La séparation de l’Eglise et de l’Etat en France

La séparation de l’Eglise et de l’Etat en France

 

V, 72

 

1904-1905

 

Pour le plaisir d’edict voluptueux,

On meslera le poyson dans l’aloy :

Venus sera en cours si vertueux,

Qu’obfusquera du Soleil tout à loy.

 

V, 73

 

1905-1906

 

Persecutee sera de Dieu l’Eglise,

Et les saints Temples seront expoliez :

L’enfant la mere mettra nud en chemise,

Seront Arabes aux Polons raliez.

 

La loi de sĂ©paration de l’Eglise et de l’Etat français en 1905 attribue les lieux de culte aux communes et dĂ©partements. On procède Ă  l’inventaire des biens des Ă©glises qui provoque des Ă©chauffourĂ©es dans  de nombreuses communes[1]. En dĂ©cembre 1906, les Ă©vĂŞques sont chassĂ©s de leur palais, les prĂŞtres de leur cure et les sĂ©minaires sont Ă©vacuĂ©s (« PersĂ©cutĂ©e Â»).

Des mesures avaient prĂ©venu de cette sĂ©paration. En 1880, un dĂ©cret ordonne la dissolution de la Compagnie de JĂ©sus. L’annĂ©e suivante les lois scolaires de Jules Ferry instituent la gratuitĂ©, l’obligation et la neutralitĂ© de l’instruction publique. En 1884, le rĂ©tablissement du divorce (« edict voluptueux Â») change totalement le caractère du mariage (« On meslera le poyson et l’aloy Â» : lire « la loi Â»). Il est Ă  remarquer qu’en astronomie le dernier passage de VĂ©nus devant le soleil (« obfusquera Â» : du latin « offuscare Â», obscurcir) au XIXème siècle eut lieu en 1882 – 2 ans avant 1884 - et qu’il n’y en eu aucun au XXème [2]. Passage symbolique, puisque la planète VĂ©nus porte le nom de la dĂ©esse de l’amour et de la voluptĂ©. Les cimetières sont aussi laĂŻcisĂ©s en 1884. Dix ans plus tard, en 1904, les congrĂ©gations sont interdites d’enseignement (« L’enfant, la mere mettra nud Â»).

Le dernier vers du deuxième quatrain, assez incongru, rĂ©sume en fait les tentatives d’émancipations des Polonais par rapport aux Russes, et des Arabes face Ă  l’empire ottoman (voir quatrain V, 55). Pilsudski avait tentĂ© une insurrection Ă  Varsovie le 13 novembre 1904, alors que la Russie, occupant la Pologne, Ă©tait en guerre contre le Japon. Il entretiendra l’agitation avec ses formations de combat jusqu’à la première guerre mondiale. Ibn Saoud, lui, « rĂ©unit en 1901 quelques compagnons et rĂ©ussit, grâce Ă  un raid audacieux Ă  reprendre la ville de Riyad aux ennemis de sa famille. Commence alors une Ă©popĂ©e de plusieurs dizaines d’annĂ©es [3] Â».

 



[1] « expoliez Â» du latin « exspoliare Â» : spolier

[2] Albert Ducrocq, « L’éclipse Â», Editions du Rocher, 1999, p. 78

[3] Henry Laurens, « L’Orient arabe, Arabisme et Islamisme de 1798 Ă  1945 Â», Armand Colin, 1993, p. 139

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