La comète de 1895

La comète de 1895

 

V, 59

 

1895

 

Au chef Anglois Ă  Nymes trop freiour,

Devers l'Espagne au secours Aenobarbe ,

Plusieurs mourront par Mars ouvert ce jour,

Quand en Artois faillir estoille en barbe.

 

Nymes ou TrĂŞves

 

"freiour" : froid (Simon-Jules Honnorat, Dictionnaire provençal-français; ou, Dictionnaire de la langue d'oc, ancienne et moderne, suivi d'un vocabulaire fançais-provençal, Tome 2, 1847 - books.google.fr).

 

Certaines éditions ont "séjour".

 

Nymes, nom d'un rivière de l'électorat de Trèves, qui coule à Schönecken, appelée aussi Nims dans les documents plus récents. C'est la Nemesa mentionnée dans La Moselle d'Ausone (Henri de La Ville de Mirmont, D. M. Ausonii Mosella Collection bordelais, 1889 - books.google.fr, Paulys Real-Encyclopädie der classischen Altertumswissenschaft: neue Bearbeitung, Volume 16,Numéro 2, 1935 - books.google.fr).

 

Aucun Prince allemand n'étant disposé à le remplacer, deux étrangers, Alphonse, Roi de Castille, et Richard, Comte de Cornouaille, se mirent sur les rangs pour remplir le trône vacant. Les électeurs, bien plus nombreux qu'ils ne le sont aujourd'hui, se trouvèrent partagés entre les deux compétiteurs. Richard en avoit gagné plusieurs par argent; mais l'Archevêque de Treves ne fut pas de ce nombre. Quinze mille marcs sterlings, que le Prince anglois lui fit offrir, ne purent le séduire ni l'empêcher de donner sa voix au Roi de Castille, qu'il jugeoit le plus digne. (De Hontheim , Prodrom. Hist. Trevir. pp. 474-475.) Ce choix, adopté par un grand nombre des électeurs, fut applaudi d’une partie de l'Allemagne et des Etats d’Italie; mais Alphonse ne soutint pas les belles espérances qu'on avoit conçues de lui. Content du titre d'Empereur qu'on lui avoit décerné, il ne daigna pas mettre les pieds en Allemagne ; peut-être aussi ne le put-il pas, occupé comme il étoit à faire la guerre aux Maures. Quoi qu'il en soit, l’Archevêque de Trêves, voyant qu'il se refusoit aux invitations qu'on lui faisoit de venir en Allemagne, l'abandonne, et fit sa paix avec le Roi Richard par la médiation de la France. Conrad, Archevêque de Cologne, ayant été, l'an 1257 ou environ, revêtu de la qualité de Légat, voulut en exercer les fonctions dans le diocèse de Treves. Mais il fut arrêté par l'opposition d'Arnoul, qui, ayant fait une députation à Rome, obtint qu'il ne reconnoitroit la jurisdiction d'autre Légat que d'un Légat à latere. Arnoul mourut, le 5 Novembre de de la même année, dans la citadelle de Thabor, qu'il avoit fait construire, et fut rapporté à Treves pour y être inhumé dans la Cathédrale, vis-à-vis de Thierri son oncle (L'art de vérifier les dates, Tome III, 1787 - books.google.fr).

 

Richard d'Angleterre dit Richard de Cornouailles (5 janvier 1209 à Winchester - 2 avril 1272 à Berkhamsted), fils du roi Jean "sans Terre", roi d'Angleterre et d'Isabelle d'Angoulême, fut nommé 1er comte de Cornouailles (fr.wikipedia.org - Richard de Cornouailles).

 

Richard fut couronné à Aix-la-Chapelle, le jour de l'Ascension 1257, par l'archevêque de Mayence (Konrad I von Hochstaden, 1238-1261), qui venait de forcer celui de Trêves à lever le siége de Boppart. Arnoul d'Isembourg, évêque de Trêves depuis 1242, avait fait massacrer les gens du roi des Romains Guillaume de Hollande à Trêves en 1252 (Émile Ruelle, Histoire générale du moyen-age par Émile Ruelle et Alph. Huillard-Bréholles, Tome 2, 1843 - books.google.fr).

 

Cette même année [1258] aussi, l’automne prolongea la sérénité de l’air et la douceur de la température jusqu’à la fin de janvier, en sorte qu'en aucun lien et en aucun instant la gelée n’endurcit la surface de l’eau. Mais à partir de cette époque, c’est-à-dire depuis la Purification de la bienheureuse Vierge jusqu’à la fin de mars, l’aquilon ne cessa de souffler; une gelée continuelle, accompagnée de neige et d’un froid intolérable, resserra la face de la terre, affligea le pauvre peuple, changea la température, et fit périr les jeunes troupeaux, au point qu’une mortalité générale s’étendit sur les brebis et sur les agneaux. Le roi d’Allemague Richard, par sa prudence, dompte, attira à lui et ramena dans son parti ses adversaires, de telle sorte que les citoyens des nobles villes d’Italie s’engagèrent à le servir : et ses rivaux, d’abord menaçants, furent obligés de se taire, à savoir les Français, les Espagnols, les habitants de Trêves et ceux des pays voisins, qui tous lui avaient tendu des pièges pour le perdre (Grande chronique de Matthieu Paris, Tome 8, 1840 - books.google.fr).

 

On retrouve le chroniqueur bénédictin mort en 1259 Matthew Paris au sujet d'une autre comète, celle de Halley, au quatrain, II, 70 daté de 1682.

 

Richard de Cornouailles en Allemagne

 

Alphonse ne se rendit jamais en Allemagne, Richard n'y fit que de brefs séjours (en 1260, 1262-1263 et 1268-1269) (Les «rois étrangers» (1250-1273), L'Allemagne au XIIIe siècle: De la Meuse à l'Oder, 1994 - books.google.fr).

 

Dès la fin du XIIe siècle cependant, le chemin le plus couramment utilisé entre la Rhénanie et l'Angleterre est la «route» bien connue de Bruges à Cologne (par Gand, Alost, Louvain, Tirlemont et Saint-Trond) et l'on peut s'étonner à juste titre que Richard ne l'ait pas suivie et se demander quelles raisons impérieuses l'obligeaient à s'en détourner à Maestricht pour s'imposer pareil détour. A la vérité, en dehors du fait qu'une réunion entre les rois de France, d'Angleterre et de Germanie aurait été prévue à Cambrai pour cette époque, ce sont des considérations de politique générale qui lui ont dicté cette décision. En effet, le duc de Brabant, Henri III, soutenait le rival de Richard, le roi Alphonse de Castille. Il en avait reçu le titre de gardien des vassaux et des villes de l'Empire entre le Brabant et le Rhin et des frontières du diocèse de Trèves à la mer. Il est évident que le roi des Romains ne pouvait se risquer à traverser les terres d'un partisan avéré de son compétiteur. Par contre, la principauté de Liège et le Hainaut étaient sûrs : l'évëque Henri de Gueldre et le comte Jean d'Avesnes lui étaient tout acquis. Quant à la Flandre, la comtesse Marguerite, d'abord ralliée à la politique française et par là à Alphonse de Castille, semble bien s'être rangée aux côtés de Richard après le traité de paix franco-anglais de Paris (mai 1258) : là encore, ce dernier est donc en sûreté. On peut donc admettre que le but essentiel du détour de Richard de Cornouailles, et par là parcourt une route jalonnée par Gand, Bruxelles, Louvain, Aix (A. Joris, La visite à Huy du roi des Romains, Le Moyen âge, Volume 64, 1958 - books.google.fr).

 

"Devers l'Espagne"

 

Alphonse X le Sage ou le Savant (en espagnol, Alfonso X el Sabio) (Tolède, 1221 — Séville, 1284), roi de Castille et León (1252-1284) et anti-roi de Germanie (1257-1273). Alphonse X fut une personnalité hautement érudite qui fit travailler à Tolède des savants et traducteurs juifs, chrétiens et musulmans en particulier sur l'astronomie, avec la composition des Tables alphonsines et l'astrologie, avec le Libros del saber de astronomia et le Libro de las cruzes (fr.wikipedia.org - Alphonse X de Castille).

 

"devers" "signifie "du côté de" : la Castille est du côté de l'Espagne.

 

Alphonse X est parent par sa mère de la maison des Hohenstaufen, arrière-petit-fils de Frédéric Barberousse (cf. "Aenobarbe" : barbe d'airain).

 

"Etoile en barbe" : une comète

 

Les comètes sont distinguées principalement des autres astres, en ce qu'elles sont ordinairement accompagnées d'une queue ou traînée de lumière toujours opposée au soleil, & qui diminue de vivacité à mesure qu'elle s'éloigne du corps de la comète. C'est cette traînée de lumière qui a occasionné la division vulgaire des comètes en comètes à queue, à barbe & à chevelure : mais cette division convient plutôt aux différens états d'une même comète qu'aux phénomènes distinctifs de différentes comètes. Ainsi lorsque la comète se meut à l'orient du soleil & s'en écarte, on dit que la comète est barbue, parce que sa lumière va devant elle. Quand la comète va à l'occident du soleil & qu'elle le suit, on dit que la comète a une queue, parce que sa lumière la suit. Enfin quand la comète & le soleil sont diamétralement opposés (la terre étant entre eux), la traînée de lumière qui accompagne la comète étant cachée par le corps de la comète, excepté les parties les plus extérieures qui débordent un peu la comète & l'environnent, on dit que la comète a une chevelure (Encyclopédie, Ou Dictionnaire Raisonné Des Sciences, Des Arts Et Des Métiers: Coi - Con, Volume 8, Partie 2, 1782 - books.google.fr).

 

On observe une comète en 1273, avènement de Rodolphe d'Habsbourg, empereur d'Allemagne et une autre en 1274.

 

Le 5 décembre (veille de St-Nicolas) 1274, l'Angleterre fui épouvantée par des commotions souterraines, des éclairs, des tonnerres, un dragon enflammé et une comète. Après ce tremblement, pluie de sang dans le pays de Galles (F. H., I. c., p. 363 ; C. M.; Polyd. Virg., 1. c., p. 414; L.). (Alexis Perrey, Sur les trembvlements de terre dans les îles britanniques, Annales Des Sciences Physiques Et Naturelles, 1849 - books.google.fr).

 

«A l'heure même où Thomas d'Aquin rendait le dernier soupir, un religieux de cette maison s'étant endormi en priant dans l'église , aperçut une étoile d'une admirable clarté , tomber du ciel sur le monastère : il vit aussi deux autres étoiles descendre conjointement de la voûte éthérée ; et après un peu de temps il revit l'étoile qu'il avait d'abord aperçue, et dont l'éclat égalait celui des deux autres réunies, remonter glorieusement vers le ciel. S'étant éveillé aussitôt après cette vision, le moine entendit la cloche qui annonçait le trépas du saint Docteur; et il comprit que la première étoile n'était autre que son âme qui sortait de son corps, et s'en allait, en compagnie de deux âmes bienheureuses, prendre possession de la patrie céleste» (Bollandistes) (Jean François Bareille, Histoire de saint Thomas d'Aquin, 1849 - books.google.fr).

 

Au commencement de Mars 1274, on vit une Comète trois jours avant la mort de S. Thomas d'Aquin : « Aliud signum in ipso Monasterio (Fosse nove) visum fuit, nam quaedam stella per modum CometĹ“, tribus diebus ante praedicti Doctoris obitum, super Monasterium visa suit, quĹ“ cĂąm ignoraretur quid significaret dum apparuit, ostendit Doctoris obitum dum cessavìt Â» (Vita Sancti Thomae Aquinatis in Actis Sanctorum) (MĂ©moires de mathĂ©matique et de physique: prĂ©sentĂ©s Ă  l'AcadĂ©mie Royale des Sciences, par divers savans, et lus dans les assemblĂ©es, Volume 10, 1785 - books.google.fr).

 

Le site des abbayes était toujours une vallée, où les terres plus fertiles, les eaux poissonneuses et propres à faire mouvoir des moulins, fournissaient aux moines les occupations agricoles et industrielles et la nourriture maigre que prescrivait leur règle. A côté de ces avantages, l'insalubrité de l'air des vallées décimait en Italie plus qu'ailleurs les moines de Cîteaux; le fléau entrava le développement de leur ordre, et l'air pestilentiel de Fossanova [dans les Marais pontins], Valvisciolo, Saint-Nicolas de Girgenti, San Galgano, a puissamment contribué au dépeuplement et à l'abandon de ces abbayes. Les abbayes cisterciennes les plus intéressantes pour l'histoire de l'architecture gothique en Italie sont d'abord Fossanova, première est située sur la voie Appienne, où mourut Thomas d'Aquin le 7 mars 1274 et Casamari (Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 66, 1894 - books.google.fr).

 

Le monastère cistercien de Fossanova fut construit en 1135 à la place d'une abbaye bénédictine; l'église commencée vers 1172, fut après modification du plan en 1187, consacrée en 1208. Elle eut une importance essentielle pour l'architecture gothique en Italie parce qu'elle reprit les plans de l'église cistercienne de Pontigny en Bourgogne (vers 1160-1180), en les combinant avec ceux de sa propre église-mère de Hautecombe en Savoie ; elle réalisa ainsi un type d'église qui devint un exemple, voire une règle, même pour les ordres mendiants. La façade occidentale est ornée d'un porche à trois travées. Le grand portail et la rose respirent la distinction mesurée qui est propre à tout l'édifice. Le vaisseau longitudinal à trois nefs - différent de celui de Pontigny - est couvert de voûtes d'arête dont les supports ne partent pas du sol mais de consoles murales élevées. Les éléments décoratifs à l'intérieur de l'église, se concentrent sur les piliers qui sont flanqués de demi-colonnes surmontées de chapiteaux à décor floral. Les fenêtres de la nef centrale et les ouvertures du triforium qui les prolonge vers le bas conservent les arcs romans en plein cintre. Sur une voûte de croisée octogonale semblable à une coupole s'élève, à l'exemple de Saint-Sernin de Toulouse, la tour de croisée qui est l'élément dominant de l'édifice. Dans l'aile sud du cloître, l'amour roman du décor se perpétue en formes gothiques ; le milieu du cloître est coupé par un passage menant à une maisonnette isolée abritant le puits, disposition très rare en Italie, importée ici de Bourgogne. C'est à Fossanova que Joachim de Fiore eut ses visions prophétiques (Heinrich Decker, L'Italie gothique, 1964 - books.google.fr).

 

Fossanova occuperait le site de l'antique Forum Appii, sur la voie Appienne, dans la région de l'oppidum des Volsques Artena (cf. Artois ?). S'y trouve aussi Tres Tabernae (les trois tavernes) appelé après Cisterna, dont parlent les Actes des Apôtres au sujet du séjour de l’apôtre Paul en Italie (Dominico Antonio Contatore, De Historia Terracinensi libri quinque, 1706 - books.google.fr).

 

Act. XXVIII, 11 - 15 : Paul, transporté en Italie par un vaisseau d'Alexandrie, débarque à Pouzzoles. Strabon nous apprend que c'était en effet cette ville qui recevait habituellement dans son port les vaisseaux d'Alexandrie, et leurs marchandises dans ses magasins. Les amis de Paul attendent son arrivée au Forum Appii, et d'autres aux Tres tabernœ. Paul s'embarque apparemment sur un canal que César avait creusé au travers des marais Pontins. Il dut par cela même passer au Forum Appii, qui, à l'extrémité de ce canal, en était le port. Dix milles romains plus près de la capitale étaient, suivant l'Itinéraire d'Antonin, les Tres Tabernœ (Jacob-Elisée Cellérier, Essai d'une introduction critique du nouveau Testament 1823 - books.google.fr).

 

Guicciardin dit dans Description des Pays-Bas. Ed. de 1567, p. 335 : « Près de Thérouanne, Aire et Saint-Omer, il y a un très grand canal aujourd'hui appelé la Fosse-Neuve, laquelle suivant quelques écrivains fut faite à la main dans le temps du comte Baudouin Pie pour se garantir de l'ennemi ; d'autres disent que c'étoit pour servir de limite entre la Flandre et l'Artois. Quoique ce très grand canal en forme de golfe de mer, aujourd'hui fort restreint et en partie rempli, soit à huit lieues de la mer, on affirme que par le passé il faisoit partie de la mer et que l'Océan parvenoit jusque-là. On y trouve encore des ancres et semblables reliques » (C. de Laroière, Etude sur le Sinus Itius, Annales du comité flamand de France, Volume 10, 1870 - books.google.fr).

 

Ce sont les moines bénédictins de Lillers en Artois qui y forèrent le premier puits artésien exécuté en France, d'où son nom.

 

Autrement : la comète de 1264 et le Saint Cierge d'Arras (en Artois)

 

Le pape Urbain IV (de 1261 à 1264), toujours placé entre les partis comme le fléau entre les plateaux de la balance, ne jugea pas à propos de se prononcer sans une enquête préalable. D'une part, Richard, comte de Cornouailles, était désigné dans les bulles d'Alexandre IV sous le titre de roi élu des Romains; il avait même été ceint du diadème dans la cathédrale d'Aix-la Chapelle; il se trouvait donc en possession du titre impérial; on ne pouvait le lui enlever sans injure. D'autre part, la majorité des princes électeurs avait déféré l'Empire au roi Alphonse, en lui décernant leurs suffrages. Du reste, les lettres du vénérable prédécesseur d'Urbain IV comme celles des cardinaux où le comte Richard était mentionné sous le litre d'empereur élu, ne contenaient aucune décision définitive; elles n'engageaient, en aucune manière, les successeurs d'Alexandre IV. On pouvait, par conséquent, sans porter atteinte à la réputation ou au bien du comte de Cornouailles, décorer les deux prétendants du titre de roi élu des Romains. Dans un esprit de conciliation. Urbain IV adopta ce moyen terme; il décida que le roi de Castille et le comte de Cornouailles seraient également appelés dans les missives pontificales rois élus de Rome. Cette mesure, qui pourtant ne préjudiciait aux droits d'aucun des candidats à la couronne d'Allemagne, éveilla la susceptibilité de Richard; il se crut blessé de ce que son rival était revêtu d'un privilège que le Siège apostolique n'avait jamais conféré au monarque castillan. Il ne manqua pas de flatteurs qui cherchèrent à aigrir encore davantage le comte irrité. Ils répétaient tout bas que si le pape Alexandre eût vécu plus longtemps, Richard de Cornouailles aurait certainement obtenu les insignes impériaux; ils ajoutaient qu'Urbain IV favorisait Alphonse de Castille au détriment de son compétiteur.

 

Les souverains de l'ancien empire d'Allemagne étaient consacrés trois fois : à Aix-la-Chapelle, comme roi des Romains; à Milan, au titre de roi des Lombards; à Rome, en qualité d'empereur romain. Richard, comte de Cornouailles, n'avait reçu que la première de ces consécrations religieuses.

 

Le roi de Castille et le comte de Cornouailles, dociles Ă  l'appel pontifical, comparurent devant Urbain IV par procureurs.

 

Urbain IV, en raison de la double élection, avait attendu jusqu'à ce jour, pour qu'on ne l'accusât point de violer les droits des princes. Il avait voulu voir si les deux partis qui divisaient l'Europe centrale se seraient arrangés d'eux-mêmes, ou si les contestations ne seraient point portées à son tribunal. Comme de plus longs délais pouvaient entraîner de lamentables conséquences, il avait essayé d'amener les princes à un accommodement par l'entremise de Guillaume, archidiacre de Paris, homme recommandable par sa fermeté, son désintéressement et sa modération; il les avait fortement exhortés à la concorde, mais sans succès. Il avait pris alors la résolution de juger la question en dernier ressort à la Saint-André de 1265 (Étienne Georges, Historie du Pape Urbain IV et de son temps 1185 - 1264, 1866 - books.google.fr).

 

Une comète barbue est reconnue dans celle de 1264 annonçant la mort du pape Urbain IV, qui n'eut donc pas à décider entre les deux rois des romains (Claude Comiers, La Nature et presage des cometes. Ouvrage Mathematique, Physique, Chimique & Historique ; Enrichi des Propheties des derniers Siecles, 1665 - books.google.fr).

 

Cette comète de 1264 ne serait pas la même que celle dite de Charles Quint passé en 1556, un an après son retrait du pouvoir.

 

Thierry de Vaucouleurs témoigne de ce passage de la comète à la mort du pape, en écrivant pour le neveu du pontife, le cardinal Anchier, un poème en son honneur (Camille Rivain, Suite du treizième siècle, années 1256-1285: Tome XIX, 1838 - books.google.fr).

 

Lorsque la Fête-Dieu fut instituée par le Pape Urbain IV, en 1264, et fixée précisément au jeudi (quintâ feriâ) après l'octave de la Pentecôte, elle coïncida avec la grande procession du Saint-Cierge à Arras. Malgré les inconvénients qu'il présentait, cet état de choses dura très-longtemps, puisque ce n'est qu'en 1477, que la fête du Saint-Cierge fut définitivement transférée au dimanche suivant (Louis Cavrois, Cartulaire de Notre-Dame-des-Ardents a Arras, 1876 - books.google.fr).

 

Pour la fête-dieu appelée aussi Sacre en certaines régions de France, voir le quatrain VI, 85.

 

S'il faut, selon S. Thomas, qu'un véritable miracle soit d'une chose qui soit difficile, qui surpasse toutes les forces de la nature, et qui soit rare et extraordinaire, vous allés voir une infinité de secours prodigieux arrivez, les premiers, lors que la sainte Vierge apporta a Arras son céleste Flambeau; les autres, depuis ce temps; et les derniers, de nos jours.

 

La confrérie des Ardans est véritablement fondée sur quantité de Miracles visibles, et incontestables qui se firent, tout à la fois, dès que ce Cierge fort médicinal fut apporté à Itier et à Norman en présence de l'Evêque Lambert. Pour pénétrer cette vérité, il faut supposer des histoires de la France, de l'Angleterre et des Païs-Bas, qu'en l'année 1105, et les précédentes, la Chrétienté estoit arrivée à une si haute mesure de crimes, que, comme le chef de l'Eglise estoit contraint de jeter le foudre de l'excommunication contre plusieurs princes, Dieu jettoit sur eux et sur tous les pécheurs, qui estoient sans nombre aussi bien que les fous, toutes les marques de sa colère, comètes aidantes, barreaux flamboyans, sur tout un feu, particulièrement dans l'Artois, et dans les provinces circonvoisines ; mesme dans Paris, où on le nommoit le Feu sacré; qui estoit un mal si violent, que tous ceux qui en estoient frappez en devenoient furieux; si incurable, que tous les secrets de la médecine estoient inutils, et incapables de les soulager. [...]

 

Mais quelle miséricorde de la sainte Vierge envers eux ! Puisque son Cierge ne fut pas plutost presenté, reçû, et connu , que, non pas un seul malade, non pas dix, ny cent, mais tous ceux qui gémissoient autour de l'Eglise cathédrale de celte dernière ville, furent tous guéris après avoir esté mis en trois rangs; après avoir reçû sur leurs ulcères et blessures et après avoir bû, avec une ferme confiance, de l'eau bénite par quelques gouttes de ce sacré Cierge; bénédiction que fit l’Evêque Lambert avec le signe de la Croix, ensuite de l'exhortation qu'il leur avait faite à tous de boire de cette eau qu'Itier et Norman leur presentèrent (Mémoires de l'académie des sciences, lettres et arts d'Arras, Volume 26, 1853 - books.google.fr).

 

La comète est mis en rapport avec un flambeau céleste chez Du Bartas (La Sepmaine) (Guillaume de Salluste Du Bartas, La sepmaine, ou création du monde, 1583 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1895 sur 1264 (mort d'Urbain IV) donne 633.

 

Les rois du Wessex s'étaient épuisés à lutter contre les Bretons du Devon et de la Cornouailles, les rois de Mercie n'avaient pu réduire ceux du pays de Galles, les rois de Bernice avaient péniblement refoulé ceux d'Ecosse et du Strathclyde, enfin les rois de Deirie s'étaient fait battre par ceux de Gwyned. Aussi le Gallois Cadwallon avait-il failli, en 633, renverser le cours de l'histoire anglaise (Émile G. Léonard, Histoire universelle: Des origines à l'Islam, 1956 - books.google.fr).

 

Cadwallon ap Cadfan fut le fils de Cadfan ap Iago et fut un roi de Gwynedd au Pays de Galles de 625 jusqu'à sa mort, en 633 ou 634. Il est resté dans l'Histoire pour avoir dévasté la Northumbrie et tué son roi, Edwin, avant de périr lors d'une bataille contre Oswald de Bernicie, à un endroit appelé «Denis's brook» (le ruisseau de Denis). Les annales l'ont principalement retenu comme un tyran sanguinaire (fr.wikipedia.org - Cadwallon ap Cadfan).

 

Une comète

 

Outre la comète de Halley, il en est deux autres qui sont reconnues aujourd'hui comme faisant partie de notre système, c'est-à-dire, qui reviennent par intervalles vers le soleil ; l'une, tous les 1204 jours, et l'autre, tous les 6,75 ans environ. La première, généralement appelée la comète d'Encke, ou la comète à courte période, fut vue pour la première fois, en 1786, par MM. Messier et Méchain ; miss Herschel la revit en 1795. Ses retours en 1805 et 1819 furent observés par d'autres astronomes, persuadés, ainsi que les premiers, que c'étaient quatre corps différens. Le professeur Encke, cependant, prouva leur identité, et alla jusqu'à déterminer les circonstances du mouvement de la comète. Sa réapparition en 1825, 1828 et 1832, s'accorda avec l'orbite assignée par M. Encke, qui, d'après cette coïncidence, établit que la longueur de sa période est de 1204 jours à peu près. Cette comète est très petite, d'une lumière faible, et invisible à l'œil nu, excepté lorsqu'elle se trouve sous des circonstances très favorables, et dans certaines positions particulières. Elle n'a pas de queue, et fait sa révolution dans une ellipse extrêmement excentrique, inclinée d'un angle de 13° 22' par rapport au plan de l'écliptique; elle éprouve souvent des perturbations considérables, par suite de l'attraction des planètes (Mary Somerville, De la connexion des sciences physiques, 1857 - books.google.fr).

 

Olbers a remarqué que la comète d'Encke avoit une queue sensible dans son apparition de 1805, tandis qu'il ne lui en a vu aucune en 1795, 1825 et 1828 (Journal des savants, Académie des inscriptions & belles-lettres (France), Institut de France, 1831 - books.google.fr).

 

Tous les 55 ans, la comète d'Encke passe à son périhélie à la même époque de l'année, et son passage de 1904 ne fait que répéter les apparitions favorables de 1805, 1858 et 1871. Ces années-là, on a pu suivre la comète à l'œil nu, ce qui fait espérer les mêmes conditions pour cette année (L'Année scientifique et industrielle, 1905 - books.google.fr).

 

La comète périodique d'Encke, calculée par M. Backlund a été retrouvée le 31 octobre 1894 ou le 1er novembre par MM. Perrotin, M. Wolf (photographiquement) et Curelli (La nature: revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, Partie 1, 1896 - books.google.fr).

 

Une comète à courte période a été découverte par Hervé Faye, l'année dernière (22 nov. 1843), à l'Observatoire de Paris. Son orbite elliptique se rapproche plus de la forme circulaire que celle d'aucune autre comète connue; elle est comprise entre l'orbite de Mars et l'orbite de Saturne. Sa période est de sept ans et demi.

 

Il convient de remarquer, en outre, que l'apparition actuelle (1910) de la comète de Faye est la plus favorable et la plus brillante qu'on ait observée depuis sa découverte. Théoriquement, la comète devait être aujourd'hui plus brillante d'environ trois magnitudes que lors du retour de 1895-1896, ce qui explique son éclat relativement considérable (Alexander von Humboldt, Cosmos, Tome 1, 1846 - books.google.fr, Le Cosmos: Revue des sciences et de leurs applications, Volume 63, 1910 - books.google.fr).

 

Le dessèchement des marais Pontins, en rendant à l'agriculture de vastes terrains, contribuera à la salubrité de l'air et à l'accroissement de la population de cette partie de l'Etat romain. Le commerce a besoin, pour prospérer, d'être dégagé de toutes les entraves de la fiscalité et de ce système destructeur de gêne et de prohibitions; il veut être libre comme l'air; Votre Sainteté a proclamé hautement la liberté du commerce (Paul Grenet, Grand catéchisme de la persévérance chrétienne, ou Explication philosophique, apologétique, historique de la religion, 1895 - books.google.fr).

 

Situés au sud de Rome, les marais Pontins ont de tout temps été victimes du paludisme. Dans la Rome antique, Jules César avait voulu détourner le cours du Tibre pour noyer le marais sous ses eaux, mais il mourut avant de réaliser son projet. Par la suite, certains empereurs envisagèrent au contraire l'assèchement de la zone marécageuse. Bien des siècles plus tard, Napoléon Bonaparte eut à son tour la même ambition. [...] En 1899, les autorités italiennes rassemblèrent des fonds pour assainir la région, mais ce fut finalement sous l'administration de Benito Mussolini que les 20 000 hectares de marais furent asséchés et mis en culture. Le drainage des eaux sur une région aussi vaste que les marais Pontins fut à l'origine de la construction des villes de Latina et de Terracina (Frédéric Darriet, Des moustiques et des hommes: Chronique d’une pullulation annoncée, 2017 - books.google.fr).

 

Le duc de Cornouailles 1895 : le futur Edouard VII, prince de Galles et l'Allemagne

 

Le titre de duc de Cornouailles appartient toujours au fils le plus âgé du souverain. Le titre fut créé pour Édouard, le prince noir, le fils aîné d'Édouard III en 1337. Lorsqu'Édouard décéda avant son père, le titre fut recréé pour son fils, le futur Richard II. Par une charte de 1421, le titre passe au fils et héritier le plus âgé du souverain. Si le fils le plus âgé du souverain meurt, son fils aîné n'hérite pas du titre. Cependant, si le fils le plus âgé du souverain meurt sans descendance légitime, son frère le plus âgé reçoit le titre. Ces principes font que le titre de duc de Cornouailles ne peut passer qu'à un fils du souverain étant également héritier apparent au trône d'Angleterre (i.e. dont la place dans l'ordre de succession ne peut être modifiée par aucune naissance). Le duc de Cornouailles se voit en général également accorder le titre de prince de Galles, mais contrairement à son titre ducal, celui-ci ne lui est pas donné de façon automatique mais par des lettres patentes décernées par le monarque, souvent accompagnées d'une cérémonie ad hoc tenue selon le bon vouloir du souverain (fr.wikipedia.org - Duc de Cornouailles).

 

En 1889 encore, lorsque meurt le vieil empereur Guillaume, le voici à Berlin qui indispose tout le monde en insinuant que le nouvel empereur pourrait, au moment de monter sur le trône, faire le geste de rendre l'Alsace à la France. Démarche bien juvénile de la part d'un homme qui touche à la cinquantaine : mais elle n'en est que plus significative dans sa naïveté. N'oublions pas cependant qu'à cette date sa mère s'obstine encore à le traiter en enfant. C'est seulement en 1886 — il a quarante-cinq ans que de sa propre initiative, lord Rosebery, ministre des affaires étrangères, lui communique les dépêches diplomatiques reçues par son département ; et lord Salisbury, qui succède bientôt à lord Rosebery, n'est pas tout de suite aussi libéral. C'est seulement en 1892 - il a cinquante et un ans - que Gladstone lui communique ses rapports sur les délibérations des conseils de cabinet; encore la reine met-elle à cette faveur certaines conditions restrictives. Bref, c'est aux environs de 1890 qu'il lui est, pour la première fois, accordé - dans d'étroites limites - quelque chose des privilèges d'un prince. Il n'avait fait, jusque là, que des efforts malheureux pour jouer à l'homme d'État, sans en avoir le droit ni le pouvoir. Comment va-t-il user de ses droits, désormais légèrement accrus ? Guillaume II est sur le trône; et leurs relations d'abord sont mauvaises. Le jeune empereur ne pardonne pas à son oncle, qu'il affecte de mépriser, la manière dont après la mort de son grand-père il a soulevé la question d'Alsace. On les force à se réconcilier; mais en 1895, dans l'île de Wight, l'arrogance du jeune empereur allemand exaspère le prince dont il est l'hôte. Ils se brouillent; et, pendant quelques années Guillaume cesse de venir à Cowes sur son yacht, il cesse de visiter l'Angleterre. Combien il est tentant d'expliquer ainsi la recrudescence des sentiments anti-allemands du prince de Galles, et, sous son influence, de la Cour d'Angleterre, et du gouvernement anglais ! Mais c'est écrire l'histoire à la manière de Dumas père : la réalité est tout autre. N'oublions pas que, vers cette date, le confident politique, le grand ami du prince de Galles, c'est lord Rosebery, un germanophile avéré, qui, une fois déjà, en 1885, a engagé le prince à ébaucher, lors de ses visites à Berlin, un rapprochement diplomatique dès deux nations. Lord Salisbury est favorable à ce rapprochement, lui aussi : il vient à Cowes, en 1895, pour suggérer à l'empereur une action commune en Turquie, une sorte de partage de la Turquie entre l'Angleterre et les puissances de la Triple-Alliance. Guillaume refuse sans courtoisie. Il a d'autres projets en tête qui sont antibritanniques. Six mois il lance son télégramme au président Kriiger, qui semble presque annoncer une déclaration de guerre à l'Angleterre. Et voilà pourquoi il cesse de venir à Cowes. Il y a brouille entre l'oncle et le neveu parce qu'il y a brouille entre Downing Street et la Wilhelmstrasse. Sir Sidney Lee écrit judicieusement : «Les périodes où les relations furent tendues entre lui et son neveu suivirent celles où elles furent tendues entre les deux pays : elles ne les précédèrent pas». [...]

 

A partir de 1898, le gouvernement anglais, cédant à l'impulsion que lui imprime Chamberlain, appuyé par l'opinion publique, adopte une attitude agressivement antiallemande. Nous sommes loin de considérer que la politique française, ou pour parler plus exactement la politique franco-russe, ait été de nature à rendre facile pour le Foreign Office l'adoption d'une autre politique. Il y eut cependant en Angleterre un certain nombre d'hommes d'État qui firent l'impossible pour apaiser une querelle susceptible de conduire à la guerre (E. Halévy, La politique du roi Edouard, Sciences politiques, Volume 51, 1928 - books.google.fr).

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