L’éminence grise de RichelieuLa succession de MantoueI, 1001631Long temps au ciel sera veu gris oiseau Au près de Dole & de Tousquane terre, Tenant au bec un verdoyant rameau : Mourra tost grand & finira la guerre. A
cette époque, le « gris oiseau » fait penser à l’éminence
grise de Richelieu, le Père Joseph de son nom en religion, et né François le
Clerc du Tremblay. Il était capucin, capucin étant aussi le nom d’un oiseau.
Durant la guerre de Trente ans « les négociations furent conduites le plus
souvent, non par Richelieu, mais par son conseiller intime, le Père
Joseph [1] » (« Tenant
au bec un verdoyant rameau », en signe de paix). C’est
le Père Joseph qui tenta sans succès un règlement de la succession de Mantoue
(« Au près de Tousquane terre », en Italie), duché dont une
partie, Montferrat, est disputé entre le duc de Savoie Charles-Emmanuel –
candidat de l’Empereur – et Charles de Gonzague-Nevers – candidat de la France. La
mort du duc de Savoie en 1631 (« Mourra tost grand ») accéléra
la fin du conflit au profit de Gonzague. La France rendait la Savoie conquise
et gardait Pignerol. Oiseau Le capucin est oiseau exotique, de l'Océan indien, appelé "fu kapisen" aux Seychelles (Boddaert, 1783 - Forster, 1844) (Roger Safford,
Frank Hawkins, The Birds of Africa, Volume VIII : The Malagasy Region: Madagascar, Seychelles, Comoros, Mascarenes, 2020 - www.google.fr/books/edition). Les Seychellois appellent kapisen les fous Ă dos sombre et au ventre blanc ; leur plumage rappelle l'habit des moines capucins (voir aussi jacobins). Sur la terre, oĂą on ne voit que
les les adultes nicheurs, seul Sula leucogaster peut être qualifié de kapisen (Antony Cheke,
Les noms créoles des oiseaux dans les îles franciophones de l'Océan indien, 1982 - www.google.fr/books/edition). L'arrivée de Richelieu au pouvoir en 1624 et la signature du traité de Compiègne avec les ProvincesUnies (PaysBas) qui reconnaît la liberté du commerce vers les
«Indes occidentales et orientales» relance l'activité des Français en direction de l'Asie avec un double but, missionnaire et commercial. La route terrestre est explorée avec le réseau des
frères capucins du Père Joseph et c'est un missionnaire — Pacifique de Provins — qui réussit à établir en 1628 des liens officiels entre la France et la Perse ouvrant par le golfe persique
la route de l'Inde. L'ordonnance royale de 1629, dite code Michau, encourage les Français à créer des compagnies de commerce à l'image des Hollandais et des Anglais. À partir des années 1630,
les Français s'intéressent au sud de l'océan indien et prennent possession de sites et de porte — notamment Fort-Dauphin et Port-Louis — à Madagascar et dans les Mascareignes (île Bourbon, île de France,
île Rodrigues) ; La compagnie d'Orient est créée par lettre patente de juillet 1642 avec monopole de 15 ans sur Madagascar et les îles environnantes. Au-delà de ces îles, la route des Indes est reprise
par des missionnaires sous l'impulsion du jésuite Alexandra de Rhodes et de la Compagnie du Saint-Sacrement et qui privilégie la péninsule indochinoise (Vincent Dubois,
La compagnie des Indes galantes, 1979 - www.google.fr/books/edition). Cf. quatrain II, 3 avec le missionnaire Alexandre de Rhodes.
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