Chine et Venise I, 8 1563-1564 Combien de foys prinse cité solaire Seras, changeant les loys
barbares vaines. Ton mal s'aproche
: plus seras tributaire : La grand Hadrie reovrira tes veines. La "cité solaire" pourrait désigner Pékin, avec son temple du soleil, ou Moukden en Mandchourie, comme
dans l'interprétation du quatrain V, 81 (métaphore de la chute de la muraille
de Chine : fin de l'empire). A mettre en rapport avec "La Cité du Soleil" de Campanella
qui faisait la promotion du communisme dont une forme fut appliquée
en Chine après 1949. "cité solaire" : Moukden, Ville du Soleil C'est Taï-Tsou, le puissant chef de hordes tartares, qui choisit en 1626 d'installer sa capitale à Moukden. Une cité très ancienne existait déjà , qui avait porté différents noms au cours des temps : le «lieu qui assure la sécurité aux peuples de l'Orient» (Ngan-Toung-Tou-hou-fou), la «Cour orientale, le «Chemin du Soleil», la «Ville du Soleil» (Cheng-yang-lou, Cheng-yang-ouei) la «Cour au-dessus de toutes les Cours» (Cheng-king). La fonction de ville impériale fut éphémère. Quand les Mandchous devinrent maîtres de la Chine, quelques décennies plus tard, ils transférèrent leur capitale à Pékin (1644). Si le palais impérial subsiste à Moukden, le temps de la splendeur est passé, mais l'âme chinoise y respire encore, «l'âme de la vieille Chine qui conquiert ses conquérants, les enveloppe tous, Mongols, Mandchous, Tartares coureurs de grand steppe, dans le réseau ténu de sa vie minutieuse et sage» (Alexandra Myrial) (Joëlle Désiré-Marchand, Alexandra David-Néel, vie et voyages: itinéraires géographiques et spirituels, 2009 - books.google.fr). La ville de Moukden est prise par les Mongols de Jebe sur les Jins par stratagème après simluation d'une fuite de leur armée, en 1212 (John Man, Genghis Khan: Life, Death, and Resurrection, 2013 - books.google.fr). Après que les Ming eurent refoulé, en 1368, le gouvernement du Grand Mongol et occupé la portion méridionale de la Mandchourie, plusieurs centaines de mille Chinois s'installèrent dans la vallée du Liao; mais quand les Mandchous entreprirent une guerre de longue durée contre la dynastie des Ming, la plupart de ces Chinois regagnèrent leurs provinces d'origine pour assurer leur sécurité. La dynastie mandchoue, après qu'elle eut détruit la dynastie des Ming, prit d'ailleurs des mesures draconiennes afin d'exclure les Chinois de la Mandchourie. Personne ne pouvait pénétrer en Mandchourie sans montrer une forme primitive de passeport appelé «Lu-piao», à la frontière qui était située à Shanhaikwan. Cette mesure et d'autres lois d'exclusion existèrent en fait jusqu'en 1905. Elles furent alors annulées par le Gouverneur militaire de Moukden. Jusqu'à cette époque, beaucoup de Chinois, principalement des provinces de Shantung et du Chihli, pénétraient en Mandchourie par voie de mer. Ils débarquaient sur les lieux où s'élèvent aujourd'hui Newchwang et Port-Arthur, et remontaient le Yalu sur des jonques. Le nombre des émigrés chinois augmentait ainsi peu à peu. [...] Le pouvoir des Ming ne s'étendit jamais au delà de l'actuelle province de Moukden (Minami Manshu Tetsudo Kabushiki Kaisha, Second rapport sur l'evolution en Mandchourie jusqu'en 1930, 1932 - books.google.fr). Nurhachi Nurhachi naquit en 1559. Sa famille trouvait son origine dans une région qui fait aujourd'hui partie de la Corée du Nord. Selon des sources chinoises, le jeune homme passa ses premières années comme soldat à Fushun, où il apprit le chinois. En 1582, son père Taksi et son grand-père Giocangga furent tués lors d'une attaque par un chef Jurchen rival, Nikan Wailan, alors qu'il était conduit par le général chinois Li Chengliang, au service de la dynastie des Ming. L'unification des mandchoues Jurchen réalisée par Nurhachi constitue la base des succès remportés par ses successeurs. Huang-Taiji, l'un de ses fils, lui succède et réforme l'organisation de l'armée manchoue en créant en particulier un corps d'artillerie, brisant ainsi la résistance des armées chinoises de la dynastie des Ming. Ceci permet au successeur de Huang-Taiji, Shunzhi, de renverser la dynastie Ming et de la remplacer sur le trône de Chine par la dynastie des Jin postérieurs, sous le nouveau nom qu'elle s'est donné entre-temps de dynastie Qing. Cette dynastie, la dernière à occuper le trône de Chine, règne sur la Chine de 1644 (après la chute des Ming) à 1912, lorsque le dernier empereur Puyi est renversé pour faire place à la République de Chine. Nurhachi fut enterré à Fuling, «la Tombe de l'est», située dans une région boisée à 8 kilomètres environ à l'est de Mukden (Shenyang) (fr.wikipedia.org - Nurhachi). Cf. quatrain V, 81 - 1911. Venise "veines" est une anagramme de
"venise". En italien "Grand'Adria"
désigne parfois Venise Venise et
Campanella Venise est surtout, remarque Campanella dans son
commentaire suivant immédiatement ses vers dans la Scelta, une république qui n'a
jamais été assujettie à quiconque, ni à l'étranger ni à un tyran : elle
est l'incarnation de la liberté. Une liberté en l'occurrence déclinable :
liberté politique, liberté des chrétiens face au péril turc, liberté de
commerce dans le monde entier, liberté de l'Italie face aux prétentions des
monarchies d'outremonts. Le dominicain ne consacre pas Ă Venise de travail
spécifique - ni même de chapitre dans les Monarchies - sinon lors de quelques
poèmes et lors de la rédaction des Antiveneti (1606) qui est un travail ponctuel étroitement
lié à une conjoncture déterminée - l'interdit lancé contre Venise par Paul V en
1605 au nom d'un conflit juridictionnel. La distinction entre les deux républiques tient à leur
degré d'autonomie. Quand il est écrit que «Venise, elle, n'a jamais voulu
accepter ni fiefs ni navigations dans des pays Ă©trangers et plus puissants
qu'elle» (cf. la fable du lion
(espagnol) et de la brebis (vĂ©nitienne) qui refuse l'invitation du premier Ă
faire du commerce dans les colonies espagnoles des Indes orientales et des
Amériques, se contentant du peu qu'elle a), il est signifié au lecteur que
Venise n'est pas Gênes qui a mis ses galères au service des Rois Catholiques et
qui accepte de recevoir, en gage des nombreux prĂŞts qu'elle leur fait et qui ne
pourront jamais être remboursés, de nombreux fiefs dans le royaume de Naples
dont est originaire Campanella. Venise peut être un exemple d'indépendance préservée dans
une péninsule soumise à la pax hispanica, mais aussi
un exemple de force économique et commerciale. Venise est aussi un exemple de régime politique puisque,
au tournant des XVIe et XVIIe siècles, le mythe politique - mis en place par
Contarini qui lui a donné une forme achevée et transmissible dans toute l'Europe
- est au sommet de sa force de propagande. Venise est le seul modèle de défense
des valeurs républicaines par un régime thalassocratique,
à l'exemple des cités grecques et contre la référence à l'Atlantide, thalassocratie
guerrière, et contremodèle platonicien de la polis. A l'incarnation de la liberté de longue durée (Venise)
s'oppose la servitude vilement acceptée (Gênes). Mais Venise profite d'une
fausse liberté selon Campanella qui invite tous les Etats italiens à s'unir autour
du Pape contre l'Espagnol La prospérité des Vénitiens venait du monopole qu'ils
exerçaient sur la redistribution des produits importés d'Asie dans toute
l'Europe. Mais ce trafic florissant, qui avait atteint son apogée vers le
milieu du XVe siècle, était en déclin au XVIe siècle du fait des conquêtes
ottomanes en Orient et de l'expansion portugaise dans l'Atlantique sud, l'océan
Indien et la mer de Chine. Au XVIe siècle, l'opulence de Venise dépend ainsi
des richesses accumulées au siècle précédent Son père exerçant
la profession de teinturier de soie (tintore), le
Tintoret (Jacopo Robusti, Venise, 1518-1594)
reçut dans sa jeunesse le surnom de «petit
teinturier» (Il Tintoretto). Le Tintoret devint
le maniériste italien le plus important de l'école vénitienne Tintoret
[...], comme le peintre de Venise, fait
le lien entre l'Orient et l'Occident, il représente la métaphore de la
situation de "l'Europe victorieuse du désespoir" (Elie Faure, L'Arbre
d'Eden) Calendrier chinois Dans quelques cas, les potiers dataient leurs pièces par
un sytème plus traditionnel de désignation des
années, le cycle sexagésimal du
calendrier lunaire dont la première année serait 2697 av. J.-C. Depuis la
dynastie des Zhou (1100-770 av. J.-C.), les Chinois utilisent les appellations
des Dix Troncs Célestes et des Douze Rameaux Terrestres pour désigner les
années. Ainsi la première année du cycle récurrent de soixante années est-elle désignée
sous le nom de jia-zi (ou année du Rat). Font alors
partie de cette série, les années 1204, 1264, 1324, 1444, 1504, 1564, 1624, 1684, 1744, 1804, 1864. On
pouvait trouver, par exemple, sur deux colonnes et en huit caractères, la
marque suivante : da ming chenghua yuan nian yi-you = «fabriqué pendant
la première année du règne de Chenghua de la grande
dynastie des Ming à la période yi-you». La lecture de
la table de correspondance fait alors apparaître la 22e année du cycle
sexagésimal, soit l'année (grégorienne) 1465, comme la seule qui convienne au
règne de Chenghua 1564 en Chine Che Tsoung ne tarda pas Ă
tomber entre les mains des bonzes taoĂŻstes qui lui promettaient l'Ă©lixir
d'immortalité ; il détruisit les temples bouddhistes de la capitale (1536) et
négligea complètement les devoirs que lui imposait sa haute situation. Il s'en
repentit sur son lit de mort Un petit-fils de Hientsong,
l'empereur Che-tsoung,
lui succéda en 1522. Son règne fut marqué par les ravages des Tartares au nord
de la Chine, et trois invasions japonaises qui furent repoussées. Son testament
contient la curieuse confession que voici : «Pendant
quarante-cinq ans j'ai occupé le trône, et il y a eu peu de règne aussi longs.
Mon devoir était de révérer le ciel et de prendre soin de mes peuples ;
cependant, je me suis laissé tromper par
des imposteurs qui m'avaient promis l'immortalité. Cette erreur m'a conduit
à donner le mauvais exemple aux grands et au peuple. Je désire réparer le mal
par cet édit, qui sera publié après ma mort par tout l'empire.» En dépit de cet aveu de faiblesse, on lui
doit la construction, en 1524, de la partie de PĂ©kin connue aujourd'hui sous le
nom de ville chinoise, au sud de la ville tartare. Il la fit entourer de murs
en 1564. Son fils Moutsong régna de 1566 à 1573, sans
événements notables. Ouan-li, fils de Moutsong, fut moins heureux. Des révoltes et des invasions
japonaises vinrent troubler son règne. C'est en 1560 que les Portugais prirent
pied à Macao où ils obtinrent des autorités locales la permission d'établir un
dépôt de marchandises. Environ vers le même temps, les Espagnols s'étaient
emparés des Philippines où ils avaient trouvé une colonie chinoise, qui se
développa rapidement, au point de leur causer des inquiétudes. En 1602, trois
mandarins vinrent aux Philippines avec
une mission qu'ils ne surent pas expliquer, apparemment parce que les Espagnols
n'entendaient pas le chinois, non plus que les Chinois n'entendaient
l'espagnol. L'imagination méridionale aidant, les Espagnols prirent la
détermination de supprimer les Chinois, comme soupçonnés d'esprit de révolte. Une
Saint-Barthélemy fut résolue, et en quelques mois plus
de vingt mille Chinois furent massacrés. Les Espagnols remercièrent saint
François de leur succès. Ils avaient ruiné leur colonie, qui devait sa
prospérité au travail des Chinois Nous devons maintenant rendre compte de quelques événemens qui paroissent revêtus
de la certitude, parce qu'ils sont arrivés dans un temps où l'histoire étoit absolument un, cahos
d'absurdités et de mensonges mêlés de peu de vérités. En 820, après notre ère,
un misérable empereur de la Chine, nommé Hien-song,
prit le breuvage de l'immortalité, et expira plus promptement que si l'on eût
percé son cœur avec un poignard; ce qui a fait soupçonner que les eunuques, qui
Ă©toient alors les vrais souverains de l'empire,
avoient répandu du venin dans sa coupe; mais ce soupçon, que je ne sens pas
beaucoup de répugnance à admettre, n'est cependant point absolument fondé. Car
une potion de cette nature a pu ĂŞtre extraite d'herbes malfaisantes et de
drogues, que ceux qui les employèrent ne connoissoient
pas. Et cela est d'autant plus croyable, que trente ans après ce fatal accident
l'empereur Suen-tsong, qui but encore une liqueur
semblable, en contracta une maladie qui ie conduisit
au tombeau à pas précipités; et on croit que l'empereur Wou-tsong
en Ă©toit mort aussi en 846. Ces faits Ă©clatans, parvenus Ă notre connoissance,
peuvent donner une idée de ce qu'il doit y avoir eu d'hommes obscurs parmi le peuple
empoisonnés par cette manie, qui étoit dans sa force
lorsque les Tartares Mongols envahirent la Chine; et comme ces conquérans firent tout ce qu'il fut possible pour policer
leurs nouveaux sujets, il y a bien de l'apparence qu'ils recherchèrent les
livres qui traitoient du breuvage de l'immortalité,
et les firent jeter au feu: quoique de certains chroniqueurs prétendent qu'on
ne brûla ces ouvrages, vraiment dignes de l'être, qu'en 1388; ce qui n'est
nullement probable, et il y a en cela une erreur de
quelques années; car dès que la dynastie
des Yuen fut Ă©teinte et la domination des Tartares
Mongols anéantie, les Chinois recommencèrent à travailler à leur élixir :
en 1564 l'empereur Kia-tsing le but, en mourut, et
c'est là la dernière victime dont l'histoire nous ait conservé le nom La dynastie tartare des Yuen
est renversé en 1368 par les Ming Chinois elle-même remplacée par les Mandchous
Quing en 1644 (cf. quatrain II, 36 : révolte de Li Tcheng). Quant aux taoïstes, "ils disent qu'un homme peut
devenir immortel (ou vivre très longtemps) par l'absorption de sang menstruel
appelé “jus rouge yin”, et qu'il convient de boire directement à la source : la
vulve de la femme. Les sages chinois pensent ainsi que ce précieux élixir est
l'essence de la Terre mère qui donne naissance à toute forme de vie. L'empereur
jaune Huangdi serait, d'après cette mythologie, devenu un dieu après avoir bu
le sang menstruel de 1200 femmes" Le temple du
soleil Le temple du
Soleil (Je t'an) s'élève en dehors de Pékin à quelque distance de la porte Ts'i hoa men; une longue avenue
réservée à l'empereur permet d'y accéder. Ce temple fut construit en 1531 par Kia tsing (Jia Jin).
L'autel du Soleil est un tertre carré, haut de 5 pieds 9 pouces, d'un seul
étage, à quatre escaliers de 9 marches. Il est entouré d'un mur circulaire de
765 pieds de circonférence et haut de 18 pieds 1 pouce, sur une épaisseur de 2
pieds 3 pouces. L'autel est orienté à l'ouest; c'est pourquoi il y a deux
portes de ce côté et une porte seulement de chacun des trois autres côtés. Cet autel a ses
foyers avec chaudière, ses puits, ses fourneaux, comme les autres ; il a ses
cuisines et magasins, ainsi que ses Ă©tables au nord-est et son magasin
d'habillements au nord-ouest "tributaire" L'expression "plus tributaire" sans négation
est ambiguë : "encore plus tributaire" ou "plus du tout
tributaire". La victoire des lettrés sur les eunuques, c'était
nécessairement la fin des voyages; une fin d'autant plus radicale que, pour
mieux prévenir la tentation de les recommencer un jour, on essayait d'en abolir
jusqu'au souvenir en faisant brûler, vers 1480, quantité de documents et de
relations concernant les grandes navigations du début du siècle, qui n'étaient,
au dire de Liou Ta-sia, que
«trompeuses exagérations de choses bizarres trop éloignées du témoignage des
yeux et des oreilles des gens». Afin de préserver son orthodoxie ou la pureté
de son style, la Chine confucéenne choisissait de ne plus se commettre avec la
mer et de laisser décliner sa marine. Choix de grande conséquence, car il
entraîne fatalement une réduction progressive du système tributaire, tandis que
le commerce proprement dit ne diminue pas, lui, bien au contraire. Le premier
s'affaiblit du fait même que, dans l'esprit des autorités de Pékin, les
relations avec les Barbares d'outre-mer restent étroitement liées aux
usurpations de pouvoir et aux « extravagances » des eunuques et que le
discrédit qui s'attache aux unes rejaillit sur les autres, malgré tout ce
qu'avait de flatteur l'hommage rendu à l'Empereur par tant de contrées
éloignées. D'autre part, l'emprise
chinoise se relâchant, les prétentions à la suzeraineté n'étant plus appuyées
par des démonstrations navales périodiques, les liens se distendent avec des
vassaux dont le zèle ne manque pas de se relâcher également. Ou bien ils
perdent l'habitude d'envoyer le tribut et la liste des pays tributaires se
raccourcit au cours des XVIe et XVIIe siècles : des États ou des
principautés qui y étaient compris au XVe, comme le Japon, les Philippines, le
Cambodge, Java, Atchin (Atjeh) et Samudra
dans l'île de Sumatra, ou Pahang en Malaisie, n'y figurent plus au temps des Ts'ing. Ou bien ils travestissent le sens du tribut en en
faisant le masque de leurs intérêts commerciaux : c'est ainsi que, toujours
sous les Ts'ing, le nombre des ambassades augmente
bien que celui des contrées tributaires diminue - il atteint 216 entre 1662 et
1761, 255 entre 1762 et 1861, et dépasse largement la cadence réglementaire -,
cette multiplication étant le signe qu'elles procèdent beaucoup moins de la
soumission rituelle que du désir de trafiquer Le mythe demeure intangible, mais
la réalité s'effrite sous lui et fait place à une sorte de prostitution du
tribut, que les autorités tolèrent en fait, tout comme elles tolèrent que, malgré
des interdictions répétées, notamment en 1432, 1449 et 1452, les marins et les
marchands chinois continuent Ă naviguer en fraude vers l'Archipel ou vers Malacca
et s'habituent à constituer, avec la complicité des mandarins locaux, un monde
en marge des lois et plus ou moins mêlé de piraterie. Dans la dualité qui
s'instaure définitivement, surtout à partir du règne de Kia-tsing
(1522-1566), tout ce que peut faire le gouvernement, c'est de s'Ă©vertuer Ă
maintenir strictement la distinction entre qualitatif et quantitatif, entre
tribut et marchandise Soie en Italie On peut remarquer que "seras" est l'accusatif
pluriel de "sera", la soie, invention chinoise. Ptolémée donne le nom
de SĂ©rique Ă la Chine, ainsi que celui de Sinae Adria, port de l'Adriatique,
fut célèbre pour ses tissus de soie à partir du XIIIe siècle Nous ne savons combien de temps l’industrie de la soie
resta stationnaire en Sicile, je veux dire tarda Ă en sortir et Ă s'Ă©tendre
dans Fltalie continentale; mais il paraît que ce
furent les Lucquois qui l'exercèrent tout d’abord, à moins que l'on ne veuille
voir, dans quelques passages oĂą il est fait mention des pailes
d'Adria, et dans un décret de l'an 1248 , qui
concerne des draps d’or, des pourpres et des cendaux,
un indice de manufactures qui auraient existé dans cette ville et dans la
capitale de l'ancienne république de Venise , antérieurement au xlv- siècle. A
cette époque, s’il faut s’en rapporter à un écrivain italien publié par
Muratori, les ouvriers en soie, échappés de Lucques en 1311+, se dispersèrent
dans toute l’ltalie, et portèrent leur industrie Ă
Venise, à Florence, à Milan et à Bologne. Ce qu’il y a de certain, c'est
que-nous voyons en 1367, le conseil de cette dernière ville favoriser
l’établissement de travaux hydrauliques sur le Reno, destinés au nettoyage du
fil de soie. Ce furent, dit-on, quatre familles lucquoises qui montèrent les
premiers métiers de soieries à Venise; et durant les troubles que les factions
élevèrent à Lucques, vers 1309, trente-sept autres les y suivirent. On doit sans doute entendre par là que ces fugitifs
perfectionnèrent à Venise les procédés de l'art; car nous venons de voir, par
un titre authentique, que plus de soixante ans auparavant il se fabriquait Ă
Venise des draps d’or et des étoffes de soie, si toutefois, comme on n'en peut
douter, parmi et cendati doivent s’entendre, dans cet
acte, de tissus de soie. Toujours est-il que, de bonne heure, les VĂ©nitiens
fabriquèrent ce qu’ils se bornaient autrefois à vendre au reste de l’Europe En 1563, Venise permettait à la ville de Bergame de
planter des mûriers dans le pré Saint-Alexandre qui servait à la foire annuelle
et à l'exposition des armes, et dans l'année suivante Tronchet planta des
mûriers à Nîmes Les veines du
dragon Au IXe siècle, le Tong-King était administré par un
gouverneur chinois nommé Cao-Bien, qui était magicien ; il évoqua la foudre
pour débarrasser le fleuve des écueils qui entravaient la navigation, ou,
suivant l'expression annamite, pour ouvrir les veines du dragon, et c'est le sang du dragon foudroyé qui, depuis lors,
teint en rouge les eaux du fleuve. La foudre de ce magicien n'Ă©tait autre que
la poudre déjà connue des Chinois, et que la coloration des eaux est due aux
minerais de fer dans lesquels se creuse le lit du SĂ´ng-thao Il y a d'abord tout un faisceau mythologique oĂą le dragon
est compris comme un être de l'eau menaçante, une eau dangereuse parce qu'on ne
connaît pas ses réelles limites, son parcours, sa source. Ainsi le dragon
hante-t-il les lacs et surtout les marais, comme on le lit déjà dans Beowulf et
dans nombre de légendes en Europe centrale ou slave. Dans le folklore français,
le dragon apparaît en chaque lieu où l'eau menace les habitations humaines,
comme dans la «presqu'île» de Poitiers entourée de marécages, comme dans les
gorges du Tarn et de l'Isère, le mont Gargan et même
les faubourgs parisiens (eux aussi marécageux) de Saint-Marcel; le mot drac, la racine garg (gosier),
que l'on trouve en maints endroits, rendent témoignage de ce lien entre sites
menaçants et bêtes monstrueuses du type dragon. Enfin, ce n'est pas un hasard
si les villes italiennes qui ont le plus intensément vénéré saint Georges
furent les villes de tout temps menacées par l'eau, celle des marais (comme
Ferrare) ou celle des lagunes (comme Venise). Mais à l'eau menaçante s'associe
le trou dans la terre où cette eau, soit dort maléfiquement,
soit gronde dangereusement. A l'eau menaçante s'associe donc le motif de la
terre ouverte. C'est la Malagrotta pestifére des légendes italiennes - notamment celle, fort
célèbre, de saint Sylvestre. C'est la montagne creuse, la caverne si bien
évoquée par Uccello, mais aussi par Jacopo Bellini, entre autres, qui donna
dans un dessin du Louvre une magnifique version de l'anfractuosité et de la
«terre ouverte». Celle-ci, donc, loin d'offrir un décor ou un « fond »,
peut être considérée comme faisant partie intégrante - fût-ce par métonymie -
du corps du dragon, au point que l'on a pu parler d'une Ă©quivalence
allégorique, voire d'un engendrement du dragon par le lieu lui-même, le lieu
«sĂ©crĂ©tant en quelque sorte le monstrueux» Les grands travaux lancĂ©s par le gouvernement vĂ©nitien Ă
partir des années 1440 sur les cordons littoraux, fondés sur l'importation de
pierres d'Istrie, pouvaient devenir à terme un débouché régulier pour les
carrières des monts Euganéens et favoriser dans un
premier temps joué par des entrepreneurs de Monselice
et de Padoue. Les contacts réguliers noués par ces marchands et transporteurs sur
la place de Venise amenèrent après 1485 les ermites de Saint-Jérôme, maîtres
des lieux, à confier la gestion de l'ensemble des carrières à un seul
titulaire, chargé de l'extraction, de la vente, du transport et de tous les
frais d'entretien. Dans ce secteur comme en d'autres, on constate que des
familles du patriciat vénitien, comme les Bembo et les Marcello, pénétrèrent en
force dans les circuits Ă©conomiques de la Terre Ferme ; elles ne purent
cependant déloger de leurs positions les entrepreneurs de Monselice,
de Battaglia et d'autres bourgades du Padouan. C'est la puissance publique qui
vint, au nom de l'intérêt commun des Vénitiens, rompre les réseaux du clientélisme
local, lorsque la magistrature sur les Eaux introduisit en 1568 la procédure
d'adjudication au mieux disant, privant soudain les religieux de la liberté de
convention et des avantages qu'ils se faisaient reconnaître en fournitures et
en travail forcé. Désormais le concessionnaire traitait avec l'État,
s'engageant à fournir une quantité fixée de matériau stratégique et à maintenir
à ses frais un niveau constant de circulation dans le canal creusé en 1564, reliant la zone de Lispida
à la lagune Nel settembre
del 1564 si appura che Bonifacio Cocco, conduttore
delle cave del Lispida e «merchadante» dei sassi da lido,
«è mancato all'obbligo suo di dar burchi 300 all'anno a cagione della poca acqua
dell'alveo del canal» Il semble que ce Canal soit comme la grande
veine, qui par quantité de petits
rameaux entretient, & rafraîchit toutes les moindres parties du vaste corps
de cette ville Tous les traités anatomiques de Bartolomeo Eustachi ont
Ă©tĂ© publiĂ©s dans le volume Opuscula anatomica, Venise, 1564, ouvrage très rare, rĂ©imprimĂ© Ă
Leyde en 1707 Eustachi se révèle un observateur de l'anatomie humaine
hors pair. On lui doit une foule de découvertes anatomiques concernant les os,
les muscles, les nerfs, les veines "lois vaines" : vanae leges (Horace) Horace voyant la corruption romaine & les foibles digues que lui opposoit
la législation, s'écrioit : Quid leges
fine Moribus vanae proficiunt ? (Ode III, 24) Dans cette Ode, il parle des trésors de l'Arabie et des
richesses de l'Inde. Il parlera des Sères dans l'ode
29 du même livre III. Horace dit à Mécéne à qui est
adressée cette Ode qu'il se tourmente un
peu trop pour mettre Rome à couvert des choses dont elle n'était point menacée Denis le Chartreux reprend cette idée concernant les lois
des Sarrasins et des Tartares Il n'est pas un historien qui puisse sérieusement aborder
la question de la pensée catholique aux XVe et XVIe siècles, sans évoquer la
figure prépondérante de Denys le Chartreux (mort en 1471 au Pays-Bas), celui
que l'on a souvent appelé depuis le dernier des scolastiques Les deux odes en question sont en rapport avec Mécène,
ministre d'Auguste, et ami d'Horace, qui aimait le luxe. L'ode III, 29 trahit l'intention manifeste de censurer le
«snobisme» urbain et d'exalter la vie frugale qui comble les désirs naturels
en dissipant l'inquiétude ; l'allure sentencieuse des vers dénonce le
dogme épicurien. […] Désarmé, le législateur impitoyable est tiraillé entre
l'impuissance relative et le refus vertueux de laisser faire. Horace, ennemi de
la tyrannie morale a tiré les mêmes conclusions et appuyé en vers la «campagne»
de son [voluptueux] ami Mécène dans l'ode III, 24 : sous couleur de réclamer
des châtiments, il trouve moyen d'ajouter... Quid leges sine moribus
uanae proficiunt ? Les Sères et les Indiens, Seres et Indi (Odes I,12 et III,29), sont les derniers peuples qu'Horace signale vers l’Orient. Les Sères habitaient les vallées de la grande et petite Boukharie, régions où s’étaient arrêtées les conquêtes des souverains grecs de la Bactriane. Virgile et Horace sont les plus anciens auteurs qui fassent mention des Sères. Notre poëte parle de leur habileté à lancer des flèches. Virgile nous apprend que ces peuples recueillaient de dessus les feuilles des arbres et par le moyen d’un peigne une toison très-fine, qu’il confondait avec la soie, ce qui montre de la part du poëte une ignorance complète de la manière dont on se procurait cette dernière substance. Nous avons vu qu’Horace représente, dans une de ses odes, une femme riche et savante, ayant près d’elle, sur des coussins de soie, les livres des stoiciens. La soie, venant d'un pays si éloigné et à travers tant de peuples ennemis, était fort chère à Rome, et c'était au temps d'Horace un luxe assez récent. On regarda comme un acte de prodigalité inouïe que Jules César eût fait étendre des voiles de soie au-dessus de l'amphithéatre, pourmettre les spectateurs à l'abri du soleil. Dion, en racontant ce fait, nous apprend que l'usage de la soie qui s'était répandu parmi les dames romaines était une imitation du luxe des Barbares, et par ce mot Dion entend les nations de l'Orient, les Syriens, les Parthes, les Indiens indistinctement (Charles Athanase Walckenaer, Histoire de la vie et des poésies d'Horace, Tome 2, 1858 - books.google.fr). L'ode Contre les auaricieux
flétrit l'amour immodéré des richesses, en opposant le néant des biens
terrestres Ă la certitude de la mort imminente, qui apporte aux pauvres la
délivrance et aux riches la peine de leur insatiable soif de l'or. Dans la
première partie Ronsard a utilisé six pièces d'Horace au moins : l’Ode III, 24 Intactis opulentior (intitulée In
divites avaros) dont le début et les vers 47-50 sont
devenus les strophes 1 et 6 ; l'épître I, 1 Prima dicte mihi,
dont les vers 42-46 ont donné la strophe 2 ; l'Ode II, 16 Otium
divos rogat dont les vers
9-25 se retrouvent dans les strophes 3, 7, 9 et 10 ; l'Ode III, 16 Inclusam Danaen, dont les vers
17-18 ont donné la strophe 4 l'Ode III, 1 Odi profanum vulgus, dont les vers
25-30 et 37-40 se retrouvent dans les strophes 3 et 7 ; l'Ode II, 2 Nullus argento color, dont les vers 13-16 ont suggéré la strophe 87 ; La
seconde partie, depuis : «Et toi, vieillard du sépulcre oublieus...»
est faite de deux odes que Ronsard a mélangées : Non ebur
neque aureum (vers 17 Ă 19,
29 Ă la fin) et Odi profanum
vulgus (vers 33 Ă la fin). C'est un des exemples les
plus curieux de contamination Trois poèmes du Mespris du
Monde, publié à Besançon en 1594, évoquaient la Chine, «où le marinier fait
voiles à Canton» comme l'ultime destination possible d'un voyage par mer, dans
une allégorie de la vie mondaine et des tribulations de l'homme inquiet: Single
depuis la France au royaume Turquesque, De lĂ va
visiter les murs de Suntien Et des fiers Japponois le royaume ancien. Dans le sonnet CLXXXII, Chassignet avait pris à Mendoza la référence précise à Suntien, Tsoug-Tien ou Shun-t'ien-fu, «la plus grande du monde», que Marco Polo
appelait Quinsay. L'allusion combinée aux Chinois et
aux Japonais avait déjà été annoncée dans le sonnet CXXXVI: Tiens
dans tes pors guerriers cent mille flottes prestes
Pour escorner l'orgueil des arrogans
Chinois Et, mettant sous le joug les felons Japponois, Despouiller les thresors des terres plus secrettes,
elle provenait peut-ĂŞtre des Advis du Iappon, avec quelques
autres de la Chine des années, publiés en 1587, à Dole, où Chassignet avait étudié. Son parallèle était, lui aussi,
adapté des premiers chapitres de Mendoza, remplis d'histoires de pirates. Chassignet définissait les caractères des nations, le
Chinois « arrogant » et le Japonais « félon », et il fondait en lieux communs
durables leur typologie. NĂ©o-stoĂŻcien et disciple de Ronsard, dont l'ode
«contre les avaricieux» était l'inter-texte discret
de ses trois poèmes («Pourquoy irai-je aux Indes
voyager»), il lisait les lettres des Pères et le traité de Mendoza au rebours
de leur intention édifiante et de l'intérêt qu'offrait leur documentation Juan González de Mendoza (né à Torrecilla en Cameros en 1545, mort le 14 février 1618) est un prêtre espagnol, auteur de la première description
de la Chine depuis le Livre des Merveilles de Marco Polo Le nom de Mendoza résonne dans le latin Mendosus qui par ce fait pourrait avoir une interprétation
littéraire (cf. quatrains IX 45 et IX, 50 mis en relation avec Ronsard : Mendosus "anagramme" de Vendosme).
Né à Besançon en 1571 et mort à Gray en 1635,
Jean-Baptiste Chassignet est le fils d’un médecin. Il
reçoit une formation humaniste, étudie le droit à l'université de Dole où il
obtient son doctorat, ce qui le mène à une carrière d’avocat fiscal et de
conseiller au bailliage de Gray. Attaché à sa province, il publie des travaux
d’histoire locale. Mais dès l’âge de vingt-trois ans, il achève l’immense suite
de sonnets, au nombre de 434, qui a pour titre Le MĂ©pris de la vie et
Consolation contre la mort. Ce sont des sonnets souvent admirables et très
représentatifs de la sensibilité de l’époque par leur ardeur sombre qui unit,
par ses images, violent réalisme, âpreté du ton, ferveur mystique. C'est une
œuvre édifiante et monstrueuse, fruit de l’angoisse d’un jeune humaniste,
catholique fervent et moraliste obsédé par la mort et par la vanité du monde Luxe et
immortalité Le luxe n'est pas un objet à contempler ou à utiliser, il
est un instrument magique facilitant l'accès à la vie éternelle. Le luxe
devient alors un moyen de communiquer avec les esprits et les dieux. [...] Si
le luxe sacré permettait de s'allier les dieux, le luxe «profane» permet de
s'allier les hommes voire les pays. L'Ă©change de produits vise Ă instituer la
«reconnaissance rĂ©ciproque» au travers de cycles d'Ă©change de prĂ©sents, Ă
tisser un lien social et Ă Ă©tablir des rapports d'alliance entre groupes Ă©trangers.
Le luxe est dirigé par la volonté de paix entre les dieux et l'homme et
d'harmonie entre les hommes. C'est l'esprit qui dirige la politique d'envoi de
tributs des peuples entre l'Empire céleste et les autres peuples. La
prégnance des guanxi dans la culture chinoise sauf
lorsqu'elle est interdite de manière coercitive alimente cette forme de luxe L'Infant Henrique de Portugal envoya son frère en
Abyssinie pensant que le souverain chrétien de cet empire n'était autre que le
Prêtre Jean. C'est pour les mêmes raisons « imaginaires » que le
Premier Empereur « historique » de Chine, Qin Shihuangdi
(221-206 av. J.-C.) fasciné et obsédé par les légendes relatives aux Iles
Merveilleuses, envoya une fameuse flotte, commandée par un magicien taoïste,
embarquant deux mille artisans de tous métiers et une cargaison de garçons et
jeunes vierges, pour trouver ces Îles des Immortels où tout est « luxe,
calme et volupté » et lui rapporter, bien sûr, l'elixir
d'Immortalité... Ces projets parallèles, aux antipodes géographiques l'un de l'autre, laissent penser que le but avant
tout « désintéressé », à bénéfice purement « imaginal » -
selon un adjectif cher à Corbin indiquant par là un imaginaire supérieur, à but
et rĂ©sultat spirituels - n'est autre qu'un archĂ©type du voyage qui hante « Ă
plus haut-sens » la plupart des grandes cultures Le modèle du voyage pantagruélique est en partie emprunté aux Argonautiques recensées par Apollonios de Rhodes, à l'Odyssée décrivant les épreuves d'Ulysse dans sa navigation de retour à Ithaque, à l'Enéide qui chante l'errance initiatique d'Enée après la chute de Troie sa patrie. Mais Rabelais ne devait pas être étanche aux découvertes géographiques de son époque. Le grand luxe que Venise déploie avec une magnificence
incroyable au seizième siècle, c'est le luxe public avec ses palais ses
églises, ses cérémonies, ses fastueuses solennités. La fin du quinzième siècle
et le seizième donnent à ces travaux de la grande république une originalité,
une splendeur qui font encore de cette ville déchue
l'admiration du monde entier. Si déjà Commines, frappé des beautés originales
de cette ville, appelait le grand canal «la plus belle rue et la mieux
maisonnée du monde», combien le seizième siècle ajoute à ces merveilles ! Le
marbre blanc venu d'Istrie, le porphyre et la serpentine brillent dans les
constructions, en décorent les façades. On admire dans l'intérieur les
planchers dorés, les cheminées ciselées, toutes les richesses de la plus
brillante ornementation. Venise étale alors dans leur fraîche splendeur ses
plus beaux palais nouvellement bâtis |