Socinianisme

Socinianisme

 

I, 95

 

1627-1628

 

Devant moustier trouvé enfant besson,

D'heroic sang de moine & vetustisque :

Son bruit par secte, langue & puissance son,

Qu'on dira fort eslevé le vopisque.

 

Rhétorique

 

"besson" vient du bas latin bissonus où on pourrait reconnaître "bis" et "sonus"

 

Bis sonus & en notre langue mot pour mot "deux fois son" ce que nous expliquons par le mot "double son" (grec "diphtongos", diphtongue) (Jean Hindret, L'art de prononcer parfaitement la langue françoise, Tome 1, 1696 - books.google.fr).

 

D'oĂą le vers 3 : "Son.... son"

 

Diphtongue : du grec "diphtongos" son double : son formé par la fusion de deux voyelles, dont l'une devient une semi-voyelle, comme ieu, len, ion, dans lieu, lien, lion (Petit Larousse: dictionnaire encyclopédique pour tous, 1961 - books.google.fr).

 

moust-ie-r, her-oi-c, m-oi-ne, br-ui-t, p-ui-ssance, marquent dans le quatrain 5 diphtongues ou hiatus.

 

On sait que le problème des digrammes vocaliques était un point du français qui continuait à être spécialement controversé dans la deuxième moitié du XVIe siècle, comme le montre l'intérêt que portent à la question aussi bien Meigret que Ramus (Juan F. Garcia Bascunana, A propos de certains aspects phonétiques du français préclassique, Le changement en français: études de linguistique diachronique, 2010 - books.google.fr).

 

En linguistique, le terme hiatus désigne «une rencontre de deux voyelles, de deux éléments vocaliques, soit à l'intérieur d'un mot [...], soit entre deux mots énoncés sans pause [...]». L'étymologie du terme, empruntée du latin, en cache pourtant la véritable signification : l'hiatus apparaît comme une ouverture, une fente, «un espace entre deux choses ou dans une chose, une interruption». En effet, dans l'édition de 1932, le Dictionnaire de l'Académie Française donne une définition plus précise de cet artifice rhétorique, intimement lié à la création poétique : Ouverture de la bouche produite par la rencontre, par la succession immédiate de deux voyelles sonores. Il désigne particulièrement la rencontre de deux voyelles dont l'une finit un mot et dont l'autre commence le mot suivant. mauvais effet dans la prose. Cet hiatus blesse l'oreille. L'hiatus d'un mot à un autre a été interdit dans notre poésie par Malherbe. L'hiatus peut donc se définir comme un choc produisant un effet désagréable pour l'auditeur, ce qui entraîne son bannissement dans les vers et même dans la prose. Cependant, son usage n'a été proscrit qu'à partir de François de Malherbe (1555-1628), et tous les poètes l'employaient avant lui. [...] Malgré ses convictions rigoureuses, Malherbe lui-même, au début de sa fortune littéraire, commettait naturellement des hiatus : ces derniers n'ont rien de très choquant en soi, et si par la suite le poète les supprime dans ses vers, c'est parce qu'ils choquent, non pas son oreille, mais les théories puristes du langage (Le Sens dans tous les sens, Federica Locatelli, 2015 - books.google.fr).

 

En ce qui concerne l'hiatus, nous rapporterons les considérations de l'un des meilleurs spécialistes de métrique baudelairienne : Albert Cassagne, auteur, en 1906, de Versification et métrique de Charles Baudelaire, un essai qui reste une pierre angulaire dans le domaine des études métriques sur les Fleurs du Mal. Dans le troisième chapitre, Cassagne consacre deux pages seulement à l'hiatus en s'exprimant ainsi : «Il y a très peu à dire à propos de l'hiatus [...] [L'hiatus] exprime assez heureusement la nausée, le hoquet du dégoût [...]»

 

Le premier, Malherbe (mort en 1628) émit la règle prohibitive contre laquelle protestait Mathurin Regnier, son contemporain, par ces vers où il le désigne :

 

Cependant leur sçavoir ne s'esteud seulement

Qu'Ă  regretter un mot douteux au jugement,

Prendre garde qu’un qui ne heurte une diphthongue.

 

Malherbe lui-même s’est permis des hiatus; ce n’est qu’après lui que la règle devint rigide (Abel Ducondut, Examen critique de la Versification française, classique et romantique, 1863 - books.google.fr).

 

Vopiscus est un des auteurs de l'Histoire Auguste. Il se présente comme l'auteur des vies d'Aurélien, Tacite, Florien, Probus, Firmus, Saturninus, Proculus (usurpateur), Bonosus, Carus, Numérien et Carin (fr.wikipedia.org - Histoire auguste).

 

La clausule hĂ©roĂŻque doit toujours ĂŞtre Ă©vitĂ©e parce qu'elle correspond Ă  une fin d'hexamètre dactylique : Quintilien, De inst. orat., IX, 4, 102 ; CicĂ©ron l'approuve cependant Orator, 217 ;  «une faute irrespectueuse du latin idĂ©al», selon la formule de J. BĂ©ranger, qui en dĂ©nombre 108 dans toute l'Histoire Auguste (Jean Cousin, Etudes Sur Quintilien, 1967 - books.google.fr).

 

Les résultats de l'analyse des clausules se trouvent systématisés dans un tableau statistique et peuvent se résumer comme suit: 1. La fréquence des différentes clausules des phrases est sensiblement la même pour toutes les „Vies". 2. Il en va de même de la fréquence des clausules des membres de phrases. 3. La fréquence des clausules des phrases et des membres de phrases des documents (lettres, ordonnances etc.) insérés dans le texte ne diffère pas de celle du texte, excepte toutefois dans la Vie de Tacite, où les clausules des documents se rapprochent davantage de la manière de Cicéron. Enfin l'étude des assonances et des allitérations démontre que ces figures sont, elles aussi, fondamentalement les mêmes dans toutes les „Vies". Ces résultats constituent un argument solide en faveur de la thèse soutenue par H. Dessau et reprise depuis par Menadier et d'autres, à savoir qu'un auteur unique se cache sous les différentes attributions des „Vies" de l'Histoire Auguste (Hans Leberecht Zernial, Über den Satzschluss in der Historia Augusta, 1956 - books.google.fr).

 

SUSAN HELEN BALLOU a choisi comme sujet de sa dissertation inaugurale de Weimar les clausules employées par Flavius Vopiscus de Syracuse, un des dits "auteurs" de l'Histoire Auguste. Elle voit spécialement dans cette Vie un style rhétorique, des clausules nombreuses, répétées, mais à dessein variées, proches de figures, se combinant avec des chiasmes et des antithèses. Lettres, discours, sénatus-consultes, citations ont été uniformisés, adaptés par l'écrivain en vue des clausules. Vopiscus offre une originalité: la transition de la clausule métrique à la clausule accentuelle, soit au cursus rythmique. Sous l'influence de l'accent, Vopiscus a négligé la quantité des syllabes et usé de clausules accentuelles où la quantité ne compte pas. SUSAN H. BALLOU voit ainsi une amorce du cursus rythmique du Moyen Age, sous ses trois formes des cursus planus, tardus, velox (Bonner Historia-Augusta-Colloquium, 1979-1981, 1983 - books.google.fr).

 

Diphtongue religieuse

 

L'Intellectualisme est caractérisé par son attachement aux mots et aux formules théologiques. Or, Calvin se défie des mots et des formules théologiques. Voici quelques-unes de ses déclarations, et un épisode curieux. «Il faut, dit-il, se garder notre pensée, ou notre langue, ne passe outre les limites de la parole de Dieu». «Il ne faut rien chercher de Dieu, sinon en sa parole, ne rien penser sinon en sa parole, n'en rien parler sinon en sa parole». Ce sont les hérétiques, qui ont forcé l'Eglise à recourir à certains mots non bibliques, pour préciser la pensée de la Bible. Les Pères ont formulé, comme ils l'ont fait, la doctrine de la Trinité, pour dénoncer et réfuter les ambiguïtés, sous lesquelles Sabellius et Arius cachaient leurs hérésies. Dès lors comment accuser les Pères d'avoir «troublé la tranquillité de de l'Eglise pour un petit mot ?». Ce petit mot, (qui était une simple lettre), montrait la différence entre les vrais chrétiens et les hérétiques. Ainsi le dogme est avant tout la négation d'une erreur, d'une hérésie.

 

Ici Calvin est d'accord avec Alexandre Vinet qui célèbre le petit mot, cette simple lettre, en ces termes : «Les théologiens furent peuple à Nicée, et les héritiers immédiats de leurs doctrines furent quelque chose de mieux que les martyrs d'un diphtongue.»

 

En conséquence Calvin écrira : «Je ne suis pas si rude et extrême de vouloir susciter des grands combats pour de simples mots» (Émile Doumergue, Le caractère de Calvin: L'homme, le système, l'église, l'état, 1970 - books.google.fr).

 

Il est juste de dire, avec Vinet, que les défenseurs du dogme de Nicée ne furent pas les malheureuses victimes d'une simple diphtongue. L'âpreté de certains débats théologiques - on n'ose pas dire qu'il en fut ainsi de tous - prend une autre figure quand on y perçoit l'écho d'une sollicitude prévoyante à l'égard de données essentielles pour la foi. Que les modernes contempteurs des formules dogmatiques, dans leur parti pris de ne reconnaître que l'expérience - mais l'expérience de quoi ? - veuillent accorder aux hommes qui luttèrent pour certains dogmes l'espoir de sauvegarder l'expérience chrétienne authentique ; oui, l'expérience justement, qu'une mauvaise théologie compromet en altérant l'intégrité de l'objet de la foi (Franz.J. Leenhardt, Orthodoxie contre libéralisme, un procès à réviser, Revue de Theologie et de Philosophie, 1944 - books.google.fr).

 

Boileau, dans sa Satire XII, Sur l'Equivoque, qui traite précisément de la diversité des interprétations auxquelles prête le langage (satire qui fut frappée d'interdit et ne parut qu'après la mort de l'auteur), celui-ci faisant allusion aux disputes religieuses soulevées au iv* siècle, entre les orthodones disant que le Fils est de même substance que le Père "homousios", et les Ariens soutenant qu'il est d'une substance semblable "homoiousios", mots qui ne différent que par la diphtongue oi, qui manque dans le premier et se trouve dans le second, a dit :

 

Et l'Eglise elle-mĂŞme eut peine Ă  s'en sauver.

Elle-mĂŞme deux fois presque toute Arienne,

Sentit chez soi trembler sa vérité Chrétienne ;

Lors qu'attaquant le Verbe & sa Divinité,

D'une sillabe impie un saint mot augmenté

Remplit tous les esprits d'aigreurs si meurtrières,

Et fit de sang Chrétien couler tant de rivières (M. Michaud, Volume 4 de Essais de Michel de Montaigne, 1909 - books.google.fr).

 

Mais l’Auteur avoit précisément fait les quatre derniers vers de cette manière :

 

Lorsque chez ses suiets l'un contre l’autre armés,

Et sur un Dieu fait homme au combat animés,

Tu fis dans une guerre & si triste & si longue,

Périr tant de Chrétiens, Martirs d’une diphtongue 

 

Les Ariens nioient la consubstantialité du Verbe, et rejettoient le mot "omousios"; qui signifie consubstantiel. Ils disoient que le Fils étoit "omoiousios to patri", c'est-à-dire de substance semblable à celle du pére, mais non pas "omousios", c'est-à-dire de même substance que le père. Ainsi l'hérésie des Ariens consistoit en une diphthongue ; ajoûtée au mot "omousios", auquel ils substituoient le mot "omoiousios". Cette Diphthongue est la Diphthongue "oi", que les Orthodoxes rejettoient, aimant mieux souffrir le martyre que d'admettre cette addition, qui, toute légère qu'elle est, détruit la divinité du Verbe (Claude Brossette, Oeuvres De Mr. Boileau Despréaux. Avec Des Éclairicissemens Historiques, Donnez par Lui-même, Tome 1, 1716 - books.google.fr).

 

Mahomet "Jumelin"

 

jumelin adj. «(épithète s'appliquant à Mahomet)», Jourdain de Blaye 4627, 7995 (Mahommet jumelin a le paiien juré Que mar sont crestiiens venuz et atravé). Ces deux attestations sont précieuses, parce que le DEAF G 452 cite seulement Bauduin de Sebourc (B) et Chevalier au Cygne (BruxR). On ajoutera Le Bâtard de Bouillon  (BastC) 219, 1584, 5744 (v. p. 313 s.v. Mahon; cf. aussi Batcs 219n) (T. Matsumura, Les régionalismes dans Jourdain de Blaye en alexandrins, Revue de linguistique romane, Volume 62, Numéros 245 à 248, 1998 - books.google.fr).

 

C'est la qualification que notre auteur donne ordinairement à Mahom ou Mahomet. Jumelin parait ressembler à jumel, jumeau, lat. gemellus; mais Mahomet n'a rien de commun avec cette idée. aux hypothèses émises sur cette épithète de Mahomet par Borgnet (arabe djemil, beau) et par Cachet, d'après qui le mot serait = Apollon en tant que frère jumeau de Diane (voy. son Gloss., p. 271), j'ajouterai la mienne : jumelin est le diminutif de jupin, et se rattache à ce dernier par l'intermédiaire jupelin, jubelin ; pour le passage de b en m, cp. samedi p. sabedi (sabbati dies), Jacquemes de Jacobus, etc. 220 Estre voisin, expression synonyme d'assembler (combattre) (Li bastars de Buillon (faisant suite au roman de Baudouin de Sebourg): poëme du XIVe siècle, 1877 - books.google.fr).

 

Mahomet et le moine

 

La Sîra elle-même fournit le récit de deux rencontres très concrètes entre Mahomet et des représentants du christianisme. La première de ces figures est le moine Bahîrâ qui, à Bosra où il demeurait, aurait découvert en Mahomet enfant les signes annonçant sa future fonction prophétique. Si l'on excepte les couleurs légendaires sous lesquelles se présente cet événement dans la Sîra, nous sommes à peu près dépourvus d'autres informations sur cette rencontre et sur l'identité véritable de ce moine. Au moins trois vieux auteurs chrétiens – saint Jean Damascène, Barthélemy d'Édesse et Al-Kindi –, dans des textes à forte charge polémique, voient dans ce personnage un prêtre hérétique qui aurait initié Mahomet au christianisme. Il est intéressant de noter que, si les deux derniers en font un nestorien (croyant donc en la distinction absolue des personnes divine et humaine en Jésus), saint Jean Damascène présente Bahîrâ comme un moine arien (c'est-à-dire partisan de la nature surhumaine mais non divine de Jésus), ce qui est peut-être une façon intelligente d'expliquer la christologie bien spécifique de l'islam (Michel Orcel, L'invention de l'islam: Enquête historique sur les origines, 2012 - books.google.fr).

 

BahĂ®ra, vĂ©nĂ©rĂ© pour son ascĂ©tisme et sa piĂ©tĂ©, vivait Ă  Bosra en Syrie. Il apparaĂ®t dans le rĂ©cit du premier voyage de Mahomet - âgĂ© alors de treize ans - avec son oncle, tel que narrĂ© par Ibn Ishâq et repris par Ibn Hisham. BahĂ®ra a pour fonction de prĂ©dire la future grandeur du Prophète Mahomet, dont la venue lui avait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par les Écritures. La rencontre de Mahomet et de BahĂ®ra s'accompagne, dans la tradition arabe, de signes indicateurs de la protection divine qui repose sur l'enfant Mahomet : un nuage flotte au-dessus de sa tĂŞte pour le protĂ©ger du soleil et il porte entre les Ă©paules le «sceau des prophètes» (une sorte d'excroissance de la peau) (Marieke Van Acker, Mahomet dans ses biographies occidentales du Moyen Ă‚ge : entre anti-saint et AntĂ©christ, 1999 - lib.ugent.be).

 

Lorsque je posais des questions sur l'enfance de Muhammad, on me parlait souvent d'une rencontre entre le jeune Muhammad et le vieux prêtre Bahira. C'est en fait une histoire qui a été racontée par les partisans de Muhammad et sur laquelle on a un peu brodé çà et là. Mais les ennemis de Muhammad et en particulier les juifs disent qu'il s'agit d'un mensonge, d'une invention visant à situer Muhammad dans la lignée des anciens prophètes Jésus, Moïse et Ibrahim (Kader Abdolah, Le Messager, traduit par Anne-Lucie Voorhoeve, Françoise Antoine, 2018 - books.google.fr).

 

Soubs Traian fut faicte encor vne entreprise par cest Empereur sus iceux Sarrasins : & s'estans mis en deuoir, ils recommencèrent de plus belle à courir de rauager les limites de l'Empire, lors que Odenat & sa femme Zenobie tenoyent l'Orient pour leur partage, & ayant ceste Dame esté domptée par Aurelian en l'an de Salut 270. Selon Vopisque les Sarrasins se tindrent coys iusques au temps de Constantin le grand, & ayans esté comme longuement incognus, ils se firent lors recognoistre par leurs courses & larcins, de forte qu'on les commença à prendre en grande hayne, & lors que la guerre contre les Perses fut ouuerte par les ensuis du susdict Constantin tout ce qu'on trouua le plus expédient pour le repos de l'Empire, fut de gaigner les Sarrasins, quoy que iamais on n'eust grande occasion de s'y fier, à cause de leur inconstance, &  deloyauté, ce que tesmoigne amplement le susnommé Ammian Marcellin liv. 14. disant que ces Sarrasins ne furent iamais bons amis des Romains, lesquels courans de toutes parts rauagerent en vn moment de temps tout ce qu'ils pouuoyent rencontrer, ressemblans à vn milan rauissant, lequel ne vit que de proye butinée & qui voyant sa viande de loing, l'emporte & rauit d'vne soudaine volee, ou si on leur donne ils n'arrestent pour en jouyr sur le lieu. Bref Ce personnage parle & discourt de ces Sarrasins & de leurs courses & larcins tout au long és 23.24.& 25. livres siens, en prenant tousiours iceux Sarrasins pour tous les Arabes, & faut qu'on comprenne que ce peuple a esté de tout temps inconstant en la foy & croyance, & n'a iamais peu demeurer en la perfection d'vne loy, & sur tout il n'a sceu iamais s'arrester sur celle qui estoit la plus saincte. Car il est à croire que leur pere Ismael auoit esté instruit par Abraham en la crainte d'vn seul Dieu, & que cestuy en auoit donné instruction à ceux qui de luy ont pris origine : mais soudain ils oublierent le grand Dieu & coururent âpres les simulachres ne retenans autre cas de la Religion d'Abraham que l'externe cérémonie de la circoncision. Et lors qu'ils deuindrent Chrestiens, & furent baptizez ceste reformation Chrestienne leur estant à contrecœur, comme du tout contraire à leurs façons de faire, ils la quitterent aussi soudain pour embrasser l'heresie diversifiée de tant de monstres qui vindrent apres Arius, & en fin s'assujectirent à la loy damnable da faux Prophète Mahomet. Sosomene liur. 6. chap. 38. de son histoire Ecclésiastique traicte auec vn grand discours comment iceux soubs le règne de Mauie leur Royne ils receurent & embrassèrent le Christianisme: Ce qui aducint sous l'Empire de Valent, qui succéda à lovinian enuiron l'an de nostre salut 382. qui estoit long temps auant que Mahomet vint au monde pour l'infecter de la doctrine (Claude Duret, Thresor de l'histoire des langues de cest univers, 1619 - books.google.fr).

 

HĂ©ros

 

Si le Fils était inférieur au Père, il rappelait les demi-dieux de la mythologie grecque issus d'un dieu et d'une mortelle : Jésus n'était plus qu'un héros. Ainsi l'empereur Constantin aurait refusé l'arianisme comme retour au paganisme (Odon Vallet, Culture religieuse: Patrimoines spirituels, fonctions des croyances, 1989 - books.google.fr).

 

D'autres jumeaux en Syrie : Mar Bassus ("élevé")

 

A Bosra, en Syrie au sud de Damas, le grandiose édifice basilical du IIe-IIIe siècle, situé au nord de l'église des Saints Serge, Bacchus et Léonce et dont la fonction reste inconnue, fait partie d'un ensemble appelé le monastère de Bahîra, moine nestorien qui occupa une place privilégiée aux origines de l'histoire du Prophète Muhammad (Michel al-Maqdissi, Bosra, Aux portes de l’Arabie, 2014 - books.google.fr).

 

Jean Damascène nous l'atteste, pour ces mĂŞmes Byzantins chrĂ©tiens, l'hellĂ©nisme ne reprĂ©sentait qu'une forme infĂ©rieure de la religion, et, en Syrie au moins, la haute tradition philosophique s'Ă©tait rĂ©duite Ă  l'enseignement de la logique et de la grammaire. Au siècle prĂ©cĂ©dent, les Ă©coles syriennes de philosophie avaient jouĂ© un rĂ´ltĂ® important dans le maintien de la partie technique de la philosophie. Il en demeura quelque chose au moment de l'invasion, malgrĂ© la dĂ©cadence des Ă©coles d'Edesse et de Nisibe. Un foyer de pensĂ©e et de culture hellĂ©niques subsista cependant : ce fut le petit monde gnostique de Harrân, ancrĂ© dans une tradition de mysticisme plus paĂŻenne que chrĂ©tienne, et qui, grâce Ă  sa position «en marge», put vivre sans trop grand trouble jusqu'au règne de Hârun al RachĂ®d. L'invasion fut suivie de conversion. Les convertis apportèrent dans la nouvelle religion des habitudes de pensĂ©e Ă©trangères au dogme coranique. De plus, ceux qui ne se convertirent pas, et qui formaient une grosse part de l'Ă©lite technique des territoires conquis, combattirent le dogme et la foi de l'Islam avec les instruments de la logique. Certains d'entre eux furent les prĂ©cepteurs des princes de l'Islam et prĂ©parèrent l'Ă©tude de la grammaire arabe. Enfin, quelques-uns se targuaient de possĂ©der les secrets miraculeux des sciences alchimiques. Controverse, alchimie, grammaire, furent les lieux par oĂą la nĂ©cessitĂ© de l'Ă©tude - et il n'y avait d'Ă©tudes que dans la tradition hellĂ©nistique - rĂ©vĂ©la l'existence des sages du passĂ© aux seigneurs du prĂ©sent (Chronique. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 26, fasc. 3, 1948 - www.persee.fr).

 

Un des plus cĂ©lèbres couvents de la Syrie fut celui de Mar Bassus Ă  ApamĂ©e, près d'Emèse. Sans avoir jouĂ©, dans l'histoire religieuse de l'Orient, un rĂ´le aussi important que le fameux monastère de Mar MatthaĂŻ, près de Ninive, il eut cependant une part considĂ©rable dans les luttes religieuses qui divisèrent ces contrĂ©es principalement au temps des querelles dogmatiques entre les Jacobitcs et les Nestoriens. Tant Ă  cause de sa rĂ©putation que du nombre de ses religieux, il fut l'objet de la convoitise de chacun des deux partis : l'une et l'autre secte ne nĂ©gligea aucun eifort pour attirer dans son sein les moines de Mar Bassus. Nous avons encore en partie, la correspondance Ă©changĂ©e au commencement du VIe siècle entre le monophysite Jacques de Saroug et ces moines. Cette correspondance publiĂ©e en 1876, par l'abbĂ© P. Martini, se compose de trois Lettres de l'Ă©voque Jacques et d'une RĂ©ponse des moines. Elle nous montre qu'au temps oĂą ces documents ont Ă©tĂ© Ă©crits (514-518), les religieux de Mar Bassus Ă©taient les partisans fanatiques du monophysitisme. ElhĂ® nous apprend Ă©galement qu'Ă  cette mĂŞme Ă©poque le monastère Ă©tait gouvernĂ© par «le très religieux et très pieux Mar Lazare, prĂŞtre et archimandrite.»

 

Cependant, malgré la réputation et l'importance de ce monastère, il ne nous reste point de documents à l'aide desquels nous puissions retracer ses annales. Nous ignorerions même sa vraie situation, son origine, et jusqu'à l'histoire du héros chrétien qui lui a donné son nom, si elles ne nous étaient révélées par un manuscrit syriaque de la Bibliothèque Nationale, le seul, parmi les manuscrits actuellement connus en Europe, qui contienne quelques renseignements sur Mar Bassus et son célèbre couvent.

 

Ce sont ces documents que je publie aujourd'hui dans leur texte original avec une traduction française à laquelle j'ai joint quelques notes historiques, géographiques et philologiques.

 

Le manuscrit qui les renferme est décrit dans le catalogue sous le numéro 276. C'est un volume en petit papier (0,21x0, 1 5) qui faisait partie de l'ancienne bibliothèque royale où il portait le numéro 164. Il se compose de 202 feuillets, y compris un feuillet imprimé relié dans ce codex. Sur la reliure exécutée récemment on a apposé les mots Varia syriaca, Il eût été difficile de choisir un titre mieux approprié à ce recueil moitié syriaque moitié arabe qui contient les morceaux les plus disparates).

 

Les documents relatifs Ă  Mar Bassus sont au nombre de trois.

 

Le premier est intitulé : Discours sur le martyr Mar Bassus, Suzanne, sa sœur, Mar Etienne et Mar Longin ses maîtres, qui furent couronnés dans la vallée de Géhenne. Il nous raconte leur histoire dans un récit entremêlé de pieuses réflexions et qui ne manque ni d'élégance ni d'un certain charme poétique. Abouzard, officier supérieur de l'armée de Sapor, tenait garnison sur les confins de l'empire Romain. Il eut deux enfants jumeaux : un garçon appelé Bassus et une fille nommée Suzanne. Pendant que leur père était à la cour du roi, un serviteur nommé Etienne instruisit secrètement ces enfants dans la religion chrétienne et ils reçurent le baptême du prêtre Longin qui vivait en reclus dans la montagne voisine. Abouzard à son retour de Perse invita Bassus à sacrifier aux idoles. Celui-ci refusa énergiquement. Il s'enfuit avec sa sœur Suzanne et son serviteur Etienne près du vieillard Longin. Leur père les poursuivit dans la montagne, mit à mort Etienne et Longin, puis Suzanne et enfin Bassus. Il revint ensuite au temple de ses idoles avec lesquelles il fut consumé par le feu du ciel. L'auteur termine par une série d'invocations aux saints martyrs et d'acclamations en leur honneur.

 

Le second document raconte «la fondation du grand couvent de Mar Bassus à Apâmée, près d'Emèse». Un moine persan nommé David, se rendant à Jérusalem, avait pris avec lui une relique de Mar Bassus. Il s'arrêta à Emèse chez un riche seigneur de la ville, Pierre, fils de Joseph. La femme de celui-ci était atteinte d'ophtalmie et fut guérie en priant devant la relique de Mar Bassus. Pierre n'avait point d'enfant. Lorsque le moine voulut partir pour Jérusalem, il le pria de lui laisser la précieuse relique jusqu'au retour et fit serment, s'il lui naissait un fils, de bâtir un monastère en l'honneur du saint. Quand le moine revint, Pierre était devenu père de deux jumeaux. Il tint sa promesse et fit construire près d'Emèse, à Apamée, le grand couvent de Mar Bassus, dont David fut le premier abbé. D'après une note marginale il faudrait placer cette fondation dans la seconde moitié du cinquième siècle.

 

Le troisième morceau contient le récit d'un prodige qui serait survenu le 8 septembre de l'an des Grecs 1597 (1286) (Jean Baptiste Chabot, La légende de Mar Bassus: martyr persan, suivie de l'histoire de la fondation de son convent à Apamée, 1893  - archive.org).

 

Le prénom Bassus serait issu directement du latin. En bas-latin "bassus" signifie "bas" mais originellement "qui a de l'embonpoint". L'auteur de la légende écrit son prénom avec deux waw (Baas est un mot arabe qui signifie «résurrection» (?)) ou avec deux sin pour marquer un féminin de "lys" prénom de sa sœur jumelle (Suzanne).

 

Bassus est devenu saint, pas sa sœur.

 

La consécration qui qualifiait l'action de rendre sacré par des actes cultuels dans l'Ancien Testament, devient le fait de Sanctifier, de rendre Saint, d'élever une personne jusqu'à la perfection divine.

 

Jumeaux et diphtongue

 

Dans une Grammaire de Roger Bacon (XIIIème siècle) :

 

"Act." XXVIII : insigne Castorum... alia translatio cui erat signum Jovis filii, id est dioscoris et "Z"eus dicitur Juppiter huius Dios id est Iovis cori filii, scilicet Castor et Pollux et Dioscorus dicitur mensis Junius cui attribuitur signum in geminis» à comparer avec Grammaire d'Oxford, p. 72-73 : «Dicitur vicesimo octavo Actuum, quod Paulus navigavit in navi alexandrina, cui erat insigne Castorum, id est filiorum Jovis. Sed legitur et scribitur ibi insigne castrorum, quasi vellet dicere quod ibi erat aliquod castrum pulcrum in navi vel insula sed non est ita. Nam in greco est ibi dioscorois pro filiis Jovis. Dios enim sine diphtongo est Jupiter in greco et cori est puella, pro quo in composicione accipitur filia vel filius aliquando sicut hic, unde dioscorus est Iovis filius. Et secundum poetas sunt duo dioscori scilicet Pollux et Castor unde pluraliter ponitur ibi dioscoris in dativo plurali. Sed Pollux post mortem sortitus est nomen fratris sui et Castor dicebatur, unde duo Castores dicti sunt sicut duo dioscori dicitur (Etienne Anheim, Benoît Grévin, Martin Morard, Exégèse judéo-chrétienne, magie et linguistique, Archives d'histoire doctrinale et littéraire du moyen âge, 2001 - books.google.fr).

 

Il existe d'autres traces de l'influence grecque sur la religion de Lavinium, comme le confirme l'inscription, découverte en 1958, dédiée à Castor et Pollux : en effet, les noms des deux héros sont accompagnés du mot qurois, = "kourois", variante ionienne de l'attique "Kôrois", qui laisse entendre une fermeture de ou = [o] en [u] (Frédérique Biville, Les emprunts du latin au grec: Vocalisme et conclusions, Tome 2, 1995 - books.google.fr).

 

Plusieurs récits évoquent la mort de l'un des jumeaux de la paire (les Dioscures, Romulus et Rémus, Héraclès et Iphiclès...). Ils proposent un modèle qui devait sans doute permettre aux proches de mieux gérer la forte mortalité périnatale. Ainsi, le décès du frère de Commode en 165 après J.-C endeuille la famille impériale, mais sans créer de désordre néfaste.  Commode sera associé à Héraclès pour affirmer sa nature divine d'élu des dieux, mais aussi pour afficher son  statut de jumeau survivant. Quelques allusions suggèrent l'existence de rituels particuliers lors de la mort d'un des nouveau-nés, comme l'usage du nom Vopiscus. On constatera enfin qu'en Grèce, comme à Rome, les différents discours valorisent le couple composé de jumeaux identiques, ou monozygotes, et de sexe masculin. Egaux et inséparables, ces jumeaux éveillent une fascination, parfois amusée. Ils inspirent aussi un profond respect pour l'affection et la solidarité infaillible qu'on leur prête. Toutefois, leurs ressemblances ne sont pas toujours synonymes d'indifférenciation. En Grèce et à Rome, divers témoignages relèvent les traits qui subtilement distinguent les jumeaux (Véronique Dasen, Jumeaux, jumelles dans l'antiquité Grecque et Romaine, 2005 - books.google.fr).

 

Il y aussi Amphion et Zethos.

 

Dans sa dernière ode, sur le siège de la Rochelle par Richelieu et Louis XIII, Malherbe se place dans le rôle d'Amphion, conquérant et musicien, capable de construire une ville au son de sa lyre. Il arrive à exhorter le roi à une vengeance violente contre les Rochelais tout en évoquant son propre deuil. [...] La maîtrise de la forme de la dernière ode fait penser à Boileau, qui à propos du rôle de Malherbe comme le premier des classiques, décrit la juste cadence de ses vers (Gro Bjornerud Mo, Corps sanglants, souffrants et pétrifiés. une lecture de François de  Malherbe, Corps sanglants, souffrants et macabres: XVIe-XVIIe siècle, 2010 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Par rapport à l'année des 13 ans de Mahomet 584, on reporte la date de 1628 et on obtient -460.

 

C'est autour de ces années 460 qu'Hérodote voyage dans le monde connu.

 

La connaissance de l'Arabie est fondée sur la description des auteurs classiques (Essentiellement Hérodote, Histoires, III, 106-113) et sur la Géographie de Ptolémée, remontant au IIe siècle. L'ouverture des routes de commerce vers l'Inde va permettre d'améliorer la carte de la péninsule dont les ports sont des étapes sur la voie maritime reliant l'Inde à l'Europe par le cap de Bonne-Espérance. On cherche des renseignements sur les cartes et dans les récits des géographes et historiens arabes, tandis que l'humanisme de la Renaissance développe le goût des langues orientales. En 1538, l'arabisant français Guillaume Postel explique, dans l'introduction de sa grammaire arabe, la nécessité de créer des chaires d'enseignement de cette langue en raison de l'étendue des régions où elle est parlée. Cette attirance intellectuelle est alors souvent liée à un idéal missionnaire; on pense que l'étude de l'arabe peut élargir la connaissance des racines sémitiques et aider à élucider des passages obscurs de l'Ancien Testament. Pourtant, au début du XVIIe siècle, les érudits, et le premier d'entre eux le Français Joseph Justus Scaliger, professeur à Leyde, manifesteront un intérêt véritable envers la culture arabe, née au cœur de l'Arabie où l'on situait le royaume de la reine de Saba. Aux XVIe et XVIIe siècles, les grands voyages se multiplient et des informations sur la péninsule Arabique arrivent en Europe en abondance; elles sont rapportées par les navigateurs portugais, puis hollandais, anglais et et français, qui font escale dans ses ports, permettant ainsi aux géographes de préciser la carte de la région. La France participe tardivement à la reconnaissance des mers arabes et des territoires qu'elles bordent. Louis XIV crée la Compagnie des Indes orientales en 1664, bien après les compagnies anglaise (1600) et hollandaise (1602). La «Carte des trois Arabie», publiée en 1654 par le géographe français Nicolas Sanson, dans son Atlas, livre de nombreux toponymes locaux qui remplacent les noms hérités de l'Antiquité classique ; elle mentionne des étapes du pèlerinage vers Mecque, ainsi que des données sur les cours d'eau et la mer Rouge, nommée «mer de La Mecque». Les cartes vont devenir plus précises au fur et à mesure que des voyageurs puis des hommes animés de curiosité scientifique s'enfoncent dans les terres (Béatrice André-Salvini, Les Français et l'Arabie, Routes d'Arabie, 2010 - books.google.fr).

 

Nul peuple n'est plus religieux observateur des serments que les Arabes. Voici comment ils engagent mutuellement leur foi. Entre les deux contractants se place un médiateur; armé d'une pierre tranchante, il leur fait une incision dans la paume de la main tout près du pouce ; puis, avec un flocon de laine qu'il détache de leur manteau, il enduit de leur sang sept pierres placées au milieu d'eux; en même temps il invoque Bacchus et Uranie. Après cette cérémonie, celui qui a engagé sa foi recommande à ses amis l'étranger ou le concitoyen qui a reçu son serment; et ses amis de leur côté regardent comme un devoir de respecter la foi qu'il a jurée. Les Arabes ne reconnaissent d'autres divinités que Bacchus et Uranie. Ils se rasent la tête comme ils prétendent que Bacchus se la rasait, c'est-à-dire en rond et autour des tempes. Chez les Arabes Bacchus porte le nom d'Oratal et Uranie celui d'Alilat (Charles Lebaigue, Récits d'Hérodote, texte grec, suivis d'un appendice sur les mœurs, la religion, etc. des anciens peuples, Tome 1, 1865 - books.google.fr).

 

Jacobus Golius est né à Leyde en 1596. Mathématicien, il étudie aussi l'arabe à l'université de Leyde sous la direction de Thomas Erpenius (1584-1624). En 1622, Jacobus Golius effectue un premier voyage au Maroc comme drogman auprès de l'envoyé extraordinaire des États Généraux. Deux ans plus tard, il remplace Thomas Erpenius et occupe la chaire de professeur d'arabe à Leyde. L'université l'autorise cependant à se rendre au Levant en 1625. Pourvu du statut de drogman au service du gouvernement néerlandais, il choisit de s'installer à Alep où il occupe les fonctions de chancelier et d'interprète. Il y recueille des manuscrits aussi bien arabes que turcs et persans avant de continuer ses recherches à Constantinople en 1628. Il bénéficie là de l'hospitalité et de l'aide de l'ambassadeur néerlandais Cornelis Haga et sert occasionnellement de chancelier ou de traducteur jusqu'à son départ le 20 décembre 1628. Après son retour en Hollande en 1629, il enseigne l'arabe et les mathématiques à Leyde jusqu'à sa mort en 1667. Parmi ses œuvres, son Lexicon Arabico-Latinum publié en 1653 demeura une référence jusqu'au XIXe siècle (Olivier Salmon, Alep dans la littérature de voyage européenne pendant la période ottomane (1516-1918): Tome II,  - books.google.fr).

 

À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, les études arabes sont représentées en Italie (où Ferdinand de Médicis, cardinal et grand-duc de Toscane, instaure une imprimerie en caractères arabes en 1586), de même qu'en France, en Allemagne et dans les Pays-Bas. Les instruments de travail indispensables, grammaires, dictionnaires, éditions de textes, commencent à voir le jour. Le rôle des Pays-Bas, sanctuaire de la culture protestante, est alors prépondérant, avec des savants comme F. Ravlenghien (Raphelengus) (1539 - 1597) qui enseigne l'arabe à Leyde vers 1593 ; Thomas Van Erpe (Erpenius) (1584-1624) et l'élève de celui-ci, Jacob Golius (1596-1667). Au cours du XVIIe siècle, cette première Europe orientaliste s'élargit encore : en 1627, le pape Urbain VIII crée à Rome le Collège le Collège de la Propagande qui est un important centre d'études, en marge de l'activité missionnaire ; en 1638, Richard Pococke inaugure une chaire d'arabe Oxford. [...]

 

Une première traduction du Coran en langue européenne - en l'occurrence en italien - avait été imprimée à Venise en 1547. Elle avait été exécutée par Andrea Arrivabene d'après la traduction médiévale de Robert de Ketton, fortement abrégée et remaniée. Peu avant, dans les années 1530, une impression en arabe du Coran avait été exécutée dans la même ville, mais tous les exemplaires en avaient été brûlés sur ordre du pape Paul III (Henry Laurens, John Tolan, Gilles Veinstein, L'Europe et l’Islam: Quinze siècles d’histoire, 2009 - books.google.fr).

 

On trouve une Histoire générale de la religion des Turcs, avec la vie de leur prophète Mahomet et des quatre premiers califes; plus, le livre et la théologie de Mahomet, traduit de l'arabe ; Paris, 1626 et des Histoires des Sarrasins à Leyde en 1625 et à Londres en 1626 (Nouvelle biographie générale, Tome 2 : Baaden-Durlach - Charp, 1859 - books.google.fr, Biographisch woordenboek der Nederlanden, Tome 8, 1863 - books.google.fr).

 

Socinianisme

 

L’intérêt de Voltaire pour le socinianisme s’est manifesté pour la première fois dans les Lettres philosophiques. Dans la septième et dernière des Lettres consacrées aux confessions religieuses en Angleterre, il mentionne la «petite secte» des «sociniens, ou ariens, ou antitrinitaires» (titre de la Lettre). On sait que ces trois appellations sont loin de recouvrer la même chose ; Voltaire ne s’embarrasse pas de nuances et ne s’intéresse qu’au refus du dogme de la trinité tel qu’il fut formulé dans le Symbole de saint Athanase. [...]

 

Diffusée en Europe occidentale au cours du XVIIe siècle, la pensée des deux Sozzini reçut en 1628, aux Pays-Bas, le nom de socinianisme. Les sociniens se distinguaient non seulement par un profond désir de tolérance et de charité mais aussi par un rejet de toute la dogmatique catholique, ce qui inspira cette curieuse remarque à l’abbé Faydit, auteur de Remarques sur Virgile et sur Homère en 1705 :

 

Je ne suis pas prophète, mais je crois pouvoir prédire à coup sûr que la Hollande et l’Angleterre ne tarderont pas à devenir toutes mahométanes, et que les bourgmestres de l’une, et les milords de l’autre, changeront bientôt leurs toques et bonnets de velours en turbans. En effet, je ne vois pas qu’il y ait grande différence entre les mahométans et les sociniens (Gerhardt Stenger, Le socinianisme dans le Dictionnaire philosophique de Voltaire, Rousseau et les lumières, Mélanges à la mémoire de Raymond Rousseau, 2016 - halshs.archives-ouvertes.fr).

 

Au XVIe siècle, avec Lelio Sozzini (1525-1562) et surtout son neveu Fausto Socin (1539-1604), naît l'unitarisme. Ces deux membres de la famille Sozzini appartiennent à la première et à la seconde génération de réformateurs de la chrétienté institutionnalisée.

 

Jésus, né de Marie grâce à l'action du Saint-Esprit, n'aurait pas existé avant sa naissance. Il fut homme, entièrement décidé à faire la volonté divine. Dieu le récompensa à la Résurrection, lui accordant une nouvelle Vie éternelle dans son ciel avec le titre de Fils. C'est pourquoi les sociniens rendaient un culte à ce Fils de Dieu (fr.wikipedia.org - Socinianisme).

 

Le socinianisme et l'unitarisme récusèrent la Trinité comme l'arianisme. Deux très grands esprits, Newton et Darwin, récusaient aussi la Trinité, le premier étant adepte du socinianisme, l'autre de l'unitarisme (Hichem Djaït, La vie de Muhammad: Révélation et Prophétie, Tome 1, 2007 - books.google.fr).

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