La fin des Etats de l'Eglise

La fin des Etats de l'Eglise

 

V, 25

 

1870

 

Le Prince Arabe Mars, Sol, Venus, Lion,

Regne d'Eglise par Mer succombera

Devers la Perse bien près d'un million,

Bizance, Egipte, Ver. Serp. invadera.

 

Le Lion (du septentrion)

 

La prophĂ©tie du «Lion du Septentrion» s'Ă©tait rĂ©pandue dans une bonne partie de l'Europe : on en trouve des traces au Tyrol, en BohĂŞme, en Allemagne, en Suède et jusqu'en Grande-Bretagne. Quand apparut-elle pour la première fois ? Certainement bien avant 1622. Ce premier texte connu en fournit dĂ©jĂ  une preuve, puisqu'il y est fait mention "des letzten Osterischen Keysers Rudolphi" et que l'empereur Rodolphe II Ă©tait mort en 1612. Dans la prĂ©face - dĂ©jĂ  citĂ©e - de 1625, Anastasius Philaretus expliquait que la version dĂ©tenue par lui de la prophĂ©tie des "Trois trĂ©sors" de Paracelse Ă©tait une copie rĂ©alisĂ©e par un certain baron Karl Richard von Mincquitz le 13 juin 1614 d'après des manuscrits retrouvĂ©s dans les papiers de Heinrich Khunrath. Or celui-ci mourut en 1605. De son cĂ´tĂ©, Gerhard Eis publiait en 1941 une Ă©tude sur Hans Christoph Reinhart l'Ancien, un alchimiste pragois pratiquement inconnu jusqu'alors. Or dans son Valete paru en 1608, il est fait allusion Ă  cette prophĂ©tie. Il est vrai que les  citations qu'en donne Reinhart ne font que reproduire des passages du texte beaucoup plus ancien et lui-mĂŞme vraisemblablement pseudĂ©pigraphique de la «Tinctura physicorum». Ce n'est donc pas absolument une preuve de l'existence Ă  ce moment de la prophĂ©tie dans sa forme dĂ©finitive. Cependant la BohĂŞme semble avoir jouĂ© un rĂ´le dĂ©terminant dans l'Ă©laboration de cette prĂ©diction. Gerhard Eis fait observer que le titre de la première Ă©dition connue, celle de 1622, mentionne le destin du Royaume de BohĂŞme avant celui de la couronne impĂ©riale, ce qui est assez significatif des prĂ©occupations locales de son ou de ses auteurs. Dans un recueil de prĂ©dictions paru en 1632 sous le titre «Des Mitternâchtigen Postreuters Adeliches und  Unadeliches dreyfaches Paszport...», la prophĂ©tie dite du Lion du Septentrion Ă©tait accompagnĂ©e d'un «Beyleuffiges Gemerck» oĂą Ă©taient citĂ©s quelques passages d'une lettre d'Adam Haselmeyer datĂ©e de 1616. Sudhoff y fait allusion, mais sa remarque prouve qu'il n'en a pas eu le texte original entre les mains (Roland Edighoffer, Le Lion du Septentrion, Études germaniques, Volume 22, 1967, Études germaniques, Volume 22, 1967 - books.google.fr).

 

Parmi les innombrables prophĂ©ties qui fleurissaient Ă  cette Ă©poque, il en est une qui mĂ©rite quelque attention, parce qu'elle Ă©tait alors attribuĂ©e Ă  Paracelse, c'est celle dite du Lion du septentrion. La Confessio Fraternitatis y fait allusion, et Adam Haselmayr, dans sa RĂ©ponse aux Rose-Croix de 1612, prĂ©sente le Lion du septentrion comme leur prĂ©curseur dans la lutte contre le pape et l'empereur. Il y est aussi question du tombeau de Paracelse, de trois trĂ©sors cachĂ©s et de livres Ă©galement cachĂ©s contenant les recettes secrètes de Paracelse pour la fabrication de la Pierre philosophale. La missive de Haselmayr prouve qu'en 1612 dĂ©jĂ , des manuscrits de la Fama Fraternitatis avaient circulĂ© jusque dans le Tyrol et qu'on en avait retenu, entre autres, sa coloration antipapale. Or Paracelse, dans les sermons de son Buch der ErkanntnuĂź, connu par des manuscrits au dĂ©but du XVIIe siècle, s'en prenait Ă  l'empereur et au pape ainsi qu'Ă  l'institution hiĂ©rarchique de l'Eglise. Il ne cessait pas pour autant de se dire catholique, mais l'Eglise dont il rĂŞvait Ă©tait purement spirituelle et dĂ©barrassĂ©e de tout attirail dogmatique. A propos de son contemporain Luther, il Ă©crivait dans le Liber Paragranum : «Quelle moqueuse caricature avez-vous faite de moi en disant que j'Ă©tais le Luther des mĂ©decins, un hĂ©rĂ©siarque ! Je suis ThĂ©ophraste, et je suis plus que ceux auxquels vous me comparez ; je suis moi-mĂŞme, et le prince des mĂ©decins et je puis vous prouver ce que vous ĂŞtes incapables de prouver. Je laisserai Ă  Luther le soin de dĂ©fendre sa cause...» Quant aux luthĂ©riens, il les mettait dans le mĂŞme panier que les autres chrĂ©tiens avec cette formule brutale: «Tyrannie et inquisition ici et lĂ . Les papistes, les ariens, les luthĂ©riens, les zwingliens ne sont jamais que quatre paires de culottes taillĂ©es dans le mĂŞme tissu.» (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, NumĂ©ro 19, 1995 - books.google.fr).

 

Le signe ternaire Mars-VĂ©nus-Soleil

 

C'est évidemment le beau roman des Noces chymiques de Christian Rosenkreutz qui, comme son titre l'indique, est la plus parfaite illustration de l'alchimie spirituelle évoquée par Paracelse. Son parrainage est d'ailleurs discrètement indiqué lors de la sixième joumée, dans la description de l'athanor qui porte des inscriptions cryptées. L'un des cryptogrammes, déchiffré en 1926 par Richard Kienast, indique en effet les initiales du nom Paracelsus Hochheimensis Medicinæ Doctor. Ce nom est précédé du signe ternaire Mars-Vénus-Soleil et du millésime 1459. Certes cette date est celle où sont censées se passer les Noces chymiques, mais on peut être surpris d'y voir associé le nom de Paracelse, alors que celui-ci ne devait naître qu'en 1493 ou 1494. On peut, pour le choix de la date de 1459, avancer plusieurs hypothèses. L'une d'entre elles concerne un auteur qui a certainement influencé Johann Valentin Andreæ et le groupe de ses amis, à savoir Nicolas de Cues, dont certaines œuvres se trouvaient, entre autres, dans la bibliothèque privée de Christoph Besold. Le traité De principio date en effet de 1459, et Nicolas de Cues y démontre que le Dieu transcendant se manifeste dans chacun des éléments constitutifs du cosmos. Maurice de Gandillac a indiqué que Nicolas de Cues n'a jamais renoncé à voir dans le monde une «image de Dieu», qui «parle» et qui «pense» à travers le cosmos. Il existe donc une certaine parenté entre les idées de Cues, celles de Paracelse et celles qu'Andreæ exprime métaphoriquement dans les Noces chymiques, et cette similitude pourrait avoir séduit 1e jeune auteur désireux de dérouter ses lecteurs et d'agir selon la devise de Nicolas de Cues: serio ludere. C'est bien Paracelse qui patronne de façon plus ou moins cryptée les premiers écrits rosicruciens. Ses auteurs ont sans doute cherché à concrétiser dans un mythe la pensée si riche de celui qui écrivait dans la Philosophia sagax: «L'homme trouve de grandes choses dans le domaine de l'avenir et des arcanes (...) de telle sorte qu'une génération doit nécessairement apparaître, qui sera remplie d'esprit prophétique ou sibyllin» (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 - books.google.fr).

 

Le signe ternaire est constitué par la superposition des trois signes de Mars, de Vénus et du Soleil ou de l'or, et il peut être compris de la manière suivante: selon Adam von Bodenstein, Mars est la «natura prima rerum», et Jung souligne son action dans le processus de purification par le feu de l'homme naturel, lors de sa transformation en Enochdianus. Le mariage de Mars et de Vénus est en alchimie le symbole de la conjunctio. De leur union naît Eros, dont l'action aboutira à la Pierre d'or, au Lapis Philosophorum, qui n'est «rien d'autre que l'être de lumière caché dans la matière». Dejä Gerhard Dorn avait fait représenter ce signe sur la couverture de son Chymisticum Artificium Naturae, paru en 1568, dans un arbor chymica oti figure d'ailleurs aussi la Monade hiéroglyphique de John Dee. Si l'emploi de ce cryptogramme par Dorn évoque la mouvance paracelsienne, symbole solaire, quant ä lui, nous ramène ä Nicolas de Cues, qui discerne des correspondances entre l'astrologie et l'alchimie, entre la virtus du soleil, celle de l'or et celle du feu, mais qui précise d'autre part que seul le spiritus du «Soleil de Justice», sauveur et rédempteur, a le pouvoir de conférer aux hommes la vie divine, c'est-à-dire la «filiation divine» par laquelle se réalisera l'homo maximus. Etant donné que le cryptogramme commence par l'indication de l'année 1459, bien antérieure à la naissance de Paracelse, et que les «noces chymiques» ont lieu cette même date; étant donné d'autre part que Christian Rosenkreuz signale qu'il en avait été averti par une vision sept années auparavant, c'est-à-dire (en comptant l'année 1459) en 1453, alors que Nicolas de Cues, sous l'impression de la chute de Constantinople, avait écrit De pace fidei où s'exprime un idéal irénique d'unité religieuse entre chrétiens et musulmans, on découvre un arrire-plan culturel des Noces chymiques en décalage par rapport à Paracelse, et que confirme le double choix de la date mythique de naissance (1378) et de mort (1484) de Christian Rosenkreuz. A cette hypothèse s'ajoute la constatation que Gerhard Dorn a manifestement infléchi la pensée paracelsienne et certains principes de l'alchimie dans un sens chrétien. Enfin il est symptomatique que les initiales désignant Paracelse soient suivies d'un autre symbole dans lequel Kienast avait reconnu la croix, l'alpha et l'oméga, et qui est donc une référence directe à la parole biblique "Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu". Le fait que le nom de Theophrastus von Hohenheim n'apparaisse dans les Noces chymiques que sous forme cryptographique, et d'autre part que le cryptogramme lui-même, si l'interprétation proposée est exacte, limite à la fois par l'anachronisme voulu, par les symboles et par une référence occulte, la dépendance à l'égard de sa pensée, indique donc bien quelle signification Andreæ entendait donner au parrainage de Paracelse dans les Noces chymiques (Roland Edighoffer, Les noces chymiques de Christian Rosenkreuz, Paracelsus und seine internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frühen Neuzeit, 1995 - books.google.fr).

 

Les chevaliers de la Pierre d'Or, ä la fin du roman des Noces chymiques, recoivent une médaille portant l'inscription: «L'art sert la nature», et c'est une des raisons pour lesquelles Christian Rosenkreuz inscrit devant son nom la devise : "Summa scientia nihil scire". [...] La formule Summa scientia nihil scire des Noces chymiques reprend l'idée cusaine de nescience. Le double thème de la chaleur et de la lumière, si fréquent chez Nicolas de Cues, la présentation de la vis solaris comme symbole de la vis divina, les allusions alchimiques, sont autant d'éléments qui plaident en faveur d'une référence cryptée d'Andreae ä Nicolas de Cues, dans le double but d'indiquer à la fois une ouverture et un complément volles ä la pensée paracelsienne (Roland Edighoffer, Les noces chymiques de Christian Rosenkreuz, Paracelsus und seine internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frühen Neuzeit, 1995 - books.google.fr).

 

Les théories ecclésiologiques et politiques de Nicolas de Cuse s'enracinent dans ses positions philosophiques et théologiques fondamentales et suivent l'évolution de celles-ci. La réforme de l'Église préoccupait constamment Nicolas de Cuse, même s'il n'était pas toujours conséquent avec sa théorie quand il s'agissait d'acquérir quelque nouveau bénéfice. L'écrit de Nicolas intitulé Reformatio generalis, de 1459, a exercé une grosse influence sur la bulle réformatrice de Pie II Pastor aeternus qui du fait de la mort de son auteur et de son inspirateur ne fut jamais publiée.

 

En 1460/1461, sept ou huit ans après la prise de Constantinople par Mahomet II et la composition par Nicolas de Cuse du De pace fidei, le Cardinal rĂ©digea sa Cribatio Alkorani Ă  l'intention du Pape Pie II, qui projetait d'Ă©clairer sur la foi du Christ le conquĂ©rant ottoman. OpĂ©rant un «tri» (cribere) dans la teneur du Coran, Nicolas croyait reconnaĂ®tre dans une bonne part de ses Ă©noncĂ©s une transposition dĂ©gradĂ©e du message chrĂ©tien ; il y appuyait son apologĂ©tique concernant les principaux mystères du Credo. Non sans commettre plus d'un contresens. Il lisait le Coran dans la traduction latine exĂ©cutĂ©e en 1143 par l'Anglais Robert de Keten. Sa bibliothèque possĂ©dait au moins deux copies de cette version ; l'une d'elles formait, avec divers Ă©crits relatifs Ă  l'Islam, le Corpus Toletanum. Le Cusain put mettre Ă©galement Ă  profit les ouvrages consacrĂ©s Ă  la «loi des Sarrasins» par le dominicain Ricold de Montecroix (vers 1300), Denys le Chartreux (1454) et Jean de Torquemada (1459) (Nicolai de Cusa, Cribratio Alkorani, edidit commentariisque illustravit Ludovicus Hagemann, mĂŞme Ă©diteur, 1986) (Revue des livres, Les Études classiques, Volume 55, 1987 - books.google.fr).

 

"ver. serp."

 

Aussi bien avons-nous hâte de prouver que herpès veut dire ver, ver qui gratte la peau, ver qui pique et ronge. Le mot latin verminare, de vermis, congĂ©nère de herpès comme nous l'expliquerons tout Ă  l'heure, a reçu plusieurs sens. Il signifie grouiller, s'agiter comme un entortillement de vers, Ă©prouver des spasmes, des convulsions, plus exactement des torsions, et, ce qui nous intĂ©resse au premier chef, d'ĂŞtre dĂ©mangĂ©, comme il ressort de ce vers de Martial: «Si tibi morosa prurigine terminât auris». Vermitiatio signifie la gourme des chevaux ; vermiculari se vermouler, se carier. Nous voyons ainsi s'associer au ver rampeur ou grimpeur l'idĂ©e de prurit, de gourme et d'Ă©rosion. Le sens de prurigo n'implique pas directement celui de serpere glisser, se rĂ©pandre Ă  la surface, mais celui de serpere, gratter, chatouiller ; celui de se carier, se vermouler suggère un ver rongeur. En français, nous entrevoyons l'association de ramper et de dĂ©manger dans le synonyme chatouiller, qui dĂ©note, au concret, l'action de gratter fait par le chat, fĂ©lin herpustes ou rampeur ; celle de ramper et de ronger dans vĂ©reux ; d'ĂŞtre perforĂ© dans vermoulu ; de dĂ©vorer dans ver rongeur, au sens moral. Nous la rencontrons Ă©galement dans le sens de vermine et dans l'expression gaux ou gaux picantis, poux, mot qui appartient au bas argot et qui rime avec gale. Nous la tenons Ă©galement dans fourmillement, en latin formicatio, en grec murmèkia, «picotement, dĂ©mangeaison, comme si on sentait des fourmis courir sur la peau» (Richelet). Les Grecs entendaient par murmèkia spĂ©cialement des protubĂ©rances sur la peau causant des dĂ©mangeaisons. De mĂŞme que grouiller (au hollandais krioelen) se rattache Ă  vermis (guermis cramponneur), ainsi Ă  fourmi sa relie le sens de fourmiller, ĂŞtre les uns sur les autres. Mais le mot qui en français marque le plus clairement le passage du sens de ver, grimper, ramper, Ă  celui de dĂ©manger, est gourme, en allemand wurm, avec transformation de w pour hw en gu, comme dans guivre pour vipera, Gautier pour Walter, gui pour viscum. En espagnol on dit guermeces (vermes) pour les boutons qui se forment sous la gorge des faucons, mais, prĂ©venus par la vieille idĂ©e de «ramper Ă  fleur de peau», on y appelle la gourme serpullido, comme si le mal se propageait comme le serpolet et n'offrait pas le caractère plus frappant de l'Ă©rosion. Le hollandais, lui aussi, a fait Ă©voluer le sens de ramper (kruipen), de cramponner (krammen, klampen), d'agripper (grijpen), de grimper gravir (klimmen, klauteren, ce dernier de klauw grille) de la façon la plus expresse et la plus convaincue : krevel et krieuwel signifient dĂ©mangeaison et envie, comme le synonyme français, krieuwelen, kriemelen, krioelen, ressentir des picotements, avoir les fourmis. Il possède en outre toutes les variĂ©tĂ©s de sens qui si; rencontrent en latin, en français et les autres langues modernes : krielen, krioelen, grouiller, verminare, kriemelen, traĂ®ner, ĂŞtre irrĂ©solu, mot qui peint la marche lente et tortueuse du ver, wurmen peiner, kriemelschrift, Ă©criture entortillĂ©e, embrouillĂ©e, kribbig, chagrin, kribberij, querelle.

 

En anglais to crawl, congénère de hérpein, de gravir et de to creep, veut dire ramper, grimper to climb, to clamber. et éprouver une sensation comme si un insecte marchait sur la peau (Worcester). Il appelle l'herpès circinnalus ringworm, ver circinné ou entouré d'un cercle, non pas parce que le nom de ver (worm) doive indiquer la présence d'un parasite animal, comme c'est le cas pour la gale, mais parce que cette langue assimile cette forme d'herpès avec telle maladie de la peau ne présentant pas de taches circulaires entourées de vésicules, mais caractérisée par du prurit ou de l'érosion et appelée anciennement worm (Henri Fournier, Journal des maladies cutanées et syphilitiques, Volume 10, 1898 - books.google.fr).

 

Tous les médecins célèbres de l'époque furent unanimes pour déclarer qu'il n'y avait aucune ressemblance entre les éruptions du mal français et celles qu'ils avaient vues régner précédemment. Quelques-uns crurent bien que la maladie n'était pas nouvelle; mais ceux-là mêmes admirent qu'elle était au moins nouvelle pour le quinzième siècle. Ainsi Léonicène la considérait comme une épidémie semblable à celle de Cranon, dont il est fait mention dans les épidémies d'Hippocrate; Coradin Gilini la croyait analogue au feu de Perse, et Antoine Beniveni la comparait à la mentagre de Pline. Nous-mêmes, si nous étudions avec soin, dans les écrits antérieurs à la fin du moyen âge, le lichen, l'herpès, l'impetigo, les achores, etc., sous ces noms dont on a modifié ou changé les acceptions, dans ces détails descriptifs qui réunissent évidemment plusieurs affections aujourd'hui distinctes, il nous est encore possible, comme l'a prouvé le savant Lorry, de retrouver un grand nombre des espèces existantes; mais nous ne pouvons y découvrir aucun trait appartenant aux syphilides, qui ont cependant des caractères plus tranchés que la plupart des autres lésions de la peau (Léon Bassereau, Traité des affections de la peau symptomatiques de la syphilis, 1852 - books.google.fr).

 

Il faut attendre 1530 pour que, sous la plume de Frascator, naisse le mot de syphilis, du nom du berger Syphilus qui en fut affecté pour avoir offensé le Soleil (L'histoire, Numéros 100 à 106, 1987 - books.google.fr).

 

C'est, en effet, à Paracelse, comme a eu soin de nous le faire remarquer le chimiste érudit Cap, que nous devons de mieux connaître les préparations antimoniales, mercuriques, salines, ferrugineuses. C'est Paracelse qui a eu la première idée des poisons-remèdes; qui a préconisé les préparations de plomb dans les maladies de peau, les sels d'étain contre les affections vermineuses, le mercure dans la syphilis, le cuivre et l'arsenic à l'extérieur, comme escharotiques. Il employa l'acide sulfurique dans les maladies saturnines, traitement qui n'a pas perdu de son efficacité. Il proscrivit les électuaires et les confections, médicaments complexes définitivement bannis de nos codex. Il créa la distinction entre les préparations officinales et les préparations magistrales. La pharmacie lui est redevable de la teinture d'ellébore, de la teinture d'aloès composée, de l'onguent digestif, de la teinture des métaux (lilium de Paracelse), du safran de Mars apéritif, de divers sulfures (M. Cabanès, Paracelse, L'homme et l'œuvre, Revue scientifique, 1894 - books.google.fr).

 

serpere : serpent

 

Voici une vieille fable sur l'âne : Jupiter venait de prendre possession de l'empire; les hommes, Ă  son avĂ©nement, lui demandèrent un printemps Ă©ternel, ce qu'il leur accorda ; il chargea l'âne de Silène de porter sur la terre ce prĂ©sent. L'âne eut soif, et s'approcha d'une fontaine : le serpent qui la gardait, pour lui permettre d'y boire, lui demanda le trĂ©sor dont il Ă©tait porteur, et le pauvre animal troqua le don du ciel contre un peu d'eau. C'est depuis ce temps, dit-on, que les vieux serpents changent de peau et rajeunissent perpĂ©tuellement (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire Infernal, ou RĂ©pertoire Universel des Etres, des Personnages, des Livres, des Faits et des Choses qui tiennent aux Apparitions, 1844 - books.google.fr).

 

Orient

 

Peu après sa mort, la légende s'empara de Paracelse et fit de lui une sorte d'Hermès Trismégiste capable de fabriquer de l'or. On racontait qu'il avait, à l'âge de vingt-huit ans, conclu un pacte avec le diable et reçu de lui la recette de la Pierre philosophale. Selon d'autres, l'art de la transmutation des métaux lui avait été enseigné par un sage arabe, soit en Perse, soit durant sa captivité chez les Tartares. Pour d'autres encore il aurait fabriqué de l'or en présence de l'empereur Maximilien Ier et du roi Ferdinand Ier. Les rares voix qui s'élevèrent pour dénoncer ces fabulations n'ont pas empêché la vogue de l'alchimie transmutatoire et l'image du Paracelse faiseur d'or de se perpétuer jusqu'au XVIIIe siècle. De fait, on aurait tort de sous-estimer l'importance du maquis d'écrits pseudoparacelsiens, encore  insufiisamment étudiés, qui ont véhiculé ces images fausses depuis le XVIe siècle, qui comprennent des best-seller comme le De tinctura physicorum et le De natura rerum, et qui ont parfois exercé une influence plus grande que la masse des écrits authentiques de Paracelse.

 

Wieland (1733 - 1813) met en doute l'affirmation de van Helmont (1579 - 1644) selon laquelle Paracelse serait allé en Arabie et en Egypte, et y aurait été initié aux mystères de la sagesse hermétique. Il ne croit pas davantage qu'il ait, selon ses propres dires, parcouru l'Asie et l'Afrique en tous sens. Quoi qu'il en soit, ses nombreux voyages lui avaient permis d'acquérir de vastes connaissances en chimie, et de faire sensation lors de son retour en Suisse (Roland Edighoffer, Les Rose-Croix et Paracelse, Aries, Numéro 19, 1995 - books.google.fr).

 

On s'est beaucoup interrogé sur les origines du rosicrucianisme. Si la plupart des chercheurs s'accordent pour situer ses débuts historiques au XVIIe siècle, on peut néanmoins déceler la genèse de ce mouvement dans un passé plus lointain. Telle était l'opinion de Michael Maier. Dans son ouvrage Silentium post clamores (1617), il présentait les origines du rosicrucianisme comme égyptiennes, brahmaniques, issues des mystères d'Éleusis et de Samothrace, des mages de Perse, des pythagoriciens et des Arabes. Quelques années après la publication de la Fama Fraternitatis (1614) et de la Confessio Fraternitatis (1615), Irenæus Agnostus, dans dans Le Bouclier de la vérité (1618), n'hésite pas à présenter Adam comme le premier représentant de l'Ordre. Les Manifestes rosicruciens ne sont pas sans faire référence à leur source : «Notre philosophie n'est rien de nouveau, elle est conforme à celle dont Adam hérita après la Chute, et que pratiquèrent Moïse et Salomon.» Adam, l'Égypte, la Perse, les sages de la Grèce, les Arabes ne sont pas mis en relation sans raison par Michael Maier. Ils font référence à un concept qui était très répandu avant l'avènement du rosicrucianisme, celui de «Tradition primordiale». Cette notion a fait son apparition à la Renaissance. À cette époque, on redécouvre le Corpus Hermeticum, un ensemble de textes mystérieux attribués à un prêtre égyptien, Hermès Trismégiste. Dès lors, cette notion de révélation primordiale, dont l'Égypte aurait été le berceau, connaîtra un retentissement considérable (Christian Rebisse, Rose-Croix - Histoire et Mystères, 2018 - books.google.fr).

 

Contre le pape et contre Mahomet

 

Comme la Fama, la Confessio vilipende le pape en l'accusant de tyrannie. «La vipère cessera de siffler» (ch. XI) et «nos griffes le mettront littéralement en pièces» (ch. V), ajoute-t-elle en annonçant l'écrasement définitif du pontife. Il s'agit là d'un thème que l'on trouve fréquemment dans les Pronosticationes et dans Practica de Paracelse. Cette position, qui se comprend parfaitement dans un milieu protestant qui considère le pape comme l'Antéchrist, sera à l'origine de la forte hostilité du catholicisme à l'égard du rosicrucianisme. Sans doute pour nuancer l'éloge de la civilisation arabe présenté précédemment, le deuxième Manifeste s'en prend aussi Mahomet. Toutefois, cette dernière mention peut être reprise à la Naometria qui condamnait «le pape et son fils de perdition Mahomet».

 

Le texte de la Naometria n'a jamais été publié, sans doute cause du décès de son auteur l'année qui suivit sa rédaction finale. La bibliothèque de Stuttgart en conserve précieusement le manuscrit.

 

Qu'en est-il du grand bouleversement annoncé par Simon Studion pour l'année 1620 ? Certes, la révélation finale ne se produisit pas cependant, l'Allemagne entre à cette époque dans l'un des épisodes les plus noirs de son histoire. Le 8 novembre 1620 aura lieu la terrible bataille de la Montagne Blanche, qui verra la défaite des protestants face aux catholiques. L'aigle des Habsbourg triomphera du lion de Frédéric. On assistera alors à l'effroyable guerre de Trente Ans.

 

Simon Studion connaît l'intérêt du duc Frédéric pour les sciences occultes. En effet, celui-ci est anglophile, et à ce titre, il fut en relation avec les mouvements néoplatoniciens anglais qui s'étaient développés dans le sillage de John Dee. En 1596, Simon Studion lui expédie le manuscrit de sa Naometria. Frédéric n'est guère disposé à accorder toute son attention aux spéculations ésotériques de ce texte. À cette époque, il commence à se méfier des occultistes, car il vient de faire arrêter Georg Hanauer, un alchimiste qui a abusé de sa confiance. Ce dernier sera d'ailleurs exécuté en avril de l'année suivante. Pourtant, dès cette période, des copies de la Naometria commencent à circuler, notamment parmi les élèves de l'université de Tübingen. C'est ainsi que Johann Valentin Andrae et son ami Tobias Hess prennent connaissance de ce texte étonnant. Cependant, un autre personnage, le comte palatinat Philippe Ludwig von Neubourg, se passionne pour la Naometria et projette de la publier. Pour satisfaire aux exigences de cette édition, Simon Studion est obligé de procéder à une refonte complète de son tente. C'est ainsi que naît en 1609 une seconde version de son ouvrage, qui porte désormais le titre de Naometria Nova.

 

Le manuscrit, entièrement en latin, comporte désormais mille sept cent quatre-vingt-dix pages. Sa dédicace aux monarques européens est suivie d'une introduction sur les mystères de l'Écriture sainte et d'un entretien entre deux témoins du Christ ressuscité : Nathanel et Cléophas. L'ouvrage se termine par les Béatitudes, c'est-à-dire le sermon sur la montagne. L'ensemble est illustré de nombreuses gravures réalisées par Jakob Lederlin. À la fin de la Naometria Nova, on trouve la partition d'un motet à six voix composé par Jean Brauhart et mettant en musique un texte énigmatique de Simon Studion, intitulé Vers sur le destin imminent du temps présent:

 

La Nymphe honore les Lys, Le Lien [honore] la Nymphe. Tous les autres camps [honorent] le Lion. Eux tous, l'image de la croix les marque. Les Lys, la Nymphe et le Lion avec l'aide de Dieu dévasteront Le Soleil, la Lune et l'Oiseau de Quirinus. La Terre enverra à la roue les Lys, L'eau de la mer [enverra] le Lion. Le Gardien de l'Ours enverra la Nymphe avec ses alliés.

 

Simon Studion indique lui-même que ce poème doit être chanté pour célébrer l'éternelle amitié entre les Lys, le Lion et la Nymphe. Doit-on y lire l'amitié qui unit les lys d'Henri IV avec le lion de l'Angleterre et de Frédéric de Wurtemberg ? Ce texte pourrait également être interprété comme se rapportant au rôle du leader protestant, Frédéric de Wurtemberg (le lion), chassant les Habsbourg, les catholiques romains corrompus (l'aigle), pour instaurer le temps des lys qui caractérise l'ère de l'Esprit. (Christian Rebisse, Rose-Croix - Histoire et Mystères, 2018 - books.google.fr).

 

Based on prophecies from Ezekiel, Daniel and Revelation, “Naometria” predicted the crucifixion of the last pope in 1612, the imminent destruction of the world, the beginning of Christ's millennial kingdom in 1620, and the proclamation of the New Jerusalem (called also Heliopolis and Civitas Solis) (Donald R. Dickson, The Tessera of Antilia: Utopian Brotherhoods and Secret Societies in the Early Seventeenth Century, 1998 - books.google.fr).

 

Prince

 

Le brillant et mystérieux médecin du XVIe siècle qui se nommait Théophraste Bombaste von Hohenheim et se rebaptisa lui-même Paracelse, fut un prince parmi les alchimistes (Technique; Revue Industrielle, Industrial Review, Volume 31, 1956 - books.google.fr).

 

Paracelse est un Princeps Chemicorum (Albert Louis Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes (1912), 2012 - books.google.fr).

 

Paracelse disait s'opposer à la médecine de Galien et du "medicorum arabum princeps" Avicenne, titre apparaissant dans un recueil de ses œuvres paru à Bâle en 1556 (Antoine Louis Paris, Le Catalogue des Imprimés de la Bibliothèque de Reims, Tome I, 1843 - books.google.fr).

 

Cependant, on devrait noter que la plupart des médecins chimistes du XVIe et XVIIe siècle ne considéraient pas leur travail tout ä fait nouveau. Ils s'inspiraient ouvertement des écrits des médecins et des alchimistes arabes aussi bien que des scholastiques du Moyen Age qui avaient changé leurs opérations chimiques en un instrument de base pour la préparation des médicaments (Ilana Zinguer, Aubert-Duchesne dans le débat paracelsien, Paracelsus und seine internationale Rezeption in Wissenschaft, Medizin und Literatur in der frühen Neuzeit, 1995 - books.google.fr).

 

"Prince arabe"

 

The Latin translation of the dialogue between Calid and Morienus was published in 1559 with a title that could be translated (“A book by Morienus Romanus, sometime hermit of Jerusalem, on the transfiguration of metals, and secrets, especially the medicine of the ancient Philosophers, never as yet brought to light.” The text itself was given a separate title, possibly taken from the manuscript’s incipit: “The book of the order of Alchemy, which is set out by Morienus Romanus for Calid, King of the Egyptians.” [...]

 

All the printed texts include a brief preface by one Robert of Chester (RobertusCastrensis), sometimes dated 1143. [...] There is some doubt as to exactly what he did translate, for he is sometimes thought to be one and the same as Robert of Ketton (Robertus Kettensis), Ketton being an English farming village approximately 100 miles east of the market town of Chester. The other Robert was also living in Spain in the middle of the twelfth century, also translating scientific works from Arabic, and has the further distinction of having translated the Quran into Latin at the behest of Peter the Venable. [...]

 

The story was known to Maier and almost certainly to serious students of alchemy like Andreae and members of his circle. Indeed, it may be no coincidence that Khalid’s native kingdom of Hejaz was part of Yemen in 1400, when Christian Rosenkreutz is said to have visited Dhamar. It may be no coincidence either that Khalid sends his messenger to Jerusalem, just as the Queen of Sheba wentthere to seek learning, and perhaps no coincidence either that Christian goes to Dhamar instead of Jerusalem. The change of direction may suggest that Christians have lost some of the wisdom of Solomon, and that Christian Rosencreutz has learned it from Islamic scholars in what was then called Arabia Felix. Hence the claim in the first Rosicrucian manifesto: “Our Philosophy also is not a new Invention, but as Adam after his fall had received it; and as Moses and Solomon used it.” It is also said to be true “according to Theologie” and in accordance with the classical Greek philosophers as well as with Moses and Solomon (Thomas Willard, The Strange Journey of Christian Rosencreutz, East Meets West in the Middle Ages and Early Modern Time, 2013 - www.academia.edu).

 

Paracelse, comme Morien, s'intitulait "Ermite", en rapport avec Einsiedeln.  

 

L’ermite, maître spirituel, est aussi un thème de la littérature de tous les temps, et que dans le seul domaine alchimique le nom de Morienus suffit à l’évoquer, pour ne rien dire de la mention Eremita que Paracelse lui-même accolait à son propre nom – non pas parce qu’il était ermite, mais natif d’Einsiedeln (qui peut se traduire par «ermitage») (Didier Kahn, Le Voyage de Frédéric Gallus (Reise Friederich Galli) à l’ermitage de Saint-Michel, 2021 - hal.science).

 

Acrostiche : LRDB

 

LRDB : Le RĂ©sident du Brandebourg, soit Abraham de Wicquefort, traducteur d'un livre de Voyage en Russie et en Perse d'Adam Olearius (Henri Cordier, Bibliotheca sinica, Dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs Ă  l'Empire chinois, Tome 2, 1885 - books.google.fr).

 

Abraham de Wicquefort est un diplomate né le 24 décembre 1606 à Amsterdam, et mort le 23 février 1682 à Celle.

 

Ce fils de négociant hollandais a émigré très jeune à Paris, où il embrasse la même carrière que son père. Ses capacités en politique, en droit, en diplomatie, le font rapidement connaître par l'électeur de Brandebourg, qui le nomme dès 1626 résident auprès de Louis XIII. Wicquefort fréquente alors les milieux du pouvoir et se lie avec la maison de Condé de 1626 à 1658. Il acquiert également l’estime des cercles littéraires auprès de Pierre et Jacques Dupuy, dont il fréquente assidument la célèbre bibliothèque (fr.wikipedia.org - Abraham de Wicquefort).

 

Pierre-François Burger a reconstitué le réseau de communication de la famille Wicquefort, car outre Abraham, ses frères aussi, notamment Joachim, ont servi comme agents et informateurs pour certains personnages influents de l’Empire et de l’Europe du Nord (Sven Externbrink, Abraham de Wicquefort et ses traités sur l’ambassadeur (1676-1682). Bilan et perspectives de recherche In : De l’ambassadeur : Les écrits relatifs à l’ambassadeur et à l’art de négocier du Moyen Âge au début du XIXe siècle, 2015 - books.openedition.org).

 

Luthérien, Joachim Wicquefort comptait les théologiens Georges Calixtus (1586-1656) et Jean-Valentin Andreae (1585-1654) parmi ses amis (C. M. Schulten, Joachim de Wicquefort et Jean Tileman Stella, fragment d'une correspondance (1639), Lias, Volume 1, 1974 - books.google.fr).

 

Jean Valentin Andreae semble ĂŞtre le promoteur de la Rose-Croix, aidĂ© en cela par la publication de trois manifestes : La Fama Fraternitatis de l'Ordre louable de la RoseCroix; Confessio Fraternitatis; et Les Noces Chimiques de Christian Rosencreutz (Bernard Marquier, De MoĂŻse Ă  Hiram, Et si c'Ă©tait cela la franc-maçonnerie ?, 2016 - books.google.fr).

 

Les descendants de l'électeur Georges Guillaume Ier de Brandebourg seront rois de Prusse et empereurs d'Allemagne après la guerre de 1870.

 

Typologie

 

Le report de 1870 sur la date pivot 1459 donne 1048.

 

Les Etats de l'Eglise

 

L'Italie, après les invasions ostrogothes (Ve -VIe siècle) puis lombardes (fin du VI e siècle), se morcelle pour des siècles. Au nord, les premières cités d'une Renaissance en gestation. Au centre, les États pontificaux Rome, aussi appauvrie soit-elle, demeure la ville de Pierre. La papauté ne peut exister sans Rome. Jusqu'au milieu du XIe siècle, le pape reste une marionnette de l'empereur. Ainsi, Benoît IX (1020 - 1055).

 

La famille des marquis de Toscanelle, descendants d'AlbĂ©ric, duc de CamĂ©rino et de Spolette, patrice de Rome, et de la cĂ©lèbre reine Marocia, paraissait destinĂ©e Ă  rĂ©gner sur le trĂ´ne pontifical par des moyens criminels, selon ce que nous avons vu dès la fin du neuvième siècle ; mais depuis l'ignominie, dont GrĂ©goire V tenta de couvrir cette famille dans la personne du sĂ©nateur et patrice Crescence, AlbĂ©ric affermit davantage l'opinion des Romains en sa faveur pour l'Ă©lection des papes. Nous avons dĂ©jĂ  vu BenoĂ®t VIII et Jean XIX, membres de sa famille, et nous allons en voir un troisième exemple dans BenoĂ®t IX, fils du marquis AlbĂ©ric, et neveu des deux papes que nous venons de citer, et avec un scandale encore plus grand, puisqu'on effectua son Ă©lection, en 1033, lorsque Theofilato (c'Ă©tait son nom avant d'ĂŞtre pape), Ă©tait âgĂ© que de dix ans environ. Les auteurs de l'art de vĂ©rifier les dates nient ce fait ; mais il est affirmĂ© par Radulphe Graber, moine contemporain, partisan dĂ©clarĂ© du Saint-Siège : Puer ferme decennis, dit-il. En l'annĂ©e 1038, oĂą il avait tout au plus dix-sept ans, dĂ©jĂ  ses moeurs Ă©taient si scandaleuses, que les Romains le chassèrent de la ville. Remis sur son siège dans la mĂŞme annĂ©e, par l'empereur Conrad II, bien loin de changer de conduite, ses vices augmentèrent avec son âge. Les assassinats, les adultères publics, les vols mĂŞme dĂ©shonoraient le siège de Saint-Pierre, en dĂ©shonorant celui qui y Ă©tait assis. Les Romains le chassèrent de la ville en 1044, le pape n'ayant encore que vingt-quatre ans, et ils Ă©lurent Ă  sa place Jean, Ă©vĂŞque de Sabine, qui fut antipape sous le nom de Sylvestre III. Environ trois mois après, BenoĂ®t retourna Ă  Rome, soutenu par la puissante protection de son parent, le marquis de Toscanelle ; ce qui, au milieu de tant de maux, produisit, du moins, l'avantage de terminer le schisme ; car Sylvestre III consentit heureusement Ă  redevenir Ă©vĂŞque de Sabine, comme auparavant. Mais BenoĂ®t ne changea pas pour cela de moeurs, et voyant qu'il Ă©tait aussi mĂ©prisĂ© du clergĂ© que du peuple, il chercha Ă  vendre son pontificat Ă  Jean Gratien, archiprĂŞtre de Rome, moyennant une somme considĂ©rable d'argent. Il rĂ©alisa son projet, et fit sa renonciation dans la mĂŞme annĂ©e 1044- Celui avec qui il traita, prit le nom de GrĂ©goire VI, qui renonça lui-mĂŞme Ă  la papautĂ©, en 1046, et ClĂ©ment II lui succĂ©da. Ce dernier mourut le 9 octobre 1047: dans cette circonstance, BenoĂ®t IX, las de rester tranquille, vint s'asseoir pour la quatrième fois sur le trĂ´ne pontifical, par le moyen de la puissance et de la force de ses parents ; et l'on peut s'Ă©tonner, Ă  cet Ă©gard, de la patience du clergĂ© et du peuple qui consentirent Ă  le souffrir. Cette fois il resta sur le trĂ´ne un peu plus de huit mois, après quoi il se retira pour toujours. Quelques-uns prĂ©tendent que ce fut par suite des exhortations de Saint-BarthĂ©lemi, abbĂ© du monastère du Grutaferrea. Dans ce temps, les Polonais lui demandèrent un roi. BenoĂ®t le leur accorda comme une faveur, et en rendant le royaume feudataire du Saint-Siège. Le système d'ambition et d'avarice ne s'est jamais dĂ©menti Ă  Rome, depuis le commencement du troisième siècle. Les maximes se trouvaient Ă©tablies parmi le clergĂ© romain, et elles se sont transmises de la bouche des anciens au cĹ“ur des modernes (www.regard.eu.org).

 

Puis, dans les dernières décennies du XI e siècle, la papauté accomplit son formidable redressement, avec la réforme grégorienne de 1074-1075. Les États pontificaux imposent au pape une politique territoriale analogue à celle de n'importe quel souverain, avec toujours la même priorité : préserver (et si possible accroître) le domaine. Pour le pape, l'expansion est exclue. Son territoire, coincé au milieu de la «botte», ne sert qu'à préserver l'indépendance pontificale. Il faut tout de même défendre ce domaine contre d'éventuels agresseurs. Soit le pape réussit non sans mal à se trouver un protecteur toujours dangereux (ainsi, le roi de France), soit il se fait chef de guerre - comme Alexandre VI Borgia  (1431 - 1503) ou Jules II (1443 - 1513) (Philippe Moreau-Desfarges, Histoire de l'Europe pour les Nuls, 2013 - books.google.fr).

 

Les suffrages des électeurs tombèrent sur AEnéas Sylvius Piccolomini, célèbre comme poète, juriste et écrivain, non moins que par les vicissitudes qu'il avait traversées. Transféré en 1453 de l'évêché de Trieste à celui de Sienne, il était devenu cardinal en 1456 et était maintenant âgé de cinquante-trois ans. Il reconnut comme roi de Naples Ferdinand, fils naturel d'Alphonse, à qui le pape Calixte avait contesté ce royaume; et, comme il était peu inquiété dans les États de l'Église, il tourna toute son énergie contre le grand ennemi de la chrétienté, les Turcs. Il convoqua une assemblée des princes chrétiens, qui devait se réunir à Mantoue en 1459, pour aviser à une entreprise commune. Mais l'empereur Frédéric III n'y alla point, et les princes allemands étaient désunis entre eux. La Hongrie, ce boulevard contre les Turcs, se vit entraînée dans une guerre dangereuse par les tentatives que faisait l'empereur pour s'emparer de cette couronne. Il fallut que le pape intervînt pour le détourner de cette entreprise. Pie II ne trouva à Mantoue qu'un petit nombre de princes italiens : les délégués des nations transalpines ne se hâtaient point d'arriver. Après une longue attente, il ouvrit enfin le congrès le 1er juin 1459. On y parla beaucoup, surtout des princes qui demandaient secours, et l'on résolut de mener la guerre avec vigueur. Les faits, malheureusement, ne répondirent pas aux promesses; de nouveaux ordres de chevalerie furent créés, mais disparurent bientôt (Joseph Hergenröther, Histoire de l'Église, Tome 4, 1905 - books.google.fr).

 

Fin des Etats de l'Eglise

 

Les États pontificaux ou États de l'Église, sont les États qui furent entre 754 et 1870 sous l'autorité temporelle du pape. À l'issue de la deuxième guerre d'indépendance italienne en 1859, les légations, l’Ombrie, les Marches et la Romagne, ainsi que la délégation d'Orvieto, furent intégrées aux Provinces-Unies d'Italie centrale, État satellite du royaume de Sardaigne, laissant Rome et le Latium au souverain pontife. Un an plus tard, en 1860, le Piémont annexe ces territoires. En 1870, après l'évacuation des troupes françaises, Rome est envahie et rattachée à son tour au royaume d'Italie. Le 20 septembre 1900, le pape Léon XIII dissout officiellement les États pontificaux. Le pape reste désormais enfermé dans son palais apostolique. L'État de la Cité du Vatican est créé le 11 février 1929, par les accords du Latran avec Mussolini. Il est reconnu par cet ensemble de traités internationaux comme «État souverain de droit public international, distinct du Saint-Siège» (fr.wikipedia.org - Etats pontificaux).

 

Mais la déclaration de guerre avec la Prusse en juillet 1870 ayant entraîné le retour en France des troupes venues au secours du pape, l'armée pontificale malgré ses 13000 soldats ne put résister à nouveau à l'invasion de Rome par l'armée italienne forte de 70000 hommes. La Ville Sainte menacée par l'artillerie dut capituler dès les premiers coups de canons. Le régiment des zouaves pontificaux fut alors licencié. Athanase Charette quitta Rome avec 1200 hommes et ce fut par la mer qu'ils arrivèrent à Toulon le 27 septembre 1870 pour se mettre au service du gouvernement de la défense nationale. L'épopée des zouaves pontificaux face à l'invasion prussienne de la France allait commencer (Gilles Bresson, Les Vendéens dans la guerre de 1870, 2010 - books.google.fr).

 

La Prusse endosse le rĂ´le de "Lion du Septentrion" en 1870.

 

Les épidémies

 

La guerre de Crimée aurait fait 50000 victimes (1854-1855), la campagne d'Italie 60000 morts (1859), et l'expédition au Mexique environ 40000 (1862-1867). Puis, 1870 et 1871, avec 600000 décès supplémentaires sont vraiment des «années terribles». Ils se décomposent en 200000 soldats tués, ainsi que 200000 victimes de l'épidémie de variole, et au moins 30000 décès dus à la répression de la Commune (Histoire de la population française, vol. 3, p. 294) (Patrice Bourdelais, L'Âge de la vieillesse, 1993 - books.google.fr).

 

Jusqu'en 1870, on n'entend plus parler d'elle. Mais, a cette date, de nouvelles atteintes surviennent, et nous retrouvons encore la peste dans le Kurdistan, où elle ravage plusieurs villes ou villages. Quatre années se passent à nouveau, puis, en 1873, autre manifestation : elle se confine cette fois dans le district de Daghara (Irak-Arabi) et, envahissant toute la province, fait environ 40000 victimes à Bagdad. Depuis 1871, on peut dire qu'il ne s'est pas écoulé une seule année sans qu'on l'ait vue, soit en Mésopotamie, soit en Perse, ou sur les bords de la mer Caspienne; elle franchit même cette mer, et pénètre dans la province d'Astrakan, en 1878, dévastant le village de Vitlianxa; cette épidémie fut très meurtrière. (A. Vermey, La peste et son histoire, La Science illustrée : journal illustré, 1871 - books.google.fr).

 

Horoscope août 1859 : naissance de l'Unité italienne

 

Le Soleil, Mars et Vénus sont dans le Lion du 8 au 23 août 1859 (www.astro.com).

 

Le phĂ©nomène politique de la Charbonnerie a d'abord Ă©tĂ© italien, avant de revenir par la suite en France. Les sociĂ©tĂ©s secrètes de la mouvance carbonariste sont Ă  l'origine de la première grande vague d'agitation contre l'ordre Ă©tabli en 1815 par le Congrès de Vienne. Ă€ une revendication de libĂ©ralisation du système politique s'ajoute, le cas Ă©chĂ©ant, la volontĂ© d'unitĂ© ou d'indĂ©pendance nationale. C'est en rupture avec le carbonarisme que naquit le mouvement Giovine Italia («Jeune Italie»), crĂ©Ă© Ă  Marseille en 1831 par des carbonari en exil, et dirigĂ© par Giuseppe Mazzini. Après en avoir Ă©tĂ© un des dirigeants, il commença une analyse de ses Ă©checs. Buonarroti, alors inspirateur des carbonari avant sa disparition en 1838, ne vit pas le plus grand achèvement pratique de son Ĺ“uvre : la libĂ©ration et rĂ©unification de l'Italie en partie menĂ©e par le «Bon Cousin» Garibaldi (fr.wikipedia.org - Carbonarisme).

 

Cf. quatrain V, 7.

 

Après l'échec de la 1ère guerre d'indépendance engagée à l'initiative de Charles Albert, roi de l'état Piémont-Sardaigne en 1848-1849, le 20 avril 1859, la 2ème guerre d'indépendance italienne, plus connue sous le nom de Campagne d'Italie de 1859, est lancée. Le comte Camillo Benso de Cavour, piémontais né de famille d'origine savoyarde, s'allie à Napoléon pour imaginer un programme d'intervention militaire commun en cas de conflit ouvert avec l'Autriche [qautrain V, 7]. Si guerre il devait y avoir, cette collaboration aboutirait en cas de victoire à l'annexion du nord de l'Italie par le Piémont, et l'annexion de Nice et de la Savoie par la France. Mais cette deuxième guerre faillit ne pas aboutir. Les français décident de retirer leurs troupes en signant avec les Autrichiens l'armistice de Villafranca le 11 juillet, mettant à mal les accords passés avec Cavour. Celui-ci démissionne de ses fonctions politiques, mais est vite rattrapé par les Anglais qui se déclarent à leur tour pour l'unification de l'Italie, avec pour objectif de minimiser l'influence de la France sur les petits états.

 

C'est en janvier 1860 que Cavour revient sur le devant de la scène, en déclarant l'annexion par le Piémont des états d'Italie centrale. En effet, pour éviter le retour des forces autrichiennes il organise un «Plébiscite» (référendum) où l'on demande au peuple italien, au suffrage universel masculin, s'il veut un Etat séparé, ou un royaume constitutionnel avec Victor Emmanuel II comme roi. Il en découla le rattachement au Royaume de Sardaigne des duchés de Parme, Modène et la Toscane. Et comme pour montrer que les efforts de la France en début de guerre n'étaient pas oubliés et jugés fort utiles, Cavour offre Nice et la Savoie à la France, comme prévu dans les accords initiaux.

 

Giuseppe Garibaldi sera un des généraux que l'histoire retient pour avoir mené plusieurs batailles. Il part de Gênes et débarque le 11 mai 1860 à Marsala en Sicile à la tête d'une armée de volontaires, les fameuses chemises rouges. Cette expédition des MILLE contraint le Roi des Deux Siciles François II à l'exil. Garibaldi continue son ascension en Calabre et en Campanie qui seront rattachées, ainsi que la Sicile insulaire, au royaume d'Italie après les plébiscites du 21 et 22 octobre 1860.

 

En janvier 1861 ont lieu les premières élections du 1er Parlement Unitaire italien qui se réunira pour une 1ere convocation le 18 février 1861. Le 17 mars 1861, l'Italie est officiellement unifiée, Turin est déclaré capitale et Victor Emmanuel II est proclamé Roi d'Italie. Le 6 juin 1861 survient le décès de Cavour, alors que beaucoup est à faire pour arriver à l'unification complète (Rome et Venise ne sont pas encore acquises). Avant sa mort, Cavour souhaite que Rome soit déclarée capitale de l'Italie. Mais le Pape Pie IX, qui veut conserver son pouvoir, refuse [quatrain V, 15]. Il faut attendre 1866 pour que l'Italie s'allie à la Prusse pour entrer en guerre contre l'Autriche [quatrain V, 22]. En Octobre, Venise devient Italienne.

 

Et les Ă©tats Pontificaux ? Et Rome ? Pour Garibaldi, l'Italie ne peut ĂŞtre sans Rome. En 1867, la capitale est dĂ©placĂ©e de Turin Ă  Florence [quatrains V, 20; V, 32]. Turin s'engage auprès du Pape Ă  ne pas intervenir sur son territoire [quatrain V, 20]. C'est lors de l'entrĂ©e en guerre de la France contre la Prusse que les troupes Françaises quittent Rome en 1870 et que l'occasion en est saisie [quatrain V, 30]. Le 1er juillet 1871, Rome devient la capitale de l'Italie. Mais si l'unification Italienne est faite, la route est encore longue. Massimo d'Azeglio disait : «l'Italie est faite, il reste maintenant Ă  faire les Italiens». Les seuls absents dans cette unitĂ© Italienne par rapport Ă  l'Italie d'aujourd'hui sont Trento et Trieste qui resteront aux mains des Autrichiens jusqu'Ă  la première guerre mondiale (www.api-chambery.com).

 

Après la campagne d'Italie, au mois de septembre 1859, Diomede Pantaleoni, un patriote romain rallié, lui aussi, à la politique piémontaise, arrive à des conclusions qui, si elles ne sont pas les mêmes, sont pourtant parallèles : Napoléon veut une confédération italienne qui, tout en donnant à la France une bonne frontière défensive à l'Orient, ne soit pas dangereuse, comme pourrait l'être un royaume subalpin fort et puissant» (Pantaleoni à d'Azeglio, 25 septembre 1859, Carteggio Pantaleoni, p. 404) (Franco Valsecchi, Le second Empire vu par les Italiens, Revue d'histoire diplomatique, Volumes 76 à 77, 1962 - books.google.fr).

 

Francia debbe pensare a piegar Austria e il Papa e Napoli, se vuole che il suo progetto federale trionfi. Tutto al più noi avremo a dare un po' di danaro alla prima e ricca pensione al secondo. Se Francia ed Europa non ci danno condizioni tali o equivalenti, io risponderei loro col famoso giuramento di Castiglia: «Si no, no». Ti ho letto il mio oroscopo (Lettre de Pantaleoni à Azeglio, 25 septembre 1859) (Giovanni Faldella, Massimo d' Azeglio e Diomede Pantaleoni, 1888 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Diomede Pantaleoni).

 

Les Ă©vĂ©nements paraissent confirmer ces prĂ©visions pessimistes. Après Magenta, après SolfĂ©rino, après l'Ă©panouissement de toutes les espĂ©rances, de toutes les illusions, voilĂ  Villafranca, qui vient enrayer l'Ĺ“uvre de libĂ©ration. Ceux qui, Ă  la veille de la guerre, avaient dĂ©noncĂ© les dangers de l'alliance avec NapolĂ©on, s'Ă©crient hautement : nous l'avions prĂ©vu ! A la nouvelle de l'armistice, Pantaleoni Ă©crit Ă  d'Azeglio : «Si, en envisageant la mystĂ©rieuse et contradictoire conduite de NapolĂ©on, on pouvait avoir des doutes sur son vĂ©ritable but et sur ses idĂ©es, maintenant on on y voit clair. J'ai toujours Ă©tĂ© d'avis que NapolĂ©on ne voulait absolument pas l'Ă©tablissement d'un puissant royaume subalpin. J'ai donc hĂ©sitĂ© Ă  croire Ă  la guerre. Celle-ci Ă©clatĂ©e, je croyais Ă  des intĂ©rĂŞts dynastiques; après la proclamation de Milan, j'estimais NapolĂ©on un Washington, ou encore plus. Mais, hĂ©las, une semaine environ après Villafranca, je m'aperçus de la vĂ©rité» (Pantaleoni Ă  d'Azeglio, 25 septembre 1859). Les dĂ©mocrates qui avaient confiance dans l'alliance napolĂ©onienne sont profondĂ©ment déçus. Naselli Flores Ă©crit Ă  Ricciardi : «La nouvelle de l'armistice a frappĂ© pĂ©niblement les peuples, et engendrĂ© la plus grande mĂ©fiance Ă  l'Ă©gard de la sincĂ©ritĂ© de l'Empereur. Timeo Danaos...» Les libĂ©raux déçus et dĂ©sorientĂ©s cherchent Ă  se rendre compte des Ă©vĂ©nements. Costanza d'Azeglio Ă©crit, le 14 juillet 1859 : «Je n'accuse pas l'Empereur. Il ne faut pas condamner les gens sans savoir ce qu'ils ont Ă  dire pour leur dĂ©fense. Il faut qu'il soit survenu quelque Ă©vĂ©nement bien malheureux, pour qu'un semblable rĂ©sultat ait couronnĂ© une entreprise commencĂ©e sous de si glorieuses auspices». Mais l'opinion publique ne se laisse pas convaincre par le raisonnements; elle se laisse plutĂ´t entraĂ®ner par les sentiments. «Ici (Ă  Turin) pas un portrait de l'Empereur ne se voyait plus dans les devantures de nos marchand, et on y voyait celui d'Orsini». Massimo d'Azeglio lui-mĂŞme, malgrĂ© son attachement Ă  la personne de l'Empereur, est obligĂ© de remarquer le cĂ´tĂ© paradoxal de la situation : «Si, il y a deux mois Ă©crit-il Ă  Rendu, le 24 juillet on avait proposĂ© le problème suivant aller en Italie avec deux cent mille hommes, dĂ©penser un demi milliard, gagner quatre batailles, restituer aux Italiens une de leurs plus belles provinces, et revenir maudit par eux, on aurait dĂ©clarĂ© le problème insoluble. Eh bien, il ne l'Ă©tait pas le fait l'a prouvé». Cependant, il y a des hommes, qui, surmontant le choc du moment, voient plus loin, voient que ce qu'on appelle la catastrophe de Villafranca peut avoir quand mĂŞme des consĂ©quences positives. Pier Silvestro Leopardi Ă©crit Ă  Giuseppe Ricciardi : «NapolĂ©on n'est pas tenu Ă  rĂ©pandre le sang et l'argent de la France pour la libertĂ© et l'unitĂ© d'Italie. Certainement, la paix de Villafranca n'a pas rempli tous nos vĹ“ux; mais il ne faut pas oublier les bienfaits que nous avons reçus». Au contraire, pense Leopardi, les Italiens doivent savoir grĂ© Ă  NapolĂ©on de leur avoir laissĂ© quelque chose Ă  faire, de façon que l'histoire ne dise pas : l'indĂ©pendance de l'Italie n'a pas Ă©tĂ© faite par les Italiens, mais par les Français. Envoyons Ă  tous les diables les rĂ©criminations contre les autres. Toute l'Europe salue la rĂ©surrection de l'Italie. Il faut profiter de ce moment fugace de sympathie universelle attisons le VĂ©suve et l'Etna, achevons l'Ĺ“uvre qui a Ă©tĂ© si bien commencĂ©e !» (6 octobre 1859) (Franco Valsecchi, Le second Empire vu par les Italiens, Revue d'histoire diplomatique, Volumes 76 Ă  77, 1962 - books.google.fr).

 

Pour Orsini cf. quatrain V, 10.

 

La médaille commémorative de la campagne d'Italie de 1859 est une médaille accordée par l'empereur Napoléon III aux militaires français ayant participé à la campagne d'Italie (1859). La médaille fut accordée pour la première fois par Napoléon III directement sur le champ de bataille italien le 11 août 1859. Puis elle fut assignée à tous ses officiers et personnel de troupe qui eurent activement pris part au service de l'armée française pendant le début de la seconde guerre d'indépendance italienne (fr.empirecostume.com).

 

La rentrée triomphale à Paris de l'armée d'Italie se fait le 14 août 1859 (fr.wikipedia.org - Rentrée triomphale à Paris de l'armée d'Italie, 14 août 1859).

 

Au début du XIXe, Napoléon Bonaparte convainc le Vatican de canoniser un nouveau saint dont la fête coïncide avec son anniversaire, le 15 août. Le cardinal Caprara répond à cette demande en inventant «saint Napoléon», du nom d'un martyr romain, Néopolis, qui aurait été exécuté pour avoir refusé de faire allégeance à l'empereur Maximien. Fêté de 1806 à 1813, abandonné à la Restauration, remis à l'ordre du jour par Napoléon III, la Saint Napoléon ne sera plus célébrée officiellement par la suite, et la fête nationale, ramenée au 14 juillet (www.napoleon.org).

 

Vedemmo come la pace di Villafranca avesse ormai dimostrato quanto la unità italiana fosse o paresse inaccetta a Napoleone, poichè l'annessione della Italia centrale, e specialmente della Toscana, al Piemonte doveva considerarsi come l'unità italica bella e fatta, o almeno come l'evento che dovea promuoverne una decisione qualunque, o favorevole o contraria, ma in ogni modo prontissima. E se il voto toscano del 16 e del 20 Agosto era stato un primo e importantissimo passo verso la italiana unità, e se come tale era stato inviso all'autor della pace di Villafranca, e condannato e avversato da lui, il voto del 9 Novembre era un passo nuovo verso il medesimo scopo, e non poteva che incontrare la medesima opposizione, ed anzi maggiore (Ermolao Rubieri, Storia intima della Toscana dal 1 Gennaio 1859 al 30 Aprile 1860, 1861 - books.google.fr).

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