Epilepsie de Louis XIII

Epilepsie de Louis XIII

Richelieu entre Conseil du roi

 

I, 88

 

1622

 

Le divin mal surprendra le grand Prince,

Un peu devant aura femme espousée :

Son appuy et crédit à un coup deviendra mince

Conseil mourra pour la teste rasée.

 

Epilepsie

 

On reconnaît parfois chez Louis XIII des signes d’épilepsie (« le divin mal Â») dans son impulsivité, son bégaiement[1].

 

Plusieurs fois Héroard mentionne chez Louis XIII des vertiges à forme syncopale, qui apparurent dès la troisième année. Il décrit une crise convulsive, qui a tous les caractères d'une crise épileptique. D'autres faits corroborent ce diagnostic : fréquence des cauchemars et des terreurs nocturnes, variations de l'humeur, alternance de colères excessives et de périodes d'abattement, bredouillement inconstant, caractère instable, irritable, tel que M. Battifol l'a jugé véritablement «pathologique». M. Trénel fait d'ailleurs remarquer que Louis XIII descendait des Habsbourg et que l'épilepsie fut fréquente dans cette famille (Dr Trenel, L'Èpilepsie de Louis XIII : crise convulsive, petit mal de forme syncopale, caractère épileptique, hérédité familiale similaire, Aesculape, 1928) (La Presse médicale, Volume 36, Partie 2, 1928 - books.google.fr).

 

Marie a dû reconnaître à mots couverts, mais personne n'est dupe, qu'Henri IV avait peut-être été assassiné avec sa complicité au moins passive. Louis XIII s'enfonce dans un mutisme alimenté par l'incompréhension qui s'installe entre lui et sa mère. Son mal-être augmente à la suite du mariage qu'il a dû contracter et qui suscite en lui une double répugnance : répugnance envers le beau sexe, ce que l'adolescent royal, oint du Seigneur, élevé dans les principes du catholicisme confortés par le rigorisme moral de son médecin Héroard, ancien calviniste, ne peut certainement s'avouer, ni même concevoir; répugnance culturelle due au dressage antiespagnol qu'on lui a fait subir durant son enfance. Comment s'étonner que, pratiquement dès le départ, la mésentente s'installe entre les époux, Anne et Louis ? Ajoutons la difficulté à se séparer de sa sÅ“ur Élisabeth. En novembre 1616, Louis XIII est victime d'une spectaculaire crise d'épilepsie : nous dirions aujourd'hui qu'il extériorise des tensions psychiques accumulées depuis sa majorité, qui correspond aussi au moment où il est entré en puberté (Jean-François Dubost, Marie de Médicis: la reine dévoilée, 2009 - books.google.fr).

 

C'était la première fois, en tout cas, qu'il avait un accès ressemblant à une crise d'épilepsie (Jean-Christian Petitfils, Louis XIII, Tome 1, 2014 - books.google.fr).

 

"un peu devant" : mariage

 

Il épouse Anne d’Autriche en 1615 dont il n’aura d’enfants qu’à partir de 1638 avec le futur Louis XIV et le duc d’Orléans.

 

La Cour espagnole prend l'initiative de proposer le double mariage franco-espagnol. Henri IV, considérant les Habsbourg comme les ennemis héréditaires du royaume de France, tergiverse et songe plutôt à marier son héritier à Nicole de Lorraine, héritière des duchés de Lorraine et de Bar, ce qui donnerait naturellement pour frontières à la France le massif vosgien (sans parler de la riche production de sel). Mais à sa mort, sa veuve, Marie de Médicis, soutenue par le parti dévot, assume un retournement de politique, faisant de l'alliance espagnole un gage de paix entre les deux grandes puissances catholiques. De son côté Philippe III espère que la présence de sa fille à la Cour de France peut constituer un atout pour soutenir les intérêts de l'Espagne et donne à sa fille des instructions secrètes.

 

Fiancée à l'âge de dix ans, Anne épouse par procuration, le 18 octobre 1615 à Burgos, Louis XIII, roi de France et de Navarre; lors de cette cérémonie, Louis XIII est représenté par le duc de Lerme. Le même jour, à Bordeaux, Élisabeth, sœur de Louis XIII, épouse par procuration l'infant Philippe, représenté par le duc de Guise. Les princesses ont ensuite été «échangées» à côté de l'île des Faisans, située sur la Bidassoa, près d'Hendaye. Le mariage en France d'Anne d'Autriche et Louis XIII est célébré à Bordeaux le 21 novembre suivant (fr.wikipedia.org - Anne d'Autriche (1601-1666)).

 

"teste rasée" : Richelieu tonsuré

 

C’est en 1624 que Marie de Médicis, sa mère, fait entrer au Conseil du roi Armand du Plessis de Richelieu (« teste rasée Â» : les ecclésiastiques étaient tonsurés), directeur de sa maison. Il en deviendra le chef trois mois plus tard et fera alors arrêter son prédécesseur La Vieuville. Celui-ci s’évadera en 1625, intriguera contre le premier ministre et sera condamné à mort par contumace en 1632. Il rentre en grâce à la mort du Cardinal. Richelieu restera le principal ministre du roi jusqu’à sa mort en 1642.

 

Armand dut remplacer son frère Alphonse retiré dans une cellule de Chartreux. Ainsi était la famille noble; l'obéissance absolue aux lois de la hiérarchie : chaque rang était rempli; Armand cavalier accompli eût préféré la profession des armes, les aventures d'épées; il dut renoncer à la vie du monde, au retentissement glorieux de la guerre. Armand du Plessis Richelieu d'une figure distinguée, éclairée par des yeux admirables et d'un charme parfait, dut abdiquer tous les rêves de jeunesse et de sentiments mondains pour de nouveaux devoirs; il coupa lui-même ses longs cheveux bouclés et se laissa couronner de la tonsure. Entré au séminaire de Saint-Sulpice, il se livra avec ardeur à l'étude de la philosophie et de la théologie; sa mère obtint pour lui l'évêché de Luçon, naguère destiné à son frère Alphonse (Jean Baptiste Honoré Raymond Capefigue, Les Cardinaux-Ministres. Le Cardinal Richelieu, 1865 - books.google.fr).

 

Evêque de Luçon en 1606 à 22 ans, orateur du Clergé aux Etats généraux de 1614 qui le firent remarquer, secrétaire d’Etat de Concini en 1616, il réconcilie Louis XIII avec Marie de Médicis et devient cardinal en 1622. Sa rapide carrière est due à son ambition et à la « supériorité de son esprit Â» et sa « volonté inflexible Â»[2].

 

 

"Conseil mourra" : Sillery

 

Proche de Marie de Médicis, et partageant avec elle l'opinion de la nécessité d'un rapprochement avec l'Espagne, il essaye d'en convaincre le roi Henri IV, mais en vain. En 1610, juste après l'assassinat par Ravaillac, il fait déclarer régente Marie de Médicis, et écarte le prince du sang Henri II de Bourbon-Condé. Cependant, il entre en conflit avec Concino Concini, favori de Marie, qui finit par obtenir qu'il rende les sceaux le 28 avril 1616, à Tours. Il reste chancelier, charge tenue à vie, mais sans les sceaux il n'a plus aucun moyen d'action sur le gouvernement. Les sceaux sont donnés à Guillaume du Vair, puis Luynes, Méry de Vic, et Lefèvre de Caumartin (fr.wikipedia.org - Nicolas Brulart de Sillery).

 

Après la mort de Luynes, le prince de Condé, le chancelier Bruslart de Sillery et Sillery-Puisieux, son fils, essayèrent d'écarter des affaires la reine mère et son confident, l'évêque de Luçon, bientôt cardinal de Richelieu (1622). Cette politique réussit pour un temps. Il fallait s'occuper des protestants, toujours en armes. Condé marcha contre eux avec le roi et Lesdiguières, qui ayant abjuré l'hérésie venait de recevoir l'épée de connetable, - battit Soubise dans les marais de Riez - et de Saint-Gilles, descendit vers le sud, s'empara de Tonneins et de Royan, envahit le Languedoc, entra dans Montauban, que livra La Force, et assiégea Montpellier. Cependant le duc de Nevers fermait la Champagne, au fameux Christian de Brunswick qui s'avançait au secours des huguenots. Découragés, ils signèrent le traité de Montpellier (19 octobre 1622). Ce traité confirmait l'édit de Nantes, à la réserve des assemblées politiques, désormais interdites, et des villes de sûreté, réduites à deux : Montauban et La Rochelle. Le fort Louis, destiné à contenir cette dernière ville, devait être démoli. Le prince de Condé triomphait. Mais il partit pour l'Italie. Son absence permit à la reine mère de ressaisir l'ascendant sur le roi. Elle en profita pour se débarrasser des Sillery, pour appeler au pouvoir ses amis, La Rochefoucauld et La Vieuville. Celui-ci, très malhonnête et peu clairvoyant, se flatta d'utiliser les talents de Richelieu, tout en le maintenant en sous-ordre : il lui ouvrit la porte du Conseil. Richelieu eut tôt fait de démontrer au roi les malversations du surintendant. La Vieuville fut confiné au château d'Amboise; Richelieu devint premier ministre (1624) (Edouard Prampain, Précis d'histoire moderne: de 1589-1789, 1898 - books.google.fr).

 

Toujours chancelier, Brulart de Sillery avait récupéré les sceaux le 23 janvier 16233. Richelieu, inspiré par La Vieuville, les lui retire le 2 janvier 1624, pour les confier à Étienne Ier d'Aligre. La même année 1624, il se retire dans sa terre de Sillery, qui avait été érigé en marquisat en 1619 et meurt le 1er octobre 1624, à 79 ans. Il est inhumé à Marines près de Pontoise (fr.wikipedia.org - Nicolas Brulart de Sillery).



[1] D. et M. Frémy, « Quid 1997 Â», Robert Laffont, p. 738

[2] A. Malet et J. Isaac, « XVIIème & XVIIIème siècles Â», Hachette, 1923, p. 65

nostradamus-centuries@laposte.net