La Valteline I, 93 1625-1626 Terre Italique pres
des monts tremblera : Lyon & Coq non trop confédérés En lieu de peur l'un l'autre saidera : Seul Castulon &
Celtes modérés. La guerre de la Valteline : "terre italique" La Valteline est italienne d'aspect et de langage. Elle ne commence à apparaître dans l'histoire que vers le Ve siècle. Elle fut soumise à Côme pendant le gouvernement municipal, puis ensuite aux Visconti de Milan. Elle fut longtemps agitée par des guerres de religion, des guerres civiles et étrangères. Les Grisons s'en emparèrent en 1512 (Italie du Nord, Volume 1, 1865 - books.google.fr). Occupant le haut bassin de l’Adda, depuis la source de
cette rivière jusqu’à son entrée dans le lac de Côme, la Valteline, qui
appartenait, depuis le XIVe siècle au duché de Milan, était passée, de 1512,
sous la dépendance des Trois Ligues, alliées de la Confédération des XIII
cantons. Possédant plusieurs passages dans les Alpes, entre autres le Splügen
et le Stelvio, qui établissaient, au XVIIe siècle, une communication entre les
États des deux branches de la maison de Habsbourg, c’est-à -dire entre le Tyrol
et le Vorarlberg, appartenant à l’Autriche, d’un côté, et le Milanais, relevant
de l’Espagne, de l’autre, la Valteline acquit, lorsque le Milanais revint aux
Habsbourg, une importance stratégique majeure aux yeux de cette famille,
puisqu’elle permettait contrôler le passage le plus direct entre l’Italie du
Nord et les vallées de l’Inn et du Rhin, donc vers l’Autriche et les
territoires du Saint-Empire romain germanique. La Valteline Ă©tant alors sous la
souveraineté des Trois Ligues, le consentement de cette république était
nécessaire pour que l’Autriche et l’Espagne puissent se tendre la main
par-dessus les Alpes, et se prêter leurs armées, tantôt pour défendre l’Empire
en Allemagne, tantôt pour maintenir la prépondérance espagnole en Italie. En
1601, le traité de Lyon mettant fin à la guerre franco-savoyarde, comprenait la
cession de la Bresse, ce ne laissait plus qu’une voie de communication aux Hasbourg. Ce passage devint, dès lors, crucial pour les
Espagnols, dans la mesure où c’était la seule voie de communication praticable
et assurée entre le Milanais, la Franche-Comté et les Pays-Bas espagnols.
Ceux-ci cherchèrent alors, à en recouvrer la souveraineté, de façon répétée En 1602, la France signe un traité avec les Ligues Grises
suisses, protestantes, qui contrôlent les accès de la Valteline. De même Venise
(1603), qui se rapproche de la France après son différend avec le pape en 1606.
En 1607, une tentative vénitienne pour
faire passer des troupes par le nord de la Valteline, provoque un soulèvement
des communautés catholiques locales, qui prennent Chur
et bloquent les passages vers l'Italie. En 1618, en revanche, les protestants
de la Valteline fournissent une aide clandestine Ă Venise contre Ferdinand de
Styrie. Les catholiques protestent, mais la réaction protestante se fait
violente, animée par le pasteur Georges Jenatsch ;
une armée envahit la vallée, torture et exécute des chefs catholiques. Or, la
révolte de Bohême convertit ce passage en un couloir vital pour les tercios en marche vers l'Allemagne, car l'expérience montre
que les autres routes possibles, telle celle du Saint-Gothard, ne sont
décidément pas pratiques. Aussi le gouverneur de Lombardie aide-t-il les
catholiques contre leurs seigneurs protestants des Grisons, qui veulent les
convertir. En juillet 1620, les troupes espagnoles bloquent la Valteline Le "Lyon" (lion) peut ĂŞtre celui de Venise,
symbole de l'évangéliste saint Marc dans le tétramorphe.
Le "Coq" est vu comme le roi de France Louis XIII (cf. quatrains
VIII, 5, 6, 9). "confédérez" peut être une allusion directe aux cantons confédérés suisses. Les Grisons étant souverains et les Valtelins
sujets, la Valteline resta, lors de la Réforme protestante, fidèle au
catholicisme tandis que les Grisons, et particulièrement l’Engadine, adoptaient
le protestantisme. Le 19 juillet 1620, un gentilhomme de la vallée, Robustelli, entra dans la Valteline à la tête de troupes
catholiques et de bannis accourus du Tyrol ; il s’empara de plusieurs places, et
y fit passer tous les protestants, entre 600 et 700, au fil de l’épée Le parti proscrit et les Valtelins
commencèrent par un massacre des protestants à Tirano
le dix-neuf juillet et à Teglio, emportèrent d'assaut
Sondrio, dont les habitants hérétiques furent aussi passés au fil de l'épée, et
se saisirent de tous les passages de Chiavenna, Malenco
et Puschiavo À la nouvelle de cette boucherie, les troupes des
Grisons, unies à celles de leurs alliés de Berne et de Zurich, arrivèrent, et
reprirent la Valteline en huit jours, mais le gouverneur espagnol de Milan, le
duc de Feria, appelé par les Valtelins, envoya des
troupes, qui les chassèrent à leur tour sans coup férir et occupèrent le pays. Se
sentant les plus faibles, les Grisons implorèrent le secours de la France. En 1621, un mois après la mort de Philippe III, le traité
de Madrid, conclu le 25 avril 1621, entre la France et l’Espagne, sous la
médiation du pape Grégoire XV, décida que la souveraineté des Grisons serait
restaurée dans la Valteline, et que les forts bâtis par les Espagnols seraient
rasés, à la condition toutefois que la religion catholique y régnerait seule,
et que le traité serait ratifié par les Grisons et garanti par les treize
cantons suisses. Le traitĂ© de Madrid ne fut jamais exĂ©cutĂ©. Deux ans après, le 7 fĂ©vrier 1623, la France signa Ă
Paris, avec Venise et la Savoie, qu’inquiétait aussi
le voisinage des Habsbourg, le traité de Paris pour faire restituer la
Valteline aux Grisons2. L’Espagne continua les négociations, en prenant un
moyen terme, qui consistait à remettre les forts entre les mains de Grégoire
XV, et à les y laisser jusqu’à l’entière résolution du différend. Louis XIII y
consentit, mais les Espagnols ne remirent qu’une partie de la Valteline au
marquis de Bagni, général du Pape Dans la diète de Lucerne, aucun canton ne voulut se
porter garant pour les Grisons, selon la condition posée dans le traité de
Madrid; catholiques et protestants repoussaient cet acte en Suisse Les
protestants de la ligue des Grisons avaient repris les armes les premiers pour
recouvrer la Valteline. Ils furent dispersés à l'arrivée de Feria d'un côté, et
des troupes archiducales de l'autre. Feria profita de l'occasion pour se saisir
de Chiavenna, et le général de l'archidue, se frayant
un passage à travers la Grigia et la Caddè, se saisit de la troisième partie de la ligue, dite
des Dicci Diritture; il en
prit possession comme d'un patrimoine héréditaire dans la maison d'Autriche. Cf. quatrain VIII, 5 où le "canton détorné" pourrait être en fait en rapport avec le
canton suisse de Lucerne d'autant qu'il y est question du "Coq"
envisagé comme Louis XIII. La France avait été irritée de voir qu'au lieu d'exécuter
franchement les articles de Madrid , on réservait le
passage à l'Espagne dans le pays des Grisons. De tous côtés des clameurs
s'élevaient contre l'ambition de la maison d'Autriche; des envoyés de toutes
les puissances de l'Europe venaient en France pour conférer sur les moyens
d'arrĂŞter desusurpations incessantes. C'Ă©tait au roi
très-chrétien qu'il appartenait de faire évacuer le pays des Grisons. En effet
les ministres de France expédièrent en Suisse le marquis de Cœuvres,
comme messager de paix, mais en réalité pour gagner les esprits à force
d'argent. Aussitôt qu'il eut reçu les régiments français qu'il attendait, il
les grossit d'auxiliaires suisses et grisons, et aux approches de l'hiver il
descendit dans la Valteline avec une telle rapidité que les troupes papales ne
purent opposer de résistance, les secours envoyés par l'archiduc et par le
gouverneur de Milan n'eurent pas le temps d'arriver. Pour faciliter la conquĂŞte de la Valteline, la France
opéra une diversion en Italie. Gênes était, à cette époque, le port de
débarquement des Espagnols, et ses habitants, leurs banquiers. S’en emparer,
c’était isoler le Milanais de l’Espagne, et priver l’ennemi d’argent. Il
fallait un prétexte pour déclarer la guerre à cette république : le duc de
Savoie Charles-Emmanuel Ier, alors en contestation avec Gênes pour la propriété
d’un fief impérial, l fournit : on décida qu’il
attaquerait au printemps de 1625. Le soulèvement des huguenots en France en
janvier 1625 empêcha l’expédition d’Italie de réussir comme celle de la
Valteline. Lesdiguières, uni au duc de Savoie, battit les Génois et les
Espagnols, et leur prit quelques places, de mars Ă juin 1625, mais il ne voulut
pas risquer le siège de Gênes, quelque pressantes que fussent les instances du
duc La modération des Espagnols et des Français Castulon désignerait
l'Espagnol, de "Castulo" ancien nom de la
ville actuelle de Cazlona (cf. quatrain I, 31). Les Celtes seraient les Français Au printemps de seize cent vingt-six, il semblait que la
guerre de la Valteline voulût se rallumer avec plus de force. Au mois de mars,
Urbain VIII envoya Torquato de Conti, duc de Guadagnolo, avec six mille hommes de pied et six cents
cavaliers on Lombardie, pour aider Feria Ă reprendre la Valteline; mais il
n'était pas dans l'intérêt de la cour d'Espagne de consumer des forces en
Italie, et le cabinet français désirait également la paix, pourvu que fût brisé
seulement le point qui menaçait d'unir les possessions de la branche espagnole
de la maison de Habsbourg, avec les domaines de la branche allemande.
Maintenant la couronne d'Espagne céda sur ce point, et le traité que Philippe
IV consentit à signer le six mars à Monçon en Aragon
mit fin à cette lutte si compliquée: les Grisons rentrèrent dans leur
souveraineté sur la Valteline ; mais à ce canton subordonné furent assurées la
liberté do religion et la faculté d'élire des
magistrats catholiques. Le pape devait occuper les places fortes et les faire
raser. Dans ce traité les intérêts de Venise, et plus encore ceux de Charles
Emmanuel, furent entièrement sacrifiés par la France. Le duc dut également
rechercher la paix, et il l'obtint Ă des conditions telles, que pour leurs possessions
territoriales le Piémont et Gênes se retrouvèrent dans le même état qu'avant la
guerre. Le duc de Savoie avait espéré que cette paix entre
l'Espagne et la France ne se réaliserait pas; il comptait sur l'explosion du
mécontentement général; il voyait le pape blessé de ce que les accords
s'étaient faits sans sa participation, les Vénitiens irrités de la remise des
forts de la Valteline entre les mains du pape, et de leur prochaine démolition;
mais le traité se publia à Paris au moment même où le prince de Piémont
pressait dans cette capitale de nouveaux préparatifs de guerre; les conditions
s'exécutèrent dans la Valteline, en dépit des murmures des Grisons Mais quels que fussent les souhaits du ministère espagnol
pour le repos de l'Italie, ce repos ne fut pas de longue durée. Le trente
octobre mourut le duc Ferdinando de Mantoue Et la guerre de Succession de Mantoue allait commencer
(cf. quatrain, I, 100). Tremblement de
terre Il y eut un tremblement de terre en Valteline le 4
septembre 1618 (25 août ancien style). La montagne de Conto
s'effondra en ensevelissant de nombreux habitants Depuis que l'Espagne dictait ses lois Ă Milan et Ă la
Lombardie, elle cherchait sans relâche les moyens de s'emparer de la Valteline,
bailliage sujet des Grisons, afin que ses Ă©tats fussent limitrophes des Ă©tats
autrichiens. Pour atteindre ce but, le gouverneur espagnol de Milan cherchait Ă
soulever les Grisons contre leur gouvernement. La guerre Ă©clata alors entre
l'Autriche, Venise et Milan. Venise était alliée avec Zurich et Berne, et ces
Ă©tats cherchaient aussi Ă faire entrer les Grisons dans leur alliance, ce que
l'Espagne travaillait Ă empĂŞcher par tous les moyens qui Ă©taient en son
pouvoir. Les réformés des Grisons, qui étaient en grand nombre, se soulevèrent
contre le parti espagnol-autrichien ou catholique. En 1618, ils remportèrent la
victoire. Un tribunal criminel, qu'ils Ă©tablirent Ă Thusis, mit Ă prix la tĂŞte
de Rodolphe Planta, chef du parti espagnol, qui s'Ă©tait enfui avec ses
adhérents. Jean Flouqui (Fluog),
évêque de Coire, fut déposé et banni du pays. Le landammann Zambra,
vieillard âgé de 74 ans, mourut sur l'échafaud, parce que les douleurs de la
torture lui arrachèrent l'aveu qu'il avait reçu des présents de l'Espagne et de
la France. L'archiprĂŞtre Rousca mourut dans les fers,
empoisonné, quoiqu'il eût, au milieu des souffrances de la torture, proteste de
son innocence. Le 4 septembre de cette même année, le riche bourg de Plurs et le village de Cilano,
dans la vallée de Clêves, que les Grisons faisaient
gouverner par leurs baillis, ainsi que la Valteline et Boromio,
disparurent sous les débris du sommet du Conto; plus
de 2000 victimes y trouvèrent leur tombeau. L'année suivante
, le parti catholique se souleva pour la seconde fois et usa de
représailles. Il ne put cependant pas exécuter les mesures sanguinaires qu'il
avait arrêtées, car il se forma un troisième parti qui voulait sérieusement la
paix. Il abolit les précédents tribunaux criminels, annula leur sentence et
Ă©tablit un nouveau tribunal Ă Davos, qui bannit les agitateurs qui avaient le
plus d'influence et renvoya les ambassadeurs des puissances étrangères. Rodolphe Planta et ses adhérents songeaient dans leur
exil à la vengeance. Ils enrôlèrent des soldats sans maître, tandis que leur cousin , Jaques Robustelli,
soulevait le peuple de la Valteline. Dans la nuit du 19 juillet 1620, il cerna
le bourg de Tirano. Les réformés et les employés
grisons furent massacrés non-seulement à Tirano , mais le massacre se propagea de village en village avec
une fureur et une cruauté horrible |