Modifications de la loi de 1905 V, 77 1908-1909 Tous les degrez
d'honneur Ecclésiastique Seront changez en dial quirinal
: En Martial, quirinal
flaminique ; Puis un Roy de France le rendra vulcanal. Le texte rendu célèbre par l'œuvre savante de Dumézil est
dĂ» Ă Verrius Flaccus,
abrégé par Festus : «(Parmi les prêtres) c'est le rex qui est
considéré comme le plus grand, puis vient le flamen Dialis, après lui, le Martialis,
en quatrième lieu, le Quirinalis, en cinquième le pontifex maximus.» Suit une
analyse brillante, qui rend compte d'un phénomène, l'appartenance du quatrain
IX, 77 à un ensemble, «une série de
quatrains, numérotés de 74 à 82, qui peuvent être rapportés à un même
événement, à savoir l'apparition d'un personnage mystérieux et sans nom»
(Sotie, p. 117). On ne saurait cependant dissimuler l'Ă©chec ultime.
L'interprétation s'achève sur l'impasse du quatrième vers : «A quoi donc peut renvoyer le singulier “le”
qui surgit au quatrième vers ? (...) Qu'est-ce que rendre ou devenir “vulcanal”
? Quelle est l'action attribuée à un roi de France ?» (Sotie, p. 123). Sans doute le mémoire propose-t-il une
réponse, fondée sur l'hypothèse que Vulcain désigne le feu : «Le roi de France livre au feu, à l'incendie,
la chose ou le lieu ou le personnage mystérieusement
désigné par “le”» (p. 123) Il y avait à Rome quinze flamines, tous regardés au même
titre comme «prêtres publics du peuple romain» : une loi nous les montre
«traversant la Ville sur des chars, pour cause des sacrifices publics du peuple
romain». Chacun d'eux portait le nom de sa divinité. Chacun avait son rang
hiĂ©rarchique. Le premier en dignitĂ©, Ă
l'époque historique, était le flamine de Jupiter ; le quinzième rang
appartenait au flamine de Pomone. Les flamines étaient évidemment classés
suivant l'importance que le droit pontifical assignait à la divinité qu'ils
desservaient : «Le rang des dieux, disait-on, fixe le rang des prêtres». Parmi
ces quinze flamines, on distinguait très nettement deux groupes : les trois «flamines majeurs», flamines
majores, qui desservaient les autels de trois grandes divinités de l'Etat
romain, Jupiter, Mars et Quirinus, et les douze «flamines mineurs»,
flamines minores, prêtres de divinités moins importantes, comme Flore ou
Pomone. Des douze flamines
mineurs nous savons seulement qu'ils étaient pris parmi les plébéiens. Sur
leur mode de nomination, les obligations auxquelles ils Ă©taient soumis, la
nature de leurs devoirs religieux, nous ne connaissons absolument rien. Ils
sont même si peu connus qu'on ne possède le nom que de dix d'entre eux et de
chacun d'eux rien de plus que le nom. Parmi
les six premiers se place le flamen Volcanalis n'est connu que par son rôle auprès d'une
divinité autre que celle dont il porte ce nom : aux calendes de mai il sacrifie
Ă Maia. Maia passait pour la femme du Vulcain primitif du Latium. Vulcain
avait d'ailleurs son jour de fête au mois de mai. Mais c'est précisément ce caractère purement honorifique
du flaminat qui devait le sauver au IVe siècle.
N'étant plus qu'un nom, il put rester : les chrétiens n'en eurent point peur. Ils ne firent supprimer (ce fut sans doute
sous Théodose) que les trois vieux flaminats romains
: ceux-là , portant éternellement le nom de divinités odieuses, Jupiter, Mars,
Quirinus, avaient comme une Ă©tiquette qui les rendait impossibles. Les
flamines impériaux, appelés maintes fois simplement «flamines», ne portèrent
aucun ombrage. Dès l'an 300, le concile d'Elvire nous montre en Espagne les
chrétiens arriver au flaminat
: Ă la condition, il est vrai, de ne point se souiller par un sacrifice, et de
se soumettre à une pénitence. Aussi le triomphe du christianisme, vers l'an
400, ne toucha pas l'institution du flaminat. MĂŞme au-delĂ
de cette date, on voit que les flamines perpétuels ont subsisté en Afrique,
aussi nombreux, aussi considérés qu'autrefois. Ils survécurent même à la domination romaine. Au Ve
siècle, il existait encore des flamines dans la Gaule burgonde. Au VIe siècle,
il y en avait dans l'Afrique vandale, et on possède une inscription, datée de
l'an 525, qui est l'épitaphe d'un Africain chrétien et flamen
perpetuus. Ainsi les limites extrêmes connues du flaminat sont marquées par les règnes de Romulus et du
vandale Hildéric. Seule, l'institution du sénat a eu
d'aussi longues destinées. Il ne serait même pas impossible que le flaminat n'ait pas disparu tout entier au VIe siècle :
peut-être a-t-il laissé quelques vestiges, au moins
de son costume. La manière dont est représentée la flaminique
sur les tombeaux, lui donne une certaine analogie avec les «orantes»
chrétiennes. La tiare pontificale, telle que la portaient à l'origine les
Ă©vĂŞques de Rome, blanche et de forme conique, ressemble assez au bonnet flaminal. Mais avant mĂŞme de rien supposer en cette
matière, il faudrait connaître davantage les origines du costume des prêtres
chrétiens Anne du Bourg Homme intègre et religieux, Anne du Bourg avait vu avec
douleur les désordres l'Église, mais il était resté attaché aux pratiques de la
religion catholique, et avant de quitter Orléans, il avait célébré ses Pâques.
Les principes de la réforme lui étaient inconnus ; mais appelé à juger ceux qui
les professaient, il sentit le besoin de les Ă©tudier et de les approfondir; il
se révolte à l'idée de condamner sans connaissance de cause et uniquement parce
que la cour l'ordonne. Le calme, la sérénité des accusés traduits à sa barre,
font dans son esprit un singulier contraste avec l'acharnement des accusateurs.
Il est touché de la force de leur conviction et se demande si la vérité ne
parle pas en leur faveur. Il lit les ouvrages de Calvin et des autres
réformateurs; il confère leurs paroles avec les enseignements de la Bible ;
et éclairé par la lumière de la Bible, convaincu par la force de la vérité
chrétienne, il embrasse les principes de la réforme. Les présidents Gilles-le-Maître, Jean de Saint-André et
Antoine Minard, zélés catholiques, voyant les progrès
que faisait le protestantisme dans la ville et dans le parlement, en furent
alarmés, et représentèrent au roi qu'il n'y avait plus à dissimuler, qu’il
fallait sévir, d'une manière ferme et vigoureuse, contre les particuliers et
surtout contre les juges qui, par leur crĂ©dit et leur position encourageaient Ă
la réforme. Henri II, qui, dans son
ardeur, avait demandé l'inquisition au pape, et qui avait oublié la promesse
qu'il avait faite à son père mourant, de punir le bourreau des Vaudois, le
sanguinaire d'Oppéde, fut docile à leurs perfides
conseils : le prince et ses conseillers s'accordent pour perdre, l'un
ses fidèles sujets, les autres leurs collègues. Ils arrêtent ensemble que la
matière de la première mercuriale sera le protestantisme. Le 10 juin 1559, en
effet, le parlement s'assemble. Sans se douter le moins du monde du piégé qui
leur est tendu, et pleins du sentiment de leur inviolabilité, plusieurs des
membres s’abandonnent à tout ce que le sujet leur inspire. Au milieu de la
séance, le roi arrive, accompagné du cardinal de Lorraine, du prince de
Montpensier, du duc de Guise, de l'Ă©vĂŞque de Paris, du cardinal de Sens, du
Garde-des-Sceaux et de plusieurs autres gentilhommes
ou prélats. Le cardinal de Sens ordonne aux conseillers de continuer leur
délibération, en ajoutant que le roi est venu seulement, s'informer, par lui-même,
de l'état actuel de l'Église; que chacun doit parler en toute liberté de
conscience et sans crainte aucune. Du Bourg croit Ă la parole du prĂŞtre et Ă la
foi du monarque. Il parle d'abord de cette divine Providence qui gouverne
toutes choses, et Ă laquelle tout mortel doit rendre hommage ; puis,
abordant le fond de la question, il dit qu'il y avait une infinité de crimes
pour lesquels les gibets et les flammes étaient des châtiments trop doux.
C'étaient : les impiétés, les adultères, les débordements de la chair, les
débauches effrénées de la cour. [...] A
peiné eut-il fini de parler, qu'Henri, plein de
colère, ordonna de l'arrêter avec le juge Louis du Faur,
et plusieurs autres de ses collègues. Le 19 du même mois, une commission
composée de laïques et d'ecclésiastiques, et présidée par le fanatique Démochare et l'évêque de Paris, se rend à la Bastille pour
l'interroger [...] L'interrogatoire fini, le président Saint-André lui fait des
admonitions; lui (lit qu'il aura la vie sauve. qu'il sera rétabli dans ses
dignités, s'il rentre dans l'Église; il refuse Superstitions romaines Ne pouvant le gagner par la douceur, il cherche à le
vaincre par la violence; il lui ordonne, au nom du roi, de se rétracter ; Du
Bourg répond qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Tout espoir de le
voir rentrer dans le giron de l'Église étant donc perdu, l'évêque de Paris le
condamne, comme hérétique, à être dégradé de la prêtrise et livré aux flammes.
[...] Après un retard causé par la mort du roi Henri II, l'évêque de Paris, le
retrouvant toujours attaché à ses convictions, le dégrada des ordres de diacre
et de sous-diacre. Tranquille durant l'opération, il s'écrie quand elle est
finie : «Je reçois cette flétrissure avec bien de la joie; la marque de la bête
m'est ôtée» Anne du Bourg fut trés édifié
par le martyr de Pierre Arrondeau "& confirmé dans la resolution de mourir comme lui pour la verité
del'Evangile. Nous, arriverons bien tĂ´t Ă l'histoire
de cét illustre Martir ;
mais l'ordtre veut que nous nous arrêtions un moment a celle de Jean Beffroy qui fut brûlé au mois de Decembre,
quelques jours avant Anne du Bourg. C'Ă©toit un
Serrurier de la rue de la Mortellerie, fort bon
ouvrier, & d'ailleurs homme de bien & craignant Dieu; Sa maison étoit toûjours ouverte aux
assemblées Chrétiennes quelque danger qu'il y eut à les recevoir, & il avoit un grand desir de profiter
en la connoissance de l'Evangile ; Cependant il Ă©toit devenu si sourd qu'il ne pouvoit
rien entendre aux prédications qui se fesoient, mais
il avoit ordinairement un garçon avec lui qu'il menoit aux assemblées pour lui reciter
ensuite Ă l'oreille ce qu'il y avoit appris ; Ainsi
il reparoit autant qu'il pouvoit
ce deffaut, sa foi alloit toûjours en augmentant, & il s'éloignoit toûjours
de plus en plus des superstitions Romaines." Cependant le parlement instruisait son procès, ou plutôt
confirmait la sentence de l'Ă©vĂŞque. Le cardinal de Lorraine, son plus cruel
ennemi, pressait le jugement. Pour le sauver, son avocat, Marillac, avait
imaginé de lui prêter de l'horreur pour le protestantisme. Du fond de sa cage,
Du Bourg écrivit pour le désavouer, et fit une profession de foi plus anti-catholique, plus ferme que la première. Son arrêt de
mort ne se fit pas attendre. Il l'écouta avec un courage, une fermeté sans égale Dans les annotations de Blaise de Vigenère
des Decades de Tite Live, on lit au sujet d'un flaminat que « Theodose
l'abolit du tout avecques les autres superstitions
romaines » La dégradation d’Anne du Bourg de tous les ordres sacrés hiérarchisés (prêtrise, diaconat, sous-diaconat) se reflète dans la hiérarchie des flamines (Jupiter, Mars et Quirinus). Reste le vulcanal. Au feu Le bûcher expose au feu dont Vulcain est l'un des dieux, faisant partie des "superstitions romaines" antiques renouvelées dans les pratiques de l'Eglise romaine. Anne du Bourg fut attaché sur la
charrette des malfaiteurs et conduit à la place de Grève avec une escorte de
cinq à six cents hommes. Pendant ce triste trajet, il fut calme et résigné. Arrivé
au lieu du supplice, il quitta lui-mĂŞme ses vĂŞtements, et dit au peuple qu'il
n'était ni un voleur ni un meurtrier, mais qu'il mourait pour l'Évangile; on
l'entendit s'écrier: «Mon Dieu ! mon Dieu ! ne m'abandonne pas de peur que je ne t'abandonne». Quelques minutes après, son corps fut jeté
au bûcher, le 21 décembre 1559, à l'âge de trente-huit ans Typologie En prenant la date de 1909 et en la reportant sur la date
pivot de 1559 on obtient 1209, début de la croisade des Albigeois. L'État sollicité par une nation inquiète, se croit
capable de restaurer l'ordre à lui seul. Il présume de son pouvoir. Il oscille
entre la répression la plus féroce et les traitements les plus doux. Sa
bienveillance est considérée comme faiblesse ; sa sévérité fait crier à la
persécution. Le massacre de Béziers
(1209), le terrible édit d'Écouen (1559) n'ont pas obtenu plus de résultats que
les missions officielles des cisterciens (1206) et le colloque de Poissy
(1561). Les désordres s'étendent. La conscience nationale commence de se
déchirer. Chez nous, l'ordre et la paix reviennent par une action conjointe,
continue et ferme des deux puissances qui forment notre conscience. Vient le
moment où l'Église catholique est soulevée par un puissant élan spirituel et
l'État résolu à faire respecter l'ordre public. Leur dialogue rétablit
l'équilibre de notre laïcité. Alors la crise nationale trouve son terme Quelle prose ! Remarquons que le catharisme ne provoquait
aucun désordre réel mais seulement une baisse des revenus de l'Eglise cacatholique, un désordre que dans ses finances. Idem du
protestantisme. Dans son rapport du 4 mars 1905, Aristide Briand déclare
: En 1555, l’Église
réformée de Paris s’était fondé. En mai 1558 elle réunit 5 000 à 6 000
personnes au Pré-aux-Clercs et, dans cette assemblée, on distingua deux neveux
du connétable de Montmorency, d’Andelot et l’amiral
de Coligny. En 1559, eut lieu le synode des Églises réformées de France.
Parallèlement à ce mouvement ascendant de l’idée protestante, se produit, au
sein du parlement, un mouvement d’idées qu’il est nécessaire de signaler, car
il révèle une nouvelle conception du droit et il prépare les vues juridiques
d’après lesquelles nous envisageons aujourd’hui le problème des rapports de
l’Église et de l’État, du spirituel et du temporel. Le Tiers apparaît, avec ses
formes de pensées, ses notions juridiques, sa conception particulière de la
vie. C’est Pierre Séguier et de Harlay, à la Chambre de la Tournelle, se
refusant Ă prononcer la peine de mort pour choses de religion. Audacieuse
prétention ? C’est Anne du Bourg qui, en
une séance solennelle des Chambres réunies - le roi
est présent - revendique la liberté de pensée : “Ce n’est pas chose de petite
importance de condamner ceux qui, au milieu des flammes, invoquent le nom de
Jésus-Christ !” Anne du Bourg est envoyé au bûcher.
Après la mort de Henri II, une trêve se produit. Les
États généraux sont convoqués, le Tiers formule ses prétentions : les causes de
la détresse publique sont les richesses et le luxe du clergé. Les nobles et les
communs sont d’accord pour émettre l’avis que l’on rembourse les dettes
publiques en vendant les biens de l’Église, estimés à 120 millions de livres.
Le connétable et le duc de Guise demandent à l’église 15 millions de livres.
Elle offre 9 millions et demi, qui seront payés en six ans et elle remboursera
les dettes de l’Hôtel de Ville de Paris. En général, le Tiers est favorable aux
protestants. Entre les extrêmes, se place le parti des Politiques, qui prépare
notre doit moderne. A une époque où, catholiques et protestants, d’accord en
cela avec l’opinion publique, jugeaient impossible l’existence simultanée dans
un pays de deux religions, les Politiques émirent cette idée que c’est le rôle
de l’État de garder la neutralité, d’accorder aux deux cultes m’existence
légale et de faire respecter le droit de chacun. Suprême ironie à l’instant où
l’on assiste aux massacres de la Saint-Barthélemy que célèbre le pape par des
actions de grâce, où le dominicain Jacques Clément poignarde le roi Henri III,
coupable de faiblesse à l’égard des hérétiques, où Henri IV doit abjurer afin
de régner A une première rupture, celle de la fin de la
"France catholique", et à une deuxième constituée par le passage de
la surveillance a priori qu’exerçait l’Etat sur les «cultes reconnus», par le
moyen des Articles organiques, à la liberté, dans les limites de «l’ordre
public» démocratique, s'ajoute une troisième, et dernière rupture : la prise de
distance avec l'universalisme abstrait républicain : celle de l’article 4
voté avec un ajout qui rend nécessaire, pour que les biens puissent être
dévolus aux associations cultuelles, que ces dernières se «conform(e)nt
aux règles d’organisation générales du culte dont elles se proposent d’assurer
l’exercice». L’enjeu de cette formulation est la question du «respect» (le
terme revient à plusieurs reprises dans les débats) de l’organisation
hiérarchique de l’Eglise catholique, contre les catholiques qui voudraient s’en
affranchir Clémenceau relance le débat au Sénat : la Chambre des
députés n’a pas compris qu’elle avait «pour
premier devoir d’assurer la liberté de tous les fidèles». Elle s’est
occupĂ©e de «deux pĂ©rils» : «le pĂ©ril de l’Etat, si l’Etat renonçait Ă
ses traditions laïques», «le péril de
l’Eglise, si la dévolution n’était pas loyale». Mais il existe «un troisième
péril» : «le péril des
consciences individuelles, (...) le grand péril, qui est maintenant un système
de privilège pour l’autorité romaine dans un régime de liberté» car «si
nous voulons faire une loi qui ne soit pas en contradiction avec les règles
générales de l’Eglise romaine où le pouvoir vient de haut en bas, il faut que
nous fassions une loi qui soit nécessairement en contradiction avec les règles générales
de la démocratie française où le pouvoir vient de bas en haut». Sur le plan de
«l’idée républicaine», la liberté collective est le prolongement de la liberté
individuelle, c’est pourquoi la Constitution française de 1791 «garantit (...) la liberté à tout homme
d’exercer le culte religieux auquel il est attaché». Mais cette optique
est inacceptable pour la hiérarchie épiscopale et le Saint-Siège qui craignent
encore plus le «schisme» et le développement d’un catholicisme républicain que
la perte du budget des cultes. Francis de Pressensé, son
auteur, explique à la Commission : «J’ai
pris un article qui figurait dans la législation de certains Etats américains
et l’article appliqué récemment par la Chambre des Lords dans une affaire qui a
fait grand bruit en Ecosse et dans toute l’Angleterre». Là , en accord avec la
conception anglo-saxonne de la démocratie, le pouvoir politique avait respecté
la constitution des Eglises séparées de lui. La représentation de la
liberté est, dans cette culture politique, différente : la liberté
collective n’est pas un simple prolongement, elle constitue une dimension de la
liberté individuelle. Ce mode de raisonnement est différent de la tradition
républicaine française Les promoteurs de
certains des auteurs de la loi, «quelques feuilles anticléricales», ont suscité
la peur du schisme, d'un recommencement de «la grande faute de la Révolution,
la Constitution civile du clergé». Leroy-Beaulieu convient que Briand «eut
le courage de se joindre à Ribot et aux libéraux «pour amender l'article 4». Garantie
était ainsi donnée du respect de la hiérarchie et de la constitution de
l'Église. Certes la loi ne désignait pas formellement les évêques, «comme on
l'eût souhaité au Vatican, comme le pape Pie X nous en exprimait à nous-même le
désir en avril 1905», révèle Leroy-Beaulieu qui, démarche exceptionnelle, parle
là en témoin. Mais, à défaut de nommer les évêques dans la loi, les
déclarations du rapporteur Briand affirmaient l'autorité de ceux-ci. L'article
permettait aux catholiques, affirme Leroy-Beaulieu reprenant l'argumentation
des «cardinaux verts», de donner aux associations cultuelles des statuts «strictement
orthodoxes» ; les «associations canoniques» adoptées par la première assemblée
des évêques écartaient «toute tentative de suprématie laïque» Pourtant, nous l’avons vu, le pape interdit aux
catholiques de se conformer à la loi de 1905 et, après avoir eu des velléités
de soutenir les mouvements qui entendaient organiser malgré tout
des cultuelles catholiques, le gouvernement y renonça rapidement Vehementer nos est une lettre
encyclique écrite par le pape Pie X et publiée le 11 février 1906. Elle
condamne énergiquement la loi de séparation des Églises et de l'État française
du 9 décembre 1905. Selon le pape, la loi nie l'ordre surnaturel et abroge
unilatéralement le Concordat. Le pape proteste contre les nouvelles spoliations
contenues dans la loi (les évêchés, les presbytères et les séminaires) et
n'accepte pas que la tutelle de l'exercice public du culte soit confiée à des
associations de laïcs, sans aucune référence à l'organisation hiérarchique de
l'Église catholique. Les associations ont les différends réglés non dans le
cadre de cette organisation hiérarchique mais par la justice administrative du
Conseil d'État : "...la loi de
séparation attribue l'administration et la tutelle du culte public, non pas au corps hiérarchique divinement
institué par le Sauveur, mais à une association de personnes laïques." La publication de larges extraits des débats
parlementaires montre le «libéralisme croissant» à l’œuvre dans le processus de
séparation, grâce à l’action de Briand, aidé lors du vote de l’article 4 par
Jean Jaurès. Briand devient alors la figure centrale de la construction de la
loi Les premières modifications significatives de la loi de
1905 sont formelles, et c'est au fil du temps qu'elles vont prendre le
caractère essentiellement coutumier qu'elles ont aujourd'hui. Il faut
comprendre que le législateur républicain s'est voulu pragmatique dans son
dogmatisme, et que s'il a entendu faire une séparation définitive, jamais en
revanche il n'a considĂ©rĂ© son texte comme intangible. Dès 1907, pour remĂ©dier Ă
la crise que provoquait le refus de l'Église catholique de s'organiser en
cultuelles, la loi a ainsi été complétée afin que les édifices publics affectés
à l'exercice du culte puissent à défaut être «laissés à la disposition des
fidèles et des ministres du culte pour la pratique de leur religion» (loi du 2
janvier 1907, article 5). Un an plus tard, une loi du 13 avril 1908 vient
modifier les articles 6, 7, 9, 10, 13 et 14 de la loi de 1905. Si la plupart de ces modifications purement
techniques et de détail ne retiennent pas l'intérêt, il reste que la loi de
1908 introduit à l'article 13 de la loi de séparation une disposition qui en
modifie sensiblement l'économie générale, en autorisant les collectivités
publiques propriétaires à «engager les dépenses nécessaires pour l'entretien et
la conservation des édifices du culte dont la propriété leur est reconnue par
la présente loi». Deux années auparavant, le législateur avait pourtant
fait de la prise en charge intégrale des travaux d'entretien et de réparation
des lieux de culte par l'affectataire une question de principe, compte tenu de
la contrepartie que constituait, pour le propriétaire, leur mise à disposition gratuite
et perpétuelle. Si la solution nouvelle dégagée en 1908 pouvait se discuter
d'un point de vue de séparation financière stricte, elle était beaucoup plus
pertinente en revanche quant au régime de propriété Après la guerre de 14-18, la politique du Bloc national
fera rétablir les relations diplomatiques avec le Saint-Siège, accepter par
Rome un droit de regard sur les attitudes politiques des Ă©vĂŞques avant leur
nomination, s'appuyer sur la jurisprudence précisant de façon systématique
depuis quelques années avant 1914 la portée de l'article 4, jurisprudence apportant
à Rome les garanties demandées par Pie X, et dont Pie XI accepta de se
satisfaire dans l'encyclique Maximam Gravissimamque de janvier 1924 Cette typologie rencontre l'interprétation faite en 1792
par des auteurs royalistes en rapport avec la Constitution civile du clergé de 1790 qui instituait une Eglise constitutionnelle : La similitude des Prêtres de Romulus &
des Grands-Prétres de Mars, avec nos Curés & nos Evéques constitutionnels est palpable, puisque chaque quartier de Rome élisoit
les premiers, & qu'il falloit l'assemblée
générale du peuple pour élire les derniers. De même les Electeurs d'un district
peuvent faire des Curés. Mais il ne faut pas moins que tous ceux du Département
pour bâtir un Constitutionnel Evéque |