Réévangélisation catholique du Vivarais I, 66 1606 Celui qui lors portera les nouvelles. Apres un peu il viendra respirer. Viviers, Tournon, Montferrent
& Pradelles, Gresle & tempestes
les fera souspirer. "porter les nouvelles" : réévangélisation
(évangile : du grec "bonne nouvelle") Jean-Baptiste Romillon est né à l'Isle de Venise (aujourd'hui sur Sorgue)
en 1553, d'un père calviniste et d'une mère catholique. Pendant les guerres de
religion, il prit le parti de son père et combattit dans les rangs des
protestants. Conseillé par Madame de Châteauneuf récemment convertie et par
César de Bus, chanoine de Cavaillon, en 1579, à l'âge de 26 ans, il abjura
l'hérésie publiquement dans la cathédrale de cette ville et entra dans la cléricature.
Très vite l'évêque lui donna un canonicat dans la collégiale de l'Isle et il
fut ordonné prêtre en 1588. Le 29 novembre 1592, dans la petite communauté
créée par Romillon dans notre ville, César de Bus et
lui constituent une congrĂ©gationÂ
nouvelle : les doctrinaires réformés ou frères de la doctrine chrétienne.
En 1593, le père Romillon revient dans sa ville
natale pour la doter d'un établissement spécialisé pour l'instruction gratuite
des jeunes filles sur le modèle de celui des Ursulines fondé à Milan par Saint
Charles Borromée. Françoise de Bermont fournit le
local, Cassandre de Bus, parente de César, fut nommée supérieure. La première
congrégation des Ursulines de France était née Romillon avait été dirigé
spirituellement, depuis sa conversion en 1579, comme César précédemment, par le
Père Péquet. A l'exemple de ce dernier, il avait alors entrepris des études
cléricales, était devenu prêtre et chanoine de la Collégiale
d'Isle-sur-la-Sorgue. Déjà , avec succès, il avait exercé son ministère en
compagnie de César contre les protestants et semblait, par conséquent, tout
prêt à collaborer encore à l'évangélisation du Vivarais. César vint le trouver
chez lui et le mit au courant de la proposition de Monseigneur Jean de l'HĂ´tel.
Ensemble ils firent une retraite spirituelle à Cavaillon, pour se préparer à la
mission qui leur était confiée et, après avoir reçu la bénédiction de l'Evêque,
Ă l'exemple des apĂ´tres, ils partirent, abandonnant tout : parents, amis et
biens, afin de porter la bonne nouvelle
aux populations du Vivarais
bouleversées par l'hérésie calviniste. Arrivés à Viviers ils se séparèrent et
s'attribuèrent chacun la moitié du diocèse, afin que tous les habitants
puissent bénéficier de l'exercice de leur zèle. César prêcha à Viviers et aux
alentours. Il le fit avec tant de succès qu'il en fut lui-même émerveillé, ramenant les fidèles de l'erreur
à la foi et du péché à la grâce. Comme il était complètement désintéressé, il
refusait les honoraires offerts en pareil cas et si, parfois, il les acceptait,
il les faisait passer de ses mains dans celles des pauvres, qu'il soulageait
même de ses propres deniers, au point que certains, qui ignoraient sa charité
habituelle, en le voyant distribuer tant d'argent, le suspectèrent de quelque
intention politique, car la guerre s'était rallumée dans plusieurs provinces du
Royaume. C'est pourquoi, il dit un jour du haut de la chaire, Ă ses auditeurs :
« - Vous mettez en ma bonne volonté et la droiture de mes intentions, mais un
jour viendra oĂą vous regretterez, car vous me redemanderez, mais je ne pourrai
plus vous revenir ! » Le fait se réalisa l'année suivante, au temps où les
habitants de la ville sollicitèrent à nouveau son concours, sans pouvoir
l'obtenir. Les fruits de la mission furent abondants et durables dans les
villages et les pays environnants. De plus quand CĂ©sar avait quelques instants
de trêve, au sein de son ministère apostolique, il tenait des conférences
dogmatiques et morales avec les curés des campagnes que l'ascendant de ses
vertus avait attirés vers lui. Il en profitait aussi pour réconcilier les
ennemis, apaiser les querelles, visiter les malades et les prisonniers, exercer
les œuvres corporelles et spirituelles de miséricorde, afin de tout disposer
pour le bien des âmes et la gloire de Dieu. Après avoir évangélisé avec
beaucoup de profit presque toutes les communes du diocèse de Viviers, les deux
zélés prédicateurs, remplis de mérites, rentrèrent à Cavaillon. Ils mirent au
courant de leur apostolat Monseigneur Bordini, qui se
réjouit avec eux des résultats obtenus. Puis, ils se séparèrent. Jean-Baptiste Romillon retourna à Isle-sur-la-Sorgue et César demeura
dans sa ville natale Par trois petits soupirs, le Père de Bus rendit
tranquillement sa belle âme à Dieu. On était au 15 avril de l'année 1607. Il
avait exactement 63 ans, 2 mois et 1 jour. Cet heureux passage du temps Ă du
temps à l'éternité s'effectua pour le saint Fondateur, non seulement le jour de
la résurrection du Sauveur, mais aussi à l'heure où l'on croit que s'accomplît
ce merveilleux mystère 63 ans (passés), âge climatérique, comme Nostradamus. Pline, Aulu Gelle
et Censorinus forment une triade que les Ă©rudits vont
citer sans cesse tout au cours du XVIe siècle, quand ils s’intéressent aux âges
critiques de la vie, Ă ses stades septĂ©naires et novĂ©naires. Le saut de Censorinus et Julius Firmicus Ă
Pétrarque, mais surtout Marsile Ficin ou Théodore de Bèze semble gigantesque, puisque
long de plus d’un millénaire. C’est que le moyen âge ne s’intéressa pas aux
années climactériques : une référence chez Tertullien, trois chez le pseudo
Clément de Rome, sans aucun calcul. Il ne s’agit que de quelques coups de
griffe contre des superstitions astrologiques, dont ces auteurs ne disent quasi
rien. L’absence des nombres soixante-trois et quatre-vingt-un, et l’unique
mention de quarante-neuf années pour l’année jubilaire qui est la cinquantième,
non la quarante-neuvième (Lévitique 25, en part. les versets 8 à 19) dans la
Bible (les sept septénaires de Daniel 9, 25, entraînent une supputation
différente), expliquent en très grande partie le désintérêt du moyen âge pour
ces seuils critiques non bibliques. Soixante-dix ans apparaissent bien, mais
furtivement avec quatre-vingts ans, comme terme de la longévité dans le psaume
90, au verset 10 : «Aux jours de nos ans il y a septante ans ; et, si en
puissance, octante ans », pour citer la traduction de Jean Calvin, sans que
cela n’amène, à ma connaissance, aucune association avec l’âge climactérique au
Moyen Âge. Un peu plus de deux siècles après Pétrarque, un autre poète écrivait
à ses amis à l’approche de son soixante-deuxième anniversaire et confi ait sa
crainte d’entrer dans sa grande année climactérique. Que ce fût un poète
n’était guère étonnant, que ce poète présidât aux destinées de l’Église
réformée genevoise l’était davantage : Théodore de Bèze. Celui qui est à l’origine du savoir moderne et du
renouveau de l’intérêt : Marsile Ficin. Marsile Ficin consacre le dernier
chapitre du deuxième livre («De la vie longue » ) du
De triplici vita (1482,
1489) au moyen d’éviter «les dangers qui nous menacent à chascun
septenaire de la vie». Il s’agit déjà , tout au long
du livre, de régler sa vie en vue de la prolonger. Sous l’influence des
planètes, de Saturne surtout… et des astrologues, les années climactériques
sont reconnues dangereuses. […] À la fin du XVIIe siècle, la superstition était de moins
en moins partagée et elle entrait dans les dictionnaires (Richelet avant, ou Trévoux,
après celui de l’Académie) et les encyclopédies comme une donnée historique
dépassée. D’une certaine manière, Claude Saumaise (1588-1653), avec les mille
pages Ă©rudites de son De climactericis annis, avait
asséné un coup décisif aux calculs superstitieux liés à l’année climactérique.
Le grand philologue avait, en effet, publié en 1648, l’année de ses soixante ans,
chez Elzevier à Leyde, des De annis climactericis et antiqua astrologia diatribæ. C’est un
traitĂ© très polĂ©mique, puisque Saumaise critique tout le monde, de Censorinus Ă Rantzau, de Cardan Ă
Scaliger. Il redéfinit l’année climactérique, d’un point de vue astrologique
surtout, et reprend des questions touchant à la longévité. [...] La thèse de
Saumaise devient in fine tout à fait moderne, puisque les années climactériques
ne sont pas constituées par la force des nombres, qu’ils soient multiples de
sept ou de neuf ou de leur composition. Les nombres n’ont pas une vertu
physique ou cachée en ce qui concerne la naissance, la vie ou la mort. Ce sont
le climat, le lieu de vie, les mœurs, les habitudes, la nourriture, la santé,
on pourrait même oser l’expression hygiène de vie, qui influencent
de manière beaucoup plus prégnante la longévité des hommes. Les forces
naturelles dominent ainsi les forces supranaturelles, divines ou surnaturelles,
l’homme ayant les moyens en lui-même de prolonger sa vie. Si la profession est
bien déterminée par les astres, et la longévité par la profession, la longueur
de la vie ne découle pas directement des astres. Boire de l’eau et manger des
fruits font plus pour la longévité que les astres et… l’ivrognerie César de Bus
(Cavaillon, 3 février 1544 - Avignon, 15 avril 1607) est un prêtre catholique
fondateur des prêtres de la doctrine chrétienne et des ursulines de France et
reconnu bienheureux par l'Église catholique puis canonisĂ© en 2022.Â
Ce n'est qu'en 1575 qu'il choisit la voie religieuse. En 1582,
Monseigneur Scotti, Ă©vĂŞque de Cavaillon le fait
chanoine de la cathédrale Saint-Véran. Il est ordonné prêtre en août 1582.
C'est alors que commence sa mission de catéchiste, il instruit les enfants puis
les adultes. De 1586 Ă 1592, il se retire Ă Ermitage Saint-Jacques de
Cavaillon. Le 29 septembre 1592 il fonde à L'Isle-sur-la-Sorgue la congrégation
des pères de la doctrine chrétienne dont le rayonnement s'étend très rapidement
dans toute la région et qui est approuvée par Clément VIII en 1597. En 1594, il
devient aveugle, et meurt le 15 avril
1607. En 1821, le Pape Pie VII le déclare Vénérable. Le 27 avril 1975, le
Pape Paul VI, le proclame Bienheureux Respiration,
conspiration Anne de LĂ©vis, duc de Ventadour,
lui présentant une magnifique aumône, après qu'il eut prêché fort longtemps
dans ses terres, il la refusa constamment sans jamais se laisser vaincre. Ce
noble désintéressement édifia le gentilhomme et toute sa maison qui avait conçu
la plus grande estime pour le P. de Bus Philippe IV de Lévis s'est marié en 1395 avec Antoinette
d'Anduze, vicomtesse de RĂ©mond, dame de La Voulte, de Pierregourde, de Chomeirac et de Rochemaure. Son petit-fils, Louis de LĂ©vis,
baron de la Roche-en-Régnier (avec Jaujac, les Boutières et Meyras) et baron
d'Annonay, Ă©pouse en 1472 Blanche de Ventadour,
héritière du château de Ventadour, en bas Limousin
dans l'actuelle Corrèze. Cette branche de la famille de Lévis prend alors le
nom de LĂ©vis-Ventadour Henri de LĂ©vis
(1596-1651), 3e duc de Ventadour, sera l'un des fondateurs de la Compagnie du
Saint-Sacrement. Louis-Charles de LĂ©vis-Ventadour
voulait vendre en 1673 Rochemaure au comte d'Antraigues; l'affaire Ă©choua, et
sa fille Anne-Geneviève épousa en secondes noces le 15 février 1694 Hercule
Mériadec de Rohan. Leur petit-fils fut le fameux maréchal de Soubise, qui
n'avait rien Ă faire de Rochemaure : il vendit la toiture vers 1730 pour
couvrir une grange dans les îles du Rhône. La ruine des bâtiments ne se fit pas
attendre ; le maréchal finit par vendre tout Rochemaure, le droit de bac, les
délaissées du Rhône, plus les seigneuries de Meysse
et de Sceautres, à Claude Louis de Garnier des Hières, baron de Miraval, le 24
juin 1784, pour 120000 livres Parurent, en 1660, deux libelles dénonçant les
agissements de la Compagnie : un MĂ©moire pour faire connoistre l'esprit et la conduite de la Compagnie establie en
la ville de Caen, et un Extrait d'une lettre contenant la relation des
extravagances que quelques-uns de l'Hermitage ont faites Ă Argentan et Ă SĂ©ez. A en croire ces factums, la Basse Normandie Ă©tait
depuis plusieurs mois profondément troublée par un groupe de prêtres et de
jeunes gens, se réunissant dans une maison dite l'Hermitage et se répandant
dans la ville pour y faire des manifestations extravagantes. Un jour on les
avait vus disait-on ameuter la populace en criant que tous les curés de Caen,
sauf deux, étaient fauteurs du jansénisme. Un autre jour, une bande, conduite
par un prêtre, aurait poussé des clameurs avec des gestes désordonnés, en
invitant tous les fidèles à fuir au Canada, s'ils voulaient conserver le trésor
de la foi, compromis par les jansénistes. Que quelques extravagances, plus ou
moins exagérées dans les deux pamphlets, eussent été commises par des membres
de la Compagnie du Saint-Sacrement, le fait n'a rien que de vraisemblable ;
mais chercher à en rendre responsable la Compagnie tout entière était une
injustice. Or, c'est ce que prétendaient les écrits dénonciateurs. L'auteur de
l'un des deux n'était autre que le janséniste Nicole. Le nom de la Compagnie du
Saint-Sacrement y était écrit en toutes lettres. On la dénonçait comme une
société secrète, agissant à l'encontre du Roi, des évêques et des magistrats.
Le bruit produit par la publication de ces pamphlets fut Ă©norme. Les auteurs les
avaient fait tirer à un nombre considérable d'exemplaires, les avaient envoyés
à toutes les autorités civiles et ecclésiastiques, et répandus à profusion
parmi le peuple. Le 28 septembre 1660, Guy Patin, dans une lettre à son ami Falconnet, parle avec émotion de la découverte de cette
conspiration et signale cette «congrégation, qui a des intelligences avec la
même confrérie à Rome et qui a dessein d'introduire l'Inquisition en France».
La justice fut saisie, et, le 13 décembre 1660, un arrêt de la Cour fit «inhibitions et défenses à toutes personnes, de quelque qualité et conditions
qu'elles fussent, de faire aucunes assemblées en cette ville et partout ailleurs, sans l'expresse permission du Roi et
lettres patentes vérifiées ». Grâce à l'intervention de Lamoignon, sous la
présidence de qui l'arrêt fut rendu, la Compagnie ne fut pas brusquement
dissoute, et, de 1660 à 1665, elle put encore avoir des réunions; mais les
assemblées plénières, jusque-là hebdomadaires, furent rares, les relations de
la Compagnie de Paris avec les Compagnies de Province cessèrent peu à peu, et,
vers la fin de 1665 ou au commencement de 1666, les derniers éléments de la
Société disparurent tout à fait. D'après le Mémoire du comte d'Argenson, les
seuls ouvrages solides et permanents de la Compagnie qui auraient survécu à sa
ruine seraient: la Compagnie des Prisons, la Compagnie des nouveaux convertis,
la Compagnie pour le secours spirituel des malades et des agonisants de l'HĂ´tel-Dieu,
les Compagnies de Dames, les Compagnies des paroisses pour les pauvres honteux,
enfin et surtout l'Hôpital général, et la Société des Missions étrangères. En
rĂ©alitĂ©, l'esprit de charitĂ© et de zèle apostolique, qu'elle avait contribuĂ© Ă
répandre dans le clergé et parmi le monde, même en dehors de ses membres, lui
survécut: nous en rencontrerons plus d'une fois l'influence au cours de
l'histoire du XVIIe siècle L'apôtre du Vivarais François Régis est né à Fontcouverte
dans l'Aude près de Narbonne, le 31 janvier 1597, dans une famille de nobles
ruraux assez aisés et profondément chrétiens. Il commence des études au Collège
des Jésuites de Béziers. Il est apprécié pour son travail et son esprit de
bonne camaraderie. Il devient membre de la Congrégation de la Sainte Vierge.François Régis entre au noviciat de la Compagnie de
Jésus à Toulouse en décembre 1616. Après ses premiers vœux en 1618, il poursuit
la longue formation des Jésuites par des périodes où il se rend à Cahors, à Tournon (de 1622 à 1625), au Puy et à Auch. En 1624, les Jésuites du Collège de Tournon l'envoyèrent avec un autre religieux pour aider le curé d'Andance (François Régis (1597-1640), Apôtre du Vivarais et du Velay - medarus.org). Après de premiers essais de son zèle, il entreprit la
sanctification du bourg d'Andance, où il fut reçu comme un envoyé du ciel : Dieu bénit
tellement son zèle, que les vices qui y régnaient le plus, l'ivrognerie, les
jurements, l'impureté, furent bannis, et le fréquent usage des sacrements
rétabli; l'odeur de sainteté qu'il y laissa, subsiste encore aujourd'hui. […] C'est là qu'il
établit, pour la première fois, la confrérie du Saint-Sacrement, pour
ranimer parmi les fidèles le culte de la divine Eucharistie. Il dressa lui-même
les règlements d'une si sainte pratique, qui depuis
s'est répandue partout, mais dont on doit reconnaître pour instituteur Régis,
âgé seulement de vingt-deux à vingt-trois ans. La grâce n'attend pas la force
de l'âge pour opérer des prodiges; et la sainteté donne à la jeunesse un crédit
auquel la sagesse des vieillards ne peut atteindre En 1634, il est mis Ă disposition de l'Ă©vĂŞque de Viviers,
Monseigneur de la Baume de Suze, dans la visite de son diocèse. Il va de
village en village, préparant la venue de l'évêque. C'est dans les rudes
montagnes des Boutières qu'il montre particulièrement
ses qualités. Entre 1636 et 1640, il est nommé au Puy. Désormais, François fera
deux parts dans son apostolat. A la belle saison, il travaille au Puy; pendant
l'hiver il reprend ses missions dans les montagnes, car, il sait qu'alors, il
peut trouver les gens chez eux Poussant plus au sud, Régis, une fois au moins, visita Pradelles, qui appartenait alors au diocèse de Viviers.
Cette petite ville si pittoresque, oĂą les protestants n'avaient jamais pu
pénétrer, où un homonyme des fameux François et Jacques Chambaud
avait, au pied des remparts, été tué, se vantait d'être une citadelle du
catholicisme. La voie romaine, par laquelle l'apĂ´tre arriva, passait entre
Saint-Etienne-du-Vigan et Pradelles, tout proche de
l'ancienne église de Saint-Clément aujourd'hui en ruines. Au carrefour du
Garay, oĂą aboutissaient les chemins venant de ces trois paroisses, les
populations, averties de la venue du saint, s'étaient massées pour entendre sa
parole et recevoir sa bénédiction. Ce fut un triomphe. Sur le coin du domaine
du Mazigon qui touche Ă ce carrefour, une croix,
dressée et entretenue par la famille de Ribains, en
fixe très ferme la tradition. Dans le bas de Pradelles,
en un sanctuaire insigne desservi par les Dominicains et centre de nombreux
pèlerinages à Notre-Dame, François put longuement prier. Une chapelle à son nom
perpétue ce souvenir. Plus haut, dans une des plus belles maisons qui dominent
la grande place de Pradelles, on montre encore la
chambre, recoin plutôt, où le saint passa la nuit Viviers est au sud de Rochemaure et de Montélimar (cf.
quatrain précédent I, 65 et ses carabins/scarrabins).
Pradelles au sud du Puy qui a Ă son est Montferrat ("Montferrant" ?) Ă
Saint Etienne Lardeyrol. Lardeyrol
est un hameau avec château ruiné à Saint Pierre Eynac
un peu Ă l'est. C'est Anne de Lardeyrol qui, en
1671, fait appel aux frères conventuels ou cordeliers d'Aubenas pour la
fondation d'un couvent à Saint-Clément. Louis le
quatorzième, roi de France et de Navarre, régnant et par devant moi, notaire
royal au bourg de Fay, étaient présents des témoins
et Damoiselle Anne de Lardeyrol du lieu de Lardeyrol paroisse de Saint-Clément dans le diocèse
de Viviers. Laquelle voulant et désirant effectuer le pieux dessein quelle
a toujours eu en faveur de l'ordre des frères mineurs conventuels de
Saint-François. Elle fonde à présent un couvent du dit ordre dans le lieu de Lardeyrol, pour y être dit et célébré tous les jours et à perpétuité
l'office divin par six religieux conventuels que sont des prĂŞtres pour
l'instruction du peuple et pour faire mission aux paroisses voisines. Lesquels
seront tenus de dire tous les jours, Ă la fin de leur oflice,
un liberia me à l'intention de son âme et de ses
devanciers, lesquels pour cet effet seront tenus de faire leur résidence et de
prier Dieu pour l'âme de la fondatrice... Henri Pourrat Si le personnage en question dans ce quatrain est un
prêtre, son aspect météorologique est expliqué par Henri Pourrat. Quand saint François Régis évangélisa le Velay, il eut
affaire à des populations quasi païennes dans les campagnes, malévoles dans les villes, où il lui arriva d'être tourné
en dérision, voire roué de coups. En réalité, on pourrait évangéliser toujours.
Là même où la religion paraît suivie, qu'est-elle ? Le peuple lui a donné ses
couleurs; l'a imagée et romancée et s'est servi d'elle pour imager et romancer
la flore, les roches, les fontaines, les Ă©toiles, le calendrier, le monde qui
l'entoure et le train de la vie. Il en a fait une sorte de poème d'allure
enfantine et incantatoire. Pouvait-il déplaire à Dieu qu'elle prît cette figure ? La seule parlante pour des âmes simples ? D'une religion ainsi faite,
l'esprit, le grand conseil d'amitié, pouvait peut-être mieux souffler. Mais
soufflait-il toujours ? La plupart étaient moins animés de l'esprit que
confiants en une magie. La religion restait pour eux un ensemble de rites
destiné à rendre le monde favorable et à procurer les biens de la terre. [...] L'occupation du laboureur - peut-être la seule légitime, parce que la seule selon l'ordonnance de Dieu qui a dit à l'homme de faire pousser son pain à la sueur de son front, - le tient terriblement courbé. Il ne pouvait connaître que sa tâche, et la religion qu'en regard de sa tâche. Que les saints, selon leur office, règlent le beau temps et la pluie, et Dieu sauve le bestiau ! C'était prendre les choses d'un peu court. Mais Celui qui distribue les talents, condamnera-t-il le laboureur qui prit tant à cœur son labourage qu'il le préféra à soi-même ? Le prêtre devait
ĂŞtre un thaumaturge, capable de conjurer la grĂŞle, les incendies, les maladies.
Cette idée demeure dans les têtes. Il suffit de jeter l'œil sur une page de
publicité : tant de produits pharmaceutiques attribués à un abbé, à une
religieuse. […] Autrefois les
prĂŞtres Ă©taient en possession de faire tomber la grĂŞle - songez aux bruits
qui coururent, au début de la guerre : les curés l'avaient amenée à peu près comme ils amenaient la tempête jadis. […] Tant que M. de Rostaing avait
été curé d'Ambert il n'était pas tombé de grêle sur sa paroisse. Mais le jour de son enterrement (juillet 1835), comme si
le diable eût voulu se rattraper, il y eut un orage tel qu'il ne resta pas un
carreau dans le pays jusqu'à Clermont De Bus et la grêle LECON III. Sur le mesme Commandement Vn seul Dieu tu adoreras Et aimeras parfaitement. [...] Comment est-ce qu'on peche touchant l'adoration deue à Dieu. [...] 3. Réponse. On manque touchant l'adoration qui est deüe à Dieu, quand on fait hommage aux démons. Deux sortes de personnes tombent dans ce peché, à sçavoir en premier lieu tous ceux qui s'obligent par pacte à donner quelque chose au Diable en signe de reconnoissance & de tribut; secondement, les sorciers, qui dans leur sabat adorent le Diable sous la forme d'un taureau ou d'un bouc, renonçans à leur Baptéme & à la Religion Chrestienne, & causans mille maux, tant aux hommes, qu'aux fruit de la terre, ainsi qu'on l'a sceu de plusieurs d'entr'eux, lesquels ayant esté pris par la Iustice, ont confessé qu'ils ont souvent excité des orages & de la gréle, qu'ils ont fait mourir les arbres, ou les ont rendus stériles, & qu'ils ont fait des ligatures, & mille autres méchancetés, par le moyen des Diables, Dieu le permettant ainsi à cause de nos pechez.Voila coment quelques-uns sont si aveuglez que de s'abaisser jusqu'à l'extremité, en se rendant sujets au malin esprit (César de Bus, Instructions familières sur les quatre parties du Catéchisme romain, imprimées par les soins du R.P. H. Le Bigot, Tome 2, 1675 - books.google.fr). Cf. quatrain X, 67 avec son "Nonnay" qui pourrait aussi renvoyer à Annonay, sa "gresle" et ses configurations astrologiques des années 1585 et 1606. 1606, Agobard et la grêle Rendons toutefois justice à l'humanité de l'évêque de Lyon Agobard; il combattit le duel judiciaire et les épreuves du feu et de l'eau par son écrit contre la loi Gombette; il s'éleva contre les superstitions en réfutant l'opinion populaire qui considérait de prétendus sorciers comme auteurs des inondations du Rhône. Dans son traité De la Grêle et du Tonnerre, il combat cette dangereuse erreur, et ne se montre pas moins bon théologien que physicien assez éclairé, en écartant, dans l'explication des phénomènes de l'atmosphère, toute idée de sorcellerie et de magie. Dans le livre sur les Images, il cherche à purifier le culte de Dieu; il le spiritualise, et fait voir que la véritable adoration ne doit être rendue qu'à Dieu seul. Ses écrits ont été conservés et réunis par Papire Masson en 1606, in-8; on les trouve aussi dans la Bibliothèque des Pères de Lyon (Victor Antoine Charles Riquet de Caraman, Histoire des révolutions de la philosophie en France: pendant le moyen age jusqu'au seizième siècle, Tome 1, 1845 - books.google.fr). Agobard (saint) (mort à saintes en 840), est un homme d'Église du haut Moyen Âge. Il fut évêque de Lyon à deux reprises sous le règne de Louis le Pieux. Il contribua à faire de sa cité épiscopale l'un des centres de la Renaissance carolingienne (fr.wikipedia.org - Agobard de Lyon). Cf. quatrain IX, 69 - Les Soyecourt - 2154-2155 et sa "gresle" dans la région de Lyon et de Vienne. Grêle en Vivarais Dans un registre de la paroisse de Burzet, en Ardèche, à 25 km d'Aubenas : Le XV janvier 1605 tonna fort fist de grands esclairs tumba gresle envyron une heure de nuit (Charles Besson, Une paroisse du Vivarais, Burzet: recueil de textes et documents, 1996 - books.google.fr). Burzet serait la patrie de Saint Bénézet qui construisit le pont d'Avignon (fr.wikipedia.org - Burzet). 1606 et le Vivarais En 1606, l'étendue du bailliage de Vivarais, dont le siége avait été transféré, en 1564, de Boucieu à Annonay, étant trop considérable pour l'administration de la justice, Henri IV démembra ce bailliage et en créa un second à Villeneuve-de-Berg. Le ressort du bailliage d'Annonay fut restreint au Haut-Vivarais, et le Bas-Vivarais attribué au bailliage de Villeneuve-de-Berg. Ce dernier siége reconquit, à l'exception de Fay, tous les mandements du Vivarais antérieurement rattachés au Velay, et, sauf onze paroisses comprises dans le district du bailliage d'Annonay, il présenta la même étendue et les mêmes limites que le diocèse de Viviers (D'Aubais, Op. cit., Not. du H.- Viv., p. 26 et suiv.) (Augustin Chassaing, Recueil des chroniqueurs du Puy-en-Velay, Tome 2 : Le livre de Podio ou chroniques d'Étienne Médicis bourgeois du Puy, 1874 - books.google.fr). |