La vengeance divine I, 69 1608 La grand montaigne ronde de sept estades, Apres paix, guerre, faim, inundation, Roulera loing, abysmant grands contrades, Mesmes antiques & grand fondation. Mont Granier 3 Nota Sabaudica "1249. La veille de Ste-Catherine [24/11], Ă l'heure de minuit, se formèrent les AbĂ®mes de Myans, par l'Ă©boulement d'une partie de la montagne, qui anĂ©antit le prieurĂ© qui Ă©tait en bas, avec plusieurs villages d'alentour". 4 Chronica de GĂ©raud de Frachet "1244... A la mĂŞme Ă©poque, en Savoie, une montagne s'effondra et dĂ©truisit de nombreux villages, sur un mille et plus, Ă©crasant plus de 5.000 personnes". 5 Chronica de Salimbene (GĂŞnes) "1248... Dans le comtĂ© de Savoie, effondrement de montagnes qui recouvrirent sept paroisses et tuèrent 4.000 personnes. Dans la vallĂ©e de la Maurienne, qui va de Suse en Lombardie jusqu'Ă Lyon, entre Grenoble et ChambĂ©ry, Ă une lieue de ChambĂ©ry, se trouve une plaine qui est appelĂ©e proprement plaine de Savoie; elle est dominĂ©e par une très haute montagne qui, en tombant pendant la nuit, remplit toute cette vallĂ©e. L'effondrement s'Ă©tend sur une lieue de long et une lieue et demi de large. [...] L'annĂ©e oĂą ces choses se sont passĂ©es, j'habitais au couvent de GĂŞnes, oĂą j'en entendis parler". Sur les causes du phĂ©nomène: seul Mathieu Paris, le chroniqueur de St-Albans, mentionne un tremblement de terre, dont les autres sources ne font pas Ă©tat (Pierre Alexandre, Les sĂ©ismes en Europe occidentale de 394 Ă 1259: nouveau catalogue critique, 1990 - books.google.fr). Apparitions (cf. quatrain I, 68) Il n'est pas facile de dater prĂ©cisĂ©ment l'apparition des diables et de Notre-Dame dans les rĂ©cits de la chute du Mont Granier. Fr. TrĂ©pier propose un texte, «tirĂ©, Ă©crit-il, des Archives de Cour, Ă Turin», mais qu'il ne date point ; ce rĂ©cit reprend l'exemplum d'Étienne de Bourbon, dans la version de la copie attribuĂ©e Ă Pierre de Tarentaise, en lui ajoutant l'Ă©pilogue suivant : Et rien ne resta, ni maison ni Ă©difices, Ă l'exception d'une chapelle placĂ©e sous le vocable de la sainte Vierge Marie de Myans, fondĂ©e sous lesdits Abymes, que les diables tentèrent de prĂ©cipiter dans l'abĂ®me, sans le pouvoir, les premiers dĂ©mons disant Ă ceux qui Ă©taient derrière qu'il y avait dans cette chapelle une Noire qui les empĂŞchaient de dĂ©truire ladite chapelle et de la prĂ©cipiter dans l'abĂ®me. L'Ă©rudit savoyard fournit Ă©galement un texte placĂ© sous l'intitulĂ© «RĂ©cit du placard de Myans (du XVe au XVIe siècle)», et qu'il tire de l'ouvrage de Th. Chap-peron, ChambĂ©ry au XIVe siècle, publiĂ© en 1800. Ce rĂ©cit Ă©tait sans doute conservĂ©, sinon exposĂ©, dans le couvent des cordeliers de l'Observance de Myans, fondĂ© en 1458 par le comte Jacques de Montmayeur. Ce document n'est pas datĂ©, mais ne peut ĂŞtre antĂ©rieur Ă la fondation du couvent des cordeliers. Il sera reproduit dans l'ouvrage du P. Gonon, cĂ©lestin de Lyon, le Chronicon SS Deiparae Virginis Mariae, paru Ă Lyon, en 1637. Ce «placard» suit de près l'exemplum d'Étienne de Bourbon, dans la version de la copie attribuĂ©e Ă Pierre de Tarentaise. Les versions du texte «des Archives de Cour, Ă Turin » et du «placard » sont très proches et fournissent les Ă©lĂ©ments suivants : destruction totale des constructions dans le pĂ©rimètre dĂ©fini par Étienne de Bourbon Ă l'exception d'une chapelle sise Ă Myans, et placĂ©e sous le vocable de la Vierge ; action des diables essayant de dĂ©truire cette chapelle mais retenus par la force de la Vierge prĂ©sente sous la forme d'une statue au visage colorĂ© ; le terme de statue n'est, il est vrai, pas employĂ© : seules figurent les expressions de «une Noire» et de «une Vierge noire» Ă©voquant ce caractère par une double mĂ©tonymie. La première mention datĂ©e avec prĂ©cision de l'intervention des diables apparaĂ®t dans le rĂ©cit - que Fr. TrĂ©pier n'a pas connu - du pèlerin de Terre Sainte, Greffin Affagart, puissant seigneur manceau, qui raconte son passage en Savoie, en 1533. En l'absence d'une datation prĂ©cise du «placard», il convient d'attendre le dĂ©but du XVIIe siècle pour avoir, avec les pères Picquet en 1610 et FodĂ©rĂ© en 1619, des attestations sĂ»rement datĂ©es de la contamination de l'exemplum d'Étienne de Bourbon et de la lĂ©gende faisant intervenir les diables et la Vierge. La version du Père FodĂ©rĂ© qui, selon M. Bruchet, fut novice Ă Myans trente ans après le passage de Greffin Affagart dans ce couvent, soit donc vers 1563, est bien connue. Elle amplifie l'exemplum d'Étienne de Bourbon et reprend l'Ă©pisode des dĂ©mons impuissants Ă franchir l'obstacle de la chapelle de Myans. Ne retenons que le passage intĂ©ressant la nouvelle lĂ©gende : [...] Jaques Bonivard s'en revint donc avec une bonne bulle Ă la ville sainct AndrĂ© oĂą, ayant prins asses grande compagnie tant d'officiers qu'autres, s'en va audit prieurĂ© le 24 novembre, l'an 1249, en chassa avec toute rigueur, et violence les religieux, lesquels ne sçachant quelle brisĂ©e prendre, se vont rendre Ă Nostre Dame de Myans, oĂą ils arrousoient le pavĂ© de chaudes larmes, et remplissoient l'air de souspirs, recommandant leur fortune aux mĂ©ritĂ©s de la Vierge glorieuse, et non sans effect : car le soir du mesme jour sur les huict heures, ledit Bonivard ayant invitĂ© tous ses parents et les principaux habitans de Sainct AndrĂ© Ă soupper dans ledit prieurĂ©, le temps estant serain, calme, et la lune bien claire en un instant environ le milieu du soupper, ils entendirent des vents espouvantables, et du tout extraordinaires, ils voyent l'air troubler et par le ministaire des diables furent causĂ©es gresles, tempestes et tremblement de terre si estranges que le sommet du rocher de ladicte montagne de Grenier tomba en des prodigieux cartiers, au moyen desquels le prieurĂ©, la ville S. AndrĂ©, les seize villages, ensemble hommes, femmes et enfants jusques au nombre de 5. mille personnes, furent entièrement abismĂ©z dans terre, et s'espancha ledit abisme une grande lieu de large et de long jusques aux talons de pauvres religieux, qui estoient en dĂ©votion devant l'image de la Vierge, oĂą ledit abisme s'arresta tout court, sans pouvoir passer plus outre, et sans faire mal ausdits religieux lesquels entendoient les derniers dĂ©mons qui crioient aux premiers : Passons outre, passons outre, ausquels ceux-cy respondoient : Nous ne pouvons, car la brune, c'est Ă dire, la noire, nous empesche. [...]. La version de FodĂ©rĂ© se retrouvera dans les Ă©crits du P. Philippe de la Sainte-TrinitĂ© (1663) et du P. Gumpemberg (1675). Une gravure sur cuivre de Humbelot, du dĂ©but du XVIIe siècle, reprĂ©sente Ă©galement la scène des dĂ©mons menaçant sans succès la chapelle de Myans oĂą avaient trouvĂ© refuge les moines spoliĂ©s. Nos auteurs citent-ils leurs sources quand ils racontent ainsi les dĂ©mĂŞlĂ©s des diables et de la Vierge ? FodĂ©rĂ© n'en indique aucune. Le P. Picquet se retranche, nous l'avons vu, derrière un prudent «l'on rapporte que... ». Seul, sauf erreur, le P. MĂ©nestrier apporte - mais en 1696 seulement ! - quelques lumières sur la tradition de la lĂ©gende (Jacques Berlioz, L'effondrement du Mont Granier en Savoie (fin 1248). Production, transmission et rĂ©ception des rĂ©cits historiques et lĂ©gendaires (XIIIe-XVIIe siècles). In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue rĂ©gionale d'ethnologie, n°1-2/1987 - www.persee.fr). Le Granier est un redan de la Grande-Chartreuse. La Lettre Ă Henry La forme Benevais passe Ă celle de Bonivardi dans le texte attribuĂ© Ă Pierre de Tarentaise. Jacques Benevais dĂ©sirait, selon Étienne de Bourbon, s'emparer d'un très riche prieurĂ© situĂ© sur le penchant de la montagne, près de ChambĂ©ry. Il reste qu'Étienne de Bourbon assigne un rĂ´le politique et diplomatique essentiel au conseiller du comte de Savoie en le jugeant capable de dĂ©tourner AmĂ©dĂ©e IV de l'empereur FrĂ©dĂ©ric II en faveur du pape. Innocent IV n'octroie-t-il pas en effet le prieurĂ© en question Ă l'avocat du comte sur ses seules promesses de rallier son maĂ®tre Ă la cause papale ? L'intrigant certes dut y mettre le temps et ne point mĂ©nager ses efforts. Mais le succès vint couronner ses peines. Convenons que l'arrière-plan historique est exact. Le pape est Ă Lyon, depuis le mois de dĂ©cembre 1244. Il y a tenu un concile gĂ©nĂ©ral en juin et juillet 1245. Étienne de Bourbon y a d'ailleurs assistĂ©. AmĂ©dĂ©e IV joue, dans le conflit entre le pape et l'empereur, un jeu difficile. Sujet du Saint-Empire et vassal de FrĂ©dĂ©ric II au titre du Royaume d'Arles, il lui fallait seconder les visĂ©es de celui-ci tout en acceptant d'ĂŞtre garant de la sĂ©curitĂ© du pape rĂ©fugiĂ© Ă Lyon, ville dont son propre frère, Philippe, nĂ© en 1207, est archevĂŞque depuis 1246 après avoir Ă©tĂ© un fidèle conseiller du pape, pendant le concile. Pour reprendre l'expression de B. Demotz, AmĂ©dĂ©e IV est un gibelin opportuniste. S'il laisse passer Innocent IV qui se rend Ă Lyon, il accepte que ChambĂ©ry serve de base d'opĂ©ration Ă FrĂ©dĂ©ric II contre le pape, pour son offensive prĂ©vue en 1247, et il donne cette mĂŞme annĂ©e sa fille aĂ®nĂ©e BĂ©atrice au fils prĂ©fĂ©rĂ© de l'empereur, Manfred. Mais si Jacques Benevais s'est mĂŞlĂ© aux intrigues politiques, Ă la cour pontificale, son rĂ´le n'a Ă©tĂ© sans doute que bien limitĂ©. Lorsque le comte de Savoie penche vers la papautĂ©, c'est grâce principalement Ă l'influence de ses deux frères, Philippe et Thomas. Nous avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ© le rĂ´le du premier, qui fut archevĂŞque de Lyon de 1246 Ă 1267. Thomas, comte de Maurienne, le frère prĂ©fĂ©rĂ© d'AmĂ©dĂ©e IV, va en 1244 Ă la rencontre du souverain pontife fuyant l'empereur ; il Ă©pousera d'ailleurs la nièce du pape, BĂ©atrice Fieschi, en 1250. Il sert d'entremetteur, en 1248, entre le pape et l'empereur ; ce dernier, pour se l'attacher, ne cesse de le couvrir de gratifications. L'intervention de Jacques Benevais, Ă la placer dans les annĂ©es 1247 et 1248, aurait de toute manière pris place dans une phase de rĂ©Ă©quilibrage politique. Elle reste nĂ©anmoins vraisemblable, ce qui est l'essentiel, puisqu'elle contribue Ă rendre l'exemplum digne de foi, et par lĂ efficace (Jacques Berlioz, L'effondrement du Mont Granier en Savoie (fin 1248). Production, transmission et rĂ©ception des rĂ©cits historiques et lĂ©gendaires (XIIIe-XVIIe siècles). In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue rĂ©gionale d'ethnologie, n°1-2/1987 - www.persee.fr). Cet Ă©pisode de la confrontation de la papautĂ© et de l'Empire est mentionnĂ©e dans la Lettre Ă Henry. Le rĂ´le du comte de Savoie y apparaĂ®t et en particulier aussi le mot "Modon", qui peut-ĂŞtre le Moudon Vaudois, adjoint Ă "Fulcy" probablement le Faucigny. Le deuxième AntĂ©christ serait l'empereur du saint Empire FrĂ©dĂ©ric II (nostradamus-centuries.com - Lettre Ă Henry - 1792). Modon Bien avant l'Ă©ruption dont Strabon a conservĂ© le souvenir, les habitants connaissaient l'origine volcanique de leur presqu'Ă®le puisque HĂ©phaistos y Ă©tait honorĂ©. On trouve sa tĂŞte barbue, coiffĂ©e d'un pilos conique sur un monnayage d'argent Ă©mis Ă MĂ©thana vraisemblablement dans le troisième tiers du IVe siècle av. J.C. A l'Ă©poque moderne, le nom d'un village qui se trouve Ă proximitĂ© d'une coulĂ©e de lave, KaymĂ©no Khori, le «village brĂ»lé» atteste la permanence d'une tradition locale qui attribue, sans hĂ©sitation, au phĂ©nomène volcanique la formation des terrains oĂą il est installĂ©. On regrette de ne pas trouver dans la notice de Strabon consacrĂ©e Ă MĂ©thana, au livre VIII, quelqu'une des remarques relatives Ă la morphologie de la rĂ©gion et Ă la qualitĂ© du sol qui donnent tant de prix Ă la description qu'il nous fait plus loin de la Lydie brĂ»lĂ©e ou KatakĂ©kaumène. Il y a entre cette rĂ©gion d'Asie Mineure et la presqu'Ă®le du PĂ©loponnèse des analogies certaines. Strabon ne paraĂ®t pas l'avoir su, du moins ne glisse-t-il aucun dĂ©tail qui puisse nous laisser penser que la configuration du sol de la presqu'Ă®le de MĂ©thana rĂ©sulte des Ă©ruptions qui s’y sont succĂ©dĂ© jusqu'Ă l'Ă©poque historique. Sur la date de l'Ă©ruption la plus rĂ©cente dont il a eu connaissance, il ne nous fournit aucun renseignement. Ovide, qui utilise, semble-t-il, la mĂŞme source, n'est pas plus explicite. Il faut demander cette prĂ©cision Ă Pausanias ; on peut en effet dĂ©duire d'une notice de ce dernier que cette Ă©ruption eut lieu sous le règne d'Antigone, fils de DĂ©mĂ©trios, c'est-Ă -dire d'Antigone Gonatas (283-239 av. J.C.). Strabon en donne une description prĂ©cise et dĂ©taillĂ©e dans le passage que j'ai citĂ© plus haut et qu'on peut traduire ainsi : "Aux environs de la ville de MĂ©thonĂ© (Modon de MessĂ©nie) qui se trouve sur le golfe Hermionique on vit surgir, Ă la suite d'une Ă©ruption ignĂ©e, une montagne de sept stades de haut ; le jour, la chaleur et les Ă©manations sulfureuses empĂŞchaient d'en approcher, il s'en exhalait une bonne odeur ; son Ă©clat Ă©tait visible de loin et elle dĂ©gageait une chaleur telle que la mer, sur une largeur de cinq stades, Ă©tait portĂ©e Ă Ă©bullition ; encore Ă vingt stades de la cĂ´te, ses eaux Ă©taient troubles et elle se combla sous l'amoncellement de rocs hauts comme des tours." [...] Quant Ă l'altitude de sept stades, elle semble fort exagĂ©rĂ©e. La presqu'Ă®le de MĂ©thana culmine Ă 741 m, mais ce n'est pas son plus haut sommet qui fut responsable de l'Ă©ruption la plus rĂ©cente. Selon Strabon, le cĂ´ne Ă©ruptif aurait atteint alors 1300 m (en stades de 185 m) ou 1100 (en stades de 157,5 m) (Raoul BaladiĂ©, Le PĂ©loponnèse de Strabon, 1980 - books.google.fr). Antigone Gonatas eut Ă faire face Ă l'invasion de Gaulois (cf. quatrain suivant I, 70). Après la fuite de DĂ©mĂ©trius, abandonnĂ© de l'armĂ©e, Lysimaque chasse Pyrrhus que les MacĂ©doniens proclamaient roi. DĂ©mĂ©trius, repoussĂ© par les AthĂ©niens et errant en Asie, va mourir en captivitĂ©, dans les Ă©tats du roi SĂ©leucus son gendre (280); il laisse Un flls, Antigone, surnommĂ© Gonatas, du nom d'une ville de Thessalie. Le nouveau roi de la MacĂ©doine, Lysimaque, joignait Ă ce royaume la Thrace, et une partie de l'Asie mineure. Toutes ces possessions rĂ©unies tombaient au pouvoir de SĂ©leucus I vainqueur de Lysimaque, et dĂ©jĂ maĂ®tre de Babylone. L'assassin de SĂ©leucus, le fils dĂ©shĂ©ritĂ© de PtolĂ©mĂ©e, d'Egypte, PtolĂ©mĂ©e. CĂ©raunus, se fait roi de MacĂ©doine (281) ; mais une triple et formidable invasion des Gaulois menaçait Ă la fois la Thrace, la MacĂ©doine et la Grèce. Une première armĂ©e gauloise est arrĂŞtĂ©e en Thrace dans une seconde invasion les Gaulois forment trois armĂ©es, dont l'une ravage la MacĂ©doine, sous la conduite de Belgius. Le roi CĂ©raunus est battu, pris et massacrĂ© par les Gaulois; son frère MĂ©lĂ©agre, et un petit-fils de Cassandre nefont que paraĂ®tre sur le trĂ´ne. Les Gaulois sont chassĂ©s par Sosthènes, qui n'accepte que le titre de gĂ©nĂ©ral des MacĂ©doniens. Mais deux annĂ©es après, troisième irruption des Gaulois, sous la conduite d'un Brennus, qui taille en pièces Sosthènes et son armĂ©e, ravage la MacĂ©doine et la Grèce et pĂ©nètre jusqu'Ă Delphes, oĂą les barbares sont exterminĂ©s. La MacĂ©doine, en proie Ă l'anarchie, reçoit comme un libĂ©rateur Antigone I Gonatas qui extermine les dernières bandes gauloises, et le fils de DĂ©mĂ©trius venait de remonter sur le trĂ´ne de sou père, lorsque le roi aventurier Pyrrhus, battu en Italie par les Romains, reparaĂ®t en MacĂ©doine et chasse Antigone; mais la guerre continue entre les deux rois dans le PĂ©loponèse, et Pyrrhus est tuĂ© (272) dans Argos.Antigone par la mort de Pyrrhus, recouvre son royaume de MacĂ©doine, dont la possession est enfin assurĂ©e Ă la dynastie de DĂ©mĂ©trius ou des Antigonides par la dĂ©faite d'un Alexandre, fils de Pyrrhus (Manuel complet des aspirans au baccalaurĂ©at ès-lettres par des professeurs de l'AcadĂ©mie de Paris, Tome I, 1824 - books.google.fr). Cette mesure de "sept stades" paraĂ®t si dĂ©mesurĂ©e que Jean Pierre Bougainville (1722 - 1764), frère du navigateur, parle de circonfĂ©rence et non de hauteur (MĂ©m. de l'Acad. des Inscriptions, tom. XXIX, p. 40). L'article parut en 1764 (La France littĂ©raire, 1827 - books.google.fr). Sept stades valent parfois un mille romain (cf. la destruction "sur un mille et plus" provoquĂ©e par le Mont Granier selon Frachet). Cependant pour Strabon ce serait 8 stades qui vallent un mille (Rigobert Bonne, Atlas gĂ©ographique, 1788 - books.google.fr). A Modon, selon les anciens, il y avait un temple d'AthĂ©na Anemotis (des vents) et un dĂ©diĂ© Ă ArtĂ©mis. Lorsqu’Homère parle de Methoni, il dit qu'elle est "riche en vigne". La lĂ©gende raconte que la ville doit son nom ("metho" = s'enivrer, "onoi" = ânes) aux ânes grisĂ©s par l'odeur du vin qu'ils transportaient. Une flotte vĂ©nitienne prit possession de la ville en 1206. Dans l'acte de partage de l'empire byzantin suite Ă la croisade de 1204, le PĂ©loponnèse avait Ă©tĂ© attribuĂ© Ă Venise, qui en fait ne s'est intĂ©ressĂ©e qu'aux cĂ´tes (occupation de Coron et de Modon). Le nom de MĂ©thone fut lors transformĂ© en Modon. En 1500, Bajazet II investit les 7 000 dĂ©fenseurs de la place avec une armĂ©e forte dit-on de 100 000 hommes et 500 canons de siège. La forteresse capitula le 9 aoĂ»t 1500, Les chevaliers de Saint-Jean puis don Juan d'Autriche tentèrent de la reprendre, respectivement en 1531 et en 1572 mais en vain. Morosini s'en rendit maĂ®tre le 10 juillet 1686 et les VĂ©nitiens la cĂ©dèrent aux Turcs en 1715 seulement (www.grecomania.net). La ville messĂ©nienne de MĂ©thone, que Pausanias appelle Mothone, passait pour ĂŞtre celle qui, dans l'Iliade (IX, 152 et 294), porte le nom de PĂ©dasos. Elle Ă©tait cĂ©lèbre par un temple d'AthĂ©na AnĂ©motis, fondĂ©, disait-on, par Diomède, quand, après la guerre de Troie, il Ă©tait venu dans cette rĂ©gion. MĂ©thone Ă©tait alors en proie Ă des vents violents et permanents qui ravageaient les cultures et rendaient toute la contrĂ©e presque inhabitable. Diomède, pour apporter un soulagement aux MĂ©thoniens, s'adressa Ă la dĂ©esse AthĂ©na et lui promit de lui consacrer une statue votive si elle faisait disparaĂ®tre la calamitĂ© dont ils souffraient. La dĂ©esse exauça sa prière. Depuis lors, dit-on, les vents ont disparu, et l'heureuse MĂ©thone dut Ă Diomède d'avoir retrouvĂ© le calme des Ă©lĂ©ments et la prospĂ©ritĂ© de son sol. En exĂ©cution de son vĹ“u, Diomède Ă©rigea Ă AthĂ©na une statue qu'il consacra sous le nom d'AthĂ©na AnĂ©motis, et le temple oĂą cette statue fut placĂ©e commĂ©mora Ă la fois l'intervention efficace du hĂ©ros et l'action bienfaisante de la dĂ©esse (Charles Vellay, Les lĂ©gendes du cycle troyen, Tome 1, 1957 - books.google.fr). Un Savoyard Ă
Modon Amédée VI accorda aussi le 14 juillet 1359 à la ville de Moudon une confirmation générale de ses privilèges, rappelant trois autres chartes, savoir : celles de 1349, de 1328 et d'Amédée V (François-Théodore-Louis baron Grenus, Documens relatifs a l'histoire du pays de Vaud, des 1293 a 1750, 1817 - books.google.fr). En quittant Raguse, Amédée toucha à Corfou (6 juillet) et à Modon (17 juillet). Le surlendemain, il était à Coron (19 juillet). La guerre désolait alors les environs de la colonie vénitienne et menaçait même de l'atteindre ; l'archevêque de Patras Angelo Acciajuoli, et l'impératrice Marie de Bourbon, mère et tutrice d'Hugues de Lusignan, se disputaient la Morée (Joseph Delaville Le Roulx, La France en Orient au XIVe siècle: Projets et tentatives (1290-1396) Nicopolis (1396) Constantinople (1397-1402) Modon (1403-1408), 1886 - books.google.fr). Guillaume de Talay, châtelain de Calamata pour Marie, et qui assure la défense de Zonchio, profite du passage en juillet 1366 à Modon du comte de Savoie Amédée VI - qui a épousé Bonne de Bourbon, fille du duc Pierre Ier et nièce de Marie, et qui part en croisade. Hughes - qui quelques semaines plus tôt avait assiégé Patras - et Marie sa mère sont assiégés par l'archevêque de Patras dans le château de Port-Junch (Navarin). Les parties s'en remettent à la médiation du comte de Savoie pour les départager (Revue historique, Volume 278, 1987 - books.google.fr). "ronde"
et "roulera" : la roue de Némésis Ce vocabulaire se rapporte à la roue, attribut du martyr de sainte Catherine d'Alexandrie, fêtée le lendemain de la catastrophe. Différemment de sa Grande chronique bien ancrée historiquement, la conception qui intègre le désastre du Granier dans une théophanie se retrouve dans les Fleurs des histoires de Mathieu Paris. Après avoir évoqué la fuite du temps et les changements intervenus dans le monde en recourant au lieu commun de la roue de la fortune, le bénédictin anglais fait état d'effroyables rumeurs, propres, dit-il, à vérifier les menaces de l'Évangile «qu'il y aura ça et là des tremblements de terre». L'effondrement du Granier n'apparaît plus comme le résultat d'une punition précise et, si l'on peut dire ponctuelle, mais s'intègre dans les effets d'une plus vaste résolution divine. La citation employée, tirée des Évangiles, évoque l'un des signes de la fin du monde (Jacques Berlioz, L'effondrement du Mont Granier en Savoie (fin 1248). Production, transmission et réception des récits historiques et légendaires (XIIIe-XVIIe siècles). In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-2/1987 - www.persee.fr). On peut rapprocher Modon de modiolus, moyeu comme celui d'une roue. Camus explains that he preached six times during the three days : on setting out from Pont-Beauvoisin, three times in Chambéry - where the pilgrims found hospitality on the way to and from Myans, at Myans, and upon returning to Pont-Beauvoisin. Calling Myans, 'the honor of the Savoy mountains', Camus asserts that it is his duty to explain the purposes of a pilgrimage. For the bishop of Belley, a pilgrimage is a way of imitating Jesus and his apostles who spent their days in peregrinations. Not only Jesus and his apostles, but indeed the entire universe is 'in procession and pilgrimage': les cieux qui vont girant sur nos tetes, les saisons qui s'entrepoussent, l'air qui s'agite, l'eau qui coule, le feu qui est toujours mouvant, la terre qui change de face, la vicissitude ordinaire des choses humaines; tout cela est une roue qui tournevire incessarnment (Camus [l620c]) (Thomas Worcester, Seventeenth-Century Cultural Discourse: France and the Preaching of Bishop Camus, 2011 - books.google.fr). Le lieutenant de la Prévôté d'Angers, le sieur Ménard, publie en 1636 une Dissertation sur l'amphithéâtre de Grohan près d'Angers, et propose comme origine de ce nom de localité l'épithète d'Apollon Grannus (Gilles Ménage, Dictionaire étymologique ou Origines de la langue françoise, 1694 - books.google.fr). Grannus est un nom associé à Apollon en Allemagne, en Ecosse et ailleurs (Bernard de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en figures, Tome 2, 1722 - books.google.fr). Des textes cités par M. de Witte montrent le symbole de la roue en relation avec le culte d'Apollon, surtout à Delphes. Des monuments figurés nous la montrent sur le trépied même du dieu, sous la forme d'une roue à quatre rais en d'autres termes un X inscrit clans un cercle. C'est cette roue que nous retrouvons sur un médaillon en argent, trouvé à Allençon et qui représente Apollon. Dans le culte d'Apollon, on ne peut nier que la roue ne puisse être considérée comme un symbole solaire (Henri Gaidoz, Etudes de mythologie gauloise, 1886 - books.google.fr, J. de Witte, Description de la Collection d'Antiquités de M. le Vicomte Beugnot, 1840 - books.google.fr). La roue, attribut distinctif de Némésis, de la Fortune ou du Destin, peut souvent aussi, je ne l'ignore pas, être prise pour l'emblème du soleil (Félix Lajard, Vénus orientale androgyne, Nouvelles annales publiées par la section française de l'Institut archéologique, Volume 1, 1836 - books.google.fr). On dit que Némésis renverse, à son gré, les établissèmens les plus florissans, & que par le mouvement de sa roue (comme s'exprime Numénius) elle sait réduire les fortunes les plus excessives, au niveau de la médiocrité (M. Burette, Dissertation sur la mélopée de l'ancienne musique, Mémoires de littérature tirez des registres de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres, Tome VII, 1731 - books.google.fr). La Némésis, pour nous, c'est une furie armée du fouet de la satire. La Némésis, pour les anciens, est une divinité plus calme, plus sévère ; c'est la déesse des compensations et des répartitions (Emile Egger, Les légendes dramatiques de la Grèce, Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger, Tome 3, 1870 - books.google.fr). «Le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure», écrit Hérodote. Pour les Anciens, une justice cosmologique, dont le représentant est Zeus, est à l’œuvre dans notre monde. Jean-Pierre Vernant, dans L’Univers, les dieux, les hommes, revient sur le rôle qu’Hérodote attribue au dieu dans sa théogonie : «Il répartit entre les dieux les honneurs et les privilèges. Il institue un univers divin hiérarchisé, ordonné, organisé et qui, par conséquent, sera stable. Le théâtre du monde est planté, le décor est mis en place. A son sommet règne Zeus, l’ordonnateur d’un monde issu originellement de Chaos.» Pour faire respecter son pouvoir, « Zeus s’entoure en permanence de Kratos, le pouvoir de souveraineté universelle, et de Biè, la capacité de déclencher une violence contre laquelle il n’est pas possible de se défendre. Lorsque Zeus se déplace, où qu’il aille, Kratos et Biè l’encadrent toujours, placés à sa droite et à sa gauche. » Celui qui ne respecte pas la limite fixée par cet ordre premier commet un acte d’hubris, de démesure. Ce crime est puni par le châtiment de Némésis, divin et irrévocable puisqu’il entraîne l’anéantissement pur et simple de l’individu. La mythologie antique regorge d’exemples significatifs. Ainsi, le titan Prométhée, missionné avec son frère pour répartir les dons entre les espèces vivantes, abuse de sa fonction et favorise l’homme en lui offrant le feu. Zeus le sanctionne et le titan, enchaîné à une montagne, se fera dévorer le foie par un aigle pour le restant de ces jours (L’hubris ou le crime d’orgueil, 2015 - philitt.fr). Le roi des dieux envoya Héphaïstos et ses aides pour attacher le rebelle avec les chaînes les plus lourdes et les plus solides à un rocher élevé des montagnes du Caucase (La Mythologie Pour les Nuls, 2011 - books.google.fr). Les monnaies de Méthana portent la tête d'Héphaistos, dont le culte s'explique aisément par le caractère volcanique de la région (cf. Strabon, I, 3, 18) (Strabon, Géographie: Livre 8. Texte établi et traduit par R. Baladié, 1978 - books.google.fr). Il y a deux hypothèses sur l'étymologie du nom de Prométhée : La première en fait un nom de la famille de manthano (voir P.Chantraine, Dict. étymolog. s.v. promettes et s.v. manthano). Manthano est formé sur la racine *men (esprit), élargie par *dh. On trouve le degré plein d'origine sous la forme -menth attendue, dans menthèrè. On peut concevoir que sur la forme -math de la racine, telle qu'elle apparaît à l'aoriste thématique émathon (formé régulièrement sur le degré zéro *mna'h, avec vocalisation du g en a) se soit constitué un degré plein -math (d'où -méth en ionien attique) par analogie des alternances de type pha/pha. Mais P.Chantraine signale que le mot reste isolé. En effet, les adjectifs en -es vont le plus souvent de pair avec des thèmes sigmatiques (P.CHANTRAINE, La formation des noms en grec ancien, p. 424 sqq). Or la forme to methos, qu'on rencontre dans l'Etymologicum Gudianum risque d'être une création artificielle de grammairien. Le mot paraît donc mal intégré dans la langue dans cette première hypothèse étymologique ; ce qui est un argument, mais non une preuve contre elle. La seconde hypothèse pose la forme -mêth comme forme d'origine, -mâth étant un hyperdorisme. Il faut alors la rattacher à la racine -më/me que nous trouvons dans mêtis/metron. Elle désigne la mesure ou le travail de la pensée. Elle s'amalgame avec la racine *med de medicus, de modus en latin, et de médo en grec. Cette racine dont le sémantisme a été étudié en détail par E.BENVENISTE, dans Le vocabulaire des Institutions Indo-européennes, n.p.123-132, exprime la notion de mesure ou de soin. Ce croisement explique, comme le montre H.FRISK (Griech. Etymol. s.v. medomaî), le e long de mêdomai. J'ai suivi ici H.Frisk de préférence à P.Chantraine. Ce dernier en effet (s.v. medomai) explique l'opposition vocalique entre le radical de mêdomai et celui de medo "en posant à l'origine un présent athématique à alternance *mêd/*med", ce qui serait une alternance de type tithemi/tithemen. Dans de telles alternances, le e représente un degré zéro et remonte à un "d1" de l'indo-européen. Les correspondants latins, lorsqu'il y en a, présentent un a bref (thetos - foetus). La correspondance avec modus, medicus, que pourtant P.Chantraine admet comme certaine (s.v. medo) serait alors impossible. Pour trancher entre les deux hypothèses étymologiques, il faudrait savoir si -math est un hyperdorisme ou non Malheureusement les références que donnent les dictionnaires sont seulement littéraires, et il aurait fallu disposer d'inscriptions doriennes indiscutables dans lesquelles la forme en a long serait présente (Le mythe de Prométhée: les limites de la ruse, ou, comment apprendre la soumission, 1994 - books.google.fr). Modon,
en latin Metho-Methonis ou Mothona, Methone Methoni
has been identified as the city of Pedasus, which Homer mentions under the name
"ampeloessa" (of vine leaves), as the last of the seven
"eunaiomena ptoliethra" (well-peopled cities) that Agamemnon offers
Achilles in order to subdue his rage. Pausanias knew the city as Mothone, named
either after the daughter of Oeneus or after the rock Mothon, which protects
the harbour, and mentioned a temple to Athena Anemotis there. The Oinoussai
complex of islands protected the port of Methoni from the turbulent sea methuein signifie «se soûler». Les festins, l’ivresse succèdent à l’abstinence, d'usage ordinaire après les cérémonies religieuses : de là vient qu'on donne pour racine à methuein s'enivrer, mèta to thuein, après le sacrifice (Fetes et courtisanes de la Grece. Supplement aux voyages d'anacharsis et d'antenor, Tome 2, 1803 - archive.org). Ou que l'ivresse fait perdre la raison ou la mesure. Vignes au Mont
Granier En 1608, un voyageur anglais, Thomas Coryate, avait évoqué cette région : «Sur tout le chemin entre Chambéry et Aiguebelle, je vis une abondance infinie de clos de vigne plantés au pied des Alpes, de chaque côté de la route, en si grande quantité qu'ils étaient deux fois plus nombreux, pour un espace aussi restreint que dans le reste de la France. Tout était planté de vignes sur les deux versants. Ces vignes, à mon grand étonnement, étaient situées dans des endroits si merveilleusement escarpés qu'il semblait presque impossible que des vignerons pussent y travailler, tant était forte la pente de la colline. J'observai aussi, dans ces clos de vigne, une grande quantité de celliers; chacun en avait un particulier et séparé; ces constructions servent pour presser le raisin et faire le vin, et contiennent tout ce qui est nécessaire à cet usage, entre autres le pressoir à vin, appelé en latin torcularia» (Max Pierre Marie Bruchet, La Savoie d'après les Anciens voyageurs, 1908 - books.google.fr). En Savoie, les vignes se concentrent autour de Montmélian, près de Challes-les-Eaux, dans les éboulis rocheux du mont Granier, «les Abymes», ou dans la vallée des Bauges près d'Aix-les-Bains. La Savoie possède un cépage très particulier, la Mondeuse, qui donne un excellent vin rouge très fruité, léger, aux senteurs de framboise, qui produit justement les Montmélian, les Chignin, les Cruet, qui, en blanc, se réfèrent au cépage bergeron (Henry Clos-Jouve, Itinéraires à travers les vins de France: de la Romanée-Conti au Piccolo d'Argenteuil, 1980 - books.google.fr). Dans notre région, on peut citer Meylan (Is. ; de Mediolano au XIIe s.), Mollans (Dr. ; H. S.), Malange et Molinges (dép. du Jura), Molain (dép. du Jura ; Mediolanum au XIe s.), Miolan (GE), Myans (S. ; de Meianes vers 1100) (7.111) et peut-être Moudon (VD ; déjà évolué en Minnodunum à l'époque romaine), Mionnay (Ain) et Méons (L.). 7-61. (G. R. Wipf, Noms de lieux des pays franco-provençaux: région Rhône-Alpes, Suisse romande, Val d'Aoste : histoire et étymologie, 1982 - books.google.fr). L'un des plus anciens de la Gaule était dénommé mediolanum. Ce sujet a beaucoup intéressé les linguistes. Ils l'ont d'abord compris comme «milieu de la plaine». Puis, assez récemment, quand ils ont eu la curiosité de regarder le terrain, ou les cartes, ils se sont aperçus que la plupart des sites de ce nom ne sont au milieu de rien du tout, et que plusieurs ne sont même pas en plaine ; ils sont le plus souvent en limite de territoire, éventuellement sur des hauteurs. Les interprètes les plus avertis ont alors fini par lire dans lanum non une plaine mais une sorte de lieu sacré (lan), medio signifiant non pas central mais plutôt équidistant des centres, à mi-lieu, entre deux [...] comme Myans (Roger Brunet, Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France: Les noms de lieux de la France, 2016 - books.google.fr). Tyché Némésis a été confondue avec la Fortune, à laquelle pourtant elle s'oppose. Car la Fortune est aveugle dans ses dons et partant injuste, tandis que Némésis a proprement pour fonction de rétablir partout la justice, fût-ce à longue échéance (Guy De Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane : Dictionnaire d'un langage perdu (1450-1600), 1997 - books.google.fr). On trouve encore à Methana des pièces à l'effigie de Septime Sévère avec Tyché (Fortune) (Funfzig Antike Munzen, 1843 - books.google.fr). Si aucun temple à Tyché à Modon n'est répertorié, la bonne fortune des vents peut expliquer sa présence. Après Constantinople, la progression des Turcs vers l’ouest avec les prises de Modon, du Négrepont, de Chypre,... signifie la lente érosion de l’empire maritime et commercial de Venise. En conséquence, l’oligarchie vénitienne opère un repli sur elle-même, un recentrage sur les quelques comptoirs orientaux qui lui restent, sur les îlots grecs et sur la côte dalmate. Elle abandonne peu à peu ses positions commerciales en Méditerranée orientale au profit d’investissements fonciers, agricoles et manufacturiers en Terreferme. Dès lors, le mythe de Venise doit évoluer, il ne peut plus s’agir de l’exaltation des institutions vigoureuses et libres. Venise, cité éternelle et nobleVenise doit se fabriquer un mythe à la dimension de ses nouvelles possibilités, c’est-à -dire un mythe qui limite son horizon à la seule cité lagunaire et à ses habitants. En 1453, il reste deux atouts à la République de Venise: ses institutions et son peuple. [...] Les historiographes vénitiens soulignent que,contrairement à la théorie machiavélienne sur l’instabilité des gouvernements, les institutions vénitiennes perdurent depuis des siècles et ne montrent pas encore de signes d’essoufflement, alors que Sparte, Athènes, Thèbes, Carthage, Rome ont offert des exemples illustres mais éphémères. La "muable roue de fortune" ne semble pas vouloir affecter la conservation de la "belle et florissante" République vénitienne (Jean Bodin (1529-1596), Les six livres de la République, Paris, 1577) (Marie Viallon, Les prises de Constantinople dans le mythe de Venise, 2004 - halshs.archives-ouvertes.fr). Vengeance Dans sa Grande Chronique, Mathieu Paris insiste sur la notion de vengeance divine : On disait en effet que c'était sur les maisons de ces mêmes habitants que la sévérité de la vengeance divine avait sévi, parce qu'ils exerçaient alors avec indifférence et impudence les activités honteuses de l'usure, tout souillés de l'ignominie de cette soif, et pour que l'apparence de la vertu cachât le vice, ils ne rougissaient pas de s'appeler insidieusement marchands de deniers ; ils s'inquiétaient peu de commettre des actes de simonie, ne craignaient pas de se livrer sans pitié aux vols et aux rapines ; les voyageurs qui étaient de passage et qui logeaient chez eux, comme ceux qui étaient obligés de se rendre à la cour romaine, les étudiants, les marchands, ils n'oubliaient pas de les étrangler ou de les emprisonner, ignorant que plus la vengeance divine se fait attendre, plus elle s'exerce - comme on le lit - avec rigueur ; ainsi l'atteste saint Grégoire qui dit : «La colère divine marche à pas lents vers la vengeance, mais elle compense ce retard par sa lourdeur» (Cette citation appartient en fait à Valère Maxime, Factorum et Dictorum memorabilium libri, I, 1, extr. 3). [...] Ce qui nourrit l'outrance du bénédictin, c'est la haine qu'il entretient à l'égard des Savoyards. Un bref rappel historique s'impose. Le roi d'Angleterre Henri III Plantagenêt épousa en 1236 Éléonor de Provence, fille de Raymond Béranger, comte de Provence, et de Béatrice de Savoie, elle-même fille du comte de Savoie Thomas Ier (mort en 1233) et sœur d'Amédée IV (mort en 1253). Ce mariage revêt une importance capitale pour Mathieu Paris qui le dessine en marge de deux manuscrits de sa chronique, pour illustrer le chapitre relatant la cérémonie. Invités à Londres par la reine leur compatriote, des Savoyards occupèrent alors des places de choix dans l'administration, l'Église et la cour d'Angleterre. [...] De la Grande chronique aux Fleurs des histoires - les deux autres ouvrages du moine de Saint-Albans restent silencieux sur cet aspect - Mathieu Paris a modifié la conception qu'il avait des causes de la catastrophe. L'idée de la stricte vengeance divine a disparu au profit de la réalisation des desseins inéluctables du Seigneur, thème déjà présent dans la Grande chronique mais qui n'était pas lié directement à la chute du Granier. [...] De la vengeance divine, impitoyable et aveugle, l'on est arrivé, avec Jacques Fodéré, à l'exaltation de la Vierge miséricordieuse et protectrice. Le rôle du Seigneur n'est certes pas complètement éliminé par Fodéré : «C'est à Dieu, écrit-il, ce juste juge, à qui il faut déférer le jugement de tels prodiges», s'opposant violemment au Père Picquet à qui il reproche d'avoir tenu les habitants responsables du drame, de par leurs péchés. Mais il reste que c'est bien à la Vierge que s'adressent les prières des religieux. L'on peut également dire que l'intervention de la Vierge permet de combler un vide logique laissé par Étienne de Bourbon : il n'est en effet pas précisé dans l'exemplum d'où priaient les moines. En les faisant se réfugier dans la chapelle de la Vierge, J. Fodéré répond à une attente : les religieux assistent à la ruine de leur oppresseur et sont sauvés grâce à l'intervention de la destinataire de leurs prières (Jacques Berlioz, L'effondrement du Mont Granier en Savoie (fin 1248). Production, transmission et réception des récits historiques et légendaires (XIIIe-XVIIe siècles). In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-2/1987 - www.persee.fr). "antiques" A Myans, un petit pénate en bronze et des monnaies romaines ont été trouvés lors de la construction d'une des ailes du couvent vers 1700. On retrouve ici une borne romaine, là des monnaies... Les indices démontrent une importante présence romaine, et les archéologues confirment par leurs découvertes ces suppositions. Les excavations portent sur des installations caractéristiques des temps romains : des villas ! On en trouve une à Arbin, une autre à Montmélian, on en supposeaussi deux à Chignin, une à Francin et peut-être deux aux Marches ! Bien que près de la moitié de sa superficie soit recouverte par les éboulis du Granier, la villa gallo-romaine des Marches révèle la richesse archéologique de cette commune (Ghislain Garlatti, Histoire des Marches: à l'ombre du Granier, chronique d'un village de Savoie, 2007 - books.google.fr). 1248 Modon est le point où débarqua, en 1205, Geoffroy de Ville-Hardoin, neveu du maréchal de Champagne et de Romanie. Sa forteresse était alors en ruine; elle avait été démantelée dans le siècle précédent par le doge Domenico Michieli et les Vénitiens, pour se venger du tort que les bâtiments grecs faisaient à leur marine. Les Français fortifièrent alors cette ville, à laquelle les chroniqueurs donnent le nom de Michon, dont ils font le nom de tout le Péloponnèse. C'est de Modon que partit Geoffroy de Ville-Hardoin pour conquérir, avec son ami Guillaume de Champ-Litte, toute la principauté d'Achaye, qui devint pour lui une souveraineté de famille. Son neveu, Guillaume de Ville-Hardoin, prince d'Achaye, céda ensuite, en 1248, la ville de Modon aux Vénitiens avec celle de Coron ; et ces deux villes continuèrent à éprouver le même sort politique (Jean Alexandre C. Buchon, La Grèce continentale et la Morée: Voyage, séjour et études historiques en 1840 et 1841, 1843 - books.google.fr). La Chronique de Mencon raconte encore, entre autres choses, les inondations de la Hollande, la prédication de la croisade en 1248, la part prise par les Frisons au siège d'Aix-la-Chapelle la même année, la mort de l'empereur Frédéric II en 1250 (Pierre Féret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres: moyen-age, Tome 1, 1894 - books.google.fr). En l'hiver 1248/1249 3 tempêtes sont intervenues sur les côtes des Pays Bas actuels : le 20 novembre 1248 ; le 28 décembre 1248 d'où son nom inondation du Massacre des Innocents ; le 4 février 1249 (fr.wikipedia.org - Raz-de-marée aux Pays-Bas en 1248). La septième croisade est la première des deux croisades entreprises sous la direction du roi Louis IX dit Saint Louis. Décidée par le roi en 1244, elle quitte le royaume de France en 1248 et aborde l’Égypte en 1249. Vaincue par les maladies, l’armée ne retrouve sa liberté qu’en 1250, et le roi de France passe les quatre années suivantes à mettre le royaume de Jérusalem en état de se défendre contre les Mamelouks. La croisade prend fin en 1254, avec le retour du roi en France après la mort de sa mère Blanche de Castille, qui assurait la régence du royaume pendant son absence (fr.wikipedia.org - Septième croisade). Sauf quelques chevaliers anglais, Louis IX emmenait avec lui une armée composée de Français. Le roi Haquin de Norvège avait d'abord accepté, puis décliné l'offre de partir avec la croisade, se réservant, disait-il, de combattre les païens du Nord. La querelle de plus en plus violente entre le pape et l'empereur retenait beaucoup de princes et de seigneurs en Europe. Aigues-Mortes ! A l'énoncé de ces mots magiques apparaît une sorte de mirage. Couronnes de murailles blanches fortifiées au milieu des étangs et des brumes, parmi lesquelles la tour de Constance se dresse, phare érigé par Louis IX pour éclairer sa flotte. C'est à Venise et à Gênes, que Louis fait appel pour parfaire son armada. Bientôt, dans la rade, se pressent les dromons, galères, nefs, séandres, galions et barges, en tout dix-huit cents bateaux de toutes dimensions (M. de Lévis Mirepoix, Saint Louis, Miroir de l'histoire, Numéros 241 à 246, 1970 - books.google.fr). Un chevalier du nom d'André Bonardi partit à la croisade de 1248 aux frais du comte Amédée IV de Savoie (André F. Borel d'Hauterive, Annuaire de la pairie et de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe et de la diplomatie, Tome 4, 1846 - books.google.fr). La flotte de saint Louis passe par la Sicile puis Chypre sans faire escale en Grèce (fr.wikipedia.org - Septième croisade). Depuis 1204, à de rares exceptions près (Zadar, Corfou), sur l'ensemble des côtes dalmate et croate, voire grecque, la cité des Doges possède des relais-étapes: Zara/Zadar, Raguse/Dubrovnik, Corfou, Cephalonie, Modon - la grande cité de la côte occidentale du Péloponnèse - Heraklion/Candie sur l'île de Crête, Rhodes, Paphos, Salinas ou Famagouste sur l'île de Chypre et enfin Jaffa. Tous les récits analysés pour la période considérée reprennent les mêmes étapes car nos voyageurs sont les clients des armateurs vénitiens, tels les Contarini, qui se forgent un véritable monopole. Ces transports mêlent intérêts des pèlerins et intérêts des marchands. Les distances, probablement recopiées de récits antérieurs, sont exprimées en lieues (7,5 km) pour la partie terrestre, et en lieues guelfes (1,5 km) pour le trajet maritime (Marc Delpech, Jean-Claude Voisin, Un voyage en Terre sainte au XVème siècle : le pélerinage du Landgrave de Thuringe Wilhelm des Tapfere, Mélanges de l'Université Saint-Joseph, Volume 61, 2008 - books.google.fr). Acrostiche : LARM, larmes En 1619, le franciscain Jacques Fodéré, gardien du sanctuaire de Myans, au pied du Granier, donna un nouveau récit, qui se voulait historique, à une catastrophe qu'il situait en 1249 et non en 1248, comme certains chroniqueurs du XIIIe siècle. Il mêlait habilement la légende à une contextualisation politique, qui donnait une explication religieuse et morale à l'inexplicable, tout en faisant la promotion de son ordre et de son rôle de gardien irréprochable du sanctuaire. Selon lui, la catastrophe avait été directement déclenchée pour punir la présomption d'un courtisan, Jacques Bonivard, alors secrétaire du comte Thomas de Savoie. Il aurait convaincu son maître de soutenir le pape Innocent IV dans la querelle qui l'opposait à l'empereur Frédéric II, apportant au pontife l'atout de la maîtrise des cols que détenait le comte : «D'autant que pour être Seigneur Souverain des Alpes, il pouvait donner ou empêcher le passage à Frédéric.» En récompense, Bonivard obtint du pape le «fort riche prieuré» bénédictin de Saint-André, au pied du mont Granier. Le conseiller est présenté par Fodéré comme un intrigant qui profite de la détresse du pape et abuse de la confiance du comte, le tout pour faire avancer ses propres intérêts, en l'occurrence s'arroger les revenus d'une terre d'Église. D'autant que, comble du péché, Bonivard en chasse brutalement les vieux occupants, remplaçant le sacré var le profane, évoqué dans le récit par un scandaleux banquet. De telles injustices et profanations simoniaques, à resituer dans le contexte réformateur postérieur au concile de Trente (1545-1563), apparaissaient scandaleuses et, à ce titre, ne pouvaient rester impunies : «Jacques Bonivard s'en revint donc avec une bonne bulle à la ville Saint-André, où ayant pris assez grande compagnie tant d'officiers qu'autres, s'en va audit prieuré le 24 novembre, l'an 1249, en chassa avec toute rigueur, & violence les Religieux, lesquels ne sachant quelle brisée prendre, se vont rendre à Notre Dame de Myans, où ils arrosaient le pavé de chaudes larmes, & remplissaient l'air de soupirs, recommandant leur fortune aux mérites de la Vierge glorieuse, & non sans effet : car le soir même jour sur les huit heures, ledit Bonivard ayant invité tous ses parents & les principaux habitants de Saint-André à souper dans ledit prieuré, le temps étant serein, calme, & la lune bien claire en un instant environ le milieu du souper, ils entendirent des vents épouvantables, & du tout extraordinaires, ils voient l'air troubler & par le ministère des diables furent causées grêles, tempêtes, & tremblement de terre si étranges que le sommet du rocher de la dicte montagne de Grevier [Granier] tomba en des prodigieux cartiers, au moyen desquels le Prieuré, la ville S. André, les seize villages, ensemble hommes, femmes, & enfants jusques au nombre de 5 mille personnes, furent entièrement abimés dans terre, & s'épancha ledit abîme une grand lieu de large & de long, jusques aux talons des pauvres Religieux, qui étaient en dévotion devant l'image de la Vierge, où ledit abîme s'arrêta tout court, sans pouvoir passer plus outre, & sans faire mal auxdits Religieux lesquels entendaient les derniers Démons, qui criaient aux premiers, Passons outre, passons outre, auxquels ceux-ci répondaient, Nous ne pouvons, car la brune, c'est-à -dire, la noire [la Vierge noire], nous empêche. Et de là est arrivé, que ce lieu été encore en plus grande vénération qu'il n'était auparavant, pour avoir été l'image de la Vierge, la chapelle & les Moines garantis & conservez miraculeusement de cet abîme...» (Jacques Fodéré, Narration historique et topographique des couvens de l'ordre de S. François, et monastères S. Claire, Lyon, 1619) (Stéphane Gal, Histoires verticales: Les usages politiques et culturels de la montagne (XIVe-XVIIIe siècles), 2018 - books.google.fr). Typologie Dans son art oratoire, nous voyons apparaître l'idée fondamentale de simplicité, que Camus ne manque pas une occasion d'affirmer. A cet égard, le maître est saint Paul, en partie étayé par Horace. Tout dépend, en fait, de l'idée que l'on a de cette simplicité ! Il faut dire aussi que Camus, en matière de prédication, est une force de la nature. Quand il a prêché, en 1613, le carême dans son diocèse, il portait sa parole, à chaque fois, du Pont-de-Beauvoisin à Saint-Genix-sur-Guiers, distants de dix kilomètres ; et, le dimanche in albis, il entraîne ses diocésains dans un pèlerinage à Notre-Dame-de-Myans, près de Chambéry, ce qui est pour lui l'occasion de prendre sept fois la parole. En 1619, Camus publiera les homélies qu'il avait prononcées, en 1613, lors du pèlerinage à Notre-Dame de Myans (Jean Descrains, Essais sur Jean-Pierre Camus, 1992 - books.google.fr). Jean-Pierre Camus, né à Paris en 1582, est nommé évêque de Belley en 1608, et sacré en 1609 par St-François de Sales dont il resta toujours le disciple et l'ami. Il lutta contre les moines pour rétablir la discipline dans les monastères et réformer leurs abus, et, par la plume et la parole, évangélisa son diocèse. Il prêcha plusieurs fois à la cour et dans les grandes villes de France. Ecrivain fécond et fort goûté à son époque, il nous a laissé plus de 200 ouvrages, romans, vies de saints, livres sur la théologie et l'exégèse, homélies, panégyriques, etc. Vers 1629, il donna sa démission d'évêque de Belley, se retira dans l'abbaye d'Aunay en Normandie, aida François de Harlay, archevêque de Rouen, dans l'administration de son diocèse. Afin de passer le reste de sa vie avec les pauvres, il vint à Paris et choisit l'hôpital des Incurables pour sa demeure. Le roi le nomma à l'évêché d'Arras. Mais la maladie retint Camus à Paris où il mourut le 26 avril 1652 (Abbé Naillod, Jean-Pierre Camus et le pélerinage à N.D. de Myans, Bulletin de la Société Gorini: revue d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse du diocèse de Belley, Volume 4, 1907 - books.google.fr). François de Sales publie Introduction à la vie dévote en 1608, tandis qu'à la même date Camus produit son Panégyrique de la mère de Dieu. Il envoie une lettre au duc Charles Emmanuel depuis Myans le 28 février 1618, lui recommandant les affaires de la sainte maison de Thonon (Pierre Louis Datta, Nouvelles lettres inédites de Saint François de Sales, évèque et prince de Genève, 1835 - books.google.fr). On peut dégager plusieurs étapes dans la vie du genre. On distingue une première vague d’histoires tragiques lancée par Boaistuau et son collaborateur et continuateur François de Belleforest, de 1559 à 1582 (date de la mort de Belleforest. [...] Une deuxième vague s’amorce à partir de 1585 : trois ans après la mort de Belleforest, le genre est repris par Vérité Habanc, puis par Bénigne Poissenot un an après, sous les titres de Nouvelles histoires tragiques. [...] Une troisième vague naît à partir du milieu des années 1610. 1614 marque un autre tournant dans l’histoire du genre : François de Rosset reprend le titre d’histoires tragiques pour son recueil qui rassemble des nouvelles d’inspiration historique, sentimentale ou reprenant des faits divers de son époque, affichant une diversité de sujets et de thèmes qui s’était perdue au début du siècle. Très apprécié des lecteurs, l’ouvrage de Rosset, régulièrement réédité et augmenté, relança la mode des histoires tragiques pendant les années 1620-1630, qui ont vu fleurir les recueils de l’évêque Jean-Pierre Camus, un des illustrateurs les plus fameux du genre. Les années 1630-1644 initient une lente extinction du genre. Jean-Pierre Camus continue à le pratiquer jusqu’en 1644 avec les Rencontres funestes, ainsi que d’autres écrivains plus mineurs comme Claude Malingre et Nicolas Parival, qui continuent sans vraiment innover. Chez Camus, la causalité divine remplace la causalité humaine, conformément à bon nombre de textes historiques de l’époque, dont les histoires universelles qui voient la main de Dieu derrière le déroulement des événements historiques (Nicolas Cremona, « Pleines de chair et de sang » Poétique d’un « genre à succès » : l’histoire tragique (1559-1644), 2009 - www.theses.fr). Henri IV, dès 1609, avait de grands projets pour le remaniement de la carte d'Europe ; il les avait confiés à Lesdiguières, qui revint en Dauphiné et eut à Bruzol (près de Suze), le 21 avril 1610, une entrevue avec le duc de Savoie. On jeta les bases d'un traité, mais la mort du roi, survenue moins d'un mois après, le rendit inutile. (Alphonse Vernet, Histoire populaire et anecdotique de Grenoble depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, Tome 2, 1901 - books.google.fr). Dès 1608, le duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier fit formellement offrir à Henri de contracter une alliance politique avec lui-même et avec Venise, pour l'indépendance de l'Italie, et de la sceller par un mariage entre la fille aînée du Roi et le prince de Piémont, héritier de la monarchie ducale. Comme gage de la sincérité de ses offres, il ne craignait pas de rendre à la France l'entrée dans les plaines du Piémont, en échangeant de nouveau Saluces contre la Bresse ; comme garantie aussi de l'accession plus ou moins intime de Venise à ce grand dessein, - car on peut déjà l'appeler ainsi -, c'était l'ambassadeur vénitien Foscarini qu'il chargeait d'adresser ou de soutenir cette proposition ; et ce sont les dépêches de celui-ci qui nous ont conservé les détails de la négociation. Or le territoire vénitien de terre ferme barrait, qu'on ne l'oublie pas, le chemin entre la possession espagnole du Milanais et les provinces de l'Autriche antérieure. Le Roi était loin de se refuser à ces ouvertures, bien qu'il n'ait jamais accepté l'idée d'abandonner la Bresse. Il y a même apparence que l'un deses motifs pour accepter l'échange de 1601 fut de faire, autant que possible, du duc de Savoie un prince vraiment italien. Tout en lui rendant la Savoie proprement dite, berceau de sa maison, et dont la perte lui eût été trop douloureuse pour que l'alliance fût praticable, le Roi concentrait sur la Lombardie les craintes et l'ambition de ce prince remuant; il préparait ainsi chez lui le désir de s'associer à nos vues contre la branche espagnole de la maison d'Autriche. Mais, en tout cas, Henri entendait que, dès le début, On s'engageât de part et d'autre à tirer de cette union les graves conséquences qu'elle renfermait. Il pensait à entraîner à la guerre contre l'Espagne, outre les États de Savoie, le duché de Mantoue, dont la position géographique était fort importante au point de vue militaire; il voulait aussi que les troupes vénitiennes entrassent en campagne pour la conquête du Milanais, compris, comme nous l'avons vu, entre les domaines de ces trois Etats. Il fallait, en effet, non pas affaiblir le Milanais, mais le conquérir intégralement et se le partager, ou bien le donner à un duc italien, fût-ce le duc de Savoie lui-même (Félix Robiou, La politique de Henri IV en Italie, Revue des questions historiques, Volume 21, 1877 - books.google.fr). Sur le plan pictural, Charles-Emmanuel Ier ne tarde pas à afficher une prédilection pour les artistes de l'école de Venise. à afficher une prédilection pour les artistes de l'école de Venise. A l'aube de son règne, il demande au peintre Palma le Jeune de réaliser une toile représentant la Bataille de Saint Quentin, aujourd'hui exposée au Palais royal, en souvenir des campagnes de son père. À la même époque, il commande à à Bassano et Véronèse une série de toiles monumentales qui sont en partie conservées à la Galleria Sabauda. Charles-Emmanuel choisit d'exposer le gros de la collection de Savoie dans la Grande Galerie qui relie le Palais royal au château: un lieu privilégié dont la décoration datant de la fin des années 1580 sera entièrement refaite dans les années 1605-1608, sous la direction du peintre Federico Zuccari d'Urbino dont l'artiste milanais Ambrogio Figino reprendra le flambeau lorsqu'il quitte Turin à l'été 1607. Au départ, Au départ, le duc voulait que cette galerie, qui n'a d'ailleurs pas défié le temps, donne un «un compendio di tutte le cose» (résumé de toutes les choses) (Carlenrica Spantigati, Paola Astrua, Anna Maria Bava, Sonia Damiano, De Van Dyck à Bellotto: splendeurs à la cour de Savoie, 2009 - books.google.fr). Une pompeuse réception a été faite en 1608, au duc de Savoie, plus que celle qui avait été consacrée à Henry III, en juillet 1574, quand il passa par Venise à son retour de Pologne. Cesare Vecellio (1521 – 1601), dans son livre si riche en renseignements sur les choses de mode et de luxe Degli habiti antichi et moderni di diverse parti del mondo (1589), donne une description de la fête fabuleusement splendide où furent présentés à ce prince les deux cents plus belles jeunes femmes dont pût se parer la République. C'étaient comme autant de Madones couvertes d'ex-voto, descendues de leurs châsses (Armand Baschet, Félix Feuillet de Conches, Les femmes blondes selon les peintres de l'école de Venise, 1865 - books.google.fr). |