Le roi de Perse Abbas Ier I, 70 1608-1609 Pluie, faim, guerre en Perse non cessée : La foy trop grande
trahira le monarque : Par là finie, en Gaule commencée : Secret augure pour à ung
estre parque. "estre parque" Dans l'ode Parcus Deorum cultor (I, 34), Horace
avoue d'abord son peu de religion: «Adorateur avare et peu assidu des dieux, je
m'égare au souffle d'une sagesse insensée.» : Parcus
Deorum cultor et infrequens, / Insanientis dĂąm sapientae / Consultus erro (v. 1). Nous ne
saurions trop blâmer Horace, quand on songe aux Dieux, que révéraient les
Romains. Cependant il aurait tout d'un coup changé de croyance et de conduite,
et reconnu le pouvoir de Jupiter, parce qu'il aurait été frappé d'épouvante, en
étant témoin d'un phénomène "naturel pourtant", celui d'un coup de
tonnerre en temps serein Cette interprétation est cohérente avec la "trop
grande foy" dans le domaine de la croyance. Dans sa lutte contre l'empire Perse, Alexandre le Grand
conquiert la Syrie et la Palestine, dont Gaza. Dans une lettre rapportée par Plutarque, Alexandre écrit :
"Nous trouvâmes aussi dans Gaza de grandes quantités de myrrhe et
d'encens. Me souvenant que jadis mon précepteur Léonidas me conseillait de
l'économiser, je lui ai fait adresser beaucoup d'encens avec ces mots : «Je
t'envoie une abondante provision d'encens et de myrrhe afin que tu ne sois plus
si avare envers les dieux»" soit en latin : « Ad
te thus myrrhamque abundé transmisimus, ut cum deis parcus esse desinas » Parthes et Gaulois La multiplicité des allusions aux peuples du Moyen-Orient
dans l'œuvre d'Horace peut surprendre; le mystère dont restent entourées ces
populations, leurs richesses, leur puissance ne suffisent pas Ă expliquer la
hantise du Parthe qui a remplacé à Rome, au temps d'Auguste, celle du Gaulois. Depuis
le désastre de Carrhes en 53, au rythme des défaites
et des victoires, l'image du Parthe qui se créé progressivement, laisse parfois
percer (chez Ovide, Tite-Live, Pline) une certaine admiration pour ce peuple
qui contrĂ´le un territoire "grand comme l'Empire romain" et auquel
Rome se heurte en Syrie et en Cilicie. La correspondance de Cicéron, gouverneur
de Cilicie en 51, deux ans après Carrhes, montre que
Rome n'envisage pas d'opération militaire dans la région; elle a besoin de
commercer avec les Parthes, et préfère l'entente, qu'Auguste recherchera après
les échecs de César et d'Antoine. Suétone loue la prudence de l'Empereur,
Horace vante sa réussite. Sauf les Satires, toutes les œuvres d'Horace mentionnent
abondamment, sous le nom de «Mèdes», les Parthes, en raison non seulement de la
conjoncture historique des années 23-8 av. J.C., mais du rôle symbolique que
revĂŞt pour Horace l'Etat arsacide. Par son obstination Ă affirmer son
indépendance et son droit naturel d'exercer l'Empire sur les nations, celui-ci
représente l'exemple par excellence de la perfidia -
refus d'entrer dans les rapports de fides, selon lesquels Rome pense habituellement sa relation
avec les autres peuples. Pareille prétention, sans interrompre les échanges
économiques et culturels, crée à Horace, étant donné les cadres généraux de la
pensée romaine, un problème théorique difficilement soluble Fait symptomatique, les mille cavaliers gaulois de
Crassus furent anéantis par les Parthes : la uirtus occidentale succombait, une nouvelle
manifestation de la barbarie s'imposait. La dispersion des survivants romains,
soit déportés dans la région de Merv, soit passés au service des Hiong-nou et des Chinois, soit ralliés aux Parthes, les a
engagés au cœur même de l'Asie. Au cours des fréquents contacts qu'ils eurent
par la suite avec les Romains, les Parthes leur apparurent comme le symbole de
l'Orient en mouvement, redoutable parce qu'insaisissable, avec ses hordes Ă
cheval, son besoin d'espace et de pillage, sa conception de la guerre si
étrangère à la mentalité occidentale. Doué d'ubiquité et d'invulnérabilité,
réputé d'une rare perfidie, le barbarus eques va dorénavant hanter les esprits avec la même
insistance que le Germain Au deuxième livre des Sermones,
Horace, dans sa satire, dialoguant avec Trébatius, reconnaît
certaines de ses lacunes dans le domaine de l'épopée en ces termes : "Je
le voudrais, père excellent, mais je suis trahi par mes forces : il n'est pas
donné à tout homme de décrire les bataillons hérissés de longs javelots, les
Gaulois expirant sous une pointe qui se brise, ou les blessures du Parthe
tombant de cheval". L'allusion Ă la "pointe qui se brise" dans
les flancs des Gaulois renvoie, on le sait, Ă une invention technique
ingénieuse attribuée à Marius et citée par Plutarque en ces termes : "On
dit qu'en vue de ce combat (contre les Cimbres) Marius introduisit une
innovation dans l'agencement du javelot : jusqu'alors la hampe de bois insérée
dans le fer Ă©tait maintenue par deux rivets de fer; Marius en laissa un comme
il Ă©tait, mais fit remplacer l'autre par une cheville de bois qui se brisait
facilement. Grâce à ce changement, le javelot tombant sur le bouclier d'un
ennemi ne restait pas droit ; la cheville de bois se rompant, la hampe se
courbait à proximité du fer et traînait par terre, en restant attachée au
bouclier par sa pointe tordue". Cette innovation prend place Ă la veille
de la bataille de Verceil, à la fin du mois de juillet 101. Horace s'est trompé
dans sa citation en confondant Gaulois et Germains Le roi des Galates, Amintas,
allié d'Antoine, passa avant la bataille du côté d'Octave, futur Auguste, avec
deux mille cavaliers. Les Galates descendaient d'une colonie gauloise qui s'Ă©tait Ă©tablie dans la Grande Phrygie. Il en
est parlé dans la neuvième Ode du cinquième livre des Odes appelé Les Epodes
écrite à l'époque de la bataille d'Actium Pacorus L'ode VI du Livre III fut composée par Horace en 724 ou
725, peu de temps après les guerres civiles terminées par la défaite d'Antoine.
Elle porte une teinte sombre, mais religieuse, et très morale. Vers 5 - C'est
parce que tu reconnois le pouvoir suprĂŞme des Dieux
: On ne sauroit donner aux princes une plus belle
leçon; elle est digne du christianisme : «Vous régnez sur la terre parce que Dieu
est au-dessus de vous, et que vous relevez de sa puissance.» C'est cette maxime
qui domine dans le chef-d'Ĺ“uvre de la chaire, le Petit-CarĂŞme de Massillon.
Voilà donc comment pensoit Horace, d'après les grands
philosophes de l'antiquité. De quel front certains sophistes oseront-ils placer au-dessus des rois une autre chose,
qu'ils appellent souveraineté du peuple, chimère inventée par les ambitieux
pour faire des dupes et des victimes ? Vers 9 - Les soldats de Monèse et de Pacorus : Horace parle certainement ici de deux
victoires que les Parthes avoient remportées sur les Romains, l'une sous la
conduite de Monèse, et l'autre sous le commandement
de Pacorus. Il attribue mĂŞme les malheurs des Romains
au mépris qu'ils avoient fait de la religion. C'est pourquoi il y a de
l'apparence que l'une de ces victoires est la défaite de Crassus [à Carrhes en 53], qui marcha contre les Parthes, malgré tous
les mauvais présages qui arrivèrent et dans Rome, et dans le camp, comme le
rapporte Dion, livre XL. Mais la difficulté consiste à savoir si Crassus fut
vaincu par Monèse, qui étoit
un des principaux de la cour d'Orodès. Les historiens
sont d'accord que ce fut Suréna qui défit Crassus. Il est vrai que comme Suréna
n'est pas un nom propre, mais un nom de dignité, et qu'il signifie lieutenant
de roi (car Monèse étoit le
second personnage de l'empire), il y a de l'apparence que ce Suréna avoit nom Monèse : et ce passage
d'Horace est très important, car c'est le seul de toute l'antiquité qui nous
apprenne un point d'histoire si remarquable. La victoire que ce Monèse remporta sur les Romains lui fut funeste; car le roi
Orodès, jaloux de sa gloire, le fit mourir bientôt
après Ce commentaire est en fait d'André Dacier, né le 6 avril
1651 Ă Castres et mort le 18 septembre 1722 Ă Paris, philologue et traducteur
français Pacorus est le fils du roi des
Parthes, Orodes qui, poussé par Labienus, agent de
Brutus et de Cassius, lui ordonna de franchir l'Euphrate et de marcher contre
la Syrie et la Palestine (42 avant J.- C.). Il s'était emparé, en l'an 40, de
toute la Syrie jusqu'aux confins de l'Egypte, Ă l'exception de la ville de Tyr parce
que les Parthes n'avaient pas de flotte. La Syrie entière étant conquise, Pacorus se dirigea vers la Palestine. Il suivit la côte,
tandis que son général Barsapharnes marchait dans
l'intérieur des terres. Les habitants de Sidon et de Ptolémaïs laissèrent
prendre leurs villes par le prince parthe qui entra bientĂ´t Ă JĂ©rusalem. Il
avait pris aussi Gaza Pacorus sera tué en 38 lors de
la bataille de Cyrrhestica contre Publius
Ventidius Bassus. Orode, son père, est assassiné l'année suivante par un
autre de ses fils Phraate et successeur qui fera la
paix avec Auguste Pacorus est encore un
personnage de la pièce de Shakespeare Antoine et Cléopâtre (1623) et de celle
de Corneille Suréna (1674) dans laquelle la ville de Séleucie est préférée à Hecatompylos, capitale de la Parthie, à l'emplacement,
selon certains, d'Ispahan dont Abbas Ier fera la capitale de la Perse, mais
celle-ci serait plutôt Aspadana "foi dans les traités" ORODE demeura ainsi maître du Royaume des Parthes; mais tandis qu'il en jouissoit en paix, sous la foi des traitez faits avec les Romains, ausquels il fut toujours fidele, il se vit ataqué, l'an 54 avant J. C. par Crassus, qui entra sur les terres des Parthes, sans autre sujet que l'envie insatiable de s'enrichir du pillage d'un païs, qui passoit pour être extrêmement opulent. Orode, auquel il laissa le tems de se reconoître & d'assembler une armée, alla avec une partie sur les frontieres de l'Armenie, & envoya tre sous la conduite de Surena en Mesopotamie contre Crassus, qui s'étant laissé engager par un fourbe dans des deserts sabloneux, y fut ataqué par Surena, & y perdit son fils P. Crassus, avec un grand nombre de Romains. Il périt lui-même peu après à Carres, l'an 52 avant J. C. avec le reste de son armée, s'étant laissé conduire par de Crassus, un autre traître dans un marais. Surena fit couper la tête de Crassus & pour preuve de la victoire, il l'envoya à Orode. Il étoit alors en Armenie chez le Roi Artwasde, avec lequel il venoit de conclure la paix & le mariage de son fils Pacorus, avec une fille de ce Roi. Surena ne joüit pas long-tems du plaisir de sa victoire. Les services importans qu'il avoit rendus, & ses belles qualitez ne lui servirent de rien. Son maître jaloux de sa gloire, & du crédit qu'elle lui donoit , le fit mourir peu de tems après (Les genealogies historiques des rois, empereurs & c. Et de toutes les maisons souveraines qui ont subsisté jusqu'à present, Tome 1, 1736 - www.google.fr/books/edition). Les Crassus, la richesse, les présages, la Gaule et la Perse Quand l'avare Crassus, chef des troupes romaines, Entreprit de dompter les Parthes dans leurs plaines (Corneille, Suréna). Il est difficile d'imaginer une opposition plus frappante entre «l'avare Crassus», plus marchand parfois que capitaine, selon Plutarque, entre ce Romain superbe qui parle aux rois en maître, et ce sujet désintéressé, à qui son roi doit le trône, ce nouveau Nicomède, plus modeste, en face de cet autre Flaminius, et qui s'efforce aussi, mais avec respect et déférence, de rendre aux monarques asservis par Rome le sentiment de leur dignité, la conscience de leur indépendance (Félix Hémon, Théâtre de Pierre Corneille, Tome 4, 1887 - www.google.fr/books/edition). Publius Licinius Crassus Dives est l'homonyme de son grand-père, Publius Licinius Crassus Dives, qui fut consul en 97 av. J.-C., censeur en 89 av. J.-C., Publius Crassus est le second fils de Marcus Licinius Crassus, le triumvir immensément riche. Le cognomen dives (riche en latin) laisse entendre que la famille était, d'ores et déjà , aisée. En 59 av. J.-C., Publius apparaît dans les «Commentaires sur la Guerre des Gaules» sous la formule «le jeune Publius Crassus». Il est, quand les opérations débutent en mars 58 av. J.-C., l’un des légats qui secondent César. Fin 54 av. J.-C., il quitte définitivement la Gaule pour rejoindre son père Marcus, le triumvir, en Syrie avec mille cavaliers gaulois. Marcus veut, en attaquant les Parthes, gagner la gloire obtenue par ses collègues triumvirs, César et Pompée. Les Crassus traversent l’Euphrate en 53 av. J.-C. avec 30000 hommes et leurs cavaliers gaulois et tombent en juillet dans le piège tendu par les Parthes. C’est la bataille de Carrhes (aujourd’hui Harran). Dans la seconde phase des combats du premier jour, le 9 juin, Publius Crassus, piégé en menant une contre-attaque, est tué ou se suicide, comme son ami Censorinus qui était à ses côtés. Sa tête est alors plantée sur une pique et portée sous le regard de son père, qui suit son fils dans la mort le surlendemain (fr.wikipedia.org - Publius Crassus). Cicéron fut nommé augure, fonction très recherchée et honorifique, à la place de Publius Crassus, le fils, mort dans la guerre des Parthes en 53 av . J.-C (Oltramare, Chrestomathie cicéronienne, 1858 - www.google.fr/books/edition). Crassus étoit parti de Rome, et même de Brindes, au milieu de prétendus mauvais présages, et chargé des imprécations de plusieurs Romains. Il ne faisoit aucun cas de ces objets de la superstition populaire; et ce mépris lui nuisit. L'antiquité nous offre des exemples de généraux aux affaires desquels une imbécile crédulité a fait beaucoup de tort. Ici c'est tout le contraire : Crassus, qui avoit pris soin d'éclairer son esprit par les connoissances philosophiques, étoit si intimement pénétré de mépris pour tous ces signes imaginaires de la colère céleste, qu'il sembloit supposer que tout le monde pensoit comine lui. Ses soldats étoient pourtant très susceptibles de ces craintes superstitieuses; et leur général, n'y faisant aucune attention et n'apportant aucun remède au mal, laissa se répandre et croître à l'excès dans son armée le découragement et le désespoir. Cette attention lui eût été néanmoins d'autant plus nécessaire, que la guerre qu'il faisoit aux Parthes étoit constamment injuste; ce qui disposoit à croire que les dieux se déclaroient contre lui. Il n'avoit ni sujet légitime, ni ordre de qui que ce soit de les attaquer (Charles Rollin, Oeuvres complètes de Rollin, Volume 26, 1827 - www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 1608 sur la date pivot -53 donne -1714. Epoque d'Amram, père de Moïse, qui épousa sa tante Yokebed (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - www.google.fr/books/edition). Le livre des Nombres, chapitre XXVI, verset 59, précise que Jocabed, l'épouse d'Amram, était la sœur de son père. Épouser sa tante sera interdit ultérieurement, après le départ d'Égypte (Hervé Taïeb, La Bible Plus Justement: La Bible Plus Justement (LBPJ), redécouvrir la Tora, 2017 - www.google.fr/books/edition). Marcus Crassus était fils d'un père qui avait été censeur et avait eu l'honneur du triomphe : mais il fut nourri en une petite maison avec deux autres siens frères, qui tous deux furent mariés du vivant même de leurs père et mère, et mangeaient tous ensemble à une même table, ce qui semble avoir été cause principale pour laquelle, en son vivre ordinaire, il fut homme réglé et bien ordonné, et étant l'un de ces deux frères décédé, il épousa sa femme, de laquelle il eut des enfans : car quant aux femmes il a toute sa vie été autant réformé que nul autre Romain de son tems, combien que depuis, étant sur son âge, il fut accusé d'avoir eu affaire avec une des religieuses de la déesse Vesta, nommée Licinia, et fut le délateur qui en accusa Licinia un nommé Plotinus : mais la cause de l'en faire soupçonner, fut qu'elle avait un beau jardin et lieu de plaisance, joignant les faubourgs de la ville, que Crassus désirait avoir à bon marché, et pour cette occasion était toujours après à lui faire la cour, ce qui le fit tomber en cette suspicion : mais, ayant semblé aux juges que ce n'était qu'avarice qui lui faisait faire, il fut absous à pur et à plein de l'inceste dont il était mécru (soupçonné), et ne laissa jamais en paix la religieuse qu'il n'eût eu sa possession. Si disent les Romains qu'il n'y avait que ce seul vice d'avarice en Crassus, lequel offusquait plusieurs belles vertus qui étaient en lui : mais, quant à moi, il me semble que ce vice n'y était pas seul, mais que, y étant le plus fort, il cachait et effaçait les autres (Plutarchus, Les vies des hommes illustres, Volume 5, traduit par Adamantios Koraès, 1825 - www.google.fr/books/edition). A mettre en rapport avec l'affaire que plaida Lucius Licinius Crassus (1401-91 av. J.-C.), autre membre de la gens Licinia, en -114 au sujet de vestales, dont une Licinia, sa parente, qui auraient contevenu au devoir de chasteté de leur fonction (Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 12 : Cer-Dan, 1855 - www.google.fr/books/edition). Crassus est un cognomen de la gens Licinia (Marie-José Kardos, Topographie et poésie dans les Fastes d'Ovide, Aere perennius: en hommage à Hubert Zehnacker, 2006 - www.google.fr/books/edition). Abbas Ier Le rituel des Sacaea
babyloniennes est connu par des auteurs grecs. La fĂŞte n'est pas sans analogie
avec les Saturnales; et Cronos-Saturne est précisément un dieu qui, comme le
roi Aun, a tué ses enfants à mesure qu'ils venaient
au monde. Maîtres et serviteurs échangeaient leurs rôles. Un prisonnier
condamné à mort prenait les vêtements du roi et pouvait user de ses concubines,
ainsi que le fait Absalon Ă la mort de David, affirmant ainsi ses droits au
trĂ´ne (II Sam., XVI, 21-23). L'histoire de Shah Abbas (1586-1628) prouve Ă quel
point la croyance resta vivante : prévenu par ses astrologues que l'année 1591
lui serait maléfique, il abdique et fait occuper le trône trois jours durant
par un «infidèle» qui est ensuite exécuté,
après avoir déchargé le vrai roi de tout présage défavorable D'une superstition extrême, il prenait toujours conseil
de ses astrologues. Della Valle rapporte qu'Abbâs
alla camper à l'extérieur des murailles d'Ispahan jusqu'à ce que les auspices
eussent déclare tel jour favorable à son entrée dans la ville. Sa foi aveugle
dans les Ă©toiles est Ă l'origine de sa curieuse abdication provisoire en 1591,
l'astrologue de la cour l'ayant prévenu que la configuration des planètes
menaçait l'occupant du trône, il fit nommer Châh un
certain Yousouf, probablement un chrétien, jusqu'à ce que fût passée l'heure du
danger. Yousouf couronné jouit de quatre jours de gloire; au cinquième, Abbâs
le fit exécuter. Abbâs craignait pour sa vie; constamment, il changeait de
chambre à coucher pour déjouer des tentatives de meurtre; et cependant il n'avait
pas peur de se promener Ă cheval Ă travers la ville sans autre protection que
celle d'un seul serviteur Abbas n’était pas exempt de la superstition des tems où
il vivait, et il n’hésita point à adopter l'étrange expédient qu’on lui
présenta comme le seul moyen de détourner ce funeste présage. ll abdiqua le trône, et l'on couronna un
homme nommé Yusoofee : les historiens persans ont soin
de nous apprendre que ce mannequin Ă©tait un incroyant; peut-ĂŞtre Ă©tait-ce
un chrétien. Pendant trois jours, si l'on en croit encore ces historiens, il
jouit et de l’état de roi et mĂŞme du pouvoir royal, chose toutefois difficile Ă
croire. Cette comédie cruelle finit comme on devait s’y attendre : Yusoofee fut mis à mort; le décret des astres fut rempli
par ce sacrifice; Abbas remonta sur le trône dans un tems d’heureux augure; et
ses astrologues lui promirent un long et glorieux règne (Zubd
ul Tuarikh, Ă©crit par un
ministre du roi Abbas II né le 31 décembre 1632, mort le 25 septembre 1666). Le
premier grand événement qui suivit cette scène extraordinaire dut confirmer le
monarque dans la foi qu’il ajoutait à leurs prédictions. Les Usbegs, conduits par Taleem Khan,
neveu d’Abdulla, étaient encore entrés dans le Khorassan; l’armée persane marcha sur eux avec tant de
rapidité qu’ils ne purent éviter une action : l’affaire eut lieu auprès d’Hérat
; et le résultat fut la défaite complète de ces barbares. Leur prince et leurs
plus braves chefs, ainsi qu’une grande partie de leurs meilleures troupes,
furent massacrés; le reste n’échappa au même sort qu’en fuyant rapidement et
repassant l'Oxus En 1617, sous le règne de Chah Abbas, parut une comète
extraordinaire, on lui attribua les ravages de la peste qui se produisit dans
le Khorassan Abbas Ier, dit le Grand (1571-1629), cinquième de la dynastie, dont la figure exemplaire inspirera Montesquieu dans L’Esprit des lois. Monté sur le trône à 17 ans, en 1588, l’arrière-petit-fils d’Ismaïl Ier commence par signer un traité de paix défavorable avec l’ennemi héréditaire ottoman auquel il cède l’ouest de l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Géorgie et une partie du Kurdistan. Mais il prépare sa revanche. Méthodiquement, il reconstitue son armée avec des généraux chrétiens qui lui témoigneront une fidélité à toute épreuve. Plus original encore : il charge deux catholiques anglais, les frères Shirley, d’instruire les troupes «à l’européenne». En 1602, c’est donc une armée iranienne profondément réformée qui affronte de nouveau le géant ottoman. Le succès est au bout du chemin : deux décennies plus tard, le pays compte 4 millions de kilomètres carrés, soit un million de plus qu’à l’époque d’Ismaïl Ier. Ardent défenseur de la tolérance religieuse, le chah Abbas couvre de bienfaits ces commerçants chrétiens qui, en retour, s’emploient à tisser des liens avec l’Europe. Le rêve du monarque ? Initier avec les puissances de l’Ouest une alliance de revers contre les Ottomans. Si ce plan audacieux ne voit jamais le jour, la Perse, comme on dit en Occident, devient peu à peu une destination à la mode. L’Espagne envoie un ambassadeur dès 1608, suivi par les Portugais, puis les Anglais – celui de France, arrêté par les Ottomans, ne parviendra jamais à bon port (Christèle Dedebant, Iran : deux rois pour un âge d’or à Ispahan, 2018 - www.geo.fr). Si "parque" fait penser aux Parques qui président à la destinée des hommes, on peut chercher un être qui commence sa vie en France ("Gaule") et la finit en Perse. Notons par exemple les pères capucins Pacifique de Provins (1588 - 1648), ambassadeur de Richelieu en 1627, Raphaël du Mans (né Jacques Dutertre, 1613-1696) arrivé en 1647 à Ispahan, supérieur, de 1650 à sa mort, de la mission fondée par les capucins français dans la capitale de la Perse en 1629, ou François Mathieu Châtelet de Beauchâteau, écrivain précoce né en 1645, qui s'enfuit en Angleterre pour disparaître après s'être embarqué pour la Perse. |