Le Champ de Mars I, 43 1589 Auant qu'aduienne le changement d'Empire, Il aduiendra vn cas bien merueilleux, Le champ mué, le pillier de porphire, Mis, translaté sus le rocher noilleux. Porphyre Le plus noble des porphyres, chez les Anciens, étoit le porphyre à teinte de pourpre, ce qui le fit nommer porphyre, & lui mérita de donner son nom aux autres espèces, même à celles dont la couleur s'éloigne le plus de la pourpre. [...] Le nom de granit sert à spécifier tout porphyre à très petits grains réguliers, dont la couleur contraste avec le fond. Le nom de brèche s'applique aux porphyres qui, sur un fond uniforme, portent des taches assez petites, d'une couleur plus ou moins distincte, de configurations tronquées, bizarres & irrégulières, la plupart oblongues & qui coupent le fond, se présentant non à plat & de champ, mais de tranche. Les Anciens paroissent n'avoir connu que quatre sortes de porphyres : 1°, Le porphyre rouge, autrement dit porphyre pourpre, ou granit rouge : on le trouvoit en Arabie, en Egypte, en Numidie. On voit à Rome des monuments précieux de porphyre, qu'un laps de près de vingt siecles n'a nullement altérés ; 2°. Le porphyre brocatelle ; 3° Le porphyre verd avec des taches blanchâtres sur un fond verdatre, matiere rare & presque aussi estimée que la suivante ; 4° Le porphyre verd-antique (l'ophitès des Grecs le serpentino antico Orientale des Italiens modernes) (Gaius Plinius Secundus, Histoire Naturelle, traduit par Louis Poinsinet de Sivry, 1778 - www.google.fr/books/edition). "pillier" L'obélisque de la piazza del Popolo est l'un des premiers obélisques égyptiens transportés à Rome. Il est en granite rouge d'Assouan (Syène); il mesure 23,30 m et pèse 235 t. C'est l'un des deux obélisques provenant du temple de Rê à Héliopolis et transportés à Rome par Auguste. Celui-ci a été érigé autrefois dans le temple du soleil de l'antique cité égyptienne par Séthi Ier et Ramsès II, (-XIIIe siècle). Le second obélisque transporté d'Héliopolis par Auguste est l'actuel obélisque de la piazza di Montecitorio. Ces deux grands obélisques du Circus Maximus furent retrouvés brisés au cours de fouilles menées en 1587 par le pape Sixte V qui les fit transporter, ainsi que d'autres, pour orner les places de Rome. Cet obélisque a été réérigé par Domenico Fontana en face de l'église Santa Maria del Popolo en 1589 : il devint alors le monument central de la piazza del Popolo nouvellement aménagée autour de lui (fr.wikipedia.org - Obélisque de la piazza de Popolo). Les trois belles Eglises de la place del Popolo, toutes trois dédiées à la Vierge, une sous le nom de Santa Maria du Popolo, & les deux autres sous ceux della Madona delli Miracoli ["merveilleux"], & Madonna di Monte Santo, meritent l'attention particuliere des voyageurs (Voyages du sr. A. de La Motraye, en Europe, Asie & Afrique Où l'on trouve une grande varieté de recherches geographiques, historiques & politiques, Tome 1, 1727 - www.google.fr/books/edition). L’ingéniosité de Fontana mérite deux quatrains : cf. quatrain I, 45. "rocher
noilleux"ou "pillier… noilleux" ? "noilleux" : noueux (A. J. Denormandie, Examen comparatif et raisonné de diverses prédictions, concernant la France, et Paris, en particulier, 1848 - books.google.fr). Le rocher peut désigner l'obélisque par métonymie. Après avoir vu les ruines de l'ancienne Syène, je me rendis aux carrières de granit, qui sont environ un mille au sud-est. Tout le pays qui est à l'orient, les îles et le lit du Nil, sont de granit rouge, appelé par Hérodote, pierre thibaique. Ces carrières ne sont pas profondes, et l'on tire la pierre des flancs des montagnes. Je trouvai dedans quelques colonnes ébauchées, entre autres une carrée, qui étoit vraisemblablement destinée pour un obélisque... On suit ces carrières le long du chemin d'Assouan (Syène). Phile... L'ile d'Éléphantine n'est aussi qu'un rocher de granit rouge... et ce sont des rochers de ce même granit que le Nil a rompus, et entre lesquels il passe dans ses fameuses cataractes (Voyage de Pococke. Paris, 1772, tom. I, pag. 547, 348, 354 et 360) (Georges Louis Leclerc de Buffon, Œuvres complètes, Tome 5, 1819 - books.google.fr). Zemmour relate donc que Yunus fit abattre 7770 opposants, en un lieu dit Tamellukaf (Tamellugaf) du nom du rocher ou obélisque (en arabe hagar) se dressant au milieu de la place du marché local (Folia orientalia, Volumes 6 à 8, 1965 - books.google.fr, Al Bakri, Description de l'Afrique Septentrionale, traduit par Mac Guckin de Slane (Extrait du Journal Asiatique), 1859 - www.google.fr/books/edition, Juan Vernet Ginés, Historia de Marruecos, la islamizacion (681-1069), 1957 - www.google.fr/books/edition). Cette pratique de restauration des obélisques va se poursuivre aux XVIIe et XVIIIe siècles de par la volonté d'Innocent X qui dresse un obélisque piazza Navone, en 1666, ou d'Alexandre VII qui, en 1787, en dresse un autre en face du Quirinal. Le fait n'est pas purement anecdotique. Ces monuments évidemment spectaculaires ne laissent pas d'exciter particulièrement l'intérêt des érudits. Ils ressentent comme un défi l'interprétation des inscriptions qui les couvrent, aiguillonnés par l'indication de Pline l'Ancien : «Les sculptures et les images que nous voyons [sur les obélisques] sont des lettres égyptiennes.» De là va naître un débat nourri sur les hiéroglyphes, que viendra clore le déchiffrement de J.F. Champollion (Pascal Vernus, Dictionnaire amoureux de l'Egypte pharaonique, 2010 - www.google.fr/books/edition). Dressant la liste des obélisques romains, il décrit en ces termes celui de la place Navone : cet obélisque est placé sur un rocher percé par le Bernin, et garni de mauvaises statues colossales représentant des fleuves : cette fontaine a semblé fort belle pendant deux siècles, et l'est encore aux yeux du peuple des connaisseurs (Stendhal, Promenades dans Rome, 1858 - www.google.fr/books/edition). La mise en espace de la Fontaine des Quatre Fleuves [Danube, Gange, Nil et Rio de la Plata] sur la place Navone est, à proprement parler, cruciale. La place Navone, haut lieu de Rome, est intégrée dans un système dynamique de références spatio-temporelles qui tient à la fois de la géographie, de l'histoire et du symbolique. En voici une interprétation : la place Navone est une haute place de Rome ; au centre de celle-ci est érigée une fontaine qui symbolise les quatre parties du monde ; au cœur de cette fontaine se dresse un obélisque, hérité de l'Antiquité, qui symbolise la puissance de Rome et montre le chemin vers le ciel. Cet emboîtement est encore plus complexe si on ajoute que Rome est elle-même considérée, pour des raisons historiques, civilisationnelles et religieuses, comme un lieu vers lequel convergent tous les chemins, c'est-à -dire le carrefour du monde dans les mentalités collectives de la Contre-Réforme : «Tous les chemins mènent à Rome»... puis au ciel, pourrait-on ajouter (Michel Viegnes, Imaginaires des points cardinaux, 2005 - www.google.fr/books/edition, Nouveau guide du voyageur en Italie, 1845 - books.google.fr). Contrairement à d'autres obélisques, il n'entra pas dans le grand plan d'urbanisme du pape Sixte Quint. Il dut attendre jusqu'en 1651, sous le pontificat d'Innocent X, pour être enfin restauré et placé par Le Bernin sur sa fontaine des Quatre-Fleuves, au centre de la piazza Navona, ancien stade de Domitien. Il est surmonté d'une colombe, emblème des Pamphili, famille romaine dont le palais se situe sur la place et qui donna plusieurs papes, dont Innocent X, commanditaire de la fontaine. L'origine égyptienne de cet obélisque de taille moyenne (16,5 mètres) ne fait aucun doute, puisqu'il est fait de granite rouge de Syène. Mais les inscriptions hiéroglyphiques qu'il porte sur chacune de ses faces sont au nom de Domitien (81-96). Il s'agit donc d'une commande de cet empereur, peut-être à l'occasion de son accession au pouvoir (fr.wikipedia.org - Obélisque de la piazza Navona). Les cordes et les nœuds étaient employés pour le levage des éléments de construction (Frédéric Épaud, De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie, évolution des techniques et des structures de charpenterie du XIIe au XIIIe siècles, 2007 - www.google.fr/books/edition). Ils devaient l'être encore employés dans la machine de levage que Fontana inventa pour l'installation de l'obélisque du Vatican : cf. quatrain I, 45. L'usage des cordelettes [nouées] a été connu aussi des Egyptiens. On le voit par les Obélisques & par la description qu’Apulée fait des lettres du Rituel Egyptien. Les Peruviens avoient une écriture semblable, lorsque les Espagnols firent la conquête du Pérou (William Warburton, Essai sur les Hieroglyphes des Egyptiens, où l'on voit l'origine & le progrès du Langage & de l'Ecriture, l'Antiquité des Sciences en Egypte, & l'origine du culte des animaux, 1744 - books.google.fr). "mué"/muet Le verbe "muer" vient du latin "muto" qui originellement veut dire "déplacer" (Gaffiot). Ce qui est le cas des obélisques romains. Le jour où Domenico Fontana devait poser le bloc sur son piédestal, un édit du saint-père annonçait que quiconque ferait entendre le moindre bruit pendant l'érection de l'obélisque serait puni de mort; car on aurait craint que le murmure de la foule ne troue blåt les travailleurs et ne les empêchât de suivre attentivement les instructions de l'architecle. Ainsi l'æuvre gigantesque fut accomplie devant un peuple muet de statues ou de fantômes, que dominait la tête dure et pensive de l’Agamemnon apostolique, assis sur un grand siége de pourpre. Mais, tandis qne le monolithe se dressait enfin et que le sifflement des câbles et des poulies troublait seul l'effroyable silence, tout à coup on entend un craquement sinistre; l'obélisque reste immobile, puis baisse de quelques pouces; les cordages, détendus par la traction, n'avaient plus de prise sur la masse énorme. Mouillez les cordes ! s'écria alors une voix audacieuse dont le relentissement fit monter le sang au visage du pontise. Cependant le conseil avait été immédiatement suivi; la formidable colonne était debout, devant un peuple frémissant d'admiration; mais déjà les gardes suisses, fidèles à leur consigne, amenaient aux pieds de Siste-Quint le coupable, un pauvre capitaine de commerce, natif de San-Remo. Pour celle fois seulement, le redoutable apôtre ne recula pas devant une faute politique. En dépit de l'édit sanglant, le marin Bresca ne fut pas mis à mort, et reçut le litre de capitaine de l'armée pontificale, avec le droit d'arborer le pavillon papal sur son pavire. Puis, ce qui valait mieux encore, Sixte-Quint lui accorda, pour lui et pour ses descendants, le privilége exclusif de fournir les palmes employées à Rome pendant la semaine sainte (Musée des familles, lectures du soir, Volume 27, 1860 - books.google.fr). N'en déplaise aux amateurs du merveilleux, cet habile architecte n'a point eu besoin pour réussir, et réussir complétement, du secours fabuleux de quelques gouttes d'eau (Jean Baptiste Apollinaire Lebas, L'Obélisque de Luxor: histoire de sa translation a Paris, 1839 - books.google.fr). "Champ
mué" : Champ de Mars Le récit livien donne alors à voir la progressive constitution, au sein de l’espace urbain romain, d’un domaine public. Après l’expulsion des rois, le domaine des Tarquins situé entre la ville et le Tibre, consacré à Mars, devient le Campus Martius ou Champ de Mars (Liv. 2.5.2 : Ager Tarquiniorum qui inter urbem ac Tiberim fuit, consecratus Marti, Martius deinde campus fuit. “Le domaine des Tarquins, situé entre la ville et le Tibre, fut consacré à Mars et devint dès lors le Champ de Mars.”, trad. G. Baillet, CUF). L’expression a plusieurs acceptions, elle doit s’entendre ici dans son sens le plus large, incluant le secteur du Circus Flaminius. À l’époque impériale, le Champ de Mars est, pour reprendre une expression d’Yan Thomas, “l’exemple scolaire” d’un espace susceptible d’être qualifié de public parce qu’il se trouve extra commercium, donc indisponible à toute appropriation ou aliénation, de façon à rester in usu publico (d’usage public), c’est-à -dire disponible à l’usage de tous (Catherine Saliou, Entre le droit, l’histoire et la mémoire : le statut du sol de Rome dans l’Histoire Romaine de Tite-Live, Les confiscations, le pouvoir et Rome, de la fin de la République à la mort de Néron, 2016 - www.academia.edu). La construction du Cirque Flaminius a certainement été déterminante pour l’orientation de la partie méridionale du Champ de Mars. Ce cirque a été construit par le censeur C. Flaminius Nepos (vaincu par Hannibal à Trasimène) en 221 av. J.-C. On lui doit également la réalisation de la via Flaminia qui mène encore de Rome à la mer Adriatique. (rome.unicaen.fr). L'obélisque de la piazza del Popolo est aussi appelé obelisco Flaminio car il marque le début de la Via Flaminia) (fr.wikipedia.org - Obélisque de la piazza de Popolo). Essayons de cerner ce que peut être une telle transition entre espaces, en retournant encore une fois à Rome, cette fois-ci sur la piazza del Populo. Au centre d'un quartier bordé d'un côté par le Tibre, de l'autre par la colline du Pincio et ses jardins, elle est le point d'aboutissement des trois grandes rues qui forment le «trident» du quartier du Champ de Mars : via del Babuino, via del Corso, via di Ripetta, conduisant respectivement vers le Quirinal, le Capitole, la place Navone. Vers le nord, la place se prolonge au-delà de la porta del Populo par la via Flaminia, tracée en ligne droite par le consul Flaminius il y a plus de deux mille ans. L'aménagement de la place a commencé à partir du XVIe siècle, pour transformer le simple carrefour qu'elle était à l'origine en une porte d'entrée monumentale de Rome par le nord. Un obélisque ramené d'Égypte par l'empereur Auguste et redécouvert à la Renaissance est alors érigé en son centre, et deux églises construites sur le côté sud, à la base du «trident» (Ricardo Bofill, Nicolas Véron, L'architecture des villes, 1995 - books.google.fr). Rome connaît un régime mixte : deux consuls, civil et militaire, un Sénat, oligarchie aristocratique, et des comices centuriates rassemblant annuellement les citoyens au champ de Mars pour élire et décider. Plus tard, on verra des régimes mixtes dans le Saint Empire, avec l’Empereur élu et le collège électoral aristocratique, et dans la monarchie française avec le roi, initialement élu par l’assemblée de la noblesse et des évêques (d’où la réplique qu’aurait faite Adalbert de Périgord à Hugues Capet : «Qui t’a fait roi ?»), l’aristocratie au sein du Conseil royal et la démocratie dans les États généraux. Ces thèses, vivement contestées par les légistes royaux, ressurgissent lors des grandes crises politiques (guerres de religion, Fronde, Révolution) (Droit constitutionnel, 2019 - excerpts.numilog.com). Sous la premiere Race de nos Rois, les Assemblées se tenoient au mois de Mars & sous la seconde, elles se tenoient au mois de Mai : c'est de-là qu'elles furent appellées, dans ces premiers temps, Champs de Mars & Champs de Mai. On leur donna encore les noms de Colloquium, Concilium, Judicium Francorum ; &c. ce n'est que sous le Régne de Pepin qu'elles furent nommées Parlemens, nom qui signifie l'objet qu'elles se proposoient, de parler & de traiter des affaires importantes qui y étoient agitées (Jean Baptiste Denisart, Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence actuelle, Tome 3, 1766 - books.google.fr). Martius campus mutatus à Pippino Rege (Pierre de Marca, Marca Hispanica, 1688 - books.google.fr). Adeo PIPINVM vere Anno 752. hoc primorum regum Francorum
est, tertio anno ante, quam in Madium Martius fuit Campus mutatus, Francorum in regem vnctum. Vid. & Vagedes Dissert. de Deposit.
Childeric c. II & III (Jo.
M. Florin, Opuscula varia, 1735 - books.google.fr). Cette incursion dans le règne franc et son organisation fait la soudure avec ce qui suit. Bodin et le champ
de Mars Jean Bodin parle du champ de Mars en liaison avec l'institution des censeurs romains (Jean Bodin, De Republica libri sex, 1601 - www.google.fr/books/edition). Nous trouvons donc chez Bodin le premier appel structuré et argumenté à un retour à l’institution des censeurs. Les caractéristiques extrêmement nuancées et singulières de cette institution étaient connues à son époque, mais ce qui importe est le fait qu’elles furent réinvesties d’exigences nouvelles à la fin de la Renaissance, de manière à dessiner le socle sur lequel se construira l’idée moderne du dénombrement et, plus globalement, le projet statistique. Ce réinvestissement nous situe bien au-delà des remarques habituelles sur la capacité de l’institution antique des censeurs à limiter, au même titre que les lois somptuaires, le luxe et plus précisément les excès de la noblesse, comme on le lit par exemple au chapitre VI de l'Éducation du prince chrétien d’Érasme, et des tout aussi fréquentes mentions rappelant de façon trop générale le fait que les Anciens disposaient avec la censure d’une institution spécifiquement chargée de freiner la corruption : Machiavel, pour lequel la question de la corruption est centrale, le constate : [Les censeurs]
furent une de ces dispositions qui permirent de maintenir la libertĂ© Ă Rome [...]. Car, devenus les arbitres des mĹ“urs Ă
Rome, ils furent le moyen le plus puissant de repousser la corruption des
romains. Pour générales que soient ces remarques, elles définissent le champ où prend place le projet statistique dessiné, à l’aide de la figure du censeur, par Bodin : les mœurs, la richesse, la corruption (Thomas Berns, Recenser : le censeur chez Bodin,Gouverner sans gouverner, 2009 - www.cairn.info). Certains ont crû que tant le cens que le lustre se faisoient dans le Champ de Mars. M. de Valois se contente de rapporter ce que dit là -dessus Tite-Live : sçavoir, que l'an 319. de Rome, les Censeurs C. Furius Pacilus & M. Géganius Macérinus firent pour la première fois le dénombrement des citoyens dans un grand hostel qu'ils avoient fait bastir exprès pour cela dans le Champ de Mars, & qu'ils nommèrent Villa publica (Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres avec les Mémoires de littérature tirez des registres de cette Académie, Tome 1, 1736 - books.google.fr). Le cens aurauit été introduit à Rome par le roi Servius Tullius (fr.wikipedia.org - Censeur (Rome antique)). Cf. quatrains I, 33 ; V,66 ; et IX, 9 pour Servius Tullius. "Empire" Le Roy est Empereur en France, comme dit Bodin, puisqu'il n'y reçoit aucune Loy que les propres Ordonnances. Le Droict Romain n'y est enseigné dans les Uniuersitez que par vne speciale permission du Roy : c'est pourquoy il n'y a aucune force de loy, si ce n'est aux Prouinces où les peuples l'ont pris pour Coustume sous la permission des Roys, mais seulement de raison. Il n'est admis par les juges, que lors qu'il est conforme aux Ediets, Ordonnances, & Declarations du Roy, qui sont les seules Loix, suiuant lesquelles on rend iustice par tout le Royaume. Le titre de Roy de France est si releué par dessus les autres, que Suidas ancien Autheur Grec, a écrit, que parmy le monde quand on parle simplement du Roy sans dire lequel, c'est à dire le Roy de France. Balde dit que les Roys de France ont pareille splendeur entre les autres Roys, que l'estoille du iour au milieu d'vne nuée venant du midy, & qu'ils portent la Couronne de liberté & de gloire par dessus les autres Roys (Pierre d'Avity, Nouveau théâtre du monde, 1661 - books.google.fr). Sur le plan théorique, la monarchie française était considérée depuis le Moyen Age comme une monarchie «sans liens». «Le roi est empereur en son royaume», énonçaient les juristes du XIIIe siècle. Il ne devait allégeance à aucune puissance, aucun souverain temporel, pape ou empereur. Il exerçait un pouvoir absolu (potestas absoluta), terme emprunté au juriste romain Ulpien (IIIe siècle), qui se retrouvait dans les écrits de Hostensis (XIIIe siècle), de Baldus de Ubaldis (XIVe siècle) et surtout de Jehan Bodin (Les Six Livres de la République, 1576). Cette pleine souveraineté législative procédait directement de Dieu. C'est ainsi qu'était née la doctrine du droit divin, prenant forme à partir du XIIIe siècle et exaltée au début du XVIIe par Claude d'Albon, Pierre de Belloy, le cardinal de Bérulle, avant de l'être sous le régne de Louis XIV par Bossuet. L'onction de Reims que le monarque recevait lors de son sacre faisait de lui l'Oint du Seigneur, son «lieutenant» ou «vicaire» sur la terre (Jean-Christian Petitfils, Les Rois de France : Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, 2014 - www.google.fr/books/edition). Dès 1576, Jean Bodin, prolongeant et systématisant les thèses monarchistes de Jean de Terrevermeille et de Claude de Seyssel, avait proposé, dans les Six Livres de la République, une analyse de la Souveraineté que l'on considère généralement comme la première théorisation de ce concept. Bientôt suivies par les thèses de Charles Loyseau, de Cardin Le Bret et de Richelieu, les idées de Bodin, alliées à la doctrine gallicane du droit divin, devaient servir de substrat à une doctrine de l'absolutisme élaborée, au milieu de ses variantes, comme l'une des gloires de la raison (Simone Goyard-Fabre, John Locke et la raison raisonnable, 1986 - www.google.fr/books/edition). Goyard-Fabre trouve qu'il est anachronique de parler de Bodin comme d'un absolutiste car l'expression appartient à l'époque baroque. L'absolutisme, selon Goyard-Fabre, implique l'individualisme et le contractualisme, et elle ne décèle ni l'un ni l'autre chez Bodin. Mais à ce niveau, la discussion pourrait devenir une discussion sur la signification de l'absolutisme plutôt qu'une discussion sur les pouvoirs du souverain bodinien. Il faut distinguer deux sens à l'expression absolutisme ; soit un pouvoir discrétionnaire absolu, soit un refus absolu de la résistance légitime des sujets. Dans l'absolutisme discrétionnaire le prince n'est tenu par aucun ordre moral. En effet il a le pouvoir discrétionnaire absolu de gouverner selon son gré. Il se démarque de l'absolutisme de fait pour lequel le prince a le pouvoir absolu de gouverner sans qu'aucune résistance légitime ne soit autorisée. Il est donc possible d'être prince absolu de fait sans détenir de pouvoir. [...] Cette deuxième version de l'absolutisme est opposée soit au constitutionnalisme, soit au droit naturel. [...] Bodin, est-il absolutiste de fait ? Est-il constitutionnaliste ? Est-ce que le droit naturel, selon Bodin, rend légitime la résistance ? [...] A notre avis, Bodin n'est pas absolutiste : Il limite substantiellement le pouvoir discrétionnaire du souverain et accorde aux sujets un droit limité à la résistance (Mogens Chrom Jacobsen, Jean Bodin et le dilemme de la philosophie politique moderne, 2000 - www.google.fr/books/edition). Il apparaît que Bodin, en conceptualisant la souveraineté comme il le fait, s'efforce de concentrer toute la majestas romaine dans le seul imperium, tandis que, au contraire, on observe dans les textes monarchomaques huguenots une égale revendication de l'héritage romain qui place l'auctoritas au premier plan. […] La théorie de la souveraineté monarchomaque, contrairement à ce qu'on peut observer chez Bodin, confère au roi une tâche exécutive subordonnée, et repose sur une différenciation entre exécutif et législatif, entre la fonction du monarque et la puissance législative des états, ou tout au moins demande que ces derniers puissent matériellement consentir aux décisions royales (Isabelle Bouvignies, Bodin et les monarchomaques, Et de sa bouche sortait un glaive, les monarchomaques au XVIe siecle : actes de la Journée d'étude tenue à Tours en mai 2003, 2006 - www.google.fr/books/edition). Cf. quatrain III, 93. "changement
d'empire" Il 25 marzo 1589 fu innalzato l'obelisco di piazza del Popolo ed il 29 dello stesso mese vi fu collocata sopra la croce (Cesare D'Onofrio, Via del Corso: una strada lunga 2000 anni, 1999 - books.google.fr). 1er août 1589 est la date de l'assassinat de Henri III, de la fin de la dynastie des Valois et Valois-Angoulême, et du commencement de celle des Bourbon. Il n'y a pas de changement d'empereur du Saint Empire vers cette date, ni dans l'empire ottoman. On peut avoir de ce terme d'"empire" une vue plus conceptuelle ou métaphorique. Rodolphe II est un prince de la maison de Habsbourg né le 18 juillet 1552 à Vienne et mort le 20 janvier 1612 à Prague. Il est empereur des Romains et roi de Bohême de 1576 à sa mort, et règne également en dehors de l'Empire sur le royaume de Hongrie et le royaume de Croatie (fr.wikipedia.org - Rodolphe II (empereur du Saint-Empire)). Mourad III (né le 4 juillet 1546 près de Manisa – 16 janvier 1595) fut le 12e sultan de l'Empire ottoman. Il régna de 1574 jusqu'à sa mort (fr.wikipedia.org - Mourad III). Au parlement de Châlons, l'avocat du roi, Hugues de Lestre, a le mérite de ne pas détourner son regard du spectacle des misères de la France. Il réfute en deux harangues les prédictions pessimistes d'un ligueur qui voyait non seulement dans les nombres et dans les astres, mais encore dans les épreuves d'alors, l'arrêt de mort de la monarchie française. C'étaient là de beaux sujets. Mais entre les arguments qu'on pouvait tirer des forces des partis, du sentiment qui les animait, de l'œuvre qu'ils avaient accomplie et les arguties d'école inlassablement ressassées depuis Cicéron jusqu'à saint Augustin et Boèce en passant par Plutarque et Sénèque, l'avocat du roi H. de Lestre n'hésite pas : il tourne délibérément le dos à la réalité, à la vie, et s'en va puiser à pleines mains dans le De Constantia de Juste Lipse. Ou bien encore il développe longuement et dans le jargon approprié des considérations sur les nombres et sur les astres. Il discute les propriétés du nombre 63 et de ses deux multiples 9 et 7. Il élucide la question de savoir si Henri III était ou non le 63. roi de France, et avoue bonnement qu'il a passé plusieurs journées à relever ce qui est advenu au septième roi, empereur ou consul de chaque pays, "et de 7 en 7 jusqu'au 63" (Mémoires de la Ligue, V, p. 30 : cet intelligent labeur ne resta pas sans récompense. "Ce docte discours fut ouy d'une grande allegresse et applaudissement de toute la compagnie qui estait la prescrite et la cour loue grandement l'avocat general de S. M. pour sa piété envers sa patrie - Peleus, Histoire de Henri le Grand, III, 289). Sur ce sujet, même ai étrangement conçu, un orateur vraiment doué aurait encore pu se donner carrière, mais il y a ici un si effroyable amas de détails oiseux, de citations et de souvenirs de l'antiquité, un mauvais goût si absurde, que ces discours arrivent à être hors de toute réalité, de toute vraisemblance. La première harangue date du 12 novembre 1591, la seconde, du lundi de In Quasimodo 1592. Elles figurent dans les Mémoires de la Ligue (t. V, p 2 et 122),, sous une forme d'ailleurs très incorrecte. Elles ont été publiées à part sous ce titre De l'Estre perpetuel de l'empire françois par l'éternité de cet estat par M Hugues de L'Estre, Paris, 1595, 8. Ceci doit être une réimpression, car Lescale signale l'apparition de ces remontrances le jeudi 12 de novembre 1592. Voir dans la Berne de Champagne (juil.- déc. 1882. p 337-351 le Parlement de Châlons-sur-Marne, par Ed. de Barthélemy. Le ligueur pessimiste doit être Jean Bodin (Lettre de M. Bodin au président Brisson, Paris, Chaudière, 1590. 19 p., datée de Laon 1er janv 1590). Ce seraient plus particuliérement les affirmations de la p. 8 et de la p. 17 que réfuterait H. de Lestre. Tous les fléaux qui sévissent dans l'éloquence du siècle se rencontrent chez De Lestre. Il pratique avec zèle les lieus communs il ne prononce pas le mot agenouiller sans décrire les différentes façons usitées en tous les temps de témoigner avec son corps sa soumission et son respect. Il a l'horreur du mot propre, ou point qu'il est difficile parfois de savoir si ce "grand Hermes... nostre Jupiter sauveur", si "Lyaeus et Liber Parens" désignent le roi de France ou le Christ [cf. Henry/INRI de l'Introduction de ce site] p. 6, 122. Enfin il fait un usage indiscret des images à la mode. On trouve cher lui la pierre d'iris qui conserve les rayons du soleil, le scorpion qui se tue de sa propre piqûre, l'eau Ophiusa qui fait voir partout des serpents, et les poissons, non dédaignés de Lipse et de Du Vair, qui vivent dans la mer sans en prendre la salure, et les arbres que la violence du vent oblige à s'enraciner plus avant, et le lion malade qui se guérit en dinant d'un singe, et la cigale familière qui vint une fois de plus remplacer une corde brisée sur la lyre du municien (René Radouant, Guillaume du Vair, De l'éloquence française, 1970 - www.google.fr/books/edition). Acrostiche : AILM,
lettre oghamique ? Nous connaissons l’écriture ogamique d’abord par des traités techniques composés au moyen âge, mais dont les manuscrits ne sont pas antérieurs au XIVe siècle. L’alphabet ogamique est encore reproduit par Pol Ruillis en 1726. Le nom de l’ogam a été rattaché à celui d’un personnage nommé Ogme ou Ogma, et des modernes ont cru pouvoir identifier ce personnage à l’Hercule gaulois qui, suivant Lucien, portait le nom d’Ogmios. Dans la tradition irlandaise, Ogme appartenait aux Tuatha Dé Danann, dont il était l’un des-champions («homme très savant en langage et en poésie, Ogma inventa l’Ogam» (Auraicept na n-éces)). L’ogam a été utilisé surtout pour l’épigraphie et c’est ainsi qu’il nous est surtout connu. On possède environ 360 inscriptions ogamiques, presque uniquement sur pierre, quelques-unes seulement sur métal (Macalister, p. 39). Elles sont réparties surtout entre l’Irlande et le Pays de Galles ; les deux tiers proviennent des comtés de Kerry et de Cork ; une trentaine environ du Sud du Pays de Galles ; quelques-unes isolément du Nord de l'Irlande, du Sud de l’Angleterre, de l'île de Man et de certaines parties de l’Écosse du Nord-Est. Toutes sont irlandaises de langue, sauf certaines trouvées en Ecosse et qui passent pour être dans la langue des Pictes (Joseph Vendryes, L’écriture ogamique et ses origines. In: Etudes Celtiques, vol. 4, fascicule 1, 1941 - www.persee.fr). Elm appears as ailm, the first letter in the
Gaelic alphabet, and is associated in Celtic lore with the dead and burial
grounds. The
Scottish place-name leamhain (Leven) probably means 'place of the elms' (A
Handbook of Scotland's Trees, The Essential Guide for Enthusiasts, Gardeners
and Woodland Lovers to Species, Cultivation, Habits, Uses & Lore, 2011 -
www.google.fr/books/edition). Sixte Quint meurt en 1590. Plusieurs auteurs ont affirmé que Sixte-Quint était mort empoisonné par les «Espagnols.» Cette fable ne mérite guère d'être réfutée, ou plutôt elle est réfutée par les dépêches de l'ambassadeur de Venise et les lettres de Sangaletto dont j'ai donné des extraits. S'il y avait eu le moindre soupçon, le moindre bruit de ce genre, ni l'un ni l'autre ne l'aurait passé sous silence. C'est évidemment l'une des nombreuses inventions de Gregorio Leti, publiées soixante-dix-neuf ans après la mort du pape. Certes, Olivarès et Sessa ont contribué à abréger la vie du pontife, mais non avec du poison. Dans un Avis de Rome, 29 août 1590 (Bibl. Vatic. Ms. 1050), on lit : «La maladie était tellement impétueuse et Sa Sainteté si tiède au sujet du salut de Son âme, qu'Elle n'a pu finir Sa confession... Son corps a été ouvert et trouvé en parfait état (nettissimo), d'où on conclut que Sa maladie a été causée par l'usage exagéré de vins purs et jeunes.» L'auteur de cette notice, comme tous les nouvellistes, n'est pas des amis de Sixte-Quint, et, en effet, les hommes de son métier n'avaient pas à s'en louer. Il considère le décès comme un acte de la miséricorde divine, et, contrairement à la vérité, il représente le pape comme tiède en matière de religion et adonné à la boisson. Si le bruit d'une inort violente avait alors couru dans Rome, il se serait fait une fête de le relater (Joseph Alexander von Huebner, Sixte-Quint, Tome 2, 1870 - books.google.fr). Rappelons que, dans la partie introductive de son épître, Nostradamus nous avait parlé de 1585 comme étant une année importante sans autres précisions. Peut-être voulait-il mettre en valeur la désignation de Sixte Quint, comme le pape marquant la moitié de la prophétie de Saint-Malachie (Chaulveron, Nostradamus et la fin des temps: Deuxième version augmentée, 2020 - books.google.fr). Une autre fois, Nostradamus ayant aperçu an jeune cordelier, nommé Félix Peretti, il le salua en mettant un genou en terre; ceux qui accompagnaient le moine, surpris de cette déférence, en demandèrent la raison. «Parce que, leur répondit l'astrologue, je dois me soumettre et ployer le genou devant Sa Sainteté.» Les autres cordeliers haussèrent les épaules et traitèrent le prophète de fou, de visionnaire. L'avenir, heureusement, rendit justice à Nostradamus; car ce cordelier devint pape en 1585, sous le nom de Sixte-Quint ! Ce qui rend la prophétie vraiment extraordinaire, c'est qu'en 1555, la venue de ce prélat, était annoncée dans les deux premiers vers du vingt-huitième quatrain de la troisième Centurie. De terre foible et
pauure parentelle Par bout et paix
paruieudra à l'Empire. On sait que Sixte-Quint naquit, dans un très-pauvre village de la Marche d'Ancône, de parens pea fortunés; et qu'il fut porcher avant d'entrer dans les ordres, avant de porter le titre de cardinal de Montalte, et de s'asseoir sur le trône de saint Pierre (Eugene Bareste, Nostradamus, 1840 - books.google.fr). Pour ce site, les deux vers concerneraient Marie Leczinska, reine de France : on aura pu confondre. C'est Bareste qui donne l'anecdote précédente (Louis Schlosser, La vie de Nostradamus, 1985 - books.google.fr). Ailm,
the elm tree, (Ulmus minor), is the 16th ogham, the first character of the
fourth rubric, whose strokes are drawn right across the stem. Ailm is the third
kiln or shrub tree, being most usually the so-called 'Cornish elm' (Ulmus
minor, var. stricta), which grows in Cornwall, Devon and south-western Ireland (Nigel
Pennick, The Secret Lore of Runes and Other Ancient Alphabets, 1991 -
www.google.fr/books/edition). Probably
the only surviving ogam stone from Co. Cavan, this specimen was apparently
removed the short distance from an ecclesiastical site at Rantavan to the
graveyard in Mullagh and thence indoors to the new visitor centre across the
road. The inscription reads OSBBAR. While
ogam stones are exceedingly rare in Co. Cavan, it is reasonable to suggest that
this one is at the northern limit of a group of ogam-inscribed pillars
concentrated in the Blackwater Valley (roughly between Kells and Navan), a
corridor to the north-west from the Boyne - Tara area. There is a
promontory fort on the north shore of nearby Mullagh Lough, guarding the narrow
corridor of shoreline between the lake and Mullagh Hill. This pass is called
the 'Gates of Mullagh' and is one of the few access points to the Blackwater
Valley from the north-west. Another such pass on the east side of Screebog Hill
is also defended by a promontory-litre enclosure. Picturesquely situated on a
slight rise overlooking the north-east shore of the lake, and hard by the
Protestant church, are medieval church remains associated with St Kilian, who
was born in nearby Mullagh in AD 640. Travelling with eleven companions to the
Continent around AD 686, he established a successful monastery at WĂĽrzburg,
earning for himself the title `Apostle of Franconia. He was martyred, along
with two companions, Colman and Totman, in AD 689 and his tomb is still
venerated in WĂĽrzburg (Andy
O`Halpin, Conor Newman, Ireland : an Oxford archaeological guide to sites from
earliest times to AD 1600, 2006 - www.google.fr/books/edition). L'Espagne comptait sur la révolte de l'Irlande pendant l'opération de l'Invincible Armada. Des navires espagnols ont fait naufrage près des côtes irlandaise (cf. Spanishpoint). Philippe II subordonnait la religion à sa politique, et, de son côté, le pape mettait l'autorité du chef de l'Église bien au-dessus de celle des rois. Nous ignorons si le fils de Charles-Quint s'humilia devant les conseils impérieux et la menace de damnation du souverain pontife; s'il le fit, son repentir fut impuissant à rendre le Dieu des armées favorable à sa cause. En effet, l'invincible Armada, composée d'environ cent quarante navires, dont plusieurs de première force, portant un corps de débarquement considérable, à peine sortie des ports de l'Espagne et de Portugal, fut assaillie par de violentes tempêtes, qui la dispersèrent dans toutes les directions avant qu'elle eût pu gagner les côtes d'Angleterre. Après beaucoup d'efforts pour la réunir, elle reprit la mer le 20 août 1588, et fit voile vers le canal qui sépare l'Écosse de l'Irlande. Là , elle se trouva de nouveau exposée à une bourrasque furieuse, qui poussa un certain nombre de bâtiments à la côte, endommagea les autres, et les força de regagner, avec beaucoup de difficultés, les ports espagnols. Telle fut la fin de ce grand armement, dont l'anéantissement porta le plus rude coup à la puissance de Philippe II. Cet événement fut à la marine espagnole ce que la victoire de Rocroy, environ un demi-siècle plus tard, fut à son armée de terre. La dispersion de ce formidable armement excita en Angleterre et dans les Pays-Bas rassurés une explosion d'enthousiasme, qui se traduisit par des prières et actions de grâces, et par des réjouissances de toute espèce (Antoine Jules Dumesnil, Histoire de Sixte-Quint, sa vie et son pontificat, 1869 - books.google.fr). Des rescapés ont été recueillis par des Irlandais comme les O'Rourkes dont le château de Parkes's Castle (Kilmore, Leitrim) fut détruit par représailles des Anglais (Andy O`Halpin, Conor Newman, Ireland : an Oxford archaeological guide to sites from earliest times to AD 1600, 2006 - www.google.fr/books/edition). The
Catholic Diocese of Kilmore includes almost all of County Cavan, and about
halof of County Leitrim, and small parts of Fermanagh, Meath and Sligo (Phillip
O'Connell, Patrick Finegan, The Diocese of Kilmore, Its History and
Antiquities, 1937 - www.google.fr/books/edition, en.wikipedia.org - Edmund
MacGauran, en.wikipedia.org
- Roman Catholic Diocese of Kilmore). |