Kulturkampf

Kulturkampf

 

V, 43

 

1883-1884

 

La grande ruine des sacrez ne s'esloigne,

Provence, Naples, Sicille, Seez & Ponce :

En Germanie, au Rhin & la Cologne,

Vexez Ă  mort par ceux de Magonce.

 

Naissances des Guelfes et des Gibelins

 

"Ponce" et "Seez" permettraient de situer le quatrain vers 1120 : Serlon, évêque de Séez en Normandie, meurt en 1122 et Pons, abbé de Cluny démissionnaire, en 1125 (Jacques Longueval, Histoire De L'Eglise Gallicane Depuis l'an 1086 jusqu'à l'an 1137, Volume 8, 1734 - books.google.fr).

 

La mort de l'empereur Henri V en 1125, et l'extinction de la maison de Franconie, qui avoient dĂ©terminĂ© des Ă©vĂ©nemens importans dans la partie de la France soumise aux Anglais, ou dans la France occidentale, devoient Ă  plus fortè raison produire des changemens dans la France orientale, qui faisoit partie de l'empire germanique. Adalbert, archevĂŞque de Mayence, après avoir assistĂ© aux obsèques de Henri VĂ  Spire, avoit convoquĂ©, pour la fĂŞte de Saint-BarthĂ©lemi de l'an 1125, la diète d'Ă©lection Ă  Mayence. Après un siècle de succession hĂ©rĂ©ditaire Ă  l'empire, les princes allemands rentroient, par l'extinction de la famille de Franconie, dans la totalitĂ© de leurs droits d'Ă©lection. Quatre prĂ©tendans se prĂ©sentoient : FrĂ©dĂ©ric de Hohenstauffen, duc de Souabe; LĂ©opold, marquis d'Autriche; Lothaire, duc de Saxe, et Charles-le-Bon, comte de Flandre, qui relevoit de l'empire pour une partie de ses Ă©tats. Le premier sembloit rĂ©unir le plus de suffrages; mais il Ă©toit neveu du dernier empereur : il avoit eu beaucoup de part Ă  ses conseils; aussi la haine de l'archevĂŞque de Mayence et du clergĂ© pour la maison de Franconie s'Ă©tendit Ă  celle de Hohenstauffen, et l'emporta sur la bonne volontĂ© des sĂ©culiers. Lothaire de Saxe fut Ă©lu; il fut couronnĂ© Ă  Aix-la-Chapelle, le 13 septembre 1125, avec un consentement presque universel, sous le nom de Lothaire II. Suger, abbĂ© de Saint-Denis, assista Ă  cette Ă©lection; mais on n'a aucune preuve qu'il y fĂ»t envoyĂ© par le roi de France, moins encore qu'il y exerçât quelque influence. La France cependant auroit pu avoir des motifs pour Ă©carter du trĂ´ne impĂ©rial FrĂ©dĂ©ric de Hohenstauffen, qui, au duchĂ© de Souabe, joignoit celui d'Alsace, et qui par consĂ©quent Ă©toit en mĂŞme temps le plus prochain et le plus dangereux des deux rivaux Ă  l'Empire. Leur rĂ©conciliation n'avoit Ă©tĂ© que momentanĂ©e. Lothaire, qui vint cĂ©lĂ©brer Ă  Strasbourg les fĂŞtes de NoĂ«l, y proclama FrĂ©dĂ©ric ennemi de l'Empire, et au printemps de 1126 il vint l'attaquer en Alsace. Ainsi commença, sur le sol de la France actuelle, la rivalitĂ© des deux maisons de Souabe et de Saxe. Les fauteurs de l'une, se ralliant au parti dejĂ  existant de l'autoritĂ© civile, et proclamant son indĂ©pendance de l'Église, prirent, vers le mĂŞme temps, le nom de parti Gibelin, du nom d'un château d'oĂą la maison de Franconie Ă©toit sortie; ceux de l'autre prirent le nom de parti Guelfe, du nom de plusieurs des chefs de la maison de Saxe. Ces noms acquirent ensuite en Allemagne, et plus encore en Italie, une fatale cĂ©lĂ©britĂ© (Jean-Charles-LĂ©onard Sismondi, Histoire des Français, Tome 12, 1823 - books.google.fr).

 

Frédéric II, petit-fils de Frédéric Barberousse, marque l'apogée de cette lutte. Il était d'abord roi de Sicile (fr.wikipedia.org - Frédéric II (empereur du Saint-Empire)).

 

Provence

 

Le conflit entre gibelins et guelfes atteint aussi la Provence, comme à Grasse où parmi les partisans de l'empereur on compte les Esclapon et les Sicard au XIIe siècle (Élisée Reclus, Les Villes d'hiver de la Méditerranée et les Alpes maritimes: Itinéraire descriptif et historique - Hyères, Cannes, Nice, Monaco, Menton, Sanremo, 2015 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LP EV

 

Lotharius primus :

 

Cet empereur était Lothaire Ier de Saxe. A la mort de Henri V, les princes et les seigneurs ecclésiastiques et laïques s'étaient réunis en assemblée électorale dans une grande plaine entre Mayence et Worms; soixante mille personnes avaient le droit d'élection. Quatre peuples étaient représentés dans cette assemblée : les Bavarois, les Souabes, les Francs et les Saxons. Adalbert, archevêque de Mayence, présidait aux chevaliers de l'empire (Joseph Chantrel, Histoire populaire des papes, Tome 3, 1866 - books.google.fr, Edme Mentelle, Cours de Cosmographie, de Géographie, de Chronologie et d'Histoire ancienne et Moderne, Tome 4, 1800 - books.google.fr).

 

EV : egregius vir

 

Lotharius Saxo "egregius princeps" (Acta eruditorum Lipsiensia, anno 1682 Ă  1776, 1737 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1884 sur la date pivot 1125 donne 366.

 

Flavius Claudius Julianus (331 ou 332-26 juin 363), Julien II, nommé Julien l'Apostat par la tradition chrétienne, également appelé Julien le Philosophe, est nommé César en Gaule de 355 à 361 par Constance II, puis proclamé empereur romain à part entière de 361 à 363. Vingt mois de règne laissent la place à une postérité remarquable, ses actes et ses œuvres inlassablement commentés et bien plus souvent honnis et vilipendés que loués. Julien doit son surnom d'apostat à sa volonté de rétablir le polythéisme dans l'Empire romain, alors qu'il avait été élevé dans la religion chrétienne (plus précisément dans l'arianisme, sous la direction des évêques Eusèbe de Nicomédie, puis Georges de Cappadoce). Il a produit des écrits critiques contre le christianisme qui, avec le Discours véritable de Celse, sont un précieux témoignage de l'opposition païenne au christianisme (fr.wikipedia.org - Julien (empereur romain)).

 

Bismarck

 

Le Kulturkampf, ou «combat pour la civilisation», est une politique religieuse menée par le chancelier de l'Empire allemand, Otto von Bismarck, destinée à rompre les liens entre Rome et l’Église catholique d'Allemagne et à placer celle-ci, perçue comme une menace à l'unité nationale, sous la tutelle de l'État. Entamée en 1871, dans une période d'instabilité pour l'Eglise catholique, et conduite jusqu'en 1878, elle est définitivement abandonnée en 1887. A peine deux mois après le Concile Vatican I, qui instaure l'infaillibilité pontificale à laquelle le clergé allemand est majoritairement opposé, le 20 septembre 1870, le pape Pie IX perd au profit du roi d’Italie Victor-Emmanuel II le contrôle temporel qu’il avait sur Rome depuis plusieurs siècles. Le choc culturel que représente la prise de Rome vient surtout de la crise spirituelle qu’elle va entraîner chez nombre de catholiques européens (fr.wikipedia.org - Kulturkampf, Gustave Bazin, L'Allemagne catholique au XIXe siècle, Windthorst, ses alliés et ses adversaires, Tome 2, 1896 - books.google.fr).

 

Magonce : Mayence (Mainz)

 

Le nom de la ville de Mayence a variĂ© au cours du temps : de Mogontia sous l'occupation romaine, en passant par Magonce etc. (Charles R. Haller, Across the Atlantic and Beyond, The Migration of German and Swiss Immigrants to America, 1993 - books.google.fr).

 

Les mesures dirigées contre l’Église, les prêtres et leur influence contribuent également à souder les catholiques entre eux. Les catholiques lorrains, alsaciens et polonais qui cherchent à s'affranchir de la tutelle allemande et les catholiques bavarois et de la région de Cologne qui se méfient du monopole de la Prusse sur l’Empire allemand, font preuve d'unité et résistent. Rassemblés au sein d’un parti politique, le Zentrum, les catholiques acquièrent un poids politique considérable qui rend leur soutien indispensable.

 

Le principal leader des catholiques allemands est Wilhelm von Ketteler, Ă©vĂŞque de Mayence, qui s’intĂ©resse beaucoup aux questions sociales. Il publie, en 1865, Les Travailleurs et la chrĂ©tientĂ© (Die Arbeiter und das Christentum) et fait adopter, en 1869, par l'AssemblĂ©e des Ă©vĂŞques allemands, qui se tient tous les ans Ă  Fulda, le programme social du catholicisme allemand : hausse des salaires, limitation du temps de travail, introduction et respect des jours de repos, limitation du travail des enfants, des jeunes filles et des mères. Ainsi, les catholiques allemands s'opposent au socialisme Ă©tatiste puisqu'ils dĂ©fendent la propriĂ©tĂ© privĂ©e mais refusent le libĂ©ralisme individualiste. Le parti penche pour le fĂ©dĂ©ralisme et pour un rapprochement avec l'Autriche-Hongrie catholique (fr.wikipedia.org - Kulturkampf).

 

"vexez Ă  mort"

 

Paul von Hoensbroech (1852-1923), petit-cousin de l'évêque de Mayence von Ketteler, ancien jésuite, converti au protestantisme, écrira :

 

Der „Kulturkampf“, der geschichtlich anrĂĽchige Kulturkampf ist tot, es lebe der Kulturkampf ! (Graf von Hoensbroech, Zum Abschied, Deutschland: Monatsschrift fĂĽr die Gesamte Kultur, Volume 9, 1906 - books.google.fr, de.wikipedia.org - Paul Graf von Hoensbroech).

 

nostradamus-centuries@laposte.net