Le nationalisme arabe

Le nationalisme arabe

 

V, 47

 

1886-1887

 

Le grand Arabe marchera bien avant

Trahi sera par les Bisantinois :

L'antique Rodes lui viendra au-devant,

Et plus grand mal par austre Pannanois.

 

Trahison

 

Les Grecs obéirent alors à Nicéphore, fils de Staurace (Nikfour ben Istibrak). Haroun er-Réchid entra en correspondance avec ce roi; puis il l'attaqua et le força à se soumettre, malgré le ton orgueilleux qui avait dicté une de ses lettres. Quand Réchid se fut éloigné, Nicéphore se parjura et viola le traité où il avait fait acte d'obéissance; mais Réchid, en proie à une maladie qu'il avait contractée à Rikkah, dut dissimuler son ressentiment. […]

 

Réchid relevait à peine de maladie, et personne n'avait encore osé l'instruire de la trahison de Nicéphore, lorsqu'un poëte se présenta chez lui et récita ces vers :

 

NicĂ©phore a brisĂ© ce qu'il t'avait donnĂ©, et dĂ©jĂ  la mort plane au-dessus de sa tĂŞte ! RĂ©jouis-toi, prince des croyants, c'est encore une grande victoire que Dieu t'envoie; Une victoire qui dĂ©passera toutes les autres ! car ton Ă©tendard invincible est pour nous le gage assurĂ© du triomphe.Aussi ton peuple a saluĂ© avec joie l'arrivĂ©e du messager qui annonçait la perfidic des Grecs.Ton bras semble impatient d'entreprendre une conquĂŞte qui rassasiera les âmes, et qui sera un châtiment mĂ©morable.Et toi, NicĂ©phore, si l'absence de l'imam a encouragĂ© ta perfidie, quelle ignorance! quel aveuglement ! Croyais-tu donc que ta fĂ©lonie resterait impunie? (puisse ta mère pleurer ton trĂ©pas !) grandes Ă©taient tes illusions. Apprends que l'imam saura t'atteindre, que ton empire soit Ă©loignĂ© ou voisin. Si nous sommes insouciants, notre chef du moins veille sur l'empire que sa sagesse gouverne; C'est un roi qui marche lui-mĂŞme Ă  la guerre sainte, et son ennemi est Ă  jamais vouĂ© Ă  la dĂ©faite. Ă” vous qui voulez mĂ©riter l'approbation de Dieu, de ce Dieu qui lit au fond des cours, Celui qui trompe l'imam ne saurait lui donner d’utiles conseils; mais les conseils dictĂ©s par le dĂ©vouement sont dignes d'approbation Avertir l'imam est un devoir sacrĂ© pour nous, lorsque ceux qui l'entourent payent d'imposture et d'oubli.

 

Lorsque le poĂ«te eut fini de la rĂ©citer, RĂ©chid s'Ă©cria : «Est-il vrai qu'il (NicĂ©phore) ait agi ainsi ?» Et il comprit que ses ministres avaient cherchĂ© Ă  le tromper. Puis il fit ses prĂ©paratifs, envahit le pays de Roum et s'arrĂŞta sous les murs d'HĂ©raclĂ©e, l'an 190 (805-6 de J. C.) (Maçoudi, Les Prairies d'or, traduit par C. Babrier de Meynard et Pavet de Courteille, Tome 2, 1863 - books.google.fr).

 

"Pannoniens"

 

On connaît les déboires de Nicéphores avec les Bulgares qui occupaient une grande partie de la Pannonie.

 

Selon certaines sources, la famille de Kroum viendrait de Pannonie, où elle était au service des Avars. Selon d'autres, il était peut-être un descendant de Koubrat. Vers 805, Kroum prend avantage de la défaite du khaganat avar pour détruire le reste des Avars et étendre son autorité sur les Carpates de Transylvanie et le long du Danube en Pannonie orientale. À partir de 807, Kroum mène une série de guerres afin d’intégrer les tribus slaves au sein d’une confédération bulgaro-slave. Alternant raids audacieux et des sièges des forteresses byzantines, il bat les Byzantins dans la vallée de la Strouma en 807, puis s’empare de Serditsa/Sredets (Sofia) en 809. Il massacre la garnison en dépit de sa promesse de clémence (voir siège de Serdica). En réaction, l'empereur byzantin Nicéphore Ier établit des populations anatoliennes le long de la frontière avec le Khanat bulgare pour la protéger. Il essaie aussi de reprendre Serdica, en vain (fr.wikipedia.org - Kroum).

 

Cf. quatrain III, 60 - Les Zendiks - 1748-1479.

 

Rhodes

 

En 806, une grande armée arabe, que conduisait le khalife en personne, s'emparait de s'emparait de Tyane, et poussait jusqu'à Ancyre, tandis que sur mer la flotte musulmane ravageait Chypre (805) et Rhodes (807) (Charles Diehl, Georges Marçais, Le monde oriental de 395 à 1081, Charles Diehl, Georges Marçais, 1944 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LTLE, elthel

 

elthel : bègue en bérbère (Jean-Michel Venture de Paradis, Grammaire et dictionnaire abrégés de la langue berbère, Tome 7, Partie 1, 1844 - books.google.fr).

 

Considéré comme le véritable fondateur du Califat abbasside, Al-Mansur, le grand père d'Haroun est né à al-Humaymah. Son père était Muhammad, petit-fils de Abbas et sa mère berbère (fr.wikipedia.org - Al-Mansur (Abbasside)).

 

La mère d'Haroun al Rachid, Khayzuran, aurait été yéménite ou berbère, sachant qu'on a parfois donné des origines yéménites aux Berbères (Leslie Brubaker, Gender in the Early Medieval World, East and West, 300-900, 2004 - www.google.fr/books/edition, Jacques Hureiki, Les médecines touarègues traditionnelles, approche ethnologique, 2000 - www.google.fr/books/edition).

 

Sous les règnes d'Almahadi, et même sous celui d'Haroun-al-Raschid, il y eut, de la part des Berbères, de continuelles révoltes qui imposèrent aux khalifes de Bagdad de grands sacrifices; Haroun prit enfin le parti de renoncer à son pouvoir temporel en faveur d'Ibrahim, fils d'El-Aglab (800). A la suite d'un acte solennel, qui réservait aux Abbassides une souveraineté purement spirituelle, l'Afrique, comme l'Espagne, eut un gouvernement indépendant; seulement, la dynastie des Aglabites ne donna pas le funeste exemple d'une nouvelle scission dans le khalifat. Un des résultats le plus heureux de l'administration des Aglabites, qui dura plus d'un siècle (800-911), fut la fusion définitive des Arabes et des Berbères (Louis-Amélie Sédillot, Histoire des Arabes, 1854 - books.google.fr).

 

L'empereur byzantin Michel le Bègue qui règne de 820 à 829.

 

Il est un des proches de Bardanès Tourkos, important général byzantin qui se révolte contre Nicéphore Ier en 803-804, aux côtés de Léon l'Arménien et de Thomas le Slave mais tous finissent par se détourner de lui, contribuant à l'échec de la révolte. Devenu empereur, Michel II doit faire face à la révolte d'un soldat, Thomas le Slave, lui aussi général, entre 822 et 824. Pour cela il obtient l'aide des Bulgares, en particulier celle d'Omourtag, le fils de Kroum ; Thomas, quant à lui, reçoit le soutien du calife abbasside Al-Ma'mun, fils d'Haroun al Rachid. Assiégées, les troupes de Thomas se rendent après avoir mangé leurs chevaux en décomposition. Quant à Thomas, il est empalé après avoir eu les pieds et les mains coupés. Les Arabes mènent la conquête de la Crète sous son règne (823) et commencent leurs attaques en Sicile (829). Il meurt le 2 octobre 829, à l'âge de 59 ans, et son fils Théophile lui succède (fr.wikipedia.org - Michel II l'Amorien).

 

Typologie

 

Le report de 1887 sur la date pivot 807 donne -273.

 

En 277 avant J. C., Ptolémée II Philadelphe dépêcha une troupe en direction de la péninsule Arabique dans le but de contrôler l'arrivée des marchandises en provenance de l'Inde et de mettre la main sur les régions de production des aromates en Arabie du Sud. Son objectif était de détourner les convois qui remontaient le long de la mer Rouge vers le pays des Nabatéens au nord, en les faisant traverser la mer Rouge vers l'Egypte (La Péninsule Arabique Dans Les Cartes Européennes Anciennes: Fin XVe-début XIXe Siècle : Collection Khaled Al Ankary : Exposition Du 15 Septembre Au 28 Octobre 2001 - www.google.fr/books/edition).

 

1886

 

C'est en 1875 que nous trouvons l'esquisse d'un premier effort en vue d'organiser un mouvement national arabe. Cinq hommes, tous chrĂ©tiens, crĂ©ent Ă  Beyrouth une sociĂ©tĂ© secrète avec des sections Ă  Damas, Tripoli et Sidon ? Leur mĂ©thode d'expression est le collage d'affiches pendant la nuit. Le contenu de celles-ci se rĂ©sume Ă  de violentes attaques contre les autoritĂ©s ottomanes appelant la population Ă  une rĂ©bellion pour renverser le rĂ©gime hamidian. Cette sociĂ©tĂ© secrète existe pendant quatre ans ; ensuite elle est dissoute du fait de la rĂ©pression du sultan et la majoritĂ© de ses membres s'exilent en Egypte. Ces chrĂ©tiens Ă©taient issus du groupe de Butrus Al-Bustani, chrĂ©tien maronite fondateur en 1870 du pĂ©riodique arabe Al-Jinan. Dans ce journal Al-Bustani formulait ses idĂ©es de base d'un bon gouvernement : sĂ©paration du religieux et du politique, sĂ©paration du lĂ©gislatif et de l'exĂ©cutif, dĂ©veloppement d'un sentiment patriotique pour unifier tous les citoyens ottomans. En 1886, Al-Jinan cesse de paraĂ®tre, le centre du journalisme passant de Beyrouth au Caire. La communautĂ© arabe chrĂ©tienne du Liban et de Syrie tente Ă  travers le dĂ©veloppement de l'idĂ©ologie de type nationaliste son intĂ©gration dans le monde musulman en soulignant l'importance de la coupure entre le politique et le religieux (Catherine Kaminsky, Simon Kruk, Le nationalisme arabe et le nationalisme juif, 1983 - www.google.fr/books/edition).

 

Al-Kawakibi (1855 – 1902) est né à Alep principale ville du nord de la Syrie, au sein d'une famille de la bourgeoisie musulmane. Il y étudie la législation islamique (charia) et diverses langues, dont l'arabe, le turc et le persan. Devenu journaliste, travaille d'abord pour le journal officiel al-Furat avant de fonder en 1878 al-Shahbaa', le premier hebdomadaire arabe d'Alep, dans lequel il dénonce la tyrannie du sultan Abdul-Hamid II qui vient d'abolir la Constitution ottomane de 1876 et de rétablir l'absolutisme impérial. Or, pour légitimer le rétablissement du pouvoir absolu, le sultan ottoman s'appuie largement sur la doctrine panislamique qui prône l'union de tous les musulmans, quelle que soit leur appartenance nationale, au sein d'un même empire – en l'occurrence l'Empire ottoman - et sous la conduite d'un seul chef, le calife, fonction que les sultans ottomans ont récupérée depuis que Sélim Ier avait transféré le siège du califat du Caire à Istanbul en 1516. Face à cette idéologie dominante, al-Kawakibi est un des premiers intellectuels musulmans à défendre la thèse du panarabisme, doctrine jusque-là essentiellement défendue par les Arabes chrétiens, traditionnellement plus influencés par la culture politique européenne (fr.wikipedia.org - Abd al-Rahman al-Kawakibi).

 

Abd al-Rahman al-Kawakibi partage avec Rida la certitude de la supériorité religieuse des Arabes sur les autres peuples de la communauté islamique. Il milite pour la mise en place d'un calife arabe issu de la famille du prophète siégeant à La Mecque et libéré de la domination ottomane. Il s'agit pour lui de faire renaître le califat omeyyade qui représente avec le califat abbasside et celui andalou l'âge d'or de la civilisation arabo-islamique. Il plaide néanmoins pour le respect de toutes les croyances religieuses et la parfaite égalité de toutes les religions pour préserver l'unité nationale (fr.wikipedia.org - Nationalisme arabe).

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