Darnley

Darnley

 

I, 13

 

1567

 

Les exilez par ire, haine intestine,

Feront au Roy grand coniuration :

Secret mettront ennemis par la mine,

Et ses vieux siens contre eux sedition.

 

Le mariage de Marie Stuart

 

Les vues matrimoniales de la reine Marie se portèrent sur un jeune seigneur de haute naissance, allié de très près à sa famille et à celle d'Elisabeth. C'était Henry Stuart, lord Darnley, fils aîné du comte de Lennox. Le jeune Darnley était d'une taille et d'une beauté remarquables ; il avait toutes les qualités extérieures les plus brillantes, mais malheureusement il était dépourvu de sagacité, de prudence et de force de caractère, et quoique très violent dans ses passions, il ne montrait qu'un courage équivoque. Parmi ces mécontens, le comte de Murray, frère de la reine, était sans contredit le plus puissant et le plus habile. Darnley et lui étaient ennemis personnels, et de plus Murray était un des principaux lords de la Congrégation, qui affectaient de voir du danger pour la religion protestante dans le choix que Marie avait fait de Darnley et dans la rupture que ce choix allait sans doute amener avec l'Angleterre. Après le mariage, Murray et ses complices, qui étaient le duc de Châtellerault, Glencairn, Argyle, Rothes, et, plusieurs autres, prirent les armes. Sans sopuitien de la population, les insurgés furent forcés de se retirer, d'abord à Hamilton, puis à Dumfries, et voyant qu'il ne leur restait aucun espoir, les chefs dispersèrent leurs troupes et se retirèrent en Angleterre (Oeuvres de Walter Scott, Tome 26 : Histoire d'Ecosse, traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1836 - books.google.fr).

 

Rizzio

 

La couronne matrimoniale avait été accordée à François II, le premier mari de la reine, et Darnley était décidé à posséder le même rang. Mais Marie, dont la bonté avait déjà surpassé de beaucoup le mérite et la reconnaissance de Darnley, était déterminée à ne pas lui faire cette dernière concession, du moins sans l'avis et le consentement du parlement. L'impatience puérile de Darnley lui faisait porter une haine mortelle à tout ce qui semblait s'opposer à l'exécution immédiate de ses désirs, et son animosité tourna surtout contre le secrétaire italien, jadis son ami, mais qu'il regardait maintenant comme son plus grand ennemi, depuis qu'il supposait que Rizzio encourageait la reine à résister à sa fougueuse ambition. Darnley trouva sans peine des agens, même dans un rang élevé, qui se chargèrent de l'exécution de sa vengeance. Le chef des complices de Darnley, dans cette malheureuse occasion, fut James Douglas, comte de Morton, chancelier du royaume. Les lords qui s'étaient engagés dans la conspiration n'entendaient point satisfaire pour rien le ressentiment de Darnley contre Rizzio. Ils stipulèrent, pour prix de leurs services, qu'il les aiderait à son tour à obtenir le pardon de Murray et de ses complices.

 

Les conspirateurs, qui n'avaient commis cette action cruelle qu'à l'instigation de Darnley, sé croyaient sûrs de sa protection Ils se joignirent à Murray et à ses complices, qui s'empressèrent d'arriver d'Angleterre, d'après le rendez-vous qu'on leur avait donné, et ils convinrent ensemble des mesures qu'il y avait à prendre. Leur avis était que la reine fût enfermée dans le château d'Edimbourg ou ailleurs, et que Murray et Morton gouvernassent l'Etat sous le nom de Darnley, à qui l'on donnerait la couronne matrimoniale qu'il désirait si vivement. Mais tout ce plan fut détruit par la défection de Darnley. Aussi léger que violent, et aussi pusillanime qu'il s'était montré cruel, à peine Rizzio fut-il mort, que Darnley fut épouvanté de ce qu'on avait fait, et très disposé à nier qu'il y eût la moindre part. Trouvant son faible mari partagé entre le remords et la crainte, Marie eut assez d'empire sur lui pour le décider à se réunir à elle contre les mêmes personnes qu'il avait engagées à commettre ce crime (Oeuvres de Walter Scott, Tome 26 : Histoire d'Ecosse, traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1836 - books.google.fr).

 

Le retour des exilés

 

Afin d'assurer sa victoire en les privant de leurs auxiliaires, Marie pardonna au comte de Murray. Murray, Glencairn et les autres rentrèrent donc en grâce, tandis que Morton et ses complices s'enfuirent à leur tour en Angleterre. Aucun Ecossais, quel que fût son crime, n'y cherchait un refuge sans: être sûr d'y trouver, sinon une protection déclarée, du moins quelque assistance secrète. Telle fut la politique constante d'Elisabeth.

 

Après avoir célébré de la manière la plus splendide le baptême de l'héritier de la couronne, auquel Darnley refusa de participer, Marie appliqua tous ses soins à apaiser les dissensions qui éclataient souvent parmi la noblesse; et sacrifiant elle-même son juste ressentiment, elle poussa de son côté la condescendance jusqu'à pardonner aux assassins de Rizzio. Deux hommes de bas étage avaient seuls été exécutés pour ce crime. Lord Ruthven, qui en avait été le principal acteur, était mort en Angleterre, parlant et écrivant sur le meurtre de David Rizzio avec autant de sang-froid que si c'eût été l'action la plus innocente, sinon la plus méritoire. George Douglas, qui avait frappé le premier coup, et Ker de Faldonside, autre scélérat qui avait dirigé son pistolet contre le sein de la reine au milieu du tumulte, furent seuls exceptés de l'amnistie générale. Morton et tous les autres purent rentrer en Ecosse, pour y comploter de nouvelles trahisons et de nouveaux assassinats (Oeuvres de Walter Scott, Tome 26 : Histoire d'Ecosse, traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1836 - books.google.fr).

 

Bothwell

 

James Hepburn , comte de Bothwell, était un homme de moyen âge, qui pendant plusieurs années avait joué un grand rôle dans ces temps de troubles. Il s'était rangé jadis du côté de la reine régente contre le parti de la réformation, et maintenant on le croyait plutôt attaché à Marie qu'à aucune des factions qui lui étaient opposées. Il était chef de la puissante famille d'Hepburn, et il avait beaucoup d'influence dans le Lothian oriental et dans le comté de Berwick, où l'on trouvait toujours d'excellens soldats. La conduite de Bothwell était déréglée et licencieuse, son ambition aussi effrénée qu'audacieuse ; et quoique nous ne trouvions pas dans son histoire beaucoup de traits de courage personnel, il avait eu dans sa jeunesse la réputation de n'en pas manquer. Il avait couru quelque danger au moment de l'assassinat de Rizzio, son respect pour la reine ayant fait soupçonner aux conspirateurs qu'il aurait voulu empêcher qu'on ne fit un affront aussi sensible à sa personne et à son autorité. Comme le comte de Bothwell montrait un grand zèle pour sa cause, Marie était naturellement portée à l'avancer à la cour; au point que beaucoup de personnes, et particulièrement les prédicateurs de la religion réformée, pensaient qu'elle admettait dans une trop grande intimité un homme d'un caractère si farouche et de mœurs si dissolues, et la voix publique accusait la reine d'être plus attachée à Bothwell qu'elle ne l'aurait dû, puisqu'il était marié et qu'elle l'était également (Oeuvres de Walter Scott, Tome 26 : Histoire d'Ecosse, traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1836 - books.google.fr).

 

"La mine"

 

Le premier projet formé fut de faire prononcer le divorce entre elle et Darnley. Bothwell, Maitland et Morton s'unirent, dit-on, pour presser la reine, qui habitait alors le château de Craigmillard près d'Edimbourg, d'adopter cette mesure; mais elle la rejeta avec fermeté. Une conspiration d'une nature plus sinistre se forma alors pour assassiner le malheureux Darnley; et il paraît que Bothwell ne doutait pas que Marie, dès qu'elle serait débarrassée d'un époux si méprisable, ne le choisît pour lui succéder. Il parla au comte de Morton du projet de se défaire de Darnley, et le lui peignit comme une entreprise qui avait l'approbation de la reine. On suppose toujours que Morton était un des conspirateurs, et on crut généralement qu'un de ses parens, connu par son audace et par ses débauches, nommé Archibald Douglas, ministre de Glascow, fut l'un des assassins directs.

 

Tandis que ces plans se tramaient contre sa vie, Darnley tomba malade à Glascow, et la petite vérole se déclara. La reine lui envoya son médecin; peu de temps après elle se rendit près de lui, et une réconciliation apparente eut lieu entre eux. Ils revinrent ensemble à Edimbourg le 31 janvier 1566-67. Le roi fut logé dans une maison religieuse appelée l'Eglise-des-Champs (the Kir of Field), en dehors des murs de la ville. La reine et son fils allèrent habiter le palais d'Holyrood, de crainte que l'enfant ne gagnât la petite vérole; mais Marie était remplie d'attentions pour son mari; elle venait le voir très souvent, et ils ne parurent jamais mieux ensemble qu'au moment où la conspiration contre la vie de Darnley était sur le point d'être exécutée. Il habitait avec son valet de chambre un corps de logis séparé de tous les autres, lorsque les mesures furent prises pour le faire périr (Oeuvres de Walter Scott, Tome 26 : Histoire d'Ecosse, traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1836 - books.google.fr).

 

Le 10 Février 1567, à deux heures du matin, une mine pratiquée sous la maison ou étoit le Roi, le fit sauter avec un fracas horrible. Le corps du Prince fur trouvé dans un jardin voisin avec celui du domestique qui couchoit dans la chambre. Le Comte de Bothwell, qui jouissoit alors du plus grand crédit auprès de la Reine, fut soupçonné d'être avec elle l'auteur de la mort tragique du Roi. Elle augmenta encore ces soupçons par trop de lenteur à rechercher les meurtriers de Darnley surtout par les nouvelles marques de confiance qu'elle accorda alors au Comte de Bothwell, & enfin elle mit bientôt le comble à son imprudence en épousant le Comte. Ce étrange mariage excita une indignation universelle. Une foule de Seigneurs Ecossois se révolterent, ayant à leur tête le Comte de Murray, frère bâtard de Marie. Les troupes de la Reine furent défaites, & cette Princesse, après ce malheur, se réfugia auprès de la Reine d'Angleterre, sa proche parente (Suite de la clef ou journal historique sur les matières du tems: contenant quelques nouvelles de littérature & autres remarques curieuses, Tome 112, 1772 - books.google.fr).

 

Mine Ă  explosion

 

C'est au siège de Constantinople, en 1453, que l'on trouve la première mention de l'usage fait en Europe de la poudre dans les mines. «Les Turcs, dit le chroniqueur grec Georges Phrantza, avaient creusé une mine, mais un Allemand, nommé Jean, très-habile à machiner le feu grégeois, fit creuser et préparer ingénieusement une contre-mine avec le feu liquide; les Turcs arrivant avec joie, lui-même alluma le feu et brûla beaucoup d'entre eux. Les Turcs, à leur tour, allumèrent le feu liquide qu'ils avaient préparé à l'avance, ce qui ne leur réussit en rien, seulement une petite partie d'une vieille tour tomba par la détonation du feu.» Cette citation ruinerait l'assertion de l'Italien Tiraboschi, quand il attribue l'invention de la mine à explosion à Georges de Sienne, architecte de Frédéric, duc d'Urbin, et lui donne pour date l'an 1482. Cinq ans après, en 1487, un ingénieur au service des Génois essaye, sans résultat, un moyen semblable contre la ville de Sarzanella qui appartenait aux Florentins, et était défendue par eux. L'Espagnol Pierre de Navarre, qui assistait à ce siège en simple volontaire, devine les causes du non-succès, et, plus heureux, contribue, par le jeu des fourneaux, à la prise de Céphalonie sur les Turcs, en 1501 (Encyclopédie militaire et maritime par le comte de Chesnel, Tome 2, 1864 - books.google.fr).

 

Cf. au quatrain I, 10 où Pierre de Navarre se trouve enfermé à Loche après la bataille de Ravenne.

 

Acrostiche : LFSE

 

Elfsie, AElfsie en rapport avec "elf" (John Bannister, A Glossary of Cornish Names, 2020 - books.google.fr, A Catalogue of English Coins in the British Museum, Tome 2, 1893 - books.google.fr).

 

De nombreux prénoms germaniques sont tirés du nom de l'elfe : en vieil anglais : Ælfric, Ælfwine, Ælfréd (moderne Alfred), en allemand Alberich. C'est aussi le cas de quelques anciens noms français d'origine germanique, tels qu'Auberon et Aubry (fr.wikipedia.org - Elfe).

 

Walter Scott fait observer, dans sa Démonologie, au sujet des fées et des elfes d'Écosse, que la mythologie des pays celtiques était beaucoup moins sombre et les dieux de cette mythologie d'un caractère plus sociable, plus familier, plus humain, que la mythologie et les dieux des populations scandinaves et germaniques. Ces dieux étaient bien des démons, certes, mais c'étaient aussi de bons diables pour la plupart, qui frayaient volontiers avec les hommes et leur étaient secourables, les fées ou «bonnes dames» surtout. C'est ce qui explique l'indulgence dont parle Walter Scott, mais à laquelle les zélés, catholiques aussi bien que protestants, ne se croyaient pas tenus (Jules Baissac, Les grands jours de la sorcellerie, 1890 - books.google.fr).

 

Marie Stuart est l'héroïne d'un cycle de ballades écrites par Fontane entre 1846 et 1854, catholique, vouée par le destin à la volupté et au crime, condamnée par la morale, mais incarnant la beauté, la jeunesse, l'amour, suscitant d'émouvantes fidélités, succombant tragiquement sous le poids de ses fautes. Marie Stuart est l'incarnation historique d'une elfe où les aspects tragiques sont soulignés (Pierre Bange, Ironie et dialogisme dans les romans de Theodor Fontane, 1974 - books.google.fr).

 

Un important syncrétisme se met en place. Dès le Xe siècle, la distinction entre les petits dieux issus des croyances païennes s'estompe, et les gloses des textes latins «attestent la fusion de créatures différentes». La confusion entre nains et elfes va jusqu'au rapprochement définitif, bien que les textes du Moyen Âge laissent entrevoir quelques indices sur leur origine. Le «roi elfe» Alberich (germanique "alp" : elfe), probablement issu des croyances des Francs, devient le roi des nains dans l'épopée allemande médiévale du Nibelungenlied, attestant de la confusion entre ces deux types de personnages. Dans la littérature française, il est à l'origine du nom d'Aubéron, un nain de la chanson de geste médiévale Huon de Bordeaux (fr.wikipedia.org - Elfe).

 

Cf. Ă  nouveau au quatrain I, 10 et ses sept nains.

nostradamus-centuries@laposte.net