Rencontre d’Henri III et d’Henri de Navarre I, 42 1588-1589 Le dix Kalendes d'Apvril le faict Gothique Resuscité encor par gens
malins : Le feu estainct,
assemblée diabolique Cherchant les os du d'Amant & Pselyn. Dans le De honesta disciplina,
Petrus Crinitus rappelle les écrits de Michel Psellus et d'Origène, surnommé Adamantius,
que les gnostiques se réunissaient le 23 mars, jour de la crucifixion du
Christ, en des cérémonies où étaient commis incestes et neuf mois plus tard on
sacrifiait les enfants nés de ces relations Toutes les éditions ont "Gothiques". En 323, Constantin
fut salué Gothicus Maximus,
à cause sans doute des victoires remportées en 322 sur Rausimod
et en 323 sur les Wisigoths, car on ne lui connaît pas de salutation en tant
que Sarmaticus Maximus En 325, les pères du Concile de Nicée, réuni sur la
convocation de Constantin, ont donc voulu qu'en ce qui concerne le côté
astronomique du calendrier, la première place fût donnée a la science. Il y avait là une question où était
engagé, dans une certaine mesure, l'honneur lui-même de l'Eglise vis à vis de
la Synagogue. «Il est regrettable -
ainsi s'était exprimé l'Empereur Constantin dans sa lettre aux Evêques qui
n'avaient pu assister au Concile de Nicée -
il est regrettable d'entendre les Juifs se vanter que, sans eux, les chrétiens
ne sauraient célébrer leur Pâques». Et saint Léon, écho de la pensée de
l'Eglise sur cette question, tenait tellement à ce que le calendrier ecclésiastique
fût d'accord avec le firmament, qu'un doute s'étant élevé sur l'exactitude de
certains calculs concernant la Pâque, il en écrivit à l'empereur pour l'engager
Ă faire Ă©tudier le cas par les meilleurs savants, soit Ă©gyptiens soit mĂŞme, au
besoin, d'autres nations Car si le
Calendrier de Nicée ou de fait Gothique n'avoit
pas du être réformé, comme il le fut environ seize
ans après la mort de Nostradamus, c'étoit assez à luy de dire, le dix Calendes d'Avril, sans y sous-entendre
& y ajouter encore, selon le Calendrier de fait Gothique, qui est la mĂŞme
chose que si l'oracle eut dit en termes formels, le dix Calendes d'avril ancien
style. [...] Or le dix des Calendes d'Avril est toujours le vingt-troisiéme
de Mars en l'un & l'autre stile. Mais pour
réduire l'ancien style au nouveau, il faut aujourd'huy
retrancher onze jours fur l'ancien style ; si bien qu'en retranchant ces onze
jours depuis le vingt-troisième de Mars inclusivement, il faut encore
retrancher avec les neuf derniers jours de Mars le premier & le second jour
d'Avril, afin d'avoir le retranchement complet d'onze jours entiers; & par
lĂ le 23 de Mars ancien style de fait Gothique, devient aujourd'huy
le troisième d'Avril, nouveau style Les Chrétiens des premiers siécles
ayant remarqué que les Juifs de ce temps-là avoient oublié les régles anciennes des années Hébraïques ; de sorte qu'ils célébroient la Pasque deux fois
en une année, comme témoigne Constantin le Grand dans la lettre aux Eglises, empruntérent la forme des années Juliennes rétablies par Auguste,
qui sont distribuées par des periodes de 4 années,
dont trois sont communes de 365 jours, & une bissextile de 366 jours, &
surpassent les années lunaires de 11 jour. Ils marquerent
donc dans le Calendrier Julien le jour de l'Equinoxe & les jours de la Lune
avec leur variation, & ils la réglérent les uns
par le cycle de 8 années, les autres par le cycle de 19 années; comme il paroist par le réglement du
Concile de Césarée de l'an 196 de Jesus-Christ, &
par le Canon de Saint Hippolyte, & par celuy de
Saint Anatolius. Mais ensuite le Concile de Nicée
tenu l'an 325 ayant chargé les Evesques d'Aléxandrie, comme les plus versez dans l'Astronomie, de
déterminer le temps de la Feste de Pasque; ces Prélats se servirent de leur Calendrier
Alexandrin, où l'année commençoit par le 29 d'Aoust; & ils prirent pour Epoque des cycles lunaires de
19 années, la premiére année Egyptienne de l'Empire
de Diocletien ; parce que le dernier jour de l'année précedente, qui fut le 28 d'Aoust
de l'an 284 de Jesus-Christ, la nouvelle Lune estoit arrivée prés de midy au meridien d'Alexandrie. En
comptant de cette Epoque en arriére les cycles de 19
années, on vient au 28 d'Aoust de l'année qui précède
l'Epoque de Jesus-Christ; de sorte que la premiére année de Jesus-Christ
est la seconde année d'un de ces cycles. C'est ainsi que l'on compte ces cycles
encore présentement, depuis que Denis le Petit transporta les cycles de la Lune
du Calendrier Alexandrin au Calendrier Romain, & qu'il commença à compter
les années depuis l'Epoque de Jesus-Christ au lieu de
les compter de l'Epoque de Diocletien, marquant
l'Equinoxe du Printemps au 21 Mars, comme il avoit esté marqué dans l'Epoque Egyptienne Remarquons qu'au début du IVe siècle, les Romains étaient
encore convaincus que l'équinoxe tombait le 25 mars, comme le pensait Sosigène quatre siècles auparavant. Cette date d'ailleurs
prévaudra au-delà du Concile de Nicée dans le calendrier julien, et ce sera
l'une des causes de désaccord pour fixer Pâques après le concile. De la
question pascale débattue au concile, on ne possède que trois témoignages : la
lettre synodale adressée à l'Église d'Alexandrie, la lettre encyclique de
Constantin aux Ă©vĂŞques Ă l'issue du concile, et deux passages des Ă©crits de
Saint-Athanase, témoin oculaire Effrayé par les reproches de ses adversaires, Jérémie
n'avait pas longtemps persévéré dans ses dispositions favorables à l'union des
Eglises et à l'adoption du calendrier grégorien. On prétend même que, dès la
fin de l'an 1583, il adressa une lettre aux princes polonais pour leur défendre
l'adoption du nouveau calendrier. En 1593, il tint Ă Constantinople un grand
synode dans lequel il exhuma le canon du conciliabule d'Antioche et,
l'interprétant à sa façon, il prétendit en déduire une excommunication contre
les adhérents à la réforme grégorienne. Aujourd'hui encore il est admis parmi
certains membres du clergé gréco-russe que la réforme grégorienne se trouve condamnée par ce canon du Concile
d'Antioche et, à leurs yeux, le calendrier grégorien ainsi condamné constitue
une hérésie capitale qu'il faut éviter à tout prix Typologie Henri III appela donc d'Epernon à l'aide, le chargeant
une fois de plus de faire des ouvertures Ă Henri de Navarre. Le duc rencontra
Navarre à Saint-Jean-d'Angély, et revint auprès du roi, dont il retrouva toute
la faveur. Le 30 avril 1589, Ă Plessis-lez-Tours, eut lieu la rencontre d'Henri III et
d'Henri de Navarre. La réconciliation fut complète, ils tombèrent dans les bras
l'un de l'autre et Navarre aurait dit : « Je mourrai content dès aujourd'hui, puisque Dieu m'a fait la grâce de
voir la face de mon Roi ! » Il exultait et écrivit sa joie à sa maîtresse,
la fidèle Corisande, veuve de Philibert de Grammont.
Mais entre Henri de Navarre et d'Epernon les relations s'envenimaient :
d'Epernon aurait tué de sa main, à Etampes, un Huguenot qui jetait des hosties,
après avoir volé un ciboire en or. Navarre voulait venger son dragon, on le
calma... D'autre part, les Parisiens ne pardonnaient pas Ă Henri III le meurtre
de De Guise. Il ne faut pas oublier qu'au XVIe siècle, la tolérance est
inconnue du plus grand nombre, la foi et la morale vont de pair : les
fanatiques ne pardonnent pas Ă ceux qui ne pensent pas comme eux ! On ne veut
pas de diversité religieuse. L'assassinat est alors justifié, le Diable est
partout présent sous une forme séduisante et redoutable. Nous avons pu retrouver le texte de la « Grande Diablerie »
de 1589, dont voici quelque extraits : En frontispice : « mis en lumière
par un des valets du garçon du premier tournebroche de la cuisine du commun du
dit Sieur d'Epernon ». Sur la première page : un diable poilu, cornu,
fourchu avec ce titre : Portrait de D'Epernon - (c'est lui qui parle, selon
le texte) : « Dieu que t'ai-je
fait, moi, pauvre misérable, Quand aujourd'hui, n'a lieu en la terre habitable,
OĂą je puisse assurer ma vie sans danger, Tout le monde me hait... Disant que
c'est par moi que cette pauvre France / Endure tant de maux que devais soulager.
... / Ah ! pauvre malheureuse, ah ! maudite
fortune / M'ayant tant ri de fois, m'en donne bien d'une, / Tu as changé mes
chants en pleurs et en soupirs. / Tu changes mon clair jour en nuit obscure... » Henri III, bien seul depuis la mort de Catherine de Médicis (le 5 janvier), se rapproche alors de son cousin protestant, Henri de Navarre, et négocie une marche sur Paris qui unira l'armée royale et l'armée huguenote. Matignon, d'Epernon et Diane d'Angoulême, fille naturelle d'Henri II, jouent les bons offices. [...] Le 4 mars, Mornay rédige pour le roi de Navarre une déclaration Aux trois Etats de ce Royaume, qui, plus que jamais, joue la carte de la réconciliation, de la paix et de l'intérêt de la nation. Selon cette déclaration, les Français, y compris les ligueurs, doivent oublier leurs intérêts particuliers pour embrasser l'intérêt public, et admettre de respecter les consciences. Alors que le temps presse, que les principales villes du royaume font sécession, Mornay rejoint le roi à Tours pour envisager un accord, le 15 mars, et Henri III convoque aux pourparlers les conseillers loyalistes du Parlement de Paris. Après de longs échanges, le traité est signé, dans la nuit du 3 avril 1589. Henri de Navarre obtient Saumur, passe donc la Loire le 24 et se lance, aux côtés du roi, dans une offensive contre Mayenne. Rendez-vous est pris pour se voir et être vus ensemble. Les deux Henri, après treize années de séparation, s'étreignent devant leur noblesse, venue en foule, dans le parc de Plessis-lès-Tours, ce 30 avril. Cette scène, digne des plus grands romans, marque les esprits et scelle l'union des deux rois contre le parti ligueur. (Benoît Bolduc, Texte et représentation, Volumes 33 à 34, 2003 - books.google.fr). Les pratiques religieuses de ce roi très pieux, voire superstitieux, sont montrées comme autant de «diableries» et de monstruosités inquiétantes. Roi sans descendance, cette stérilité, jointe à l'accusation de mœurs contre nature colportée par les pamphlets, est montrée comme un signe supplémentaire de son origine infernale. Et, comme Henri de Valois a dû reconnaître le protestant Henri de Bourbon, roi de Navarre pour héritier légitime, cette accumulation de signes accrédite une origine infernale que textes et gravures rappellent à satiété. Ainsi, nombre de pamphlets portent la marque de ce monde infernal : La grande diablerie de Jean Valette dit de Nogaret, par la grâce du roi duc d'Epernon, grand amiral de France, 1589 (cote BnF Lb34 720) ; Effets épouvantables de l'excommunication de Henri de Valois et de Henri de Navarre, 1589, (Lb34 800); Dialogue de Henry le Tyran et du grand sorcier d'Epernon pour faire mourir Monseigneur de Guyse ; Invocation des diables pour le secours d'Henry le Tyran, faite par le Grand sorcier d'Epernon ; La grande Prophétie... 1589 (Lb34 612) ; Charmes et caractères de sorcellerie de Henri de Valois, 1589 (Lb34 797) et surtout Les sorcelleries de Henri de Valois et les oblations qu'il faisait au bois de Vincennes, 1589 (Lb34 811) et La vie et les faits notables de Henri de Valois, 1589 (Lb34 812), tous deux largement illustrés de gravures in-texte. Par ailleurs, on sait que le recueil de Pierre de L'Estoile, Les belles figures et drôleries de la Ligue (BnF Rés Lb34 6) renferme quarante-six gravures diverses dont une dizaine concernent directement le roi. Le Portrait monstrueux et allégorique d'Henri de Valois, frontispice des Sorcelleries... en est la gravure la plus célèbre. À la page 11 du même pamphlet, on peut voir aussi Figures magiques dont on a attribué l'usage à Henri III (Qb1 M87927) dont un second état accompagné d'une lettre explicative, est conservé dans le recueil de L'Estoile. Ces variantes sont l'indice d'une diffusion importante de ces documents polémiques, publiés d'ailleurs par le même libraire-graveur, Didier Millot, «près de la porte Saint-Jacques, en la rue de la petite Bretonnerie». Tous ces textes, et de très nombreux autres, datent de 1589, à l'exception des Remontrances très humbles au roi de Pologne (Lb34 425). Il y a donc un paroxysme dans ces attaques contre le roi, ce qui laisse supposer une origine commune à toutes ces œuvres, et un acharnement sans précédent, ni postérité d'ailleurs, car les attaques contre Louis XVI sont d'une autre nature, plus étroitement politique, et cessent, avant l'échafaud, dès la fin de la monarchie, en août 1792. Plusieurs des pamphlets cités, en revanche, sont postérieurs à la mort d'Henri III, comme La vie et la mort de Henri de Valois (Lb34 812C) illustré de sept gravures, ou Les sorcelleries déjà mentionné, avec ses deux illustrations. Pareil acharnement se situe au-delà de la haine humaine qu'a pu inspirer ce roi et touche au sacré, en réponse à ce que Denis Crouzet nomme «la tension régicide de la Réforme». On peut en effet lire dans le pamphlet La vie et la mort de Henry de Valois, p. 81 : Discours véritable de l'étrange et subite mort d'Henri de Valois advenüe par permission divine luy estant à Saint Clou ayant assiégé la ville de Paris, le mardi 1e jour d'août 1589. Si le meurtre d'un roi pourtant sacré peut être présenté comme d'obéissance à Dieu, n'est-ce pas, pour suivre là encore les réflexions de Denis Crouzet parce que : [...] l'acte de violence se décode comme un acte d'imminence eschatologique : la violence participe d'une louange de Dieu et de Ses véridiques et justes jugements 9 Pour résumer, le «roman» d'Henri III est celui d'un homme criminel, hérétique et hypocrite, preuve de son origine diabolique. C'est un tyran, au sens ancien du terme (associant le despotisme politique avec la dépravation morale) et un monstre hybride. Ce roi trop pieux est montré comme un débauché qui viole les religieuses au couvent de Poissy dont il s'était fait le protecteur, aime le luxe et les parures, les «ordures italiennes», fréquente trop assidûment ses «mignons» au premier rang desquels le diabolique duc d'Épernon (Annie Duprat, D'Henri III à Louis XVIII : la caricature à l'assaut de la monarchie, L'illustration, 1999 - books.google.fr). L'Eglise
triomphante, ne renfermant pas moins de treize mille vers, a Ă©tĂ© imprimĂ© Ă
Lyon, dans le format in-8°, en 1618, avec deux dédicaces, l'une à la Sainte
Vierge, l'autre à Marie de Médicis, mère de Louis XIII. Laissons donc encore la
parole au mĂŞme biographe, puisque c'est le seul moyen que nous ayons de pouvoir
donner quelque idée de ce curieux et singulier ouvrage qui renfermerait, « sans
compter beaucoup de digressions hors d'œuvre, plusieurs réflexions fort
déplacées. » C'est l'œuvre de Claude Billard de Courgeney,
né en 1550 à Souvigny (Bourbonnais) et mort en 1618. Ce poëme
est divisé en treize livres, dont chacun contient sept ou huit cens vers, et
quelquefois plus. [...] Dans le dixième, il fait le parallèle de la conversion de
Constantin avec celle d'Henri IV |