107 ans I, 51 1595 Chef d'Aries, Juppiter & Saturne, Dieu eternel,
quelles mutations ! Puis par long siecle
son maling temps retourne : Gaule & Itale,
quelles esmotions ! Roussat donnait la date de la
conjonction de Jupiter et de Saturne au début du signe du Bélier :
"la tresfameuse approximation & union de
Saturne & Jupiter qui se fera pres de la teste d'Aries, l'an de nostre Seigneur
mil sept cens & deux". Chaulveron donne
la date du 22 mai 1702 au 6° degré du Bélier Les conjonctions de Saturne et de Jupiter entrent en considération de comput mystique chez les Ismaéliens. Selon leur théorie, elles se reproduisent d'une triplicité zodiacale à une autre (d'eau, de feu, de terre ou d'air) tous les 238 ans (Lettre à Henry - Jovialistes et Achem). L'homme, roi de la création, est sur la limite du monde
corporel et du monde spirituel, parce que sa nature participe Ă la fois de la
Raison, de l'Ame et de la Matière. Ainsi est composé un microcosme
correspondant au macrocosme. Le mouvement des sphères célestes est engendré par
l'Ame universelle et de ce mouvement dérivent tous les mouvements d'ici-bas. Or
la cause première de ce mouvement est la tendance de l'Ame vers la Raison, de
l'imparfait vers le parfait, et cette tendance prouve que l'univers a été créé,
car s'il était éternel, il serait parfait et conséquemment n'éprouverait aucun
besoin de se mouvoir. La tendance en question est ce qu'on appelle l'amour, et
il s'observe à tous les degrés de l'échelle des êtres, sous différentes formes.
Lorsque le mouvement de retour de la création vers sa source sera terminé, le
but sera atteint et la création entière rentrera dans le repos, c'est-à -dire,
dans le sein de la divinité. C'est ce que les Frères de la Pureté considèrent
comme la grande résurrection. Ce système n'appartient pas seulement aux Ikhwân as-Safâ. Toutes les sectes
philosophiques musulmanes l'avaient adopté. Il se retrouve chez les Soufis et
chez les Ismaélis. La théorie cosmogonique de ces
derniers et de leurs successeurs, les Druzes, est, abstraction faite de certains
détails, absolument identique à celle des Frères de la Pureté. Il ne serait pas
impossible que des liens secrets eussent rattachĂ© les loges de ces derniers Ă
celles des Ismaélis. C'est d'ailleurs ce que nous
donnent à entendre les docteurs orthodoxes, qui enveloppent tous ces hérétiques
dans une même réprobation. Ibn Taimiyyah parlant des Nosairis, branche des Ismaélis,
s'exprime en ces termes à leur égard : « Tantôt ils s'ap»
puient sur les opinions des matĂ©rialistes, etc.; Ă
l'imitation des Frères de la » Pureté, tantôt ils suivent les principes des
philosophes et des mages, adorateurs de la vache, » et plus loin : « Ils
détournent de son vrai sens une parole » venue du Prophète, à l'instar des
Frères de la Pureté et de ceux qui leur ressemblent; leurs croyances sont les
mêmes. » En effet, en ce qui concerne les traditions et le Koran
lui-même, les Frères de la Pureté, n'osant sans doute les passer sous silence
dans leurs écrits, prirent le parti de les interpréter symboliquement. Or
l'explication allégorique du Koran est précisément ce
qui distingue la secte des Ismaélis. C'est même pour
cela qu'ils ont reçu le nom de Bâtinis. [...] Les
traités des Frères de la Pureté se répandirent en Espagne, dès le XIe siècle,
et durent exercer une grande influence sur notre philosophie et notre théologie
scolastiques (S. Guyard, sur Die Lehre
von der Weltseele bei den Arabern im X. Jahrhundert, von Dr Fr. Dieterici) 1595 - 1702 De 1595 Ă 1702 il y a 107 ans. On remarque que le
quatrain I, 49, daté de 1593 selon la méthode de ce site, parle explicitement de l'an 1700. Il y
a encore 107 ans. Un long siècle (au singulier dans toutes les éditions). 107 ans Cette expression ne figure pas dans les recueils de locutions françaises. Elle ne relève pas au surplus d'un langage très académique mais bien plutôt de l'argot populaire. Les classiques l'ignorait totalement, et - à noter - les langues étrangères ne possédait pas d'équivalent sous cette forme. Le nombre 107, véritable miroir à alouettes fascine les chercheurs qui basent sur lui leurs explications ou essayent tout au moins de le faire ce qui conduit aux plus invraisemblables suggestions, du genre de celles qu'on trouve par Pi : s'appuyer sur la Genèse et les évangélistes pour justifier une expression française, vulgaire et moderne, ce me semble dépasser les limites permises! Qu'est-ce donc que ce fameux 107, sinon un modeste nombre premier ? Il n'a aucune signification scientifique ou autre. Ce n'est pas une constante au sens mathématique, astronomique, physique, etc., du mot. Ce n'est ni Pi ni e, ni le 7 de l'Ecriture sainte, ni le 13 fatidique. Hypothèse : 107 ne pourrait-il pas constituer le début d'une proposition verbale déformée et tronquée dans sa transmission d'un individu à un autre ? (Rappelant, en cela certain jeu de salon pratiqué au temps de notre adolescence). Dans cet esprit, attendre 107 ans proviendrait de : Attendre sans s'éteindre... Donnera qui pourra un sens concret et la suite voulue à cette interprétation... A qui en tiendrait encore pour le nombre 107, je signalerais sans plus de commentaires que Montaigne dans son Journal de voyage (séjour à Rome), p. 199 de l'éd. de P. d'Espezel, fait allusion à la cérémonie de «l'aumône des pucelles» réunies le dimanche de la Quasimodo (1581?) au nombre de cent et sept (F. de Vair) (L'Intermediaire des Chercheurs et Curieux, Volume 10, 1960 - books.google.fr). On a parlé de la durée de construction de Notre Dame de
Paris, de la guerre de Cent ans plus celle de Sept ans, de l'attente du Messie.
On peut alors rechercher d'autres périodes historiquement
attestées, mais toutes les conjectures se heurteront à cette évidence :
l'expression, populaire, ne semble pas remonter au-delĂ
du XXe siècle ! Il est donc plus vraisemblable que cent sept ne soit que fictif
et que la période très longue symbolisée par cent sept ans ne vaille que parce
qu'elle excède celle de la vie humaine. L'âge de cent ans est déjà une
exceptionnelle échéance. Sept, nombre fétiche, par ailleurs symbole par
ailleurs symbole biblique de totalité et d'achèvement (sept jours, sept cieux,
sept sceaux, sept trompettes, sept églises, sept péchés, sept fléaux, etc.)
aurait logiquement Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă cent pour exprimer une durĂ©e difficile Ă
dépasser, du moins à l'aune d'une existence Alcool de citron Le Cent-Sept-Ans figure dans de nombreux ouvrages, entre
autres dans un livre publié à la fin du Second Empire, le Traité de la
fabrication des liqueurs, par P. Duplais ainé (3e éd. par Duplais jeune, Paris, Gauthier- Villars, 1866-1867, 2 vol. in-8°), où l'on
trouve sept formules différentes (t. Ier, p. 271, 275, 279, 284, 364, 365,
367). Le cent-sept-ans est une liqueur composée d'alcoolat de citron, d'eau de
roses, d'alcool, de sucre et d'eau. Son nom lui venait sans doute de la
longévité que devaient atteindre ceux qui en faisaient usage cent-sept-ans, s.m. — 1830 — «
il (l'épicier) vend le cent-sept-ans au soldat ». Balzac, l'Epicier, 21, 270. —
1843 — « Une petite goutte réjouit Venez avec moi... justement l'voisin a un petit cent-sept-ans... une violette. » Dupeuty et Cormon, Les Cuisines
Parisiennes, I, XII Dans certaines provinces, on se transmet des vieilles
recettes régionales de vin cuit. Balzac nous fournit l'une d'elles : "Dans le Morvan, ce vin cuit... est un breuvage
assez cher qui joue un grand rĂ´le dans la vie des paysans et que savent faire,
plus ou moins admirablement, les Ă©piciers ou les limonadiers, lĂ oĂą il existe
des cafés. Cette liqueur, composée de vins choisis, de sucre, de cannelle et
autres épices, est préférée à tous les mélanges de l'eau-de-vie appelée
ratafia, cent sept ans, eau des braves, cassis, vespréto,
etc." (Balzac, Les paysans, 1845) La première liqueur à base d'alcool a, semble-t-il, été
inventée au XIVe siècle par Amault de Villeneuve
pionnier de la distillation dont nous avons déjà parlé. Elle devait par la
suite jouir d'un certain engouement sous le nom d'eau-de-vie de Dantzig. La
paternité de la fabrication actuelle des liqueurs paraît revenir aux Italiens.
Au XVIIe siècle apparurent en France le populo, et le Rossolis importés
d'outre-Alpes et composés, suivant la méthode moderne, d'eau-de-vie, de sucre
et d'essences de plantes. Sous Louis XV, commença la vogue de toute une catégorie
de liqueurs suaves, doucereuses, pommadeuses un peu
et tendres comme leur nom, crème des Barbades, baume
des Iles, huile de VĂ©nus ou Parfait amour, que les seigneurs tout Ă l'ambre de
l'ancien régime léguèrent aux guerriers du premier Empire et que, peu à peu,
les bourgeois de Louis-Philippe et leurs altesses Ă©lectorales les citoyens
souverains d'aujourd'hui remplacèrent par les amers, les bitters, le genièvre
et l'absinthe. Qui songerait désormais à acheter ou à vendre le vespetro, l'huile de roses, le
cent sept ans ou la crème de céleri dont Cagliostro avait inventé la recette ?
Qui connaît même de nom le Délice de Rachel, l'eau virginale ou de la Pucelle,
la crème de rubans secs, voire l'esprit de Chateaubriand? On sourit en lisant,
pieusement conservée pour l'histoire, dans les archives du distillateur érudit,
la formule d'un élixir de Raspail qui, en son temps, faisait fureur : « liqueur
hygiénique et de dessert » où l'aloès et le camphre jouaient un rôle décisif, —
le camphre, vers 1850, fut une panacée universelle. — Et que penser des
célèbres « liqueurs de la veuve Amphoux, » parmi
lesquelles figurait le baume humain, confectionné avec de la myrrhe, du beujoin en larmes, de l'eau de roses et un baume du Pérou ? On peut remonter encore jusqu'en 1822 dans une pièce de théâtre se déroulant dans une ville de garnison : "votr' ratafiat de cent sept ans" (Nicolas Brazier, Jean Toussaint Merle, Pierre-Frédéric-Adolphe Carmouche, Sans tambour ni trompette, comédie-vaudeville en un acte, 1822 - books.google.fr). Théophraste : 107
ans et citron Théophraste mourut accablé d'années et de fatigues, et il
cessa tout à la fois de travailler et de vivre. Toute la Grèce le pleura, et
tout le peuple athénien assista à ses funérailles. L'on raconte de lui que,
dans son extrême vieillesse, ne pouvant plus marcher à pied, il se faisoit porter en litière par la ville, où il étoit vu du peuple, à qui il étoit
si cher. L'on dit aussi que ses disciples, qui entouroient
son lit lorsqu'il mourut, lui ayant demandé s'il n'avoit
rien à leur recommander, il leur tint ce discours : « La vie nous séduit, elle
nous promet de grands plaisirs dans la possession de la gloire; mais Ă peine
commence-t-on à vivre, qu'il faut mourir. Il n'y a souvent rien de plus stérile
que l'amour de la réputation. Cependant, mes disciples, contentez-vous : si vous
négligez l'estime des hommes, vous vous épargnez à vous-mêmes de grands travaux
; s'ils ne rebutent point votre courage, il peut arriver que la gloire sera votre récompense. Souvenez-vous seulement qu'il y a
dans la vie beaucoup de choses inutiles, et qu'il y en a peu qui mènent à une
fin solide. Ce n'est point à moi à délibérer sur le parti que je dois prendre,
il n'est plus temps : pour vous, qui avez Ă me survivre, vous ne sauriez peser
trop mûrement ce que vous devez faire. » Et ce furent là ses dernières paroles.
Cicéron, dans le troisième livre des Tusculanes, dit
que Théophraste mourant se plaignit de la nature, de ce qu'elle avoit accordé aux cerfs et aux corneilles une vie si longue
et qui leur est si inutile, lorsqu'elle n'avoit donné
aux hommes qu'une vie très-courte, bien qu'il leur importe si fort de vivre
longtemps; que si l'âge des hommes eût pu s'étendre à un plus grand nombre
d'années, il seroit arrivé que leur vie auroit été cultivée par une doctrine universelle, et qu'il
n'y auroit eu dans le monde ni art ni science qui
n'eût atteint sa perfection. L'opinion commune a toujours été qu'il avoit poussé sa vie au-delà de cent ans; et Saint-Jérôme,
dans une lettre qu'il Ă©crit Ă NĂ©potien, assure qu'il
est mort à cent sept ans accomplis, frappé de la maladie dont il mourut,
regretta de sortir de la vie dans un temps oĂą il ne faisoit
que commencer à être sage On récolte à Soller dans les
îles Baléares une espèce de citron doux appelés
citrons de Saint-Jérôme; ils sont assez estimés. Ce fruit recouvert d'une
Ă©corce semblable Ă celle du citron ordinaire, est gros comme la tĂŞte d'un
enfant. Une chair blanche et d'une saveur agréable C'est Théophraste qui, le premier, nous fournit la
description du citronnier dans son Histoire des plantes. Si le citron Ă©tait connu
avant Théophraste, comme le suppose un peu gratuitement M. Kircher, dans son
excellente étude sur les écrits botaniques de Théophraste, il est certain
cependant que le philosophe d'ErĂ©sus est le premier Ă
en parler. C'est la description de Théophraste qui a été suivie, comme nous le
verrons bientôt, jusqu'au troisième siècle de notre ère. « L'Orient et le Sud,
dit-il, possèdent des animaux et des plantes qui leur sont propres; ainsi en
Médie et en Perse, il existe, entre autres, une pomme dite médique et persane.
L'arbre a des feuilles semblables et presque identiques à celles de l'adrachnée (espèce d'arbousier), des épines comme le poirier
sauvage ou comme l'oxyacanthe, mais lisses, très
pointues et fortes. On ne mange pas son fruit, dont l'arome
est pourtant excellent, tout comme celui de ses feuilles. Placé entre les
vêtements, il les préserve des vers. Pris comme breuvage, il est utile contre
le poison ; administrĂ© dans du vin, il fait Ă©vacuer le poison. Il sert aussi Ă
rendre l'haleine saine : si, après l'avoir fait bouillir, on en exprime le jus
dans la bouche et qu'on l'avale, l'haleine devient
excellente » Théophraste parle ensuite de la culture de cet arbre sans le
décrire d'une manière plus précise. Cette description si vague laisse supposer
que quelques fruits avaient été rapportés en Grèce par des soldats d'Alexandre,
mais que le citronnier y Ă©tait inconnu. Virgile ne fait que traduire
poétiquement la description de Théophraste, et indique assez clairement que, de
son temps, on ne mangeait pas le citron Ă Rome Theophraste, & Pline apres luy, escripuent,
que les solives & planchers des temples se faisoyent,
anciennement de bois de citron, à cause de la durée de l'estoffe
qui ne pourrit iamais. le
meuble de ce bois est extrêmement riche Théophraste est un philosophe de la Grèce antique né vers
-371 à Eresós (Lesbos) et mort vers -288 à Athènes.
Élève d’Aristote, il fut le premier scholarque du Lycée, de -322 à sa mort ;
botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste. La spécialité de
Théophraste était l’étude des sciences naturelles et plus particulièrement
celle des plantes, sujet de deux de ses ouvrages : Histoire des plantes et
Causes des plantes Citron médicinal I'obmets le Citron, qui en son ius est par le dedans caustique, aperitif
& refrigeratif, & en son Ă©corce chaud outremesure,
pour alleguer le rechigné & mal poli Saturne Les mesures que recommande André du Laurens, premier
médecin d'Henri IV, sont plus nombreuses, plus raffinées que celles de
Constantin l'Africain. Pour ce médecin qui soigne des nobles et des rois,
l'amélioration de l'air fait l'objet d'instructions délicates : le médecin se
fait parfumeur. Il ne suffit pas d'orienter la chambre vers le levant, il faut «
jeter dans la chambre force fleurs de roses, violes, nénuphars ». La fleur
d'oranger, les Ă©corces de citron, le storax viennent encore ajouter leurs
senteurs. On disposera des bassins remplis d'eau chaude, pour combattre la
sécheresse de l'air. Et comme l'air n'est pas seulement chargé d'odeurs, mais
encore parcouru d'images et de rayons lumineux, il faut prendre garde aux
couleurs parmi lesquelles le malade va se trouver En 1555, Nostradamus rédige, un ouvrage marquant sur la
confiserie : le Traité des fardements et confitures.
Nostradamus enseigne comment «confire petits limons et oranges tout entiers,
coings en quartiers avec le sucre pour faire du cotignac, du pignolat, du sucre
candi, des sirops, des poires confites et de la tarte de massapan» Le duc de Guise, un peu avant son assassinat à Blois en
1588, 7 ans avant 1595, demande des Ă©corces de citron pour se soulager de ses
émotions, se doutant du péril qu'il encourrait. Le Conseil estant assis sur les
huit heures, & disputant du fait que le sieur de Petremol
auoit proposé : le Duc de Guise sent d'estranges eslancemens en son ame, des esmotions
extraordinaires, son esprit estant le prophete du malheur qui le suiuoit,
il sentist sur ceste deffiance
vn affoiblissement de coeur, dit Ă l'Huissier du Conseil qu'il allast demander de l'escorce de
citron audit Sainct Prix, lequel lui enuoya quelques prunes de Brignoles, & raisins de Damas
dont il mangea, & mit le reste dans vn drageoir
d'argent qu'il portoit Citron entre Gaule
et Italie, et en Iraq L'opinion la mieux fondée est que le Bigaradier a été
inconnu aux anciens peuples dont il nous reste des traditions particulières, qu'il
est originaire des contrées de l'Inde situées au-delà du Gange, et que les
Arabes l'en rapportèrent vers le dixième siècle, et le répandirent dans tous
les pays oĂą ils avaient Ă©tabli leur empire. M. de Sacy,
dans les notes qu'il a ajoutées à sa traduction d'Abd-Allatif,
dit que le Citron rond, qui est notre Bigarade, a été apporté de l'Inde
postérieurement à l'an 300 de l'hégire; qu'il fut d'abord semé dans l'Oman, de
là porté à Basra ou Bassora, dans l'Irack-Arabi, et
qu'il devint trèscommun dans les maisons des habitans de Tharse et autres
villes de la Natolie, Ă Antioche, sur les cĂ´tes de la
Syrie, dans la Palestine et en Égypte. Aucun auteur n'a fixĂ© l'Ă©poque Ă
laquelle le Bigaradier commença à être cultivé sur les bords de la
Méditerranée; on trouve seulement, dans l'écrivain arabe Ebn-El-Awam, que cet arbre était cultivé à Séville vers la fin du douzième
siècle, et, dans Hugues Falcande et Nicolaüs Specialis, qu'il
embellissait les jardins de la Sicile en 1150; enfin, selon l'histoire du
Dauphiné, cet arbre était, en 1336, un objet d'agrément et de commerce pour la
ville de Nice Parmi les orangers, le bigarradier
ou oranger à fleurs, originaire de l'Inde, fut importé par les Croisés en
Italie, d'où il nous parvint et, dès 1332, Nice faisait déjà le commerce de ses
fruits et de ses fleurs, heureux prélude de l'industrie des parfums Les îles d'Hyères sont nommées Stoëchades
(ce qui signifie rangées en ligne) par le géographe grec Strabon. Ce n'est que
bien plus tard qu'elles furent appelées en français îles d'Orient, puis îles
d'Or sous la Renaissance en raison des oranges qu'elles produisaient (mala aurea) avant de prendre le
nom d'îles d'Hyères Menton, longtemps fief des Grimaldi, actuelle dernière
ville française avant la frontière italienne au sud-est du pays, était devenue
la capitale du citron dont la culture fut encouragée et développée à partir de
la Renaissance. C'est que depuis le XVe siècle les agrumes ont fait la richesse
du pays mentonnais et de la principauté de Monaco Les Stechades sont mentionnées
dans la Lettre Ă Henry. Mutations Pour un grand nombre d'auteurs antiques, il s'agit lĂ
bien plutĂ´t de deux conditions extrĂŞmes revenant selon le cycle de la Grande
année cosmique déterminée par le mouvement des astres ; sous forme radicale,
cela implique des destructions périodiques du monde par l'eau et par le feu. Sous
forme atténuée, c'est en gros la conception d'Aristote et de ses successeurs
(ainsi Albert le Grand au XIIIe siècle) où le déplacement des rivages est
lui-même induit par les changements de climats ; Albert de Saxe préfère
attribuer ces modifications des climats au déplacement de l'apogée solaire
plutôt qu'aux conjonctions planétaires selon Sénèque, ou qu'à la précession des
équinoxes. Quant à l'invasion de la mer sur le continent attestée par les
trouvailles de fossiles marins et d'agrès prétendus de navires loin dans les
terres, fallait-il y voir des inondations ou dĂ©luges mineurs, dus Ă
l'augmentation des pluies, ou encore Ă des mouvements du fond marin (Strabon) ?
Ou bien s'agissait-il d'un phénomène beaucoup plus vaste et global de
permutation lente des terres et des mers ? Pour Aristote le monde Ă©ternel
soumis à des lois d'évolution uniforme n'est que modulé par la Grande année ;
ce qui est mer peut devenir terre et vice versa, en fonction de la formation et
de la disparition des fleuves : car depuis HĂ©rodote chacun sait que le Nil (et
d'autres fleuves) a conquis son delta sur la mer. Strabon et Polybe affirment
expressément que des fosses marines profondes, telles le Pont (Mer Noire),
seront avec le temps entièrement comblées par les apports des fleuves
affluents, tandis que la mer gagnera insensiblement ailleurs ; au XIIe siècle de
notre ère, Averroès de Cordoue reprendra cette grande pensée dans ses
commentaires d'Aristote. Corrélativement, l'érosion doit forcément niveler les
continents, mais des textes grecs décisifs sur ce sujet n'ont pas été
conservés. Ovide du moins, en deux vers fameux, affirme cette toute-puissance
de l'érosion, si attentatoire au sens commun attaché à vénérer les montagnes
comme l'inébranlable siège des majestés divines. Il semble que Théophraste,
l'élève d'Aristote, enseignait et critiquait cette théorie. Pour construire leur Géologie, les Frères de la Pureté
paraissent avoir mis à contribution, d'une part, la théorie des philosophes que
combattait Théophraste et, d'autre part, l'enseignement de Straton de Lampsaque
Vers la fin du Xe siècle, une confrérie savante et
spiritualiste de Bassorah, les « Frères de Pureté et
de la Sincérité », a produit une œuvre à caractère encyclopédique dont la
partie consacrée aux mutations de la nature reprend les vues d'Aristote: Sache,
Ô ! mon frère, que ces endroits changent et se
transforment à travers les époques, les régions de montagnes devenant des
champs et des déserts, les champs devenant des mers [...] ; les mers devenant
des montagnes.... L'exposé s'appuie sur des observations naturalistes qui lui
donnent une vigueur particulière. On devine sans peine comment ces descriptions
ont pu être inspirées par les paysages de régions situées à l'extrémité nord
occidentale du golfe Persique : limites indécises et changeantes de la terre et
de la mer sur l'étendue du Chott-el-Arab proche de Bassorah, avec au NE les premiers reliefs escarpés des
montagnes du Zagros, et au Sud l'étendue infinie du désert d'Arabie. Les «Frères»
poursuivent : Nous voulons décrire partiellement comment se forment les
montagnes et les mers, comment l'argile malléable devient pierre, comment les
pierres se brisent et deviennent cailloux et sables, comment les Ă©coulements
fluviaux les transportent vers les mers par l'intermédiaire des rivières et des
fleuves, et comment, Ă partir de cela, se transforment l'argile et le sable en
roches et en montagnes, dans le fond des mers [...]. Les mers, Ă cause de la
force de leurs vagues, de l'intensité d'agitation et de son bouillonnement,
déposent ces sables, cette argile et ces cailloux dans son fond, couche sur
couche au cours du temps et à travers les époques.... On ne peut qu'apprécier
la qualité naturaliste de cette relation d'événements dans laquelle on
reconnaît l'enchaînement des phénomènes d'érosion, de transport, de
sédimentation, de formation des strates, de transformation des sédiments en
roches (processus de lithification ou de «
pétrification »), lesquelles seront à leur tour soumises à l'érosion, etc.. La
cause invoquée des permutations cycliques des terres et des mers paraîtra plus
discutable Alchimie Les livres alchimiques de Jâbir
reposent sur des observations expérimentales. En les lisant, malgré le voile
qui les couvre parfois, on se rend compte de la distance parcourue depuis les
écrits gréco-égyptiens. Il s’agit dorénavant d’une
science expérimentale fondée sur l’observation, dissociée complètement de la
magie avec laquelle elle forma un couple solide durant des siècles. [...] Jâbir semble être l’inventeur d’équipements de laboratoire
tels que l’alambic. Il mit au point le système de la balance, d’une nécessité
absolue pour le chercheur. Il découvrit l’acide chlorhydrique (à partir de
chlorure de sodium) et l’acide nitrique (à partir de salpêtre). «En mélangeant
les deux, il inventa l’eau régale, qui est l’un des seuls réactifs chimiques
qui permettent de dissoudre l’or». C’est également à Jâbir
qu’est attribuée la découverte de l’acide citrique (à partir de l’acidité du
citron), de l’acide acĂ©tique (Ă partir de vinaigre) et de l’acide tartrique (Ă
partir de résidus de vinification). [...] C’est principalement, l’école des Ikhwân as-Safa, des Frères de la
Pureté, adepte d’une doctrine d’obédience chiite ismaélienne, qui continuera
ensuite à produire des écrits en hermétisme durant la première moitié du Xeme siècle. L’encyclopédie des Frères de la Pureté est
constituée de cinquante-deux épîtres englobant des domaines divers tels que les
mathématiques, les sciences de la nature, les sciences psychologiques et rationnelles
ainsi que les sciences théologiques. Ce sont essentiellement les épîtres sur
les sciences de la nature qui renferment le point de vue des Frères de la
pureté sur l'alchimie qui es ici beaucoup plus
spirituelle que chimique. Le chercheur Yves Marquet, un ouvrage très documenté
(La philosophie des alchimistes et l’alchimie des philosophes, 1988), tente de
comparer les approches sur l'alchimie de Jâbir ibn Hayyân et des Frères de la Pureté. La majorité des
chercheurs conviennent que les Ikhwân et leurs Rasâ’il
appartiennent au mouvement ismaélien et ont été composées avant l'an 950
Une difficulté initiale naît du fait qu'aucune épître des
Ikhwân ne traite de l'alchimie, mais qu'il est
question de cette discipline dans celles qui sont relatives aux proportions
arithmétiques et géométriques, à la musique, aux minéraux, à la magie. Dans
l'analyse qu'il présente des autre épltres en
question, M. Marquet met naturellement l'accent sur les données alchimiques
qu'elles contiennent, mais il doit se montrer prudent, car les Ikhwân, à la manière de Jâbir,
précisent qu'ils n'ont pas exposé la magie et notamment l'alchimie, de façon
claire, de peur que les Ă©pltres ne tombent entre les
mains des méchants. De toute façon, ajoute-t-il, « l'analogie entre le
système alchimique jâbirien et celui des Ikhwân ne saute pas aux yeux ». Cependant, une
similitude assez frappante apparaît par exemple dans la tentative des seconds
visant à ramener â une formule simple tout le mystère de la création par
l'adoption d'un principe fondamental de la science de Jâbir,
celui de la Balance, qui parait tout de même beaucoup moins nuancé chez eux,
car il ne concerne, outre la Balance du Jugement dernier, que les poids et
mesures employés pour les choses matérielles et les critères utilisés par la
langue et par la conscience. Étant donné qu'Yves Marquet a consacré jadis sa
thèse à la philosophie des Ikhwân, il ne s'étend pas
sur ce sujet, mais analyse plus longuement les idées philosophiques de Jâbir. Cette partie est suivie d'une étude éclairante de l'Ismâ'îlisme de ce dernier qui est très obscur et difficile
â dégager. En conclusion, il relève, outre la proximité des deux corpus dans le
temps, la similitude que présentent la langue et les problèmes posés, même si
les solutions proposées diffèrent, d'autant que si, chez Jâbir,
l'essentiel est l'alchimie, la philosophie Ă©tant pour lui secondaire, c'est le
contraire qui est vrai pour les Ikhwân. Enfin, il
émet prudemment une hypothèse sur la collaboration possible de certains auteurs
aux deux littératures (Charles Pellat) On sait que dans la littérature alchimique, la
pseudépigraphie est un phénomène fréquent. Dans le corpus, nous pouvons trouver
mentionnés comme auteurs alchimiques Platon, Aristote, Démocrite, Théophraste.
Mais Olympiodore et Stéphanus,
comme le remarque Westerink, constituent du point de
vue chronologique, des cas-limites entre ces attributions manifestement fausses
et les attributions authentiques à des personnages connus, comme Psellos Théophraste, élève d'Aristote (371-286 avant notre ère)
dressa les premières listes des minéraux connus et tenta de les classer. On
peut l'appeler à juste titre le fondateur de la minéralogie et fie la botanique
Ce n'est que très progressivement que le terme ("metallon", sans perdre son sens primitif de « mine »,
a pris celui de « métal » : car « la spécialisation de "metallon" au sens de « métal » n'apparaît avec toute
la clarté désirable que dans la langue tardive d'un petit nombre de traités
spéciaux, tels que les textes astrologiques. Au terme de son évolution en grec
ancien, ce mot sert à désigner globalement sept corps qui sont l'or, l'argent,
le cuivre, le plomb, le fer, l'Ă©tain, ainsi que tantĂ´t l'Ă©lectrum tantĂ´t le
verre. Quant au mot latin metallum, Ă l'exception
d'un certain nombre de textes tardifs, il n'a jamais été vraiment spécialisé
pour désigner les métaux, car, jusqu'à la fin de l'Antiquité, il a aussi été appliqué
à des substances non métalliques. [...] Le Traité des Métaux de Théophraste est
perdu Le problème majeur de l'alchimie arabo-latine sera sa
compatibilité avec le nouvel Aristote. À la fin du livre III des
Météorologiques, Aristote promettait un exposé détaillé sur les métaux et les
minéraux non métalliques. Ce plan n'est pas réalisé dans l'actuel livre IV,
traité primitivement indépendant joint aux Météorologiques par la tradition
grecque. Les écrits de Théophraste, qui comblent la lacune, sont restés
inconnus des Latins du Moyen Ă‚ge Paracelse est un surnom dont on ignore le sens exact ; le
nom complet de celui qui le portait semble être Auréole Philippe Théophraste Bombast ab Hohenheim. Encore de
tous ces noms, seul Théophraste est-il réellement assuré ! Sa date de naissance
n'est guère mieux connue et varie entre le 10 novembre 1493 et le 1er mai 1494
à Einsiedeln  mort en 1543 Saturne, siècle et
Théophraste S. Jérôme, liv. II contre Jovinien,
c. 9 (al. 2) : « Dicéarque, dans ses livres
d'antiquités et dans sa description de la Grèce, rapporte que, sous Saturne,
c'est-à -dire au siècle d'or, quand la terre produisait tout d'elle-même,
personne ne mangeait de viande, mais que tout le monde vivait des légumes et
des fruits que la terre sans besoin de culture faisait sortir de son sein.
Xénophon, dans ces huit volumes où il déroule la vie de Cyrus, roi des Perses,
assure que ce peuple ne vivait que de farine d'orge, de cresson, de sel et de
pain grossier. Le même Xénophon, Théophraste et presque tous les historiens de
la Grèce nous vantent la modeste table et la frugalité des Lacédémoniens Une bonne partie du deuxième livre du traité de Porphyre
est consacrée à une critique des sacrifices d'animaux empruntée pour une large
part à Théophraste. Elle est elle aussi centrée sur les dangers qu'ils
représentent pour celui qui mangerait la chair des victimes. Leur consommation
pourrait introduire en eux des âmes étrangères et troubler leur accès au Dieu
suprême. [...] Les Frères de la Pureté seraient les premiers, ailleurs qu'en
Extrême-Orient, à poser le problème de la légitimité de la domination de
l'homme sur les animaux. Le débat à ce propos occupe le plus clair d'une de
leurs« épîtres » qu'on a pu appeler l'Épître des animaux Rabelais cite Théophraste six fois, à propos d'histoire
naturelle. Son Historia plantarum était le traité de
botanique ancien le plus lu, après Pline. Il était généralement publié à la
suite des Ĺ“uvres d'Aristote. Il figure, par exemple, dans l'Ă©dition Aldine de
1504 d'Aristote, traduite par Th. Gaza Dans Le tiers livre (1546), Panurge fait l'éloge de la braguette, pièce principale de l'armure qui protège les organes sexuels à la manière d'une coque de noix, d'une peau de citron, d'une cosse de châtaigne, d'une gousse d'ail. Le fruit implique une éthique du manger, une subtile sociabilité de la table, une sympathie commensale fondée non pas sur la férocité des dents qui broient mais sur le son délicat du nectar pulpeux des fruits coulant le long des lèvres et des doigts, des langues et des gorges (Franck Évrard, De la fellation dans la littérature: de quelques variations autour de la fellation dans la littérature française, 2001 - books.google.fr). L'exemple y est manifeste en pois, febves,
faséols, noix, alberges, coton, colocynthes,
bled, pavot, citrons, chastaignes, toutes plantes
généralement, esquelles voyons apertement le germe et
la semence plus estre couverte, munie, et armée qu'autre
partie d'icelles. Ainsi ne pourvut nature à la perpétuité de l'humain genre.
Ainsi créa l'homme nud, tendre, fragile, sans armes
ne offensives, ne deffensives, en estât
d'innocence et premier âge d'or : comme animant, non plante : comme animant, di-je, né à paix, non à guerre; animant né à jouissance
mirifique de touts fruicts et
plantes végétables; animant né à domination pacifique
sus toutes bestes. Advenent
la multiplication de malice entre les humains en succession de l'âge de fer et
règne de Jupiter, la terre commencea produire orties,
chardons, espines, et telle aultre
manière de rébellion contre l'homme entre les végétables
(Pantagruel, Livre III, Chapitre VIII) Pour certains, l'âge d'or a pris fin avec l'âge de fer,
c'est-Ă -dire avec l'invention des armes (voir Romard,
Meslanges de 1554, « Les Armes à J. Brinon ») Au chapitre XXVII de ce même livre, on y trouve Théophraste : Ne me allegues point l'Indian, tant celebré par Theophraste, Pline, et Atheneus, lequel, avecques l'ayde de certaine herbe, le fesoyt en ung jour soixante et dix foys, et plus. Je n'en croy rien. Le nombre est supposé. Je te prie ne le croyre. Je te prie croyre (et ne croyras chose que ne soyt vraye) mon naturel, le sacre Ithyphalle, messer Cotal d'Albingue estre le prime del monde. Escoute ça, couillette. Veidz tu oncques le froc du moyne de Castres ? Quand on le posoyt en quelque maison, feust a descouvert, feust a cachettes, soubdain, par sa vertus horrificque, tous les manans et habitans du lieu entroyent en ruyt, bestes et gens, hommes et femmes, jusques aux ratz et aux chatz. Je te jure qu'en ma braguette j'ay aultresfoys congneu certaine energie encores plus anomale (Oeuvres de Rabelais, Tome 1, Dalibon, 1823 - books.google.fr). Etrog La communauté juive utilise le cédrat, sorte de gros citron, lors de la fête de Souccot (fête des Tabernacles, fête des Cabanes, fête des Tentes). C'est la fête de la moisson. On se présente dans une procession joyeuse avec un bouquet des quatre espèces, constitué d'une branche de palmier — le loulav —, de trois rameaux de myrte, de deux branches de saule elle, et il en mangea. » et d'un fruit le cédrat ou étrog. Par extension, on appelle ce bouquet le loulav. L'etrog est identifié par la tradition rabbinique au fruit que la Bible appelle « etz hadar » : «fruit de l'arbre hadar ». « Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez pas et vous n'y toucherez pas, sinon vous mourrez. » (Genèse 3, 3) (Jean Paquereau, Au jardin des plantes de la Bible: botanique, symboles et usages, 2016 - books.google.fr). Il est à remarquer que si rien ne distingue le cédrat des autres xenia dans la plupart des tapis africains, dans une maison de Nabeul, la Nymfarum domus, il est particulièrement mis en valeur, isolé, sur un seuil. Il est représenté là à côté d'un instrument dont ne subsiste que le manche et qui peut être une serpe ou un couteau. Or, ce même accessoire est répété sur quelques-uns des pavements tardifs cités ci-dessus : au VIe siècle, au Mont Nebo, et aussi au VIIIe siècle, à Khirbat al Mafjar et au palais Hisham. Cette association s'explique peut-être par référence à la représentation - et à la sémantique - du cédrat dans un contexte différent, quoique non complètement étranger au précédent, celui de la pratique religieuse hébraïque, où ce fruit (portant le nom d'ethrog) joue un rôle cultuel important, et se trouve souvent reproduit, sur un grand nombre de supports. Les images qui le concernent évoquent la fête des Tabernacles, ou des Cabanes (Sukkot), qui coïncide avec le commencement des récoltes d'automne, l'ethrog y apparaît à côté d'un couteau, parmi les objets qui accompagnent le chandelier à sept branches (la Menorah), dont la palme (lulab), la corne de bélier (chofar) et la cuiller à encens (Catherine Balmelle, Recherches franco-tunisiennes sur la mosaïque de l'Afrique antique, 1990 - books.google.fr). L'étrog figure avec le lulab sur les fresques de la synagogue de Duro-Europos ; ce sont les symboles cultuels de la fête des Tabernacles (J. DANIELOU, Les symboles chrétiens primitifs, Paris, 1961, p. 15). Dans le symbolisme juif ou judéo-chrétien, l'étrog serait en relation avec le fruit de l'Arbre de vie, gage d'immortalité. Or, dans l'Islam, Fâtima est née du fruit du Paradis que l'Ange donna à goûter au Prophète au cours de son ascension céleste. Le Bahir en présentant l'étrog au milieu des neuf palmiers ferait donc bien intervenir le principe féminin. Fâtima sera le Paradis comme Secret, comme source de toutes révélations, archétype de la Vierge Mère engendrant en l'homme sa propre divinité comme elle a été sur terre la mère des deux Imâms enfants. C'est un aspect de la continuité entre le judaïsme et la gnose ismaélienne, en particulier (Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du graal, Champion, 1979, p. 89). Que sa légende ait ou non atteint le mythe que les chiites ont créé ultérieurement, il reste que Fatima est à leurs yeux leur patronne naturelle, à la fois mère de leurs deux imams, Hassan et Hussayn, et épouse d'Ali. Le prestige de Fatima est immense. C'est en son nom, par exemple, que s'est fondée la dynastie des Fatimides du Caire, laquelle se réclame directement d'Ali et de sa femme, un couple, dit la légende, prompte à broder, qui se serait formé sur l'injonction directe de l'archange Gabriel. Mais outre les chiites duodécimains, Fatima est vénérée aussi par les ismaéliens et, plus largement, par tous les musulmans, à quelque doctrine qu'ils appartiennent. Un tel personnage est donc exceptionnel. Figure de proue au sens plein du terme, Fatima a un statut proche de celui de «prophétesse», sans toutefois l'atteindre puisque l'islam ne connaît qu'un seul prophète, en la personne de Mohammed (Malek Chebel, Les grandes figures de l'islam, 2015 - books.google.fr). Acrostiche : CD PG CD : Civitas Dei (Cité de Dieu) d'Augustin (?) PG : primigenia (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli - www.arretetonchar.fr). Sur la fortune. Les exemplaires latins portent qu'à la naissance d'un fils de Zelfa (Zilpa), Lia dit : «Je suis devenue heureuse ou bienheureuse» ; le grec porte : "eutuchè", ce qui marque de préférence la bonne fortune. Des lecteurs inintelligents concluent de là que cet homme adorait fortune ou que l'autorité des divines Écritures a consacré ce mot. Mais de deux choses, l'une : ou la fortune sans être pourtant régardée comme une divinité, doit être prise pour ce qui semble arriver par hasard, tandis que tout ce qui paraît l'effet du hasard est soumis par Dieu à des causes cachées; de là ces expressions que personne ne peut retirer du langage, par exemple : peut-être, par hasard, par accident, fortuitement. C'est ainsi encore que dans le grec on dit "tacha", peut-être, comme on dit "tuchè" : hasard ; ou bien Lia s'est exprimée ainsi, parce qu'elle avait conservé cette habitude des païens (Questions sur l'Heptateuque, Genèse) (Oeuvres complètes de Saint Augustin, Tome 4, 1866 - books.google.fr). Ce passage provient de Genèse XXX, 11 qui se poursuit par l'épisode des mandragores à l'origine de la naissance par Lia et Jacob d'Issacar. Le terme hébreu qui est traduit dans la Vulgate par mandragoræ, n'est pas entendu de la même manière par tous les commentateurs. L'autorité des Septante, du chaldeen, et de plusieurs savants commentateurs qui l'ont entendu des mandragores, n'a pas empêché les nouveaux interprètes d'y chercher d'autres significations. Bochart, D. Calmet croient que tous les caractères que l'Ecriture donne au fruit dont il s'agit ici, peuvent convenir plus particulièrement au citron (Richard Auguste Henrion, Histoire ecclésiastique depuis la création jusqu'au pontificat de Pie IX, Migne, Tome 2, 1858 - books.google.fr). Le temple de la Fortuna Primigenia était très ancien ; on en attribuait la construction à Servius Tullius, et Plutarque connaissait encore son existence ; même si la mention de cet édifice dans son traité De Fortuna Romanorum ne garantit pas qu'il ait survécu à l'incendie de 80, car l'écrivain grec peut utiliser ici des fiches tirées d'auteurs très antérieurs à la date à laquelle il rédigeait, sa présence à une époque tardive paraît assurée par une notation d'Augustin qui écrit, dans La Cité de Dieu : Quid de ipso love senserunt, qui eius nutricem in Capitolio posuerunt ? Or on sait que la Fortuna Primigenia passait pour avoir été la nourrice de Jupiter, et son culte s'assimilait depuis longtemps à celui des matres de Préneste, dont l'une porte sur ses genoux deux enfants, identifiés traditionnellement à Jupioter et à Junon. En fait le temple de cette divinité, à laquelle Vespasien portait une dévotion particulière, dut être, après l'incendie de 69, reconstruit par cet empereur, qui l'annexa sans doute, plus ou moins ouvertement, comme tant d'autres sanctuaires de la Fortune, au culte de son propre Genius (Pierre Gros, Aurea templa: recherches sur l'architecture religieuse de Rome à l'époque d'Auguste, 1976 - books.google.fr). En Palestine les plus anciens monuments funéraires sont ceux de Marisa qui peuvent remonter à l'époque macchabéenne. Mais les plus importants sont ceux de Sheik Ibreiq (Beth She'arim, Sud Galilée), qui datent du IIe siècle de notre ère. Ils présentent ce mélange de symboles juifs (chandelier à sept branches (menorah), lubab et etrog, armoire de la Torah) et de symboles païens (dauphins, psychés) qui se retrouveront partout dans l'art juif de l'époque. La présence de croix sur des Ossuaires certainement juifs amène Goodenough à discuter la thèse de Dinkler sur la croix comme représentant le tav, le signe de Iahweh. A côté des tombeaux, la Palestine nous a laissé les restes de quelques synagogues, celles de Capharnaüm, de Chorazin et surtout de Beth Alpha. A la suite de Sukenik, Goodenough montre l'évolution depuis le type galiléen ancien, où le coffret de la Torah est mobile et caché par un paravent, jusqu'au type plus récent, où la Torah est placée dans une niche creusée dans le mur tourné vers Jérusalem. Il pose la question de l'influence que les synagogues ont pu exercer sur la construction des églises chrétiennes. Il souligne que la synagogue est considérée comme un lieu saint ("topos") où demeure la shekina. La synagogue de Beth Alpha, qui est du VIe siècle, présente des mosaïques remarquables : le sacrifice d'Isaac, Hélios et son quadrige avec les douze signes du zodiaque et les quatre saisons, le tabernacle de la Torah avec les rideaux soulevés. Le tome II étudie les monuments de la Diaspora. Les plus célèbres sont ceux des environs de Rome. Dans les catacombes de Monteverde (découverte en 1602 par Antonio Bosio) nous rencontrons des thèmes juifs caractéristiques : menorah, Torah, sophar (trompe), etrog, lulab. Celles de la Vigne Randanini (découvertes en 1859) présentent au contraire presque exclusivement des thèmes païens. Les plafonds des chambres nous montrent le ciel sous forme de deux cercles concentriques : le cercle central contient des figures païennes, Fortune ou Victoire (Recherches de science religieuse, Volume 45, 1957 - books.google.fr). Bien que le mot Hermaphrodite apparaisse pour la première fois dans ses Caractères 16, Théophraste fait allusion à un culte établi, connu ; il n'est donc pas l'auteur de ce titre composite : Hermes-Aphrodite, sous l'aspect dont Aphrodite était honoré à Chypre. Il s'agit d'un culte domestique, à l'intérieur des maisons : il est question de plusieurs Hermaphrodites pour une même maison (Jean Halley des Fontaines, La notion d'androgynie dans quelques mythes et quelques rites, 1938 - books.google.fr). L’histoire de la transformation en homme de Christine, narratrice et héroïne du Livre de la Mutation de fortune, écrit par Christine de Pizan (1365-1405), saisit les commentateurs les plus prudents, qui connaissent la distance qui sépare le «je» d’auteur des écrivains médiévaux des discours autobiographiques et savent ce que ce récit doit aux motifs des poèmes allégoriques, utilisés à l’envi par des auteurs qui ne s’assignent pas pour tache de construire une oeuvre originale, mais de reproduire des modèles. L’oeuvre du seul écrivain médiéval profane dont on soit sûr qu’il est une femme, qui, dans La cité des dames, prit la défense des femmes contre les discours misogynes, trouverait sa vérité dans l’aliénation, signée par cette métamorphose. Mais ils négligent ce que changer de sexe veut dire pour la génération des clercs-écrivains dont fait partie Christine, pour Guillaume de Machaut ou Eustache Deschamps. Ils oublient que le discours sur l’inversion et la métamorphose sexuelles a partie liée avec la question de la création, de l’écriture (Anne Depaigne, «mutation», Vacarme 4-5, 1997 - www.cairn.info). Dans le paragraphe 117-139 du Bahir (livre de mystique juive du XIIe siècle) on peut lire : «Un roi a planté dans son jardin neuf palmiers». Mais s'ils sont «tous de la même espèce, ils ne peuvent pas subsister. Que fit-il ? Il planta parmi eux un étrog». L'étrog est un symbole féminin, qui, comme nous l'avons vu, symbolise avec la Schékina, c'est-à -dire avec la dixième séfira. Mais comment comprendre : «s'ils sont tous de la même espèce», qu'ils ne peuvent subsister ? Si le palmier est dioique il n'a aucun besoin d'un étrog - féminin - pour subsister. Il faut sans doute entendre : "118 sont tous de la même espèce", comme signifiant ils sont tous mâles, car en ce cas évidement, ils ne peuvent se reproduire (Paulette Duval, La pensée alchimique et le Conte du Graal, 1979 - books.google.fr). Typologie Le comté de Nice devint le département des
Alpes-Maritimes. Ce pays avait fait partie de l'ancienne Gaule et l'on voit
encore dans la montagne, au-dessus de Menton et de Monaco, dans un lieu appelé
la Turbia, un monument romain qui marquait la limite
entre la Gaule et l'Italie. Nice avait été ensuite, au moyen âge, un fief du
comté de Provence, puis était tombé, par héritage, dans la maison de Savoie;
mais la population, en grande majorité, est provençale et non italienne, et les villes parlent français. La
France avait ainsi atteint, par l'accession volontaire des populations, cette
frontière naturelle des Alpes qui la sépare de l'Italie Quant aux Grimaldi, ils étaient liés aux intérêts
espagnols par des traités constamment renouvelés depuis 1529, La citadelle de
Monaco dressée sur son éperon rocheux était réputée imprenable. Les navires
pouvaient se réfugier dans son port protégés des tempêtes et défendus par ses canons.
Une garnison de soldats espagnols occupait la place ; elle comptait
habituellement environ deux cents hommes, mais pouvait monter jusqu'Ă huit
cents en cas de danger. Cette situation favorable attirait les convoitises des
princes voisins, le duc de Piémont et le roi de France. Plusieurs fois des
coups de force français ou piémontais tentèrent de s'emparer du rocher. Des
raids venus de Provence avaient essayé vainement de prendre la place par
escalade en 1582 et 1596. En novembre 1604, une grave crise de succession
suscita de nouvelles entreprises de conquĂŞte. Victime vraisemblablement d'une
conjuration ourdie par le duc de Piémont-Savoie, Hercule Ier Grimaldi fut
assassiné le 21 novembre. L'Etat de Monaco ne fut sauvé que par la présence
fortuite et bienvenue de galères génoises, par la loyauté des magistrats
municipaux qui affirmèrent le maintien des droits du jeune Honoré II et par la
prompte arrivée de renforts espagnols envoyés depuis la place de Finale. Les
Français qui avaient voulu eux aussi profiter des circonstances en galères de
Marseille et quelques tartanes d'Antibes durent se retirer le 30 novembre
devant la résolution des troupes des "communes", environ huit cents
paysans et citadins en armes des milices de Roquebrune et Menton. Monaco Ă©tait
effectivement inexpugnable. Si les Français rĂ©ussirent Ă mettre un terme Ă
l'hégémonie espagnole en 1641, ce fut au terme d'une longue intrigue du prince
Honoré II. Décidé depuis 1635 à renverser son alliance, il attendit une
réduction momentanée de la garnison pour faire entrer sous des prétextes divers
des gardes et des miliciens. La nuit du 17 novembre, ils investirent par
surprise les trois corps de garde et purent presque sans coup férir faire
prisonniers tous les soldats espagnols Le frère de Charles II, Hercule Ier, devenu prince en
1589, Ă©pousa, en 1595, Marie, fille du prince de Valdetare
et de Jeanne d'Aragon, et prit part au traité de Vervins, en 1598. Jalouse de
s'emparer de Monaco, dont elle voulait faire le poste avancé de la Provence, la
France tenta encore de surprendre cette place, en 1596. Cinq tartanes, portant
quatre cents hommes, envoyés de Toulon par le duc de Guise, débarquèrent au
port Mala, le 27 octobre. Les Provençaux comptaient
sur quelques secrètes intelligences qu'ils entretenaient avec un certain
capitaine Arnaldi, de Monaco, Ă qui le Duc avait
promis cinquante mille livres s'il lui livrait la ville. Mais le succès ne
répondit pas à leurs espérances. La garnison et les habitants contraignirent
les assaillants à une retraite précipitée. La trahison ayant été découverte, Arnaldi, qui avait une fille à la cour de Guise, fut
condamné à mort. Guise usa de représailles, et fit saccager Roquebrune. Un
traité mit fin à cette guerre riveraine. En 1602, la question des limites est
remise sur le tapis. Les arbitres et les consuls des deux parties semblaient
l'avoir tranchée pour toujours ; mais elle reparut encore en 1667 et 1703; elle
ne fut définitivement réglée qu'en 1760 Pendant la guerre de la coalition d'Augsbourg, qui
s'était terminée en 1697 par le traité de Ryswick, une entente avait été
réalisée pour reconnaître la neutralité de la Principauté ; dès octobre 1703,
la France fit savoir que le roi avait l'intention de respecter Ă nouveau la
neutralité du prince à condition que la Savoie fît de même. Malgré sa
neutralité, Antoine Ier témoigna du plus grand dévouement à la cause de la
France : il organisa un service de renseignements en Italie, avec des
correspondants à Gênes, à Milan, à Turin, et des messagers occasionnels envoyés
dans le voisinage des troupes du duc de Savoie ; il put ainsi fournir
journellement des indications opportunes, et il servit Ă©galement d'agent de
liaison entre la cour de Versailles et les généraux français tant que ceux-ci
opérèrent dans le Piémont. Lorsque la guerre prit fin en 1713, Antoine Ier
faillit payer cher sa fidélité à la France. Le duc de Savoie, ne pardonnant pas
à son voisin son action pendant la lutte, demanda, au cours des négociations du
traité d'Utrecht, la cession de Monaco, la France étant chargée d'indemniser le
prince. Mais les plénipotentiaires français rétorquèrent que Louis XIV ne
pouvait disposer de ce qui n'Ă©tait pas Ă lui, et le duc de Savoie, satisfait en
ce qui concerne d'autres de ses revendications et notamment nanti de la Sicile,
n'insista pas au sujet de Monaco. Ayant abandonné ses prétentions sur Monaco, Victor-Amédée
II obtint de faire obtint de faire prendre en considération ses revendications
relatives à sa suzeraineté sur Menton et Roquebrune. Depuis Lucien,
c'est-à -dire depuis deux siècles, les Grimaldi avaient réussi à éluder tout
acte de vassalité au sujet de ces deux fiefs. Dans le traité d'Utrecht, du 11
avril 1713, le duc fit insérer un article 9, qui déclarait : « Son Altesse
Royale de Savoie ayant demandé que le Prince de Monaco reconnaisse tenir de son
domaine direct Menton et Roquebrune et qu'il en prenne les investitures d'Elle,
de la manière que Son Altesse Royale prétend que l'ont fait les prédécesseurs
de ce Prince, il a Ă©tĂ© convenu que l'on se rapportera respectivement Ă
l'arbitrage de Leurs Majestés Très Chrétienne et Britannique, qu'Elles
donneront six mois après la signature du présent traité. » Le roi de France et
la reine d'Angleterre nommèrent deux commissaires pour examiner les raisons
invoquées par chacune des parties. La sentence, rendue le 21 juin 1714, fut en
faveur de Victor-Amédée II : « Le prince de Monaco est tenu de reconnaître le
domaine direct du roi de Sicile comme duc de Savoie, sur les onze parts de
douze de Menton et sur la totalité de Roquebrune, d'en prendre de lui les
investitures et de lui en rendre la foi et hommage en la forme que ses
prédécesseurs fait en l'année 1448 et autres années jusques et compris 1506. » La cérémonie de l'hommage eut lieu en août 1716 |