La cavalerie pendant la première guerre mondiale

 

V, 91

 

1918-1919

 

Au grand marché qu'on dict des mensongiers,

Du tout Torrent & champ Athenien :

Seront surprins par les cheuaux legiers,

Par Albanois Mars, Leo, Sat. vn versien.

 

Ce quatrain est à mettre en relation avec le V, 89 - Emotions populaires - 1917-1918.

 

"chevaux legiers" et "Albanois"

 

Au plus tôt, les compagnies de cheveaux légers apparaissent en France sous Louis XII sous le nom d'Estradiots sur le modèle de ceux des Vénitiens qui incommodèrent les Français lors de la bataille de Fornoue sous Charles VIII. Ceux-ci leur paraissaient nouveaux selon Brantôme. Les mémoires du maréchal de Fleuranges font état d'Estradiots employés par lui lors de la révolte de Gènes pendant le règne de Louis XII. Monluc mentionne M. de Fontrailles comme général des 1200 chevaux légers dont la plupart étaient "albanois" (Louis Félix Guinement Keralio, Art militaire, 1784 - books.google.fr, Édouard Hardÿ de Périni, Origines de la tactique française, Tome 2, 1881 - books.google.fr).

 

Les Albanois sont les Albanais de l'Albanie européenne actuelle. Ils peuvent être des Ecossais, Albanie étant l'ancien nom de l'Ecosse, ou désigner tout étranger (aubain) (Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye, Glossaire de l'ancienne langue françoise, depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV, 1720 - books.google.fr).

 

"torrent" et "Champ Athénien" : l'Anapus près de Syracuse

 

Temple de Jupiter Olympien, non loin de la réunion des deux bras de l'Anapus et du Champ d'Athènes. Deux colonnes gigantesques, cannelées, d'ordre dorique, sont encore debout. Ce temple était orné de la statue de Jupiter, à laquelle Hiéron II fit faire un manteau d'or du butin enlevé aux Carthaginois, et que le préteur romain Verrès transporta à Rome (Ernst Foerster, Rudolph Wagner, Manuel du voyageur en Italie, 1850 - books.google.fr).

 

On peut visiter l'Anapus et la source de Cyané en bateau. Mais comme il y a devant l'embouchure de l'Anapus un banc de sable qu'il faut traverser sur le dos des bateliers, les dames feront mieux de s'y rendre en voiture, en faisant le tour du grand port. On ne remonte qu'avec peine le torrent étroit et profondément encaissé; les rames ne suffisent plus, les bateliers tirent le canot au moyen d'une corde. Les deux rives sont bordées de haies de papyrus, souvent hautes de 6 mètres, et donnant à la contrée un caractère étrange, presque tropique. D'innombrables oiseaux aquatiques animent les roseaux entremêlés de guirlandes de plantes parasites. Le bras droit de la rivière, où l'on s'est engagé, a sa source à „la source bleu de bleuet“, ainsi nommée de la Nymphe Cyané, qui voulut s'opposer à Pluton lorsqu'il enleva Proserpine, et fut changée en source à force de répandre des larmes. Les Syracusains célébraient chaque année sur ses bords une fête en l'honneur de Proserpine. Aujourd'hui cette source poissonneuse s'appelle Pisma. La colline à droite, entre la Cyané et le grand port, était couronnée par l'Olympeum avec le fameux Temple de Jupiter Olympien. La statue du dieu, dont Cicéron vante la beauté, fut revêtue par Gélon d'un manteau d'or, conquis à Himère, et que Denys Ier lui enleva, sous prétexte qu'il était trop chaud pour l'été et trop léger pour l'hiver. Il n'existe plus de ce temple que deux fûts de colonnes. C'était un hexastyle, et certainement un des temples doriques les plus anciens de Syracuse. Comme cet endroit avait une grande importance stratégique, il servit de base aux opérations de presque toutes les armées qui assiégèrent la ville de Syracuse. Hippocrate de Géla y établit son quartier général en 493. Pendant le siége des Athéniens, les Syracusains l'avaient fortifié, et y avaient construit une petite ville forte : Mais en 396 Himilcon y campa, de même qu’Amilcar en 310, et Marcellus s'en empara en 213 (Karl Baedeker, L'Italie, Manuel du voyageur, Tome 3 : L'Italie du Sud, la Sicile et les îles Lipari, 1867 - books.google.fr).

 

"mensongiers"

 

Le mensonge à Syracuse est illustré par Cicéron. Le chevalier romain cherche une propriété pour se reposer. Le banquier Pythius de Syracuse lui fait croire que la sienne est l'endroit où se prend le plus de poissons dans la région. Il lui vend un bon prix et Canius s'aperçoit de la tromperie : vente par dol (Claude Bocquet, La traduction juridique, Fondement et méthode, 2008 - books.google.fr).

 

Ferdinand le Rusé

 

Attaqué, en 1501, par Louis XII et ses alliés, le Pape Alexandre VI et son fils César Borgia, trahi par Ferdinand II le Catholique qui feignait d'être son allié, Frédéric, roi de Naples, choisit de traiter avec le Roi de France, et échange avec celui-ci ses droits sur le Royaume de Naples contre les revenus du Comté du Maine (fr.wikipedia.org - Frédéric Ier de Naples).

 

Ferdinand II était roi de Sardaigne et de Sicile et comte de Barcelone depuis 1479. La mort de Charles VIII en 1498 ne signifie pas la fin des guerres d'Italie. Son successeur Louis XII reprend sa politique. Il est conscient que Ferdinand d'Aragon est susceptible de s'opposer à son désir d'annexer le royaume de Naples. Il a donc l'idée d'un partage. L'accord secret est signé à Grenade, à la fin de l'année 1500. Les deux rois conviennent d'attaquer le royaume ensemble : le roi de France obtiendrait Naples, la Terre de labeur et la province des Abruzzes, Ferdinand les Pouilles et la Calabre. Dès l'accord signé, le roi de France prépare ouvertement son armée. La victoire est rapidement consommée. Très vite, les deux rois s'entre-déchirent pour la possession totale de Naples. La guerre éclate donc et dure deux ans. Elle se solde par une victoire aragonaise. En 1503, Ferdinand conquiert le royaume de Naples pour son propre compte. Suivant une politique aragonaise traditionnelle, il place sur le royaume un vice-roi. Le premier est Gonzalve de Cordoue. Mais le roi estime que son général est trop populaire et puissant. Avec une grande habileté, il le rappelle en Espagne et le confine dans une retraite dorée. L'armée doit rester un instrument au service de la couronne. Malgré tout, les Français restent présents dans le duché de Milan. Un équilibre s'instaure même entre les deux rois (fr.wikipedia.org - Ferdinand le Catholique).

 

Ferdinand, veuf d'Isabelle, épouse la nièce du roi de France, Germaine de Foix soeur d'Anne de Foix dont il serait question au quatrain V, 89.

 

"Mars, Leo..."

 

Reste le passage astrologique.

 

"versien" a pu être associé au Verseau comme "Chyren" au Sagittaire par Chiron.

 

Peut-être en relation avec le Mémoire et Épitaphe de Ferdinand d'Aragon de Nicaise Ladam (Memoire Et Epitaphe de Ferdinand D'aragon - books.google.fr).

 

Où Mars est relié au Lion par le diamant et où Saturne est entouré des signes du Verseau et du Capricorne dans un des neuf bois qui illustrent l'ouvrage (Anthony John Holden, Nicaise Ladam, Mémoire et Épitaphe de Ferdinand d'Aragon, édition critique par Claude Thiry, 1975. In: Romania, tome 97 n°386, 1976 - www.persee.fr).

 

Ferdinand est mort le 23 janvier 1516, dans le signe du Verseau (fr.wikipedia.org - Ferdinand le Catholique).

 

Acrostiche : ADSP, adspectus

 

"Aspectus" (Adspectus) : Figure, forme extérieure d'une chose. Gen. 3. 6. Et pulchrum oculis, aspectuque delectabile : Eve considéra que le fruit de cet arbre était beau et agréable à la vue ("orasis", visio). C'est le fruit de l'arbre dont Dieu avait défendu à Adam et à Eve de manger (Charles Hure, Encyclopedie Theologique, ou Serie de Dictionnaires sur toutes les parties de la Science Religieuse, Dictionnaire de Philologie Sacree 1-4, 1846 - books.google.fr).

 

Et AD pour Adam d'où Ladam Nicaise ou L'Adam :

 

L'Adam Nicaise, naquit à Béthune, en 1465, dans l'année où le comte de Charolais hérita des vastes domaines de son père Philippe-le-Bon. Roi d'armes de l'empereur Maximilien et plus tard de Charles-Quint, notre compatriote est l'auteur d'une chronique sur les règnes de ces deux princes. Il mourut à Arras, le 28 septembre 1547 (Edouard Cornet, Histoire de Béthune, Tome 2, 1892 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1919 sur la date pivot 1503 donne 1087.

 

La bataille de Fragneto se déroule en septembre ou octobre 1087 à Fragneto, près de Bénévent. Elle oppose les troupes de Bohémond de Tarente à celles de son demi-frère Roger Borsa, duc d'Apulie et de Calabre (fr.wikipedia.org - Bataille de Fragneto).

 

Guerre de 14-18

 

Durant la Première Guerre mondiale, le rôle du cheval connaît une transition liée à l'évolution stratégique et tactique du conflit armé. Alors que la cavalerie est considérée, au début des hostilités, comme l'élément offensif par excellence des forces armées, elle se révèle vulnérable face à la modernisation de l'artillerie et des armes lourdes, telles que la mitrailleuse. C'est la raison pour laquelle elle est progressivement remplacée par des divisions blindées mécanisées, la présence de chevaux ne devenant plus que ponctuelle sur les champs de bataille. Cette évolution se produit parallèlement au développement du char d'assaut, ce qui ne manque pas d'accélérer le processus, ce dernier devenant la pièce maîtresse des tactiques de choc (fr.wikipedia.org - Cheval durant la Première Guerre mondiale).

 

Au début de la guerre de 1914, dans aucun pays la cavalerie ne répondit à ce qu'on en attendait. La cavalerie conservait l'avantage d'une mobilité plus grande que celle de l'infanterie; alors que celle-ci couvrait 4 kilomètres à l'heure et 25 à 30 kilomètres par jour, la cavalerie en couvrait le double et même dans certains cas le triple. En revanche, on ne trouva pas la possibilité d'engagements à cheval, ce qui était conforme à la doctrine en cours, d'après laquelle la principale mission de la cavalerie était la reconnaissance. La participation de la cavalerie au combat devait constituer l'exception; les chevaux s'usèrent d'ailleurs très vite. Peu préparée au combat à pied, la cavalerie possédait, d'autre part, un armement insuffisant pour jouer un rôle important dans la bataille. Au cours de la guerre, on s'efforça d'augmenter la puissance des grandes unités de cavalerie sans diminuer leur mobilité. On accrut surtout leurs moyens de feu par l'adjonction de fusils (bataillons de cuirassiers à pied), d'armes automatiques et de batteries d'artillerie. La division de cavalerie devint ainsi réserve stratégique, facile à mouvoir et apte à s'engager sur des grands fronts; mais elle restait composée d'une immense majorité de cavaliers et de véhicules hippomobiles; elle était assez alourdie pour ne plus se déplacer qu'à l'allure du pas; elle faisait en somme figure d'infanterie montée (Wladyslaw Sikorski, La guerre moderne: son caractère, ses problèmes, 1935 - books.google.fr).