Souvenirs de Pierre d'Ailly

Souvenirs de Pierre d'Ailly

 

V, 23

 

1868-1869

 

Les deux contens seront unis ensemble,

Quand la pluspart Ă  Mars sera conjoinct

Le grand d'Affrique en effrayeur tremble,

Duumvirat par la classe dejoinct.

 

Conjonction

 

"content" découle du verbe latin "contineo", maintenir uni (Gaffiot).

 

Peu avant et peu après la sixième conjonction «grande majeure», qu'il date de -225 environ, Pierre d'Ailly constate de «grands et merveilleux changements», dont la traduction des Septante, la première guerre punique (264-241 avant J.-C.), et d'autres guerres romaines en Orient :

 

Ptolémée Philadelphus accorda la liberté aux Juifs qui se trouvaient en Egypte. Et sous le grand prêtre Éléazar, et par ses soins, les Saintes Écritures furent traduites de l'hébreu en grec par les Septante (traducteurs). Ceci se passa à Alexandrie. Là, il réunit une bibliothèque avec toute sorte de littérature. [..] Nous fixons autour de cette époque la sixième conjonction grande majeure [...]. Les grandes et merveilleuses mutations qui eurent lieu peu de temps avant et après cette conjonction ont déjà été dites ou restent à dire. C'est alors que se manifesta la puissance des Romains, ne serait-ce qu'en considérant qu'à l'époque de la 130e Olympiade, ils battirent les Carthaginois dans une guerre navale et prirent cent villes libyennes. [...] Autour de cette époque environ 40000 Gaulois furent tués par les Romains. [...] Ptolémée V Épiphane, roi d'Alexandrie et d'Égypte, ayant nommé un chef des armées, enlève la Judée et plusieurs villes de Syrie. Sous la 148e Olympiade, Séleucos Philopator régna en Syrie et en Asie. [...] Hannibal, vaincu par Scipion (Denis Labouré, Astrologie et religion au Moyen Age, 2019 - books.google.fr, Denis Labouré, Astrologie et religion au Moyen Age, 2019 - books.google.fr).

 

Selon Nallino, Mashallah (cf. le “De conjunctionibus planetarum” chap. X-XII ed. 1519 fol 136v ) serait l'auteur d'une thĂ©orie des conjonctions planĂ©taires distinctes de celles d'Al-Kindi et d'Aboumashar : "Pour l'Astrologue juif, on trouverait la conjonction majeure avec Saturne et Jupiter, la conjonction moyenne avec Saturne et Mars et la conjonction mineure avec Jupiter et Mars”. Ibn Hibinta appliquera cette thĂ©orie Ă  l'histoire politique de l'Islam (cf. manuscrit arabe de MĂĽnich f 214r 233v). Or, Kennedy et Pingree paraissent attribuer Ă  Mashallah une autre thĂ©orie des Conjonctions : “La venue d'un prophète, important Ă©vĂ©nement qui dĂ©passe tous les autres, est annoncĂ©e par l'accomplissement d'un cycle de passages Ă  travers les quatre triplicitĂ©s”. Ce qui ferait de Mashallah un prĂ©curseur d'Abraham bar Hiyya. Mais, prĂ©cise Nallino, le système qui devient dĂ©finitif dans l'astrologie musulmane Ă  partir de la moitiĂ© du neuvième siècle (avec Al-Kindi et Abou Mashar) se fonde sur quatre conjonctions" qui ne sont pas celles de Mashallah bien qu'il y soit aussi question de conjonctions majeure, mineure et moyenne mais cette fois liĂ©es aux triplicitĂ©s traversĂ©es et consacrĂ©es essentiellement Ă  Saturne et Ă  Jupiter (Jacques Halbronn, Le monde juif et l'astrologie, histoire d'un vieux couple, 1985 - books.google.fr).

 

"Grand d''Affrique"

 

"Mars" signifierait plutôt la guerre que la planète.

 

La première guerre punique dura vingt-sept ans (268 à 241); il s'y agit pour Carthage de défendre contre Rome ses possessions de Sicile et sa prépondérance sur la mer Tyrrhénienne. Les Romains, appelés en Sicile par les Mamertins, s'emparent d'Agrigente en 262; Duilius remporte la victoire navale de Mylae en 261; Régulus, en 256, renouvelle la tentative d'Agathocle en Afrique et périt dans les fers à Carthage. Enfin, la bataille des îles Aegates remportée en 241 par Lutatius Catulus sur Hannon, força Hamilcar Barca à demander la paix; les Carthaginois abandonnèrent la Sicile qui fut déclarée province romaine (www.cosmovisions.com).

 

A l'époque, un Magon est général des Carthaginois, qui soutient les Romains contre le roi d'Epire Pyrrhus, en 277. Dans la suite de la première guerre punique, se signalent Hannon le Grand et Hamilcar Barca fondateur de la dynastie des Barcides à laquelle appartient Hannibal (Charles Rollin, Histoire ancienne, Tome 14, 1775 - books.google.fr).

 

"Duumvirat" et "classe" : duoviri navales et flotte romaine

 

Les Duumviri navales, littéralement «deux hommes pour traiter des affaires navales», étaient deux officiers de la marine élus par le peuple de Rome, assignés à la réparation et à l'équipement de la flotte romaine. Chaque Duumvir navales était assigné à un consul romain, et chacun avait le contrôle de 20 navires. Il a été suggéré que ces officiers aient été responsables des navires des Socii navales plutôt que de ceux de la flotte romaine. Ce poste fut créée en 311 avant j.-c. par la Lex Decia, sous l’influence du tribun de la plèbe M. Decius.

 

Seulement deux opérations de la flotte des Duumviri navales nous sont connues. La première est l'établissement d'une colonie en Corse en 311 avant J.-C., l'autre est leur destruction dans la bataille contre les Tarentins en 282 av. J.-C. Certains historiens pensent qu'ils ont cessé d'exister en 267 av. J.-C., et ont été remplacés par quatre Quaestores classici. D'autres historiens pensent que les Quastores classici ont agi en tant qu'auxiliaires des Duumviri navales et ne les auraient donc pas remplacés (fr.wikipedia.org - Duumviri navales).

 

Acrostiche : LQ LD

 

LD : L'abbé D'Ailly (Catalogue des livres imprimés de la bibliothèque de la ville de Besançon, Tome 3, 1875 - books.google.fr).

 

L'abbé Nicolas d'Ailly est un proche de la marquise de Sablé et est mort avant 1712. Il était chanoine et trésorier de Lisieux, abbé de Notre-Dame d'Olivet. D’Ailly a sans doute été élève des jésuites. Il a été avec Bouhours le précepteur des deux fils de M. de Longueville. Mme de Longueville tente de le concilier avec Port-Royal. Il entre dans le cercle des habitués du salon de Mme de Sablé, dont il publiera les Maximes après sa mort. Il publiera les siennes à part en 1697, et les dédiera à Mme de Maintenon. On ignore la date de sa mort, antérieure à 1712. Singlin haïssait cet abbé mondain qui compte parmi ceux «qui vivent en laïques et qui ne satisfont à aucun de leurs devoirs» (Bibliographie - www.penseesdepascal.fr).

 

Eventeenth century commentators, such as l'Abbé d'Ailly, while being critical of the concept of hereditary nobility, nonetheless continued to support a deference to a hierarchical and paternalistic ordering of society. [...] The system and values of which d'Ailly was critical continued to dominate much of continental Europe (especially France) throughout that century. However, Louisiana offered the opportunity to create a new society that was led and protected by a "nobility" of merit, rather than by a merely arbitrary caste whose membership was based upon an accident of birth. Such a society could be promoted through institutions which reflected these values and, especially, through the law. However, these attitudes were not confined to continental philosophers; English scholars of this century articulated a popular, if not dominant, appreciation of this concept of hierarchical and paternal authority. This ideological perspective would be, ultimately, rejected, but its influence (as expressed by theorists such as Thomas Hobbes) would not be negated entirely (James T. McHugh, Ex Uno Plura, State Constitutions and Their Political Cultures, 2012 - books.google.fr, Madeleine de Souvré de Sablé , Maximes et Pensées diverses par l'abbé d'Ailly, 1678 - books.google.fr).

 

LQ : Lucius Quinctius (Cincinnatus)

 

En Amérique, la figure de Cincinnatus est fréquemment rapprochée de celle de George Washington, comme quand ce dernier, tel Cincinnatus, se retire sur ses terres à Mount Vernon à la fin de la guerre d'indépendance en 1783. La même année, des officiers de l'armée de la République Américaine fondent l'Ordre de Cincinnatus, ou Société de Cincinnatus, présidé par Washington. La médaille que portent les membres de l'ordre représente, dans le médaillon central, Cincinnatus à sa charrue. Une des plus importantes villes de l'État de l'Ohio a été baptisée Cincinnati en l'honneur de la Société des Cincinnati, elle même en référence à Lucius Quinctius Cincinnatus.

 

Tout naturellement, la guerre de Sécession (1861-1865) interrompit le fonctionnement de l'association, car il y avait des Cincinnati dans les deux camps, mais la réconciliation fut rapide entre collègues peu après la fin des hostilités (fr.wikipedia.org - Lucius Quinctius Cincinnatus).

 

Attardons-nous un instant Ă  cette Image du Monde (1410), que chĂ©rit Colomb. L'auteur, le cardinal Pierre d'Ailly, thĂ©ologien passionnĂ© de gĂ©ographie et d'astronomie, mĂŞle allĂ©grement, Ă  la manière de son Ă©poque, le concret vĂ©rifiĂ© et le lĂ©gendaire le plus pur. L'Arabie, «oĂą poussent la myrrhe et la cinnamome», est aussi le pays oĂą l'on «voit l'oiseau Phoenix». DĂ©crivant le royaume des Scythes, le prĂ©lat juge nĂ©cessaire de prĂ©ciser : «Une grande partie de ce pays reste inhabitable, car bien qu'il abonde en or et en pierres prĂ©cieuses, il est inaccessible aux hommes, en raison de la prĂ©sence des griffons.» L'exemplaire couvert de notes par Colomb permet de saisir comment fonctionne un esprit curieux de cette Ă©poque, tâtonnant entre l'affabulation, le conditionnement thĂ©ologique et le savoir objectif fourni par l'expĂ©rience (Marie-HĂ©lène FraĂŻssĂ©, DĂ©couvreurs d'AmĂ©riques (1492-1550) : l'aventure, la rencontre, le pillage, 1991 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1869 sur la date pivot -267 donne -2403.

 

Epoque avant la naissance de Sarug et après la mort de Salé et Arphaxad. L'évangile de Luc (3,36) intercale dans la généalogie de Jésus un Caïnan entre Salé et Arpahxad normalement son père qui serait alors son grand-père (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr).

 

Pierre Maffée donne l'exemple d'un Indien (d'Inde ou d'Amérique ?) qui vécut autant que les patriarches hébreux, Arphaxad ou Sarug (Louis Moréri, Le Grand Dictionnaire Historique Ou Le Mélange Curieux De L'Histoire Sacrée Et Profane, Tome 5, 1732 - books.google.fr).

 

Ferdinand Castanede au 8. liv. & Pierre Maffée [R. P. Iean Pierre Maffée, de la Compagnie de Iesus, Maffei, Giovanni Pietro, 1533-1603, Histoire des Indes Orientales et Occidentales] au 11. liv. de leur histoire de Portugal, ont données d'un noble Indien, qui rajeunit par trois fois pendant les 340 ans qu'il vécut. Cette histoire est très-authentique, puisque Mendoza nous assure in Viridario, au 4. liv. problème 17 que plusieurs Jésuites ont vu, connu & parlé à cet Indien trois fois rajeuni, ce qu'ils ont attesté par leurs lettres (François Planque, Bibliothèque choisie de médecine, tirée des ouvrages, périodiques, tant françois qu'étrangers, 1749 - books.google.fr).

 

Johannes Langius (1485-1565) dit que les habitans de l'île imaginaire Bonica, en Amérique, peuvent aisément s'empêcher de vieillir, puisqu'il y a, dans cette île, une fontaine qui rajeunit pleinement (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire Infernal, Tome 3, 1826 - books.google.fr, Claudius Deodatus, Pantheum Hygiasticum Hippocratico Hermeticum, 1629 - books.google.fr).

 

1869

 

La ville de Compiègne Ă©tait fière de d'Ailly. Dans la paroisse St-Antoine oĂą il avait Ă©tĂ© baptisĂ©, qui avait reçu de lui par disposition testamentaire un legs important, un monument le reprĂ©sentait, avant la RĂ©volution, agenouillĂ©, entourĂ© de sa famille, en costume de cardinal. En 1869, un comitĂ© se fonda pour faire revivre ce souvenir; afin d'appuyer cette idĂ©e, M. Aubrelicque, maire de Compiègne, publia une Ă©tude biographique; elle tire sa principale valeur des circonstances qui l'ont inspirĂ©e et des documents locaux, empruntĂ©s surtout Ă  dom Gillesson, qui ont Ă©tĂ© mis en oeuvre. A la tĂŞte du comitĂ© se trouvait le curĂ© de la paroisse, actuellement Ă©vĂŞque de Dijon, S. G. Monseigneur Lecot. La mĂ©moire de P. d'Ailly lui Ă©tait chère ; c'est Ă  son zèle surtout que l'on doit la reconstruction de ce monument prĂ©cieux (Louis-Alphonse Rambure, Pierre D'Ailly et ses historiens, 1887 - books.google.fr).

 

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