Elisabeth Ière et Jacques Ier

Elisabeth Ière et Jacques Ier

 

I, 59

 

1600-1601

 

Les exilez deportez dans les Isles,

Au changement d'un plus cruel Monarque

Seront meurtris et mis d'eux les scintiles,

Qui de parler ne seront étés parque.

 

"déportés"

 

L'idée de faire servir les condamnés à la colonisation lointaine paraît avoir été émise durant le règne d'Elisabeth. C'est cette souveraine qui, la première, proposa un bill sur cet important sujet. Toutefois, comme la loi ne désignait pas le lieu d'exil, ce ne fut que sous Jacques Ier, en 1619, que commença réellement la déportation; elle eut lieu en Amérique, dans les colonies naissantes de la Virginie et de Maryland. Dès l'origine les convicts furent considérés comme des sortes d'esclaves. Jacques Ier les adjugeait à ses favoris, lesquels, moyennant une prime de 20 livres par tète (500 fr.), les cédaient à des traitants qui les transportaient en Amérique où ils étaient vendus aux planteurs. Ceux-ci, en échange de la nourriture et de l'entretien, jouissaient de leur travail. Malgré les avantages que cette traite des blancs procurait aux spéculateurs, elle avait soulevé l'opinion publique. Peu avant la déclaration de l'indépendance, Franklin, cité à la barre du parlement d'Angleterre, disait : «En vidant vos prisons dans nos villes, en faisant de nos terres l'égout des vices dont les vieilles sociétés ne peuvent se garantir, vous nous avez fait un outrage dont les meurs chastes et pures des colons auraient dû les préserver.» Les établissements de l'Australie n'ont réellement fait De 1619 jusqu'à la guerre de l'indépendance, on calcule que la moyenne annuelle des déportés s'élevait à 400 (Journal des economistes revue mensuelle de l'economie politique, des questions agricoles, manufacturieres et commerciales, 1852 - books.google.fr).

 

Perhaps the first instance of institutionalizing transportation as alternative punishment occurred in 1615 when James I, as the English Catholic King, gave local judges the option to forego death in favor of employment “in foreign the seas”. Moreover, by 1603 the terms of what “vagabond” or “gypsy” entailed were defined in clearer language, while the primary regions of transportation were identified. Newfoundland, the West and East Indies, as well as France, Spain, and the Low Countries were noted as the chief destinations for the unwanted British and Irish masses. Through the 1630s, under Charles I, transportation as an institutionalized practice of the British Empire accelerated in its usage(Muiris MacGiollabhui, "Carrying the Green Bough", Yearbook of Transnational History, 2019 - books.google.fr).

 

En 1578, la reine Elizabeth concéda à sir Humphrey Gilbert (v. 1537-1583) «tous pays lointains payens et barbares non actuellement possédés par prince ou peuple chrétien». Le 5 août 1583, Humphrey prit officiellement possession de l'île de Newfoundland (Terre-Neuve) au nom de l'Angleterre. Cependant, la plupart des puissances européennes, dont la France, ne voulurent pas reconnaître cette prise de possession, ce qui n'empêcha pas les Anglais d'y installer des postes de pêche, non loin de l'actuelle ville de St John's. En 1610, John Guy, un marchand anglais de Bristol, établit dans la baie de la Conception la première colonie permanente à Newfoundland (Terre-Neuve). En même temps, des Français, des Basques et des Bretons s'installaient l'été sur l'île pour exploiter le lucratif marché de la pêche à la morue. En 1655, ces pêcheurs occupaient plus de la moitié des côtes méridionales et occidentales de l'île, et avaient fait de Plaisance l'un des ports importants de la Nouvelle-France. Le nom français de Terre-Neuve est apparu en 1510; il s'agit d'une traduction de New Founde Isle («île nouvelle»), utilisée par le Vénitien Giovanni Caboto (devenu John Cabot en anglais; Jean Cabot en français) qui, parti de Bristol en Angleterre, avait navigué vers l'ouest pour y accoster en 1497. En 1502, le nom New Found Launde était utilisé dans les documents officiels en anglais. Sur une carte de 1529, le Florentin Giovanni da Verrazano (v. 1485-1528) employa le terme Terra Nova. Depuis le 31 mars 1949, le nom officiel de cette province canadienne est Newfoundland en anglais et Terre-Neuve en français (www.axl.cefan.ulaval.ca).

 

Mesgonez (Troïlus du) marquis de la Roche et de Goëtarinval, vicomte de Trévarez etc, gouverneur de Morlaix en 1568, Vice-Roi des Terres-Neuves en 1578. C'est lui qui jeta dans l'Ile de Sable ces malheureux qui y périrent presque tous. Il prit ensuite part au guerres civiles, après lesquelles il reçut de Henri IV de nouveaux pouvoirs pour l'Amérique. Tout leur résultat fut de tirer de l'Ile de Sable ceux des déportés qui y vivaient encore, Ce Vice-Roi ne montra aucun discernement dans ses entreprises maritimes, aliéna une partie de sa fortune en efforts indignes de sa puissance, et mourut de chagrin l'an 1601 (François Marie Uncas Maximilien Bibaud, Dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l'Amérique, 1857 - books.google.fr).

 

Après tant «d'entreprises vaines», selon les termes de Marc Lescarbot, le projet de voir germer une Nouvelle-France au Canada , abandonné pendant plusieurs décennies au profit des régions méridionales, renaît sous l'impulsion du marquis de La Roche, qui envoya sous le commandement de Querbonyer des colons à l'île de Sable en 1598. Lorsque Chefdhostel, chargé de l'approvisionnement, revient dans la colonie après deux ans d'absence, quelle ne fut pas sa surprise de s'apercevoir que parmi les 50 pionniers recrutés par La Roche, seuls 11 d'entre eux l'attendaient toujours. Les autres avaient fui ou péri. On retrouva les cadavres du commandant et du magasinier, morts assassinés. Si le doute subsiste sur les circonstances exactes de ce double meurtre, on peut néanmoins supposer que les habitants, pour la plupart des gueux ou d'anciens brigands, s'en sont pris aux autorités pour assurer leur subsistance en raison de la pénurie des vivres. Les bateaux chargés du ravitaillement annuel ne franchirent jamais l'Atlantique en 1602 (Marie-Christine Pioffet, Introduction : Marc Lescarbot, Voyages en Acadie, 1604-1607: suivis de La description des moeurs souriquoises comparées à celles d'autres peuples, 2007 - books.google.fr).

 

"scintiles" : étincelles des bûchers

 

Scintille (latin scintilla) = étincelle, flamme du bûcher (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

Élisabeth rouvrit d'abord les églises étrangères, refuge de l'esprit de libre croyance, et, sans être beaucoup plus tolérante d'intention ni de principe, elle toléra davantage. Ce n'est qu'après dix-sept ans que le bûcher se ralluma dans Londres et consuma de malheureux anabaptistes. Un laboureur du Norfolk, Matthew Hamont, partagea leur sort (1579), et les anti-trinitairiens le réclament comme un des leurs. Nous ne pouvons transcrire ici leur triste martyrologe; mais quand le premier des Stuarts parvint au trône, sa théologie et son absolutisme, également pédantesques, ne purent que l'enhardir dans ses mauvais penchans, et de nouveaux supplices signalèrent son orthodoxie. Quinze hérésies damnables sont énoncées comme motifs dans le mandat infâme par lequel Jacques Ier, en qualité de défenseur de la foi catholique, charge son chancelier Ellesmere de faire brûler Édouard Wightman, à la diligence du shériff de la cité de Lichfield. Cet ordre et celui que rendit contre Barthélemy Legate le même prince, docte protecteur de Bacon, sont, dit-on, les deux derniers warrants de hæretico comburendo qu'un roi d'Angleterre ait signés (1612).

 

Jacques Ier avait bien d'autres errans que les sociniens à faire rentrer dans la voie étroite. Dans l'origine, il leur assimilait les disciples d'Arminius, dont jusque sur le continent il poursuivait la condamnation. Tout ce qui s'écartait des canons qu'il avait lui-même promulgués à son avènement était à ses yeux outrage à son savoir et rébellion à sa suprématie. Il citait devant lui ceux que faisait rechercher la cour de haute commission ecclésiastique; il les interrogeait lui-même, les faisait expliquer pour mieux les confondre, et tenait à les réfuter avant de les punir. Il profitait de la faculté d'être tyran pour se faire encore inquisiteur. Et cependant auprès de lui, sous ses auspices, la philosophie expérimentale prenait naissance, Bacon frayait la voie à Hobbes, et tandis que le raisonnement, pénétrant dans la foi, en desserrait peu à peu les liens et préparait cette sorte de religion qu'on appelle latitudinaire, l'esprit de secte, favorisé par le protestantisme, diversifiait la foi sans l'affaiblir, et produisait ces dissidens tout chrétiens qui eurent l'honneur d'unir la ferveur et la liberté (Charles de Rémusat, Controverses religieuses en Angleterre, Revue des deux mondes, Volume 5, 1856 - books.google.fr).

 

Le bûcher s'élève encore une fois sous Jacques Ier, une dernière fois il est vrai, pour le châtiment de deux malheureux qui avaient attaqué la divinité de Jésus-Christ (Édouard Sayous, Les deux révolutions d'Angleterre (1603-1689) et la nation anglaise au XVIIe siècle, 1891 - books.google.fr).

 

En 1612, BarthĂ©lemy Legate fut brĂ»lĂ© Ă  Smithfield, pour avoir niĂ© opiniâtrement la TrinitĂ© et soutenu des opinions assez semblables Ă  celles des unitariens de nos jours. La mĂŞme annĂ©e, Edouard Wightman, Ă  Litchfield, subit la mĂŞme peine, après avoir Ă©tĂ© convaincu de tenir la doctrine des anabaptistes et des ariens, et fut condamnĂ© en premier jugement par l'Ă©vĂŞque de Coventry et de Litchfield, comme le rapportent au long Fuller et Crosby. On ne peut guère douter que dans la confusion extrĂŞme ou la rĂ©volte prĂ©cipita le royaume, l'arianisme n'y trouva beaucoup de partisans, puisque le fameux poète Milton semble ranger le Fils de Dieu parmi les crĂ©atures, quoiqu'en certains endroits il paraisse le reconnaĂ®tre pour vrai Dieu ; Ă  moins qu'Ă  force de subtiliser, comme faisaient les ariens, il ne s'Ă©carte des règles communes du langage, et du sens reçu des termes qu'il emploie. En effet, nous tenons de l'auteur de sa vie, qu'il changea souvent de principes en matière de religion ; que de presbytĂ©rien, il devint indĂ©pendant et anabaptiste, et que vers la fin de sa vie, il ne voulut ĂŞtre en communion avec aucune secte religieuse (Alban Butler, Vies des pères, martyrs et autres principaux saints, traduit par Jean François Godescard, Tome 10, 1836 - books.google.fr).

 

Les père fondateurs des Etats-Unis "pilgrims fathers" étaient des protestants très pieux, fuyant les persécutions de Jacques Ier, à la recherche d'un lieu où pratiquer librement leur religion. Le Mayflower avait alors emmené trente cinq pères pèlerins et soixante sept étrangers (Marie-Hélène Morot-Sir, 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés, 2008 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain I, 64 pour Jacques Ier présenté comme roi-pourceau.

 

Acrostiche : LASQ, Lasque

 

In 1583 a Polish noble, Albert Lasque, palatine of Siradia being in England, Dee and Kelly were introduced to him, and accompanied him to Poland (John Harland, Lancashire Folk Lore : Illustrative of the Superstitions Beliefs and Practices, 1867 - books.google.fr).

 

On trouve cette graphie du nom de Laski dans la traduction de la Cosmographie de Sebastien Munster au sujet de "Stanislav comte de Lasque et palatin de Sicadie" (Sebastian MĂĽnster, Jacob Clauser, David Kandel, Christophe Stimmer, La cosmographie universelle, contenant la situation de toutes les parties du monde, avec leurs proprietez & appartenances, 1552 - www.google.fr/books/edition).

 

Albert Laski, Polonois, Palatin de Sirask, étant venu en Angleterre dans l'esté de l'année 1583, pour y voir la Reine Elizabeth, dont la réputation y attiroit quantité d'Etrangers, lia une étroite amitié avec nos deux Chimistes. Ils prirent tous trois la résolution de s'en aller en Pologne. Dée & Kallé partirent secretement avec leurs femmes & leurs enfans. Après un voyage de quatre mois depuis le jour de leur embarquement sur la Tamise, ils arriverent au Château de Lasky le 3. Février 1584. ils allèrent de-là à Cracovie, & comme ils ne voyoient pas de jour à faire réüssir les desseins qu'ils avoient conçûs, ils prirent le chemin de Prague, où étoit alors l'Empereur Rodolph Avec toute sa Cour (Memoires pour seruir á l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres. Auec un catalogue raisonné de leurs ouurages, Tome 1, 1720 - books.google.fr).

 

Kelly mourut en 1595, Dee retourna en Angleterre en 1589 et mourut en 1607 Ă  Mortlake.

 

La date de la mort d'Albert Laski ne se trouve pas dans l'ouvrage de Starovolski sur les guerriers illustres de la Pologne. Il parait que Laski vivait encore en 1631, lorsque parut ce livre; car l'auteur, après avoir proposé une épitaphe en son honneur et fait son éloge, a laissé la date de la mort en blanc. (Voyez Starovolski, Sarmatiæ Bellatores, Cologne, 1631, p. 186.) (Trésor de numismatique et de glyptique, Tome 9, 1841 - books.google.fr).

 

Beaucoup d'autres circonstances nous permettent de conclure que le séjour de Giordano Bruno a eu un certain retentissement en Angleterre. Au mois de juin, en 1583, Albert Laski, un prince polonais, visita Oxford et, en son honneur, on y organisa une grande discussion publique. Bruno en était, d'après ce qu'il dit, et soutenait des thèses tellement hérétiques avec une telle ardeur et une telle irrévérence qu'il lui fut défendu de professer plus longtemps à l'Université d'Oxford (S. B. Liljegren, La pensée de Milton et de Giordano Bruno, Revue de littérature comparée, Volume 3, 1923 - books.google.fr).

 

Pour Dee : cf. quatrains X, 42 ; X, 56.

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