Alchimie fin de siècle

Alchimie fin de siècle

 

V, 66

 

1900-1901

 

Soubs les antiques edifices vestaux,

Non eslongnez d'aqueduct ruyné,

De Sol & Lune sont les luysants metaux,

Ardante lampe Trian d'or buriné.

 

Vers Castelnaudary

 

Le quatrain II, 17 mentionne un temple des Vestales qui a été situé dans son interprétation à Saint Michel de Lanès dans le Lauragais à l'ouest de l'Aude.

 

Trois conduites d'eau se trouvent dans la partie occidentale du territoire de la cité de Carcassonne ; une région située à la limite des influences océaniques et méditerranéennes. Elle ne présente pas un climat particulièrement sec, comme celles, plus méditerranéennes ou plus méridionales, qui donnent généralement lieu à l'étude de ce genre d'ouvrage. Elles sont maçonnées et enterrées, en relation avec des établissements gallo-romains en milieu rural. Ce sont des vestiges modestes mais témoins d'un soin particulier apporté à la recherche et à la maîtrise d'une eau abondante et courante, selon des techniques nouvelles : l'aqueduc de sur Fontorbe (c'est-à-dire la Fontaine murée, occitan : orb, -a : aveugle), communes de Lavalette et de Carcassonne ; l'aqueduc de Bartissol à Castelnaudary et l'aqueduc de la Baronne à Mas-Saintes-Puelles en relation de la villa des Bernardis à quelques kilomètres (15) de Saint Michel de Lanès (Michel Passelac, Trois vestiges d'aqueducs ruraux gallo-romains dans la partie occidentale de la cité de Carcassonne (Aude). In: Gallia, tome 62, 2005 - www.persee.fr).

 

Elles ont été découvertes au XXème siècle mais rien ne dit qu'elles n'étaient pas connues auparavant.

 

"métaux", "Sol", "Lune" et "or" : Alchimie

 

Au XVIe siècle nous ne trouvons que deux alchimistes mĂ©ridionaux : P. Sabatier, de Puylaurens (Tarn), 1531-1592, et M. Manducat, de Montauban. Sabatier avait composĂ© un recueil de traitĂ©s d'alchimie de divers auteurs, en latin et en français. Ce manuscrit sur papier, encore inĂ©dit, m'assure-t-on (278 feuillets, petit in-quarto, sous couverture de vĂ©lin), renferme un traitĂ© - peu connu des bibliophiles - qui en occupe les folios 14-27 : "La Fleur de lys entre les Ă©pines oĂą premièrement est traitĂ© de la lune puy du soleil" (y a-t-il un rapport entre ce traitĂ© et le sonnet de Frate Elias, qui s'adresse Ă  ceux qui veulent «faire le soleil ou la lune» (far o il sole o la luna) ? En novembre 1585, Manducat, de Montauban aurait donnĂ© une traduction française des traitĂ©s latins du recueil de Sabatier que j'avoue n'avoir jamais vue. Il faut attendre l'apparition, au XVIIe siècle, du grand mĂ©decin spagirique Pierre-Jean Fabre, de Castelnaudary - dont l'Ĺ“uvre imprimĂ©e ne compte pas moins de vingt-cinq ouvrages - pour pouvoir saisir dans son ensemble le dĂ©veloppement de la pensĂ©e alchimique en Languedoc. Très cĂ©lèbre de son temps, il est aujourd'hui rĂ©Ă©ditĂ© (en partie) et mĂ©ditĂ© par de nombreux hermĂ©tistes, mais je ne crois pas qu'une Ă©tude un peu approfondie lui ait Ă©tĂ© jamais consacrĂ©e. Sur la façade du petit château rustique qu'il possĂ©dait aux environs immĂ©diats de Castelnaudary et qui porte encore son nom («Fabri»), près de l'ancien chemin du Mas-Saintes-Puelles, et non loin de l'actuelle Ă©cluse du canal du Midi («La Planque»), on peut voir encore ses armoiries : ce sont des armes parlantes : un forgeron («fabre» signifie forgeron en langue d'oc) lève son marteau sur le fer rouge posĂ© sur l'enclume. Elles diffèrent un peu de celles qui figurent dans l'Armorial gĂ©nĂ©ral du Languedoc et sont moins explicites quant Ă  la signification de l'Ĺ“uvre Ă  laquelle se livre le singulier artisan. Dans l'Armorial, il tient une pièce d'or appuyĂ©e sur une enclume d'argent et «de l'angle senestre du chef partent dès rayons d'or qui l'illuminent». Cela veut dire que Pierre-Jean Fabre avait trouvĂ© le secret de la pierre philosophale ou, du moins, qu'il ne s'Ă©tait pas ruinĂ© Ă  la chercher. Plus heureux que bien des souffleurs, il avait pu - grâce Ă  elle (?) - acquĂ©rir de nombreuses terres - dont ce domaine de «Fabri» - et y faire construire un manoir, symbole du château spirituel que l'alchimie Ă©difie dans l'esprit. L'inscription gravĂ©e au-dessous des armoiries, sur une plaque de marbre rouge, en tĂ©moigne : Hos lapides erexit Alchymia / Quae reliqua dilapidat pro lapide. (L'alchimie a Ă©levĂ© les pierres (de cette maison), / elle qui (d'ordinaire) dilapide tout le reste pour se procurer la pierre (philosophale). NĂ© vers 1591, Ă  Castelnaudary, il Ă©tait fils d'Antoine Fabre, bourgeois de cette ville. L'un de ses frères, Me Bernard Fabre, docteur en thĂ©ologie, Ă©tait prĂŞtre en l'Ă©glise collĂ©giale de Saint-Michel. Sa sĹ“ur, Jeanne-Marie, Ă©pousa un sieur Alexandre DĂ©jean, bourgeois Ă©galement : le comte DĂ©jean, autre personnage cĂ©lèbre de Castelnaudary, nĂ© en 1749, se trouve donc descendre authentiquement de Fabre par les femmes. Il est probable que Jean Fabre avait fait ses Ă©tudes au collège de Castelnaudary, qui jouissait alors de quelque rĂ©putation, mais je n'en ai point trouvĂ© la preuve. Il suivit alors les cours de la facultĂ© de mĂ©decine de Montpellier oĂą il soutint sa thèse de doctorat. Depuis le Moyen Age, les Ă©tudes alchimiques Ă©taient restĂ©es en faveur parmi les savants mĂ©decins de l'Ă©cole de Montpellier, qui se souvenaient encore de l'enseignement du cĂ©lèbre Arnaud de Villeneuve (1235- 1313), alchimiste et astrologue (RenĂ© Nelli, Histoire secrète du Languedoc, 1978 - books.google.fr, Balthazar Guynaud, La Concordance Des Propheties De Nostradamus: Avec L'Historie, Depuis Henry II. Jusqu'a Louis Le Grand ; La Vie Et L'Apologie De Cet Auteur ; Ensemble Quelques Essais D'Explications sur plusieurs de ses autres PrĂ©dictions, tant sur le present que sur l'avenir, 1693 - books.google.fr).

 

Aujourd'hui le logis de Fabre s'appelle le Grand Fabry au nord des Bernardis (GĂ©oportail).

 

"De gueules à un forgeron de carnation contourné à senestre, habillé d'argent avec des ornements d'or et des brodequins de même, tenant de sa main dextre élevée un marteau d'argent et de l'autre tenant des pincettes de même, avec lesquels il tient une pièce de monnaye d'or appuyé sur une enclume d'argent, le tout accompagné de raies de soleil d'or mouvantes de l'angle senestre du chef" (reinedumidi.com).

 

Il reçoit la charge de médecin particulier de Louis XIII. Il prétend réussir une transmutation alchimique du plomb en argent le 22 juillet 1627. Il meurt à Castelnaudary en 1658 (fr.wikipedia.org - Pierre-Jean Fabre).

 

Que Fabre croie posséder la Pierre des philosophes ne signifie pas qu'il sache la fabriquer : la plupart des récits de transmutation font intervenir un personnage mystérieux qui donne la Pierre à l'expérimentateur. Dans ces conditions, on  comprend que la recherche de la Pierre ait continué à préoccuper Fabre bien après 1627. Il est bien difficile de savoir si cette recherche aboutit. Constatons simplement qu'il déclare dans la lettre du 24 octobre 1642, à propos de l'or potable : «Si j'en avais sous la main, je vous en offrirais volontiers, mais, je ne sais par quelle loi d'un obscur destin, ces mystères de la nature m'ont été refusés jusqu'alors». L'incapacité de fabriquer cet élixir, qui est la pierre philosophale sous la forme adaptée à une intervention sur les vivants, ne signifie d'ailleurs pas l'échec en ce qui concerne la forme primitive de cette pierre, adaptée au règne minéral. Mais lorsque Fabre affirme, au chapitre XXX du Manuscriptum ad Fridericum : «J'ai beaucoup supporté et souffert, j'ai sué et enduré le froid, avant d'avoir accompli cette œuvre secrète», il vise alors la fabrication de l'alkahest, produit moins perfectionné que la Pierre elle-même. Il faut donc songer à un travail constant aboutissant à l'élaboration de produits toujours améliorés dont on espère qu'ils sauront, mieux que jamais, purifier les métaux et guérir les malades (Bernard Joly, La rationalité de l'alchimie au XVIIe siècle, 1992 - books.google.fr).

 

Du vivant de Fabre, c'est devant Castelnaudary qu'a lieu la rencontre décisive entre les troupes royalistes du maréchal de Schomberg et les troupes de Gaston d'Orléans, frère du roi, et du duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, le 1er septembre 1632. Les deux ducs avaient conspiré avec Marie de Médicis, mère de Louis XIII contre le cardinal de Richelieu. Capturé dès le début de la bataille, Montmorency est condamné à mort et décapité à Toulouse le 30 octobre 1632 (fr.wikipedia.org - Castelnaudary).

 

Lampes

 

Pierre Jean Fabre traite des lampes ardentes dans un chapitre "De la génération et production de la vigne", ce qui reporte au quatrain II, 17 où apparaît aussi un temple des Vestales (Pierre Jean Fabre, L'Abregé des Secrets Chymiques, 1636 - books.google.fr).

 

Les premiers chapitres du Manuscriptum ad Fridericum évoquaient une dualité de la matière première, corps et esprit. Un troisième terme est ici introduit, celui d'âme, qui joue un rôle intermédiaire. L'idée a été développée par Paracelse, mais elle trouve ses origines dans certains textes attribués aux alchimistes gréco-alexandrins et recueillis par les auteurs arabes. Ainsi, dit le Livre d'Ostanès, «le corps, l'âme et l'esprit vital sont comme la lampe, l'huile et la mèche» [...]

 

On pourrait être surpris par l'insistance que Pierre-Jean Fabre manifeste à propos de la question de l'introduction des métaux vulgaires dans l'élaboration de la Pierre des Philosophes. [...] Fabre ne rejette pas l'idée d'une utilisation de l'or et de l'argent vulgaires dans la préparation de la Pierre. Si certains se sont mépris sur le sens de l'aphorisme ancien, pourquoi Fabre, dont le but est de clarifier autant qu'il est possible les opérations alchimiques, entretiendrait-il le malentendu ? C'est que l'or et l'argent vulgaires, malgré qu'ils sont morts, présentent une qualité que la matière première des métaux ne possède pas : ils sont fixés, puisqu'ils sont le résultat des lentes opérations par lesquelles la nature a, tant bien que mal, produit les métaux à partir de la semence que les influx célestes avaient déposée dans les cavités naturelles (Bernard Joly, La rationalité de l'alchimie au XVIIe siècle, 1992 - books.google.fr).

 

Le 25 juin 1218, le corps de Simon de Montfort fut ramené à Carcassonne et enseveli dans l'église Saint-Nazaire, à l'extrémité est de la nef latérale droite, à quelques pas de la chapelle Sainte-Croix. Mais trois ans après ses restes furent exhumés et portés par son fils Amaury au monastère des Hautes-Bruyères, près de Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise). Néanmoins, la comtesse de Montfort voulut qu'à perpétuité une lampe ardente fût entretenue devant l'autel de Sainte-Croix, en mémoire de son époux, et qu'une messe y fût quotidiennement célébrée pour le repos de son âme (René Nelli, Henri Alaux, Carcassonne d'heureuse rencontre, 1980 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain VII, 21 - Avignon - 2014-2015.

 

Lors de la croisade des Albigeois, Simon IV de Montfort, chef des croisés, y est assiégé (siège de Castelnaudary) par les comtes de Toulouse et de Foix en 1211 ; l'issue fut l'abandon du siège par les comtes de Toulouse et de Foix (fr.wikipedia.org - Castelnaudary).

 

"Trian" : Triens - Trians

 

Triens a été transformé en trians sous l'influence de quadrans, sextans. Le doublet en a se rencontre dans les traités d'arpentage du 6° siècle (Georges, Lexikon der latein. Wortformen, s. v.), dans les „leges Burgundionum“ (Kübler, Arch. f. lat. Lexikog. und Gramm. VIII, p. 446) et autres textes vulgaires (Schuchardt III, p. 108. Bonnet, p. 96, note).

 

Le solidus de Constantin conserva, sous la première race de nos rois, son nom, son poids, et par conséquent toute sa valeur. Cette valeur avait été légalement fixée par l'Empereur à 40 deniers romains, ou deniers de compte, le scrupule d'or devant valoir, depuis la loi Papyria, 10 deniers ou 4o sesterces. Le solidus de la loi salique est donc aussi de 40 deniers, comme l'attestent une foule de dispositions. Si quis porcellum furaverit, quadraginta denarios qui faciunt solidum unum, culpabilis judicetur. (Lex salie, tit. 1, §. 5.) Le demi-solidus valait 20 deniers, et le tiers du solidus, qui se nommait triens ou trians, valait 12 deniers et un tiers de denier. Trianem componat quod est tertia pars unius solidi, hoc est, tredecim. denarii et tertia pars unius denarii ( tit. 40 » art. 13). Le denier de compte était depuis long-temps frappé en monnaie réelle; il avait cours même avant la translation du siège de l'Empire à Constantinople; et nous voyons dans le petit Traité de Volusius Maecianus, que les termes de denarius et de victoriatus étaient, de son temps, considérés comme synonymes. Ce denier, à la fois monnaie réelle et monnaie de compte, fut trèsabondant pendant les dernières années de l'empire d'Occident; c'était la moitié du lepton d'argent (Germain Garnier, Histoire de la monnaie, depuis les temps de la plus haute antiquité, jusqu'au règne de Charlemagne, Tome 2, 1819 - books.google.fr).

 

Notons l'histoire du culte rendu par la famille des Servilii - une des familles sénatoriales d'origine albaine, et un nom qui toujours était rapproché de celui de Servius Tullius - à une toute petite pièce de bronze, un triens aeneus. [...] (Jean Gagé, La chute des Tarquins et les débuts de la République romaine, 1950 - books.google.fr).

 

XXXVIII. N'oublions pas un trait singulier relatif au cuivre. La famille Servilia, illustre dans nos fastes, entretient au poids de l'or et de l'argent un triens de cuivre dont on peut dire : Ce cuivre dévore argent et or. J'ignore l'origine et la nature de cette pièce de monnaie. Je me bornerai à citer le texte même du vieux Messala: «Les Servilius gardent dans leur famille un triens sacré, auquel ils offrent chaque année un sacrifice magnifique. Ce triens, dit-on, tantôt augmente, tantôt diminue de volume, et annonce par ce changement la prospérité comme la décadence de cette famille.» (Livre XXXIV) (Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, 1833 - books.google.fr).

 

Triens rĂ©el du système monĂ©taire romain (le 1/3 de l'as libral) ou pièce assimilĂ©e ? L'Ă©trange opĂ©ration par laquelle on feignait de le «nourrir» des deux mĂ©taux prĂ©cieux (utilisĂ©s en poudre, sans doute) Ă©voque les survivances d'une magie des mĂ©taux rarement attestĂ©e Ă  Rome, mais en mĂŞme temps souligne l'Ă©minente dignitĂ© de l'aes, le bronze : ce qui rejoint manifestement la tradition sur les inventions monĂ©taires du roi Servius Tullius. [...]

 

On sait que, dans les opérations de classement auxquels se livraient tous les cinq ans les censeurs de l'institution classique, l'une, qui avait valeur assez disqualifiante, consistait à rayer un citoyen des listes de la tribu en laquelle il était inscrit : il devenait aerarius. [...] Habitués au sens de «trésor public» du mot aerarium, sens en lequel allait naturellement se perdant la signification métallique primitive (les fabri aerarii sont restés les artisans bronziers), déjà les Romains de l'époque impériale ont éprouvé de la difficulté à retrouver la signification initiale de ce vocabulaire, excepté la spécialisation dans le sens militaire, à mesure que l'habitude s'établissait d'appeler aera la solde et, par suite, les années de service d'un soldat. [...] Furent appelés aerarii, au début du Ve siècle, ces plébéiens qui se souvenaient d'anciennes communautés de pagi, et de l'usage essentiel de stipes pour leurs offrandes religieuses comme pour leurs échanges intérieurs : les mêmes qui croyaient se souvenir d'un règne de Saturne et l'évoquaient dans les nundinae, en même temps que la mémoire de leur «roi» Servius Tullius (Jean Gagé, La chute des Tarquins et les débuts de la République romaine, 1950 - books.google.fr).

 

Apparemment, à Rome même, le premier système monétaire sur lequel Servius Tullius aurait fondé sa constitution censitaire, et le premier vocabulaire correspondant ont réellement procédé d'une alchimie de «chercheurs d'or», de cribleurs de rivières, t les premiers noms des pièces de monnaie avaient antérieurement désigné gemmes ou paillettes naturelles : que fut d'abord le sestertius - pour les Romains, très tôt, une monnaie de 2 as 1/2 (semistertius ?) - sinon ce grain magique recueilli par les cribleurs ? Tout se passe comme si la cesna homonus duir, festin prémiciel de confraternité qui devait, s'il réussissait, garantir le plein succès de l'annone, avait eu pour symbole véritable (voir la «fève» de nos gâteaux des Rois) la formation des grains et notamment de ces fèves, offrande sacrée des Pyanepsies grecques, et tabou cardinal des Pythagoriciens ; et comme si une relation magique d'équivalence ou de métamorphose avait réellement été établie entre la formation de ces grains - mystère végétal auquel répond en grec le verbe "aphadrunomai", peut-être en en ombrien le nom attesté d'ahatrun - et l'induration des grains de métal précieux par la force vive des rivières, selon l'énergétique chère à la pensée d'Héraclite. Ainsi un rite, fût-ce de simple simulacre, de plongeon dans le courant continu d'un fleuve, sans doute avec des corbeilles ou des cribles rituels (voir l'osier des Argées), était censé préparer la juste consommation de la cesna. Mais l'imagination religieuse ne s'arrête pas souvent à mi-chemin, et il n'y avait qu'un pas à franchir pour considérer ces grains de monnaie recueillis au crible comme constituant le fonds de cotisation sacrée du festin, c'est-à-dire, à une certaine époque, pour imposer le rite de l'immersion des monnaies réelles destinées à ce festin (Jean Gagé, Huit Recherches sur les origines italiques et romaines, 1950 - books.google.fr).

 

Sous le consulat de Cn. Servilius Geminus, et de C. Quintius Flaminius, à Préneste, des lampes ardentes parurent tomber du ciel. Et les Romains furent battus au lac Trasimène par Annibal (Les prodiges de Julius Obsequens, traduit par Victor Verger, 1843 - books.google.fr).

 

Servius Tullius

 

La tradition gardait le souvenir du rôle d'asylie de son plus ancien sanctuaire, l'autel de Diane, la Lune, dont on attribuait l'installation au roi Servius Tullius, pour les «étrangers sans droits» qui venaient fixer leur domicile à Rome. Or ceux-ci formaient la «plèbe» - selon le sens le plus ancien accordé à ce vocable ; et c'était Servius Tullius qui, en inscrivant ces gens dans les quatre tribus de la Ville qu'il venait de créer, avait assuré leur intégration juridique et politique, aussi bien que militaire et religieuse, dans la communauté romaine. […]

 

Si l'on se reporte maintenant à Narbonne - colonie de citoyens romains en terre provinciale, peuplée pour une part de ces «étrangers sans droits» que sont les incolae, en 11/13 ap. J.-C., de tels caractères donnent toute sa valeur à la référence aux lois de l'autel de Diane sur l'Aventin. Les mesures prises devaient viser à la fois une unification de la Cité, et une intégration de toute son élite jusque-là cantonnée pour sa très grande part dans la «plèbe» - au plus haut niveau de la société impériale (ordre sénatorial, ordre équestre, ou décuries de juges pour ceux, sans doute, qui auraient accédé au décurionat à Narbonne). La référence à Diane de l'Aventin contribuait à définir de telles ouvertures non comme des innovations, mais comme inscrites dans les plus anciennes traditions de la Cité. Claude, trente-sept ans plus tard, ne s'y prendra pas autrement, lorsqu'il tentera d'introduire au Sénat l'élite de la Chevelue : la référence à Servius Tullius en particulier - sinon à Diane de l'Aventin - se trouve en bonne place dans le discours qu'il tint à ce sujet (Janine Cels-Saint-Hilaire, Numen Augusti et Diane de l'Aventin : le témoignage de l'ara narbonensis, Les Grandes figures religieuses: fonctionnement pratique et symolique dans l'antiquité, Besançon 1984, 1986 - books.google.fr).

 

Le rappel du règlement de l'autel de Diane sur l'Aventin sur la face latérale de l'autel signalait les échanges entre la capitale de la province et Rome. Diane depuis la République était la divinité protectrice de la plèbe et comme, à Narbonne, l'origine du culte se trouvait dans une dédicace de la plèbe, la loi de l'autel romain pouvait servir de référence. En outre, Diane et son frère Apollon étaient étroitement liés à Auguste. Ce rapprochement rappelait que l'empereur était soucieux de l'opinion de la plèbe et des petites gens et acceptait de voir mis en scène leur attachement au cœur de cette colonie provinciale (Renée Carré, Anniversaires, fêtes publiques, L'anniversaire, 2008 - books.google.fr).

 

Vestales

 

A Rome, il n'y eut d'abord que quatre vestales instituĂ©es par Numa Pompilius. Servius Tullius, selon Plutarque, ou Tarquin l'ancien, selon Denis d'Halycarnasse et Valère Maxime, en ajouta deux. Ce nombre n'augmenta ni ne diminua pendant toute la durĂ©e de l'empire,  et quoiqu'il paroisse par un passage de S. Ambroise, et des mĂ©dailles de Faustine, qu'il y en avoit sept, cette septième n'Ă©toit sans doute qu'une novice, qui ne faisoit pas partie de l'ordre. On ne voit en effet que les six vestales sur le camĂ©e qui forme le cul-de-lampe du texte de ce livre, et qui, comme nous l'avons dit, est copiĂ© sur le revers d'une mĂ©daille de Faustine. On les choisissoit parmi le peuple ; on faisoit semblant d'arracher la vestale des bras de ses parens, parce que la première avoit Ă©tĂ© ravie, et on lui coupoit les cheveux, que l'on attachoit Ă  l'arbuste Lotos, en signe d'affranchissement. On ne pouvoit pas non plus en recevoir au-dessous de six ans, ni au-dessus de dix, afin que l'innocence ne pĂ»t ĂŞtre soupconnĂ©e, ni le sacrifice Ă©quivoque. A Albe les Vestales Ă©toient obligĂ©es Ă  une virginitĂ© perpĂ©tuelle ; mais Ă  Rome on n'exigeoit d'elles qu'une continence de 30 annĂ©es, dont elles passoient les dix premières Ă  apprendre leurs obligations, les dix suivantes Ă  les pratiquer, et le reste Ă  les apprendre aux jeunes ; après quoi elles Ă©toient libres de se marier ; autrement si elles restoient attachĂ©es au culte, elles n'avoient plus la mĂŞme part au ministère. En dĂ©dommagement de leur continence temporaire, on leur donnait une infinitĂ© d'honneurs, et la libertĂ© d'aller souvent manger dans leur famille, prĂ©cĂ©dĂ©es d'un licteur avec les faisceaux (Ovide, Oeuvres complètes, Fastes, Tome 5 - books.google.fr).

 

Le principal emploi des Vestales consistait dans l'entretien du feu sacrĂ©. L’une d’elles passait la nuit entière pour l'empĂŞcher de s’éteindre, et si cet accident arrivait par sa nĂ©gligence, elle Ă©tait punie du supplice des esclaves, c’est-Ă -dire du fouet. C’était des mains du grand-prĂŞtre qu’elle recevait ce châtiment. Aucun accident n’était regardĂ© comme un plus grand malheur : on suspendait toutes les occupations, toutes les affaires; le deuil Ă©tait gĂ©nĂ©ral et l'inquiĂ©tude extrĂŞme, jusqu’à ce que le crime fĂ»t châtiĂ©, le temple expiĂ©, le feu rallumĂ© (Alexandre Emile Lefranc, Cours de mythologie, 1829 - books.google.fr).

 

À l'origine la jeune fille devait être patricienne, puis la fonction s'est ouverte aux plébéiennes car il devenait difficile de trouver des patriciens disposés à confier leur fille pour une durée de 30 ans comme vestale, et enfin la fonction est ouverte aux filles d'affranchis (fr.wikipedia.org - Vestale).

 

La Lex Ogulnia ouvrait aux plébéiens les sacerdoces, et date de 300 a. C.. La Lex Papia portant sur le choix de la prêtresse par tirage au sort devant une assemblée (contio) serait à situer à cette période. Il n'y a aura plus de problème recrutement quand le pouvoir civil et le pouvoir pontifical seront réunis entre les mains de l'empereur (Nina Mekacher, Françoise, Van Haeperen, Le choix des Vestales, miroir d'une société en évolution (IIIème s. a. C. - Ier s. p. C.). In: Revue de l'histoire des religions, tome 220, n°1, 2003 - www.persee.fr).

 

Il y a des vestales pour le culte de Diane à Némi et donc un rapport étroit existe entre Vesta et Diane. A lire bien l'inscription de Némi, on peut conjecturer qu'il y a confusion entre les deux. D'autre part, les vestales devaient aller chercher de l'eau tous les jours à la fontaine Égérie près de la porta Capenna et le frère de la vestale Rhéa Silvia, mère de Romulus, portait le nom d'Egestus. Ces données rejoignent une autre donnée intéressante : celle du voisinage à Rome des cultes de Egeria et de Diana. Les Latins lors de leur lutte contre Rome avaient essayé de remplacer le culte de la Diane de l'Aventin par celui de la  Diane d'Aricie. De la sorte les vestales sont prêtresses non seulement de Vesta mais aussi d'Égérie et de Diane, ce qui nous donne une première approche, car Diane est de toute évidence une déesse chtonienne. L'ancienne déesse locale Diana a perdu les traits originaux de son caractère depuis le moment où l'arrivée d'Artémis en Italie a fait remarquer certains attributs communs puisqu'Artémis était une déesse lunaire et protégeait la parturition des femmes. Or il semble bien que cette protection des femmes fut la raison principale du succès de la Diane d'Aricie. Mais à Némi, Diane portait le nom de Vesta. Et Diane, comme Égérie, était divinité de l'eau de source. D'autre part le complexe du temple de Vesta au Forum romain comportait la Iuturna ou déesse fontaine. Le petit bassin de la source subsiste encore aujourd'hui. Si donc la nature propre de Vesta nous échappe, son accouplement à Diane - Égérie - Juturne la classe parmi les divinités utilitaires. Enfin il serait paradoxal de ne pas tenir compte de la pratique par laquelle ce culte a surtout frappé les Romains, à savoir l'entretien du feu. Et si l'on tient compte du service des vestales, Vesta est autant dispensatrice du feu que de l'eau. Mais les vestales apparaissent encore comme des servantes du très ancien culte de Cacus et de Caca, elles pratiquaient dans ce culte leur liturgie du feu, mais Cacus est fils de Volcanus (Vulcain) et sans doute est-ce à lui que nous devons la présence du feu dans le culte pratiqué par les vestales (Martin Bruwaene, La société et les institutions de l'antiquité classique, Tome 3, 1947 - books.google.fr).

 

Remarquons que la ville de Villepinte (dans l'Aude) était autrefois nommée Aricia.

 

Villepinte situé sur la R.N. 113, entre Alzonne et Castelnaudary, 800 habitants est d'origine romaine. Petit bourg appelé Aricia, situé sur les bords d'un faible cours d'eau transformé en fossé, appelé l'Arize, au pied du temple de Diane. Dévasté et reconstruit au 8e siècle. Le nom d'Aricia remplacé par celui de Villepinte ou Ville des Pins, placé au lieu-dit «Montpénédi», bois sacré de la déesse Diane. Au 9e siècle, le temple de Diane, devenu le sanctuaire de N.D. de la Rominguière, objet d'une grande vénération au 13e siècle ; englobé au siècle suivant dans l'église paroissiale actuelle (Eugène Soitel, Sevran, Villepinte, Tremblay, Roissy, dans le passé, 1976 - books.google.fr).

 

De mĂŞme, Ă  Rome, les Vestales Ă©taient les gardiennes fĂ©minines du feu, et les Romains, lors de leur mariage, offraient Ă  leurs Ă©pouses le feu et l'eau. Dans le MithraĂŻsme, le feu l'emporte sur l'eau, il est associĂ© Ă  un degrĂ© plus Ă©levĂ© de dĂ©cantation et d'initiation (deuxième degrĂ©, nymphus, pour l'eau, quatrième degrĂ©, leo, pour le feu) : c'est exactement ce que dit Saint Jean-Baptiste Ă  ceux qu'il purifie par le BaptĂŞme, et auxquels il annonce la venue du Christ : «Moi je vous immerge dans l'eau pour la conversion ; celui qui viendra derrière moi est plus fort que moi, je ne suis pas digne de porter ses chaussures ; lui vous immergera dans l'Esprit Saint et le feu» (Matth III, 11) (JoĂ«l Thomas, Astrologie, alchimie et structures ontologiques dans les mystères de Mithra, Pallas, XXX, 1983 - books.google.fr).

 

Aux yeux de Cicéron ou de Sénèque, le feu du temple des Vestales était un symbole; preuve suffisante qu'à l'origine il était autre chose. Ce feu primitif, entretenu suivant des rites compliqués par des vierges, était le feu par excellence, le feu tutélaire, une réalité ayant une âme, c'est-à-dire une efficacité magique, une vertu. Il n'est pas moins absurde de parler de symbolisme à propos de l'institution des sacrements (Salomon Reinach, Cultes, Mythes et religions, 1909 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Avec la date de 1900, et la date pivot de 1627, qui marque la transmutation de Fabre, on obtient 1354.

 

Le 31 octobre 1355, en pleine guerre de Cent Ans, la ville de Castelnaudary est mise à sac par les hordes du Prince Noir, qui, parties de Bordeaux, ravagent la Gascogne, puis le Lauragais, jusqu'à Narbonne, évitant soigneusement les places les mieux défendues. La ville est pillée, détruite, et les habitants massacrés (fr.wikipedia.org - Castelnaudary).

 

À la suite d'une révolte sévèrement matée dans son comté de Chester, il fut nommé lieutenant de Gascogne. Mandaté par son père, il arriva à Bordeaux le 20 septembre 1355, en pleine guerre de Cent Ans, pour protéger les possessions anglo-aquitaines contre les Français. Deux semaines plus tard, il mena une campagne à travers le Sud-Ouest, maraudant à travers les comtés de Juillac, d'Armagnac et d'Astarac. Il s'élance sur le «chemin du roi» et détruit tous les villages du Nord-Lauragais : Baziège, Villefranche, Avignonet-Lauragais, Castelnaudary. En Languedoc, nombre de villes et de villages furent la proie de la soldatesque, de véritables actes de terreur étant menés à Montgiscard, à Carcassonne et Narbonne. Le but n'était pas de soumettre à la couronne anglaise les terres conquises, mais de les piller pour affaiblir et ruiner le camp français : il s'agissait là de la stratégie fondamentale de la guerre de Cent Ans, basée sur les chevauchées et non sur une guerre de position (fr.wikipedia.org - Edouard de Woodstock).

 

Henri II de Transtamare (1333-1379), roi de Castille, adversaire du Prince Noir, obtint sa couronne grâce à l'aide de Du Guesclin et à l'appui de Charles V auquel il resta continuellement fidèle (Maurice Regard, Essai sur les révolutions, Génie du christianisme de François-René de Chateaubriand, 1978 - books.google.fr).

 

Le roi Charles V honora la mort du connétable "d'une cérémonie signalée, faisant enterrer son corps auec les Rois à S. Denis, pour sa sepulture, au pied de laquelle est celle dudit Guesclin, auec une lampe ardente, entretenue par fondation, nommée la lampe de Guesclin jusques aujourd'huy" (Jean de Serres, Inventaire gén. de l'hist. de France, dep. Pharamond jusques à la majorité de Louis XIII, Tome 1, 1645 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IX, 24 - Duguesclin et les huîtres - 2121.

 

Alchimie fin de siècle

 

L'alchimie occidentale est née à Alexandrie aux IIe et IIIe siècles, après l'alchimie chinoise et l'alchimie indienne. Les Arabes l'ont recueillie et transmise à l'Europe, où l'hermétisme chrétien favorise la naissance de l'alchimie occidentale moderne au début du XIIe siècle. Elle prospère entre 1550 et 1650, s'étiole au XVIIe siècle, réapparaît vers 1900 et connaît, à partir de 1950, un regain de popularité remarquable, qui témoignerait d'un désir profond de retrouver la Gnose. C.G. Jung et Gaston Bachelard la «psychologisent», en en faisant, sinon un véritable archétype, du moins une constante de l'esprit humain. L'alchimiste connaît Dieu par la perception de son énergie. L'alchimie n'est pas une pré-chimie, mais une «métaphysique expérimentale». Dans le langage physico-chimique - à entendre littéralement et spirituellement - l'alchimiste travaille à fabriquer la pierre philosophale, ou pierre des sages, qui est à la fois médecine universelle (ou élixir) et poudre aurifique de projection. Il aurait existé deux techniques de fabrication de la pierre philosophale : la «voie sèche» des poteries et la «voie humide» des verreries. La matière à parfaire peut être de nature corporelle (auquel cas la matière première passera par les trois stades cardinaux du noir - «l'œuvre au noir» - du blanc et du rouge), ou de nature spirituelle. Il s'agit donc soit de métaux vulgaires le plomb à transmuer en or, soit de la restauration de l'homme dans sa ressemblance divine originelle, en vue de sa purification et de sa déification. Les deux démarches doivent d'ailleurs, dans la plupart des traditions alchimiques, être menées simultanément (Anne-Marie Lassallette-Carassou, Sorciers, sorcières et néopaïens dans l'Amérique d'aujourd'hui, 2008 - books.google.fr).

 

C'est d'abord chez ces alchimistes qu'apparaît au XVIe siècle l'adjectif hermétique, qualifiant une façon d'obturer parfaitement les récipients. C'est le fameux «sceau hermétique». Le substantif féminin hermétique s'appliquera au XVIIe siècle à la partie occulte de l'alchimie, l'adjectif devenant, par extension, synonyme d'«étanche». Nouvelle signification induite au début du XIXe siècle : est hermétique tout ce qui est difficile à comprendre. Enfin apparaît vers 1900 le nom commun hermétisme, signifiant à la fois «doctrines des alchimistes» et «caractère de ce qui est impénétrable, obscur ou carrément incompréhensible» (Jean Maillet, Poubelle, Colt, Béchamel, Silhouette et les autres. L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus: L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus noms communs, 2011 - books.google.fr).

 

Le XIXe siècle se distingue assez nettement du XVIIIe, riche encore de traités alchimiques (même à ne considérer ici que les réimpressions ou les nombreuses anthologies de traités anciens), en ce qu'il y eut fort peu de publications sur le sujet. De 1800 à 1880, en effet, on ne recense guère que trois textes véritablement importants: La Philosophie céleste (Paris 1803) de Louis Grassot, L'Hermes dévoilé dédié à la postérité (Paris 1832) de Cyliani et le Cours de philosophie hermétique ou d'Alchimie en dix-neuf leçons (Paris 1843) de L. P. François Cambriel (1784-1852). Le témoignage de Louis Figuier vient ici conforter notre propos: il y avait bien des alchimistes - opératifs et spéculatifs - au moment où Figuier écrivait son ouvrage de vulgarisation, vers 1840/1850, mais Figuier lui-même ne mentionne pas de publications contemporaines. C'est à la suite de cette période de transition assez singulière, presque dépourvue de productions littéraire, qu'apparaîtront, peu après les années 1880, les œuvres de Papus (Philippe Encausse, 1862-1912), d'Albert Poisson (1864-1894) et de F. Jollivet-Castelot (1874-1937), pour ne citer que quelques noms. [...] Papus, comme Lévi (Alphonse-Louis Constant, 1810-1875), s'est intéressé à l'alchimie, mais cette dernière est bien souvent intégrée à un corpus beaucoup plus vaste. Sous l'influence conjuguée de Papus, de Poisson - et sans doute aussi de Barlet, dont le rôle et l'influence demeurent assez peu étudiés -, Sédir, Marc Haven et Abel Haatan vont s'orienter progressivement, d'une part, vers les applications spagyriques de l'alchimie, et d'autre part, en accordant un place importante aux concepts théosophiques, jeter les bases d'une "alchimie spirituelle" déjà à l'honneur en Angleterre. Le dessein de Jollivet-Castelot, et par la suite de ses premiers disciples - du moins jusque vers 1908 -, est très différent: il s'agit d'abord de rapprocher chimie officielle et alchimie en une sorte de "troisième voie" qui serait l'hyperchimie (ou la néo-chimie). On sait aujourd'hui que ce résultat ne fut jamais approché (Richard Caron, Notes sur l'histoire de l'alchimie en France, Esotérisme, gnoses & imaginaire symbolique: mélanges offerts à Antoine Faivre, 2001 - books.google.fr).

 

Parmi de nombreuses hypothèses qui cherchent à identifier qui se cache sous le nom de Fulcanelli, le fameux alchimiste, l'une, qui revient à Walter Grosse, tient Paul Decoeur pour Fulcanelli lui-même. Decoeur aurait réussi la transmutation en 1909. Le disciple de Fulcanelli, Eugène Canseliet, aurait rencontré Decœur à Paris, rue de Marseille vers 1915 (fr.wikipedia.org - Paul Decoeur).

 

Paul Decœur fut affecté au service du Canal du Midi dans les années 1860 (Collectif, Ces hommes qui ont fait l'alchimie de la fin du XIXe au début du XXIe siècle, 2017 - books.google.fr).

 

Sur la demande des habitants de la ville, Pierre-Paul Riquet, concepteur du canal du Midi (alors canal royal du Languedoc), et François Andréossy, géomètre expert, ont fait de Castelnaudary le cœur technologique de cet ouvrage, par la construction du Grand Bassin. C'est la seule étendue d'eau de cette dimension (7 hectares) entre Toulouse et Sète (fr.wikipedia.org - Castelnaudary).

 

Dans sa préface de 1884 à son ouvrage de sur Les origines de l'alchimie (1885), Berthelot affirme que les commencements de la science qu'il cultivait l'ont souvent préoccupé. Il avait réuni des notes depuis de longues années avant de faire le voyage en Orient, pour l'inauguration en 1869 du canal de Suez.” Il visita les ruines de l'ancienne Égypte, dont les débris attirèrent son attention sur les connaissances de chimie industrielle que suppose cette civilisation à laquelle les alchimistes font remonter leur science. Berthelot se proposait d'en retrouver les "traces positives". Il étudiait les pratiques de l'art hermétique dans la mesure où elles avaient préparé la chimie moderne.  Comme chimiste et historien, Berthelot manifeste un vif intérêt pour les origines et le développement de la technologie, en particulier pour la paléométallurgie, dont l'étude est devenue depuis une branche de l'archéologie, de plus en plus scientifique et spécialisée. Dès la fin du XIXème siècle, il fut parmi les premiers savants qui ont pressenti l'intérêt de l'application des sciences exactes à la connaissance des métaux anciens. Dans l'introduction au recueil Archéologie et histoire des sciences (1906), Berthelot présente sa méthode de travail qui s'appuie sur des renseignements empruntés aux textes et tirés de l'examen des objets. Il s'est attaché à l'étude et à l'analyse des métaux et d'objets divers provenant de musées ou de fouilles. Il a mis ainsi le laboratoire au service de l'archéologie et de l'histoire de la technologie, comme en témoignent ses recherches expérimentales, auxquelles les archéologues ont eu souvent recours (Marcelin Berthelot: une vie, une époque, un mythe : actes du colloque, 1992 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Marcellin Berthelot).

 

DĂ©mocratie

 

Selon Jean Estèbe, auteur d'une étude documentée sur les ministres de la IIIe République (Les ministres de la République, 1871-1914, 1982), «les hommes d'origine plébéienne sont de plus en plus nombreux à l'exécutif entre 1871 et 1914. Inversement, les grands notables surtout, qui sont nés dans les familles de cadres de l'État, voient leur place s'amenuiser». Et si beaucoup de républicains jouissent d'un confortable niveau de vie, c'est souvent parce qu'ils se sont hissés dans l'échelle sociale grâce à leurs études. Le père de l'avocat Émile Loubet, était paysan et celui du juriste Armand Fallières simple greffier. Un tiers des ministres républicains de 1900 est d'origine modeste. A ceux-là, il manque le réseau de relations qui les propulsera aux meilleures places  (Marie-Thérèse Guichard, Les égéries de la République, 1991 - books.google.fr).

 

CF. la suite au quatrain IX, 9 – Capitole – 2110.

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