Le denier de l’Eglise

Le denier de l’Eglise

 

V, 99

 

1924-1925

 

Milan, Ferrare, Turin, & Aquilleye,

Capue, Brundis vexés par gent Celtique :

Par le Lyon & phalange aquilée

Quand Rome aura le chef vieux Britannique.

 

Le duc lombard de Bénévent Arichis

 

L'avance lombarde en Pouille a laissé peu de traces dans les textes. La rareté de ceux-ci n'est pas seule en cause: la géographie humaine antique, qui privilégiait le Tavoliere au nord, le Salento au sud au détriment de la zone des Murge et de son littoral fait que, entre la conquête précoce du centre déserté de l'ancienne Apulia et la pénétration plus tardive de l'antique Calabria, les progrès lombards ont pu passer inaperçus. L'enclave impériale de Siponto est sans doute réduite dans la seconde moitié du VIIe siècle. Lors de l'expédition de Constant II, débarqué à Tarente (byzantine) en 663, seule Lucera, lombarde sans doute depuis longtemps, est connue pour avoir souffert de ses victoires sans lendemain; Acerenza, lombarde elle-aussi, lui résiste. La frontière peut ainsi très bien s'être fixée pendant près d'un siècle sur l'Ofanto et le sillon qui sépare les Murge de l'Apennin. Mais, quelques années après le passage de Constant II, Tarente, Brindisi et le cœur de l'antique Calabria tombent à leur tour, au terme sans doute d'une conquête du centre de la Pouille qui n'a pas laissé de traces. On sait enfin qu'Otrante, encore byzantine vers 710 est lombarde en 758: elle est alors rendue aux Grecs qui aident le duc Arichis contre son prédécesseur Liutprand réfugié dans la cité. Seule l'extrême pointe du Salento, avec Gallipoli, n'a jamais été lombarde. Otrante l'est restée trop peu de temps sans doute pour avoir vraiment été incorporée à la Longobardia, mais la frontière byzantino-lombarde a dû se fixer, du milieu du VIIIe au milieu du IXe siècle, un peu au nord de cette ville. Tarente, au contraire, plus tard très partiellement hellénisée, est sans conteste au IXe siècle peuplée de Lombards, de même que toute la Pouille bénéventaine. On est même frappé par le fait que les diverses étapes de la conquête ont abouti à une assimilation parfaite de l'ensemble de la région: l'importance historique de leur chronologie est donc médiocre (Jean-Marie Martin, La Pouille du VIe au XIIe siècle. Rome : École Française de Rome, 1993 - www.persee.fr).

 

C'est donc le contrĂ´le de l'isthme sud-italien que les deux empires se disputent. Mais Charles s'efforce aussi de soumettre Arichis pour complaire au pape, dont les prĂ©tentions territoriales sur les dĂ©pendances de l'ancien Exarchat seraient mises en cause par une coalition grĂ©co-lombarde : en pays lombard, les progrès d'un parti franc se dĂ©cèlent dans les monastères comme ceux du mont Cassin ou de San Vincenzo al Volturno. Avec la Haute Adriatique, le Sud italien est donc un des lieux oĂą se dĂ©veloppe une constante compĂ©tition entre Francs et Grecs, qui se traduit par de nombreux Ă©changes diplomatiques. En 787, le duc Arichis est attaquĂ© par les Francs et fait mine de se soumettre Ă  eux, tandis que les ambassadeurs byzantins doivent quitter Capoue, oĂą ils Ă©taient venus nĂ©gocier avec Charles ; mais le duc traite avec Constantinople, dont il obtient le titre et les insignes de patrice, juste avant de mourir, tandis que se prĂ©pare une expĂ©dition navale grecque de l'autre cĂ´tĂ© de l'Adriatique elle Ă©chouera lamentablement en 788, sur les cĂ´tes calabraises ; le nouveau duc, Grimoald, longtemps otage de Charlemagne Ă  Capoue, est alors obligĂ© de reconnaĂ®tre sa sujĂ©tion aux Francs : symboliquement, en 798, il expulse son Ă©pouse grecque pour se ranger dans le parti franc. Pourtant, l'annĂ©e mĂ©me du traitĂ© d'Aix, en 812, les Byzantins lancent encore une attaque contre BĂ©nĂ©vent, tandis que les Francs semblent avoir ourdi des menĂ©es en Sicile, dont un duc, vers la mĂ©me date, se voit contraint de s'enfuir dans leur territoire (Pierre Cabanes, Histoire de l'Adriatique, 2016 - books.google.fr).

 

"Capue" : Capoue

 

La Vie de Charlemagne, d'Éginhard, nous raconte que l'Empereur, s'avançant jusqu'Ă  Capoue, exige «sous menace de guerre la reddition des BĂ©nĂ©ventains.. Leur duc Arichis prĂ©vint cette menace en envoyant Ă  la rencontre du roi ses fils... et en promettant sa soumission... Ă  cette rĂ©serve près qu'il serait personnellement dispensĂ© de comparaĂ®tre» : praeter hoc solum si ipse ad conspectum uenire cogeretur (paragraphe 10). Les Annales royales prĂ©sentent les choses diffĂ©remment : lorsque Charles atteint Capoue, Arichis s'enfuit de BĂ©nĂ©vent Ă  Salerne ; lĂ  il offre de se soumettre ; il n'est pas question de ce refus de comparaĂ®tre, mais il est dit qu'Arichis a fui, timore perterritus, non fuit ausus per semetipsum faciem domini rĂ©gis Caroli uidere, «frappĂ© de terreur, il n'osa voir en personne la face du seigneur Roi Charles» (Ann. 787, première rĂ©daction). Éginhard, qui a dĂ» lire vite, a pris au pied de la lettre l'image biblique pourtant banale : faciem autem meam uidere non poteris (Exode, XXXIII, 23). Ailleurs, il attribue Ă  Carloman, le frère de Charlemagne, deux annĂ©es de règne seulement ; or, celui-ci a rĂ©gnĂ© d'octobre 768 Ă  dĂ©cembre 771, mais les Annales royales ne parlent de son règne que dans les notes des annĂ©es 769 et 770 1 c'est donc Éginhard qui utilise les Annales et non les Annales Éginhard (Charles Samaran, L'Histoire et ses mĂ©thodes, 1961 - books.google.fr).

 

"phalange aquilée"

 

Le mot phalange est d'origine grecque : on pense aux armées byzantines qui disputent aux Francs l'hégémonie en Italie. "aquilée" est d'origine latine, ici il s'agirait de l'aigle de l'empire romain qui survit à Constantinople. Cf. VI, 78 - Millénarisme - 1982-1983.

 

Des Anglais Ă  Rome

 

Offa a Ă©tĂ© un des plus fameux de ceux qui ont regnĂ© en Angleterre pendant l'Heptarchie, tant par la DignitĂ© de Monarque dont il fut revĂ©tu, que par ses victoires sur les Gallois, & sur les Princes Anglois ses voisins, & par quelques autres choses que j'indiquerai dans cet AbregĂ©. Une de ses plus grandes victoires fut celle qu'il remporta fur Aldrick Roi de Kent, en 774. Rien n'Ă©toit plus ordinaire que de voir ceux Ă  qui on avoit confĂ©rĂ© la qualitĂ© de Monarque prĂ©tendre Ă  une autoritĂ© Souveraine sur les autres Rois de l'Heptarchie. Offa, marchant sur les traces de ceux qui l'avoient prĂ©cĂ©dĂ©, ne cessa point d'inquiĂ©ter ses voisins sur ce sujet, & son ambition l'engagea dans des guerres continuelles avec ceux des Souverains Anglois qui vouloient lui disputer ses droits prĂ©tendus. Mais le dĂ©tail de ces guerres est si confus & si succinct dans les Histoires, que ce qu'on en pourroit dire ne suffiroit pas pour en donner une juste idĂ©e. Il faut donc se contenter de ce que je viens de dire en gĂ©nĂ©ral, qui peut faire connoĂ®tre le caractere du roi Offa. Pendant que ce Prince Ă©toit occupĂ© Ă  foumettre les Rois ses Compatriotes, les Gallois toĂ»jours attentifs Ă  profiter des avantages que les frĂ©quentes divisions entre les Anglois leur procuroient, crurent avoir trouvĂ© une occasion favorable pour l'attaquer. Cette guerre imprĂ©vuĂ«, dans laquelle les Gallois eurent d'abord un assez heureux succès, fut cause de la paix avec les Anglois, pour pouvoir tourner ses armes contre les Gallois. En peu de temps, il rĂ©duisit ceux-ci en un tel Ă©tat, qu'ils se virent contraints d'abandonner, non seulement les conquĂŞtes qu'ils avoient d'abord faites dans la Mercie, mais encore une partie de leur propre PaĂŻs au delĂ  de la Saverne, dont Offa s'empara, & le remplit de Colonies Angloifes. Mais pour empĂŞcher que dans la suite, les Gallois ne pussent s'en ressaisir, il fit Ă©lever un rempart muni d'un large fossĂ©, par le moyen duquel il sĂ©para ses conquĂŞtes du reste du PaĂŻs de Galles. Ce rempart qui Ă©toit long de quatre-vingts mille pas, s'Ă©tendant depuis l'embouchure de la riviere de Dee, jusqu'Ă  l'endroit oĂą la Wye se jette dans la Saverne, fut nommĂ© Claudh-Offa, c'est-Ă -dire, le FossĂ© d'Offa. En 786, Offa s'associa Egfrid fon Fils, & donna Edhurge sa Fille en mariage Ă  Brithrick Roi de Wessex. Une des choses qui a le plus terni la reputation d'Offa, ce fut la perfidie dont il usa envers Ethelbert Roi d'Estanglie. Ce jeune Prince se voyant sans Heritier, & voulant se marier, se rendit Ă  la Cour d'Offa pour lui demander en mariage Adelfride sa fille. Il fut d'abord reçu avec de grands tĂ©moignages d'affection, & d'estime. Mais peu après, Offa changea de sentimens Ă  son Ă©gard, par les suggestions de Quendride sa Femme qui lui reprĂ©senta, qu'il ne devoit pas laisser passer l'occasion favorable qui se prĂ©fentoit de se rendre maĂ®tre de l'Estanglie, en Ă´tant la vie Ă  Ethelbert. Les sollicitations de la Reine furent si pressantes, & si souvent rĂ©ĂŻterĂ©es, qu'enfin Offa se laissa perfuader de violer les loix les plus sacrĂ©es de l'honneur & de l'hospitalitĂ©, par le meurtre de ce jeune Prince. Ce coup Ă©tant fait, il marcha l'Estanglie avec une nombreuse armĂ©e, avant que les Estangles eussent le temps : prĂ©parer Ă  la dĂ©fense. Comme il ne trouva aucune opposition, il s'empara de ce Royaume, & l'unit Ă  la Mercie. Il n'eut pas plutĂ´t contentĂ© sa passion, qu'il se sentit dĂ©chirĂ© de cruels remords. Son crime qui se prĂ©sentoit sans cesse Ă  son esprit, le bourrelloit d'une telle maniere, qu'il ne pouvoit trouver aucun repos. Pour calmer ces agitations, il prit la rĂ©solution de faire un voyage Ă  Rome, afin d'obtenir du Pape Adrien Ier des indulgences qui le missent Ă  couvert de la peine qu'il meritoit. Il exĂ©cuta ce dessein, l'an 794. Le Pontife lui accorda ce qu'il souhaitoit, Ă  condition qu'il feroit du bien aux Eglifes & aux Monasteres : car c'Ă©toit uniquement Ă  ce prix qu'on expioit alors ses pĂ©chez. Il auroit Ă©tĂ© Ă  souhaiter que la restitution y eĂ»t Ă©tĂ© ajoutĂ©e comme une condition nĂ©cessaire & prĂ©alable. Entre les libĂ©ralitez qu'Offa fit aux Eglifes de Rome, on n'en doit pas oublier une, qui fut d'une grande consĂ©quence pour l'Angleterre. Il y avoit dĂ©ja Ă  Rome un CollĂ©ge Anglois fondĂ© par Ina Roi de Wessex, pour l'entretien duquel le Fondateur avoit assignĂ© un denier sterling par maison, de toutes celles qui se trouvoient dans le Wessex & dans le PaĂŻs de Sussex. Cette espĂ©ce d'aumĂ´ne s'appelloit Romescot, c'est-Ă -dire, Tribut de Rome, ou envoyĂ© Ă  Rome. Offa Ă©tendit cette taxe Ă  toutes les Maifons de la Mercie & de l'Estanglie, & parceque l'argent se comptoit Ă  Rome, le jour de la fĂŞte de St. Pierre aux Liens, cette taxe fut nommĂ© le Denier de St. Pierre, au lieu du nom de Romescot qu'elle avoit auparavant. Par ce moyen, les Directeurs du CollĂ©ge eurent abondamment de quoi fournir Ă  la dĂ©pense Ă  quoi les engageoit la grande affluence d'Anglois qui alloient Ă©tudier Ă  Rome. Dans la suite, les Papes prĂ©tendirent que c'Ă©toit un tribut que les Anglois payoient Ă  St. Pierre & Ă  ses Successeurs, & le convertirent Ă  leur usage, jusqu'Ă  ce qu'il fĂ»t enfin aboli sous le Regne de Henri VIII. Avant que de partir de Rome, Offa obtint du Pape la Canonisation de Saint Alban premier Martyr de la Grande Bretagne, dont on prĂ©tendit que le Corps avoit Ă©tĂ© trouvĂ© Ă  Verulam. Dès que ce Prince fut retournĂ© dans son Royaume, il fit bâtir au mĂŞme lieu une belle Eglise & un superbe Monastere, auquel il accorda de grands privilĂ©ges & des revenus considĂ©rables. Depuis ce temps-lĂ , la Ville de Verulam prit le nom de St. Alban. Offa fit aussi de grandes largesses Ă  l'Eglise de HĂ©rĂ©ford, oĂą le corps du Roi d'Estanglie avoit Ă©tĂ© inhumĂ©, afin qu'on y priât Dieu continuellement pour le mort & pour le meurtrier. Guillaume de Malmesburi, en parlant du Roi d'Offa, ne sçait s'il doit le  mettre au rang des bons ou des mauvais Princes. Le meurtre du Roi d'Estanglie, & d'un autre cĂ´tĂ©, la Canonisation de St. Alban procurĂ©e par ses soins, avec la fondation d'un beau Monastere Ă  l'honneur de ce Saint, Ă©tant mis en balance, font le sujet du doute de cet Historien. Plusieurs choses rendent le Regne d'Offa remarquable. Le FossĂ© du PaĂŻs de Galles, l'union de l'Estanglie Ă  la Mercie, l'Ă©rection de l'EvĂŞchĂ© de Lichfield en ArchevĂŞchĂ©, dont je parlerai en un autre endroit, le Denier de Saint Pierre, enfin, un Corps de Loix que ce Prince publia sous le tĂ®tre de Lanlere Merceus-Leaga c'est-Ă -dire, Loix des Merciens, qui ont servi de modĂ©le Ă  ses Successeurs, & dont la plĂ»part furent infĂ©rĂ©es dans celles qu'Alfred le Grand publia sur la fin du siĂ©cle suivant. Offa avoit liĂ© une Ă©troite amitiĂ© avec Charlemagne. On trouve quelques-unes de leurs Lettres rĂ©ciproques dans la Vie d'Offa qui a Ă©tĂ© imprimĂ©e, Ă  la fin de l'Hiftoire de Mathieu Paris, Vie, oĂą il n'y a guĂ©res moins de fables que de vĂ©ritez. Ce Prince mourut l'an 796, après avoir regnĂ© trente-neuf ans. Egfrid qu'il avoit dĂ©ja fait couronner en se l'associant, lui fuccĂ©da, tant dans le Royaume de Mercie, que dans la DignitĂ© de Monarque (M. de Rapin Thoyras, Histoire d'Angleterre, par , Tome premier contenant ce qui s'est passĂ© depuis l'invasion de Jules Cesar, jusqu'Ă  la conquĂŞte des normans, Volume 1, 1727 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Offa (roi de Mercie)).

 

Le denier de saint Pierre est une vieille institution d'origine anglo-saxonne remontant aux rois Ina de Wessex (mort en 726) et Offa de Mercie (mort en 794). Ce dernier prince s'était constitué le débiteur du Siège apostolique pour une somme annuelle de trois cent soixante-cinq marcs d'or envoyée à Rome pour la première fois en 787. Cette somme était destinée aux pauvres et à lentretien du luminaire des églises. Ramené à un abonnement de trois cents marcs par Ethehvulf, roi de Wessex, en 855, réparti à raison d'un denier par famille par Alfred le Grand (871-899) et connu pour cette raison sous le nom de Romepenny, ou denarius beati Petri (Peterpence), le denier de saint Pierre était, au XIIe siècle, perçu par diocèse et assez régulièrement envoyé à Rome (Augustin Fliche, Histoire de l'Église, depuis les origines jusqu'à nos jours, Tome 9 : Du premier Concile du Latran à l'avènement d'Innocent III: (1123-1198), 1953 - books.google.fr).

 

Le roi de Wessex Ina avait dĂ©jĂ  rĂ©gnĂ© trente-sept ans ; la paix de ses vieux jours Ă©tait troublĂ©e par la rĂ©volte ; son corps Ă©tait usĂ© par les infirmitĂ©s, son esprit tourmentĂ© par des soucis. L'expĂ©rience d'ailleurs lui avait appris combien il Ă©tait difficile, avec des mains affaiblies, de tenir les rĂŞnes du gouvernement, au milieu d'une noblesse turbulente et guerrière. Il forma donc le projet sage de descendre volontairement d'une position qu'il ne pouvait plus soutenir avec dignitĂ© ; et la religion offrait Ă  sa vieillesse une retraite sainte et assurĂ©e. Ayant rĂ©uni le witena-gemot (728), il rĂ©signa la couronne, dĂ©lia ses sujets du serment d'allĂ©geance et exprima le dĂ©sir d'employer le reste de sa vie Ă  expier les erreurs de sa jeunesse. Au bout de quelques semaines, Ina s'Ă©loigna du Wessex, accompagnĂ© d'Ethelburge, pour accomplir leur premier vĹ“u, qui Ă©tait de prier sur les tombeaux des apĂ´tres Pierre et Paul ; ils partirent pour Rome, y arrivèrent fatiguĂ©s du voyage et visitèrent les lieux saints. Il se peut, comme quelques Ă©crivains l'ont avancĂ©, qu'Ina ait Ă©tabli une Ă©cole anglaise dans cette ville ; mais cette circonstance paraĂ®t ignorĂ©e des anciens historiens ; et il ne serait guère possible de la concilier avec l'humilitĂ© du roi, qui voulait, par-dessus tout, Ă©viter les regards du public et vivre confondu dans la classe la plus commune. Dans cette intention, il refusa de raser sa tĂŞte ou de prendre l'habit monastique, et il continua de s'entretenir du travail de ses mains et d'accomplir ses dĂ©votions sous le costume d'un pauvre pèlerin inconnu Ă  tous. Il mourut Ă  Rome avant l'annĂ©e rĂ©volue : Ethelburge, fidèle compagne de sa grandeur, de sa pauvretĂ© et de son repentir, ne tarda pas Ă  le suivre au tombeau (John Lingard, Histoire d'Angleterre depuis la première invasion des Romains jusqu'a nos jours, Tome 1, 1844 - books.google.fr).

 

"Lyon" : le lion de Venise

 

Le lion devint symbole de Venise au IXe siècle, quelque temps après la datation du quatrain (787).

 

Une nuit, des marchands venitiens qui veillaient à Alexandrie auprès du corps de saint Marc le remplacèrent adroitement par celui de saint Claudien, et revinrent triomphalement dans leur patrie, sans autre cargaison que celle du saint évangéliste (829). Venise adopta saint Marc pour son patron. Le Lion de Saint-Marc devint son étendard, et son nom le cri de ralliement (P. C. Nicolle, Mnémonique de l'histoire ou précis d'histoire universelle en tableaux séculaires, à l'usage de la jeunesse, 1852 - books.google.fr).

 

Il y eut un point où les deux empires franc et byzantin qui se partageaient la chrétienté se touchèrent, une ville qui devint le théâtre de leur lutte, mais qui sut échapper à l'un et à l'autre. Venise joua, entre les maîtres de l'Occident et ceux de l'Orient, un rôle indépendant et glorieux. Depuis la conquête de la Lombardie et de l'exarchat, l'empire frank confinait aux lagunes vénitiennes. Mais, sur la rive orientale de l’Adriatique, l'Istrie et la Dalmatie appartenaient au Bas-Empire. Venise restait seule entre deux grandes monarchies rivales : elle devint l'objet d'une compétition qui devait dégénérer en guerre ouverte. Un parti grec s'y était formé depuis un demi-siècle. Il datait du jour où l'exarque Paul avait obtenu asile et protection, où Ravenne avait été reprise sur les Lombards par une flotte vénitienne, où le doge avait joint à son titre légal celui d'une dignité monarchique. Orso Hypato en était le chef. Par lui l'influence byzantine tendait à se répandre dans la politique et jusque dans les formes extérieures du gouvernement. Le doge avait à peine reçu de Constantinople un honneur nouveau dans les annales de son pays, qu'il affecta un luxe et un orgueil extraordinaires ? Les républicains s’alarmaient. L'institution des doges fut suspendue pendant quelque temps et fit place à celle des maîtres des soldats. Vingt ans plus tard, au nombre des factions vénitiennes on retrouve les amis des Grecs. Enrico Barbaromano occupe, avec le secours de ceux-ci, les Lidi Remondini, delle Pinete, de la Piave, de la Livenza jusqu'à Grado. Mais il est vaincu par Galagaulo, qui représente le parti contraire et qui usurpe un instant la dignité ducale (755). Des haines intestines devaient aggraver ces conflits. Deux villes se disputaient, dans les lagunes, le gouvernement de l'État. Eraclea avait été pendant longtemps la résidence des doges. Quoiqu'elle eût perdu ce privilège, elle n'en conservait pas moins la suprématie. Tous les doges étaient tirés de son sein. Les autres villes, Iesolo en tête, voyaient avec jalousie cette prépondérance. De là deux partis acharnés, comme on en trouve au commencement des petites républiques, les Héracléens et les Iesolaniens. Venise était donc préparée à une rivalité d'influence, et la dualité qui se manifestait au dehors existait depuis quelque temps en elle-même.

 

A la fin du VIIIe siècle, les Héracléens avaient le pouvoir par le moyen des Galbaj, que l'affection du peuple perpétuait dans l'autorité ducale. Les Galbaj penchaient pour les Grecs. Maurizio Galbaio, devenu vieux, imitait les usages byzantins en s'associant Giovanni, son fils. Celui-ci, devenu le second doge en 787, rencontra une vive opposition dans le patriarche, qui avait le même nom, mais qui, sujet de Charlemagne avant son élévation, se déclara le chef du parti frank et gagna les Iesolaniens à sa cause. Les deux factions ordinaires de la république arboraient le drapeau des deux empires qui s'y disputaient l'influence (Jean Armingaud, Venise et le Bas-Empire: Histoire des relations de Venise avec l'Empire d'Orient depuis la fondation de la république jusqu'à la prise de Constantinople au XIIIe siècle, 1868 - books.google.fr).

 

Sous Maurice Galbaio (764), l'inquiétude occasionnee successivement par l'alliance de Didier, roi des Lombards, avec le patriarche d'Aquilee, et par la puissance formidable de Charlemagne, vainqueur des Lombards, parait avoir maintenu le calme dans Venise. Maurice Galbaio s'arrangea avec le roi des Francs par un traite de délimitation, et sut si bien se concilier tous les partis, qu'on lui accorda de prendre de son vivant son fils pour collègue, et de le désigner cotnme son successeur. C'etait un premier pas vers l'hérédité du pouvoir ; mais apres lui, en 787, son fils, Jean Galbaio, ne réussit pas à le transmettre de même. La lutte intérieure recommença, et se compliqua des tendances opposées du patriarche et du duc, qui cherchèrent, l'un l'appui des Francs, l'autre celui des Grecs (P. C. Nicolle, Mnémonique de l'histoire ou précis d'histoire universelle en tableaux séculaires, à l'usage de la jeunesse, 1852 - books.google.fr).

 

Typlogie

 

Le report de 1925 sur la date pivot 787 donne -351, et sur 729 (mort d'Ina Ă  Rome) -467.

 

Si l'on en croit Plutarque, ce fut la dernière année de la 77e olympiade, c'est-à-dire entre les années 470 et 467 avant J. C., à l'occasion du retour de la flotte qui, sous la conduite de Cimon, avait battu les Perses sur l'Eurymedon, conquis l'île de Scyros, et en ramenait les restes mortels de Thésée, que Sophocle, âgé de vingt-six à vingt-sept ans, donna sa première pièce Les concurrents étaient nombreux, et parmi eux se trouvait Eschyle, alors au comble de la gloire. Les avis des juges furent partagés : les uns se déclaraient pour l'auteur des Perses et

de l'Orestie; les autres penchaient en faveur du jeune homme qui entrait en lutte pour la première fois. Afin de sortir d'embarras, l'archonte Aphepsion changea l'usage qui conférait la décision du concours à des citoyens choisis parmi ceux qui avaient servi dans les armées, et porta le jugement devant les dix généraux vainqueurs: Ceux-ci donnèrent la palme à Sophocle. On croit que sa pièce était intitulée Triptolème, drame satyrique, c'est-à-dire dans lequel les satyres et les nymphes jouaient un rôle, et dont nous avons un exemple dans le Cyclope d'Euripide. Eschyle, attristé de sa défaite, quitta Eleusis, sa ville natale, pour se retirer en Sicile (T. Budé, Tragédies de Sophocle, 1865 - books.google.fr).

 

Sous la domination des Perses, à l'époque du pontificat de Jochanan, (350 av. J.-C.) son frère Jeschoua, ambitieux de la tiare qu'il s'était fait promettre par Bagos, gouverneur de Syrie, osa porter la main sur son frère, à la suite d'une querelle violente, et le tua dans le lieu saint.

 

Josèphe, AntiquitĂ©s, liv. XI, ch. VII : Bagos, indignĂ© de ce sacrilĂ©ge, accourut au temple en l'apprenant et voulut pĂ©nĂ©trer dans l'enceinte sacrĂ©e interdite aux Gentils oĂą gisait Jochanan assassinĂ©. Comme on s'y opposait : «Me croyez-vous donc plus impur, s'Ă©cria-t-il, que ce cadavre ?» RĂ©flexion fort juste qui ne convainquit pas les assistants. Bagos, irritĂ©, imposa alors aux Juifs un tribut exceptionnel, restreignit leur libertĂ© et, d'après le rĂ©cit de Josèphe, les persĂ©cuta pendant sept ans.»

 

Le caractère dominant des trois premiers siècles du second Temple, c'est, d'un côté, la corruption croissante du pontificat et de l'aristocratie ; de l'autre, l'état précaire de la Judée, aspirant toujours, mais en vain, à son antique indépendance, jouet des caprices de ses maîtres successifs, tour à tour cédée, vendue, livrée, reprise, suivant le hasard des batailles et des combinaisons diplomatiques dont la Palestine, la Syrie et l'Égypte formaient le terrain agité. Cependant les deux siècles pendant lesquels dura le pouvoir des Perses en Judée, ne furent pas plus durs pour cette contrée que pour les cent vingt-sept provinces dont se composait, dit-on, le vaste empire persan. Elle jouit d'une liberté religieuse complète et se gouverna selon ses lois. Pourvu qu'elle remplit, à l'égard du souverain, ses devoirs d'obédience et de vassalité et qu'elle payât exactement ses tributs, on ne lui demandait pas davantage. Lorsque Alexandre le Grand, poursuivant l'étonnante expédition qui devait lui soumettre l'Égypte et lui ouvrir l'Asie jusqu'à l'Indus, eut vaincu Darius, roi de Perse, et établi la domination macédonienne sur les bords de l'Euphrate, la Judée subit, à son tour, la loi du vainqueur. Mais le grand conquérant Se montra plein de bienveillance pour ses nouveaux sujets. Il confirma avec solennité tous les droits qu'ils avaient sous le gouvernement des Perses, les dispensa des impôts aux périodes septennaires (Joseph Cohen, Les Pharisiens, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

 

Le denier de l'Eglise

 

Dans le passé, l’Église représentait une puissance financière considérable, possédant et exploitant de nombreuses propriétés. La Révolution française provoque la confiscation des biens de l’Église. Par le Concordat de 1801 signé avec Napoléon, le pape Pie VII renonce à revendiquer les biens confisqués : ceux-ci n’appartiennent pas à l’Église mais, en contrepartie, l’État s’engage à assurer "un traitement convenable aux évêques et aux curés". Comme un grand corps de l’État, l’Église dépend institutionnellement et financièrement de l’État. En 1905, la loi de Séparation de l’Église et de l’État met fin à ce statut, puisque la République "ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte."

 

En conséquence :

 

- L’ensemble des biens de l’Église est devenu propriété de l’État ou des collectivités locales ;

- Les prêtres perdent le salaire qui leur était versé par l’État ;

- Les églises sont affectées exclusivement au culte.

 

Il faudra attendre 1925 pour que de nouveaux statuts d’associations diocésaines soient proposés, en accord avec l’État français et l’État du Vatican. Chacun des 95 diocèses français est dès lors représenté juridiquement par une association cultuelle dont l’objet est double : la formation, la subsistance, le logement, la protection sociale des ministres du culte d’une part, la possession et l’administration des biens immobiliers nécessaires à l’exercice public du culte d’autre part.

 

L’un des rôles essentiels de l’association diocésaine est de recueillir les fonds nécessaires à la rémunération des prêtres, puisque ceux-ci ne sont plus payés par l’État. C’est ainsi qu’est instauré le Denier du Culte (il s’appelle dans un premier temps le Denier du Clergé). Il s’agit d’une contribution libre et volontaire demandée à tous les catholiques. De leur générosité seule dépend la rémunération des prêtres.

 

Cependant, les diocèses n’emploient pas que des prêtres : à leurs côtés, des laïcs salariés contribuent au dynamisme et à la vitalité de l’Église. Il peut s’agir de salariés administratifs (accueil, secrétariat, comptabilité, etc.) ou d’animateurs pastoraux. L’expression "Denier du Culte" devient donc rapidement inexacte. C’est pourquoi, en 1989, elle est remplacée par "Denier de l’Église" (Histoire du denier - diocese-quimper.fr).

nostradamus-centuries@laposte.net