La séparation de l’Eglise et de l’Etat en France

La séparation de l’Eglise et de l’Etat en France

 

V, 72

 

1904-1905

 

Pour le plaisir d’edict voluptueux,

On meslera le poyson dans l’aloy :

Venus sera en cours si vertueux,

Qu’obfusquera du Soleil tout à loy.

 

V, 73

 

1905-1906

 

Persecutee sera de Dieu l’Eglise,

Et les saints Temples seront expoliez :

L’enfant la mere mettra nud en chemise,

Seront Arabes aux Polons raliez.

 

"ralliez"

 

"rallier" : Atteindre un lieu, un objectif vers lequel on se dirige. Rallier son corps, son régiment. Les mouches à miel, ayant rallié les paillotes du rucher, laissaient le jardin silencieux (Genevoix, Raboliot,1925, p. 116) (www.cnrtl.fr).

 

Dans la Pologne du XVIeme siècle, les voyages en Orient constituaient des événements très fréquents. Cette circonstance était due aux causes les plus diverses : de nature politique, culturelle et économique. En effet la situation politique contraignait la Pologne à maintenir des rapports diplomatiques réguliers avec les Etats limitrophes orientaux. On voit donc chaque année des missions diplomatiques s'acheminer vers Moscou, la Moldavie, les Tartares et la Turquie. D'où, en connexion étroite, une puissante expansion vers l'Orient, laquelle se manifeste sous différentes formes. Et d'abord le facteur de la foi et du sentiment religieux prédominant chez lez pèlerins qui se hâtent pour adorer le Christ aux pieds du Calvaire. Ce sentiment, si pieusement cultivé au Moyen Age ne perd rien de sa puissance capitale à l'époque moderne; au contraire il s'accroît jusqu'à la portée d'une espèce de commandement spirituel, auquel obéissent volontiers les nobles et le clergé, (la prédominance de ces classes s'explique intégralement par les frais excessifs de l'expédition). A coté de la Terre Sainte on visitait les pays voisins : Egypte, Syrie, Arabie. Avec le temps l'itinéraire s'étend jusqu'à la Perse, avec laquelle s'établissent dès la seconde moitié du XVIe me siècle des relations commerciales très intenses. Elles touchent même à un autre domaine celui de l'art apliqué, et méritent par là une attention particulière que la science polonaise n'a d'ailleurs pas manqué de leur consacrer. Nous omettons de propos délibéré les voyages en Extrême-Orient qui n'avaient lieu que comme rares exceptions et au sujet desquels toutes sources font défaut. S'il s'agit de déterminer le caractère des voyages dans les pays orientaux, la balance penche tout d'abord vers le "publicum commodum", ensuite vers les "privata utilitas et fructus", sans faire toutefois abstraction d'éléments strictement idéaux. Ce sont en effet ces derniers qui caractérisent en première ligne les voyages de nos pèlerins. Nous désirons analyser les voyages de tout genre exclusivement du point de vue de certains problèmes et avantages culturels, en laissant de côté les considérations d'ordre politique et économique. Tâchons d'abord de répondre aux questions suivantes : Quels étaient ces voyageurs et dans quel but entreprenaient-ils des expéditions aussi ardues? Dans quelles conditions les effectuaient ils ? Ce dernier point se rattache à un autre problème fort curieux et décisif pour ladite époque, à savoir : la technique des voyages. [...]

 

Mikolaj Krzysztof (Nicolas Christophe) Radziwill, désigné communément sous le sobriquet de „Sierotka" (Orphelin), ne comptait guère plus d'années que ses prédécesseurs lorsqu'il entreprenait en 1582 son célèbre pèlerinage au Saint Sépulcre. Agé à ce moment de 33 ans, il avait déjà traversé maintes crises et vicissitudes. Elevé par une tendre mère, Elzbieta Szydlowiecka, le jeune Radziwill fait ses études scolaires à Luliszki. Après les avoir achevées il peregrine en France et en Allemagne, où il fait un séjour de deux ans à Tubingue. Toutefois le point tournant de son existence c'est son changement de confession. Né calviniste et élevé dans cette religion, il passe ou plutôt retourne au sein de l'Eglise catholique sous l'influence de divers facteurs, non pas comme simple converti, mais comme combattant acharné. Il lutte sur les champs de bataille de Ula, sous les murs de Po?ock et de Pskoff, il occupe le poste élevé de Grand Maréchal de Lithuanie. C'est de nouveau un homme mûr qui se met en route, doté d'un sens pratique de la vie, d'une vaste expérience, d'une connaissance parfaite non seulement de son propre pays, mais aussi de l'étranger. Tous les facteurs précités contribueront à façonner l'attitude du voyageur par rapport au monde oriental dans ses multiples manifestations.

 

La route qu'il suit par mer est la route classique de ses prédécesseurs et de ceux qui lui succéderont, aussi convient-il de la relater plus en détail. Le point de départ habituel est Venise, d'où l'on part dans la direction du port opposé de Parenzo, puis vers Zara sur Phanos et Corfou. De la par la mer Ionienne, à côté des îles de Céphalonie, de Zante et de Strivali, en doublant le cap Matopam, sur Malia par Cérigo, puis en longeant l'île de Crête vers Rhodes et l'île de Chypre. Enfin la route tourne vers le Sud et conduit au port de Joppe d'où on continue par terre en longeant le littoral vers le Nord, à travers Ptolemais, Tyr, Sidon, Beirouth, Tripolis, Ehda. Plus loin on oblique vers l'Est sur Boalbek et Damas, pour prendre finalement la direction du Sud par Bethsanie, Jéricho jusqu'a Jérusalem. La voie de retour suit le même itinéraire sauf un crochet de l'île de Chypre à Damiette et au Caire pour visiter l'Egypte. On revient par Alexandrie avec escale à Rhodes en atteignant l'extrémité sud de la péninsule italienne au port de Hidronte (Otranto) et l'on poursuit la route de terre le long des côtes orientales de l'Italie (Kazimierz Hartleb, Voyages de Polonais en Orient au XVIme siècle, Collection of articles on Jewish life in Poland, 1892 - books.google.fr).

 

Johannes Dantiscus (1485 - 1548), en tant qu'ambassadeur du roi polonais Jean Ier Albert, voyage en Europe et au Moyen-Orient, de l'Espagne à l'Arabie en passant par la Palestine. Il est de retour en Pologne vers 1507 (Roland Guillot, Oeuvres complètes de Janus Secondus, Tome 5, 2005 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Johannes Dantiscus).

 

Radziwill et Jan Latosz

 

A notable Polish astronomer, astrologer and philosopher Jan Latosz (1539 – 1608), a graduate of the Cracow Academy and the University of Padua, is not a well-studied figure in modern research. Famous mainly for his opposition to the calendar reform of Pope Gregory XIII (1582), Jan Latosz wrote more than ten scientific treatises, devoted to astrology, astronomy, medicine and various areas of Renessaince philosophy. A significant part of this heritage is constituted by so-called “prognosticsâ€, i.e., astrological predictions of the future. Beside these predictions, “prognostics†of Jan Latosz contain also scientific matters, related to the theories of natural philosophy. Following the methods of another notable Cracovian astrologer, Jerzy Kotermak (Drohobycz) (1450 – 1494), and, especially, Kopernik, Latosz was interested in some works of Arabic philosophers and scientists like Abu Ma’shar al-Balkhi (787 – 886), Muhammad al-Battani (858 – 929), ibn Yunis (950 – 1009) and others. Some of his works (for instance, “Prognosticonâ€, printed in Cracow at 1594) provide an account of ideas, borrowed from the works of Arabic scientists mainly through available Latin translations. Features of the usage of Ptolemy’s “Tetrabiblos†(Arabic al-Kutub al-Arba’) shows influence of Arabic natural science and philosophy. These influences on Jan Latosz are related to the theory of celestial spheres, heavenly intellects, geography, astrological significators and some other issues (Mykhaylo Yakubovych, Jan Latosz (1539 – 1608) and his Natural Philosophy: Reception of Arabic Science in Pre-Modern Poland, 2012 - www.intercultural.orient.uw.edu.pl).

 

Jan Latosz (Joannes Latosinus, 1539–1608), attempts at wins the patronage of Duke Nicholas Christopher ‘the Orphan’ Radziwill (1549–1616). Latosz is well known due to his involvement in calendrical polemics at the end of 16th century. As a result of his attacks on the newly introduced Gregorian calendar, his works were banned and the astrologer himself was expelled from the Academy of Cracow (Choptiany Michal, Astrolog w poszukiwaniu mecenasa. Przypadek Jana Latosza i Mikolaja Krzysztofa Radziwilla „Sierotkiâ€, 2016 - www.infona.pl).

 

The yearly prognostications were called Almanacs (from Spanish Arabic al-manakh) and became very popular in the West during the seventeenth and eighteenth centuries. Some prognostications referred also to future political events. This part of astrology may be called ‘historical’ and referred to inventions of the Arabic-Persian scholar Abu Ma’shar al-Balkhi (787–886). The work by Jan Latosz for Radziwill adopted a similar approach, and contained predictions for events that would occur between 1572 and 1589 (Mykhaylo Yakubovych, Jan Latosz (1539 – 1608) and his Natural Philosophy: Reception of Arabic Science in Pre-Modern Poland, 2012 - dokumen.pub).

 

Following a royal edict, the Gregorian calendar was introduced in Poland at the very date prescribed by the papal reform (October 1582), as attested not only by documents from the king's chancellery but also by town registers from western provinces. The reform was also accepted immediately in the markedly Protestant town of Gdansk. Here the critique was channelled into subtle astronomical questions of a technical character, discussed by Peter Krüger, professor at the Gdansk 'Athenaeum Gedanense' (an academic high school) and the teacher of Hevelius. However, strong opposition came from other quarters. In Riga, another rich Baltic seaport and the capital of Livonia, political and religious tensions made the calendar an issue which sparked off a violent revolt, overthrowing the town council and expelling the Jesuit missionaries, the main exponents of the reform. The final outcome was the execution of the rebellion leaders and the forcible imposition of the new calendar in 1589. Most lasting was the opposition presented by the Orthodox Church, predominant in the eastern provinces of Poland and Lithuania. Its attitude was expressed in the critique offered by a master of the Cracow Academy, Jan Latosz (Roy Porter, Mikulas Teich, The Scientific Revolution in National Context, 1992 - books.google.fr).

 

Savoir arabo-musulman

 

Notre vision actuelle du monde a-t-elle en partie été forgée au Moyen-Orient ? Les savants arabes du XIIIe siècle, héritiers de ceux-là mêmes qui, au IXe siècle, avaient traduit et transmis l’héritage des Grecs, ont-ils contribué à l’élaboration de l’astronomie moderne ? Le débat rebondit de plus belle aujourd’hui, et pourtant la question a été soulevée il y a plus de quarante ans sur la base de deux manuscrits persans du XIIIe siècle, rédigés en langue arabe, jusqu’alors inédits. En les étudiant, en 1957, l’historien des sciences américain Otto Neugebauer, de l’université Brown (États-Unis), a une révélation : certains éléments de ces manuscrits ont été repris plus de deux siècles plus tard dans l’œuvre de Copernic. Dans son De Revolutionibus (chapitre III, 4) le père de l’héliocentrisme utilise un principe mathématique que l’on attribue au savant persan Nasir El din Tusi (1201-1274). On y trouve également un dessin ressemblant comme deux gouttes d’eau à l’une des illustrations du fameux manuscrit. Même représentation, mêmes notations : l’angle est noté “a†dans l’ouvrage de Copernic et “alefâ€, sous la plume de Tusi, et ainsi de suite…

 

Au Moyen-Orient, au cours des siècles, les astronomes vont non seulement traduire les textes grecs mais en fournir une critique très fouillée. Ainsi en est-il, dès 1259, des savants qui constitueront plus tard “l’école de Maraghehâ€, du nom d’une petite ville du nord-ouest de l’Iran. Y est construit un observatoire qui rassemblera la fine fleur des astronomes de l’époque, venus de Damas, d’Andalousie, ou même de Chine. Leur chef de file, Nasir El din Tusi, est une personnalité riche, un philosophe et un mathématicien, dont la notoriété dépasse les frontières de son pays. Il a déjà écrit une centaine d’ouvrages dans des domaines aussi variés que la médecine, la poésie, l’éthique ou encore la minéralogie. Plus de 80 % d’entre eux sont en arabe, la langue scientifique de l’époque. Le reste est en persan. Dans sa jeunesse, l’homme a eu comme professeurs les plus brillants esprits de l’époque : les meilleurs élèves d’Avicenne pour l’enseignement de la médecine, et ceux du grand théologien Fakhr eddin Razi…

 

Les chemins tortueux de la transmission du savoir ne sont pas tous explorés et la question de l’éventuel rapport entre les deux astronomes n’est pas encore tranchée. Le génie de Copernic continue à garder tout son mystère : “Le changement d’origine du monde qu’il a introduit ne peut pas être expliqué aujourd’hui : l’homme n’était pas un bon mathématicien et aucun argument objectif ne pouvait supporter à l’époque l’héliocentrismeâ€, ajoute-t-il. Pure intuition ? Coup d’audace démesurée ou résultat d’une influence non reconnue ? Nul ne peut l’affirmer vraiment aujourd’hui. Est-ce une raison pour déclarer avec Neugebauer que “Copernic est sans doute le dernier astronome de l’école de Maragheh, mais pas le plus brillant…†? Ou doit-on admettre humblement que la plus audacieuse des théories peut germer indépendamment dans les méandres de l’esprit d’un seul homme ? (Azar Khalatbari et Jean-Marc Bonnet-Bidaud, La voie arabe, 2008 - media.afastronomie.fr).

 

Le «Tusi-Couple» a donc une signification qui excède largement le domaine restreint de son application dans le champ de l’astronomie, qui n’est d’ailleurs probablement pas le lieu de son invention. Ce mécanisme par lequel on peut déduire un mouvement rectiligne d’une combinaison de mouvements circulaires (et réciproquement) n’a pu émerger et servir aux astronomes de métier que parce que son promoteur, Nasir al-Din al-Tusi, est avant tout un parfait connaisseur de la géométrie des coniques. La discussion sur les «prédécesseurs arabes» doit donc tenir compte du fait que l’apport principal des savants arabes tient dans leur inventivité en matière de mathématique abstraite, et du rôle que ces inventions ont pu jouer par surcroît dans un contexte astronomique et cosmologique.

 

Le mouvement de ce point est un cas de ce que les mathématiciens français (Pascal, Desargues, Lahire) vont étudier dans leurs travaux sur le mouvement de la roulette. Le mouvement du cercle engendre une droite qui est une forme dégénérée d’hypocycloïde. Mais, comme le note Copernic dans un ajout du manuscrit autographe du De Revolutionibus (1543), ce même dispositif de mouvement coordonné des deux cercles permet aussi de construire l’ellipse, si l’on considère n’importe quel autre point du cercle que son centre ou sa circonférence. C’est un corollaire, mais important, que Copernic n’a pas manqué de signaler, ce qui suffit pour que le problème des sources arabes de l’astronome soit dépaysé : au lieu de chercher des antécédents à l’étude de ce mouvement dans l’astronomie, nous pensons qu’il les faut aller chercher dans le réservoir théorique que constitue l’étude des coniques – dont le grand historien de l’astronomie Otto Neugebauer a montré qu’elle constituait, depuis leur origine grecque, les mathématiques de l’astronomie. Les sections coniques sont aussi, de manière encore plus évidente, les mathématiques de l’optique, domaine dans lequel les sciences arabes ont eu six ou sept siècles d’avance sur l’Occident latin. Ce n’est donc pas un hasard si celui à qui on attribue l’invention de ce mécanisme, Nasir al-Din al-Tusi (1201-1274), est aussi un commentateur des Coniques d’Apollonius, et surtout des livres perdus (livres V-VII), que le Moyen-Âge latin n’a jamais connus.

 

Ce mouvement présente l’intérêt de rendre équivalents un mouvement circulaire régulier et un mouvement rectiligne discontinu.

 

Le «Tusi-Couple» a donc une signification qui excède largement le domaine restreint de son application dans le champ de l’astronomie, qui n’est d’ailleurs probablement pas le lieu de son invention. Ce mécanisme par lequel on peut déduire un mouvement rectiligne d’une combinaison de mouvements circulaires (et réciproquement) n’a pu émerger et servir aux astronomes de métier que parce que son promoteur, Nasir al-Din al-Tusi, est avant tout un parfait connaisseur de la géométrie des coniques. La discussion sur les «prédécesseurs arabes» doit donc tenir compte du fait que l’apport principal des savants arabes tient dans leur inventivité en matière de mathématique abstraite, et du rôle que ces inventions ont pu jouer par surcroît dans un contexte astronomique et cosmologique.

 

Du point de vue astronomique, l’une des fonctions du «Tusi-Couple» est de pouvoir faire l’économie du «point équant». L’équant, dont l’invention remonte à Ptolémée, est un point imaginaire autour duquel un corps céleste décrit théoriquement une trajectoire circulaire à vitesse angulaire uniforme, ce qui n’est pas le cas du mouvement apparent du soleil, vu par un observateur terrestre.

 

On a donc remarqué, de longue date, que l’astronomie arabe cherchait des moyens d’éliminer l’équant ptoléméen, ce qui est aussi le cas de Copernic. Mais pour les premiers, c’est sur la base d’une conviction aristotélicienne inébranlable, strictement métaphysique, selon laquelle les mouvements célestes permettent d’inférer l’existence des substances immobiles et séparées qui les produisent. Avec Copernic, qui se retranche dans la pure description géométrique des apparences, et qui ne spécule pas sur leurs causes, c’est pour prouver que la Terre a un centre de gravité qui ne coïncide pas avec le centre du monde.

 

L’introduction de cette construction ignorée d’Aristote remet radicalement en cause la distinction ontologique des deux régions de la réalité physique : le céleste, où il n’y a que des mouvements circulaires uniformes, réguliers, et le terrestre où il n’y a que des mouvements rectilignes discontinus. L’homogénéité des lois de la nature et du mouvement, que l’on dit caractériser la révolution galiléenne au seuil de l’âge classique, est inscrite dans ce montage qu’on peut considérer comme un monogramme de la science moderne. (Édouard Mehl, L’ombre de la science arabe : dans les marges de la bibliothèque de Copernic, La Revue de la BNU N° 22, 2020 - journals.openedition.org).

 

"nud en chemise"

 

Après avoir fait assassiner le duc de Guise et le Cardinal de Guise, et la mort de sa mère le 5 janvier 1589, Henri III, voyant qu'il ne pouvait rien tirer de l'assemblée des Etats Généraux, pas même l'autorisation d'aliéner les biens du domaine pour suppléer à l'insuffisance des impôts, congédia enfin les États le 16 janvier, en les assurant de nouveau qu'il ne révoquerait jamais l'édit d'Union. Il pria les principaux députés de s'employer à calmer leurs provinces. La plupart, au contraire, une fois rentrés chez eux, se mirent à la tête de l'insurrection. Tandis qu'Henri III parlait, la Ligue agissait. Au lieu de se calmer, le peuple de Paris s'était exalté de jour en jour davantage, excité qu'il était par les sermons frénétiques des prédicateurs de paroisses et de couvents. On traînait dans le ruisseau les armoiries du roi; on exposait sur les autels des tableaux représentant le massacre des deux Guises. Le 7 janvier, la Faculté de théologie de Paris, la Sorbonne, déclara le peuple délié du serment prêté à Henri III; elle l'autorisa à s'armer contre le roi. Cette déclaration fut envoyée au pape, afin qu'il la confirmât. Le 10 janvier, on mena tous les petits enfants de Paris en procession du cimetière des Innocents à l'abbaye Sainte-Geneviève. Quand la tête de cette immense colonne entra sous le porche de l'église de l'abbaye, tous éteignirent leurs cierges contre terre, en criant : Dieu éteigne la race des Valois ! Ce n'étaient que Requiem dans les églises tendues de noir, que processions nocturnes d'hommes, de femmes, d'enfants, pieds nus, en chemise, au chant du Miserere. Paris était comme en délire, et, dans ces cohues, des désordres de tous genres se mêlaient aux exaltations fanatiques (Henri Martin, Histoire de France populaire depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tomes 1 à 2, 1867 - books.google.fr).

 

Le 14 febvrier, jour de mardi-gras, tant que le jour dura, se firent à Paris de belles et dévotes processions, au lieu des dissolutions et ordures des masquarades et quaresmeprenans qu'on y souloit faire les années précédentes. Entre les autres, s'en fist une d'environ 600 escoliers, pris de tous les colléges et endroits de l'Université, desquels la plus-part n'avoient attaint l'aage de dix ou douze ans au plus, qui marchoient nuds, en chemise, les pieds nuds, portans cierges ardans de cire blanche en leurs mains, et chantant bien dévotement et mélodieusement (quelquefois bien discordamment), tant par les rues que par les églises, esquelles ils entroient pour faire leurs stations et prières (Pierre de L'Estoile, Mémoires-journaux de Pierre De L'Estoile: Journal de Henri III, Tome 1, 1888 - books.google.fr).

 

Arabes et Pologne

 

Au commencement de 1572, la destruction de la flotte turque à Lépante, et la présence de l'Armada catholique à Messine, sous le commandement de don Juan d'Autriche, où elle dominait toute la côte septentrionale d'Afrique, avaient jeté l'alarme depuis Tunis jusqu'au détroit de Gibraltar. Parmi les projets prêtés au vainqueur de Lépante, celui d'une attaque contre Alger avait pris surtout de la consistance. [...] Le Divan d'Alger adressa à la France une demande formelle pour passer sous sa domination et une négociation très instante fut aussitôt entamée avec la Porte afin d'obtenir que la Turquie nous cédât cette possession qui aurait été érigée en royaume pour le duc d'Anjou. [...] Il était évident que la Porte ottomane n'avait jamais eu un seul instant l'intention de laisser le duc d'Anjou se créer un royaume à Alger. Puis survinrent la Saint-Barthélemy, l'élection du duc d'Anjou au trône de Pologne, et Charles IX ne songea plus à l'idée de profiter d'une proposition plus ou moins sérieuse des Algériens pour fonder une royauté française sur la côte barbaresque (E. Watbled, La France et les Barbaresques, La Nouvelle revue, Volume 84, 1893 - books.google.fr).

 

Le duc d'Anjou, futur Henri III, fut aussi roi de Pologne en 1574.

 

"expoliéz"

 

Dans les pays qu'ils occupoient, les huguenots détruisirent les monuments catholiques et s'emparèrent des biens du clergé. Beaucoup de prêtres se marièrent, et restèrent néanmoins catholiques; leurs mariages furent sanctionnés par la cour de Rome, et leurs enfants légitimés. La cour, de son côté, ne se fit faute des biens ecclésiastiques. «Son règne (de Charles IX) a aussi esté taché d'avoir esté soubs lui les ecclésiastiques fort vexez, tant de lui que des huguenots : les huguenots les avoient persécutez de meurtres, massacres, et expolié leurs églises de leurs sainctes reliques; et lui avoit exigé de grandes décimes, et aliéné et vendu le fonds et temporel de l'Église, de laquelle vendition il tira grand argent.» (BRANTOME). Les députés du clergé de France, assemblés à Melun, représentèrent à Henri III «qu'en plusieurs archevêchés et évêchés il n'y avoit aucun pasteur; et quant aux autres abbayes et aux autres grands bénéfices étant aussi sans pasteurs, le nombre en étoit quasi infini, mêmement que de cent trente-cinq diocèses qu'il y a en Languedoc et en Guienne, par non-résidence d'évêques et par maladie des autres, et principalement par faute d'évêques pourvus en titre, on avoit été quelques années sans y faire le saint-chrème, tellement qu'il étoit tous les jours besoin de l'aller mendier de là les monts en Espagne. Au surplus, nul roi par avant lui (Henri III) n'avoit été cause de tant d'Å“conomats, constitutions de pensions pour les femmes (voire la plus grande partie courtisanes), et autres personnes laïques, sur les biens de l'Église, et, qui pis est, il souffroit trafiquer des bénéfices, vendre, engager et hypothéquer le domaine de Dieu. Faisant autoriser et justifier ces choses par jugement et lois publiques en son grand conseil, où de l'argent provenu de la vente d'un évêché ont été acquittées les dettes du vendeur, et en son conseil même une abbaye y auroit été adjugée à une dame, comme lui ayant été baillée en don, avec déclaration qu'après son décès ses héritiers en jouiront par égale portion.» (Vie et mort de Henri de Valois) Ces choses, que les catholiques reprochoient amèrement à Henri III, ils les approuvoient dans Charles IX. La vente, saisie et jouissance des biens de l'Église par des laïques étoient accompagnées de la saisie, jouissance et vente des biens des particuliers, comme dans la révolution. Plusieurs édits et déclarations ordonnent la confiscation des biens des huguenots. Le parlement, en 1589, rendit un arrêt "pour faire procéder à la vente des biens de ceux de la nouvelle opinion... afin qu'on ne soit pas privé du fruit et secours espéré des saisies et ventes des biens et héritages de ceux de la nouvelle opinion" (Oeuvres complètes de Chateaubriand, Volume 10, Analyse raisonnée de l'histoire de France, 1861 - books.google.fr).

 

Acrostiche : PELS

 

"pels" : fourrures (Geneviève Joly, Précis d'ancien français : Morphologie et syntaxe, 2018 - books.google.fr).

 

"Poulaine" Fourrure venant de Pologne : «Un seurcot de violette fourré de ventre de poulaines.» (JJ. 163, page 286, an. 1409.) «Deux pannes de poulaine neuve et une rez plaine de lin.» (JJ. 145, p. 265, an. 1393.) «fourreures de poulaine.» (Nouv. Comptes de l'Arg. p. 248.). Expressions : Les Polonais du XVIe s. conservaient les modes françaises du XIV, et portaient des gipons ou pourpoints rembourrés. Cette mode fut rapportée en France par Henri III, qui fut un instant roi de Pologne: «Un panseron à la poulaine, garny, cotonné, callefeutré, embouty, rebondy, estoffé comme un bast de mulet à coffres, à l'espreuve presque du mousquetaire et allant de bien pres recognoistre le bord des genoux.» (Blaise de Vigenère, trad. de Tite Live.) (Dictionnaire historique de l'ancien langage françois ou Glossaire de la langue françoise depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV, Tome 8, 1880 - books.google.fr).

 

Martre se dit en grec ancien : "simor", en persan : «sammer», en arabe : «sammur», en vieux slave «samurinu», en russe : «kuniza», en polonais : «kuna»; dans l'empire carolingien, on disait «guna», mais c'est du germanique «marder» que vient le mot français. La martre zibeline se dit en arabe : «sammür aswad» (martre noire), en vieux slave : «zebel», en russe : «sobol», en polonais : «sabol», en suédois : «sobel», en allemand : «zobel»; le latin traduit saberus, et en héraldique, «sable» désigne la couleur noire. La martre blanche ou hermine se dit en arabe : «qaqum» et se dit en latin : armenius mus; la martre mineure, ou belette, se dit en persan : «deleh», en arabe : «dalaq», en latin mustela nivalis. La martre zibeline (mustela zibelina) est la plus recherchée pour sa légèreté, sa finesse et sa belle couleur noire avec quelques taches blanches. La zibeline était une spécialité du pays des Burtas, qui l'expédiaient vers l'Orient et vers l'Occident. Le grand centre du travail des hermines était le Hwarizm, où les peaux arrivaient depuis l'est de l'Oural, des pays traversés par la Volga, la Kama et l'Oka, et du pays des Turcs. La chronique dite de Nestor, premier texte en vieux slave, mentionne les tribus des Polianes (vallée du Dniepr), Sévérianes (Haute-Volga), Viatitches (Oka), qui, en 859, paient une peau d'hermine par feu au Hagan des Hazar. Les fourrures étaient exportées par la Volga vers Itil et l'Orient musulman, d'où elles gagnaient l'Inde, ou encore vers l'Ouest (Maurice Lombard, Espaces et réseaux du haut moyen âge, 1972 - books.google.fr).

 

Ensorte que l'ancienne fourrure des capuchons, n'est plus guere restée qu'aux chapes des cardinaux, ainsi qu'à celles de quelques évêques & de quelques chanoines; aux capuchons ou chaperons des docteurs & des bacheliers des universitez (d'où ces capuchons ou chaperons ont même retenu le nom de fourrure); aux robes rouges des préfidens & autres officiers des parlemens.

 

Avec cette différence des uns & des autres, que les docteurs, outtre la fourrure de la partie de devant du capuchon ou chaperon, ont aussi conservé, au tour du cou, la peau qui fourroit le fond de cette couverture de teste; au lieu que les bacheliers n'en ont retenu que la partie de devant. On voit à un autel de l'église de Saint Maurice d'Angers, un ecclefiastique, réprésenté avec un capuchon ou chaperon, dont la fourrure luy tourne autour du cou, & fait la même figure que celle des docteurs de Sorbonne d'à present; à cela piès que de cette fourrure, pend sur les épaules de l'ecclesiastique, une pointe ou queue qui est celle du chaperon (Claude de Vert, Explication simple, littérale et historique des cérémonies de l'Eglise, Tome 2, 1708 - books.google.fr).

 

Chat fourré : nom donné par plaisanterie à certains dignitaires, docteurs, magistrats, etc., qui portent des fourrures dans leurs habits de cérémonie.

 

Si les chats fourrés de la Sorbonne étaient assez fous pour lâcher un décret (VOLTAIRE, Lett. Damilaville, 11 novembre 1767) (A. J. Dutailly, Proverbes, dictons & locutions diverses à propos de chats et de chiens, 1885 - books.google.fr).

 

Au mois d'avril, la Sorbonne jésuitique décida que le nom de Henri de Valois serait ôté de toutes les prières, et l'on composa de nouvelles oraisons1 où les princes catholiques étaient mis à la place du roi. Lorsque les processions entraient dans les églises, les prédicateurs, au lieu d'annoncer l'Évangile, se mettaient à vomir une iliade d'injures et de vilainies contre le roi, tellement que le peuple ne sortait jamais du sermon qu'il n'eust le feu à la tête et la promptitude aux mains pour se ruer sur les politiques (René François Wladimir Guettée, Histoire des Jésuites, composée sur documents authentiques en partie inédits, Tome 1, 1858 - books.google.fr).

 

Nicolas Kopernik auquel plusieurs auteurs ont attribué la construction de l'horloge du 16° siècle à Strasbourg, n'y a jamais été, et cette œuvre a été commencée 30 ans seulement après sa mort. Ainsi le planétaire de la cathédrale de Strasbourg représente le mécanisme céleste tel qu'il a été expliqué par Kopernik. Gassendi avant de faire tirer le portrait de Kopernik l'a fait comparer avec celui placé dans la cathédrale de Strasbourg. Il a même fait ajouter d'après ce portrait le manteau garni de fourrures pour conserver le véritable costume du chanoine de Warmie (Jean Czynski, Kopernik et ses travaux, 1847 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1905 sur la date pivot 1589 donne 1273.

 

Novembre 1273 : ouverture de l’enquête de canonisation de Louis IX de France (fr.wikipedia.org - Année 1273).

 

Cf. quatrain III, 94 - 1773 "De cinq cents ans plus compte l'on tiendra".

 

Al Tusi meurt en 1274.

 

Vitellion, originaire du duché de Silésie en Pologne, a une très grande confiance dans la science, en particulier dans les mathématiques, la géométrie et l'optique à laquelle il consacre un volumineux traité, De perspectiva. Vitellion, né en 1230 environ et mort après 1270, contemporain de Thomas, s'intéresse amplement aux problèmes de la lumière, connaît sans doute l'œuvre de Robert Grosseteste, mais il exprime une doctrine d'un singulier syncrétisme philosophique entre l'ontologie d'Aristote et la métaphysique de la lumière développée par Grosseteste (Graziella Federici-Vescovini, Le Moyen Âge magique: la magie entre religion et science du XIIIe au XIVe siècle, 2011 - books.google.fr).

 

Witelo découvre Ibn al-Haytham à Paris. Dans ses premières études, il en reprend sa théorie corpusculaire de la lumière (il sera affublé par ses contemporains du sobriquet de «grand singe d'Alhazen») (Bernard Maitte, Une histoire de la lumière. De Platon au photon: De Platon au photon, 2015 - books.google.fr).

 

Dans son exposé de l'optique arabe d'Alhazen, Vitellion s'éloigne beaucoup de la physique mécanique que celui-ci adopte pour traiter de la lumière, en révélant une conception d'inspiration clairement néoplatonicienne. La lumière physique est en effet la première forme substantielle de la matière, qui découle, par influence, de la lumière divine, d'où elle jaillit comme de son principe. Ainsi qu'il le déclare dans le prologue de son Épître sur les démons, Vitellion se considère comme un savant ou un philosophe naturel, et non pas comme un théologien (Graziella Federici-Vescovini, Le Moyen Âge magique: la magie entre religion et science du XIIIe au XIVe siècle, 2011 - books.google.fr).

 

Séparation

 

La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat français en 1905 attribue les lieux de culte aux communes et départements. On procède à l’inventaire des biens des églises qui provoque des échauffourées dans  de nombreuses communes[1]. En décembre 1906, les évêques sont chassés de leur palais, les prêtres de leur cure et les séminaires sont évacués (« Persécutée Â»).

 

Des mesures avaient prévenu de cette séparation. En 1880, un décret ordonne la dissolution de la Compagnie de Jésus. L’année suivante les lois scolaires de Jules Ferry instituent la gratuité, l’obligation et la neutralité de l’instruction publique. En 1884, le rétablissement du divorce (« edict voluptueux Â») change totalement le caractère du mariage (« On meslera le poyson et l’aloy Â» : lire « la loi Â»). Il est à remarquer qu’en astronomie le dernier passage de Vénus devant le soleil (« obfusquera Â» : du latin « offuscare Â», obscurcir) au XIXème siècle eut lieu en 1882 – 2 ans avant 1884 - et qu’il n’y en eu aucun au XXème [2]. Passage symbolique, puisque la planète Vénus porte le nom de la déesse de l’amour et de la volupté. Les cimetières sont aussi laïcisés en 1884. Dix ans plus tard, en 1904, les congrégations sont interdites d’enseignement (« L’enfant, la mere mettra nud Â»).

 

Le dernier vers du deuxième quatrain, assez incongru, résume en fait les tentatives d’émancipations des Polonais par rapport aux Russes, et des Arabes face à l’empire ottoman (voir quatrain V, 55). Pilsudski avait tenté une insurrection à Varsovie le 13 novembre 1904, alors que la Russie, occupant la Pologne, était en guerre contre le Japon. Il entretiendra l’agitation avec ses formations de combat jusqu’à la première guerre mondiale. Ibn Saoud, lui, « réunit en 1901 quelques compagnons et réussit, grâce à un raid audacieux à reprendre la ville de Riyad aux ennemis de sa famille. Commence alors une épopée de plusieurs dizaines d’années [3] Â».

 

Alya

 

En 1905, a lieu la seconde alyah en provenance de l'Est européen (Russie, Pologne, Roumanie) où se poursuivent les pogromes. D'une famille juive aisée de Pologne russe, Ben Gourion, converti très tôt aux idées sionistes, s'installe en Palestine en 1906.

 

Seule une minorité de sionistes plaide pour une approche plus conciliante vis-à-vis des Arabes (mais inconciliable avec la colonisation). Dès 1891, au retour d'un voyage en Palestine, le penseur sioniste né à Skvyra en Ukraine Ahad Ha'am (1856 - 1927) a lancé ce cri d'alarme, dans un texte cinglant intitulé «La vérité sur Eretz Israël» : «Il nous faut traiter la population locale avec amour et respect et cela va sans dire – conformément au droit et à la justice. Que font nos frères en Eretz Israël ? Exactement le contraire ! Esclaves dans les pays de l'exil, les voilà qui jouissent d'une liberté sans entraves, d'une liberté anarchique uniquement possible dans l'empire ottoman. Ce changement soudain a éveillé leur inclination au despotisme comme chaque fois qu'un "esclave devient roi". Ils traitent les Arabes avec hostilité et cruauté, empiètent sur leurs propriétés, les frappent sans raison, s'en vantent même, et il n'y a personne pour les éfréner, pour mettre fin à ces pratiques éhontées et dangereuses » Un professeur - agriculteur né en Russie (Lioban, près de Minsk, 1862 – Jérusalem, 1943), Yitzhak Epstein a appelé en 1905 le mouvement sioniste à s'entendre avec les Arabes considérés comme les véritables propriétaires du pays, au lieu de chercher l'alliance de la Turquie ou des puissances européennes. Un intellectuel juif palestinien, le Dr Nissim Maloul, professeur d'arabe à l'université du Caire, va encore plus loin en prônant une symbiose culturelle avec le monde arabe : «En tant que Sémites nous devons accentuer notre identité sémitique au lieu de la dissoudre dans la culture européenne» écrit-il en 1913. Mais ces contestataires prêchent dans le désert. Les immigrants de la seconde aliya, sûrs d'incarner le progrès, ignorant et voulant ignorer les coutumes locales, n'auront pas de meilleurs rapports avec les Arabes que leurs prédécesseurs qu'ils traitent de «koulaks». Les deux partis ouvriers juifs rivaux, créés en 1905, l'Ha'poël Ha'tzaïr (Jeune Ouvrier) et le Poaléi Sion (Ouvriers de Sion) lancent le mot d'ordre de «conquête du travail hébreu». Ils luttent contre les patrons juifs qui préfèrent embaucher des travailleurs arabes plus productifs et moins payés. Sous leur direction, les pionniers sans le sou de la seconde aliya mettront beaucoup d'enthousiasme et d'abnégation à édifier une société socialiste, dont les Arabes seront exclus. L'Ha'poël Ha'tzaïr prône la rédemption du peuple juif par le travail manuel. Plus radical et plus dogmatique, le Poaléi Sion, le parti de Ben Gourion, se réclame du marxisme et se considère comme l'avant-garde de la nouvelle classe ouvrière juive (quelques centaines de jeunes idéalistes). Il mène de front la lutte des classes et la lutte nationale. En mars 1908 des militants du Poaléi Sion attaquent un café à Jaffa en réponse à des agressions arabes. Cette première action juive de représailles en Palestine tourne en bataille rangée avec des militaires turcs, au cours de laquelle treize nouveaux immigrants sont blessés. En 1909 la décision de maçons juifs d'empêcher «par tous les moyens possibles» l'embauche d'ouvriers arabes pour la construction de Tel-Aviv provoque de graves échauffourées sur les chantiers. La même année, Ben Gourion est témoin de la mort de deux de ses compagnons de la ferme collective de Sejera, en Galilée, tués par des villageois arabes dans une vendetta. «Eretz Israël et particulièrement la Galilée est une contrée sauvage», écrit-il à son père, «chaque nouveau venu doit se procurer une arme en Russie si possible, ou l'argent nécessaire pour l'acheter ici». Dans cette perspective, huit membres du Poaléi Sion dont Yitzhak Ben Zvi, futur président de l'Etat d'Israël, se sont réunis en 1907 dans une auberge de Jaffa pour fonder la première organisation clandestine sioniste en Palestine : Bar Giora, du nom d'un héros de la guerre des Juifs contre les Romains, au premier siècle de notre ère. «Par le feu et le sang, la Judée est tombée. Par le feu et le sang, la Judée renaîtra», est leur devise. En 1909 le noyau donne naissance à l'organisation du Ha'shomer (Le garde). Officiellement elle se propose d'assurer la garde des colonies juives par des vigiles juifs. En réalité elle nourrit des plans beaucoup plus ambitieux et dessine la carte d'un Grand Israël socialiste, colonisé par des légions de cosaques juifs (Marius Schattner, Histoire de la Droite israélienne: de Jabotinsky à Shamir, 1991 - books.google.fr).

 

Minsk et Skvyra étaient polonaises en 1569 après l'Union de Lublin fr.wikipedia.org - République des Deux Nations).

 

Au commencement étaient les mathématiques

 

Le mathématicien français Henri Poincaré (1854-1912), élabora toute la structure mathématique de la relativité restreinte entre 1898 et 1905, indépendamment de la contribution fondamentale qu'apporta Einstein en 1905. Le "groupe de Poincaré" formulé par Minkowski joue un rôle important en physique relativiste, et tout particulièrement en physique des particules et en théorie quantique des champs (Roger Penrose, A la découverte des lois de l'univers: La prodigieuse histoire des mathématiques et de la physique, traduit par Céline Laroche, 2007 - books.google.fr).

 

Einstein lisait de manière intensive La Science et l'hypothèse de Poincaré au moment où il a créé la théorie de la relativité restreinte en 1905, et il est en conséquence tout à fait vraisemblable que le conventionnalisme de Poincaré a joué un rôle important en donnant une motivation philosophique à cette théorie (Jacques Bouveresse, Pierre Wagner, Mathématiques et expérience : L'empirisme logique à l’épreuve (1918-1940), 2008 - books.google.fr).

 

Un ancien polytechnicien a repris l'original du texte d'Albert Einstein publié en allemand le 26 septembre 1905 et l'a comparé à des textes publiés antérieurement par le mathématicien Henri Poincaré en français. [...] Einstein lisait couramment le français depuis son passage au bureau des brevets de Berne, semble bel et bien avoir "emprunté" la formulation de sa théorie de la Relativité restreinte de Poincaré (Charles X. Durand, La langue française: atout ou obstacle, 1999 - books.google.fr).

 

La fameuse théorie de l'espace-temps quadridimensionnel a été élaborée par Minkowski, à partir des travaux de Poincaré, et dévoilée par son auteur, en septembre 1908 (Jean-Louis Gavet, Comprendre Einstein, 2011 - books.google.fr).

 

En 1912, Einstein retrouve son ami mathématicien Grossmann en Suisse à Zurich. Cette nouvelle situation s'avéra salutaire pour le développement de la relativité générale. Einstein sombrait rapidement dans la confusion, tels des sables mouvants, lorsqu'il était question de mathématiques avancées. Avec Grossmann, Einstein étudia la théorie des espaces et des surfaces courbes que Georg Friedrich Riemann avait auparavant élaborée à titre de pure abstraction mathématique. Puis, en 1913, Einstein et Crossmann rédigèrent un article commun où ils fonnulèrent l'hypothèse selon laquelle les «forces gravitationnelles» n'exprimaient rien d'autre que la courbure de l'espace-temps (Paul Halpern, Le dé d'Einstein et le chat de Schrödinger : Quand deux génies s'affrontent, 2019 - books.google.fr, Stephen Hawking, L' Univers dans une coquille de noix, 2001 - books.google.fr).

 

La relativité générale illustre l'interaction entre la physique et les mathématiques. Einstein lui-même, plus physicien que mathématicien, se fera conseiller en juin 1915 par David Hilbert, le mathématicien le plus célèbre de son temps, pour établir la fameuse équation qui porte aujourd'hui son nom.



[1] « expoliez Â» du latin « exspoliare Â» : spolier

[2] Albert Ducrocq, « L’éclipse Â», Editions du Rocher, 1999, p. 78

[3] Henry Laurens, « L’Orient arabe, Arabisme et Islamisme de 1798 à 1945 Â», Armand Colin, 1993, p. 139

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