le Nil jusqu'à Fostatt, où il parvint vers la fin de l'année. [...]

 

La mort d'Ahmed ebn-Touloun eut lieu le dimanche dixième jour du mois de Dou-l-Kadéh, onzième mois des musulmans, dans l'an 270 de l'hégire (11 mai de l'an 884 de l'ère chrétienne); et ce prince fut enterré sur le mont Mokattain (Jean Joseph Marcel, Egypte depuis la conquete des Arabes jusqu'a la domination francaise, L'univers, 1848 - books.google.fr, Claude Fleury, Histoire Ecclésiastique: Depuis l'an 858, jusqu'à l'an 925, Tome 11, 1774 - books.google.fr).

 

La vie d'Ebn-Touloun rappelle beaucoup celle de Méhémet-Ali (1769-1849) et le pouvoir qu'il légua à ses enfants fut encore plus étendu que celui du vice-roi (Fernand de Schickler, En Orient; souvenirs de voyage, 1858-1861, 1863 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Ismaïl Pacha).

 

"Bisance"

 

Peu de temps après le rétablissement de Photius, et la même année 879 [le 3 septembre], l'empereur Basile perdit Constantin, son fils aîné, qu'il avait fait couronner empereur dès la première année de son règne. Ce prince fut emporté en peu de jours par une fièvre violente, n'étant qu'à la fleur de son âge [à l'âge de treize ans]; et Photius, pour apaiser la douleur extrême de l'empereur, osa bien mettre Constantin au nombre des saints, et consacrer en son honneur des églises et des monastères. [...] Mais les catholiques regardèrent cette mort comme une punition divine du rappel de Photius, aussi bien que la perte de la grande ville de Syracuse, capitale de la Sicile, qui fut prise par les Musulmans d'Afrique, le peuple emmené captif, les églises brûlées, la ville entièrement ruinée; de sorte qu'elle ne s'est jamais bien relevée depuis (René François Rohrbacher, Histoire universelle de l'église catholique, Tome 5, 1882 - books.google.fr).

 

En 879, âgé de soixante-sept ans, Basile se battait comme les années précédentes et avait remporté de grands succès quand brusquement Constantin tomba malade et succomba malgré tous les soins qui lui furent prodigués sous sa tente de campagne. Le désespoir du Macédonien fut déchirant. Abandonnant son armée il rentra dans sa capitale et s'enferma dans le Palais Sacré. Une entrevue tragique eut lieu entre Photius et l'empereur. Ce dernier, dominé par son aversion pour Léon voulait le déshériter en faveur d'Alexandre. Photius qui avait été précepteur des deux enfants défendit avec acharnement la thèse de la légitimité (Alexandre de Saint-Phalle, Tour du monde: De Mahomet à Godefroy de Bouillon, 1953 - books.google.fr).

 

Les sources hostiles au patriarche Photios rapportent que le moine photien Theodoros Santabarenos fit alors apparaître le jeune défunt à son père éploré, par des moyens magiques; et que Photios, pour plaire à Basile, déclara Constantin saint de sa propre initiative, et fit de son nom un vocable courant. Si l'on remet à l'endroit ces deux informations, l'apparition de Constantin serait la vision qui signifie traditionnellement la sainteté du défunt : la proclamation de celle-ci par Photios s'accorde parfaitement avec la ligne d'un patriarche au service de l'empereur et de la dynastie, et l'on peut supposer qu'il n'attendit pas, comme il se devait, la manifestation publique de miracles au tombeau. La sainteté proclamée hante ainsi les abords du pouvoir impérial autour du Xe siècle, avec des motifs divers. La personne impériale elle-même ne peut manquer d'en être touchée (Evelyne Patlagean, Figures du pouvoir à Byzance (IXe-XII siècle), 2001 - books.google.fr).

 

"ver. serp. invadera"

 

"invado", latin, en particulier au sujet d'une maladie qui s'empare du corps (Eugène Benoist, Henri Goelzer, Nouveau dictionnaire latin-français, 1893 - books.google.fr).

 

Les médecins anciens, arabes, grecs et latins, paraissent avoir observé la plupart des maladies éruptives connues de nos jours, si on peut en juger par les dénominations sous lesquelles ils les désignaient et qu'ils nous ont transmises, comme l'attestent les mots scabies, psora, pruritus, papulæ, prurigo, tinea, lichen, impetigo, varus, ficus, herpes, pustula, lepra, elephantiasis, etc. Toutefois les dénominations adoptées par les anciens, n'ont pas toujours été appliquées à des maladies bien déterminées. Il existe même dans leurs écrits une telle confusion, qu'il serait fort difficile, peut-être même impossible, de faire une application exacte et directe de chaque mot servant à désigner une maladie (Jean Giraudeau de Saint-Gervais, Guide pratique pour l'étude et le traitement des maladies de la peau (etc.), 1842 - books.google.fr).

 

Bien que des léproseries soient attestées depuis le VIe siècle, et même à vrai dire depuis Basile de Césarée, l'élaboration culturelle sur la maladie ne prend vraiment son essor qu'au IXe siècle. On tracera la figure essentielle, christique, du souverain qui soigne les lépreux de ses mains, ou les accueille à sa table. Bien que le mal soit reconnu contagieux, Byzance ne fabrique cependant pas de véritable système d'exclusion à leur endroit, pas plus qu'elle n'a, tout compte fait, visiblement marqué les Juifs (Evelyne Patlagean, Maladie et société à Byzance, 1993 - books.google.fr).

 

Un rabbin a vu dans les écailles du serpent la malédiction de la lèpre. Pour «l'Aggadah», note B. Maruani, «la lèpre sanctionne la médisance, méfait dont s'est rendu coupable le serpent». Il est ['arum], «intelligent, malin» (3,1). Or les humains viennent d'être qualifiés de ['arumym]. Cet animal le plus «intelligent» de tous, et en même temps le plus «nu», ne représenterait-il pas la part de l'humain qui médit de l'humain ? Le serpent ne serait-il pas ce qui, en l'humain, dénonce la vulnérabilité au nom d'une pensée qui est censée en venir à bout ? Dans ce cas, il le fait sans le dire. C'est seulement après coup, une fois fourvoyés dans cette impasse, que nous comprendrons : nous saurons alors que nous ne supportions pas d'être nus (3,7), c'est-à-dire impuissants devant le bien et le mal. La médisance du serpent consisterait à insinuer que cette impuissance est un manque d'intelligence : votre pensée peut venir à bout du mal, suggère le serpent; elle peut éradiquer la souffrance, en opérant une synthèse de la vie à la manière hégélienne (Lytta Basset, Le pardon originel : de l'abîme du mal au pouvoir de pardonner, 2003 - books.google.fr).

 

Le rapprochement entre l'éléphantiasis et la syphilis était fait par les ennemis même les plus déclarés de cette opinion, comme Leoniceno, Fracastor et Cataneo. Ils convenaient cependant qu'il y avait quelquefois de l'affinité entre les deux maladies. Ainsi Cataneo assure avoir vu deux fois le mal français dégénérer en éléphantiasis. Il n'est donc pas surprenant que l'hypothèse d'une affinité entre la lèpre et la syphilis ait compté un si grand nombre de partisans (Antoine Jacques Louis Jourdan, Traité complet des maladies vénériennes, Partie 1, 1826 - books.google.fr).

 

S'il faut en croire les écrits de Pline et de Lucrèce, la lèpre eut son berceau primitif en Egypte. Elle se répandit de la chez les Hébreux, puis chez les Romains. Les armées de Pompée la rapportèrent à Rome à leur retour de Syrie et d'Egypte (Henri Fournier, Journal des maladies cutanées et syphilitiques, Tome 4, 1892 - books.google.fr).

 

L'éléphantiasis, dit Lucrèce, est enfantée sur les bords du Nil, au milieu de l'Égypte, et n'apparaît dans nul autre climat (Est elephas morbus, qui propter flumina Nili / Gignitur Ægypto in media, neque præterea usquam. De Natura rerum, Libr. VI, v. 111) (Messager des sciences et des arts, 1861 - books.google.fr).

 

Les manifestations de la lèpre au niveau des nerfs avaient également conduit à lui trouver une identité avec le zona, le pemphigus, certains ecthyma et eczéma, l'ichthyose et quelques formes de gangrène cutanée (Jean-Paul Bado, Médecine coloniale et grandes endémies en Afrique 1900-1960: lèpre, trypanosomiase humaine et onchocercose, 1996 - books.google.fr).

 

En Egypte le khalife Ahmed-ben-Touloun fondait un hôpital et des consultations gratuites hebdomadaires, et avait pour médecin Abou-Ali-Khalef, oculiste fort distingué, auteur d'El-Kefaya, ouvrage d'ophthalmologie. Nesthas-ben-Djorreïdi écrivait un compendium de médecine et une note sur l'urine (Annales de l'Extrême Orient et de l'Afrique, Volumes 9 à 10, 1887 - books.google.fr).

 

Lepra kommt seit Urzeiten in Egypten vor. Trotzdem aber fast nie Isolierungen der Kranken vorgenommen wurden (derartige vorübergehende Versuche sind bekannt von Ben Abdelmalek 707, Mohamed ebn Touloun gegen 900), ist die Zahl der Leprösen zurzeit sehr gering (Ergänzungshefte zur Medizinischen Klinik, Volumes 1 à 2, 1905 - books.google.fr).

 

En Médecine, on a donné le nom de feux à certaines éruptions, à des dartres ou érésipéles, à cause de l'ardeur qu'ils produisent dans la partie malade : tels sont le Feu persique, ou Zona; le F. sacré, ou érésipèle simple; le F. Saint-Antoine, dit aussi F. Saint-Fiacre, ou Mal des Ardents, érésipèle gangréneux ou scarlatine maligne, qui a fait de grands ravages en France au Xe et au XIe siècles; le F. sauvage ou volage, éruption qui survient au visage, et surtout aux lèvres des enfants (Marie Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts: contenant pour les sciences, 1854 - books.google.fr).

 

Vénus avait deux ceintures, l'une virginale, placée sous le sein; l'autre, inséparable de toute Vénus, et qu'on mettait sur les hanches, zona, dont le statuaire a ceint les reins d'Antiope, d'une mère, dans le groupe du taureau Farnèse; cette zona ne la retrouve-t-on point sur notre marbre ? Et n'est-ce point sur les hanches que la statue rassemble et lie ses vêtements, comme pour révéler son heureuse maternité ? (Emmanuel Pierre Gaillard, Notice sur la statue pédestre en marbre blanc, trouvée à Lillebonne, le 31 mai 1828, 1829 - books.google.fr).

 

On connaît deux Antiope, la reine des Amazones fille d'Arès soeur d'Hippolyte dont Hercule vole la ceinture, et la mère d'Amphion et Zéthos. Le supplice de Dircé, qui maltraita Antiope, est le sujet du groupe du taureau Farnèse.

 

Le Taureau Farnèse est le nom d'un groupe statuaire en marbre retrouvé lors de fouilles archéologiques, entreprises par le pape Paul III (Alexandre Farnèse) dans les thermes de Caracalla, à Rome, en 1546 (fr.wikipedia.org - Taureau Farnèse).

Jean Aimon fait publier en 1716 un ensemble de lettres attribuées à Diego Hurtado de Mendoza ambassadeur auprès de Paul III qu'il appelle "Notre Saint et Divin Vérolé" (Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 3, 1853 - books.google.fr, Diego Hurtado de Mendoza, Maximes Politiques du Pape Paul III. au Sujet du Concile de Trente, 1716 - books.google.fr).

 

Gaspard Torella n'avait-il pas affirmé en son temps que le mal vénérien résultait de l'entrée de Saturne dans le signe du Bélier ? Peu après, dans le poème Syphilis sive Morbus Gallicus (1521), Jérôme Fracastor (1483-1553), premier médecin du pape Paul III, avait raconté que Syphilus, berger du roi Alcithoüs, roi d'Atlantis, s'était insolemment vanté de la prospérité de ses troupeaux, avec lesquels les constellations du Zodiaque ne pouvaient rivaliser (puisqu'on n'y compte qu'un taureau, un bélier, et un chien pour les garder); il aurait, pour cette raison, été puni par le Ciel de son outrecuidance. L'obsession de son origine géographique fait également partie de l'histoire de la syphilis, supposée originaire de l'Amérique ou d'autres régions lointaines, exotiques (Madeleine Bertaud, Les grandes peurs, Volume 1, 2003 - books.google.fr).

 

Rodrigo Diaz de l'Isla, en 1506, rédigea un traité appelé "Fruit de tous les saints contre la maladie serpentine venue de l'ile d'Ispaniola". Car on pensait que la syphilis était provoquée par l'haleine empoisonnée du basilic, ce serpent mythique, issu d'un oeuf de coq, cassé par un crapaud, dont le regard, si venimeux avait la possibilité de tuer, à tel point que le basilic ne pouvait se regarder dans une glace, sinon il serait mort foudroyé. Jean de Vigo, médecin du pape Jules II, relata en 1514, l'épidémie de mal de Naples qui se développa en Italie appelée par les Italiens : mal français et mal napolitain par l'armée française. La contagion - écrit-il avec une misogynie certaine - s'exerçant "surtout par le coït et le commerce sexuel d'un homme sain avec une femme malade" (Jean-Jacques Borredon, Thérèse Borredon, Sorcières, croyances, pratiques médicales du temps jadis, 1992 - books.google.fr).

 

Durant le XVI e siècle, la syphilis a été appelée la «grande vérole», afin de la distinguer de la variole. À ses débuts, la grande vérole produit une éruption cutanée rappelant la variole. Cependant, cette désignation est trompeuse, car la variole est une maladie beaucoup plus mortelle (fr.wikipedia.org - Histoire de la syphilis).

 

VARRON ou VARON n.m. (anc. provenç, varron, du lat. varus, pustule). Larve de l'hypoderme, parasite de la peau des bovins, qu'elle perfore, rendant le cuir inutilisable (Petit Larousse illustré, 2007 - books.google.fr).

 

Le feu persique, persan, persien

 

Le feu persan est décrit comme maladie du charbon avec pustules (Thomas Burnet, Le tresor de la pratique de medecine, ou le Dictionaire medical, traduit par Hilaire Baritel, 1691 - books.google.fr, Pierre Boyveau Laffecteur, Traite des maladies veneriennes, anciennes, recentes, occultes et degenerees, 1814 - books.google.fr, Dictionaire des sciences médicales, Tome 27, 1812 - books.google.fr).

 

Toutes les Prouinces de Perse ne sont pas également saines, & il y en a, où les maladies sont plus ordinaires que dans les autres. Et de fait celles de schirwan & de Kilas sont fort sujettes aux fievres; mais l'air de la ville de Tauris est si bon, qu'à peine y entend on parler de cette maladie. Au contraire, l'on dit que ceux qui en sont affligez, y peuuent trouuer leur remede, mesme sans prendre medecine. Les maladies epidimiques, comme la dyssenterie & la peste, y font moins ordinaires qu'en Europe. La verole, que l'on y nomme Sehemet Kaschi, c'est à dire, le mal de Kaschan, parce qu'elle y est plus familiere qu'ailleurs, ou parce que c'est là que l'on s'en est apperceu le premier, tout ainsi que l'on l'appelle icy le mal de Naples, quoy que les Allemans l'appellent le mal de France, parce qu'au lieu de l'aller chercher à Naples, où les François en furent infectés au voyage du Roy Charles VIII. ils se contentent de le venir gagner à Paris, y est fort commune (Adam Olearius, Relation du voyage de Adam Olearius en Moscovie, Tartarie et Perse; Tome 1, 1666 - books.google.fr).

Les Indiens appellent la maladie vénérienne le "feu persan" en faisant l'origine en Perse. Au Ve siècle, Palladius raconte qu'un moine nommé Héron pris du démon de midi allant attraper la vérole à Alexandrie (Schwediauer, Traité complet sur les symptômes, les effets, la nature et le traitement des maladies syphilitiques, Tome 1, 1798 - books.google.fr).

 

La mule

 

"Mule aux talons" : ulcère (François Pomey, Le Dictionaire Royal, augmenté, Tome 2, 1671 - books.google.fr).

 

Les Milanois s'estoyent contre luy (Federic Barberousse) absent rebellez, et avoyent l'imperatrice, sa femme, chassee hors la ville ignominieusement montee sus une vieille mule nommee Thacor, a chevauchons de rebours, sçavoir est, le cul tourné vers la teste de la mule, et la face vers la croppiere. Federic a son retour les ayant subjuguez et resserrez, feit telle diligence qu'il recouvra la celebre mule Thacor (Pantagruel, Quart Livre, Chapitre XIV)

 

Rabelais, dit Le Duchat, sur la Satire Menippée, 11, 371, a pris cette histoire dans Crantzius (Antoine de Saxe, livre VI). Tachor, qui est le nom que Rabelais donne à cette mule, est un mot hébreu qui signifie un fic qui s'engendre au fondement. En effet, tachor ou techor, en hébreu, signifie anus, ulcère ou fic à l'anus. C'est le nom des fics dont furent affligés les Philistins. Voyez livre I des Rois, chapitre vi, vers. 5 (Oeuvres de Rabelais: éd. variorum, augmentées de pièces inédites, des Songes drolatiques de Pantagruel, 1823 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1870 sur la date pivot 879 donne 112.

 

Ruffus d'Ephèse, qui vivait sous le règne de Trajan (96 - 112), fait une description de la peste conservée par Oribase (v. 325 - v. 403) (René Prus, Rapport à l'Académie royale de Médecine sur la peste et les quarantaines, 1846 - books.google.fr).

 

L'évêque de Rome Clément aurait été exilé et serait mort noyé dans la mer le cou attaché à une ancre en Crimée en 97 ou 101, Trajan étant empereur. Pline le Jeune (61 - 114), neveu de Pline l'Ancien (23-79), écrit vers 112 une lettre à Trajan, qui lui répondra, pour demander son avis dans l'attitude judiciaire vis à vis des chrétiens, dont la religion est interdite pour en premier lieu ne pas célébrer le culte impérial (www.lecafuron.fr).

 

Le Lion (du septentrion)

 

La prophétie du «Lion du Septentrion» s'était répandue dans une bonne partie de l'Europe : on en trouve des traces au Tyrol, en Bohême, en Allemagne, en Suède et jusqu'en Grande-Bretagne. Quand apparut-elle pour la première fois ? Certainement bien avant 1622. Ce premier texte connu en fournit déjà une preuve, puisqu'il y est fait mention "des letzten Osterischen Keysers Rudolphi" et que l'empereur Rodolphe II était mort en 1612. Dans la préface - déjà citée - de 1625, Anastasius Philaretus expliquait que la version détenue par lui de la prophétie des "Trois trésors" de Paracelse était une copie réalisée par un certain baron Karl Richard von Mincquitz le 13 juin 1614 d'après des manuscrits retrouvés dans les papiers de Heinrich Khunrath. Or celui-ci mourut en 1605. De son côté, Gerhard Eis publiait en 1941 une étude sur Hans Christoph Reinhart l'Ancien, un alchimiste pragois pratiquement inconnu jusqu'alors. Or dans son Valete paru en 1608, il est fait allusion à cette prophétie. Il est vrai que les  citations qu'en donne Reinhart ne font que reproduire des passages du texte beaucoup plus ancien et lui-même vraisemblablement pseudépigraphique de la «Tinctura physicorum». Ce n'est donc pas absolument une preuve de l'existence à ce moment de la prophétie dans sa forme définitive. Cependant la Bohême semble avoir joué un rôle déterminant dans l'élaboration de cette prédiction. Gerhard Eis fait observer que le titre de la première édition connue, celle de 1622, mentionne le destin du Royaume de Bohême avant celui de la couronne impériale, ce qui est assez significatif des préoccupations locales de son ou de ses auteurs. Dans un recueil de prédictions paru en 1632 sous le titre «Des Mitternâchtigen Postreuters Adeliches und  Unadeliches dreyfaches Paszport...», la prophétie dite du Lion du Septentrion était accompagnée d'un «Beyleuffiges Gemerck» où étaient cités quelques passages d'une lettre d'Adam Haselmeyer datée de 1616. Sudhoff y fait allusion, mais sa remarque prouve qu'il n'en a pas eu le texte original entre les mains (Roland Edighoffer, Le Lion du Septentrion, Études germaniques, Volume 22, 1967, Études germaniques, Volume 22, 1967 - books.google.fr).

 

Parmi les innombrables prophéties qui fleurissaient à cette époque, il en est une qui mérite quelque attention, parce qu'elle était alors attribuée à Paracelse, c'est celle dite du Lion du septentrion. La Confessio Fraternitatis y fait allusion, et Adam Haselmayr, dans sa Réponse aux Rose-Croix de 1612, présente le Lion du septentrion comme leur précurseur dans la lutte contre le pape et l'empereur. Il y est aussi question du tombeau de Paracelse, de trois trésors cachés et de livres également cachés contenant les recettes secrètes de Paracelse pour la fabrication de la Pierre philosophale. La missive de Haselmayr prouve qu'en 1612 déjà, des manuscrits de la Fama Fraternitatis avaient circulé jusque dans le Tyrol et qu'on en avait retenu, entre autres, sa coloration antipapale. Or Paracelse, dans les sermons de son Buch der Erkanntnuß, connu par des manuscrits au début du XVIIe siècle, s'en prenait à l'empereur et au pape ainsi qu'à l'institution hiérarchique de l'Eglise. Il ne cessait pas pour autant de se dire catholique, mais l'Eglise dont il rêvait était purement spirituelle et débarrassée de tout attirail dogmatique. A propos de son contemporain Luther, il écrivait dans le Liber Paragranum : «Quelle moqueuse caricature avez-vous faite de moi en disant que j'étais le Luther des médecins, un hérésiarque ! Je suis Théophraste, et je suis plus que ceux auxquels vous me comparez ; je suis moi-même, et le prince des médecins et je puis vous prouver ce que vous êtes incapables de prouver. Je laisserai à Luther le soin de défendre sa cause...» Quant aux luthériens, il les mettait dans le même panier que les autres chrétiens avec cette formule brutale: «Tyrannie et inquisition ici et là. Les papistes, les ariens, les luthériens, les zwingliens ne sont jamais que quatre paires de culottes taillées dans le même tissu.» (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 - books.google.fr).

 

Le signe ternaire Mars-Vénus-Soleil

 

C'est évidemment le beau roman des Noces chymiques de Christian Rosenkreutz qui, comme son titre l'indique, est la plus parfaite illustration de l'alchimie spirituelle évoquée par Paracelse. Son parrainage est d'ailleurs discrètement indiqué lors de la sixième joumée, dans la description de l'athanor qui porte des inscriptions cryptées. L'un des cryptogrammes, déchiffré en 1926 par Richard Kienast, indique en effet les initiales du nom Paracelsus Hochheimensis Medicinæ Doctor. Ce nom est précédé du signe ternaire Mars-Vénus-Soleil et du millésime 1459. Certes cette date est celle où sont censées se passer les Noces chymiques, mais on peut être surpris d'y voir associé le nom de Paracelse, alors que celui-ci ne devait naître qu'en 1493 ou 1494. On peut, pour le choix de la date de 1459, avancer plusieurs hypothèses. L'une d'entre elles concerne un auteur qui a certainement influencé Johann Valentin Andreæ et le groupe de ses amis, à savoir Nicolas de Cues, dont certaines œuvres se trouvaient, entre autres, dans la bibliothèque privée de Christoph Besold. Le traité De principio date en effet de 1459, et Nicolas de Cues y démontre que le Dieu transcendant se manifeste dans chacun des éléments constitutifs du cosmos. Maurice de Gandillac a indiqué que Nicolas de Cues n'a jamais renoncé à voir dans le monde une «image de Dieu», qui «parle» et qui «pense» à travers le cosmos. Il existe donc une certaine parenté entre les idées de Cues, celles de Paracelse et celles qu'Andreæ exprime métaphoriquement dans les Noces chymiques, et cette similitude pourrait avoir séduit 1e jeune auteur désireux de dérouter ses lecteurs et d'agir selon la devise de Nicolas de Cues: serio ludere. C'est bien Paracelse qui patronne de façon plus ou moins cryptée les premiers écrits rosicruciens. Ses auteurs ont sans doute cherché à concrétiser dans un mythe la pensée si riche de celui qui écrivait dans la Philosophia sagax: «L'homme trouve de grandes choses dans le domaine de l'avenir et des arcanes (...) de telle sorte qu'une génération doit nécessairement apparaître, qui sera remplie d'esprit prophétique ou sibyllin» (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 - books.google.fr).

 

Le signe ternaire est constitué par la superposition des trois signes de Mars, de Vénus et du Soleil ou de l'or, et il peut être compris de la manière suivante : selon Adam von Bodenstein, Mars est la «natura prima rerum», et Jung souligne son action dans le processus de purification par le feu de l'homme naturel, lors de sa transformation en Enochdianus. Le mariage de Mars et de Vénus est en alchimie le symbole de la conjunctio. De leur union naît Eros, dont l'action aboutira à la Pierre d'or, au Lapis Philosophorum, qui n'est «rien d'autre que l'être de lumière caché dans la matière». Dejä Gerhard Dorn avait fait représenter ce signe sur la couverture de son Chymisticum Artificium Naturae, paru en 1568, dans un arbor chymica oti figure d'ailleurs aussi la Monade hiéroglyphique de John Dee. Si l'emploi de ce cryptogramme par Dorn évoque la mouvance paracelsienne, symbole solaire, quant ä lui, nous ramène ä Nicolas de Cues, qui discerne des correspondances entre l'astrologie et l'alchimie, entre la virtus du soleil, celle de l'or et celle du feu, mais qui précise d'autre part que seul le spiritus du «Soleil de Justice», sauveur et rédempteur, a le pouvoir de conférer aux hommes la vie divine, c'est-à-dire la «filiation divine» par laquelle se réalisera l'homo maximus. Etant donné que le cryptogramme commence par l'indication de l'année 1459, bien antérieure à la naissance de Paracelse, et que les «noces chymiques» ont lieu cette même date; étant donné d'autre part que Christian Rosenkreuz signale qu'il en avait été averti par une vision sept années auparavant, c'est-à-dire (en comptant l'année 1459) en 1453, alors que Nicolas de Cues, sous l'impression de la chute de Constantinople, avait écrit De pace fidei où s'exprime un idéal irénique d'unité religieuse entre chrétiens et musulmans, on découvre un arrire-plan culturel des Noces chymiques en décalage par rapport à Paracelse, et que confirme le double choix de la date mythique de naissance (1378) et de mort (1484) de Christian Rosenkreuz. A cette hypothèse s'ajoute la constatation que Gerhard Dorn a manifestement infléchi la pensée paracelsienne et certains principes de l'alchimie dans un sens chrétien. Enfin il est symptomatique que les initiales désignant Paracelse soient suivies d'un autre symbole dans lequel Kienast avait reconnu la croix, l'alpha et l'oméga, et qui est donc une référence directe à la parole biblique "Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu". Le fait que le nom de Theophrastus von Hohenheim n'apparaisse dans les Noces chymiques que sous forme cryptographique, et d'autre part que le cryptogramme lui-même, si l'interprétation proposée est exacte, limite à la fois par l'anachronisme voulu, par les symboles et par une référence occulte, la dépendance à l'égard de sa pensée, indique donc bien quelle signification Andreæ entendait donner au parrainage de Paracelse dans les Noces chymiques (Roland Edighoffer, Les noces chymiques de Christian Rosenkreuz, Paracelsus und seine internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frühen Neuzeit, 1995 - books.google.fr).

 

Les chevaliers de la Pierre d'Or, ä la fin du roman des Noces chymiques, recoivent une médaille portant l'inscription: «L'art sert la nature», et c'est une des raisons pour lesquelles Christian Rosenkreuz inscrit devant son nom la devise : "Summa scientia nihil scire". [...] La formule Summa scientia nihil scire des Noces chymiques reprend l'idée cusaine de nescience. Le double thème de la chaleur et de la lumière, si fréquent chez Nicolas de Cues, la présentation de la vis solaris comme symbole de la vis divina, les allusions alchimiques, sont autant d'éléments qui plaident en faveur d'une référence cryptée d'Andreae ä Nicolas de Cues, dans le double but d'indiquer à la fois une ouverture et un complément volles ä la pensée paracelsienne (Roland Edighoffer, Les noces chymiques de Christian Rosenkreuz, Paracelsus und seine internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frühen Neuzeit, 1995 - books.google.fr).

 

Les théories ecclésiologiques et politiques de Nicolas de Cuse s'enracinent dans ses positions philosophiques et théologiques fondamentales et suivent l'évolution de celles-ci. La réforme de l'Église préoccupait constamment Nicolas de Cuse, même s'il n'était pas toujours conséquent avec sa théorie quand il s'agissait d'acquérir quelque nouveau bénéfice. L'écrit de Nicolas intitulé Reformatio generalis, de 1459, a exercé une grosse influence sur la bulle réformatrice de Pie II Pastor aeternus qui du fait de la mort de son auteur et de son inspirateur ne fut jamais publiée.

 

En 1460/1461, sept ou huit ans après la prise de Constantinople par Mahomet II et la composition par Nicolas de Cuse du De pace fidei, le Cardinal rédigea sa Cribatio Alkorani à l'intention du Pape Pie II, qui projetait d'éclairer sur la foi du Christ le conquérant ottoman. Opérant un «tri» (cribere) dans la teneur du Coran, Nicolas croyait reconnaître dans une bonne part de ses énoncés une transposition dégradée du message chrétien ; il y appuyait son apologétique concernant les principaux mystères du Credo. Non sans commettre plus d'un contresens. Il lisait le Coran dans la traduction latine exécutée en 1143 par l'Anglais Robert de Keten. Sa bibliothèque possédait au moins deux copies de cette version ; l'une d'elles formait, avec divers écrits relatifs à l'Islam, le Corpus Toletanum. Le Cusain put mettre également à profit les ouvrages consacrés à la «loi des Sarrasins» par le dominicain Ricold de Montecroix (vers 1300), Denys le Chartreux (1454) et Jean de Torquemada (1459) (Nicolai de Cusa, Cribratio Alkorani, edidit commentariisque illustravit Ludovicus Hagemann, même éditeur, 1986) (Revue des livres, Les Études classiques, Volume 55, 1987 - books.google.fr).

 

Christian Rosencreutz

 

Johann Andreae (1586 - 1654), pasteur luthérien, fait mourir Christian Rosenkreuz lors d'une conjonction de Mars, Saturne et Jupiter (Tres principes ex militia sueprioris) en Scorpion en 1484 et inventer le tombeau de Rosenkreuz lors de la fameuse conjonction, des même planètes, de 1604 que devait observer Kepler. Or la conjonction de 1484 présente une grande importance pour une des périodes les plus passionnées de l'Occident. Car si l'on connaît bien le jour, le mois, l'heure de la naissance de Martin Luther, l'on ignore l'année, Luther lui-même hésitant entre 1483 ou 1484. Or, le 23 novembre 1484, les Tres principes sont en Scorpion - et - pour la Saxe - en Xe maison. Luther apparaît donc bien comme cette naissance d'un «prophète» annoncée six cents ans auparavant par l'astronome Albumasar. Luther, flatté, accepta ces conclusions détaillées dans la Practica de Johannes Lichtenberger (1492). Tandis que l'évêque Gauricus, nettement hostile au «petit prophète», le fait naître le 22 octobre 1484 à 9 heures au lieu de 1 h 30, de façon à ce que la conjonction fameuse passe de la Xe maison en Ve plus «démoniaque»... Grossières manipulations ? Certes, mais elles témoignent d'une sorte de déduction inversée : c'est à partir des vertus ou des vices humains que l'on postule l'événement cosmique (Gilbert Durand, La foi du cordonnier, 1984 - books.google.fr).

 

Encore, Rosenkreutz nait en 1378, un an après le commencement du Grand Schisme cacatholique entre papauté d'Avignon et papauté de Rome.

 

"ver. serp."

 

Aussi bien avons-nous hâte de prouver que herpès veut dire ver, ver qui gratte la peau, ver qui pique et ronge. Le mot latin verminare, de vermis, congénère de herpès comme nous l'expliquerons tout à l'heure, a reçu plusieurs sens. Il signifie grouiller, s'agiter comme un entortillement de vers, éprouver des spasmes, des convulsions, plus exactement des torsions, et, ce qui nous intéresse au premier chef, d'être démangé, comme il ressort de ce vers de Martial: «Si tibi morosa prurigine terminât auris». Vermitiatio signifie la gourme des chevaux ; vermiculari se vermouler, se carier. Nous voyons ainsi s'associer au ver rampeur ou grimpeur l'idée de prurit, de gourme et d'érosion. Le sens de prurigo n'implique pas directement celui de serpere glisser, se répandre à la surface, mais celui de serpere, gratter, chatouiller ; celui de se carier, se vermouler suggère un ver rongeur. En français, nous entrevoyons l'association de ramper et de démanger dans le synonyme chatouiller, qui dénote, au concret, l'action de gratter fait par le chat, félin herpustes ou rampeur ; celle de ramper et de ronger dans véreux ; d'être perforé dans vermoulu ; de dévorer dans ver rongeur, au sens moral. Nous la rencontrons également dans le sens de vermine et dans l'expression gaux ou gaux picantis, poux, mot qui appartient au bas argot et qui rime avec gale. Nous la tenons également dans fourmillement, en latin formicatio, en grec murmèkia, «picotement, démangeaison, comme si on sentait des fourmis courir sur la peau» (Richelet). Les Grecs entendaient par murmèkia spécialement des protubérances sur la peau causant des démangeaisons. De même que grouiller (au hollandais krioelen) se rattache à vermis (guermis cramponneur), ainsi à fourmi sa relie le sens de fourmiller, être les uns sur les autres. Mais le mot qui en français marque le plus clairement le passage du sens de ver, grimper, ramper, à celui de démanger, est gourme, en allemand wurm, avec transformation de w pour hw en gu, comme dans guivre pour vipera, Gautier pour Walter, gui pour viscum. En espagnol on dit guermeces (vermes) pour les boutons qui se forment sous la gorge des faucons, mais, prévenus par la vieille idée de «ramper à fleur de peau», on y appelle la gourme serpullido, comme si le mal se propageait comme le serpolet et n'offrait pas le caractère plus frappant de l'érosion. Le hollandais, lui aussi, a fait évoluer le sens de ramper (kruipen), de cramponner (krammen, klampen), d'agripper (grijpen), de grimper gravir (klimmen, klauteren, ce dernier de klauw grille) de la façon la plus expresse et la plus convaincue : krevel et krieuwel signifient démangeaison et envie, comme le synonyme français, krieuwelen, kriemelen, krioelen, ressentir des picotements, avoir les fourmis. Il possède en outre toutes les variétés de sens qui si; rencontrent en latin, en français et les autres langues modernes : krielen, krioelen, grouiller, verminare, kriemelen, traîner, être irrésolu, mot qui peint la marche lente et tortueuse du ver, wurmen peiner, kriemelschrift, écriture entortillée, embrouillée, kribbig, chagrin, kribberij, querelle.

 

En anglais to crawl, congénère de hérpein, de gravir et de to creep, veut dire ramper, grimper to climb, to clamber. et éprouver une sensation comme si un insecte marchait sur la peau (Worcester). Il appelle l'herpès circinnalus ringworm, ver circinné ou entouré d'un cercle, non pas parce que le nom de ver (worm) doive indiquer la présence d'un parasite animal, comme c'est le cas pour la gale, mais parce que cette langue assimile cette forme d'herpès avec telle maladie de la peau ne présentant pas de taches circulaires entourées de vésicules, mais caractérisée par du prurit ou de l'érosion et appelée anciennement worm (Henri Fournier, Journal des maladies cutanées et syphilitiques, Volume 10, 1898 - books.google.fr).

 

Tous les médecins célèbres de l'époque furent unanimes pour déclarer qu'il n'y avait aucune ressemblance entre les éruptions du mal français et celles qu'ils avaient vues régner précédemment. Quelques-uns crurent bien que la maladie n'était pas nouvelle; mais ceux-là mêmes admirent qu'elle était au moins nouvelle pour le quinzième siècle. Ainsi Léonicène la considérait comme une épidémie semblable à celle de Cranon, dont il est fait mention dans les épidémies d'Hippocrate; Coradin Gilini la croyait analogue au feu de Perse, et Antoine Beniveni la comparait à la mentagre de Pline. Nous-mêmes, si nous étudions avec soin, dans les écrits antérieurs à la fin du moyen âge, le lichen, l'herpès, l'impetigo, les achores, etc., sous ces noms dont on a modifié ou changé les acceptions, dans ces détails descriptifs qui réunissent évidemment plusieurs affections aujourd'hui distinctes, il nous est encore possible, comme l'a prouvé le savant Lorry, de retrouver un grand nombre des espèces existantes; mais nous ne pouvons y découvrir aucun trait appartenant aux syphilides, qui ont cependant des caractères plus tranchés que la plupart des autres lésions de la peau (Léon Bassereau, Traité des affections de la peau symptomatiques de la syphilis, 1852 - books.google.fr).

 

Il faut attendre 1530 pour que, sous la plume de Frascator, naisse le mot de syphilis, du nom du berger Syphilus qui en fut affecté pour avoir offensé le Soleil (L'histoire, Numéros 100 à 106, 1987 - books.google.fr).

 

C'est, en effet, à Paracelse, comme a eu soin de nous le faire remarquer le chimiste érudit Cap, que nous devons de mieux connaître les préparations antimoniales, mercuriques, salines, ferrugineuses. C'est Paracelse qui a eu la première idée des poisons-remèdes; qui a préconisé les préparations de plomb dans les maladies de peau, les sels d'étain contre les affections vermineuses, le mercure dans la syphilis, le cuivre et l'arsenic à l'extérieur, comme escharotiques. Il employa l'acide sulfurique dans les maladies saturnines, traitement qui n'a pas perdu de son efficacité. Il proscrivit les électuaires et les confections, médicaments complexes définitivement bannis de nos codex. Il créa la distinction entre les préparations officinales et les préparations magistrales. La pharmacie lui est redevable de la teinture d'ellébore, de la teinture d'aloès composée, de l'onguent digestif, de la teinture des métaux (lilium de Paracelse), du safran de Mars apéritif, de divers sulfures (M. Cabanès, Paracelse, L'homme et l'œuvre, Revue scientifique, 1894 - books.google.fr).

 

serpere : serpent

 

Voici une vieille fable sur l'âne : Jupiter venait de prendre possession de l'empire; les hommes, à son avénement, lui demandèrent un printemps éternel, ce qu'il leur accorda ; il chargea l'âne de Silène de porter sur la terre ce présent. L'âne eut soif, et s'approcha d'une fontaine : le serpent qui la gardait, pour lui permettre d'y boire, lui demanda le trésor dont il était porteur, et le pauvre animal troqua le don du ciel contre un peu d'eau. C'est depuis ce temps, dit-on, que les vieux serpents changent de peau et rajeunissent perpétuellement (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire Infernal, ou Répertoire Universel des Etres, des Personnages, des Livres, des Faits et des Choses qui tiennent aux Apparitions, 1844 - books.google.fr).

 

Orient

 

Peu après sa mort, la légende s'empara de Paracelse et fit de lui une sorte d'Hermès Trismégiste capable de fabriquer de l'or. On racontait qu'il avait, à l'âge de vingt-huit ans, conclu un pacte avec le diable et reçu de lui la recette de la Pierre philosophale. Selon d'autres, l'art de la transmutation des métaux lui avait été enseigné par un sage arabe, soit en Perse, soit durant sa captivité chez les Tartares. Pour d'autres encore il aurait fabriqué de l'or en présence de l'empereur Maximilien Ier et du roi Ferdinand Ier. Les rares voix qui s'élevèrent pour dénoncer ces fabulations n'ont pas empêché la vogue de l'alchimie transmutatoire et l'image du Paracelse faiseur d'or de se perpétuer jusqu'au XVIIIe siècle. De fait, on aurait tort de sous-estimer l'importance du maquis d'écrits pseudoparacelsiens, encore  insufiisamment étudiés, qui ont véhiculé ces images fausses depuis le XVIe siècle, qui comprennent des best-seller comme le De tinctura physicorum et le De natura rerum, et qui ont parfois exercé une influence plus grande que la masse des écrits authentiques de Paracelse.

 

Wieland (1733 - 1813) met en doute l'affirmation de van Helmont (1579 - 1644) selon laquelle Paracelse serait allé en Arabie et en Egypte, et y aurait été initié aux mystères de la sagesse hermétique. Il ne croit pas davantage qu'il ait, selon ses propres dires, parcouru l'Asie et l'Afrique en tous sens. Quoi qu'il en soit, ses nombreux voyages lui avaient permis d'acquérir de vastes connaissances en chimie, et de faire sensation lors de son retour en Suisse (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 - books.google.fr).

 

On s'est beaucoup interrogé sur les origines du rosicrucianisme. Si la plupart des chercheurs s'accordent pour situer ses débuts historiques au XVIIe siècle, on peut néanmoins déceler la genèse de ce mouvement dans un passé plus lointain. Telle était l'opinion de Michael Maier. Dans son ouvrage Silentium post clamores (1617), il présentait les origines du rosicrucianisme comme égyptiennes, brahmaniques, issues des mystères d'Éleusis et de Samothrace, des mages de Perse, des pythagoriciens et des Arabes. Quelques années après la publication de la Fama Fraternitatis (1614) et de la Confessio Fraternitatis (1615), Irenæus Agnostus, dans dans Le Bouclier de la vérité (1618), n'hésite pas à présenter Adam comme le premier représentant de l'Ordre. Les Manifestes rosicruciens ne sont pas sans faire référence à leur source : «Notre philosophie n'est rien de nouveau, elle est conforme à celle dont Adam hérita après la Chute, et que pratiquèrent Moïse et Salomon.» Adam, l'Égypte, la Perse, les sages de la Grèce, les Arabes ne sont pas mis en relation sans raison par Michael Maier. Ils font référence à un concept qui était très répandu avant l'avènement du rosicrucianisme, celui de «Tradition primordiale». Cette notion a fait son apparition à la Renaissance. À cette époque, on redécouvre le Corpus Hermeticum, un ensemble de textes mystérieux attribués à un prêtre égyptien, Hermès Trismégiste. Dès lors, cette notion de révélation primordiale, dont l'Égypte aurait été le berceau, connaîtra un retentissement considérable (Christian Rebisse, Rose-Croix - Histoire et Mystères, 2018 - books.google.fr).

 

Contre le pape et contre Mahomet

 

Comme la Fama, la Confessio vilipende le pape en l'accusant de tyrannie. «La vipère cessera de siffler» (ch. XI) et «nos griffes le mettront littéralement en pièces» (ch. V), ajoute-t-elle en annonçant l'écrasement définitif du pontife. Il s'agit là d'un thème que l'on trouve fréquemment dans les Pronosticationes et dans Practica de Paracelse. Cette position, qui se comprend parfaitement dans un milieu protestant qui considère le pape comme l'Antéchrist, sera à l'origine de la forte hostilité du catholicisme à l'égard du rosicrucianisme. Sans doute pour nuancer l'éloge de la civilisation arabe présenté précédemment, le deuxième Manifeste s'en prend aussi Mahomet. Toutefois, cette dernière mention peut être reprise à la Naometria qui condamnait «le pape et son fils de perdition Mahomet».

 

Le texte de la Naometria n'a jamais été publié, sans doute cause du décès de son auteur l'année qui suivit sa rédaction finale. La bibliothèque de Stuttgart en conserve précieusement le manuscrit.

 

Qu'en est-il du grand bouleversement annoncé par Simon Studion pour l'année 1620 ? Certes, la révélation finale ne se produisit pas cependant, l'Allemagne entre à cette époque dans l'un des épisodes les plus noirs de son histoire. Le 8 novembre 1620 aura lieu la terrible bataille de la Montagne Blanche, qui verra la défaite des protestants face aux catholiques. L'aigle des Habsbourg triomphera du lion de Frédéric. On assistera alors à l'effroyable guerre de Trente Ans.

 

Simon Studion connaît l'intérêt du duc Frédéric pour les sciences occultes. En effet, celui-ci est anglophile, et à ce titre, il fut en relation avec les mouvements néoplatoniciens anglais qui s'étaient développés dans le sillage de John Dee. En 1596, Simon Studion lui expédie le manuscrit de sa Naometria. Frédéric n'est guère disposé à accorder toute son attention aux spéculations ésotériques de ce texte. À cette époque, il commence à se méfier des occultistes, car il vient de faire arrêter Georg Hanauer, un alchimiste qui a abusé de sa confiance. Ce dernier sera d'ailleurs exécuté en avril de l'année suivante. Pourtant, dès cette période, des copies de la Naometria commencent à circuler, notamment parmi les élèves de l'université de Tübingen. C'est ainsi que Johann Valentin Andrae et son ami Tobias Hess prennent connaissance de ce texte étonnant. Cependant, un autre personnage, le comte palatinat Philippe Ludwig von Neubourg, se passionne pour la Naometria et projette de la publier. Pour satisfaire aux exigences de cette édition, Simon Studion est obligé de procéder à une refonte complète de son tente. C'est ainsi que naît en 1609 une seconde version de son ouvrage, qui porte désormais le titre de Naometria Nova.

 

Le manuscrit, entièrement en latin, comporte désormais mille sept cent quatre-vingt-dix pages. Sa dédicace aux monarques européens est suivie d'une introduction sur les mystères de l'Écriture sainte et d'un entretien entre deux témoins du Christ ressuscité : Nathanel et Cléophas. L'ouvrage se termine par les Béatitudes, c'est-à-dire le sermon sur la montagne. L'ensemble est illustré de nombreuses gravures réalisées par Jakob Lederlin. À la fin de la Naometria Nova, on trouve la partition d'un motet à six voix composé par Jean Brauhart et mettant en musique un texte énigmatique de Simon Studion, intitulé Vers sur le destin imminent du temps présent:

 

La Nymphe honore les Lys, Le Lien [honore] la Nymphe. Tous les autres camps [honorent] le Lion. Eux tous, l'image de la croix les marque. Les Lys, la Nymphe et le Lion avec l'aide de Dieu dévasteront Le Soleil, la Lune et l'Oiseau de Quirinus. La Terre enverra à la roue les Lys, L'eau de la mer [enverra] le Lion. Le Gardien de l'Ours enverra la Nymphe avec ses alliés.

 

Simon Studion indique lui-même que ce poème doit être chanté pour célébrer l'éternelle amitié entre les Lys, le Lion et la Nymphe. Doit-on y lire l'amitié qui unit les lys d'Henri IV avec le lion de l'Angleterre et de Frédéric de Wurtemberg ? Ce texte pourrait également être interprété comme se rapportant au rôle du leader protestant, Frédéric de Wurtemberg (le lion), chassant les Habsbourg, les catholiques romains corrompus (l'aigle), pour instaurer le temps des lys qui caractérise l'ère de l'Esprit. (Christian Rebisse, Rose-Croix - Histoire et Mystères, 2018 - books.google.fr).

 

Based on prophecies from Ezekiel, Daniel and Revelation, “Naometria” predicted the crucifixion of the last pope in 1612, the imminent destruction of the world, the beginning of Christ's millennial kingdom in 1620, and the proclamation of the New Jerusalem (called also Heliopolis and Civitas Solis) (Donald R. Dickson, The Tessera of Antilia: Utopian Brotherhoods and Secret Societies in the Early Seventeenth Century, 1998 - books.google.fr).

 

Prince

 

Le brillant et mystérieux médecin du XVIe siècle qui se nommait Théophraste Bombaste von Hohenheim et se rebaptisa lui-même Paracelse, fut un prince parmi les alchimistes (Technique; Revue Industrielle, Industrial Review, Volume 31, 1956 - books.google.fr).

 

Paracelse est un Princeps Chemicorum (Albert Louis Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes (1912), 2012 - books.google.fr).

 

Paracelse disait s'opposer à la médecine de Galien et du "medicorum arabum princeps" Avicenne, titre apparaissant dans un recueil de ses œuvres paru à Bâle en 1556 (Antoine Louis Paris, Le Catalogue des Imprimés de la Bibliothèque de Reims, Tome I, 1843 - books.google.fr).

 

Cependant, on devrait noter que la plupart des médecins chimistes du XVIe et XVIIe siècle ne considéraient pas leur travail tout ä fait nouveau. Ils s'inspiraient ouvertement des écrits des médecins et des alchimistes arabes aussi bien que des scholastiques du Moyen Age qui avaient changé leurs opérations chimiques en un instrument de base pour la préparation des médicaments (Ilana Zinguer, Aubert-Duchesne dans le débat paracelsien, Paracelsus und seine internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frühen Neuzeit, 1995 - books.google.fr).

 

Avicenne et Rosencreutz

 

Le terme même de «noces» est utilisé de façon très significative dans le De anima in arte alchimiae faussement attribué à Avicenne, ouvrage adapté d’un original arabe dès la première moitié du XIIIe siècle : le terme utilisé n’est pas nuptiae, mais sponsalitium (parfois aussi desponsatio) : «Dans ce chapitre, je vais exposer ce que sont le levain et les noces. […] Les noces sont (le moment de l’œuvre) durant lequel l’esprit et les éléments sont mélangés au ferment et au corps.» Et dans un autre passage : «Nous allons maintenant parler des noces». De plus, l’auteur renvoie à un ouvrage d’un alchimiste arabe qu’il désigne comme Liber sponsalitii («Le livre des noces»), mais qui n’a pas été identifié. On ne saurait en conclure que le De anima du pseudo-Avicenne est une source de la Chymische Hochzeit ! Le point qui importe, c’est que la métaphore des noces alchimiques est encore plus ancienne, encore plus répandue, encore plus explicite que ce qu’on serait amené à penser spontanément (Didier Kahn, Le contexte alchimique des Noces Chymiques, Recherches germaniques, HS 13, 2018 - journals.openedition.org).

 

Le récit allégorique de Hayy Ibn Yaqzân («le Vivant, fils de l'Éveillé») dépeint, dans un style volontairement mystérieux, la rencontre de l'âme humaine en quête de perfection avec l'entité appelée à lui enseigner comment parvenir à la fin recherchée : cette entité est, dans la métaphysique d'Avicenne, la dernière des «intelligences séparées», l'Intellect Agent (ou «actif») (Georges Vajda, A.-M. Goichon. Le récit de Hay Ibn Yaqzân commenté par des textes d'Avicenne. In: Revue de l'histoire des religions, tome 157, n°2, 1960 - www.persee.fr).

 

Avicenne nous offre avec Le Récit de Hayy Ibn Yaqzan un bel exemple de «voyage» symbolique (ou plutôt le projet d'un voyage qui se réalisera dans le Récit de l'Oiseau). A vrai dire, la «quête» n'est pas en soi un processus initiatique, mais une démarche préliminaire dont l'initiation sera l'aboutissement. Elle conduit des «ténèbres» (monde profane) à la «lumière» (connaissance), préparant ainsi la formule initiatique Post tenebras Lux. Telle est bien l'aventure des Chevaliers du Saint Graal, celle d'Ulysse, d'Enée et de Dante, de Siegfried, celle de Christian Rosenkreuz et de Nicolas Flamel; celle aussi des Disciples à Saïs de Novalis, du Prince d'Orient des gnostiques Actes de Thomas, que guide son «Eveilleur» (cf. Yaqzân) (Avicenne, l'Orient et l'Occident, France-Asie, Volume 10, Partie 2, 1954 - books.google.fr).

 

"Prince arabe"

 

The Latin translation of the dialogue between Calid and Morienus was published in 1559 with a title that could be translated (“A book by Morienus Romanus, sometime hermit of Jerusalem, on the transfiguration of metals, and secrets, especially the medicine of the ancient Philosophers, never as yet brought to light.” The text itself was given a separate title, possibly taken from the manuscript’s incipit: “The book of the order of Alchemy, which is set out by Morienus Romanus for Calid, King of the Egyptians.” [...]

 

All the printed texts include a brief preface by one Robert of Chester (RobertusCastrensis), sometimes dated 1143. [...] There is some doubt as to exactly what he did translate, for he is sometimes thought to be one and the same as Robert of Ketton (Robertus Kettensis), Ketton being an English farming village approximately 100 miles east of the market town of Chester. The other Robert was also living in Spain in the middle of the twelfth century, also translating scientific works from Arabic, and has the further distinction of having translated the Quran into Latin at the behest of Peter the Venable. [...]

 

The story was known to Maier and almost certainly to serious students of alchemy like Andreae and members of his circle. Indeed, it may be no coincidence that Khalid’s native kingdom of Hejaz was part of Yemen in 1400, when Christian Rosenkreutz is said to have visited Dhamar. It may be no coincidence either that Khalid sends his messenger to Jerusalem, just as the Queen of Sheba wentthere to seek learning, and perhaps no coincidence either that Christian goes to Dhamar instead of Jerusalem. The change of direction may suggest that Christians have lost some of the wisdom of Solomon, and that Christian Rosencreutz has learned it from Islamic scholars in what was then called Arabia Felix. Hence the claim in the first Rosicrucian manifesto: “Our Philosophy also is not a new Invention, but as Adam after his fall had received it; and as Moses and Solomon used it.” It is also said to be true “according to Theologie” and in accordance with the classical Greek philosophers as well as with Moses and Solomon (Thomas Willard, The Strange Journey of Christian Rosencreutz, East Meets West in the Middle Ages and Early Modern Time, 2013 - www.academia.edu).

 

Paracelse, comme Morien, s'intitulait "Ermite", en rapport avec Einsiedeln.  

 

L’ermite, maître spirituel, est aussi un thème de la littérature de tous les temps, et que dans le seul domaine alchimique le nom de Morienus suffit à l’évoquer, pour ne rien dire de la mention Eremita que Paracelse lui-même accolait à son propre nom – non pas parce qu’il était ermite, mais natif d’Einsiedeln (qui peut se traduire par «ermitage») (Didier Kahn, Le Voyage de Frédéric Gallus (Reise Friederich Galli) à l’ermitage de Saint-Michel, 2021 - hal.science).

 

Acrostiche : LRDB

 

LRDB : Le Résident du Brandebourg, soit Abraham de Wicquefort, traducteur d'un livre de Voyage en Russie et en Perse d'Adam Olearius (Henri Cordier, Bibliotheca sinica, Dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs à l'Empire chinois, Tome 2, 1885 - books.google.fr).

 

Abraham de Wicquefort est un diplomate né le 24 décembre 1606 à Amsterdam, et mort le 23 février 1682 à Celle.

 

Ce fils de négociant hollandais a émigré très jeune à Paris, où il embrasse la même carrière que son père. Ses capacités en politique, en droit, en diplomatie, le font rapidement connaître par l'électeur de Brandebourg, qui le nomme dès 1626 résident auprès de Louis XIII. Wicquefort fréquente alors les milieux du pouvoir et se lie avec la maison de Condé de 1626 à 1658. Il acquiert également l’estime des cercles littéraires auprès de Pierre et Jacques Dupuy, dont il fréquente assidument la célèbre bibliothèque (fr.wikipedia.org - Abraham de Wicquefort).

 

Pierre-François Burger a reconstitué le réseau de communication de la famille Wicquefort, car outre Abraham, ses frères aussi, notamment Joachim, ont servi comme agents et informateurs pour certains personnages influents de l’Empire et de l’Europe du Nord (Sven Externbrink, Abraham de Wicquefort et ses traités sur l’ambassadeur (1676-1682). Bilan et perspectives de recherche In : De l’ambassadeur : Les écrits relatifs à l’ambassadeur et à l’art de négocier du Moyen Âge au début du XIXe siècle, 2015 - books.openedition.org).

 

Luthérien, Joachim Wicquefort comptait les théologiens Georges Calixtus (1586-1656) et Jean-Valentin Andreae (1585-1654) parmi ses amis (C. M. Schulten, Joachim de Wicquefort et Jean Tileman Stella, fragment d'une correspondance (1639), Lias, Volume 1, 1974 - books.google.fr).

 

Jean Valentin Andreae semble être le promoteur de la Rose-Croix, aidé en cela par la publication de trois manifestes : La Fama Fraternitatis de l'Ordre louable de la RoseCroix; Confessio Fraternitatis; et Les Noces Chimiques de Christian Rosencreutz (Bernard Marquier, De Moïse à Hiram, Et si c'était cela la franc-maçonnerie ?, 2016 - books.google.fr).

 

Les descendants de l'électeur Georges Guillaume Ier de Brandebourg seront rois de Prusse et empereurs d'Allemagne après la guerre de 1870.

 

Typologie dans la typologie

 

Le report de 1870 sur la date pivot 1459 donne 1048.

 

Les Etats de l'Eglise

 

L'Italie, après les invasions ostrogothes (Ve -VIe siècle) puis lombardes (fin du VIe siècle), se morcelle pour des siècles. Au nord, les premières cités d'une Renaissance en gestation. Au centre, les États pontificaux Rome, aussi appauvrie soit-elle, demeure la ville de Pierre. La papauté ne peut exister sans Rome. Jusqu'au milieu du XIe siècle, le pape reste une marionnette de l'empereur. Ainsi, Benoît IX (1020 - 1055).

 

La famille des marquis de Toscanelle, descendants d'Albéric, duc de Camérino et de Spolette, patrice de Rome, et de la célèbre reine Marocia, paraissait destinée à régner sur le trône pontifical par des moyens criminels, selon ce que nous avons vu dès la fin du neuvième siècle ; mais depuis l'ignominie, dont Grégoire V tenta de couvrir cette famille dans la personne du sénateur et patrice Crescence, Albéric affermit davantage l'opinion des Romains en sa faveur pour l'élection des papes. Nous avons déjà vu Benoît VIII et Jean XIX, membres de sa famille, et nous allons en voir un troisième exemple dans Benoît IX, fils du marquis Albéric, et neveu des deux papes que nous venons de citer, et avec un scandale encore plus grand, puisqu'on effectua son élection, en 1033, lorsque Theofilato (c'était son nom avant d'être pape), était âgé que de dix ans environ. Les auteurs de l'art de vérifier les dates nient ce fait ; mais il est affirmé par Radulphe Graber, moine contemporain, partisan déclaré du Saint-Siège : Puer ferme decennis, dit-il. En l'année 1038, où il avait tout au plus dix-sept ans, déjà ses moeurs étaient si scandaleuses, que les Romains le chassèrent de la ville. Remis sur son siège dans la même année, par l'empereur Conrad II, bien loin de changer de conduite, ses vices augmentèrent avec son âge. Les assassinats, les adultères publics, les vols même déshonoraient le siège de Saint-Pierre, en déshonorant celui qui y était assis. Les Romains le chassèrent de la ville en 1044, le pape n'ayant encore que vingt-quatre ans, et ils élurent à sa place Jean, évêque de Sabine, qui fut antipape sous le nom de Sylvestre III. Environ trois mois après, Benoît retourna à Rome, soutenu par la puissante protection de son parent, le marquis de Toscanelle ; ce qui, au milieu de tant de maux, produisit, du moins, l'avantage de terminer le schisme ; car Sylvestre III consentit heureusement à redevenir évêque de Sabine, comme auparavant. Mais Benoît ne changea pas pour cela de moeurs, et voyant qu'il était aussi méprisé du clergé que du peuple, il chercha à vendre son pontificat à Jean Gratien, archiprêtre de Rome, moyennant une somme considérable d'argent. Il réalisa son projet, et fit sa renonciation dans la même année 1044- Celui avec qui il traita, prit le nom de Grégoire VI, qui renonça lui-même à la papauté, en 1046, et Clément II lui succéda. Ce dernier mourut le 9 octobre 1047 : dans cette circonstance, Benoît IX, las de rester tranquille, vint s'asseoir pour la quatrième fois sur le trône pontifical, par le moyen de la puissance et de la force de ses parents ; et l'on peut s'étonner, à cet égard, de la patience du clergé et du peuple qui consentirent à le souffrir. Cette fois il resta sur le trône un peu plus de huit mois, après quoi il se retira pour toujours. Quelques-uns prétendent que ce fut par suite des exhortations de Saint-Barthélemi, abbé du monastère du Grutaferrea. Dans ce temps, les Polonais lui demandèrent un roi. Benoît le leur accorda comme une faveur, et en rendant le royaume feudataire du Saint-Siège. Le système d'ambition et d'avarice ne s'est jamais démenti à Rome, depuis le commencement du troisième siècle. Les maximes se trouvaient établies parmi le clergé romain, et elles se sont transmises de la bouche des anciens au cœur des modernes (www.regard.eu.org).

 

Puis, dans les dernières décennies du XIe siècle, la papauté accomplit son formidable redressement, avec la réforme grégorienne de 1074-1075. Les États pontificaux imposent au pape une politique territoriale analogue à celle de n'importe quel souverain, avec toujours la même priorité : préserver (et si possible accroître) le domaine. Pour le pape, l'expansion est exclue. Son territoire, coincé au milieu de la «botte», ne sert qu'à préserver l'indépendance pontificale. Il faut tout de même défendre ce domaine contre d'éventuels agresseurs. Soit le pape réussit non sans mal à se trouver un protecteur toujours dangereux (ainsi, le roi de France), soit il se fait chef de guerre - comme Alexandre VI Borgia  (1431 - 1503) ou Jules II (1443 - 1513) (Philippe Moreau-Desfarges, Histoire de l'Europe pour les Nuls, 2013 - books.google.fr).

 

Les suffrages des électeurs tombèrent sur AEnéas Sylvius Piccolomini, célèbre comme poète, juriste et écrivain, non moins que par les vicissitudes qu'il avait traversées. Transféré en 1453 de l'évêché de Trieste à celui de Sienne, il était devenu cardinal en 1456 et était maintenant âgé de cinquante-trois ans. Il reconnut comme roi de Naples Ferdinand, fils naturel d'Alphonse, à qui le pape Calixte avait contesté ce royaume; et, comme il était peu inquiété dans les États de l'Église, il tourna toute son énergie contre le grand ennemi de la chrétienté, les Turcs. Il convoqua une assemblée des princes chrétiens, qui devait se réunir à Mantoue en 1459, pour aviser à une entreprise commune. Mais l'empereur Frédéric III n'y alla point, et les princes allemands étaient désunis entre eux. La Hongrie, ce boulevard contre les Turcs, se vit entraînée dans une guerre dangereuse par les tentatives que faisait l'empereur pour s'emparer de cette couronne. Il fallut que le pape intervînt pour le détourner de cette entreprise. Pie II ne trouva à Mantoue qu'un petit nombre de princes italiens : les délégués des nations transalpines ne se hâtaient point d'arriver. Après une longue attente, il ouvrit enfin le congrès le 1er juin 1459. On y parla beaucoup, surtout des princes qui demandaient secours, et l'on résolut de mener la guerre avec vigueur. Les faits, malheureusement, ne répondirent pas aux promesses; de nouveaux ordres de chevalerie furent créés, mais disparurent bientôt (Joseph Hergenröther, Histoire de l'Église, Tome 4, 1905 - books.google.fr).

 

Fin des Etats de l'Eglise

 

Les États pontificaux ou États de l'Église, sont les États qui furent entre 754 et 1870 sous l'autorité temporelle du pape. À l'issue de la deuxième guerre d'indépendance italienne en 1859, les légations, l’Ombrie, les Marches et la Romagne, ainsi que la délégation d'Orvieto, furent intégrées aux Provinces-Unies d'Italie centrale, État satellite du royaume de Sardaigne, laissant Rome et le Latium au souverain pontife. Un an plus tard, en 1860, le Piémont annexe ces territoires. En 1870, après l'évacuation des troupes françaises, Rome est envahie et rattachée à son tour au royaume d'Italie. Le 20 septembre 1900, le pape Léon XIII dissout officiellement les États pontificaux. Le pape reste désormais enfermé dans son palais apostolique. L'État de la Cité du Vatican est créé le 11 février 1929, par les accords du Latran avec Mussolini. Il est reconnu par cet ensemble de traités internationaux comme «État souverain de droit public international, distinct du Saint-Siège» (fr.wikipedia.org - Etats pontificaux).

 

Mais la déclaration de guerre avec la Prusse en juillet 1870 ayant entraîné le retour en France des troupes venues au secours du pape, l'armée pontificale malgré ses 13000 soldats ne put résister à nouveau à l'invasion de Rome par l'armée italienne forte de 70000 hommes. La Ville Sainte menacée par l'artillerie dut capituler dès les premiers coups de canons. Le régiment des zouaves pontificaux fut alors licencié. Athanase Charette quitta Rome avec 1200 hommes et ce fut par la mer qu'ils arrivèrent à Toulon le 27 septembre 1870 pour se mettre au service du gouvernement de la défense nationale. L'épopée des zouaves pontificaux face à l'invasion prussienne de la France allait commencer (Gilles Bresson, Les Vendéens dans la guerre de 1870, 2010 - books.google.fr).

 

La Prusse endosse le rôle de "Lion du Septentrion" en 1870.

 

Les épidémies

 

La guerre de Crimée aurait fait 50000 victimes (1854-1855), la campagne d'Italie 60000 morts (1859), et l'expédition au Mexique environ 40000 (1862-1867). Puis, 1870 et 1871, avec 600000 décès supplémentaires sont vraiment des «années terribles». Ils se décomposent en 200000 soldats tués, ainsi que 200000 victimes de l'épidémie de variole, et au moins 30000 décès dus à la répression de la Commune (Histoire de la population française, vol. 3, p. 294) (Patrice Bourdelais, L'Âge de la vieillesse, 1993 - books.google.fr).

 

Jusqu'en 1870, on n'entend plus parler d'elle. Mais, a cette date, de nouvelles atteintes surviennent, et nous retrouvons encore la peste dans le Kurdistan, où elle ravage plusieurs villes ou villages. Quatre années se passent à nouveau, puis, en 1873, autre manifestation : elle se confine cette fois dans le district de Daghara (Irak-Arabi) et, envahissant toute la province, fait environ 40000 victimes à Bagdad. Depuis 1871, on peut dire qu'il ne s'est pas écoulé une seule année sans qu'on l'ait vue, soit en Mésopotamie, soit en Perse, ou sur les bords de la mer Caspienne; elle franchit même cette mer, et pénètre dans la province d'Astrakan, en 1878, dévastant le village de Vitlianxa; cette épidémie fut très meurtrière. (A. Vermey, La peste et son histoire, La Science illustrée : journal illustré, 1871 - books.google.fr).

 

Horoscope août 1859 : naissance de l'Unité italienne

 

Le Soleil, Mars et Vénus sont dans le Lion du 8 au 23 août 1859 (www.astro.com).

 

Le phénomène politique de la Charbonnerie a d'abord été italien, avant de revenir par la suite en France. Les sociétés secrètes de la mouvance carbonariste sont à l'origine de la première grande vague d'agitation contre l'ordre établi en 1815 par le Congrès de Vienne. À une revendication de libéralisation du système politique s'ajoute, le cas échéant, la volonté d'unité ou d'indépendance nationale. C'est en rupture avec le carbonarisme que naquit le mouvement Giovine Italia («Jeune Italie»), créé à Marseille en 1831 par des carbonari en exil, et dirigé par Giuseppe Mazzini. Après en avoir été un des dirigeants, il commença une analyse de ses échecs. Buonarroti, alors inspirateur des carbonari avant sa disparition en 1838, ne vit pas le plus grand achèvement pratique de son œuvre : la libération et réunification de l'Italie en partie menée par le «Bon Cousin» Garibaldi (fr.wikipedia.org - Carbonarisme).

 

Cf. quatrain V, 7.

 

Après l'échec de la 1ère guerre d'indépendance engagée à l'initiative de Charles Albert, roi de l'état Piémont-Sardaigne en 1848-1849, le 20 avril 1859, la 2ème guerre d'indépendance italienne, plus connue sous le nom de Campagne d'Italie de 1859, est lancée. Le comte Camillo Benso de Cavour, piémontais né de famille d'origine savoyarde, s'allie à Napoléon pour imaginer un programme d'intervention militaire commun en cas de conflit ouvert avec l'Autriche [qautrain V, 7]. Si guerre il devait y avoir, cette collaboration aboutirait en cas de victoire à l'annexion du nord de l'Italie par le Piémont, et l'annexion de Nice et de la Savoie par la France. Mais cette deuxième guerre faillit ne pas aboutir. Les français décident de retirer leurs troupes en signant avec les Autrichiens l'armistice de Villafranca le 11 juillet, mettant à mal les accords passés avec Cavour. Celui-ci démissionne de ses fonctions politiques, mais est vite rattrapé par les Anglais qui se déclarent à leur tour pour l'unification de l'Italie, avec pour objectif de minimiser l'influence de la France sur les petits états.

 

C'est en janvier 1860 que Cavour revient sur le devant de la scène, en déclarant l'annexion par le Piémont des états d'Italie centrale. En effet, pour éviter le retour des forces autrichiennes il organise un «Plébiscite» (référendum) où l'on demande au peuple italien, au suffrage universel masculin, s'il veut un Etat séparé, ou un royaume constitutionnel avec Victor Emmanuel II comme roi. Il en découla le rattachement au Royaume de Sardaigne des duchés de Parme, Modène et la Toscane. Et comme pour montrer que les efforts de la France en début de guerre n'étaient pas oubliés et jugés fort utiles, Cavour offre Nice et la Savoie à la France, comme prévu dans les accords initiaux.

 

Giuseppe Garibaldi sera un des généraux que l'histoire retient pour avoir mené plusieurs batailles. Il part de Gênes et débarque le 11 mai 1860 à Marsala en Sicile à la tête d'une armée de volontaires, les fameuses chemises rouges. Cette expédition des MILLE contraint le Roi des Deux Siciles François II à l'exil. Garibaldi continue son ascension en Calabre et en Campanie qui seront rattachées, ainsi que la Sicile insulaire, au royaume d'Italie après les plébiscites du 21 et 22 octobre 1860.

 

En janvier 1861 ont lieu les premières élections du 1er Parlement Unitaire italien qui se réunira pour une 1ere convocation le 18 février 1861. Le 17 mars 1861, l'Italie est officiellement unifiée, Turin est déclaré capitale et Victor Emmanuel II est proclamé Roi d'Italie. Le 6 juin 1861 survient le décès de Cavour, alors que beaucoup est à faire pour arriver à l'unification complète (Rome et Venise ne sont pas encore acquises). Avant sa mort, Cavour souhaite que Rome soit déclarée capitale de l'Italie. Mais le Pape Pie IX, qui veut conserver son pouvoir, refuse [quatrain V, 15]. Il faut attendre 1866 pour que l'Italie s'allie à la Prusse pour entrer en guerre contre l'Autriche [quatrain V, 22]. En Octobre, Venise devient Italienne.

 

Et les états Pontificaux ? Et Rome ? Pour Garibaldi, l'Italie ne peut être sans Rome. En 1867, la capitale est déplacée de Turin à Florence [quatrains V, 20; V, 32]. Turin s'engage auprès du Pape à ne pas intervenir sur son territoire [quatrain V, 20]. C'est lors de l'entrée en guerre de la France contre la Prusse que les troupes Françaises quittent Rome en 1870 et que l'occasion en est saisie [quatrain V, 30]. Le 1er juillet 1871, Rome devient la capitale de l'Italie. Mais si l'unification Italienne est faite, la route est encore longue. Massimo d'Azeglio disait : «l'Italie est faite, il reste maintenant à faire les Italiens». Les seuls absents dans cette unité Italienne par rapport à l'Italie d'aujourd'hui sont Trento et Trieste qui resteront aux mains des Autrichiens jusqu'à la première guerre mondiale (www.api-chambery.com).

 

Après la campagne d'Italie, au mois de septembre 1859, Diomede Pantaleoni, un patriote romain rallié, lui aussi, à la politique piémontaise, arrive à des conclusions qui, si elles ne sont pas les mêmes, sont pourtant parallèles : Napoléon veut une confédération italienne qui, tout en donnant à la France une bonne frontière défensive à l'Orient, ne soit pas dangereuse, comme pourrait l'être un royaume subalpin fort et puissant» (Pantaleoni à d'Azeglio, 25 septembre 1859, Carteggio Pantaleoni, p. 404) (Franco Valsecchi, Le second Empire vu par les Italiens, Revue d'histoire diplomatique, Volumes 76 à 77, 1962 - books.google.fr).

 

Francia debbe pensare a piegar Austria e il Papa e Napoli, se vuole che il suo progetto federale trionfi. Tutto al più noi avremo a dare un po' di danaro alla prima e ricca pensione al secondo. Se Francia ed Europa non ci danno condizioni tali o equivalenti, io risponderei loro col famoso giuramento di Castiglia: «Si no, no». Ti ho letto il mio oroscopo (Lettre de Pantaleoni à Azeglio, 25 septembre 1859) (Giovanni Faldella, Massimo d' Azeglio e Diomede Pantaleoni, 1888 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Diomede Pantaleoni).

 

Les événements paraissent confirmer ces prévisions pessimistes. Après Magenta, après Solférino, après l'épanouissement de toutes les espérances, de toutes les illusions, voilà Villafranca, qui vient enrayer l'œuvre de libération. Ceux qui, à la veille de la guerre, avaient dénoncé les dangers de l'alliance avec Napoléon, s'écrient hautement : nous l'avions prévu ! A la nouvelle de l'armistice, Pantaleoni écrit à d'Azeglio : «Si, en envisageant la mystérieuse et contradictoire conduite de Napoléon, on pouvait avoir des doutes sur son véritable but et sur ses idées, maintenant on on y voit clair. J'ai toujours été d'avis que Napoléon ne voulait absolument pas l'établissement d'un puissant royaume subalpin. J'ai donc hésité à croire à la guerre. Celle-ci éclatée, je croyais à des intérêts dynastiques; après la proclamation de Milan, j'estimais Napoléon un Washington, ou encore plus. Mais, hélas, une semaine environ après Villafranca, je m'aperçus de la vérité» (Pantaleoni à d'Azeglio, 25 septembre 1859). Les démocrates qui avaient confiance dans l'alliance napoléonienne sont profondément déçus. Naselli Flores écrit à Ricciardi : «La nouvelle de l'armistice a frappé péniblement les peuples, et engendré la plus grande méfiance à l'égard de la sincérité de l'Empereur. Timeo Danaos...» Les libéraux déçus et désorientés cherchent à se rendre compte des événements. Costanza d'Azeglio écrit, le 14 juillet 1859 : «Je n'accuse pas l'Empereur. Il ne faut pas condamner les gens sans savoir ce qu'ils ont à dire pour leur défense. Il faut qu'il soit survenu quelque événement bien malheureux, pour qu'un semblable résultat ait couronné une entreprise commencée sous de si glorieuses auspices». Mais l'opinion publique ne se laisse pas convaincre par le raisonnements; elle se laisse plutôt entraîner par les sentiments. «Ici (à Turin) pas un portrait de l'Empereur ne se voyait plus dans les devantures de nos marchand, et on y voyait celui d'Orsini». Massimo d'Azeglio lui-même, malgré son attachement à la personne de l'Empereur, est obligé de remarquer le côté paradoxal de la situation : «Si, il y a deux mois écrit-il à Rendu, le 24 juillet on avait proposé le problème suivant aller en Italie avec deux cent mille hommes, dépenser un demi milliard, gagner quatre batailles, restituer aux Italiens une de leurs plus belles provinces, et revenir maudit par eux, on aurait déclaré le problème insoluble. Eh bien, il ne l'était pas le fait l'a prouvé». Cependant, il y a des hommes, qui, surmontant le choc du moment, voient plus loin, voient que ce qu'on appelle la catastrophe de Villafranca peut avoir quand même des conséquences positives. Pier Silvestro Leopardi écrit à Giuseppe Ricciardi : «Napoléon n'est pas tenu à répandre le sang et l'argent de la France pour la liberté et l'unité d'Italie. Certainement, la paix de Villafranca n'a pas rempli tous nos vœux; mais il ne faut pas oublier les bienfaits que nous avons reçus». Au contraire, pense Leopardi, les Italiens doivent savoir gré à Napoléon de leur avoir laissé quelque chose à faire, de façon que l'histoire ne dise pas : l'indépendance de l'Italie n'a pas été faite par les Italiens, mais par les Français. Envoyons à tous les diables les récriminations contre les autres. Toute l'Europe salue la résurrection de l'Italie. Il faut profiter de ce moment fugace de sympathie universelle attisons le Vésuve et l'Etna, achevons l'œuvre qui a été si bien commencée !» (6 octobre 1859) (Franco Valsecchi, Le second Empire vu par les Italiens, Revue d'histoire diplomatique, Volumes 76 à 77, 1962 - books.google.fr).

 

Pour Orsini cf. quatrain V, 10.

 

La médaille commémorative de la campagne d'Italie de 1859 est une médaille accordée par l'empereur Napoléon III aux militaires français ayant participé à la campagne d'Italie (1859). La médaille fut accordée pour la première fois par Napoléon III directement sur le champ de bataille italien le 11 août 1859. Puis elle fut assignée à tous ses officiers et personnel de troupe qui eurent activement pris part au service de l'armée française pendant le début de la seconde guerre d'indépendance italienne (fr.empirecostume.com).

 

La rentrée triomphale à Paris de l'armée d'Italie se fait le 14 août 1859 (fr.wikipedia.org - Rentrée triomphale à Paris de l'armée d'Italie, 14 août 1859).

 

Au début du XIXe, Napoléon Bonaparte convainc le Vatican de canoniser un nouveau saint dont la fête coïncide avec son anniversaire, le 15 août. Le cardinal Caprara répond à cette demande en inventant «saint Napoléon», du nom d'un martyr romain, Néopolis, qui aurait été exécuté pour avoir refusé de faire allégeance à l'empereur Maximien. Fêté de 1806 à 1813, abandonné à la Restauration, remis à l'ordre du jour par Napoléon III, la Saint Napoléon ne sera plus célébrée officiellement par la suite, et la fête nationale, ramenée au 14 juillet (www.napoleon.org).

 

Vedemmo come la pace di Villafranca avesse ormai dimostrato quanto la unità italiana fosse o paresse inaccetta a Napoleone, poichè l'annessione della Italia centrale, e specialmente della Toscana, al Piemonte doveva considerarsi come l'unità italica bella e fatta, o almeno come l'evento che dovea promuoverne una decisione qualunque, o favorevole o contraria, ma in ogni modo prontissima. E se il voto toscano del 16 e del 20 Agosto era stato un primo e importantissimo passo verso la italiana unità, e se come tale era stato inviso all'autor della pace di Villafranca, e condannato e avversato da lui, il voto del 9 Novembre era un passo nuovo verso il medesimo scopo, e non poteva che incontrare la medesima opposizione, ed anzi maggiore (Ermolao Rubieri, Storia intima della Toscana dal 1 Gennaio 1859 al 30 Aprile 1860, 1861 - books.google.fr).

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