Turin, capitale des Etats savoyards
Turin, capitale des Etats savoyards

 

I, 6

 

1561-1562

 

L’œil de Ravenne sera destitué

Quand Ă  ses pieds les aesles failliront :

Les deux de Bresse auront constitué

Turin, Verseil, qui Gaulois fouleront.

 

C’est en 1562 qu’Emmanuel-Philibert, duc de Savoie et possesseur de la Bresse, Ă©tablit officiellement sa capitale Ă  Turin qu’il avait rejoint dès 1559 en abandonnant ChambĂ©ry (« constituĂ© Â» du latin « constituere Â» instituer ou Ă©tablir [1]).

 

Les guerres d’Italie se situent dans une pĂ©riode de dĂ©clin pour les Etats savoyards qui faillirent passer sous la tutelle française. Ils ont perdu en effet le bas Valais en 1477, le Pays de Vaud en 1536 et abandonneront Ă  la France la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex en 1601. La bataille de Ravenne du 11 avril 1512, qui illustre ces guerres, oppose les Français, conduits par Gaston de Foix et unis aux ImpĂ©riaux et aux Ferrarais, Ă  la ligue rĂ©unie par le Pape Jules II et constituĂ©e par les Espagnols, les Pontificaux et des mercenaires suisses.

 

Remarquons au sujet d'"oeil" qu'Emmanuel-Philibert, dit Tête de Fer, reçut encore le surnom de Prince aux cent yeux (Louis Courajod, Un émail de Léonard Limosin, Le Musée archéologique, Parties 10 à 11, 1876 - books.google.fr).

 

Le traité de Cateau-Cambrésis de 1559 sauve l’autonomie de la Savoie.

 

Turin capitale

 

Lorsque le couple ducal visita le Piémont, fin 1560, Emmanuel-Philibert avait déjà décidé du choix de Turin pour sa capitale, mais il dut se contenter provisoirement de Verceil que Philippe II avait bien voulu échanger contre Santhia. Les efforts du nouveau duc vont donc tendre tout d'abord à récupérer les places françaises et espagnoles du Piémont et avant tout Turin (Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Tome 3 : La Savoie de la Réforme à la Révolution - books.google.fr).

 

Les guerres de religions en France et la naissance d'un successeur permettront au duc de savoie de négocier la restitution de Chieri, Chivasso, Villanova d'Asti et de Turin d'où sortiront les troupes françaises et où le duc entrera le 14 décembre 1562. Le couple ducal y fait son entrée le 7 février 1563.

 

"oeil de Ravenne... destitué"

 

C'est chez Scaliger, connaissance agenoise de Nostradamus, que l'on trouve l'association de Ravenne Ă  un oeil :

 

La perdita di ruolo di Ravenna, divenuta spettatrice dopo essere stata protagonista della storia adriatica, viene registrata anche da altri, ad esempio da un umanista come Giulio Cesare Scaligero, nella comparazione fra tempo antico e presente : Ravenna, giĂ  "oculus superique maris terraeque iacentis" ora "sedet Illyrici prospectans proelia Nerei" (Poemata, Lyon, 1546) (Angelo Turchini, La Romagna nel Cinquecento, Tome 1, 2003 - books.google.fr, Giulio Cesare Scaligero, Poemata omnia in duas partes diuisa: Pleraque omnia in publicum iam primum prodeunt: reliqua vere quam ante emendatius edita sunt, 1621 - books.google.fr).

 

Jules CĂ©sar Scaliger

 

Jules-César SCALIGER naquit en 1484, au château de Ripa, dans le territoire de Vérone, de Benoît Scaliger, qui avoit servi dans les troupes de Mathias, roi de Hongrie. La profession du père influa sur celle du fils. Celui-ci fut d'abord page de l'empereur Maximilien Ier; ensuite il prit le parti des armes, et parut avec distinction dans cette carrière brillante. Doué d'une force extraordinaire il excelloit à manier l'épée et à monter à cheval. La nature lui avoit donné une constitution robuste. Sa taille étoit haute et majestueuse; son port, noble; sa figure, superbe; il avoit les yeux d'un aigle; et, dans les combats, ses ennemis ne pouvoient soutenir ses regards. L'Italie fut le théâtre de ses exploits militaires. Je passe sous silence les preuves de bravoure qu'il donna dans la bataille de Ravenne, à côté de son père et de son frère, qui perdirent la vie dans cette mémorable journée. Qu'il me suffise de rapporter un autre fait d'armes des plus éclatans. Intrépide pour un coup de main, Scaliger étoit le premier homme de guerre pour les surprises, pour les affaires d'avant-poste. Un jour il est instruit qu'une compagnie d'infanterie, soutenue d'un escadron de cavalerie escorte un riche convoi qui doit passer sur la route de Verceil. Il ne s'agissoit de rien moins que d'une grande somme d'argent et d'effets très-précieux appartenant au duc de Savoie. J.-C. Scaliger, à la tête de cent hommes, prend de si justes mesures, et fond tellement à l'improviste sur cette petite armée, que, malgré une résistance opiniâtre, il répand la terreur et la mort dans les rangs, fait mordre la oussière au chef de l'escadron et à tout ce qui l'entoure. Le reste met bas les armes, et lui livre des trésors qu'il n'a pas même achetés par la perte de quelqu'un des siens (M. Briquet, Eloge de Jules César Scaliger, Recueil des Travaux, Tome 2, Société académique d'Agen, 1812 - books.google.fr).

 

Le propos méprisant qu'"il était étonnant qu'un soldat eût attaqué son livre" est attribué à Érasme au sujet de Scaliger - son fils Joseph tient pour vrai. Cette grande sensibilité (c'est l'expression de Bayle), que Jules montre au reproche d'avoir été soldat, était d'autant plus vive qu'il n'était pas bien sûr qu'il eût porté les armes (Charles Nisard, Préface. François Filelfo ou Philelphe. Poggio. Laurent Valla. Jules-César Scaliger, Tome 1, 1860 - books.google.fr).

 

"les ailes failliront"

 

Les ailes de la victoire faillirent aux armées impériales pendant la bataille de Ravenne où Scaliger se serait sauvé miraculeusement et où son père Benoît et son frère Titus auraient été tués (Dictionnaire historique, Tome 15, 1828 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Victoire (allégorie)).

 

Scaliger Ă  Turin

 

Après ses exploits militaires, le jeune Scaliger fit connaissance Ă  Turin d'un mĂ©decin et de quelques apothicaires distinguĂ©s avec qui il allait herboriser dans les montagnes. Cela lui donna du goĂ»t pour la mĂ©decine. Il Ă©tudia sĂ©rieusement cet art qui devait un jour l'aider Ă  vivre. Son fils assure que dans ce mĂŞme temps, il apprit le grec. Des accès de goutte rĂ©itĂ©rĂ©s le forcèrent bientĂ´t de quitter le harnais. Il remit son commandement, et partit pour Agen avec l'Ă©vĂŞque de cette ville, qui Ă©tait un la Rovère. Il ne s'Ă©tait engagĂ© envers lui que pour huit jours; mais une jeune fille de treize ans, nommĂ©e Andiette de Roques Lobejac, lui ayant touchĂ© le coeur, il en oublia son engagement, et ne pensa plus qu'Ă  l'objet aimĂ© (Charles Nisard, Les gladiateurs de la rĂ©publique des lettres aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, Tome 1 : François Filelfo ou Philelphe. Poggio. Laurent Valla. Jules-CĂ©sar Scaliger, 1860 - books.google.fr).

 

"Bresse"

 

Il y aurait possibilité que "Bresse" désigne Brescia, ville de Lombardie sachant que la famille Martinengo qui en venait servit le duc de Savoie Emmanuel Philibert, mais en rapport avec Turin (Etats savoyards) on reste sur la région française (Giovanna Trisolini, Le voyage de Venise de Jean Marot, 1977 - books.google.fr, É. Rott, Henri IV, les Suisses et la Haute Italie: la lutte pour les Alpes (1598-1610), 1882 - books.google.fr).

 

La Bresse est annexée au comté de Savoie lorsque Sibylle de Baugé, seule héritière, l'apporte en dot lors de son mariage en 1272 avec le futur comte de Savoie Amédée V. Bâgé en sera la capitale jusqu'à cette date avant que Bourg (devenu officiellement Bourg-en-Bresse seulement en 1955), place également fortifiée, de 3400 habitants, lui ravisse le rôle de centre administratif et devienne en 1321 le centre du bailliage de Bresse. À partir du 15 juin 1322, la Bresse sera remise en apanage aux héritiers du comté de Savoie (fr.wikipedia.org - Bresse).

 

En 1393, l'empereur Wenceslas investit Amédée de ses Etats héréditaires; la même année eurent lieu les fiançailles du prince avec Marie de Bourgogne, fille de Philippe-le-Hardy; c'était l'une des conditions de la renonciation de Bonne de Berry à la régence. De 1391 à 1403, la résidence habituelle du conseil et de la cour fut Bourg en Bresse qui faillit, un instant, déposséder Chambéry de son titre de capitale; les syndics Antoine Ambrois et Guigue Dupont maintinrent avec énergie les droits de leurs concitoyens et réussirent même à empêcher qu'on ne privât Chambéry du dépôt des archives. (Victor de Saint-Genis, Histoire de Savoie d'après les documents originaux depuis les origines les plus reculées jusqu'à l'annexion: Les origines (587 av. J.-C. à 1516 de J.-C.), Tome 1, 1868 - books.google.fr).

 

Amédée VIII, dit «le Pacifique», né le 4 septembre 1383 au château de Chambéry et mort le 7 janvier 1451 à Genève, est comte de Savoie, duc de Chablais et d'Aoste, prince de Piémont, marquis en Italie (1391-1416), comte de Genève (1401), vicaire impérial (1398), puis duc de Savoie (1416-1440), et antipape sous le nom de Félix V (1439-1449). Il est le fils d’Amédée VII dit le comte Rouge et de Bonne de Berry (fr.wikipedia.org - Amédée VIII).

 

L'anti-pape ClĂ©ment VII (1378 Ă  1394), Robert, comte de Genève, Ă©tait le dernier reprĂ©sentant mâle de cette dynastie fĂ©odale qui, avec plus de bonheur, aurait peut-ĂŞtre reconstituĂ© le royaume des Alpes; Ă  sa mort, le comtĂ© tombait de lance en quenouille Ă  Humbert, sire de Thoire-Villars, hĂ©ritier par les femmes. Humbert mourut Ă  son tour, et les collatĂ©raux se disputèrent son hĂ©ritage; la Maison de Savoie fit valoir ses prĂ©tentions et l'empereur Sigismond (1411), suivant en cela l'usage du suzerain lorsqu'il avait Ă  juger un procès de succession, dĂ©clara qu'il se rĂ©servait le Genevois comme fief impĂ©rial. AmĂ©dĂ©e VIII nĂ©gocie avec une extrĂŞme promptitude, ce qui fut toujours l'une de ses habiletĂ©s : il achète les droits litigieux des branches cadettes, les paye comptant, puis, armĂ© de ces titres, il force l'assentiment de Sigismond fort intĂ©ressĂ© Ă  mĂ©nager le portier des Alpes. L'annexion, complète en fait dès 1401, ne devint dĂ©finitive au point de vue lĂ©gal qu'en 1422; la suppression de ce grand fief achevait l'Ĺ“uvre commencĂ©e par le protectorat de Genève et continuĂ©e par l'Ă©change du Faucigny. L'achat des seigneuries de la famille de Villars en Bresse (1402) rendait aussi dĂ©sormais les princes de Savoie seuls souverains de cette riche province oĂą ils avaient dĂ©possĂ©dĂ© les sires de BaugĂ© par un mariage (1272), les sires de Revermont et de Coligny par un Ă©change (1389), les sires de la Valbonne, de Montluel, de Beaujeu et des Dombes par les faits diplomatiques et militaires que rĂ©suma le traitĂ© d'Ă©change de 1354. [...]

 

En 1418, la mort de Louis de Savoie, dernier rejeton de la branche d'Achaïe, fit rentrer le riche apanage du Piémont dans le domaine direct du duc. Amédée VIII, dont les possessions s'étendaient du lac de Neufchâtel aux côtes liguriennes, avait réalisé le rêve de ses devanciers, et l'homogénéité de ses possessions, devenues un Etat compacte, se fortifiait de l'inconsistance des principautés voisines. Le retour définitif du Piémont dans le domaine ducal fit prendre au nouveau duc la résolution de ne plus négliger l'Italie, où le Pô ne lui offrait pas, comme le Rhône, un obstacle infranchissable (Victor de Saint-Genis, Histoire de Savoie d'après les documents originaux depuis les origines les plus reculées jusqu'à l'annexion: Les origines (587 av. J.-C. à 1516 de J.-C.), Tome 1, 1868 - books.google.fr).

 

Amédée VIII fit de Turin, en 1418, la capitale de ses Etats (Amédée Barthélemy Gayet De Cesena, Campagne de Piémont et de Lombardie en 1859, 1860 - books.google.fr).

 

Cette politique d'alliance avec le dauphin présente plus de danger pour la Savoie que ne le soupçonne le duc Louis. Ce dernier poursuit l'œuvre commencée par Amédée VIII son père et fait de Chambéry une véritable capitale dont le château, avec sa belle chapelle, dépasse en magnificence les autres résidences ducales. C'est un centre qui attire les artistes traversant les Alpes. Là se rencontrent, auprès des Savoyards, Français, Bourguignons, Genevois et Néerlandais (Marguerite Roques, Les apports néerlandais dans la peinture du Sud-Est de la France. XIVe, XVe et XVIe siècles, 1963 - books.google.fr).

 

Le premier titre qu'Emanuel Filibert porta fut celui de Comte de Bresse. La Bresse est une Province entre les rivieres de Sône, de Seille, de Rhone, & d'Ains. L'Ains lui est au Levant, le Rhone lui est au Midi, la Sône au Couchant, & la Seille au Septentrion (Jean Chrysostôme Bruslé de Montpleinchamp, L'histoire d'Emmanuel Philibert duc de Savoie gouverneur general de la Belgique, 1692 - books.google.fr).

 

Ravenne pendant le règne d'AmĂ©dĂ©e VIII : les ailes de l'aigle des Da Polenta et des borgnes

 

Obizzo da Polenta (né à Ravenne et mort le 30 janvier 1431), est un seigneur italien de la première moitié du XVe siècle. En 1389, Obizzo et ses frères emprisonnent puis tuent leur père Guido III da Polenta. Par la suite, tous ses frères sont successivement morts, probablement assassinés par Obizzo. Ainsi, quand Aldobrandino meurt en 1406, Obizzo prend en main la seigneurie de Ravenne. En 1404, Obizzo signe un traité avec la puissante République de Venise qui s'engage à l'aider contre la Maison d'Este de Ferrare en échange de son aide dans la guerre contre les Carraresi. Obizzo est fait prisonnier pendant la dernière campagne et libéré contre une rançon de 8000 ducats. En 1406, Obizzo demande à la République de Venise d'envoyer un podestat à Ravenne pour protéger sa personne et ses enfants. En échange, les terres de Ravenne reviennent à Venise dans le cas de la mort sans enfant d'un De Polenta. Ostasio meurt en 1431, son fils Ostasio III lui succède sous la régence vénitienne. Toutefois, par la suite Ostasio III dénonce l'alliance avec Venise qui l'évince du pouvoir et annexe Ravenne en 1441 (fr.wikipedia.org - Obizzo da Polenta).

 

On Ă©crit de Florence le 12 mai 1865 au sujet des fĂŞtes honorant le Dante :

 

Sur la place de Santa Croce, l'amphithĂ©atre qui doit recevoir les dĂ©putations italiennes et Ă©trangères a Ă©tĂ© dĂ©corĂ© d'une sĂ©rie de peintures qui reprĂ©sentent les Ă©pisod s principaux de la vie de Dante. Sous la première de ces peintures, on voit l'inscription suivante : Dante, âgĂ© de neuf ans, est conduit par son père dans la maison des Portinari, oĂą il rencontre BĂ©atrix, âgĂ©e de huit ans. On sait que de cette rencontre date le germe de cet amour, qui devait tenir tant de place dans la vie de Dante amour d'enfance d'oĂą devait naĂ®tre le plus virit et le plus sublime des poĂ«mes.

 

«Sous la dermère peinture qui, terminant la sĂ©rie, se trouve en face de la prĂ©cĂ©dente, on lit: CortĂ©ge funèbre avac lequel le Polentan (Guida da Polenta, seigneur de Ravenne) accompagne Dante Ă  sou tombeau dans l'Ă©glise des frères mineurs, 1321. Cette peinture n'est pas le seul tĂ©moignage qui rappelle et honore l'hospitalitĂ© que Dante, dans ses dernières annĂ©es, reçut Ă  Ravenue. An coin des deux rues Tornabuoni et Cerretani, on voit l'Ă©cusson des da Polenta, coupĂ© d'azur et d'or Ă  largle Ă©ployĂ©, d'argent sur azur, de gueules sur or; au-dessous, ce tercet de l'Enfer :

 

Ravenna stà com'è stata mo't' anni,

L'aquila da Polenta la si cova,

Si che cervia ricopre co' suoi vanni. (Inferno, c. XXVII.)

 

La biche (servia) que l'aigle des da Polenta couvrit de ses ailes, c'était le grand exilé» (Moniteur belge: journal officiel, 1865 - books.google.fr).

 

Dans son commentaire de la Divine ComĂ©die de Dante, Benvenuto da Imola (XIVe siècle) appelle un autre Obizzo, Obizzo d'Este (XIIIe siècle), "Obizo monocolus" (unijambiste ?) ou "Obizo ab oculo" (borgne ? Histoire de rappeler le prĂ©nom ?) (Paget Jackson Toynbee, A Dictionary of Proper Names and Notable Matters in the Works of Dante, 1898 - books.google.fr, Luca Fiorentini, Il commento dantesco di Benvenuto da Imola. L’elaborazione letteraria delle fonti storiografiche e cronistiche, 2011 - core.ac.uk).

 

On trouve un autre borgne dans le cinquième chant de Enfer de Dante :

 

Au XIIIe siècle, Francesca, fille de Guido da Polenta, se trouve mariée, contre son cœur, à Gianciotto Malatesta, bossu, borgne et jaloux. Le frère de celui-ci, Paolo, jeune et beau, s’est épris de Francesca, qui l’aime aussi. Le mari les surprend un jour et les poignarde sans leur laisser le temps de se ressaisir, afin que, mourant en état de péché mortel, ils aillent en enfer (Georges Mounin, Les belles infidèles, 2016 - books.openedition.org).

 

Verceil

 

Depuis le XIIIe siècle, la ville de Verceil est convoitée par les seigneurs de Milan et ceux du Montferrat (fr.wikipedia.org - Verceil).

 

En 1402, son second frère, Amédée, étant mort, Louis d'Achaïe lui succède comme seigneur de Piémont et devient tuteur de ses enfants (fr.wikipedia.org - Louis de Savoie-Achaïe).

 

Veuf une nouvelle fois, Theodore II de Montferrat épouse le 17 février 1403 la fille d'Amédée de Piémont prince d'Achaïe, Marguerite de Savoie (morte en 1464). Cette union provoque immédiatement un regain de la guerre avec Amédée VIII de Savoie qui considère qu'il s'agit de la confirmation d'une alliance hostile à l'État savoyard entre son cousin et ennemi et le marquis de Montferrat (fr.wikipedia.org - Théodore II de Montferrat).

 

Déjà en 1405, Louis de Savoie, prince d'Achaie et apanagé du Piémont, avait reçu la soumission des Avogadro et autres grandes familles du Verceillais, ainsi que de plusieurs communes. A sa mort, en 1418, son apanage revint à Amédée VIII, qui acquit définitivement la seigneurie de Verceil de Philippe-Marie de Visconti, en 1427. Ce fut alors qu'il fit transporter à l'université fondée à Turin par Louis d'Achaie, en 1405, les droits et priviléges de celle de Verceil, qui était resté fermée (Claude-Antoine Ducis, L'auteur du traité de l'Imitation de Jésus-Christ, 1876 - books.google.fr).

 

En 1499, sous Louis XII, et 1553, sous Henri II, la ville a été prise par les Français, et en 1617, 1638 et 1678 par les Espagnols. En 1704, elle supporte un siège éprouvant par les Français du duc de Vendôme, qui n'ont pas réussi à détruire la forteresse, après quoi elle partage le destin de la Savoie. Vercelli fut le siège d'un important atelier monétaire sous les ducs de Savoie. Entre le 11 septembre 1802 et avril 1814, Verceil fut française (préfecture du département de la Sésia), avant de revenir au Royaume de Sardaigne à la Restauration (fr.wikipedia.org - Verceil).

 

La bataille de Ravenne

 

Le 10 décembre 1508, le pape Jules II constitue la ligue de Cambrai, pour s'opposer à Venise qui souhaite conquérir la Romagne. (fr.wikipedia.org - Bataille d'Agnadel).

 

Le Duc de Savoie Charles III, père d'Emmanuel Philibert, prit part à l'éclatant succès de la victoire d'Agnadel en 1509; sinon en personne, du moins en fournissant son contingent de troupes, en qualité d'allié (Jean Frézet, Histoire de la Maison de Savoie, 1827 - books.google.fr).

 

Inquiet des progrès de Louis XII, le pape Jules II manifeste sa volonté de chasser les Français d’Italie. Le 24 février 1510, il lève l’excommunication de Venise et les troupes papales aident les Vénitiens à reconquérir le terrain cédé aux Français. Le 5 octobre 1511, il forme la Sainte-Ligue avec l’Espagne, la république de Venise, l’Angleterre et les cantons suisses contre la France (fr.wikipedia.org - Bataille de Ravenne).

 

Le jeune, et vaillant neveu de Louis XII, Gaston de Foix, bat Paul Baglione, GĂ©nĂ©ral vĂ©nitien, reprend Brescia, dĂ©fait les Espagnols, Ă  Ravenne, y fait leur GĂ©nĂ©ral, Pierre de Navarre, prisonnier, et pĂ©rit lui-mĂŞme sur le champ de bataille. A cette nouvelle, Louis XII s'Ă©crie : - Plut Ă  Dieu que mes ennemis eussent remportĂ© une pareille victoire ; ils seraient bientĂ´t perdus sans ressource !

 

L'Empereur Maximilien s'unit alors à la Sainte Ligue, pour ravir le duché de Milan à Louis XII.

 

Le Duc de Savoie, mécontent d'avoir, sans fruit, contribué à l'abaissement de Venise, non seulement refuse d'entrer dans la Sainte-Union, mais il blâme la légéreté avec laquelle on rompt une ligue, pour en former une autre toute opposée. Incapable de s'armer contre Louis XII qu'il estime, il lui renouvelle les congratulations qu'il lui avait adressées sur celle d'Agnadel, ferme ses états aux Suisses qui marchent contre ce Monarque, fait mettre ses frontières en état de défense, fortifie Iverdun, jette les fondemens de la citadelle de Nice, et contribue, de tous ses efforts, à conserver Gènes à la France. L'armée Française, extrêmement affaiblie se retira par le Piémont, en Dauphiné (Jean Frézet, Histoire de la Maison de Savoie, 1827 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LQLT, liqlot, liquoulot

 

"liqlot" (ou "liklĂ´t") : hĂ©breu "griller", "rĂ´tir" [on trouve aussi "absorber", "comprendre", "finir"...] (Roger Jacquet, Shifra Jacquet-Svironi, HĂ©breu - Guide de conversation, 2014 - books.google.fr).

 

Il y a quatre manières de disposer les ceps. Dans la quatrième, les ceps sont également tenus à 2 où 3 pieds de hauteur, et ont chacun un échalas de même hauteur, qui, au moyen de traverses et de perches, se lie à deux de ses voisins de droite et de gauche, lesquels sont également liés avec ceux correspondans des deux rangées de droite et de gauche, de sorte que toute la vigne représente un gril à carreaux égaux, qu'on appelle liquoulot dans le Doubs en Franche-Comté. Je n'approuve point ces deux pratiques, surtout la dernière, parce qu'elle empêche le soleil de dessécher le sol et de colorer les raisins, qu'elle exige une main d'œuvre et un emploi de bois considérable (Extrait du cours complet d'agriculture, 1822 - books.google.fr).

 

En 1426, Louis de Chalon, prince d'Orange et vassal franc-comtois de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, s'était lié par une convention secrète au duc de Savoie, Amédée VIII, en vue de dépecer le Dauphiné. En effet, le prince d'Orange avait le rêve ambitieux de réunir son domaine de Franche-Comté à sa Principauté d'Orange, par la vallée rhodanienne, à travers le Dauphiné. [...] Bien qu'appuyant son vassal ambitieux, le duc de Savoie rêvait toujours de la Grande Savoie, qui s'étendait, à l'époque, des Alpes à Lyon, et trouva ainsi l'occasion de remettre en cause le traité de Paris, du 5 janvier 1355, qui établissait la limite entre la Savoie et le Dauphiné.

 

Dans la bataille d'Anthon du 11 juin 1430, les troupes orangistes tombent dans une embuscade ourdie par les Dauphinois. Louis de Chalon perdit, non seulement ses terres dauphinoises, mais aussi sa principauté d'Orange. Le duc de Savoie, qui n'avait pas participé à la bataille, mais qui avait soutenu Louis de Chalon, perdit définitivement l'espoir de remettre le pied en Dauphiné; il entreprit alors de conquérir l'Italie (medieval.mrugala.net).

 

A Vérone, les tombeaux des Scaliger (Mastino della Scala et de Can Signorio della Scala) de l'église romane Santa Maria Antica du XIe siècle entourés d'une grille en fer forgé du XIVe siècle sont d'après Burckhardt "aussi dignes d'intérêt du point de vue de l'histoire de la civilisation que de celle de l'art. Erigés par les tyrans de Vérone de leur vivant en dehors de l'église dans un but plus politique que religieux, ils sont la préfiguration des statues équestres profanes élevées par les Vénitiens en l'honneur de leurs chefs militaires. Les statues équestres des Scaliger ne sont pas encore grandeur naturelle, mais placées au sommet des tombeaux" (Martin Hürlimann, Italie: Texte et photos, 1955 - books.google.fr, Encyclopédie historique, archéologique, biographique, chronologique et monogrammatique des beaux-arts, Tome 2, 1873 - books.google.fr).

 

NĂ© Ă  VĂ©rone en 1484 - et mort Ă  Agen en 1558 -, Jules CĂ©sar Scaliger s'Ă©tait forgĂ© une gĂ©nĂ©alogie fabuleuse en se rattachant Ă  la prestigieuse famille des Scala de VĂ©rone, sur le seul fondement de son propre sobriquet (Scala), qui Ă©tait en fait le nom du quartier oĂą il vivait. L'auteur raconte que son père avait ordonnĂ© qu'il soit nommĂ© Can Ă  son baptĂŞme, «voulant renouveler le souvenir de ses ancĂŞtres comme par une sorte de divination, Ă  dĂ©faut d'en possĂ©der le pouvoir». Ce nom faisait en effet rĂ©fĂ©rence Ă  quelques reprĂ©sentants illustres de la famille Della Scala : Cangrande (1291-1329), puis Canfrancesco (1332-1359) et Cansignorio (1340-1375). Son parrain, l'astrologue nĂ©erlandais Paul de Middlebourg, professeur Ă  l'universitĂ© de Padoue en 1480, en dĂ©cida autrement et dĂ©clara, après avoir examinĂ© les configurations astrologiques, qu'il devait s'appeler Jules CĂ©sar : «Middelburg avait considĂ©rĂ© le jour de ma naissance et l'aspect du ciel. Fort de l'optimisme que ses observations lui inspiraient, il dit [Ă  mon père] : C'en est fini de la fortune de tes Can. Lui, c'est d'un autre destin, d'un destin tout nouveau, qu'il doit ĂŞtre le dictateur et le chef.» (Pierre-Yves QuĂ©mener, Le nom de baptĂŞme aux XVe et XVIe siècles, 2023 - books.google.fr).



[1] FĂ©lix Gaffiot, « Dictionnaire abrĂ©gĂ© Latin-Français Â», Hachette, 1978

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