L’opposition au règne de Louis-Philippe

L’opposition au règne de Louis-Philippe

 

V, 2

 

1853-1854

 

Sept conjurés au banquet feront luire,

Contre les trois le feu hors de navire,

L’un les deux classes au grand fera conduire,

Quand par le mail. Denier au front luy tire.

 

Le dernier vers dĂ©crit - Ă  moins qu’il ne s’agisse d’un accident au jeu du mail, ancĂŞtre du croquet - l’attentat de Fieschi contre Louis-Philippe le 28 juillet 1835. La « machina Â», sorte de mitrailleuse, est installĂ©e sur le trajet que devait suivre le roi, de la Madeleine Ă  la Nation, au troisième Ă©tage du 50 boulevard du Temple, « qui avec sa large chaussĂ©e, ses deux contre-allĂ©es plantĂ©es d’arbres, ressemblait alors Ă  un mail de province [1] ». « Une balle passe sur le front du roi, oĂą elle laisse une lĂ©gère Ă©raflure, mais le roi et ses fils sortent miraculeusement indemnes de l’attentat alors qu’autour d’eux c’est un carnage [2] Â».

Le terme « Denier Â» peut s’expliquer par le sens qu’il a en langue classique : somme d’argent. En effet comme l’écrit AndrĂ© Castelot, Fieschi « avait tuĂ© non par idĂ©al rĂ©publicain mais pour 49 francs cinquante et pour quelques kilos de lentilles et de pruneaux [3] ».

Cela interprĂ©tĂ© et restant dans le contexte de la monarchie de juillet, immĂ©diatement « banquet Â» fait penser Ă  la campagne des banquets initiĂ©e dès juin 1840 par la gauche dynastique et les radicaux pour l’abaissement du cens. En 1847, elle fut renouvelĂ©e en faveur de la rĂ©forme. Pour la clĂ´turer, une manifestation interdite eut quand mĂŞme lieu le 22 fĂ©vrier. Le lendemain, le gouvernement mobilisa la garde nationale, composĂ©e de bourgeois parisiens, qui manifesta son adhĂ©sion Ă  la rĂ©forme voulue parla gauche. Le roi, effrayĂ©, se croyant abandonnĂ© par la bourgeoisie, demanda la dĂ©mission de Guizot, remplacĂ© par MolĂ©, ancien ministre de la marine de Louis XVIII (« classes Â» : flottes maritimes ?). La population manifesta sa joie et une rixe Ă©clata avec un poste de garde qui tira sur la foule. La rĂ©volution commençait.

Ce quatrain résumerait ainsi toute l’opposition au régime de Louis-Philippe qui conduisit à son renversement et à l’établissement du Second Empire en 1852.

 



[1] André Castelot, Historia n° 171, p. 153

[2] Guy Antonetti, « Louis-Philippe Â», Fayard, 1994, p. 744

[3] André Castelot, Historia n° 171, p. 150

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