Vincent de PaulI, 651605Enfant sans
mains, jamais veu si grand foudre : L'enfant royal
au jeu d'œsteuf blessé : Au puy brisé
fulgures alant mouldre, Trois sous les
chaînes par le milieu troussés. Pierre Brind'Amour
envisage la mort du dauphin en 1536 après s'être senti mal au jeu de paume.
Cela se passait alors que la France Ă©tait en guerre contre Charles Quint.
L'expédition du moulin d'Auriol visait à priver les troupes impériales de pain.
Autrement, le moissonnage nocturne et la remise en eau des moulins (« allant
mouldre ») permirent de ravitailler la ville de
Bene et de faire lever le siège en juin 1552 "Brisés" peut être à la place de
"brize" (1557, L'Escluze : briza) du grec "bruza"
désignant une céréale (Dictionnaire étymologique, Larousse, 1969). Fulgur a donné foudre qui désigne
les blés couchés par la pluie dans certaines régions (Beauce, Perche) Infirmes Le 16ème siècle voit cependant l’apparition d’une
figure qui, d’une part, semble accorder peu d’importance aux qualités
esthétiques des illustrations anatomiques et, de l’autre, aborde la guérison
des corps de façon plus prosaïque : Ambroise Paré. Le célèbre médecin français
est considéré comme le père de la chirurgie moderne en raison de sa découverte
de la ligature des artères lors des amputations, méthode moins douloureuse et
plus efficace que la cautérisation. Arrivé à Paris en 1532, où il entreprit une
formation de barbier, il pratiqua à l’Hôtel-Dieu et fut ainsi confronté à la
misère du bas peuple, exposé à diverses formes d’infirmité sans pouvoir accéder
à des soins de qualité. Quand il fut finalement admis au Collège des
Chirurgiens en 1554, il n’oublia pas ses années de pratique au service des plus
démunis. Il accompagna également les armées françaises dans leurs expéditions
militaires, perfectionnant ses techniques destinées au soin d’urgence des blessés.
Son talent fut rapidement reconnu : entré au service de François II et de
Charles IX, il devient premier chirurgien d’Henri III. Ambroise Paré est
célèbre pour avoir laissé à la postérité l’une des premières collections de
croquis décrivant des appareils mécaniques pouvant se substituer à un membre
perdu. Douze ans après son premier grand ouvrage, La manière de traicter les playes, il publia
les Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens
necessaires Ă icelle. Comme le stipule son titre,
l’édition de 1564, imprimée à Paris chez Jean le Royer, comprend de nombreuses
illustrations dont des modèles de jambes artificielles). Le chirurgien, de part son pragmatisme et son mépris affiché envers les liens
existant entre la guérison et les croyances métaphysiques, amorce une
révolution : celle de la prothèse. Grâce à Ambroise Paré, cette dernière
devient un instrument de guérison efficace et fonctionnelle, participant
certainement à la réinsertion des mutilés dans leurs fonctions. Avant que la
prothèse n’acquière la complexité psychologique et médiale que Freud et ses
successeurs lui confèreront, elle sert avant tout à éviter la honte et la
marginalisation qu’un membre amputé pouvait provoquer. Néanmoins, la
restauration corporelle obtenue n’indique plus un lien direct avec le divin ou
une insertion dans l’ordre qu’il stipule, amorçant ainsi un changement significatif
dans les rapports entretenus par l’être humain avec la science et son propre
organisme Ambroise Paré, dans son « vingt-troisième livre, traictant des moyens et. artifices d'adiouster
ce qui défaut naturellement, ou par accident » (1575) figure une main
artificielle complètement articulée, ainsi qu'un bras de fer qu'il fit exécuter
par un serrurier parisien, nommé le petit Lorrain, « pour suppléer au défaut
des membres déperdus ». Nous connaissons quelques
autres exemples de fabrication de membres mécaniques au XVIe siècle, entre
autres celui d'Haroudj Barberousse, fait de fer et
d'argent, exécuté entre 1514 et 1518, et le bras de fer de Goetz
von Berlichingen (1480-1562), ce chevalier dont
Goethe fit le héros de ses drames. D'autres ont été exécutés postérieurement,
mais nous n'avons pas relevé dans la littérature médicale, d'essais plus
anciens de prothèse des membres supérieurs. C'est ce qui nous engage à faire connaître
la lettre suivante, extraite du deuxième Cartulaire d'Yolande de Flandre, dame
de Cassel, conservé aux Archives départementales du Nord (B. 1574, p. 110). «
Les lettres pour Hanequin le Grave, filz Omaer, pour li taire une
main de fer » Les paralysie et incapacités motrices comprennent
les personnes paralysées ou ayant un membre dit contracté(contractus), desséché (aridus),
privé de force (debilitatus), tordu ou noué. Un
infirme atteint aux membres supérieurs est dit manchot (mancus),
aux membres inférieurs est dit boiteux (claudus). Le
terme paralysis est rarement utilisé pour désigner
l’incapacité de mouvoir une partie ou l’ensemble de son corps. On peut distinguer
la tétraplégie, lorsque l’individu est totalement immobilisé ou la paraplégie,
lorsqu’il s’agit de la partie inférieure du corps seule. Dans les Livres des miracles de Grégoire de Tours,
les circonstances ou les lieux des accidents ne sont presque jamais évoqués.
L’évêque de Tours justifie parfois l’accident ou la maladie comme une punition
divine frappant les parents pécheurs, et dont les conséquences retombent alors sur leurs enfants (Treffort, 1997b, p. 123). Pour Grégoire, c’est donc souvent
le péché qui est à l’origine du mal : A propos d’un certain Piolus
: « Était-ce parce que lui ou ses parents avaient péché qu'il était ainsi né
manchot ? » (Et hoc cur accesserit,
utrum hic aut parentes eius peccaverint, ut sic mancus nasceretur, non est nostrae discretionis exsolvere. » Grégoire de Tours, Miracles de saint Martin,
II, 26, MGH, p. 168, lin. 30). Cette notion de péché se retrouve dans d’autres
récits de miracles tardo-antiques. Les récits de miracles offrent un éclairage
particulier sur l’enfance, ils constituent de véritables témoignages de leurs
activités, à travers l’évocation de nombreuses « scènes de vie » :
les enfants jouent à la « pelote » ou à la balle, imitent les gestes
de leurs parents et participent aux activités domestiques.Le
jeu reste néanmoins l’activité la mieux associée à l’enfance Roi lépreux Roger Prévost interprète ce quatrain comme retraçant
la vie de Baudouin IV, roi lépreux à 13 ans en 1174, dont on s'aperçut de la
maladie lors d'un jeu de balle. Il remporta la victoire de Montjisard
à 17 ans ("foudre" de guerre). L'enfant sans main n'est pas forcément l'enfant
royal, si on sépare les deux vers. On connaît au XVIIIème siècle, à Paris en 1750 et à Lyon en 1768, des
légendes urbaines soupçonnant que les enlèvements d'enfants qui avaient
réellement lieu, avaient pour objet de fournir respectivement du sang à un roi ou prince lépreux (ladre) et des membres à un roi manchot. Typologie Le futur Louis XIII avait 4 ans en 1605 et jouait
déjà à la paume. L'esteuf désigne la balle au jeu de paume, venant de stupa
(Ă©toupe). Jacques HĂ©roard ne mentionne pas qu'il s'y
soit blessé dans son journal qu'il écrivit durant sa fonction de premier médecin
du dauphin Par jeu de mot on peut prendre blessé pour blésé. On note que le français moderne use encore du verbe bléser « parler avec un vice de prononciation » issu de
l'ancien français blois « bègue » provenant lui-même du latin blœsus, en provençal bles (Parla bles). On trouve aussi en occitan "blessa" car il existe un verbe du bas latin : blissare avec deux "s" Les attestations de bégaiement sont nombreuses pour le roi de France Louis XIII ; entre autres celle de son second
précepteur, Nicolas Lefèvre qui y voyait une raison du manque d'intérêt du jeune roi pour les lettres Louis est un manuel, joueur de paume et de palemail, simultanément ouvrier ou artisan qualifié,
polytechnicien au sens étymologique du terme, avec une teinture d'universalité.
Il est armurier certes, mais également métallurgiste, imprimeur, charron,
garçon d'écurie, maréchal-ferrant, cocher, cuisinier,
pâtissier. Henri IV en son enfance, et plus tard, était proche des paysans. Louis
XIII, dans une société qui s'urbanise, a des contacts, notamment
technologiques, avec les représentants qualifiés des métiers citadins, de la
classe artisanale et ouvrière. Ainsi pourra-t-il
(fort apprécié, qui plus est, par les soldats) maintenir ce « front populaire »
de la monarchie, en quoi un Ă©crivain de l'Ancien RĂ©gime voyait l'un des traits
distinctifs de la royauté française On pourrait reconnaître Pouy
dans "puy". Vincent de Paul est né le 24 avril 1581 non loin de
Dax, au village de Pouy, dans les Landes. Son père et sa mère possédaient quelques arpents de
terre qu'ils cultivaient eux-mêmes. Vincent était le troisième des six enfants
élevés par eux. En semaine, les parents et les enfants travaillaient aux
champs. Le dimanche, toute la famille se rendait aux offices religieux, car sa
foi chrétienne était profonde et vivace. A la piété que Vincent puisait parmi
les siens, il unissait une grande charitĂ©. « Son jeune cĹ“ur s'apitoyait dĂ©jĂ
sur les misères des autres : il prenait sur sa nourriture pour apaiser leur
faim, puisait pour eux dans le sac de farine qu'il rapportait du moulin, tirait
de sa bourse, pour les mettre dans leur main, les quelques liards qu'il avait
peu à peu amassés Où était Vincent de Paul entre 1605 et 1607 ? Pour résumer les faits : en 1605, le jeune prêtre
Vincent Depaul a des soucis financiers. Il apprend
alors à Toulouse qu'il a hérité de quelques biens. Seul problème : ces biens
sont dus par un mauvais payeur qui s'est enfui Ă Marseille. Vincent le suit, le
retrouve et obtient son incarcération. On parvient à un accord, et le « mauvais
garnement » paie trois cents écus à Vincent. Pour son retour à Toulouse,
quelqu'un lui suggère alors de s'embarquer pour Narbonne. Et c'est là que la
vie de Vincent bascule, et que les opinions divergent. La biographie que Pierre
Miquel (Vincent de Paul, 1996) a consacrée à Vincent de Paul résume
parfaitement le débat des historiens. « Ce voyage demeure assez énigmatique,
puisque c'est à Vincent et à Vincent seul qu'on en doit le récit ». En effet,
tout ce que nous savons sur la captivité du saint est contenu dans une lettre
autographe, ou plus exactement dans deux lettres - la
deuxième ne fournissant que quelques compléments. [...] Cette première lettre -
elle ouvre en mĂŞme temps la vaste correspondance de Vincent de Paul - est
expédiée à M. de Comet le 24 juillet 1607 de la ville
d'Avignon, dans le but de lui demander l'envoi de ses attestations d'Ă©tudes et
de prĂŞtrise, ce que Vincent obtient. Pour expliquer une absence de deux ans, le
jeune prĂŞtre raconte Ă©videmment ses aventures Ă son protecteur : l'attaque des
corsaires, sa vente comme esclave sur le marché de Tunis, ses trois patrons
successifs, et finalement sa fuite en compagnie de son dernier maître. Nous ne
connaissons pas la réaction de M. de Comet. La lettre
est classée, et personne n'évoquera plus cette histoire, jusqu'en 1658. C'est
alors que la lettre parvient aux mains du chanoine de Saint-Martin qui envoie
une copie à Vincent, « estimant », comme écrit son premier biographe, « qu'il seroit consolé de lire ses anciennes aventures, & de se
voir jeune, en sa vieillesse : mais l'ayant leuë il
la mit au feu ». Vincent essaie alors par tous les moyens de récupérer les
originaux de ce qu'il appelle ses « misérables lettres » N'y a-t-il pas des
parallèles troublants entre la lettre de Vincent et le récit du captif dans la
première partie du Don Quichotte ? [...] La parution du roman de Cervantès date
de 1605 et coïncide donc avec l'enlèvement de Vincent. [...] Vincent anticipe de
sept ans l'histoire de la tête enchantée insérée dans la deuxième partie du Don
Quichotte.Les deux auteurs se réfèrent à un tour de
magie apparemment assez répandu depuis le milieu du XVIe siècle et décrit par
Jean-Jacques Wecker dans ses Secrets et merveilles de
nature Cervantès était devenu manchot (cf. "sans
mains") Ă la bataille de LĂ©pante en 1571. Il faut y rajouter une Ă©trange maladie, la layra, qui frappe le pays entre 1605 et 1609. Elle est
dépeinte dans un livre écrit au XIXe siècle par le docteur Calmeil,
De la folie. La layra est une « paralysie agitée » :
« La maladie du Labourd n'était point provoquée par
l'usage des végétaux somnifères, ou d'une pommade narcotique ; le délire se
communiquait par voie de contagion, d'un individu à un autre. Les témoins que
l'on gardait Ă vue ne possĂ©daient aucun onguent; les prĂ©venus n'en avaient pas Ă
leur disposition; les uns et les autres affirmaient cependant qu'ils faisaient
des voyages aériens. Le trouble des sens et des idées succédait pour
l'ordinaire à une vive impression de crainte.» Je crains que le docteur Calmeil qui, comme beaucoup de médecins aliénistes du XIXe
siècle, est extrêmement attiré par les cas de possession et de sorcellerie qui
se sont produits deux cents ans plus tôt, n'ait allègrement confondu plusieurs
symptômes : celui de cette mystérieuse maladie, « sorte de paralysie agitée » -
la layra - et le transport sabbatique, ce « voyage aérien» que Pierre de Lancre fait avouer à ses sorcières. Lancre
est au courant de cette maladie : « Il s'est trouvé en une seule petite
paroisse près de la ville d'Acqs quarante personnes
affligées d'épilepsie par le moyen des sorciers, et une infinité d'autres
affectées d'un certain mal qui les faisait aboyer comme des chiens. » Il écrit
encore : « les sorciers de la même paroisse les font aviser de dérober des
chiens domestiques, et les appâter et droguer, de façon qu'ils les font devenir
enragés. » Mal si étrange qu'il est, le thème du poème que le président d'Espagne écrit en l'honneur de De Lancre : "Quelques uns sont saisis d'un tel enchantement / Qu'ils n'ont pour toute voix qu'un lourd aboyement"(...)
Donner ce mal comme un mal donné peut se décider publiquement au sabbat. C'est ce qu'avoue Francine Boquiron : elle confesse qu'elle "était au complot qui se fait au sabbat de donner ce mal à cette Demoiselle".
Mais, le plus souvent déjà en 1605, c'est un mal qui se donne dans l'intimité de la chambre, par exemple au moment d'un accouchement. Assimilé à "l'ordure", ou la "vilenie", déposée dans la matrice et qui
la rend stérile, le mal de Layra "demeure si bien clos et enfermé dedans qu'il ne s'est découvert que huit ans après". La nouvelle diabolisation creuse l'intérieur du corps et de la personne, s'y
enkyste et ne devient manifeste que longtemps après. Ainsi, anticipant quelque peu les événements de Loudun, dans la possession des aboyeuses d'Amou, comme à la Tournelle au Parlement de Paris en 1613,
selon De Lancre, le corps mis en théâtre donne à voir publiquement ce démon qui se terre désormais à l'intérieur, et les crises manifestent la nouvelle dissociation des espaces. [...]
Dans son Livre des Princes, De Lancre raconte l'attaque par le Diable et les sorcières de sa chambre et de celle du seigneur d'Amou le 25 septembre 1609 En 1613, l'épidémie de layra
sévit plus virulente que jamais dans le diocèse de Dax, où plusieurs
condamnations à mort seront prononcées. Entre 1614 et 1620, le parlement de
Bordeaux ordonnera l'exécution de quatre personnes accusées des méfaits
habituels : signature de pactes, ensorcellement, assistance au sabbat Vincent de Paul écrivait le 8 décembre 1646 à Jacques Tholard depuis Saint Lazare : Ressouvenez-vous, Monsieur, que vous avez Dieu avec
vous, qu’il combat avec vous et qu’infailliblement vous vaincrez. Il peut aboyer, mais non pas mordre ;
il vous peut faire peur, mais non pas du mal ; et de cela je vous en assure
devant Dieu, en la présence duquel je vous parle Le terme aboyer est encore employé dans son 52ème
sermon (La rechute) au sujet du mal, dans le 37ème (L'amour des ennemis :
"laissez aboyer les chiens"), dans la conférence 212ème (Des maximes
contraires aux maximes évangéliques, 29 août 1659) L'adversaire du chrétien, quoique furieux et
méchant, puissant et fort, est un adversaire déjà vaincu. C'est un chien à la
chaîne: il peut aboyer, faire trembler le passant, mais il ne peut faire de mal
à ceux qui ne se livrent à discrétion : Alligatus est
enim (diabolus) tanquam annexus canis catenis, et nemini potest mordere,
nisi eum qui se illi mortifera securitate conjunxerit. Latrare potest, mordere omnino non potest, nisi volentem.
(Saint Césaire d'Arles, parmi les sermons de saint Augustin). A la sollicitation de M. de Comet, qui le voulait non loin de Dax, il fut tout simplement curé de Tilh.
Mais ce n'est ni à Tilh, ni dans les Landes que la Providence le destinait. Sur les contestations d'un certain Saint-Soubès, qui avait obtenu en
cour de Rome la cure de Tilh, Vincent n'insista pas et s'en fut vers son destin. Il n'aura désormais avec Dax, au moins pendant quelques années, d'autres relations que
quelques lettres adressées à M. de Cornet, puis après sa mort, à son frère, de Comet jeune, et à son neveu de Saint-Martin, chanoine de Dax, qui continuent à s'intéresser à lui.
Vint-il à Dax lors de son unique visite à sa famille en 1623 ? Il ne semble pas, malgré ce que paraissent en dire l'auteur et l'ouvrage cités plus haut : Nous le connaissons assez pour nous le représenter
parcourant en détail les lieux témoins de son enfance... Nous nous figurons aussi, sans peine, tous les témoignages de sa gratitude pour M. de Saint-Martin et tous les membres
de la famille de Comet, ainsi que pour les Pères Cordeliers et tous ses autres bienfaiteurs. Il édifia grandement sa famille, dit Collet, "par sa piété, sa sagesse, sa tempérance et sa mortification" C'est Coste qui écrit Saint-Soubé sans préciser d'où il tient ce nom Thil se trouve très proche d'Amou où sévit De Lancre. Dans sa lettre du 24 juillet 1607, Vincent de Paul note : "Curieuse qu'elle estoyt de sçavoir nostre façon de vivre, elle me venoyt voir tous les jours aux champs où je fossioys,
et après tout, me commanda de chanter louanges à mon Dieu. Le ressouvenir du Quomodo cantabimus in terra aliena des enfants d'Israël captifs en Babilone me fist commencer avec la larme à l'œil
le psaume Super flumina Babilonis, et puis le Salve regina, et plusieurs autres choses, en quoy elle print autant de plaisir que la merveille en feust grande" Quomodo cantabimus in terra aliena et Super flumina Babilonis, c'est le psaume 136 (137). Sous le coup de l'émotion provoquée par cette évocation, il a lui-même, la larme à l'oeil.
L'évêque de Séez (Sées, Orne), Claude-Privas de Morenne, mort en 1606, consacre son troisième sermon sur le psaume 136 "Super flumina Babylonis", adressé à Nicolas Brûlart : Le poëte Menander ayant exactement considéré tous les maux qu'une trop excessive mélancholie engandre en l'homme infera ces vers dans ses écrtits : Il n'y a mal plus dangereux / A l'homme q'un soin douloureux.
De quoy pouvant rendre plusiuers raisons diverses, il s'est contenté de la principale adjoutant cet autre vers : Les ennuis et fascheries / Engendrent les maladies Cela sera publié en 1605. Nicolas Brulart de Sillery, né en 1544 et mort le 1er octobre 1624, est un homme d'État français, garde des sceaux puis chancelier de France.
Il est nommé garde des sceaux en 1604, puis chancelier de Navarre en 1605 et chancelier de France en 1607 Noël Brûlart, le plus jeune frère de Nicolas fait la rencontre, en 1626, de Vincent de Paul qui le convainc de réformer sa vie et de consacrer
son énergie, ses talents et sa fortune à travailler au bien de son prochain Si le médecin spagyrite, de qui Vincent de Paul aurait été l'esclave, cherchait la pierre philosophale, l'évêque de Séez rappelle, en son
huitème sermon, les paroles de saint Augustin dans son Enarratio s. 136 : "bienheureux qui brisera les passions qu'elle a fait naître en nous contre la pierre qui est le Christ", Christ qui est la "vraye pierre" Les liens entre mélancolie, saturnisme et alchimie sont également à déduire de la caractérisation traditionnelle de l'adepte: un «jaloux»,
goûtant le secret, la solitude, le silence, enclin à la méditation... (Frank Greiner, Les métamorphoses d'Hermès, Bibliothèque littéraire de la Renaissance, 2000, p. 237). La première de ces phases colorées permettait, par la calcination et la putréfaction, d'obtenir la matière au noir (en latin: nigredo).
Elle fut parfois appelée «mélancolie» par association avec un des quatre tempéraments qui, suivant l'astrologie et la médecine, constituaient l'espèce humaine. Celui-ci était déterminé par l'humeur ou bile noire
qui provoquait tristesse ou folie. Il dépendait évidemment de Saturne, comme le plomb de cette œuvre au noir. Pour la qualifier, les adeptes avaient coutume de dire qu'ils réalisaient «le noir plus noir que le noir même»
(nigrum nigrius nigro). Il s'agissait non seulement de débarrasser la matière première de ses impuretés, mais aussi, pour l'alchimiste qui s'identifiait à son œuvre, de mourir au monde pour gagner l'éternité
(Jacques Lennep, Alchimie: contribution à l'histoire de l'art alchimique, 1985) Un fait intéressant pour la Normandie, et en particulier pour la ville de Flers, est qu'une des traductions du Traité
alchimique d'Artefius, intitulé Clavis majoris sapientiœ, est due à un gentilhomme normand, seigneur et baron de Flers au XVIème siècle, Nicolas de Grosparmy, et a passé pour une œuvre originale.
Un arrière-petit-fils de Nicolas de Grosparmy, était Louis de Pellevé, qui après avoir eu une superbe position, mourut dans la détresse en 1660 Guillaume de Grosparmy avait acquis la seigneurie de Gasprée (Gâsprée) près de Sées (Orne) en 1521 Louis de Pellevé était d'une branche cadette d'une famille qui donna le Cardinal de Pellevé, archevêque de Reims (1592) : Nicolas de Pellevé, auparavant évêque d'Amiens (1552)
et archevêque de Sens (1562) Marie de Gondi, deviendra la femme de Léonor de Pisseleu, seigneur d'Heilly, fils de Jean et de Françoise de Pellevé.
A ces liens avec la Picardie, les Gondi en ajouteront d'autres plus intéressants pour nous, quand l'un d'eux deviendra seigneur de Folleville et y amènera saint Vincent de Paul Galériens "Trousser" au milieu une voile est un
terme de marine, et les trois enchaînés ressemblent ainsi à des galériens dont
Vincent de Paul prit soins, pour les empêcher de désespérer et... d'arrêter de
ramer. Jusqu'au XVIIIe siècle, les galères changeaient de
voiles selon la force du vent. Ce n'est que dans les derniers temps de la
marine à rames que se généralisa la pratique de « prendre des ris », ce qui se
disait faire terzarol (réduire d'un tiers la surface
de voilure). La galère ne fut jamais qu'un instrument rudimentaire à la voile.
Aux termes usités à bord des vaisseaux pour les différentes manœuvres à la
voile se sont substituées naturellement, dans la marine des galères, des
expressions entièrement différentes. Ainsi « loffer »
se dit orser ; « laisser porter » devient pouger. « Serrer les voiles », c'est férir, tandis que déférir équivaut à « larguer ». Casser signifie « raidir,
border, tourner ». D'une voile qui « ralingue » ou « faseye », c'est-à - dire qui flotte par manque de vent, un marin des
galères dit qu'elle fringue. Mettre à la fringue est synonyme de « mettre en
panne ». Assimer le quart (ou le car) revient à dire
« apiquer l'antenne le long du mât ». Quand le vent souffle exactement de
l'arrière, les voiles sont opportunément « mises en ciseaux »; pour exécuter
cette manœuvre à bord d'une galère, il faut muder
l'antenne de trinquet. Les voiles sont dites alors en oreilles de lièvre (une
antenne Ă la drette, l'autre Ă senestre). Les
différents termes du gréement sont également tous particuliers. Indiquons, par
exemple, que les haubans sont les sortis, les balancines les mantilles, les
cargues les embrouilles. La cargue qui embrasse les deux côtés d'une voile
qu'on veut étouffer avant de la férir porte le nom curieux de mère gourdinière. Il faut dire que gourdin est l'équivalent de «
cordage ». Les rabans sont les matafions, le « raban
d'empointure » Ă©tant le matafion du fĂ©ridor. Les amarres sont des caps (Roger Coindreau, de l'AcadĂ©mie de Marine) Les CARGUES sont des cordes qui servent Ă
trousser Ă relever la Voile. Il y en a de trois
fortes, sçavoir les Cargues-point, les Cargues-fond,
& les Cargues-Boulines. [...] Les Cargues-Boulines,
qu'on apelle aussi Contre-fanons, sont des
cordes qu'on amare au milieu du côté de la
Voile vers les Pattes de la Bouline, pour Carguer, ou Bourcer,
c'est-à -dire pour trousser, & racourcir le côté
de la Voile Il est souvent question de la peine des galères dans
les registres secrets et dans les minutes de la Cour. Henri III avait songĂ© Ă
remplacer la condamnation aux galères par d'autres peines. Henri IV trouva
d'abord que les galériens coûtaient beaucoup, car, les galères manquant, ils
restaient dans les prisons ; mais dès 1596 il fit cependant tout le possible
pour avoir beaucoup de galériens ; il recommanda alors au Parlement de rechercher
parmi les grands criminels ceux qui paraîtraient propres à le servir sur ses
galères. Il ne voulait pas toutefois que la peine des galères fût prononcée
pour moins de dix ans, afin qu'elle n'expirât pas au moment où les condamnés
seraient devenus propres à rendre des services. Les juges inférieurs n'étaient
point en droit de faire exécuter des sentences portant le châtiment des
galères; toutes ces sentences devaient être portées devant la Cour pour qu'elle
prît une décision à leur sujet. Un peu plus tard, en 1600, le Roi rappelle au
Parlement qu'il lui faut des galériens et l'invite à commuer la peine de mort
en peine de galère D'après Abelly, c'est
Louis XIII qui aurait eu en 1642 l'inspiration d'assister les pauvres esclaves
chrétiens en Barbarie, aurait jeté les yeux sur Vincent de Paul à cet effet et
lui aurait mis entre les mains 9000 ou 10000 livres pour un envoi future de
missionnaires. La congrégation de Vincent de Paul avait été chargée, parmi
d'autres congrégations, d'une grande mission sur les galères au début de 1643.
Vincent envoya Ă Marseille des missionnaires dans le but d'aller jusqu'en
Barbarie. Ils étaient accompagnés d'un frère chirurgien qui devait diriger un
hôpital à Alger pour les pauvres galériens. Ils n'iront en Barbarie que deux
ans plus tard L'Eglise Ă©tait le service social de l'Etat, aux
ordres de l'Etat. Pendant la guerre de Trente ans, Vincent de Paul
envoya douze Missionnaires pleins de zèle et d'intelligence sur divers points
de la Lorraine, vrais Missi dominici de ce roi des bonnes Ĺ“uvres. Il leur
adjoignit quelques frères de sa Congrégation, dont les uns devaient servir de
messagers charitables, les autres, habiles en médecine et en chirurgie, pourvus
de recettes contre la peste, soigner et panser les malades Quirinus La rouille attaque les blés et était l'objet d'un culte romain aux Robigalia, fête du 25 avril (Depaul est dit être né le 24 avril). La rouille du fer attaque les chaînes. Dans
quelques vers d’Ovide sur les Robigalia, fête au
cours de laquelle le flamine de Quirinus officie, on demande à Robigus d’aller rouiller les armes plutôt que les récoltes.
[...] La question d’un Mars ou d’un Quirinus « agraire » est un faux problème,
si on accepte la théorie de Quirinus comme ancien dieu tonnant [cf. foudre].
Dans le monde indo-européen et même au-delà , tous les dieux de l’orage sont
liés à la fécondité, aux récoltes : ils en sont les protecteurs, protection
effectuée par les armes. Le dieu de l’orage est donc guerrier, mais par ses
aptitudes, il protège la troisième fonction indo-européenne, fonction
reproductrice, et non fonction agricole Chyren/Chiren
prononcé avec un chi grec peut prendre des allure de
Quirinus (cf. VI, 70). Quirinus est seul, avec Jupiter et Mars, à posséder
des flamines majeurs, d'ailleurs hiérarchisés. Les trois divinités
constituent de ce fait un groupe particulier, lequel intervient comme tel dans
plusieurs ensembles cultuels : la deuotio, les
dépouilles opimes, le culte de Fides, peut-être aussi
la conclusion d'un traité et l'organisation des Saliens. Le caractère très
ancien de Quirinus ne semble donc faire aucun doute. D'autre part, son
importance à l'époque primitive devait être considérable, puisqu'il avait à son
service un des trois flamines majeurs. Nous ne possédons malheureusement pas
beaucoup de précisions sur son culte et son rituel. Sa fête, les Quirinalia, figurait, à la date du 17 février, dans le calendrier
« de Numa ». Elle est donc très ancienne. Quant à son prêtre, le flamen Quirinalis, il
intervenait, Ă notre connaissance, aux Robigalia du
25 avril, aux Consualia du 21 août et aux Larentalia du 25 décembre, trois festivités archaïques qui
appartiennent Ă la mĂŞme couche chronologique que les Quirinalia
La mention d'une fĂŞte de Quirinus dans le Calendrier
de Philocalus (C.I.L., I2, p. 262), Ă la date du 3
avril, est tardive et isolée : N(atalis)
dei Quirini c(ircenses) m(issi) XXIII dies Aegyp(tiacus). On ne peut en tirer aucune conclusion sérieuse : cfr Brelich, Quirinus, p. 71, et
n. 24. Pour la mention des Quirinalia dans le
Calendrier de Polémius Silvius
(C.I.L., I2, p. 259), cfr infra p. 36, n. 123, et p.
62, n. 234. Ovid., Fast., IV, 905-942. 77 Tebt., Spect., V, 7. 78 Gell., VII, 7, 7. Pour une discussion sur la date (avril ou
décembre) de l'intervention du flamen Quirinalis en l'honneur d'Acca Larentia : Koch, Quirinus, col. 1313. Il faudrait lire Luc 21,3 : Lorsque Quirinius fut gouverneur de Syrie, le dénombrement qu’il
fit de la Judée fut compté comme un deuxième recensement du pays (le premier
étant celui qui avait été opéré sous Saturninus douze
ou treize ans plus tôt). Cette solution d’un vieux
problème d’exégèse n’a été proposée que récemment par le P. Jacques Winandy, bénédictin belge, dans un article publié en 1997
par la Revue Biblique (pp.373-377) : " Le recensement dit de Quirinius (Lc 2,2), une
interpolation ? " Dans l’article, l’auteur se demande en outre si Lc 2,2 provient vraiment de Luc : ne serait-ce pas une note
savante insérée après coup dans le texte, à une époque reculée ? Le nom "Quirinus", qui serait celui du
dieu en jeu le 23 décembre, concorde avec la naissance de Jésus placée au solstice d'hiver. Chirurgiens Louis XIII est né le 27 septembre 1601, fête de
saint Côme et saint Damien qui ont pratiqué la greffe d'un homme noir mort sur
un malade blanc. Le 27 septembre est aussi le jour de la mort de Vincent de
Paul en 1660. La maison Saint-Lazare se situait dans le centre
de Paris, près de la gare de l'Est. Au
Moyen Âge, il s'agissait d'une maladrerie recueillant les lépreux de la
capitale et, bizarrement, les boulangers de France, plus exposés à la
maladie suite au contact du feu sur leur peau. De 1515 au XVIIe siècle, la
maison Saint-Lazare fut desservie par les chanoines réguliers de Saint-Victor
qui la géraient comme une riche abbaye. En 1632, la réforme de l'établissement
fut confiée à saint Vincent de Paul qui s'y installa avec avec
les prêtres de sa mission, les lazaristes. Découvrant quelques insensés parmi
les pensionnaires de son institution, saint Vincent de Paul la convertit en «
maison de force pour personnes détenues par ordre de sa Majesté ». Le régime
correctionnel de cette maison a été décrit par le lieutenant de police Marc
René de Voyer, marquis d'Argenson et par le chancelier Louis Phelypeaux, comte de Pontchartrain: « Vous savez que ces
Messieurs de Saint-Lazare sont depuis longtemps accusés de tenir des
prisonniers avec beaucoup de dureté, et même d'empêcher que ceux qui y sont
envoyés comme faibles d'esprit ou pour leurs mauvaises mœurs ne fassent
connaître leur meilleur état à leurs parents afin de les garder plus longtemps.
Sous la Terreur, Saint-Lazare devint prison, puis
prison pour femmes jusqu'en 1935 avant de redevenir hĂ´pital Saint CĂ´me et saint Damien sont les patrons des
médecins parce qu'ils ont exercé la médecine; ils sont plus particulièrement patrons
des chirurgiens, qui les ont choisis Ă cause de l'allure tout Ă fait
chirurgicale du principal miracle que la légende leur prête. Mais ils ont été
de bonne heure, par extension, les patrons de tous ceux qui, de près ou de
loin, participent aux soins que l'on donne aux malades, et depuis longtemps, en
bien des pays, ils sont, à bon droit, considérés comme les patrons des
pharmaciens Le mot chirurgie vient du grec "cheiron", "main" en grec, comme le centaure
Chiron, dont le signe du Sagittaire est un catastérisme, en rapport peut-être avec le Chyren/Chiren des Centuries et Quirinus. C'est à la pointe de l'île Barnabe
qu'Ă©tait la chapelle des saints CĂ´me et Damien, patrons des
maîtres chirurgiens, mentionnée déjà au XIVe siècle, voire même au
XIIIe, avec son cimetière à la suite. Les chirurgiens de Montpellier, appelés
chirurgiens de Saint-CĂ´me dans les anciens titres,
devaient assister dans cette chapelle, la veille de la fĂŞte des saints CĂ´me et
Damien aux vigiles et le lendemain à la procession, après laquelle ils laquelle
ils élisaient les consuls et prévôts de la Confrérie (statuts du 5 octobre
1418). Ceux-ci devaient faire pétrir le pain de las Caritats,
que la ville distribuait le jour de l'Ascension Dans la seconde moitié du XVIe siècle, qui vit
naître Vincent de Paul, une doctrine catholique de la charité avait vu le jour.
Juan-Luis Vives, savant théologien, tout en laissant le financement de la
charité à l'aumône privée, prônait l'obligation de travailler pour les pauvres,
la prison pour les vagabonds, l'internement (sans mauvais traitements) pour les
fous. MĂŞme doctrine chez Dominique Soto, avec tendance Ă une prise en charge
publique de l'action charitable1. La charité, dont Vincent de Paul est la
figure de proue, se situe sur une ligne de maîtrise, d'encadrement, d'ordre.
Elle n'est pas incohérente avec l'hôpital général. Mais les infirmes ont-ils ou
non échappé à cet hôpital général ? Il faut évidemment rappeler que l'hôpital
général, police des pauvres, laissa subsister les hôpitaux d'antan, tous les hôtels-dieu. Et, dans ces hôpitaux, l'on trouve des parties
affectées aux invalides, telles que dans le très célèbre hôpital apostolique
Saint-Michel à Rome. Il existe même des établissements spécialisés, tel
l'hôpital des incurables à Paris. Saint Vincent de Paul, dans une conférence
aux Filles de la Charité, leur enjoint d'exclure de leurs maisons les
hydropiques, les boiteux et les manchots, car il y a les « Incurables » pour
cela. Sans être enfermés au sens répressif de répressif de l'Hôpital Général,
les infirmes tendent à être internés. Ils le sont, soulignons-le, de manière
différente que dans les hôpitaux ou hospices de l'époque médiévale : pas
davantage pour y être soignés et médicalisés qu'au Moyen Âge, mais pour y être
concentrés. Concentration spécialisée ou non mais, nettement, délimitation des
territoires. Ce que n'avait pas fait, Ă ce titre, le Moyen Ă‚ge. L'exemple le
plus frappant de cette délimitation de l'espace pour les infirmes est la
crĂ©ation de l'HĂ´tel des Invalides dont l'Ă©dit de fondation fut signĂ© Ă
Versailles en 1674 par Louis XIV. [...] Pendant le règne de Louis XIII, un
homme en avait fait son combat : Charmot.
En 1633, le roi finit par ériger une communauté en ordre de chevalerie (la
commanderie Saint-Louis) et par construire un bâtiment à la place du château de
BicĂŞtre. Il pensa financer la chose en taxant les abbayes, qui ne remplissaient
plus leur ancien rôle. Hostilité du clergé, troubles de la Fronde, mort de
Louis XIII et le projet avait été remis Dans la congrégation des Lazaristes, certains frères
pratiquaient la chirurgie comme auprès des galériens (cf. supra). Blé et chirurgie : carabin Le carabin est une sorte de blé noir ou sarrasin (bucail), en Normandie, Anjou, Berry et Gille Ménage (1650) : carabin "sarrasin, blé noir", céréale introduite au XVe s., originaire d'Asie centrale, introduit en Europe par les Maures d'Espagne (Jean Pontoire, Glossaire des parlers d'Eure-et-Loir: Beauce et Perche, 1999 - books.google.fr, Manuel de l'herboriste, de l'épicier-droguiste et du grainier-pépiniériste horticulteur, Tome 2, 1828 - books.google.fr). 1583-90 carabin « soldat de cavalerie légère » (Brantôme, Capitaines estrangers, le duc d'Albe, I, 106 ds Hug.), terme hist. dep. Trév. 1704; d'où p. métaph. iron. 2. 1650 carabin de St Côme [patron des chirurgiens] « chirurgien » (L. Rither, L'Ovide bouffon, 2, 109 ds Quem.); p. ext. 3. 1803 carabin « étudiant en médecine » (Courrier des spectacles, 24 pluviose an XI ds Fr. mod., t. 13, p. 291). Orig. incert.; 1 est peut-être une altération du m. fr. (e) scarrabin « ensevelisseur des pestiférés » (dep. 1521, Arch. munic. de Montélimar ds Gdf.; devenu carabin au XVIIe s., ibid.), mot qui appartient prob., p. métaph. iron., à la famille de escarbot, certains de ces insectes fouillant la terre ou le fumier (v. FEW t. 11, s.v. scarabaeus; Bl.-W5; Dauzat 1973; EWFS2); l'évol. sém. s'explique prob. par la réputation qu'avaient les soldats carabins de faire rapidement passer leurs ennemis de vie à trépas. 2 est issu de 1 en raison de la mauvaise renommée des chirurgiens et parce qu'ils faisaient penser à des soldats enrôlés sous la bannière de St Côme, leur patron (www.cnrtl.fr). On a souvent discuté sur l'étymologie du mot carabin, pris comme synonyme d'étudiant en médecine. On a cru que ce mot n'était pas antérieur au XVIIe siècle : or, dans une délibération de l'assemblée communale de Montélimar, en date du 15 avril 1521, on lit : « Pour ce que les scarrabins, et ceux qui sont commis à ensevelir les mours de la peste n'ont pas logis propisse au lieu où ils sont, pourquoy a esté dit et ordonné que messieurs les consouls leur ayent à fère fère ung chabote et logis de postes (planches) là où leur sera plus convenable. » Les scarrabins étaient plus spécialement chargés d'ensevelir les pestiférés ; dans une délibération, consignée sur le même registre que la précédente, on lit : « Les scarrabins retenus pour ensevelir les morts de peste » ; dans celle du 5 mars 1543 : « Jullian, escarrabin des pestiférés ». C'est encore ce mot qu'on retrouve dans deux autres délibérations municipales des 28 avril et 3 août 1587, de même que dans le registre de la chambre de santé établie à Montélimar, lors de la peste de 1629. Le 16 février 1631, le consul paie 97 livres à un certain Gauthier, pour « ses gaiges d'escarrabin et corbeau ». Mais le mot scarrabin n'était pas seulement employé dans le sens de croque-mort, il servait aussi à désigner les infirmier &c. De même qu'il y avait des corbeaux pour enterrer les morts, il y en avait d'autres pour transporter les malades. Il fut un moment question (le 28 avril 1587) de confier à la même personne les fonctions d'escarrabin et de parfumaire : le parfumaire recevait 10 écus par mois, outre la nourriture, pour purifier, en y brûlant des plantes odoriférantes et des drogues fournies par les apothicaires, les maisons des pestiférés et les rues infectées. (De Coston, op. cit., II, 454). Mais cela ne nous donne pas l'origine du mot carabin ; n'en trouverait-on pas l'explication dans ce passage, tiré de la Relation de la contagion de Lyon en 1628, laquelle contenait, entre autres dispositions, celle-ci : « Quatre hospitaliers marcheront avec carabines par la ville, pour appréhender les infects ? » Ces mesures rigoureuses étaient, paraît-il, appliquées dans beaucoup d'autres villes. Il est probable, écrit à ce propos le baron de Coston, à qui nous devons de connaître les particularités qui précèdent, que le public aura désigné les infirmiers, et plus tard les étudiants en médecine sous le nom de l'arme dont ils étaient autorisés à faire usage en temps de peste. La carabine avait servi primitivement aux compagnies d'arquebusiers à cheval, ou carabins, mentionnés pour la première fois, d'après Boutaric (Institutions militaires de la France, 346), en 1568, et qui sont peut-être d'origine italienne (Cf. DE Coston, Histoire de Montélimar, II, 137-139) (Auguste Cabanès (1862-1928), Moeurs intimes du passé, 1908 - archive.org). Le quatrain suivant I, 66 se déroule dans la région vivaroise (Viviers), proche de Montélimar. Le nom de « Carabin » donné aux Etudiants en Médecine, car on n'emploie plus ce terme, si l'on veut être à la page, provient non du Jeu du Lansquenet mais d'ailleurs et d'une origine sans relation avec un jeu quelconque. C'est une abréviation de « Carabin de St-Come » (le saint chirurgien), nom donné jadis aux garçons chirurgiens (L'intermédiaire des chercheurs et curieux, Volume 102, 1939 - books.google.fr). |