Chypre passe
sous le protectorat de la Grande Bretagne V, 35 1877-1878 Par cité
franche de la grand mer Seline, Qui porte
encores à l’estomach la pierre : Angloise classe
viendra soubs la bruine Un rameau prendre du grand ouverte guerre. "seline" La cité grecque de Selinus est fondée en -628 sur les berges du Kestros (aujourd'hui le Hacimusa). Passée en -197 sous la domination romaine, l'empereur Trajan y meurt lors d'un voyage en 117. Son corps est ramené à Rome par son successeur Hadrien et la ville renommée un temps Trajanopolis. En 1225, elle est conquise par les seldjoukides de Kay Qubadh Ier et appelée Selinti. Contrôlée ensuite par les Karamanides, elle est conquise par le général ottoman Gedik Ahmed Pacha en 1472 (fr.wikipedia.org - Gazipasa). Pour Sélinus, Ptolémée parle de Sélinonte de Cilicie, liv. v, ch. 8. Cette ville était à deux cent dix stades au nord-ouest d'Antioche, selon Dion Cassius (liv. LXVIII, c. 33), et à vingt-cinq milles géographiques de la pointe la plus voisine de Cypre. Selon Scylax, c'était la ville la plus occidentale de la Cilicie. La Chroniq. Pasc. (p. 253) la place dans la Séleucie, ce qui veut dire simplement qu'à cette époque Séleucie d'isaurie était la ville principale des environs, et que Sélinonte était comprise dans son district. Sélinonte porta au second siècle le nom de Trajanopolis, que lui donna Adrien. Trajan y mourut; et c'est là qu'eut lieu la comédie en vertu de laquelle Adrien parvint à l'empire (Pline, Histoire naturelle, C.L.F. Panckouke, 1829 - archive.org). La Cilicie, un des royaumes antiques d'Anatolie, apparaît dans l'histoire sous la dénomination de «Khilakkou» dans les sources assyriennes et égyptiennes. Alexandre le Grand conquiert la Cilicie sur Darius en 333 av. J.-C. après la bataille d'Issos ; à sa mort, elle échoit au Royaume séleucide avant d'être partagée entre le royaume de «Cilicie trachée» à l'ouest : la «Cilicie âpre», avec la capitale à Korakesion, l'actuelle Alanya) et le royaume d'Arménie (sous Tigrane II) à l'est. Dans cette description de Strabon, la Cilicie trachée comprend les actuels districts d’Alanya et de Gazipasa dans l’actuelle province d’Antalya et l’Içel dans l'actuelle province de Mersin, moins les districts d’Anamur et de Bozyazi si l’on considère que la limite ouest de la Cilicie est Aydincik. En 1071, l’Empire byzantin perd l’Anatolie où se forme le Sultanat seldjoukide de Roum («des Romains» en turc, c'est-à -dire «des Byzantins»), mais la Cilicie, où s’émancipent de plus en plus les seigneuries locales arméniennes, reste dans le giron byzantin. Vers 1070, l’Arménien Philaretos Brakhamios domine une principauté, vassale de l’empire, qui englobe la Cilicie, Antioche et Édesse. Son émancipation aboutit en 1198 à la création en Cilicie d’un royaume arménien. Le dernier roi arménien, Léon VI, est capturé dans sa capitale de Sis en 1375, et emmené prisonnier au Caire. Il dicte son récit et celui de son royaume au moine Jean Dardel. Le titre de «roi de Cilicie» passe alors à la famille des Lusignan, régnant sur Chypre (fr.wikipedia.org - Cilicie). Mer de Cilicie, et quelquefois Mer de Cypre, entre la Cilicie et l'île de Cypre. Grande Mer, vers les côtes de la Syrie [Mer de Syrie], de la Phénicie et de la Palestine (Emmanuel Soudan, Abrégé de géographie ancienne et historique, 1841 - books.google.fr). Bruine : Ca 1130 broïne «brume, brouillard épais» (Couronnement Louis, 2303 dans T.-L.); 1180-1200 brüine (Aliscans, 21, ibid.); 1538 «pluie fine et froide résultant de la condensation du brouillard» (Est.) (www.cnrtl.fr). Un des noms de Chypre est Aëria, brouillard chez les Etoliens qui appellaient l'île ainsi selon Hésiode. Le nom du fondateur mythique du temple d'Aphrodite à Paphos est 'Aerias, latin Aërias (auctor Aërias, Tacite, Annales III, 62 et regem Aëriam, Tacite, Histoires II, 3). Le nom se rapproche de l'épiclèse d'Aphrodite Aëria (Pirenne-Delforge 1994, 330-333). On a donc un Aëria à la fois nom de l'île et de sa déesse principale tout comme dans le cas du nom Kúpros. Plusieurs interprétations de l'épiclèse ont été proposées : celle par le grec aerios, évoquant l'île de Chypre «enveloppée des brouillards du matin» (selon Hésiode) soulève des doutes à propos du sens (Markus Egetmeyer, Le dialecte grec ancien de Chypre: Tome I: Grammaire. Tome II: Répertoire des inscriptions en syllabaire chypro-grec, 2010 - books.google.fr). Le royaume franc de Chypre Les Anglais avec Richard Coeur de Lion permirent en 1191 au franc Guy de Lusignan de s'installer à Chypre. Pour la troisième croisade, les Anglo-Aquitains avaient décidé de venir par mer ("Voile"). Au cours de la troisième croisade, Richard Cœur de Lion, dérouté par une tempête, aborda Chypre, où Isaac Comnène réquisitionna l'une de ses nefs en paiement de droits d'escale. Richard fit débarquer son armée et battit sans difficulté Isaac Comnène, puis occupa rapidement l'île (fin mars 1191). Ne sachant trop quoi faire de sa conquête, Richard la vendit à l'ordre du Temple, qui réprima durement l'insurrection mais rendit l'île à Richard, qui dut lui restituer leur argent (plus un paiement pour la répression contre les Grecs). Finalement Richard revendit l'île à Guy de Lusignan, qui avait été chassé du royaume de Jérusalem par ses propres barons. Le royaume franc (ou latin) de Chypre est l'État latin d'Orient le plus récent quant à sa création, et celui qui subsista le plus longtemps (de 1192 à 1489), grâce à sa situation insulaire. Le qualificatif de « franc » vient du nom donné en Orient, aussi bien par les Romains que par les Turcs et les Arabes, aux Occidentaux en général (en référence à l'Empire franc de Charlemagne). L'adjectif «latin» fait référence à la langue liturgique de l'Église catholique à laquelle appartenaient les Francs (fr.wikipedia.org - Royaume de Chypre). L'issue malheureuse de la bataille de Hattin, la captivité et un extérieur peu imposant avait fait perdre tout prestige à Guy de Lusignan, et Conrad de Montferrat tout couvert encore de la gloire acquise pendant la défense de Tyr, le dernier boulevard du royaume, se posait ouvertement en prétendant et en rival. Ce n'est point ici le lieu de raconter en détail les péripéties de cette querelle; un seul point nous y intéresse, c'est le rôle joué dans ces circonstances par les Génois et les Pisans. Les Génois prirent parti pour le marquis de Montferrat; le roi Philippe-Auguste l'appuyait; ce motif suffisait pour eux. Les Pisans, au contraire, se prononcèrent en faveur de Guy de Lusignan. Ils avaient des relations particulièrement intimes avec Richard Cœur-de-Lion et ce prince semble les avoir fortement incités à adopter cette ligne de conduite. Cette situation devait amener un éclat; au mois de février 1192, les deux nations étaient en guerre ouverte. Les Pisans d'Acre avaient eu vent d'une conspiration ourdie par les Génois pour livrer la place à Conrad de Montferrat; ils coururent aux armes, attaquèrent et culbutèrent les Génois et leurs alliés les Français; quand le marquis arriva, comptant surprendre la ville, il la trouva sur la défensive. Après trois jours d'inutiles assauts il dut se replier sur Tyr avec les Français. Richard Cœur-de-Lion, appelé à l'aide par les Pisans, arriva après la retraite de Conrad; le 21 février, il ménagea un rapprochement entre les Pisans et les Génois. La mort de Conrad étant survenue sur ces entrefaites (28 avril 1192), les Pisans restèrent les fidèles adhérents de Guy de Lusignan, et l'invitèrent à s'unir à eux pour reprendre Tyr. Mais ils avaient compté sans les barons de Syrie qui offrirent la couronne à Henri, comte de Champagne, avec le consentement de Richard Cœur-de-Lion, son oncle. Guy de Lusignan dut se contenter de régner en Chypre (Wilhelm von Heyd, Histoire du commerce du Levant au moyen-âge. Éd. fr., refondue et augmentée par l'auteur, 1885 - books.google.fr). En 1188 et en 1198, Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion étaient en guerre ouverte. Entre les deux dates, il y eut la croisade (Jean-Baptiste Frion, Nouveau précis statistique sur le canton de Chaumont, 1859 - books.google.fr). Rameau Le père Etienne de Lusignan de Chypre publia en 1586 une généalogie des Lusignans. Selon lui, huit rameaux étaient issus du tronc des Lusignan; parmi eux, les barons de La Rochefoucauld. L'auteur est lui-même de la famille : il se nomme Jacques de Lusignan, de la branche des princes de Galilée, en religion le Père Étienne de Lusignan ou de Chypre, de l'ordre de Frères Prêcheurs, évêque titulaire de Limisso, né à Nicosie en 1537, mort à Paris en (ou vers) 1590. Le frontispice, tout à fait dans l'esprit de l'ouvrage, représente Mélusine, qualifiée de «chef des Lusignans, Luxembourg et autres», issant de son baquet, la queue droite, bifide et en vrille, et tenant deux écus aux armes, l'un des «Luxembourg, empereurs, roys de Bohème et Hongrie», l'autre des «Lusignans, rois de Jérusalem, Cipre et Arménie». Étienne de Lusignan, qui reprend dans son livre certaines parties d'un travail antérieur, en les développant longuement, décrit à loisir les principales branches issues de l'antique tronc de Lusignan et les rameaux secondaires ; il les groupe dans l'ordre (supposé) de la descendance ; il ajoute un chapitre sur «les maisons qui se vantent estre sorties des Lusignans» sans certitude ; enfin, il blasonne les armes des branches cadettes en marquant bien les brisures dont les unes et les autres ont affecté l'écu primitif burelé d'argent et d'azur. Il fait aussi allusion, d'après Conrad Vicerius, au cimier commun des familles issues des Lusignan (J. Marchand, Le cimier à la Mélusine des Lusignan. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1943-1944, 1948 - www.persee.fr). Après avoir mentionné qu'un membre de la famille de Lusignan, ayant prouvé son ascendance, a été fait membre de l'ordre du Saint Esprit en 580 (1580), César de Nostredame, fils de Nostradamus, glose sur les généalogies : troncs, branches, rameaux, rejetons. Il s'agit de Louis de St-Gelais-Lusignan, Sgr de Lansac, baron de la Mothe-Saint-Héraye, chevalier du St-Esprit (1580), décédé en 1589 (César Nostradamus, L'histoire et chronique de Prouence de Caesar de Nostradamus gentilhomme prouencal, 1614 - books.google.fr, J.-X. Carré de Busserolles, Armorial général de la Touraine, Mémoires de la Société archéologique de Touraine, Volume 19, 1867 - books.google.fr). Ces animaux (lamas) se rencontrent par troupes dans les montagnes du Pérou ; mais outre que leur laine est tres-profitable, on trouve encore dans leur estomach la pierre de Bezoar, autrefois si estimée chez les peuples de l'Europe (Alexandre Olivier Exquemelin, Histoire des avanturiers qui se sont signalez dans les Indes, contenant ce qu'ils ont fait de plus remarquable depuis vingt années, traduit par de Fromentières, 1688 - books.google.fr). L'aegagre, ou «cri-cri», est encore appelée chèvre à bézoard parce qu'on trouve parfois dans son estomac une concrétion de poils et de substances organiques nommée «bézoard», et que la médecine populaire tenait pour une panacée. (Jacques-Yves Cousteau, Yves Paccalet, A la recherche de l'Atlantide, 1981 - books.google.fr). Dans la Géorgie, le Daghestan, la Perse, le Belouchistan, les îles de archipel grec et même en Crète et à Chypre, on trouve encore à l'état saurage la chèvre aegagre ou bézoard, mais elle n'a aucune importance au point le vue zootechnique (Bulletin mensuel des renseignements agricoles et des maladies des plantes, Volume 12, 1921 - books.google.fr). «AEgagre fantastique» : c'est exactement le même animal que le catalogue appelle «antilope» (n° 4), «bouquetin» (n° 2); et un animal bel et bien réel, qui existe encore aujourd'hui, à Chypre par exemple, dans le mont Troodos (Bibliographie, Catalogue des monnaies grecques de la Bibliothèque nationale, Revue des études anciennes, Volume 2, 1967 - books.google.fr). L'égagre (Capra aegagrus aegagrus aegagrus) se rencontre sur les versants sud du Taurus lycien, du Taurus cilicien et de l'Anti-Taurus, principalement dans la zone comprise entre les deux premières chaînes tout autour d'Adalia où la bête vit entre 600 et 3400 m d'altitude : monts près de Makri, Ak Dagh et Mousa Dagh, au sud d'Elmali, Geïk Dagh, Kara Yilan Dagh, Susuz Dagh pendant la belle saison, Tchakillidja, Tachatan, Utchan Sou, vallées de Badem Agadji pendant l'hiver. Il faut aussi citer Maimoum Dagh dans le Taurus lycien, Boulghar Dagh dans le Taurus cilicien, Ala Dagh dans l'Anti-Taurus, ainsi qu'en Cilicie les monts près de Marach et ceux qui bordent la plaine de Tchoukourova. Un excellent refuge pour les grands mâles dans le Taurus est le Metdesis, ainsi que la vallée boisée de Schimschirlik. Toute la partie orientale de l'Anatolie est encore peuplée : chaîne Pontique, régions de Gumuch-Khaneh et de Maçka, montagnes autour de Sivas, de Khozat et de Kharpout, Arménie turque (surtout monts près d'Erzeroum), zone à l'ouest du mont Ararat, Kourdistan (tout le long de la frontière perse). Le gouvernement turc a prohibé la chasse en Anatolie depuis 1955. Mais, dans la plupart des massifs isolés et éloignés de toute agglomération, la surveillance est illusoire. Les populations d'égagres s'amenuisent du fait du perfectionnement des armes et de la pénétration de plus en plus profonde des indigènes dans les lieux les plus reculés. Seules les difficultés de la chasse, les marches d'approche très longues, les campements compliqués à installe, le terrain dangereux freinent la diminution d'un animal voué tôt ou tard à l'extinction (Marcel A.J. Couturier, Statut actuel des représentants du genre capra dans le bassin méditerranéen, Bulletin de la Société nationale d'acclimatation de France, Volumes 106 à 107, 1959 - books.google.fr). CILICE ("kilikion", cilicium), étoffe de poils de chèvre ou de bouc dont se servaient les habitants de la Cilicie. Les moines portaient un vêtement d'étoffe grossière, rude et de couleur sombre que, par analogie. On appelait cilice. Ce mot désigne aujourd'hui une large ceinture faite en poils de chèvre ou en crins de cheval que l'on met sur la peau par mortification. C'est à tort que l'on invoque, pour justifier cet usage, l'exemple de saint Paul (1 Cor. IX, 27) (Encyclopédie des sciences religieuses, Tome 3, 1878 - books.google.fr). De même que celle du mouton, l'histoire de la chèvre se confond en grande partie avec celle de sa toison. Le pelage de la chèvre est composé de deux sortes de poils : les uns, extérieurs, longs, droits et roides, servent à faire des étoffes grossières; les autres, cachés sous les premiers, sont laineux, d'une mollesse extrême et servent à la fabrication des plus fins tissus. Dans l'antiquité, c'est en Cilicie, province d'Asie-Mineure, dont Tarse, la voluptueuse capitale, avait pris pour dieu tutélaire Sardanapale, que cette industrie semble avoir été surtout pratiquée. Aristote raconte qu'on y tondait les boucs et les chèvres comme ailleurs les béliers et les brebis et qu'avec leurs poils on confectionnait des étoffes grossières, mais solides pour les classes pauvres. Virgile répète, après Aristote, que ces étoffes étaient abandonnées aux gens du peuple, aux matelots qui en faisaient des habits, des tentes et des voiles de navires. Leur couleur était sombre et souvent même noire. Tarse avait une école célèbre où chaque enfant, outre les traditions religieuses, apprenait un art manuel, quels que fussent son rang et sa fortune. On se proposait ainsi d'honorer le travail. Saul, qui devint plus tard saint Paul, né à Tarse, deux ans avant Jésus-Christ, fut élevé dans cette école où il apprit à tresser les poils de chèvre que fournissaient les troupeaux du Taurus et à tisser de grossières couvertures pour les tentes. En lui laissant faire cet apprentissage, le père de l'apôtre pouvait-il se douter que, pendant trente années, celui qu'il formait aux nobles études tirerait de son vil métier le pain de chaque jour. Les Hébreux employaient ces tissus à faire les sacs dont ils se revêtaient quand ils se couvraient de cendres aux jours de deuil ou de calamité. L'Asie a, d'ailleurs, toujours fourni des espèces caprines très réputées en particulier celles de Sibérie, de Cachemire, de Syrie, des Monts Altaï, du Thibet, d'Angora, de l'Oural, des steppes Kirghiz, de l'Himalaya, ces dernières, habitant le versant Sud de la grande chaîne du centre de l'Asie, ayant été longtemps confondues avec les chèvres thibétaines de Lhassa (Pauline Augustine (Wagrez) Cocheris, Nos animaux domestiques dan les religions: l'histoire, les plaisirs, les lettres et les arts, 1914 - books.google.fr). Le massif du Troodos renferme de l'amiante, des émeraudes de valeur et des cristaux de roches. L'amiante se trouve en Chypre dans les montagnes serpentineuses de l'Olympe : «La pierre d'amiante, dit Dioscoride, naît en Chypre; elle est semblable à de l'alun schisteux. On en fait des voiles pour le théâtre ; jetés dans le feu, ces voiles y flambent et cependant en sortent sans être brûlés; même ils sont plus brillants qu'avant d'y être entrés.» (Albert Gaudry, Géologie de l'île de Chypre, 1862 - books.google.fr). Les fibres d'amiante peuvent léser de nombreux organes dont l'estomac (Roger Lenglet, Le livre noir de l'amiante, 2018 - books.google.fr). Famagouste Chypre,
île de la Méditerranée (« grand mer Seline » : partie de
la Méditerranée sous domination ottomane), fut un royaume franc de 1192 à 1489,
de même que Famagouste resta port « franc » jusqu’en 1571.
Le roi de Chypre Henri II (roi de 1285-1306 et 1310-1324, évincé momentanément par son frère Amaury) eut l'idée de constituer à Famagouste - le port chypriote qui regardait vers le golfe d'Alexandrette,
et qui devait entretenir des liaisons normales avec l'Aïas - une place commerçante destinée à jouer le rôle qui avait été celui d'Acre: entrepôt, port franc doté d'installations de réparation des navires, grand marché
d'échange où les différentes colonies italiennes, provençales et catalanes retrouveraient leurs quartiers. L'attribution des privilèges de Famagouste se comprend parfaitement dans la perspective
de ses relations avec l'Aïas. Cette dernière ville, d'ailleurs, ne sert pas seulement de débouché à l'Asie mongole: elle communique avec la Syrie musulmane et c'est par là que passe en particulier le coton d'Alep
(Jean Richard, La Méditerranée et ses relations avec son arrière-pays oriental (XIe-XVe siècles), Navigazioni mediterranee e connessioni continentali: secoli XI-XVI, 1982 - books.google.fr). Tout le projet d'Henri II visait à faire de Famagouste la nouvelle Acre et la nouvelle Tyr, comme le relève Etienne de Lusignan.
Aphrodite L’île de Chypre
comporta de nombreux sanctuaires dédiés à la déesse Aphrodite que de nombreuses
statues représentent une main sur le ventre[1]
(« estomach ») et à qui étaient consacrées des pierres ovales[2] en
forme de phallos dans un sanctuaire sur l’Acropole. Alors que s'amenuise dans la littérature le culte mariologique
(pour ne réapparaître qu'avec le renouveau religieux de la Contre-Réforme où seront chantées la pureté de son origine et la beauté de la Vierge), celui de Vénus bat son plein parallèlement à celui de la femme.
À titre d'exemple, dans la peinture, on la verra usurper le trône consacré à la Vierge dans les scènes de la nativité, la coquille devenant (ou redevenant) celle de la déesse de l'amour.
Dans les Amours de 1552, elle demeure explicitement ou implicitement le point fixe, le point de référence du recueil.
En effet, elle est d'abord l'incarnation de la beauté idéale et, comme telle, c'est à son personnage qu'est comparée la jeune
Cassandre, comme par exemple dans le célèbre sonnet XXXIX: «Quand au matin ma Déesse s'abille...»
(M. Bensimon, Les Amours de Ronsard et Vénus. Réflexions sur la transformation et la détérioration du mythe de Vénus au XVIème siècle, Incidences, Volume 5,Numéros 2 à 3, 1981 - books.google.fr). Premier Livre des Amours
CXCVII
Mon Dieu ! quel dueil et quelles larmes feintes,
Et quels souspirs ma Dame alloit formant,
Et quels sanglots, alors que le tourment
D'un teint de mort ses craces avoit peintes !
Croizant ses mains Ă l'estomach estreintes... CXCVIII
L'amas pleureux d'une obscure bruine
Qui de leur jour la lumière celoit. Second Livre des Amours
LIII
Quiconque voudra suivre Amour ainsy que moy,
Celuy se délibère en pénible tristesse
Mourir ainsy que moy : il pleut à la déesse
Qui tient Cypre en ses mains d'ordonner telle loy.
(Œuvres complètes de P. de Ronsard, édition Paul Laumonier, 1914 - archive.org). Barnabé Famagouste est la patrie de
saint Barnabé, l'ami de saint Paul. C'est aussi son lieu de sépulture . Lorsqu'il fut tiré de terre du temps de l'empereur Zénon, et de l'évêque de Salamine Anthémius qui était en but aux prétentions
de l'Ă©vĂŞque d'Antioche miaphysite (monophysite) Pierre le Foulon, un exemplaire de l'Ă©vangile de saint Matthieu sur son estomac "Ă©crit de sa main" sur des tablettes de bois. Et c'est dans cet Ă©vangile
que l'on trouve les paroles du Christ : "Tu es Pierre et c'est sur cette pierre que je bâtirai mon Eglise..."
(Antoine Godeau, Histoire de l'eglise, par messire Antoine Godeau, evesque & seigneur de Vence, Tome 3, 1680
- books.google.fr). La lettre de Barnabé est sans doute l'œuvre d'un seul auteur, qui a toutefois utilisé des sources dont la plus évidente est le traité des deux voies
(18-20). Ont été exploités en outre des recueils de testimonia, c'est-à -dire de passages bibliques interprétés comme prophéties du Christ et du temps chrétien. Ces textes étaient choisis et regroupés thématiquement,
souvent autour d'un mot-clé (par «pierre», «bois»), et interprétés - selon des techniques déjà en usage dans le judaïsme - par un élargissement de l'interprétation, élaborée pour l'un de ceux-ci, aux autres
textes dans lesquels le même terme apparaît. Les groupes, d'abord brefs, avaient tendance à s'élargir et ils pouvaient alors s'incorporer des citations tirées de textes non canoniques, ou même des passages
fabriqués comme testimonia. La conviction que les chrétiens, grâce à l'Esprit, seraient détenteurs de la juste compréhension des Ecritures, conduisait souvent à modifier les citations ainsi qu'à les combiner entre
elles en un texte nouveau, afin d'en expliciter la «véritable» signification. Citons comme exemple de ce procédé la série de testimonia sur le Christ comme pierre, en Barnabé 6,2-4. S'y succèdent: Es 28,16 ab
(une pierre d'angle posée dans les fondations de Sion); Es 28,16 c (qui mentionne la foi dans la pierre, montrant ainsi qu'il ne s'agit pas d'une véritable pierre et autorisant l'interprétation allégorique), où toutefois la
la phrase originelle, «qui croit en elle ne sera pas pris de court», devient «qui croit en elle vivra éternellement», avec une contamination de Gn 3,22, interprété également en référence au Christ; puis Es 50,7
(«il m'a rendu comme une pierre dure»), référé quelques lignes au-dessus à la Passion; enfin, Ps 118,22 («la pierre refusée par les constructeurs est devenue pierre d'angle»), qui reçoit une interprétation
christologique grâce au verset 24 du même psaume, cité immédiatement après comme prophétie de la Passion. En introduisant le premier texte cité, Barnabé affirme que le Christ a été placé comme pierre dure
«pour broyer». C'est une allusion à Es 8,14-15, un testimonium sur la «pierre d'achoppement» qui se trouve cité, en même temps qu'Es 28,16, en Rm 9,33 et en 1 P 2,6.8; Barnabé a donc lui aussi connaissance d'un
regroupement de testimonia qui réunissait ces deux textes d'Esaïe, bien qu'il n'en cite pas explicitement le premier. Le thème fondamental de la lettre est que les Juifs ne se sont pas montrés
dignes de la Loi reçue de Moïse, laquelle, à travers la Passion du Christ, a été transmise aux chrétiens, peuple de l'héritage (4,7-8; 14,4). Les Juifs ne l'ont donc jamais comprise; Barnabé nie qu'il ait jamais fallu
comprendre la Loi dans un sens littéral. Sa signification a toujours été spirituelle, allégorique (Barnabé n'utilise toutefois pas le terme allêgoria, mais tupos)
(Claudio Moreschini, Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Tome 1, traduit par Madeleine Rousset, 2000 - books.google.fr). L'Épître de Barnabé est une œuvre chrétienne du début du IIe siècle. Écrite en langue grecque, elle figure dans le Nouveau Testament du Codex
Sinaiticus du IVe siècle. Elle ne figure pas dans le Nouveau Testament aujourd'hui. Cette épître est traditionnellement attribuée au chef du premier voyage missionnaire que Paul de Tarse a effectué, selon les Actes des
Apôtres, parfois désigné sous le nom de «Barnabé d'Alexandrie». Barnabé est un personnage de rang quasi-apostolique lié à l'église de Jérusalem, puis à celle d'Antioche, qui outre l'évangélisation des territoires
mentionnés dans les Actes des Apôtres, pourrait avoir évangélisé Alexandrie et l'Égypte avec son cousin Marc à qui est attribué l'évangile qui porte son nom
(fr.wikipedia.org - Epître de Barnabé). Saint Barnabé montre dans l'épître qui lui est attribuée comment la passion de Jésus-Christ avoit été prédite par les prophètes, comment il est la pierre mystérieuse dont ils avoient parlé. Qu'il étoit figuré par la
terre promise, découlant le lait et le miel, en ce que, par la génération, il nous ramène à une sainte enfance. Or, dit-il, on fait vivre les enfants premièrement avec le miel, et ensuite avec le lait. C'étoit en effet la
coutume des anciens de nourrir d'abord les enfants de miel et de lait : delà vint la cérémonie si ancienne dans l'Eglise, d'en faire goûter aux nouveaux baptisés. Saint Barnabé ajoute que Jésus-Christ étoit figuré par les
deux boucs que l'on offroit à la fête des expiations : l'un pour le brûler sur l'autel, l'autre pour le chasser dans le désert, chargé de la malédiction des péchés du peuple, et par la génisse dont la cendre servoit pour les
purifications. Il prouve que la vraie circoncision est celle des oreilles et du cœur, qui rend dociles et obéissants, et que la circoncision corporelle n'est point celle que Dieu a principalement commandée. Car, dit-il, tous
les Syriens, les Arabes, les Egyptiens, et les prĂŞtres des idoles, sont circoncis. Sont-ils donc aussi compris dans l'alliance de Dieu
(Claude Fleury, Histoire ecclésiastique, Tome 1, 1840
- books.google.fr). Le passage sur la pierre fondatrice, dans l'évangile de Matthieu, n'a pas été référé par Thomas d'Aquin à Simon Pierre, mais à Jésus lui-même, par association avec une phrase de Paul arrachée à son contexte,
«et cette pierre fut le Christ» (1 Co 10, 4). Ce qui s'est appelé la christologie petra-lithos était au Moyen Âge une entrave à l'interprétation des paroles de Jésus, rapportées par Matthieu, dans le sens d'une fonction
ponticale
(Micahel Seewald, Dogmes en devenir, traduit par Marc de Launay, 2022
- books.google.fr). Les Actes des Apôtres (chapitre 13) indiquent que Salamine fut le lieu où Barnabé, Paul et Marc débarquèrent sur l'île de Chypre lors de leur premier voyage missionnaire; ils commencèrent à évangéliser
cet important port de commerce avant de poursuivre leur route vers Paphos. Plus tard, après s'être séparés de saint Paul à l'occasion de son second voyage missionnaire, Barnabé et Marc retournèrent vers Chypre
et les Actes des Apôtres n'en parlent plus ; la tradition fait de Barnabé le premier évêque de l'île où il serait mort martyrisé vers l'an 61 à Salamine. Marc et ses compagnons l'auraient inhumé secrètement dans
une tombe sous un caroubier avant de quitter l'île. Le monastère Saint Barnabé, dans l'actuelle République turque de Chypre du Nord à proximité de l'antique Salamine, non loin de la ville de Famagouste, comprend
une église désaffectée convertie en musée des icônes, et une chapelle édifiée au-dessus du tombeau souterrain de saint Barnabé
(fr.wikipedia.org - Monastère Saint Barnabé). Gastria Près de Famagouste, se trouve
les ruines du château des Templiers appelé Gastria... Gastros en grec signifie estomac. Les Templiers l'appelaient Castrie, sans doute de "kastros" ou "castrum".
Il s'élevait au sud-est de l'île de Chypre, sur une pointe de falaise qui sépare la baie de Famagouste de la côte du Karpas
(Camille Enlart, L'art gothique et la renaissance en Chypre, Tome 2, 1899 - books.google.fr). Acrostiche : PQAU, pecuo
"pecuo" comme le latin "pecus" signifie en ombrien "bétail". "pecus" peut désigner un troupeau de chèvres (Pecus caprinum)
(Theodor Aufrecht, Die Umbrischen Sprachdenkmäler; Ein Versuch zur Deutung derselben, Tome 2, 1851
- books.google.fr,
Quicherat, Dictionnaire latin-français rédigé sur un nouveau plan, 1875
- books.google.fr). Tombeau, dit de la reine de Chypre, dans l'église St-François à Assise, selon Vasari et le registre des sépultures de l'église de 1509
(Henry Thode, Saint François d'Assise et les origines de l'art de la renaissance en Italie, Tome 1, traduit par Gaston Lefèvre, 1909
- books.google.fr,
fr.wikipedia.org - Eglise inférieure de la basilique Saint-François d'Assise). La guerre russo-turque de 1877-78 permet à l’empire russe
d’accroître ses possessions en Europe orientale au détriment de l’empire
ottoman : Bessarabie prise à la Roumanie dont le tsar Alexandre II réclame
l’indépendance. Il exige aussi la Dobroudja, certaines provinces d’Anatolie
orientale, la création d’une principauté bulgare. Les autres puissances
européennes, effrayées par cet appétit, imposent leur médiation.
« L’Angleterre, sous prétexte de mieux défendre la Turquie d’Asie contre
les ambitions russes, s’était fait céder par le sultan l’île de Chypre (juin
1878) [3] ». |