Le contrat de Sancy et l'Escalade de Genève I, 61 1602-1603 La republique miserable infelice Sera vastée du
nouveau magistrat : Lors grand amas de l'exil malefice Fera Sueves ravir
leur grand contract. L'escalade de
Genève "république" et
"magistrat" peuvent conduire à la Genève du XVIe et XVIIe siècles
(cf. quatrain I, 47). Le traité de Vervins n'arrêta pas les tentatives de
l'incorrigible duc de Savoie. Dans les annĂ©es 1601 et 1602, il essaya Ă
plusieurs reprises de corrompre des citoyens et de se faire dans la ville
d'utiles auxiliaires. Il y réussit plusieurs fois. Dans l'automne de 1602 il
associa à ses projets deux artificiers français employés à l'arsenal de Genève.
Les malfaiteurs devaient préparer trois mines : une sous la Tour-du-Pin, une
autre sous l'Hôtel-de-Ville et enfin une troisième sous le quartier de Rive,
bouleverser de nuit, par ce moyen, une partie des murailles de la ville et
ouvrir ainsi une large brèche à l'armée savoyarde qui attendrait l'événement.
Heureusement ce criminel complot fut découvert et la ville sauvée d'une perte
presque certaine. Plusieurs tentatives de ce genre ayant échoué, le duc
prépara tout pour un dernier effort. Son projet étant de surprendre la ville,
il usa de tous les moyens pour y ramener la confiance et la sécurité; il envoya
même un magistrat très-respecté, Charles de la Rochette, président au Sénat de
Chambéry, pour rassurer les Genevois : «Soyez tranquilles, ne craignez rien,
vivez en paix, personne ne veut plus que Monseigneur le duc la conservation de
vos libertés», répéta plusieurs fois Charles de la Rochette aux syndics, en
appelant sur lui et sur sa famille la damnation et la colère des saints, s'il
ne disait pas la vérité. Et pendant que les Genevois se fiaient à des promesses
qu'ils croyaient sincères, le duc préparait, essayait et perfectionnait à Turin
les engins qui devaient servir à la prise de Genève. Dans la nuit du 11 au 12 décembre (vieux style, 21,
nouveau style), une armée de huit mille hommes, composée d'Espagnols, de
Napolitains et de Savoyards, se dirige sans bruit sur Genève ; à leur tête
sont Sonnaz, Brunaulieu et d'Albigny.
Ces trois principaux organisateurs du coup de main ont choisi dans cette troupe
trois cents des plus hardis et des plus décidés. Ce petit corps d'élite s'avance
le premier. Les soldats qui le composent sont couverts de cuirasses sombres et
armés jusqu'aux dents ; ils portent avec eux les claies qu'ils doivent poser au
fond des fossés et les échelles démontées à l'aide desquelles ils doivent
escalader la muraille et pénétrer dans la ville. Arrivés à deux heures du matin
au pied des murailles, ils ne commencent à descendre leurs claies dans le fossé
que vers trois heures. Ils ajustent leurs Ă©chelles contre le mur de la Corraterie et commencent l'escalade dans le plus grand
silence. D'Albigny encourage ceux qui montent en leur
disant que quatre cents partisans du duc n'attendent, dans la ville, que le
signal des assaillants. Un jésuite écossais, le père Alexandre, leur donne des
médailles et des morceaux de papier qui doivent les préserver du feu, du fer et
de l'eau. Tout semblait aller pour le mieux; deux cents hommes Ă©taient dĂ©jĂ
dans la ville et attendaient en silence l'ordre d'attaquer; d'Albigny, sûr de la réussite, avait envoyé au duc la
nouvelle de la prise de Genève ; quand une ronde genevoise, passant sur le
boulevard, vint anéantir toutes les belles espérances des Savoyards. Le
caporal, entendant quelque bruit dans le fossé, s'approcha en criant : «Qui va
là ?» Mais il est aussitôt terrassé d'un coup de hache. Les autres soldats,
voyant cette masse noire d'hommes armés, s'enfuirent en lâchant leur coup
d'arquebuse et en rĂ©pandant l'alarme dans la ville. Il n'y avait plus Ă
hésiter. Brunaulieu divise sa troupe en quatre bandes
qui ont chacune leur mission. L'une doit faire sauter la porte Neuve et ouvrir
le passage aux troupes qui attendent Ă Plainpalais. La
seconde doit s'emparer de l'Hôtel-de-Ville. La troisième doit enfoncer la
maison Piaget et arriver ainsi dans la Cité. La quatrième doit s'emparer du
passage de la Monnaie et passer dans les Rues Basses. Genève est bien près de
sa ruine ; déjà la maison Piaget est ouverte ; les gardes des portes, surpris
de se voir attaqués par une si forte troupe, ne peuvent que s'enfuir en criant
: aux armes ! Le pétard est déjà appliqué contre la porte Neuve ; il n'y a plus
qu'Ă y mettre le feu et la ville sera ouverte et Ă la merci des assaillants !
Mais, dans ce moment critique, un soldat vaudois, Mercier, de Coppet, coupe la
corde qui retient la herse, et la pesante machine tombe en opposant sa
résistante charpente ferrée aux impuissants efforts des Savoyards. Des citoyens
arrivent à ce moment et immolent le pétardier Picot et Brunaulieu
qui veut essayer de rajuster l'artifice; d'autres citoyens ont chargé un canon
du boulevard de l'Oie avec des chaînes et de la ferraille ; le coup porte avec
tant de bonheur que les échelles sont brisées et ceux qui les montaient
précipités dans le fossé. Tandis que ce coup de canon vient couper la retraite
aux assaillants, les citoyens, tirés brusquement de leur sommeil, arrivent
toujours plus nombreux. Partout ils se battent comme des lions ; les
cuirassiers, qui ont réussi à briser la porte de la Monnaie, sont repoussés
jusqu'aux remparts de la Corraterie ; plusieurs sont
précipités par-dessus la muraille; l'un d'eux tombe sur le père Alexandre et
l'Ă©crase. La femme Royaume veut, elle aussi, faire quelque chose pour la patrie :
de sa fenĂŞtre elle lance sa marmite sur la tĂŞte d'un Savoyard et l'assomme.
Enfin, de VĂ©race arrive avec un nouveau renfort plus nombreux de Genevois, et
il ne reste plus aux Savoyards que le parti de se rendre ou de sauter au bas de
la muraille. D'Albigny essaye encore une attaque sous
la Corraterie, mais le régiment qui la tente est
bientôt décimé par les arquebusiers qui, de l'extrémité de l’Ile de
Saint-Gervais, font sur lui un feu habile et nourri. Le duc, qui croyait au
succès, voyant revenir ses troupes honteuses et battues, apostropha d'Albigny avec colère : «Vous m'avez fait faire là une belle
cacade !» lui dit-il dans le langage rude de l'époque. L'armée de Savoie avait
perdu environ deux cents hommes ; Genève n'eut à regretter que dix-sept braves;
parmi eux le syndic Chanal qui, malgré son grand âge,
avait couru l'un des premiers au-devant des assaillants; Genève comptait aussi
trente blessés. Le matin, les Genevois, encore tout émus du danger qu'ils ont
couru, se rendent en foule à Saint-Pierre, où Théodore de Bèze, octogénaire et
sourd, entonna le psaume 124, qui commence par ces mots : «On peut bien dire
Israël, maintenant, si le Seigneur pour nous n'eût point été.» A l'enthousiasme
de la victoire succéda le désir de la vengeance. La ville avait été attaquée en
pleine paix et nuitamment; on ne pouvait considérer les auteurs de cette action
que comme des malfaiteurs. Les Savoyards tombés entre les mains des Genevois
furent condamnés à mort. On les pendit; puis on leur coupa la tète, ainsi qu'aux cinquante-quatre tués que l'on retrouva
dans la place ; les soixante-sept corps furent jetés dans le Rhône et les têtes
exposées sur le boulevard de la Corraterie ; elles y
restèrent jusqu'à la paix de Saint-Julien. Le syndic Blondel, alors en charge, fut, quelques années
après, roué sur la place publique; on avait découvert que ce magistrat avait
aidé le duc dans sa coupable entreprise de 1602. A la nouvelle de l'attentat du
duc, l'indignation Ă©clata dans toute l'Europe protestante. Les offres de
secours et les envois d'argent affluèrent de toutes parts; les villes suisses
prirent les armes; on allait recommencer une guerre générale. Heureusement la
France, l'Espagne, le pape et les confédérés s'interposérent
et dictèrent la paix à Saint-Julien, le 21 juillet 1603 (Charles
Thorens, Abrégé de l'histoire de Genève, 1878 - books.google.fr). Syndics Le syndicat était la magistrature suprême à Genève?
C'Ă©tait Ă©galement la plus ancienne. Elle Ă©tait Ă©lective annuellement et chaque
syndic devait laisser s'écouler trois ans après son syndicat avant de pouvoir
être réélu. Ces quatre hommes, membres à part entière du Petit Conseil à qui
revenait le gouvernement, représentaient la République et se chargeaient de
toutes les affaires publiques pour les faire examiner dans les Conseils
lorsqu'elles le méritaient. Ils étaient les seuls à pouvoir convoquer les
Conseils. De plus certaines tâches leur étaient communes, telle par exemple la
présidence dans les assemblées de tous les conseils genevois, d'autres étaient
spécifiques à chacun. Le Premier voyait sa préséance affirmée grâce à son
ancienneté et non pas grâce au nombre de voix glanées au moment de son
élection. C'était le véritable chef de l'Etat. Il accordait les audiences,
ouvrait le courrier adressé au Conseil et décidait des ordres du jour. Le
second syndic présidait particulièrement la Chambre des comptes et gérait donc
les finances de l'Etat. Le troisième, généralement désigné du nom de syndic de
la Garde, avait la haute main sur la Chambre des fortifications et il assurait
le commandement des troupes de la RĂ©publique sous les ordres du Petit Conseil.
C'est lui qui informait ses collègues de tous les mouvements de troupes pouvant
avoir lieu dans un rayon plus ou moins éloigné de la ville et de tout ce qui
pouvait avoir une incidence quelconque sur sa sécurité ou sa tranquillité
intérieures122. Au quatrième, revenait la présidence des autres grandes
Chambres de l'Etat, telles la Chambre des Appellations, celles de l'HĂ´pital, de
la Santé, de la Réforme du luxe, du Négoce et du Vin. Genève était donc une
"aristo-démocratie" (Laurence
Vial-Bergon, Correspondance: 1688-1690 de Charles-François d'Iberville, 2003 -
books.google.fr). Philibert Blondel Né à Genève en 1555, Philibert Blondel était le fils de
Jacques Blondel, membre du Petit Conseil, qui eut cinq fois l'honneur d'ĂŞtre
syndic. Après un stage à la chancellerie d'Etat, Philibert Blondel devient
notaire en 1580; il entre au Conseil des Deux Cents en janvier 1583, puis est
nommé auditeur en 1584, et inscrit sur le rôle du Conseil des Soixante en 1585.
Le 3 novembre 1587, c'est-à -dire à l'âge de trente-deux ans, il est élu
procureur général. Il quitta cette fonction l'année suivante pour occuper celle
de secrétaire du droit. Mais le 2 janvier 1592, il est élu à nouveau procureur
général. Il occupa cette magistrature jusqu'en janvier 1595, bien qu'il eût été
appelé à faire partie du Petit Conseil en janvier 1594. Dès lors successivement
secrétaire d'Etat, membre de la Chambre des Comptes, trésorier de l'Etat, il
est élu syndic en 1602, et chargé des fonctions de syndic de la garde. Cette
année 1602 marque à la fois l'apogée de sa carrière et le commencement de ses
malheurs. Accusé l'année suivante d'avoir négligé gravement ses devoirs le soir
de l'Escalade, il fut destitué de ses fonctions de membre du Petit Conseil et
condamné à céder à l'hôpital général une partie de ses propriétés. Désireux de
se réhabiliter, il tenta, en 1605, la revision de
l'arrêt qui l'avait frappé. Cette procédure se retourna contre lui, et, le 19
novembre, il fut condamné à dix ans de prison, à une amende de deux mille écus
et aux frais. La preuve de sa trahison n'avait point été rapportée. Mais en
1606, à la suite du meurtre dans les prisons d'un paysan du Chable, Guichard Boimond, lequel avait été attiré sur territoire genevois
par Joseph Blondel, le propre frère de Philibert, et dont le témoignage était
attendu avec impatience non seulement
par la défense mais aussi par Paccusation, Philibert
Blondel, reconnu coupable d'avoir été l'instigateur de ce crime commis par le
portier Gardet, convaincu aussi d'avoir eu des
relations avec l'ennemi, fut condamné à mort et exécuté. Il avait cinquante et
un ans. Avait-il vraiment trahi ? Ses juges l'ont admis; par contre, le
jugement de l'histoire est beaucoup moins catégorique (Georges
Werner, La controverse Chapeaurouge-Le Fort sur le rĂ´le politique du procureur
général dans l'ancienne République de Genève, Mémoires et documents publiés par
la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, Volume 35, 1929 -
books.google.fr). Blondel Ă©tait en quelque sorte en 1602 le
"nouveau" syndic de Garde, haut magistrat de Genève. Pays suève Le pays de Sueve, ou de Suaube, est tres beau et fertile
et garni de plusieurs villages, et de belles maisons es champs, il n'i a pour le jourdhuy aucun prince
qui en porte le titre, ains appartient a plusieurs
qui i tiennent des terres, comme sont les princes d'Austriche, les ducs de Vvirtemberg,
et de Bavière, les Républiques d'Ausbourg, et d'Ulme. Il se trouve dans ce pays des mines d'argent, et de
fer, il est moitié montueux, moitié aussi pays planier,
il i a plusieurs forests,
et nombre de lacs abondans en poissons. Il i a quantité de grains. Norlingue, et Constance sont aussi villes remarquables en Sueve
laquelle province a la Baviere a
son orient, l'Alsatie et le Rhin, a son occident, les
montaignes des Alpes au midy,
et la Franconie au septentrion. Elle est ainsi appellée
des Sueves, ancien peuple de Livonie, et de Prussie, qui changeans de pays vindrent habiter en ce lieu. Et s'appeloit
auparavant Rhetie, et Vindelicie. Qu'ils soient venus des parties boréales de la Scithie,
Lucain mesme le tesmoigne
en ce vers : fnndit ab extremo,
flavos Aquilone Suevos. Selon le tesmoignage
de Plutarque, et de Coesar au 4 livre le peuple de ce
pays a anciennement esté le plus belliqueux et le
plus genereux, et de la plus haute stature qu'aucun autre
qui fust en ceste contrée septentrionale. Le
duché de Vvirtemberg est une des principales
parties de Sueve, et est divisé quasi par le milieu
par le moyen du Necre, ainsi que la Sueve par le Danube. Chapitre XVIII. Aprés
avoir demeuré tout ce demi jour en la ville d'Ulme,
nous en partismes a cinq
heures du soir, et traversames deux lieues durant une
grande campagne, bornée des deux costes de tres grands rochers, desquels découlent plusieurs belles
fontaines, et grand nombre de profonds ruisseaux que nous passames
a gué, et vinsmes coucher sur les terres du duc de Vvirtemberg, en un village nommé Kerhausen
qui luy appartient, et qui a non guaires
loing de la un fort chasteau
situé sur une montaigne. Le lundy
de grand matin, venant tousjours entre les sus- dittes montaignes, et aprés avoir passé par plusieurs beaux villaiges,
arivasmes a Tubinge en
l'hostellerie de la Couronne, ou trouvasmes les trois
enf ans de Monsieur de Sancy [Nicolas de Harlay] (LĂ©opold
Châtenay, Vie de Jacques Esprinchard, Rochelais, et journal de ses voyages au
XVIe siècle, 1957 - books.google.fr). Nicolas de Harlay A la mort de Robert de Harlay, survenue vers la fin de
1560, son fils Nicolas Harlay de Sancy, hérita de la terre de Maule. Nommé
Ambassadeur en Angleterre, puis en Allemagne ; il fut ensuite envoyé
auprès des Cantons suisses, où il obtint un secours de 10.000 hommes en faveur
d'Henri III. Muni de pouvoir sans bornes, sans avoir reçu du roi le moindre
argent, il partit de Blois au commencement de février 1589, pour aller
emprunter autant d'argent qu'il serait possible, des Princes protestants
d'Allemagne et des Cantons suisses; de faire avec eux telle alliance ou traité
qu'il jugerait convenable pourvu qu'il put les engager Ă secourir le roi et
l'Etat, et de lever tel nombre de troupe qu'il croirait nĂ©cessaire. Arrivant Ă
Lyon il trouva que tout se préparait à la révolte, croyant être arrêté, il se
déguisa, prit avec lui un Suisse qu'il connaissait pour l'accompagner. Arriva
en Suisse le 14 du même mois, où il réussit au-delà de ses espérances et de
celles du roi. Les Bernois s'engageaient par un acte public, Ă fournir au Roi
cent mille Ă©cus d'or pour faire la guerre au duc de Savoie. Les cantons de
Zurich, de BĂ le, de Schaffouse,
Saint-Gal, le comté de Montbéliard et la ville de
Strasbourg entrèrent dans cette ligue. L'argent fut compté, et d'un autre côté
Sancy les emprunta à des négociants italiens de Genève, à qui il donna pour
sûreté des pierreries de grand prix. Ces sommes furent employées à lever douze
mille Suisses, mille lansquenets, trois mille hommes d'infanterie française, et
quelques cavaliers allemands. Après la mort de Henri III, Harlay de Sancy qui
avait beaucoup d'autorité sur les troupes suisses, assembla tous les officiers
et leur représenta que de leur zèle dépendait le salut du Roi et de l'Etat. Il
fut résolu qu'ils iraient reconnaître le nouveau roi ; et qu'ils s'engageraient
Ă rester encore deux mois Ă son service. Il fut difficile de les faire
consentir Ă ne point exiger le paiement de leurs appointements que le roi
n'était pas en état de leur servir de l'argent comptant. Après cet accord il
monta Ă cheval, suivi de quarante principaux olliciers
suisses pour aller trouver le roi. Henri IV reçut, avec joie cette députation,
embrassa Sancy et lui assura qu'il n'oublierait jamais que c'Ă©tait Ă lui qu'il
était redevable, du salut de sa personne et de son Etat. Fort estimé de Henri IV, mais méprisé
des Protestants à cause de son adjuration. Il fut attaqué violemment par
Théodore Agrippa d'Aubigni, qui lit un livre «Les
confessions de Sancy satire, qui aurait
été faite contre Nicolas de Harlay. Par le brevet du 1er janvier 1602, par lequel Nicolas de
Harlay, seigneur de Sancy, est nommé colonel des cent suisses, il lui fut fait
remise des droits seigneuriaux pour la terre de Maule et acquisition (Edmond
Bories, Histoire du Canton de Meulan, 1906 - books.google.fr). Le contrat de
Sancy C'est bien à l'État de Berne, ainsi que le reconnaît le
Contre-Mémoire français, qu'Harlay de Sancy, traitant au nom du roi de France
Henri III, a, le 28 février 1589, promis le Pays de Gex et le Chablais pour
prix de la guerre contre la Savoie. Le préjudice causé par l'inexécution de ce
traité l'a donc été, sinon à Genève, du moins à un canton suisse. Par contre,
le Traité conclu à Genève, le 19 avril 1589, par Sancy, au nom du roi de
France, avec la Seigneurie de Genève et ratifié par Henri IV le 20 octobre
1592, contient divers engagements relatifs aux dédommagements dus à Genève pour
la guerre menée par elle sous le nom et pour le service du roi ; ces
engagements portent, notamment, sur la cession - promise par le roi de France Ă
Genève - du bailliage de Ternier et mandement de
Gaillard, la cession de la souveraineté sur les terres de Saint-Victor et
Chapitre, des mandements du Vuache, Cruseille et Chaumont jusqu'aux Usses,
la cession de la souveraineté du Faucigny pour garantie de la somme de 55.200
écus d'or, prêtés par Genève au roi, jusqu'à complet remboursement avec
intérêts, enfin la cession des mandements de Thiez, Monthoux et Bonne. Or, la paix conclue à Lyon, le 17
janvier 1601, entre le roi de France et le duc de Savoie, ne respecta pas ces
clauses du contrat de Sancy. En 1601, la République de Genève dut abandonner au
duc le mandement de Gaillard occupé par elle et les autres cessions ou
restitutions territoriales promises restèrent lettre morte (Publications
de la Cour Permanente de Justice Internationale, 1929 - books.google.fr). Bien que Henri IV eût déclaré
comprendre la ville de Genève dans les traités de paix de Vervins et de Lyon,
Charles-Emmanuel crut l'occasion venue d'exécuter ses plans. Henri IV avait refusé Gex aux Genevois sans
leur rembourser ses dettes dans leur intégrité ;il avait renouvelé l'alliance
avec les Suisses sans que Genève s'y trouvât comprise (Francis
De Crue de Stoutz, Henri IV et les députés de Genève : Chevalier et
Chapeaurouge, 1901 - books.google.fr). La Souabe, en allemand Schwaben, désigne une région
arrosée par le haut Danube et surtout un duché puis un cercle médiéval du
Saint-Empire romain germanique ou Kreise, situés
entre Thuringe au nord et Suisse alémanique au sud, entre Forêt-Noire à l'ouest
et Bavière à l'est. Le toponyme dérive du moyen-haut-allemand swãben, datif locatif pluriel du nom ethnique (fr.wikipedia.org - Suèves). Le nom de Suèves vient du mot allemand schweif, qui signifie une tresse de cheveux. Les Suisses du canton de Schwitz se prétendent issus des Suèves (Charles
Louis Fleury Panckoucke, La Germanie de Cornelius Tacitus, 1824 -
books.google.fr). "grand amas de l'exil" : l'exil des Ligueurs En ce temps, se commence Ă descouvrir
l'entreprise de la Sainte Ligue, de laquelle ceux de la maison de Guise, joints
à ceux de la maison de Lorraine leurs parens, estoient les chefs, secourus et assistés par le pape, par
le roi d'Hespagne et par le due
de Savoie son gendre. [Et courut le bruit par tout ce roiaume,
que les ducs de Guise et de Maienne, son frère, et ceux d'Omale
et d'Elbœuf, faisoient de
toutes parts grand amas d'armes et de gens de guerre, tant françois
qu'estrangers, et fut-on du commencement en grand
doute , à quoi tendoit ceste grande levée d'armes, croians les uns que ce fut un secret secours que le Roy, sous main, vouloit envoier aux pauvres Flammans; les
autres disoient que c'estoit
pour aller à Genève et se joindre aux forces de l'Hespagnol,
du Savoisien et du pape, qui, avec autres potentats d'Italie, avoient conjuré de
l'aller assiéger et ruiner. Autres bruioient, que
ceux de Guise partis mal contents de la cour, venoient
demander au Roy leur raison de ce qu'ils prétendoient
leur appartenir, tant au duché de Bretagne qu'aux duchés d'Anjou, comtés du
Maine, de Touraine et de Provence, et aultres
appartenances de la couronne de France. Mais tost
après fut dĂ©couvert que leur entreprise tendoit Ă
l'exploit et exécution d'une Ligue-Sainte, dèspieça
par les Guisars tramée et brassée par toute la
France, soubs prétexte de ce qu'ils se nommoient vrais protecteurs et asserteurs
de la religion catholique, apostolique et rommaine,
contre ceux qui faisoient profession de la nouvelle
opinion ou religion prétendue réformée; puis naguères par ceux qu'on a
surnommés huguenos, introduitte
en ce roiaume, et y exercée sous la permission du
Roy. Ligue-Sainte, dy-je, pourpensée
et inventée par défunct Charles, cardinal de
Lorraine, voiant la lignée de Valois proche de son
période (Pierre
de L'Estoile, RĂ©gistre-journal
d'un curieux etc. pendant le règne de Henri III: 1574-1589, 1854 -
books.google.fr). "grand amas" d'eau définit le terme de "lac"
comme celui de Genève (Léman : cf. quatrain I, 47) (Dictionnaire
universel françois et latin, vulgairement appellé dictionnaire Trévoux, Tome 3,
1732 - books.google.fr). Une autre communauté importante mériterait aussi qu'on
lui consacre une monographie, ce sont les fidèles du duc de Savoie qui ont
suivi leur maître après la fin de son intervention en France. Il existe une
claire différence entre la communauté savoyarde et la communauté espagnole, car
la première n'a pas les caractères politiques que peut avoir la seconde : sa
conduite se conformait aux liens traditionnels de fidélité des guerres féodales
plutôt qu'aux solidarités d'un parti dans une guerre civile. La plupart des
gentilshommes qui suivirent le duc ne souffrirent en rien des multiples
changements de parti de leur maître au XVIIe siècle. L'exception éclatante de Charles de Simiane
d'Albigny, ancien gouverneur de Grenoble, semble
illustrer la règle : ce seigneur, après ses échecs face à Lesdiguières, fit
preuve d'un dévouement absolu à la cause du duc de Savoie qui lui avait donné
en mariage sa demi-soeur bâtarde. Il fut un des chefs
qui commandèrent le coup de main malheureux contre Genève en 1602. Mais ses
sentiments étaient ceux d'un catholique radical plus encore que d'un fidèle :
quand le duc se rapprocha de la France, il se tourna vers le roi d'Espagne, Ă
ses yeux seul vrai recours des catholiques. En 1608, il fut décapité à Turin
pour avoir comploté de livrer Montmélian aux troupes espagnoles. Simiane d'Albigny entraina
d'autres seigneurs dans son aventure savoyarde. À la suite de la trahison à laquelle Simiane
avait poussé le gouverneur de Romans, en 1597, ce personnage, Balthazar Flote, comte de La Roche en
Dauphiné, s'exila à Turin où il fut l'artisan de la politique espagnole du duc.
Il devint grand Ă©cuyer entre 1600 et 1602. Les Dauphinois Ă©taient nombreux en Savoie, sans qu'on connaisse les
raisons de leur séjour, qui n'étaient certainement pas politiques et
religieuses pour la grande majorité d'entre eux : quand le duc Charles Emmanuel
se rendit à Milan en 1598, au moins un tiers de sa suite était français.
Les souvenirs de l'aventure du jeune duc en Provence ne s'Ă©taient pas non plus
tout Ă fait Ă©teints : en 1601, un gendre de Charles de Casaulx,
Maurice de l'Isle, organisa un complot savoyard Ă Marseille. On doit aussi
nommer Honoré d'Urfé, l'auteur de l'Astrée, qui dédia sa Savoysiade à la glorification de
la Maison ducale, et fut aussi grand Ă©cuyer du duc. Son exil Ă lui fut clairement
motivé par des raisons politiques et seul son emprisonnement à Feurs aux débuts
des troubles l'avait empêché de jouer le rôle qu'il souhaitait dans la Ligue (Robert
Descimon, José Javier Ruiz Ibáñez, Les ligueurs de l'exil: le refuge catholique
français après 1594, 2005 - books.google.fr). "vastée" : destruction de l’hérésie "vastée" du latin "vastus" (abandonné, désolé, ravagé, ruiné) (Gaffiot). Mandé à Turin, consulté par le duc sur le sort que méritaient les Genevois, l'éloquent théologien répondit: «Il n'y a nul doute que l'hérésie de l'Europe ne vînt à être grandement débilitée et réduite parce que c'est le siége de satan d'où il épanche l'hérésie sur tout le reste du monde. Genève est la capitale du calvinisme. Elle est la porte de France, d'Allemagne et d'Italie ; elle entretientdes hérétiques de toutes les nations. Elle remplit la terre des méchants livres publiés par ses magnifiques imprimeries. D'où je conclus que Genève étant abattue il est nécessaire que l'hérésie se dissipe. Mais les choses qui regardent la destruction de la ville de Genève ne sont point de mon gibier, ni de mon humeur. Votre Altesse a en main plus d'expédients que je n'en saurais penser.» L'escalade du 12 décembre 1602 fut le fruit de ses conseils. François de Sales ne se mêla nullement des préparatifs militaires; mais il fut sacré évêque de Genève en décembre 1602. Il passa ses jours de retraite au château de Polinge (près du Salève) avec le père Alexandre Hume, jésuite écossais qui accompagna les troupes de Charles Emmanuel et faillit perdre la vie sous les remparts de Genève. Le nouveau prélat comptait si bien célébrer la fête de Noël 1602 dans la cité de Calvin, qu'on avait envoyé de Turin des mulets chargés des cierges et ornements, pour la cathédrale de Saint Pierre. Le convoi dut s'arrêter près d'Annecy lorsqu'on apprit le 13 décembre la nouvelle de la victoire des Génevois (Frédéric Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, Tome 5, 1878 - books.google.fr). |