Ouverture

Ouverture

 

I, 2

 

1558-1559

 

La verge en main mise au milieu de BRANCHES,

De l'onde il moulle & le limbe & le pied.

Un peur & voix fremissent par les manches :

Splendeur divine. Le divin s'assied.

 

"verge en main"

 

Expression qui peut se comprendre d'une certaine manière.

 

Dans le «chantar d’ongl’e d’oncle», sextine d’Arnaut Daniel, on aura compris que l’utilisation des nombreux sens du mot verge entre (si j’ose dire) de façon brillante dans la construction du poème (Michèle Audin, Mathématiques et littérature , Mathématiques et sciences humaines n° 178, 2007 - journals.openedition.org).

 

"milieu"

 

Juste-milieu : anus en argot. Pierre Guiraud (Dictionnaire Ă©rotique) : «Le mot est datĂ© de la monarchie de Juillet dont le juste-milieu Ă©tait le système de gouvernement.» (Dominique Fournier, Au clair de la lune, 2003 - www.google.fr/books/edition).

 

Fis anus. Horace

Tu deviens juste-milieu (Traduction libre)

 

Oui, chers abonnĂ©s, les MĂ©langes sont convertis au bienheureux juste-milieu. Les voilĂ  chevaliers du croupion, prĂŞts Ă  soutenir en champ-clos la beautĂ© incomparable, la force indomptable, la logique admirable de leur nouvelle maĂ®tresse, la DOCTRINE : quasi-rĂ©publicains, quasi-monarchiques, quasi-libĂ©raux, quasi-despotiques, quasi-tout, ou plutĂ´t quasi-rien, ils sont... juste-milieu. De leurs vieilles idĂ©es fĂ©odales ou nationales (ce qui est la mĂŞme chose, au dire du Constitutionnel), ils n'ont conservĂ© que la franchise. VoilĂ  pourquoi ils se hâtent de publier leur conversion, tout en rougissant un peu ; car novices dans la doctrine, comme leurs maĂ®tres en voltige, un de ces fronts qui ne rougissent jamais. Que voulez-vous ? c'est encore un reste du vieil homme royaliste; nous apprendrons de M. Villemain Ă  nous en dĂ©barrasser. Ah ! bon Dieu ! quelle rumeur ! quel tapage ! serait-ce nos ventrus affamĂ©s vocifĂ©rant la clĂ´ture ? Eh non ! ce sont nos chers amis nos ahonnĂ©s. – Quoi ! les MĂ©langes juste-milieu ? Oui, chers abonnĂ©s. - Les MĂ©langes doctrinaires ? Oui, amis lecteurs. Que trouvez-vous d'Ă©tonnant Ă  cela ? M. Guizot a fait le voyage sentimental ; M. d'Argout a brĂ»lĂ© le drapeau tricolore; M. Soult a verse des larmes d'attendrissement sur les victimes de Quiberon; M. Villemain a chantĂ© la sainte alliance, et M. de SĂ©monville, et M. Montalivet, et M. etc., etc., etc. car Cætera de genere hoc adeò sunt multa, loquacem / Delassare valent Fabium. Ce qui veut dire en français, que toute la loquacitĂ© de Thiers, tout le rabachage de quelqu'un ne suffirait pas au dĂ©nombrement de nos camĂ©lĂ©ons politiques. Vous voyez qu'Ă  dĂ©faut de raisons, les exemples ne nous manqueraient pas. Mais nous en avons des raisons; raisons puissantes, dĂ©cisives. - Quelque article des DĂ©bats ? Bon ! arlequin fait rire, voilĂ  tout. - Du Moniteur du commerce ? HĂ©las ! mort, mort en dĂ©pit de la doctrine et des fonds secrets. - Du Constitutionnel ? Fi donc ! est-ce que les MĂ©langes vont au cabaret ? C'est peut-ĂŞtre une improvisation de M. Soult, un dilemme Broglie ? – Mieux que cela. - Un souvenir de Jemmapes, un bain de poule-d’eau ?; - Mieux encore - Quelques parcelles du budget. - Oh ! non ; nous n'avons pas de boules Ă  vendre, ni de Nièce Ă  livrer. Vous ne connaissez pas, nous le voyons, toutes les ressources du juste-milieu. Vous autres, logiciens vulgaires, vous ramassez pĂ©niblement des arguments divers, pour soutenir des thèses diffĂ©rentes. Un seul suffit au juste-milieu (oh ! il n'est pas bavard, le juste-milieu), un seul argument, dis-je, mais sans rĂ©plique, mais plus irrĂ©sistible que ceux de Basile, argument qui vous terrasse un homme d'un seul coup; c'est mieux que la massue d'Hercule. Exempli gratis : A propos du 7 aoĂ»t, un journaliste se permettra de dire que..., quelques dĂ©putĂ©s... le roi... sans que le peuple... vous savez... ce que M. de Cormenin a soutenu avec quelque apparence de raison, et que nous ne rĂ©pĂ©terons pas pour des raisons bien plus apparentes encore. A cela, que rĂ©pondra le juste-milieu ? Rien de plus simple ; il endossera une robe rouge ou noire, se munira de douze tĂŞtes bien mĂ©canisĂ©es qui disent oui de la meilleure grâce du monde ; puis s'adressant au journaliste, il lui dira d'an ton mielleux ! EN PRISON !... et le mauvais raisonneur est bloquĂ©. En PRISON ! voilĂ  qui rĂ©pond Ă  tout; c'est le sans dot du juste-milieu. Lorsque la bonne, l'excellente, l'exquise presse cĂ©lèbre les exploits de la doctrine et l'attitude fière de son cabinet, la mauvaise s'avise-t-elle de murmurer les mots de Pologne, Angleterre, Protocoles, le terrible argument lui apparait entre un rĂ©quisitoire et un Ă©crou, et la gloire du juste-milieu reste prouvĂ©e. EN PRISON ! Ce mot vaut mieux que cent batailles ; c'est l'Austerlitz ; c'est l'Alger de la doctrine. Ah ! vous prĂ©tendez que l'Ă©tat de siège est illĂ©gal, que la charte este une quasi-vĂ©ritĂ©, que la libertĂ© n'est qu'on vain mot ! EN PRISON ! en prison ! Donc l'Ă©tat de siège est lĂ©gal. En prison ! La charte est une vĂ©ritĂ©, c'est clair. En prison ! En prison ! Ergò, vous ĂŞtes libre, et de plus vous n'ĂŞtes qu’un sot. Ces doctrinaires sont de terribles logiciens. Il faut ĂŞtre de bien mauvaise foi pour rĂ©sister Ă  de pareils raisonnements ! Quant Ă  nous, vaincus, terrassĂ©s, nous avouons notre dĂ©faite. Le coeur contrit et repentant nous abjurons, nos folles erreurs ; et ployons le genou devant la quasi-lĂ©gitimitĂ©. Poiricoles quand mĂŞme, nous soupirons après l'heureux jour qui nous verra monter Ă  la dignitĂ© de budgĂ©thophage, but constant de tout juste-milieu. Oh ! que regardĂ© avec les yeux de la foi doctrinaire, le budget nous parait peu digne de la France et de notre appĂ©tit ! Quinze cent petits millions seulement ! pour Dieu ! tâchons de l'arrondir, Ă  1800 millions, cela ferait 150 millions par mois; voilĂ  un joli compte, un compte facile Ă  faire ; un compte rond, comme on dit. Nous votons pour les 180 millions. Après avoir fait connaitre les puissants motifs de notre conversion, il nous reste, amis lecteurs, Ă  vous exposer nos nouvelles doctrines, doctrines que nous dĂ©fendrons Ă  l'avenir avec d'autant plus de zèle, qu'elles ont Ă©tĂ© pendant deux ans l'objet de nos plaisanteries sacrilĂ©ges. On ne peut trop faire, pour rĂ©parer le scandale. Nous le dĂ©clarons donc : la poire est le premier des fruits; l'avarice, la première des vertus. La poule-d'eau vaut la bĂ©casse. La France est le modèle des pays libres. M. Soult est un grand homme dĂ©sintĂ©ressĂ© ; M. Thiers, le Fabricius des finances ; M. Bumann, la terreur des contrebandiers ; M. Broglie, le plus logicien des orateurs ; M. d'Argout y voit aussi loin que son nez ; tous les procureurs gĂ©nĂ©raux passĂ©s, prĂ©sents et futurs sont des d’Aguesseau ; tous nos dĂ©putĂ©s, des DĂ©mosthènes, et M. Rousselier un Ă©nergique citoyen qui fait beaucoup d'embarras, un homme d'esprit quand mĂŞme... il Ă©crirait des lettres Ă  la Gazette du bas Languedoc. Que si quelqu'un d'entre vous, très-honorĂ©s lecteurs, s'avisait de contester une seule de ces propositions, il aurait Ă  comparoir devant ces Messieurs pour y subir le terrible argument. Et nous, grâce Ă  notre conversion, admis Ă  notre tour Ă  le questionner, nous lui parlerions, avec Ă©nergie bottes et fers, Prunes et Poires, et il y aurait bien du malheur si, Ă  force de questions embarrassantes, et de notre communication par le moyen d'un billet, nous ne parvenions pas Ă  faire de lui, ce qu'on a fait de nous, un juste-milieu quand mĂŞme (MĂ©langes occitaniques, recueil politique, religieux, philosophique et littĂ©raire, Volume 9, 1833 - books.google.fr).

 

"fis anus" : tu te fais vieille (Horace, Odes IV 13, OĂą VĂ©nus a-t-elle fui ? - fonsbandusiae.fr).

 

"moulle", "pied"

 

"moller" : mouiller, Ă©jaculer ; "piĂ©" (pied) : pĂ©nis (François Villon, Ballades en argot homosexuel, 2021 - www.google.fr/books/edition).

 

"Branches" : Branchos

 

Lucien et les poètes anciens ont donnĂ© les Dieux pour auteurs de la sodomie, ils disent que Jupiter avait Ganymède, Hercule son Hylas (ValĂ©rius Flaccus, Argonqatiques, III), Apollon eut Hyacinthe, Branchos (...) Lucien dans son dialogue de Lycinus et de ThĂ©omneste, parlant de la sodomie, dit que le monde Ă©tant venu dans la dernière corruption, les hommes ont commencĂ© Ă  semer dans un champ stĂ©rile, et dĂ©truisant l'ordre de la nature qui lie le mâle Ă  la femelle : des garçons on en fit des femmes. Le pĂ©chĂ© de sodomie est cru par Origène beaucoup plus grand que l'idolâtrie. La dĂ©finition de Richelet a Ă©tĂ© reprise presque mot pour mot dans le Dictionnaire universel de TrĂ©voux (1704), Ĺ“uvres des JĂ©suites, complĂ©tĂ©e toutefois d'une rĂ©fĂ©rence au LĂ©vitique : Il n'y a que les personnes abandonnĂ©es, et les coquins Ă  brĂ»ler, qui commettent ces sortes de pĂ©chĂ©s qui font condamner au feu par la loi de Dieu au LĂ©v. ch.  18 et 20 et par les lois civiles. Les ouvrages de droit contiennent aussi des dĂ©finitions assez rigoureuses du mot ; ainsi celle de l'avocat Muyart de Vouglans dans ses Institutes au droit criminel (1757) : «Peu d'humanistes sont exempts de ce vice» (Claude Courouve, Vocabulaire de l'homosexualitĂ© masculine, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

"limbe"

 

"Aujourd'hui, lundi 6 juillet (1750), on a brĂ»lĂ© en place de Grève publiquement, Ă  cinq heures du soir, ces deux ouvriers, savoir un garçon menuisier et un charcutier, âgĂ©s de dix-huit et vingt ans, que le guet a trouvĂ©s en flagrant dĂ©lit de sodomie. On a trouvĂ© que les juges avaient eu la main un peu lourde. Il y avait apparemment un peu de vin de trop pour pousser l'effronterie Ă  ce point" (Journal de l'avocat Barbier) (Ă  ce point de publicitĂ©). S'ils avaient pris quelques prĂ©cautions ! D'ailleurs, on est entrĂ© dans une ère de ruse policière qui permet de surprendre afin de mieux punir : «J'ai appris Ă  cette occasion que, devant les escouades Ă  pied, marche un homme vĂŞtu de gris, qui remarque ce qui se passe dans les rues, sans ĂŞtre suspect, et qui ensuite fait approcher l'escouade. C'est ainsi que nos deux hommes ont Ă©tĂ© dĂ©couverts. [...] L'exĂ©cution a Ă©tĂ© faite pour faire un exemple, d'autant que l'on dit que ce crime devient très commun et qu'il y a beaucoup de gens Ă  BicĂŞtre de ce fait.» On prĂ©fĂ©rait enfermer Ă  l'HĂ´pital gĂ©nĂ©ral les «pĂ©cheurs publics». La condamnation de l'homosexualitĂ© semble sans appel. Mais, alors, oĂą commençait-elle ? Ce n'Ă©tait pas si simple ! Peut-ĂŞtre la rĂ©pression morale tendait-elle, Ă  l'Ă©poque de Barbier, Ă  se crisper et Ă  fixer la catĂ©gorie dĂ©lictueuse qu'elle voulait saisir. Nous possĂ©dons une opinion plus ancienne, d'une Ă©poque qu'on pourrait croire plus rigoureuse (la fin du XIIe siècle) : celle de Dante. Sa hiĂ©rarchie des damnĂ©s, comme la hiĂ©rarchie des pĂ©chĂ©s de saint Paul, ou celle plus minutieuse des PĂ©nitentiels, donne une idĂ©e de la gravitĂ© relative des fautes, de leur Ă©valuation. Chez saint Paul, les luxurieux viennent après les homicides. Dante les situe juste Ă  l'entrĂ©e de l'Enfer, tout de suite après le Limbe, «noble château» oĂą «sur le vert gazon» subsistent d'une vie attĂ©nuĂ©e et sans autre souffrance que la privation de Dieu les «gens illustres», Homère et et Horace, Aristote et Platon, qui ont vĂ©cu avant le Christ. Les patriarches de l'Ancien Testament y transitèrent jusqu'Ă  ce que le Christ ressuscitĂ© les fĂ®t sortir. Les autres, les paĂŻens comme Virgile, y demeurèrent, occupant ainsi le premier cercle de l'Enfer. Le second cercle est plus sinistre, Minos y tient son tribunal, mais les peines y sont encore douces, en comparaison de celles des autres cercles : c'est la tempĂŞte, la tempĂŞte des dĂ©sirs qui continue Ă  emporter dans l'au-delĂ  les âmes qui y avaient cĂ©dĂ© dès ici-bas. «Un lieu privĂ© de toute lumière qui mugit comme la mer, dans la tempĂŞte, quand la frappent les vents contraires.» «Je compris qu'Ă  ce genre de supplice Ă©taient condamnĂ©s les pĂ©cheurs charnels qui abandonnent la raison au dĂ©sir.» Quelques-uns sont de vrais pervers, comme la reine SĂ©miramis : «au vice de luxure elle fut si rompue qu'elle rendit par sa loi licite la licence pour supprimer le blâme qu'elle mĂ©ritait» : tout Ă©tait permis. Mais ces authentiques luxurieux, authentiques selon nos normes sont recrutĂ©s dans l'AntiquitĂ© lointaine et lĂ©gendaire de SĂ©miramis et de ClĂ©opâtre (Philippe Ariès, RĂ©flexions sur l'histoire de l'homosexualitĂ©, SexualitĂ©s occidentales, 1984 - www.google.fr/books/edition).

 

Voir aussi "limbe" du latin "limbus", bord, d'où limbe du prépuce (Charles Joseph Paul Edouard Diday, Thérapeutique des maladies vénériennes et des maladies cutanées, 1876 - www.google.fr/books/edition).

 

"onde"

 

Les formules anakroumatiques, c'est-Ă -dire ces lettres bizarrement groupĂ©es qui servent de prĂ©lude ou de rĂ©pons dans certaines incantations cathartiques, supposent l'existence de l'alphabet milĂ©sien. C'est sous le nom du prophète Branchos, ancĂŞtre des Branchides et fondateur du temple d'Apollon que les Branchides desservaient aux portes de Milet, que l'on trouve placĂ©e la plus ancienne de ces formules : "bedu zaps chthĂ´m plektron sphigx knaxazbi chthuptès phlegmo drĂ´ps" constituait, Ă  en croire Apollodoros de Corcyre citĂ© par ClĂ©ment d'Alexandrie (Strom. V, 8), le refrain que Branchos fit rĂ©citer aux MilĂ©siens, en agitant des branches de laurier, pour les guĂ©rir d'une peste. C'Ă©tait probablement une formule semblable qui se trouvait Ă©crite sur la peau qu'Epimenide, appelĂ© Ă  Athènes pour purifier pareillement la ville souillĂ©e par la peste, laissa comme un talisman. A Delphes ? dĂ©jĂ  connue par cet E mystĂ©rieux, auquel Plutarque a consacrĂ© tout un traitĂ©, se trouvait sur le temple, sculptĂ© ou peint, un bouc montĂ© sur un dauphin, bouc qu'on dĂ©signait sous le nom de de "knakos" ou "knax" – l'oracle ordonnait encore, Ier s. de notre ère, aux gens de ChalcĂ©doine atteints par la peste "Euchaitè" (EuchaitĂ©s, "Ă  la belle chevelure", se rencontre ici pour la première fois comme surnom d'Hadès) "tamein knèkon" (Kaibel, Epigr. gr., n. 1034). La prĂ©sence de ce curieux symbole Dionysos-bouc semble avoir Ă©tĂ© le dieu de Delphes avant que les crĂ©tois n'y dĂ©barquassent guidĂ©s par Apollon-dauphin ne nous est attestĂ©e que par Porphyre qui allĂ©guait apparemment le fait dans un traitĂ© dont un fragment a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans un manuscrit d'Oxford. Dans ce traite "Peri tou knax zbi chtu ptès phlegmo drĂ´ps", Porphyre Ă©tudiait les formules anakroumatiques comme celle qui figure sur le titre de son opuscule et qui Ă©tait peut-ĂŞtre une formule delphienne ; elle forme la seconde partie de la formule milĂ©siennne pour la première partie de laquelle Porphyre citait une explication de Clodius de Naples, (probablement identique Ă  un Sextus Clodius qui s'Ă©tait occupĂ© des doctrines pythagoriciennes au temps de CicĂ©ron cf. Fragm. Hist. Graec., IV, p. 364). D'après cette explication, "bedu"serait lĂ  comme Ă©quivalent pour "udĂ´r", "zaps" pour "èlios", "chtĂ´n" pour "gĂŞ", "plektron" pour "aèr", et "sphigx" dĂ©signerait l'union et l'harmonie  des quatre Ă©lĂ©ments aquatique, ignĂ©, terrien et aĂ©rien. Cette interprĂ©tation mĂ©taphysique est Ă©videmment tardive ; elle suppose l'existence de la philosophie ionienne, EmpĂ©docle tirant l'univers des quatre Ă©lĂ©ments primordiaux ; HĂ©raclite faisant du soleil la lyre du monde. D'après cette conception d'HĂ©raclite qui s'est transmise par Skythinos Ă  ClĂ©anthe, c'est "plektron" qui correspondait au Soleil ; et "sphigx" a pu dĂ©signer aussi l'"aithèr", distinguĂ© de l'"aèr", et "zaps", l'onde salĂ©e opposĂ©e Ă  "bedu" qui serait l'eau douce. A cĂ´tĂ© de ces clefs cosmologiques et antĂ©rieurement Ă  elles, il semble qu'il en ait existĂ© de plus Ă©troitement religieuses. De vers attribuĂ©s Ă  Thespis (ap. ClĂ©m. Alex. loc. cit.) il rĂ©sulterait qu'on a cherchĂ© d'abord, dans la seconde partie de l'incantation de Branchos, les Ă©lĂ©ments constitutifs, non plus de l'univers, mais du kykeon, la mystĂ©rieuse libation qui servait Ă  la communion des initiĂ©s d'Eleusis . [...]

 

Quand on constate qu'elles apparaissent tout d'abord à Delphes, que l'hymne homérique fait déjà fonder par des Crétois et près de la colonie crétoise que serait aussi Milet, au sanctuaire institué par Branchos que des traditions font fils d'Olous ville de Crète –, quand on les voit introduire à Athènes par Epiménide de Crète , on ne peut que se demander si l'on ne se trouve pas en présence de transcriptions plus ou moins déformées de formules qui remonteraient jusqu'à la Crète minoenne et que devenu rituel aurait conservé bien au-delà de Branchos et d'Épiménide ; rien ne ressemble plus aux formules cathartiques qu'on leur attribue que celles des tabellae devotionis qu'on trouve en Crète dès le IVe s. qui se perpétuent jusqu'au XIVe s. (Bibliographie : Wolfgang Schultz, Die Anakrumatischen Wörte, 1908, Revue Des Études Ethnographiques Et Sociologiques, Volume 2, 1909 - www.google.fr/books/edition).

 

On peut voir l'"onde" comme liquide séminal.

 

Le Sacré-Cœur lance sur elle un petit rayon terminé par une flèche, et elle soupire :

 

Je suis une biche harassée

Qui cherche l'eau avec ardeur...

La main du chasseur m'a blessée,

Son dard a percĂ© jusqu'au cĹ“ur !

 

Dans ce texte de Marguerite-Marie Alacocque, l'onde évoque le sperme, la main du chasseur des caresses brutales et le dard le phallus (Roger Sauty, Psychanalyse et religion, étude psychanalytique, philosophique et théologique des grands problèmes religieux, 1961 - www.google.fr/books/edition).

 

Apologie

 

Giovanni Della Casa, qui dans son De laudibus sodomiae (1537) dresse une apologie de la sodomie, sous la forme d'un poème où abondent les métaphores aux connotations érotiques évidentes. Dans son Copitolo sopra il forno, il exalte le coït anal homosexuel mais surtout hétérosexuel.

 

Della Casa associe explicitement l'homosexualité au port de vêtements trop élégants. L'effémination est donc attachée à la parure, aux atours, considérés depuis l'Antiquité comme typiquement féminins. […] Giovanni Della Casa (1558), Galateo, éd. Myriam Cristallo, Bur, Superbur Classici, 2000, p. 204 : «Niuna tua vesta vuole essere molto molto leggiadra né molto molto fregiata, acciocché non si diea che tu parti le calze di Ganimede» (Elisa De Halleux, Androgynie, érotisme et ambiguïté de l'image picturale à la Renaissance : un exemple paradigmatique. In: Seizième Siècle, N°7, 2011 - www.persee.fr).

 

Cet ouvrage parut chez Trajan Naevus à Venise en 1550. Ménage nie que ce soit le cardinal qui l'a écrit, dans son Anti-Baillet, Baillet qui le dénonce, comme le fit Théodore de Bèze en 1569 (Epître dédicatoire de ses Poemata) (Bibliothèque curieuse historique et critique, ou Catalogue raisonné de livres difficles à trouver,: Be-Bibles flamandes,  1752 - books.google.fr).

 

Le nom de l'éditeur est peut-être en relation avec un épigramme de Martial "In Naevolum" : Mentula cum doleat puero, Naevole, culus / Non sum divinus, sed scio quid facias dicens (Annales des maladies de la peau et de la syphilis, Volumes 3-12, Numéros 1-12, 1851 - www.google.fr/books/edition).

 

Varron dit que l'Epithete demeura à Apollon, qui fut appellé Philesius, c'est à dire Amabilis, aimable, pour auoir este baisé par le ieune enfant Branchus son fauory, auquel furent dressez des Temples nommez Philesia (Jean Tristan de Saint-Amant, Commentaires historiques contenant l'histoire générale des empereurs, impératrices, caesars et tyrans de l'empire romain, illustrés de médailles, Tome 1, 1644 - books.google.fr, Henri Estienne, Thesaurus graecae linguae, Tome 9, 1572 - books.google.fr).

 

Mise Ă  l'index

 

Son ouvrage le plus estimĂ©, GalatĂ©e ou l'Art de plaire dans la Conversation (1558) a Ă©tĂ© traduit dans toutes les langues ; si Scaliger l'a combattu, Balzac en prononce l'Ă©loge et Henri Estienne lui dĂ©die ses poĂ©sies latines. Mais un paragraphe perfide vante le De Laudibus Sodomiae dans lequel le cardinal Casa cĂ©lèbre la sodomie comme «un art singulier..., une Ĺ“uvre non seulement bonne, mais divine», et le prĂ©lat ajoute qu'il parle par expĂ©rience, ayant mis en pratique les thĂ©ories de l'ArĂ©tin ! (Ethno-psychologie, Volumes 26 Ă  27, 1971 - books.google.fr).

 

Papisque exprobavit abominandum hoc Poëma, Catalogo Hæreticorum, librorumque prohibitorum, anno 1559 inferuit: ut ipse Vergerius refert in Annotationibus in hunc Catalogum, p. 8.

 

Il est vrai qu'en 1559 les Poësies de Jan de la Case furent mises dans le Catalogue des Livres défandus, Jo. Casæ Poëmata. Mais en 1564 sous le Pape Pie IV son nom en fut oté. Et il n'a point été mis dans les Catalogues subséquants (Gilles Ménage (1613-1692), Anti-Baillet, 1688 - www.giovannidallorto.com).

 

"Un peur"

 

Pierre Brind'Amour penche pour "Vapeur" au lieu de "un peur".

 

En ancien français on a "pour" ou "pëor" pour "peur" du latin "pavor"qui est masculin comme le dieu Pavor consacré par Tullus Hostilus (www.cnrtl.fr).

 

Du mot hĂ©breu pier, ouvrir, est sorti le nom d'un autre Etre mythologique fort connu des premiers IsraĂ«lites & des peuples leurs voisins c'est celui de l'idole Peor adorĂ©e par les Moabites & les Madianites. Quelquefois cette idole est appellĂ©e Baal peor, c'est-Ă -dire, le Seigneur Peor ; & la Vulgate l'Ă©crit tantĂ´t Phogor, & tantĂ´t Beelphegor. Les interprètes qui n'ont eu aucune Ă©tendue de connoissance sur l'idolâtrie, ont dit que le Dieu Peor Ă©toit une idole d'ordures & de nuditĂ©, parce qu'en latin aperire peut signifier dĂ©couvrir aussi bien qu'ouvrir ; mais en hĂ©breu páar dĂ©signe simplement ce que nous entendons par ouvrir, c'est-Ă -dire, faire ouverture. Aussi Peor ne signifie-t-il qu'apertor & janitor, celui qui ouvre, le portier; & c'est encore un Janus antique de la PhĂ©nicie qui sous le nom de BelphĂ©gor n'est plus aujourd'hui connu que dans la DĂ©monomanie (Peter Annet, Nicolas Antoine Boulanger, Paul Henri Thiry d'Holbach, Examen critique de la vie & des ouvrages de Saint Paul avec une dissertation sur Saint Pierre, Tome 1, 1770 - books.google.fr).

 

On en fait un dieu comparable Ă  Priape ou Ă  Crepitus, et un dieu des ouvertures du corps : saint JĂ©rĂ´me prĂ©sente une statue de ce dieu avec un phallus dans la bouche.

 

Moïse est mort en face de Beth-Péor (Dt 34,6), là où s'est commis le plus grand péché d'Israël, débauche et idolâtrie avec le Baal de Péor au pays des Moabites (Nb 25,3.5.18) (www.foi-vivifiante.fr).

 

Acrostiche : LDUS, Aldus Manuce ?

 

En décembre 1553, suite à des accusations récurrentes de sodomie et d'hérésie, Muret est contraint de fuir Toulouse avec son ami/amant, Frémiot, pour éviter le bûcher. Alors qu'on le brûle en effigie place Saint-Georges, il quitte donc la France en secret et gagne l'Italie. Étant parvenu à obtenir un poste de professeur dans sa ville d'adoption, la Sérénissime, pour l'année 1554-1555, il se lie rapidement d'amitié avec l'imprimeur Paul Manuce qui lui confie par la suite la publication de certaines éditions.

 

Avant d'arriver en Italie, Muret s'était déjà confronté à l'univers éditorial, avec notamment les publications de ses Juvenilia en 1552 et de son commentaire des Amours de Ronsard en 1553 à Paris. Mais c'est à Venise que sa carrière d'éditeur scientifique débute réellement avec la publication des élégiaques latins, Catulle, Tibulle et Properce, et celle de Térence. Ce dernier paraît chez Paul Manuce en 1555, sous le titre Terentius, a M. Antonio Mureto locis prope inumerabilibus emendatus. Ejusdem Mureti argumenta in singulas comoedias, et annotationes, quibus tum correctionum, magna ex parte, ratio redditur, tum loci obscuriores explicantur

 

De sa rencontre avec Paul Manuce naît une longue association entre le Limousin et la maison aldine, qui perdure jusqu'à la mort de l'éditeur vénitien. L'humaniste français collabore ensuite jusqu'en 1575 avec Alde le Jeune, le fils de Paul. Ce dernier, né en 1511, prend en 1533 la succession à son père, Alde l'Ancien, fondateur de ce qui deviendra l'une des imprimeries les plus célèbres d'Europe. En 1494, Alde se donne pour mission d'imprimer, avec l'aide financière d'Andréa Torresani d'Asola, tous les classiques grecs, puis latins. A sa mort en 1515, ce sont les Torresani qui assument la direction des affaires, jusqu'à ce que son héritier soit en âge de reprendre la main (Maïté Roux, Marc-Antoine Muret, lecteur et éditeur, de Térence, 2010 - www.enssib.fr).

 

Joseph Scaliger affirme que Muret quitte Venise en 1558 à la suite d'un procès pour sodomie à l'encontre d'enfants de nobles Vénitiens (Robert Aldrich, Garry Wotherspoon, Who's Who in Gay and Lesbian History Vol.1: From Antiquity to the Mid-Twentieth Century, 2005 - books.google.fr).

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