Maugiron I, 27 1577-1578 Dessoubz de chaîne Guien
du ciel frappĂ©, Non loing de lĂ
est caché le tresor Qui par longs siecles
avoit esté grappé : Trouvé mourra, l'œil crevé de ressort. Les Maugiron Les Maugiron sont l'une des plus anciennes et des plus illustres maisons du Dauphiné. D'après une généalogie manuscrite conservée à la Bibliothèque impériale, et qui est peut-être celle rédigée au XVIIe siècle par Cl. de Trivio, dont parle Chorier. Les Maugiron, comme un grand nombre d'autres ramilles de notre province, seraient originaires d'Angleterre. Le premier de ses membres connu se nommait Henry, et vivait vers l'an 1260; ses descendants se fixèrent à Vienne et dans les environs où ils tinrent toujours le plus haut rang: quatre d'entre eux furent les compagnons d'armes du chevalier Bayart. Après avoir donné le jour à des lieutenant-généraux et à des officiers distingués dont nous allons donner les notices, cette famille s'est éteinte vers le milieu du XVIIIe siècle. Le château d'Ampuis, où elle faisait son séjour le plus ordinaire,appartient aujourd'hui au marquis de Harenc de La Condamine. Louis De Maugiron, né en 1560, commença à porter les armes presque au sortir de l'enfance. Il s'attacha d'abord au duc d'Alençon : il servit sous ses ordres en 1577, au siège d'Issoire, et y perdit l'œil gauche en montant à l'assaut. A peine guéri de sa blessure, il abandonna ce prince pour aller se produire à la cour, où son extrême beauté, que la perte d'un œil n'avait pu altérer, «le fit également aimer dans les deux sexes», dit Chorier. Henri III s'éprit de lui, et l'admit au nombre de ces intimes et équivoques amis que l'histoire a flétris du nom de mignons. Le fameux duel de trois contre trois, dans lequel il fut un des combattants, a donné à Maugiron une sorte de célébrité. On connaît la cause futile qui amena cette rencontre : Caylus (Levis) ayant vu Entragues (Balzac) sortir un soir de la chambre d'une dame de la cour, le provoqua en combat singulier à l'épée et au poignard. Caylus, mignon du roi, choisit pour seconds Maugiron et Livarrot (Arces); Entragues, partisan des Guise, choisit Riberac (Aidie) et Schombert. Le 27 avril 1578, jour désigné, les deux adversaires se rendent au Parc-aux-Tournelles avec leurs seconds. Voici d'après Wulson de la Colombières quel rôle joua Maugiron dans ce drame : «Les partis s'entreuoyans de loin, Ribérac s'auance vers Caylus, et parlant à Maugiron, luy dit: Il me semble que nous devrions plus tôt accorder et rendre amis ces deux gentilshommes que de les laisser entretuer; sur quoi Maugiron (que la furie Alecton possedoit desia), répondit en ces termes: Par la mort Dieu, Riberac, ie ne suis pas venu icy pour enfiler des perles, et résolument ie me veua battre; l'autre plus modéré luy répartit : Contre qui te voudrois tu battre, Maugiron ? Tu n'as point d'intérest en la querelle, et qui plus est, il n'y a personne ici qui soit ton ennemy. Alors Maugiron, iurant encore plus fort, réplique : C'est contre toy que ie me veus battre. Adonc Riberac qui esloit braue gentilhomme, et qui ne peut endurer l'audace de ce ieune fou, respondit : A moy ? Et soudain comme l'autre mit l'espée à la main, il tira aussi la sienne du fourreau et son poignard, et les croisant à terre l'vn sur l'autre, dit à Maugiron : Prions Dieu, et puis nous nous battrons, pvisque tu le veux. Et lors se iettant à genous, il fit sa prière assez courte, et toutefois trop longue au gré de Maugiron, qui en iurant encore luy dit que c'estoit trop prié. Alors Riberac, prenant son espée et son poignard, s'en alla à Maugiron, et tout à l'abord luy enfonce furieusement un coup d'estoc, lequel se sentant blessé, recule en arrière le plus vite qu'il peut, poursuiuy toujours par son ennemy, iusques à ce que tombant par terre, et tendant la pointe de son espée contre l'autre il mourut : mais par malheur, Riberac, pensant qu'il ne tomberoit pas sitost, comme il le poursuiuoit avec grand courage, s'enferra luy-mesme dans les armes de son ennemy.» Maugiron et Schomberg restèrent morts sur la place; Caylus, Livarrot et Ribérac succombèrent à leurs blessures; Entragues, sorti sain et sauf de cette boucherie, prit la fuite pour se soustraire à la colère du roi. La perte de ses mignons avait, en effet, brisé le cœur de Henri III et lui fit faire des folies indignes d'un roi. «Il portoit surtout, dit l'Estoile, une merveilleuse amitié à Caylus et à Maugiron.» Il baisa tendrement leurs cadavres, coupa leurs blondes chevelures, et s'en fit faire des bracelets, qu'il porta le reste de sa vie. Il ôta à Caylus des pendants d'oreilles qu'il lui avait donnés et attachés de ses propres mains. On connaît ces deux vers que pendant longtemps, dit-on, il adressa à Dieu après ses prières du soir : Seigneur, reçois en ton giron / Schomberg, Caylus et Maugiron ! Il ordonna en leur honneur de magnifiques funérailles où toute la cour assista. Les poètes n'oublièrent pas de faire pleurer leurs muses : on se ferait difficilement une idée de toutes les sottises que l'adulation leur fit dire en français, en latin et en grec. Voici les vers qui terminent une pièce de Desportes sur la mort de Maugiron: Plusieurs
ont soutenu que la mort
rigoureuse Pour plaire à lupiter n'avança son trespas: Mais que de ses beautez elle esloit amoureuse Et voulant en iouir le ravit d'icy-bas. Les pamphlétaires et les prédicateurs de la Ligue se moquèrent de la douleur inconvenante de Henri III. L'Estoile raconte que Poncet, curé de St-Pierre des Arcis, dit en pleine chaire «qu'il falloit traîner à la voirie Maugiron et ses compagnons, morts en reniant Dieu.» On leur éleva dans l'église Saint-Paul des statues de marbre qui furent ensuite abattues par les Parisiens après la mort du duc et du cardinal de Guise. On voit encore, dans une des salles du château d'Impuis, résidence ordinaire des Maugiron, un portrait en pied du mignon d’Henri III. Il est remarquable, dit M. de Terrebasse, par le naturel de la pose, la perfection des détails, et ne peut sortir que de la main d'un des plus habiles peintres de l'époque. - La Bib. imp. possède aussi son portrait (Dessin) (Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné, Tome II, 1860 - books.google.fr). Parfois Maugiron s'écrit Mauguiron (Philippe Le Bas, France: dictionnaire encyclopédique, Volume 12, 1845 - books.google.fr). Issoire Le 15 octobre 1575, le capitaine huguenot Merle s’empare de la cité et la pille. La ville, bien que bénéficiant de fortifications (avec trois portes : au sud la porte du Pont, à l’est la porte du Ponteil, au nord la porte de la Berbiziale), est reprise le 1er juin 1577 par les troupes catholiques de l’armée royale, sous le commandement du duc d’Anjou, qui commettent à leur tour maintes exactions. Une légende évoque même une colonne placée sur les ruines de la ville avec les inscriptions : « Icy fust Yssoire ». C’est également durant cette période trouble des guerres de religion que la plupart des archives issoiriennes ont été détruites. La reconstruction de la ville débute à partir du 1er avril 1578 (www.issoire.fr). Virgilien Pour célébrer l’ami-amant sans craindre les foudres de la censure, au reste plus vigilante dans les premières décennies du XVIIe siècles que dans la seconde moitié du XVIe siècle, le maniériste emprunte volontiers à la fable les fameux couples d’amis liés par "l’amitié réciproque" - tel est alors le nom de l’homosexualité masculine pour ceux qui la louent, tandis que ceux qui la fustigent comme Aubigné ou Tallemant des Réaux l’appellent sarcastiquement "l’amour sacrée" : Oreste et Pylade, Patrocle et Achille, Hercule et Thésée, et, bien entendu, Nisus et Euryale, figureront ainsi dans les "troupes d’amants" des Etats du Soleil de Cyrano. Damon et Pythie, Chéréphon et Socrate, Hoppie et Dimante, Hector et Nestor figurent dans l’"Elégie pour une Dame énamourée d’une autre Dame" de Tyard, où la célébration des amours lesbiennes, rivalisant avec les amours viriles, "vaut pour" un éloge de celles-ci : Notre amour
servirait d’éternelle mémoire Pour prouver que
l’amour de femme à femme épris Sur les mâles
amours emporterait le prix. Un Damon Ă Pythie,
un EnĂ©e Ă Achate, Un Hercule Ă
Nestor, Chéréphon à Socrate, Un Hoppie à Dimante, ont sûrement
montré Que l’amour d’homme
à homme entier s’est rencontré. Lorsque Desportes déplore la mort des mignons de Cléophon, il n’omet évidemment pas d’évoquer les couples d’amants, Achille et Patrocle, Pylade et Oreste, Hercule et Thésée : Qu’on ne me vante
plus l’amitié vengeresse Du preux fils de
Thétis, sûr rempart de la Grèce : Ni le feu saint et
beau dont Pylade est forcĂ© Quand il offre Ă
mourir pour Oreste insensé. S’éteigne le beau
nom d’Hercule et de Thésée... Damon-Quélus et Lycidas-Maugiron, aimés de Cléophon-Henri III, deviennent ces "Achilles nouveaux, deux aimables Printemps", qui s’aimaient "uniquement" : [...] ce n’était
qu’un vouloir, En eux un seul esprit deux corps faisait mouvoir. (v. 23 -4) (Gisèle Mathieu-Castellani, Vision baroque, vision maniériste, Études Épistémè, N° 9, 2006 - journals.openedition.org). Ronsard et
Desportes, fort habituĂ©s Ă la cour, dĂ©clarent, en ces vers, que Maugiron perdit l’oeil gauche, Ă
Issoire, ce qui est contraire à la déclaration du Dauphinois du Rivail et à l'aspect sous lequel se présente le portrait. Jupiter, qui voit
tout, son malheur considère S'il ne rompt les
desseins de l'enfant Cyprien, Je scauray ce, dit-il, dune ardente cholère, Qui sera le plus
fort de ses feux ou du mien ? D'entre tous les esclairs de tonnerre et dorage, Choisissant un long
trait, de trois pointes ramĂ©, Les lance Ă Maugiron qui, plein dardent courage, Marchait lors Ă
l'assaut, pour son Roy tant aymé. Ceste divine
foudre, ainsy roide jetée, Longtemps contre l'esclair de ses yeux combattit. Tous deux estoient du ciel, enfin elle est domptée. Mais devant, de ses
yeux le gauche elle amortit Ronsard imagina des vers où Amour, qui vit les yeux bandés, avait été si jaloux des beaux regards de Maugiron que, décochant une flèche de son petit arc, il lui avait crevé un œil au milieu de la bataille (Louis de Maugiron, marquis de Saint-Saphorin, réputé pour sa beauté, avait été éborgné lors d'une campagne contre les huguenots en 1577 : une flèche lui avait emporté un œil). Selon Ronsard, l'œil qui lui restait concentra une lumière si aiguë qu'il perçait, plus que devant, les hommes et les Dieux (François Xavier Testu, Le Bouquin des méchancetés: Et autres traits d'esprit, 2014 - books.google.fr). Le chêne foudroyé se trouve dans la première églogue des Bucoliques de Virgile, Damon intervient dans la huitième et Lycidas dans la neuvième (Les églogues de Virgile, traduit par P.F. Decheppe, 1801 - books.google.fr). Trésor royal Thomas Gordon (1691 - 1750) (Discours historiques, critiques et politiques sur Tacite) pose d'abord pour principe, que les Princes devraient se regarder uniquement comme les économes du Trésor public; d'où il conclut qu'il y a de l'injustice & de la cruauté à les dépenser follement, ou à les donner à des vauriens, à des dateurs & des débauchés. Belle Morale pour les Souverains; mais qu'il y en a peu qui la mettent en pratique ! Il cite, entre autres exemples, sur cet article, celui de Henri III Roi de France, qu'il regarde comme un grand dissipateur, & dont les exactions & les rapines étoîent proportionnées à sa prodigalité. Ce Prince dépouilloit sans pitié ses Sujets, pour enrichir ses Mignons & assouvir ses vicieuses fantaisies. Il perdit par-là l'estime & l'affection de son Peuple, qu'il ne put jamais recouvrer. Le père de ce Prince sut aussi prodigue, & par conséquent avide. Il mit sur son Royaume plusieurs impositions auparavant inconnues. L'Hérésie fut un prétexte avantageux pour déchirer & dépouiller les riches. L'innocence ne mettoit personne à couvert: tout homme marqué, pour être une victime, n'avoit d'autre ressource pour sauver sa vie & son bien, que de donner de grosses sommes aux Favoris. Quels surent les fruits de la mauvaise conduite de ce Monarque, & que résulta-t-il de son Gouvernement plein de malversations & d'infamie ? Après avoir dépensé un grand Trésor, que son père lui avoit laissé, sucé le fang de son Peuple, & s'être emparé de plusieurs Patrimoines, il se trouva endetté de quarante millions, & laissa son Royaume sans défense. Notre Auteur fait ensuite la comparaison des effets de l'Economie & de la dissipation des Deniers publics. Il fait sur cela une remarque bien sensée. Ce ne sont point, dit-il, les grand revenus qui font l'abondance, c'est l'épargne & la frugalité. Ce n'est pas non plus le petit revenu, mais le défaut de ménage qui amène la pauvreté. Pour le prouver, il allègue l'exemple de François Ier, qui fut riche avec peu de Subsides, quoiqu'il eût toujours la guerre à soutenir; au-lieu que les Successeurs de ce Prince furent pauvres, avec des taxes sans nombre, même en tems de paix (Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savans de l'Europe, Volume 29, 1742 - books.google.fr). "chêne guien" : chêne portant
du gui J'ai vu dans
plusieurs anciens manuscrits le mot
Chesne, quercus, Ă©crit Chaine, & Chaoine ;
& il y a un ancien proverbe qui dit : au premier cop ne chiet
pas li chaoine, un chesne
n'est pas abatu, ne tombe pas au premier coup de coignée "Guien", à l'instar de "versien" (du verseau), pourrait être en rapport avec la plante végétale le gui (Louis Charpentier, Les mystères templiers, Lafont, 1967, p. 241). La religion romaine possédait aussi une "Fortune au gui", parasite du chêne et qui lui est mythiquement associé, comme manifestant par l'éclat de ses feuilles sa parenté avec la brillance solaire et l'éclair de l'orage, l'un et l'autre, aspects d'une même lumière cosmique. En Grèce, le mythe d'Ixion comme le nom même de ce personnage (ixos "gui") révèle à l'évidence la signification symbolique de cette plante : témoin son supplice, sur une roue enflammée tournant dans l'espace, représentation de la roue solaire (qu'on rapprochera de celle de Jupiter-Taranis gallo- romain), et jusqu'aux noms mêmes de son père (Phlégyas, de phlégein "brûler") et de son beau-père (Déioneus, de daiein "id."). Sa mère (Dîa), comme l'épouse de Dryops et d'autres déesses solaires, portait un nom apparenté à celui même de Zeus, qui est, on le sait, la personnification du "ciel lumineux" ou, préfère F. Bader, de la "lumière rotatoire" (i.-e. *Dyêu-, cf. lat. dies, russe den' "jour", etc.). Parmi les très nombreuses épiclèses de Zeus, on relève significativement, à côté de Keraunios "à la foudre", celle de Drumnios qui ramène à la symbolique du chêne cosmique. Dans la locution proverbiale "remonter au chêne et au rocher" (apd drues ... apo pétrês), qui est déjà dans l'Iliade (XXII, 126) et qu'on retrouve à peine modifiée dans la Théogonie hésiodique (35), on perçoit la désignation métonymique du Zeus Keraunos, spécifié par son double attribut, selon F. Bader, voire peut-être (pétra étant le rocher plutôt qu'une pierre de foudre) l'écho affaibli de quelque mythe cosmogonique où le rocher pouvait représenter le ciel, l'arbre qui plonge ses racines en terre occupant l'espace intermédiaire (J. Loicq, Le druide et la symbolique du chêne, Mélanges de science religieuse, Volume 60, 2003 - books.google.fr). «Il ne se rencontre, dit Palliot, aucun autre exemple de ce gironné de 6 pièces que celui de la maison de Maugiron qui fait équivoque avec son nom, ou plutôt sont armes parlantes, parce qu'elles sont mal gironnées, le vrai gironné étant de 8 pièces.» Cette opinion est partagée par les héraldistes du xvii' siècle et par tous leurs successeurs Les armes portées, de tout temps, par ceux de cette maison, se blasonnent : gironné d'argent et de sable, de six pièces; le premier giron, sortant du côté dextre de l'écu, est d'argent, le suivant est de sable, et ainsi de suite, en faisant le tour de l'écu. Le giron est une figure triangulaire dont la pointe finit au cœur de l'écu, et dont la répétition constitue le gironné. La science héraldique a emprunté cette pièce honorable à certains détails du vêtement et de la décoration des tentes des guerriers (Humbert de Terrebasse, Histoire et généalogie de la famille de Maugiron en Viennois, 1257–1767, 1905 - archive.org). Ce dernier sentiment est l'avis de Ducange, qui dit que les habits longs de nos aïeux étroits en haut & larges en bas, étoient ainsi nommés ex eo quod vestis giret & circuli formam efficiat. Pour nous, le gironné nous paroît ressembler à une roue de carrosse qu'on croit voir en mouvement, quae gyrat, & dont les différens girons semblent être les rayons. Cette étymologie vaut peutêtre bien les autres (Encyclopédie Méthodique, Histoire, Tome I, 1784 - books.google.fr). Le radical aig- se trouve presque certainement dissimulé dans le lat. aesculus que l'on peut raisonnablement interpréter comme valant aig-es (dérivé en -es de aig-) suivi du suffixe -lo, aig(e)s-lo ce qui, sous l'influence du suffixe latin fréquent -clus, culus. aurait abouti à ae(g)s-culus. Ce nom désigne chez les Romains le «chêne vert», souvent de petite taille, ce qui aura facilité l'adoption de la finale diminutive -culus. Le verbe "epaigizein" se traduit par «s'élancer furieusement». La racine aig- étale encore ce sens de «mouvement violent » dans sanskrit ejati «il vibre» et dans l'ancien slave igratï «jouer, danser, sautiller». Il n'est nullement démontré qu'il y ait un lien entre aig- «chêne» et aig- «mouvement furieux, tempête, etc.». On a, toutefois, déjà proposé de regarder aig- «chêne», comme étant l'«arbre des orages», parce que la foudre le frappe de préférence (Albert Carnoy, Le chêne dans la toponymie et la linguistique, Revue internationale d'onomastique, Volume 10, 1958 - books.google.fr). On pense à "yeuse" et à Joyeuse, autre mignon d'Henri III. Pierre de l'Etoile appellera Maugiron "Bougeron" et Queylus "Culus" : Voici là monsieur Bougeron Qui était grand ami
du roi. Mais il me semble
que je vois Son grand mignon,
monsieur Culus, Qui n'est seulement
que blessé : Croyez qu'il sera
bien pansé, C'est lui que le
roi aime plus : Il n'aura pas faute
d'Ă©cus. Au grand diable
soit telle engeance ! C'est de la graine
de Florence Qui ruinera notre France, etc. (Registre-Journal du règne de Henri III, tome II) (Michel Larivière, Les Amours masculines: Anthologie de l'homosexualité dans la littérature, 1984 - books.google.fr). Bougeron et Bougrent dérivent du mot bougre : sodomite nom de certains hérétiques. Ixion - Iccios On pourroit icy dire avec Theophile : (Lidias) Vous voulez qu'Iccion
lié dans les Enfers S'arrache de sa
Roue, & qu'il brise ses fers, Qu'vn homme desja mort sa guerison reçoiue, Que Sisiphe repose, & que Tantale boiue,
Tous nos efforts ne
sont que d'vn pouuoir
humain, Qui tend Ă
l'impossible, il se trauaillé en vain Viau écrit "Ixion" (Théophile de Viau, Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé, 1627 - books.google.fr). "Dis-moi quelle figure mythologique te hante, je te dirai qui tu es" : si l’on applique cette règle, simple mais efficace, on verra se dessiner les deux visages d’Eros ; dans la littérature baroque, les figures de la folie hétérosexuelle, Pygmalion, Actéon, et de l’hybris, Ixion, Sisyphe, Tantale ; dans la littérature maniériste, les figures délicates des éphèbes et des héros aimés des dieux, et métamorphosés en fleurs, comme Hyacinthe, Adonis, ou Ajax, ou de celui qui eut "les deux sexes ensemble", Hermaphrodite, ou de celui qui était amoureux de lui-même, Narcisse. [...] Une "ruse" du discours homosexuel consiste à écrire un poème "au nom d’une dame", ce qui permet de détailler les charmes d’un bel adolescent. Ainsi le maniériste Théophile, sous couvert de laisser la parole à Thisbé, demandant à un peintre le portrait de Pyrame son amant, se donne loisir de vanter les charmes d’un jeune garçon, mais d’un garçon présenté sous une figure féminine ; pour peindre Pyrame, en effet, Il ne faut que peindre l’Aurore / Sous l’habit d’un jeune garçon. Double travestissement : le garçon se présente sous les traits de l’Aurore, mais d’une Aurore en habit masculin. Comme si la féminité n’était adorable que sous les traits d’un éphèbe ! (Gisèle Mathieu-Castellani, Vision baroque, vision maniériste, Études Épistémè, N° 9, 2006 - journals.openedition.org). Cela pour remarquer qu'Issoire est un antique Icciodurum de Iccios, peut-être nom d'homme. Ce nom est donné par Grégoire de Tours, auteur du VIe siècle, qui ne savait pas le celtique et qui altérait les noms de lieux. Il n'est pas bien sûr que Icciodurum représente exactement le nom celtique (Ch. Goureau, Recherches sur les étymologies celtiques, Bulletin, Société d'études d'Avallon, 1867 - books.google.fr). "ressor" Louis de Maugiron a eu l'œil droit crevé à la bataille d'Issoire en 1577 par une flèche tirée d'un arc ou peut-être plutôt d'une arbalète. En 1575, Merle se rendit maître d'Issoire au nom des protestants et du roi de Navarre, et prit la ville d'Ambert en 1577. A Ambert en 1577, le capitaine Merle et Laroche, au cours d'une sortie avec quelques soldats, réussirent à occire vingt-cinq de leurs ennemis et à blesser gravement de nombreux cuirassiers. Ils regagnèrent la ville chargés de dix-huit boucliers, six casques ainsi que quelques arbalètes et l'étendard des troupes de Saint-Vidal (Michel Boy, Triste histoire des sièges d'Ambert et d'Issoire en 1577 de Louis Villebois, 1982 - books.google.fr). Arbalète, s. f. Sorte d'arme de trait. C'est un arc d'acier qui est monté sur
un fut, & qui se bande avec un
ressort Bandage : se dit aussi des pièces qui
servent Ă bander une arbalĂŞte, un pistolet, & autres choses qui font resort Certaines troupes de la Garde de Paris ont portĂ© l'arc. Paris et la rue Saint-AndrĂ©-des-Arcs ont Ă©tĂ© renommĂ©s pour la fabrication de ce genre d'armes. L'arc a Ă©tĂ© remplacĂ© par l'arbalète, dont il suggĂ©ra l'idĂ©e; mais il fut un temps oĂą l'on se servait Ă la fois de ces deux armes; ainsi le faisaient les Francs-Archers crĂ©Ă©s comme devant ĂŞtre l'infanterie des gens d'armes. Depuis l'usage moins commun de l'arc, le système de la fortification Ă se modifier. En 1443, il Ă©tait enjoint aux armuriers de Paris, par leurs statuts, de ne faire, sous peine d'amende, que des arcs en bon bois d'if, d'une ou plusieurs pièces bien collĂ©es, et qu'ils soient bien encornes. Nos ancĂŞtres commencèrent Ă abandonner l'arc ou plutĂ´t l'arbalète (les historiens confondent ces armes), quand, en 1481, Louis XI le retira aux sergents d'armes et adopta, Ă l'instar des Suisses, la pique, la hallebarde et le sabre. Les miniatures du manuscrit de Froissart nous montrent encore les arcs en usage pendant le quinzième siècle ou auparavant; ils disparurent entièrement sous François Ier; la Garde Écossaise elle-mĂŞme, qui Ă©tait censĂ©e composĂ©e entièrement d'archers, ne le portait plus. L'ordonnance de 1547 (9 fĂ©vrier) donnait aux archers du ban et arrière-ban le pistolet Ă l'arçon, au lieu de l'arc; mais ce n'est qu'en 1592, suivant M. Moritzmeyer, qu'il est dĂ©finitivement aboli en France (GĂ©nĂ©ral Bardin, Dictionnaire de l'armĂ©e de terre, ou Recherches historiques sur l'art et les usages militaires des anciens et des modernes, Tome I, 1849 - books.google.fr). L'arbalète se bandait au moyen d'une machine, qui s'y adaptait chaque fois qu'on voulait tendre cette arme et que l'on appelait un cranequin. C'Ă©tait une double roue dentelĂ©e, mue par une manivelle autour de laquelle se roulaient deux cordes armĂ©es de pieds de biche en fer qui saisissaient entre leurs mâchoires la grosse corde en boyau de l'arbalète. Quand elle Ă©tait suffisamment tendue, on l'arrĂŞtait sur une espèce de gachette, on plaçait le trait sur l'arme et, en dĂ©crochant la gachette, ce trait Ă©tait lancĂ© par l'effet de la dĂ©tente et la force du ressort des bras de l'arbalète qui Ă©taient en acier; le trait avait la portĂ©e d'un fusil de nos jours et perçait souvent d'excellentes armures avec son fer Ă©pais et pyramidal. Aussi cette arme Ă©tait regardĂ©e comme tellement meurtrière qu'un canon du concile de Latran, eu 1139, en interdit l'usage et qu'il fut abandonnĂ© pendant quelque temps dans les armĂ©es chrĂ©tiennes. Richard CĹ“ur-de-Lion le fit renaĂ®tre dans ses troupes, et, par une fatalitĂ© singulière, ce fut un trait d'arbalète qui lui donna la mort (Christophe Paulin de La Poix, Histoire de Bertrand du Guesclin, considĂ©rĂ©e principalement sous le rapport stratĂ©gique, poliorcĂ©tique et militaire en gĂ©nĂ©ral, 1841 - books.google.fr). Un Maugiron commandait 100 arbalĂ©triers en 1515, qui portaient demi-lances avec pennonceaux blanc, rouge, noir (Conqueste de Milan, par Pasquier le Moyne, 1520) (L. de BouillĂ©, Les drapeaux Français: Étude historique, 1875 - books.google.fr). Pierre de Maugiron, dit Perrot ou Pyraut de Maugiron, cousin germain de Guy de Maugiron. (BrantĂ´me, Ĺ’uvres, Ă©d. Lalanne, t. II, p. 423-424.) Il mourut Ă Dijon vers le milieu de 1521. >Guy de Maugiron, sieur d'Ampuis, fut plus tard lieutenant gĂ©nĂ©ral du roi en DauphinĂ© et mourut le 31 dĂ©cembre 1544 (V.L. Bourrilly, MĂ©moires de Martin et Guillaume du Bellay, 1908 - archive.org). Martin du Bellay appelle ce Piraut de Maugiron le "LĂ©gat de Maugiron" sans explication. L'Arc, l'ArbalĂŞtre & les flèches Ă©toient encore en usage sous le regne de François Ier. Il avoit Ă la bataille de Marignan pour une partie de sa garde une Compagnie de deux cens ArbalĂ©triers Ă cheval qui y firent des merveilles ; mais dans la suite cet usage fut presque entièrement aboli, exceptĂ© parmi les Gascons. BrantĂ´me parle encore des ArbalĂ©triers Gascons Ă cheval de, son tems, & Monluc sous l'an 1513, dit que les Gascons dans nos ArmĂ©es ne se servoient point encore d'Arquebuses. Il faut noter, dit-il, que la troupe que j'avois n'Ă©toit qu'ArbalĂ©trier ; car encore en ce tems-lĂ , il n'y avoit point d'Arquebuses parmi notre Nation. Mais cela changea quelques annĂ©es après ; le retranchement des ArbalĂ©triers sous François Ier me paroĂ®t certain par le livre de la discipline militaire attribuĂ© Ă Guillaume du Bellai, qui non seulement ne met plus d'Archers, ni d'ArbalĂ©triers au nombre des troupes Françoise (il faut en excepter les Gascons pour quelques annĂ©es, suivant ce que je viens de dire). Mais encore il raconte comme deux faits singuliers & extraordinaires, ce qui arriva au siège de Turin, & Ă la fameuse journĂ©e de la Bicoque. Il dit qu'Ă la Bicoque (c'Ă©toit en 1522) il n'y avoit dans notre armĂ©e qu'un seul ArbalĂ©trier, mais si adroit, qu'un Capitaine Espagnol nommĂ© Jean de Cardonne, ayant ouvert la visiere de son armet pour respirer, l'Archer tira sa flèche avec tant de justesse, qu'il lui donna dans le visage & le tua... Pour ce qui est du siège de Turin (c'Ă©toit en 1536), le mĂŞme Auteur dit que le seule ArbalĂ©trier qui Ă©toit dans la Place, occit ou blessa plus de nos ennemis en cinq ou six escarmouches oĂą il se trouva que les meilleurs Arquebusiers qui fussent dans la Ville, ne Ărent durant tout le tems du siège. Daniel hist. de la milice Françoise, Tome I, liv. VI. pag.416 (Claude François Lambert, Memoires de Martin et Guillaume du Bellai-Langei, Tome I, 1853 - books.google.fr). Aymar de Prie fut le dernier grand maĂ®tre des arbalĂ©triers français (Louis Susane, Histoire de l'ancienne infanterie Francaise, Tome 1, 1849 - books.google.fr). Guien : regain (Proverbes 27,25) Reguien : guien Gien, synonyme de regain (Feuille du cultivateur, 1802 - books.google.fr, Encyclopedie methodique, ou par ordre de matières: Agriculture, 1796 - books.google.fr). On distingue le foin proprement dit (celui de !a première coupe) du regain ou Foin de seconde coupe, et sur les prairies les plus fĂ©condes, on distingue encore le regain ou foin de troisième coupe de celui des deux prĂ©cĂ©dentes espèces (Albrecht Daniel ThaĂ«r, Principes raisonnĂ©s d'agriculture, traduit par E.V.B Crud, 1831 - books.google.fr). La rue du Foin est une rue du 3e arrondissement de Paris, situĂ©e dans le quartier du Marais, au nord de la place des Vosges. La rue est ouverte en 1597 sur un terrain en pâturages qui faisait autrefois partie du parc de l'hĂ´tel des Tournelles et sur lequel Ă©tait l'herbe Ă©tait fauchĂ©e et sĂ©chĂ©e pour devenir du foin (fr.wikipedia.org - Rue du Foin). Sur ce vaste emplacement, qui forme aujourd'hui la place Royale, les rues des Minimes, du Foin, St-Gilles et des Tournelles, s'Ă©levait dĂ©jĂ , vers la fin du XIVe siècle, l'hĂ´tel des Tournelles, ainsi appelĂ© du grand nombre de tours dont il Ă©tait dotĂ© (Biographie universelle, Tome 31 : Nog - Paj, 1864 - books.google.fr). L’hĂ´tel des Tournelles Ă©tait un ensemble de bâtiments Ă©difiĂ©, Ă partir du XIVe siècle Ă Paris, au nord de l'actuelle place des Vosges. Il fut longtemps propriĂ©tĂ© des rois de France. Ce fut dans cet hĂ´tel que le roi Henri II dĂ©cĂ©da, en 1559, des suites de sa blessure reçue lors d'une joute. Il avait eu l'Ĺ“il crevĂ© lui aussi. Ă€ l’image de l’hĂ´tel Saint-Pol, l’hĂ´tel des Tournelles comprenait un ensemble de bâtiments rĂ©partis sur un terrain de plus de vingt arpents, une vingtaine de chapelles, de nombreux prĂ©aux, des Ă©tuves, douze galeries dont la fameuse galerie des courges construite par le duc de Bedford, ainsi nommĂ©e Ă cause de sa dĂ©coration de courges vertes peintes sur les murs. Sur ses combles, couverts de tuiles, Ă©taient reprĂ©sentĂ©es ses armes, devises et armoiries. Le domaine comprenait aussi un labyrinthe nommĂ© Dedalus, deux parcs plantĂ©s d’arbres, six jardins potagers et un champ labourĂ© (fr.wikipedia.org - HĂ´tel des Tournelles). On ne pouvoit trouver harnois pour mener des pierres Ă l'Hostel des Tournelles, oĂą l'on travailloit jours de feste & jours ouvriers, Ă cause de la grande chertĂ© du foin Ă Paris (Ordinaire de Paris pour un an fini Ă la St Jean. 1515) (Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquitĂ©s de la ville de Paris, Volume 3, 1724 - books.google.fr). "guian" de "aiguian", gland de chĂŞne dans le Haut-Maine (Eugène de Chambure, Glossaire du Morvan, 1878 - books.google.fr). gui/guien : viscum/viscosum Asphaltium (asphalte), aliter dictum
modo bitume de Judée, modo karabé de Sodome, modo
gomme des funérailles, bitumen est solidum, friabile, coloris nigri. Igni expositum
liquescit & inflammatur.
Nomen asphaltii habet, ex eo quod in superficie
maris mortui, vel lacus Aspbaltitis in Judæa colligi soleat.
Eandem ob causam vocatur karabé de Sodome. Nemo quippe nescit mare mortum locum esse, in quo olim sitae erant infames
urbes Sodoma & Gomorrha.
Collectio igitur asphaltii, quæ in ejusdem nominis lacu fit singulis annis, perpetuum est vindictæ monumentum, quam Deus a flagitiosis illis urbibus olim exegit. Dictum autem fuit gomme der
funérailles, quia in condiendis pauperum
cadaveribus eo uti Judæi consueverant.
Hoc bitumen
molle est viscosum & tenax,
quando e mari extrahitur sed brevi densatur,
fitque solidum. Illud dum adhuc
liquidum est, adhibent
Arabes ad illinendas (pour goudronner) suas naves.
Affirmant Veterés eodem
bitumine connexos (cimentés) fuisse lapides moeniorum famosæ Babylonis. Bitumen Judææ
in eam compositionem medicam admittitur, gallice dictam la grande thériaque Le lac Asphaltite étoit appellé
encore le lac de Sodome, ou la mer morte Les chênes de Mambré et Issoire L'itinéraire de Mambré à Sodome dans la Genèse inclut la visite des trois anges qui venaient détruire Sodome et Gomorrbe, l'annonce faite à Abraham et à Sarah concernant la naissance de leur fils Isaac, la plaidoirie d'Abraham en faveur des Sodomites que Dieu projette de détruire, la visite des anges chez Loth, la destruction des villes de la Pentapole, la délivrance de sa femme et de ses deux filles, la transformation de la femme de Loth en statue de sel, et en dernier lieu, ses deux filles instigatrices de l'inceste et donnant naissance à Amon et à Moab (Juliette Hassine, Ésotérisme et écriture dans l'œuvre de Proust, 1990 - books.google.fr). L'hésitation de l'exégèse chrétienne quant au lien entre les trois visiteurs et Dieu ne se retrouve évidemment pas dans l'iconographie juive, puisque Dieu est considéré par cette dernière comme absolument irreprésentable. Il eût été concevable, pourtant, de signifier sa présence par le symbole indirect de la main sortant des cieux, qui proviendrait de l'art juif, et s'y trouve attestée au moins depuis l'époque des fresques de Doura Europos. Mais je ne connais aucun exemple juif d'hospitalité d'Abraham avec Dextera Dei. En revanche, cette possibilité se retrouve dans l'art chrétien : mais encore une fois, c'est cohérent, puisque le christianisme, notamment en sa réalisation occidentale d'après le Ier millénaire, est celle des formes du monothéisme abrahamique qui a permis aux artistes l'exploration la plus vaste des figures, anthropomorphes ou non, de Dieu dans l'art. Postulant un lien entre l'exégèse juive et de très rares images chrétiennes, H. M. von Erffa mentionne le tapis d'Halberstadt (du milieu du XIIe siècle : l'un dans le ciel, les trois sur terre ; fig. 28) et la miniature du Livre de prières de Hildegarde de Bingen (v. 1190, le positionnement inverse : l'un sur terre, les trois au ciel ; fig. 29). Ajoutons le relief du XIIe siècle du croisillon nord de l'église Saint-Austremoine à Issoire (solution mitoyenne : les trois sur terre, et l'un... surélevé) (François Bœspflug, Autour de l'hospitalité d'Abraham dans la Bible et le Coran et de son écho dans l'art juif et l'art chrétien du Moyen Age (XIIIe - XVIe siècle), Le comparatisme en histoire des religions: actes du colloque international de Strasbourg (18-20 septembre 1996), 1997 - books.google.fr). Dans le dos du roi, Ronsard, ou un autre, s'amusait à brocarder dans un sonnet impertinent les tendances efféminées du prince : Adieu, cons
blondelets, corallines fossettes, L'entretien de
nature et de tout l'univers ! Adieu, antres velus, pleins de plaisirs divers, Fontaines de
nectar, marbrines mottelettes
! Ores, en votre lieu,
sont les fesses mollettes Et les culs blancs
de chair, de tout poils découverts ; Les culs plus que
les cons sont maintenant ouverts : Les mignons de la
Cour y mettent leurs lancettes. Le roi ne m'aime
point pour ĂŞtre trop barbu ; Il aime Ă semencer le champ qui n'est herbu. Et comme un vrai
castor chevauche le derrière. Alors qu'il fout
les culs qui sont cons Ă©trecis, Il tient du naturel
de ceux de MĂ©dicis, Et prenant le
devant il imite son père "grappé" : grappe On lit dans Deutéronome XXXII,32-34 au sujet de ceux d'Israël retombés dans le paganisme : Leur vigne vient de
la vigne de Sodome et leur sarment de Gomorrhe; leurs raisins sont des raisins
de fiel, leur vin est une grappe
d'amertume ; leur vin, c’est le venin des serpents, C’est le poison
cruel des aspics. Cela n’est-il pas caché près de moi, Scellé dans mes trésors ? Guien :Géhenne En suivant la veine biblique, rapprochons "Guien" de Géhenne. Le Grand Canon palestinien de saint André de Crète (VIIIe siècle) identifie le feu de Sodome et celui de la géhenne : «Le Seigneur autrefois, fit pleuvoir le feu sur Sodome. / Et toi, enflammée d'injustes désirs, mon âme, tu allumes toi-même / le feu où tu devras brûler» (2 O, 2 C, 8 t ; voir aussi 3 O, 1 C, 1, 2, 3 et 2 C, 11 t) (Olivier Clément, Le chant des larmes, essai sur le repentir: suivi de Trois prières, 2011 - books.google.fr). «Le roi de Sodome» désigne le Prince de la Géhenne qui veille sur les mauvais. Tel est le roi de Sodome (Midrach Ha Neelam) (Le Zohar, Tome 1, traduit par Charles Mopsik, Bernard Maruani, 1981 - books.google.fr). "chaine" se réfère alors à "chaïn" ou "chayn" graphie rencontrée pour le nom de Caïn mais aussi peut signifier "beau, belle". Il y a contraste entre "belle" et "géhenne" mais le feu de la géhenne répond à celui de la foudre. La Légende Dorée de Jacques de Voragine raconte la fin de Pilate à partir de l'apocryphe De ortu Pilati. Tibère guéri d'une maladie par la tunique du Christ souhaite le rencontrer. Mais Pilate l'a fait crucifier. Ce dernier est rappelé à Rome, arrêté. La sentence prononcée contre Pilate le condamnait à la plus ignominieuse des morts. Quand il l'apprit, Pilate se poignarda avec son propre couteau et mit ainsi un terme à sa vie. César, ayant appris la mort de Pilate, dit : «Vraiment, il est mort de la façon la plus ignominieuse, puisque sa propre main ne l'a pas épargné». Il est donc attaché à une meule énorme et jeté au Tibre. Mais les esprits malins et sordides se réjouirent de ce corps malin et sordide, et, l'entraînant tantôt dans les eaux, tantôt dans l'air, ils provoquaient d'étranges débordements des eaux et généraient dans l'air foudres, tempêtes, tonnerres et grêles épouvantables, si bien que tout le monde était en proie à une horrible terreur. C'est pourquoi les Romains le retirèrent du Tibre et par dérision le portèrent à Vienne et le jetèrent dans le Rhône : en effet, Vienne est ainsi nommée comme «voie de la Géhenne» (via Géhenne), parce c'était alors un lieu de malédiction ; on l'appelle aussi Bienne, à plus juste titre, parce que, dit-on, elle aurait été bâtie en deux ans. Mais là encore, il ne manqua pas d'esprits malins pour accomplir les mêmes prodiges. Les habitants, ne supportant pas une telle invasion de démons, éloignèrent de chez eux ce vase de malédiction et l'envoyèrent pour être enseveli sur le territoire de la ville de Lausanne. Les habitants de ce pays, très tourmentés par les invasions de démons dont il a déjà été question, l'éloignèrent de chez eux et le jetèrent dans un puits perdu au milieu des montagnes, où, d'après les dires de certains, on voit se produire des machinations diaboliques (Gérard Lucas, Vienne dans les textes grecs et latins: Chroniques littéraires sur l'histoire de la cité, des Allobroges à la fin du Ve siècle de notre ère, 2018 - books.google.fr). Ampuis, fief des Maugiron, ne tarda pas à acquérir une certaine importance, en raison de la beauté de son site, de la délicatesse de son vin, de la proximité de Vienne et surtout du passage de la voie romaine - appelée Antonine et qui date du IIe siècle après J.C. - reliant Vienne à Nîmes en longeant la rive droite du Rhône (André Pelletier, Grande encyclopédie de Lyon et des communes du Rhône, Tome 1, 1980 - books.google.fr). Le père du mignon d'Henri III, Laurent de Maugiron. comte de Montléans. baron d'Ampuis, né en 1528, fut Lieutenant général en Dauphiné en 1554, en 1562, puis du 4 mars 1578 jusqu'à sa mort en février 1589. Laurent de Maugiron est le même qui arracha la barbe au consul Charles, en juillet 1571. Il n'était alors que gouverneur de la ville de Vienne, car la lieutenance générale du Dauphiné resta confiée, de 1564 à 1578, à Bertrand Rambaud (fr.wikipedia.org - Laurent de Maugiron). "Si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le; mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint pas" (Marc 9, 47) Avant de citer Marc, Gilles Ménage, au sujet du mot latin "luscus" qui, avant de signifier "louche", voulait dire "borgne", parle d'Hannibal qui l'était (Gilles Ménage, Les origines de la langue françoise, 1650 - books.google.fr). Louis de Maugiron, le "Beau Borgne", fut comparé à Hannibal et Horatius Coclès. Dans La Henriade, Voltaire suit la «grande histoire» de Mézeray (Histoire de France, 1643-1651) comme source de l'information événementielle. D'autre part le paratexte rend conscient du fait que la matière épique a été décantée à partir d'un fatras d'anecdotes de bas étage et de pamphlets innombrables. «Monsieur Pierre Taisan de L'Etoile dit que...» (à propos des mignons) Voltaire sollicite le Journal pour le règne de Henri III, de Henri IV [...], conscient de véhiculer un tissu de calomnies et l'utilise dans ses Remarques. Une érudition élevée est ici parasitaire, comiquement employée : une figure négative comme le mignon Maugiron borgne est comparée à Horatius Coclès et à Annibal. La référence incongrue paraît provenir d'une interférence soudaine entre la voix de l'annotateur critique et un résidu de bagage culturel (pas à sa place) et du répertoire (hors de propos) du poète épique (Jacques Berchtold, Voltaire et les choix de la Henriade, La mémoire des guerres de religion: la concurrence des genres historiques, XVIe-XVIIIe siècles : actes du colloque international de Paris (15-16 novembre 2002), 2007 - books.google.fr). Dans le même chapitre 9 de Marc où les borgnes entrent dans le royaume de dieu, on trouve en son début le récit de la Transfiguration. La double page, tirée de l'harmonie du roi, offre un exemple de collages qui rassemblaient les textes des quatre Évangiles ainsi que plusieurs illustrations. Deux images y sont utilisées pour accompagner le récit de la transfiguration du Christ (Matthieu 17. 1-9, Marc 9. 1-10 et Luc 9. 28-36) : l'une représente les espions qui reviennent de Canaan avec une grappe géante, promesse de ce qui attend le peuple de Dieu s'il accepte d'entrer dans ce nouveau pays (Nombres 13); l'autre, le Christ lui-même, transfiguré devant les apôtres Pierre, Jacques et Jean. Les harmonies, dont la confection est décrite par les Ferrar comme une nouvelle forme d'impression, visent à un art combinatoire infini entre textes et images. Non seulement ceux-ci sont puisés dans des sources imprimées variées pour se trouver sur une même page, mais, en plus, il arrive que certaines images servent à illustrer différents épisodes. Ainsi retrouve-t-on l'image du retour des espions Canaan avec leur grappe géante dans le Whole Law of God, version harmonisée du Pentateuque, aussi bien que dans l'harmonie des Évangiles du roi Charles. Herbert conçoit en partie sa poésie comme une forme similaire de concordance, sauf qu'il n'inclut aucune iconographie dans son Temple. Sans nécessairement s'inspirer de la technique des harmonies en particulier, il fait reposer son propre fait reposer son propre texte sur une concentration similaire d'analogies, comme dans son poème « he Bunch of Grapes ». Le titre occupe la place qui est qui est dévolue à l'illustration dans les concordances de Little Gidding. Il présage déjà de la lecture typologique, annonçant la figure christique qui apparaît seulement en fin de poème grâce à l'inclusion d'un verset d'un verset d'Isaïe, lui-même à interpréter de façon typologique (Anne-Marie Miller-Blaise, Le verbe fait image, 2010 - books.google.fr). On trouve la bénédiction des prémices des raisins fixée au 6 août dans le Sacramentaire grégorien (VI-VIIèmes siècles). Cette bénédiction a lieu au cours de la messe du jour, qui n’est pas alors celle de la Transfiguration (cette fête n’entrera tardivement au Missel romain qu’en 1457) mais celle de la fête de saint Sixte II, 24ème pape qui avait été décapité en 258. Comme d’autres bénédictions très anciennes, la bénédiction du raisin - Benedictio uvæ - se place à la fin du canon eucharistique. Le Sacramentaire gélasien, plus ancien que le grégorien, s’il ne contient pas de bénédiction spéciale dans le cours de la messe de saint Sixte au 6 août, donne néanmoins vers la fin de l’ouvrage une formule de bénédiction des raisins et des fèves qui - mis à part des variantes textuelles - est substantiellement la même oraison. En 1457, le pape Calixte III inscrit au 6 août du calendrier de l’Eglise de Rome la fête de la Transfiguration, en action de grâces pour l’éclatante victoire de Belgrade contre les Turcs obtenue le 6 août 1456. Saint Sixte devient dès lors une simple mémoire, ses oraisons s’ajoutant à celles de la nouvelle fête de la Transfiguration. Le Rituale romanum publié en 1614 par le pape Paul V ne contient pas la benedictio uvæ ; il est vrai que le dessein du pape, en éditant cet ouvrage, était de donner un manuel bref, essentiellement axé sur la discipline des sacrements, alors battue en brèche par les Protestants. Néanmoins de nombreux rituels diocésains continuèrent de maintenir l’antique tradition de la bénédiction des raisins le 6 août (schola-sainte-cecile.com). L'entrée dans la terre promise peut être vue comme un type de l'entrée dans le royaume du père. La figure ou le visage qu'implique la transfiguration renvoient à celui de Maugiron défiguré par la perte de son œil droit et transfiguré en "Beau (hébreu chaïn) Borgne". Comme Origène, Ambroise propose les deux lectures, christologique et trinitaire, comme si les premiers auteurs à s'écarter de l'exégèse traditionnelle ne pouvaient pas l'abandonner complètement. Bien plus l'ambivalence est chez lui à son comble, puisqu'il utilise la même formule 'tres vidit, unum adoravit' tantôt dans un sens christologique (Abraham n'a adoré que le Christ), tantôt dans un sens trinitaire (Abraham a reconnu dans les trois l'unité divine). Dans le De Fide, la théophanie de Mambré est rapprochée de deux deux autres épisodes : les trois hébreux dans la fournaise au milieu desquels apparaît un quatrième personnage, preuve de la préexistence du Fils, et la Transfiguration. Si lors de la Transfiguration, les apôtres voient eux aussi trois personnages, ils ne doivent pas se tromper, mais n'adorer que l'un des trois: de fait, Pierre qui propose de dresser trois tentes pour le Christ, Moïse et Elie se voit reprocher par la voix du Père de mettre les serviteurs sur le même plan que le Fils: 'celui-ci - et lui seul - est mon Fils bien-aimé'. A la différence de cette lecture christologique, dans le Discours sur la mort de son frère Satyre Ambroise déclare qu'Abraham a vu la Trinité en type (...) il en a accueilli trois, mais en a adoré un seul et tout en sauvegardant la distinction des personnes, il les nomme cependant un seul Seigneur, offrant à tous trois l'honneur d'un présent et marquant en même temps l'unité de puissance. Le fait qu'Abraham utilise paradoxalement le singulier en s'adressant aux trois hommes ne signifie plus ici qu'il ne reconnaît que l'un des trois comme Seigneur, mais manifeste le mystère de la distinction des personnes et de l'unité de leur divinité. Il va même jusqu'à réinterpréter Jn 8, 56 qui était invoqué comme preuve de la lecture christologique, en disant que celui qui croit au Christ croit aussi au Père et à l'Esprit Saint. Un tel changement dans l'explication de cette coexistence paradoxale du pluriel et du singulier s'explique par le danger que l'arianisme faisait porter au dogme trinitaire. De fait la lecture christologique était précisément soutenue dans un par des tenants de l'arianisme comme le montrent les anathématismes du synode de Sirmium I (351): ce n'est pas le Père transcendant qui se laisse voir, mais le Fils qui lui est subordonné. Il est également vraisemblable qu'Ambroise a repris une interprétation de Philon en lui faisant subir une christianisation. La théophanie de Mambré est en effet un des fondements scripturaires que Philon invoque le plus fréquemment lorsqu'il expose sa théorie des Puissances divines. Les trois qui apparaissent sont l'Etre suprême, c'est-à -dire le Père, entouré de ses deux 'gardes du corps'" ou puissances principales, à savoir la puissance créatrice ("theos") et la puissance royale ("kurios"). Philon établit une hiérarchie entre la saisie de Dieu à travers ses puissances, qui se manifestent à Abraham sous la forme d'une Trinité, et la saisie de l'Etre même dans sa seule essence qu'Abraham peut atteindre grâce à une vue plus éclairée, ce qui justifie qu'il parle au singulier, ne s'adressant qu'à l'Unité sans les puissances. La contemplation de la monade est donc supérieure à celle de la triade, ce qui implique qu'Abraham soit plus parfait que Lot puisque ce dernier n'a vu que les deux puissances sans l'Etre suprême [qui annoncent à Lot la destruction de Sodome et Gomorrhe]. On voit ainsi comment Philon peut être considéré comme une source de l'interprétation trinitaire de cette théophanie, mais aussi combien Ambroise a dû transformer cette exégèse pour que, dans le contexte de la controverse anti-arienne, les deux puissances ne soient pas considérées comme inférieures au Père (M.O. Boulnois, Trois hommes et un Seigneur, Historica: Biblica, Volume 1 de Papers Presented at the Fourteenth International Conference on Patristic Studies Held in Oxford 2003, Studia Patristica Series, 2006 - books.google.fr). Mamré, Transfiguration, grappe : trésor La lumière de gloire ne se trouve que dans le corps humain. Mais cette lumière de la Transfiguration n'apparut pas seulement dans le corps du Christ, mais aussi dans ses vêtements, et dans la nuée lumineuse qui recouvrit les disciples (Thomas d'Aquin, Somme théologique, Volume 4, traduit par Aimon-Marie Roguet, 1984 - books.google.fr). Abordant d'affilée les deux récits de la création d'Adam (Genèse 1 et 2), le lecteur pouvait, avec Philon d'Alexandrie, imaginer que dans un premier temps, avant de modeler l'homme et de le séparer en homme et femme, Dieu l'avait créé «dans son esprit», à l'image de «sa pensée», homme et femme tout ensemble... et qu'ensuite, seulement lors de la création plus concrète racontée aux chapitres 2 et 3, Adam avait été modelé et Eve tirée de sa côte ! On a parfois objecté que les termes «androgyne» ou «dyprosope», utilisés dans le Midrash (Ber. R. 8, 1) pour désigner l'Adam primordial de Gn 1 avant sa « concrétisation » terrestre et différenciée en Gn 2-3, n'étaient pas connus au temps de Jésus. S'il est possible que ces termes n'aient pas été courants à l'époque, l'idée de cet Adam primordial était bien présente. En effet, outre le fait qu'elle se trouve chez Philon. dont on connaît mieux aujourd'hui la fidélité à la synagogue, elle se trouve dans la Septante telle que le Midrash ancien en avait connaissance. En effet, les rabbins connaissaient une traduction de la Septante avec : «mâle et femelle il les créa» (telle la Septante de Rahlfs) : Cf. Tanhuma Shemot 19 (ancienne édition Vilna) : «C'est une des choses que changèrent nos maîtres pour le roi Ptolémée quand ils écrivirent pour lui la Torah en grec : «Mâle et femelle il les créa, et il parfit au jour sixième et cessa au jour septième. Et Elohim créa l'homme à l'image et ressemblance ». Mais de nombreuses références dans le Midrash et le Targum montrent qu'ils devaient en connaître également d'autres versions : Tanuma Shemot 22 edit. Buber Eshkol : «Je ferai Adam à l'image et ressemblance, mâle et femelle il le créa» Ce point de vue peut nous paraître étrange, il était pourtant encore bien connu de Paul qui, en I Co 15, 45-49, nous parle de deux Adam : l'un modelé du sol et «psychique» - c'est l'Adam de Gn 2, dont on dit qu'il reçut une «psyché vivante» (Nefesh Haya : Gn 2, 7)... l'autre «spirituel», correspondant au modèle que Dieu avait «dans son esprit» quand Il pensait Adam «à l'image». Mais Paul fait remarquer qu'en Jésus-Christ, ce n'est plus, comme dans la Genèse, le spirituel qui vient d'abord, puis le psychique. Le processus de la création est dorénavant inversé : à l'Adam psychique et pécheur succède l'Adam spirituel, Jésus, qui, par la Résurrection, rend l'homme à sa vocation originelle d'image. On retrouve cette opposition entre l'Adam image de Gn 1 et l'Adam modelé de Gn 2, dans l'usage que fait la primitive Eglise du mot «vase». En 2 Co 3, 18, Paul explique comment l'apôtre devient «image» de Dieu en réfléchissant la Gloire qui est sur la face du Christ, et il évoque le récit de Gn 1 pour conclure, en même temps que fonder, son raisonnement : «Le Dieu qui a dit "que la lumière soit. Et la lumière fut", est celui qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la gloire qui est sur la face du Christ» (2 Co 4, 6). Voilà l'apôtre situé dans la gloire de l'Adam-image de Gn 1. Mais aussitôt après, Paul dit : «Ce trésor nous le portons dans des vases d'argile» (v. 7), comme s'il voulait, en empruntant au second récit de la création, dire que l'image idéale doit se vivre dans le quotidien fragile du pécheur (Jacques Bernard, Quelques notes sur la femme dans la Bible, Mélanges de science religieuse, Volume 47, 1990 - books.google.fr). Les premiers chrétiens alexandrins avaient un Evangile, lequel fut commenté plus tard par Papias ; Evangile qu'on trouve cité dans Eusèbe et Clément d'Alexandrie. Cet Evangile, que ce dernier auteur appelle Protoplaste, raconte que «lorsque Salomé demandait au Seigneur à quel moment les choses qu'il disait arriveraient (on parlait de son règne), le Seigneur dit : Quand vous aurez foulé aux pieds le vêtement de la pudeur; quand deux deviendront un, le mâle avec la femme, ni homme ni femme» (Clém. d'Alex., p. 553) (Pompeyo Gener, Contribution à l'étude de l'évolution des idées: La mort et le diable; histoire et philosophie des deux négations suprèmes, 1880 - books.google.fr). Sodome participe de la lumière de gloire par les foudres qui la détruisent, dans un reproche de vouloir accomplir le Paradis sur Terre, bien qu’elle réalise ainsi l’« image idéale » dans un « vase d’argile ». Pédéraste visqueux :
chez les Grecs Socrate :
pédéraste ou pédagogue ? À entendre la question, chacun sait sans doute, ou
croit savoir, ce qu’elle veut dire. Que Socrate soit un personnage ambigu, nul
ne le contestera : c’est l’effet de son ironie habituelle. À elle seule,
l’ambiguïté de Socrate aurait constitué un sujet trop vaste, ne serait-ce que
chez Platon. Je me suis donc limité à un domaine où, comme le constate F. Buffière, «il se révèle particulièrement ambigu» : celui de
l’amour. Pédéraste, oui, il l’est,
et mĂŞme davantage que la moyenne de ses contemporains, qui le plaisantent
volontiers lĂ -dessus (Prot. 309, Banq.
213c, 223a, Rép. 328d) comme sur son «péché mignon»
le plus notoire : Socrate aime la compagnie de beaux adolescents Le vieux français (où gui et glu sont parfois exprimés
par le même terme) a utilisé successivement, pour désigner le gui, vist (XIVe siècle : «Et leur donneras à mengier
avenne en jarbe ou yerre ou vist de pommier»), puis guix (XVe siècle : «Une patenostres
de guix de chesne»), enfin guy (XVIe siècle : «Le guy de chesne, dont on fait la glus pour
prendre les oiseaux») et gui Le grec "gloios" signifie substance gluante, glu, gomme, et
"gliskhros", gluant, visqueux, tenace
[lui-même dér. de gloios] Socrate veut toujours questionner, s'arrogeant le rôle de
questionneur, et cela, contre l'usage. VoilĂ qui explique quelle forme
spécifique prend chez Socrate l'eirôneia, pour
qu'elle lui soit toujours occasion de blâme. Chaque fois qu'elle est mentionnée
dans Platon, en effet, il s'agit d'un retournement analogue des rĂ´les, du fait
que Socrate se comporte Ă l'inverse de ce qu'on croit pouvoir en attendre. Le
discours d'Alcibiade, ici encore, en donne la confirmation, non plus dans le
champ dialectique mais dans un domaine aux usages aussi convenus : l'Ă©rotique.
La nuit oĂą il fut victime de l'eirĂ´neia socratique,
Alcibiade se posait vis-à -vis de Socrate «comme un amant entreprenant son
bien-aimé» (Banq., 217 c 8), ce qui, notons-le, étant
donné l'âge respectif des partenaires, était déjà contraire à la coutume :
premier effet de la réserve obstinée de Socrate. Mais, ce qu'Alcibiade ne
pardonne pas à Socrate, c'est qu'au lieu que le bien-aimé se soumette au désir de l'amant, il fait tourner
l'affaire de façon à ce que ce soit celui-ci qui se retrouve réduit en
esclavage (katadedoulôménos, 219 e 3). Si cette
acception du terme se trouve donc régulièrement vérifiée dans Platon, notons que de surcroît elle convient parfaitement à la plus
ancienne mention de Socrate comme eirôn : Nuées, 449.
L'association avec gloiĂ´s
s'éclaire entièrement grâce à elle : l'eirôneia est
tout à fait l'équivalent dans la discussion de l'huile dont s'enduit l'athlète
pour la lutte. Cette huile l'aide Ă Ă©chapper aux prises de l'adversaire :
mais Ă©chapper Ă la prise ne sert qu'Ă se mettre en position d'en prendre une Ă
son tour, de retourner la prise. Eirôn, gloiôs : plus qu'une association d'idées, une stricte
analogie La citéde Beroia, en
Macédoine, avant 167 av. J.C., peut-être vers 190 180, se dote d'une loi relative au gymnase. [...] L'inscription
de Beroia a ceci de précieux qu'elle n'est pas un
remerciement pour un évergète, seulement un règlement du quotidien. Elle ne
contredit pas les décrets honorifiques, mais elle les complète. Ainsi, un
passage relatif au gardien du gymnase, un esclave, précise qu'exercera cette
fonction celui qui aura acheté le revenu du gloios. Le gloios désigne
«le mélange d'huile et de sueur et crasse que l'on raclait avec le strigile ou
qui surnageait dans le bain». Ainsi, la cité (ou le gymnasiarque ?)
affermait la récupération de ce mélange peu ragoûtant à un individu qui devait
y trouver son avantage en le revendant. Car le gloios
est revendu, d'après Pline l'Ancien, le plus souvent aux pauvres qui s'en
enduisent à défaut d'huile, mais parfois pour être utilisé comme remède ! En
échange de cette concession pour laquelle il avait dû payer un prix donné, le
gardien assurait l'entretien du gymnase, sous peine du fouet (ce qui prouve
qu'il s'agit bien d'un esclave) On sçait que la forĂŞt de Dodone n'Ă©toit plantĂ©e que de chesnes, & que cette forĂŞt Ă©toit dans la Chaonie [province de l'Epire] (Liber & alma Ceres, vestros munere tellus Chaoniam pingui glandem mutavit aristâ. Cesserit inventis Dodonia quercus aristis - Virgile, Georgiques, Livre I) qui a surement formĂ© le mot chesne (Hues de Tabarie, E. de Barbazan (1696 - 1770), L'ordene de Chevalerie avec une Dissertation sur l'origine de la Langue Franc., un essai sur les Ă©timologies, quelques Contes anciens, et un Glossaire, 1759 - books.google.fr). On entend dire Ă Socrate dans le Phèdre de Platon : En tout cas, mon cher, les prĂŞtres du temple de Zeus Ă Dodone ont soutenu que les premières paroles divinatoires Ă©taient sorties d'un chĂŞne. Ainsi, les gens de ce temps-lĂ , eux qui n'Ă©taient pas des «savants» comme vous autres les modernes, se contentaient, en raison de leur simplicitĂ© d'esprit, de prĂŞter l'oreille au chĂŞne et Ă la pierre, pourvu qu'ils disent la vĂ©ritĂ©. Mais pour toi, ce qui sans doute importe, c'est savoir qui parle et de quel pays il vient : cela ne te suffit pas, en effet, d'examiner s'il en est ainsi ou autrement A Dodone, en Épire, le sanctuaire de Zeus (Naios) Ă©tait le siège d'un oracle cĂ©lèbre. Dans l'Iliade, on trouve cette allusion : «Sire Zeus, dieu de Dodone et des PĂ©lasges, dieu lointain ! toi qui règnes sur Dodone, l'inclĂ©mente, au pays qu'habitent les Selles, tes interprètes aux pieds jamais lavĂ©s, qui couchent sur le sol !» (XVI, 233-235). Dans l'OdyssĂ©e, en revanche, les rĂ©ponses de l'oracle sont censĂ©es venir d'un chĂŞne : on devait donc y pratiquer une forme de divination fondĂ©e sur l'interprĂ©tation du mouvement et du bruissement des feuilles d'un chĂŞne : «...Ulysse Ă©tait parti, disait-on, pour Dodone. Au feuillage divin du grand chĂŞne de Zeus, il voulait demander conseil pour revenir au bon pays d'Ithaque.» (XIV, 327-329) (Jean-Claude Polet, Patrimoine littĂ©raire europĂ©en: Vol. 2 - HĂ©ritages grec et latin, 1992 - books.google.fr). Un petit trĂ©sor Au dĂ©but de 1576, Anthoine de Merle est toujours au Malzieu. En Janvier, il commande la place, mais, vers la fin de ce mois, il est prisonnier de guerre au château-fort de la Clause, appartenant au baron d'Apcher. Nous le savons par un acte notariĂ© reçu par Etienne DuvĂ©ziat, notaire royal Ă Uzès, le 23 Janvier 1576, et extrait par l'abbĂ© Fourcher des minutes de Delafont, notaire en la mĂŞme ville. L'abbĂ© Fourcher reproduit cet acte, intitulĂ© « Inventaire de l'argent de Mathieu de Merle, Ă©cuyer, capitaine et gouverneur d'Issoire, en Auvergne » : "L'An de grâce 1576, et le 23e jour du mois de Janvier, Me Etienne DuvĂ©ziat s'est transportĂ© au Malzieu, dans la maison de... cabinet d'icelle, Ă©tant le logis de M. le capitaine Merle, gouverneur d'Yssoire et Ă©tant de Restalgut Besset, fermier du capitaine ; lequel Merle (Antoine) prisonnier de guerre au fort de la Clause ; en prĂ©sence de M. le capitaine Tournet, gouverneur dudit Malzieu, et de MM...., avec lesquels nous avons ouvert un petit coffre en chĂŞne oĂą a Ă©tĂ© trouvĂ© une bourse de peau blanche appartenant audit gouverneur d'Issoire ; dans laquelle fut trouvĂ© l'or qui suit : (suit l'inventaire de ces pièces d'or)." (Georges Amiaud-Bellavaud, Un chef huguenot: le capitaine Merle, et les guerres de religion, notamment en Auvergne, GĂ©vaudan et Vivarais, Tome 1, 1958 - books.google.fr). Un ressort Ă
Issoire Françoise Babou, épouse d'Antoine d'Estrées et mère de Gabrielle, en 1584, s'est enfuie en Auvergne avecson jeune amant, Yves d'Allègre. D'Allègre s'est jeté dans le parti royal contre la Ligue. Il ne s'est pas morfondu dans son château de Meilhaud. Expéditions militaires et coups de main lui ont livré plusieurs châteaux ainsi que la ville d'Issoire, perdue et récupérée à diverses reprises, jusqu'à ce qu'Henri IV lui en confie le gouvernement en 1590. Les jours s'écoulent rarement avec douceur dans cette famille habituée aux meurtres et exactions diverses. En 1587, l'amant de Françoise a manqué d'être pulvérisé par les bons soins de sa sœur, Isabelle d'Allègre, mécontente des avantages successoraux obtenus par son frère. Yves a reçu la visite d'un laquais porteur d'une boîte «rare et merveilleuse» envoyée par sa sœur. Le laquais a ouvert la boîte selon les instructions qu'il a reçues, sans savoir le piège qu'elle contenait. Celui-ci nous est décrit par Pierre de L'Estoile : «Trente-six canons de pistolets, chargés chacun de deux balles et y était un ressort accommodé de façon que, ouvrant la boîte, ce ressort lâchant faisait feu, lequel prenant à l'amorce à ce préparée, faisait, à l'instant, jouer les trente-six canons et jeter soixante-douze balles, dont à peine, se pouvaient sauver ceux qui se trouvaient à l'environ». Yves d'Allègre a eu la chance de ne pas se trouver dans le champ de tir, tandis que le laquais, fort blessé aux cuisses, a survécu... (Inès Murat, Gabrielle d'Estrées, 2014 - books.google.fr). Pierre de l'Etoile (1546-1611) appelle Yves d'Allègre Millaud (d'un de ses titres) dans son Journal du règne d'Henri III (1574-1589) (Pierre de L'Etoile, Journal de Henri III, roy de France et de Pologne, ou memoires pour servir a l'histoire de France. Nouv. ed, Tome 2, 1744 - books.google.fr). Françoise d'Estrées et Yves d'Allègre seront massacrés dans la nuit du 8 au 9 juin 1592 à Issoire par des marchands et des bouchers qui seront pendus ou s'enfuiront après le forfait. |