Ruine de l'Etat et ruine du parti protestant

Ruine de l'Etat et ruine du parti protestant

 

I, 79

 

1615-1616

 

Bazaz, Lectore, Condon, Ausch & Agine,

Esmeus par loys, querele & monopole,

Car. Bourd. Thoulouze Bay. metra en ruine,

Renouveler voulant leur tauropole.

 

Il semble que Nostradamus fasse allusion aux monuments religieux découverts à Lectoure ; les autels tauroboliques témoins d'un culte à Cybèle. La forme «tauropole» ou «tauropolium» ne semble pas particulièrement fréquente (J. Clemens, La géographie et les villes de l'Aquitaine dans les Centuries de Nostradamus, Le Libournais: actes du XXXIVe Congrés d'études régionales tenu à Libourne les 15 et 16 mai 1982, 1985 - books.google.fr).

 

Monopole : complot, conjuration, conspiration, intrigue  (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Etats généraux de 1614

 

Troubles civils. - 1613-1614. La prodigieuse faveur du parvenu Concini soulevait une profonde indignation dans l'âme des princes et des seigneurs, et le peuple commençait aussi à manifester, par des pamphlets injurieux, sa haine contre cet étranger. De toutes parts éclatent des ressentiments, des complots se trament, et tout-à-coup l'on apprit que les princes s'étaient retirés dans leurs provinces, et se préparaient à une révolte. Condé était à la tête du mouvement, et publia plusieurs manifestes, dans lesquels il protestait de son affection pour le service du roi, mais où il flétrissait l'administration de la reine, et attaquait ouvertement les Espagnols et les insolents étrangers, dont l'influence dominait dans le royaume. La reine alarmée des progrès de cette ligue formidable, prit aussitôt des mesures défensives, en même temps qu'elle entamait des négociations avec le chef de la révolte, Condé.

 

Traité de Sainte-Menehould. - 1614. Villeroi conseillait à la reine de marcher sur-le-champ contre les confédérés, mais elle préféra la voie des traités; celui de Sainte-Menehould, nommé paix malotrue, fut conclu en 1614, et fit aux princes des concessions. Marie de Médicis livra des villes, accorda des grâces, augmenta les pensions et dignités des seigneurs mécontents, et promit d'assembler les états-généraux.

 

Majorité du Roi. - États-généraux. - 1614. Louis XIII entrait dans sa quatorzième année; la régente, pour donner plus de force à son gouvernement, le fit déclarer majeur le 27 septembre 1614; mais longtemps encore il ne fut roi que de nom, et Marie de Médicis garda le pouvoir. Elle convoqua les états-généraux pour le 26 octobre de cette année; mais leur résultat fut à peu-près nul. Chacun des trois ordres réclama dans son intérêt particulier : le clergé demandait que les décrets du concile de Trente fussent admis par tout le royaume; la noblesse, qu'on abolît la vénalité des charges, et le droit de paulette qui en assurait l'hérédité; et le tiers-état, que les pensions qui ruinaient le trésor fussent supprimées. Ces états, les derniers qu'on vit jusqu'à ceux de 1739, se séparèrent sans avoir pu s'entendre et sans avoir remédié à aucun embarras de la situation. Richelieu, évêque de Luçon, orateur du clergé, parut alors pour la première fois sur la scène politique; il était âgé de vingt-neuf ans.

 

Mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche. - 1615. Les mécontents et surtout Condé leur chef, s'opposèrent vivement au mariage de Louis XIII avec l'infante. Mais la reine, méprisant leurs représentations, n'en mit pas moins ses projets à exécution. Louis XIII, avec toute la cour, alla au-devant de sa fiancée jusqu'à Bordeaux, escorté par une armée, que suivait celle des mécontents, sous les ordres de Condé. Malgré ces démonstrations hostiles, le jeune roi et l'infante, tous deux âgés de quinze ans, furent mariés dans cette ville, et après avoir signé avec les rebelles le traité de Loudun, tout à leur avantage, Louis XIII se mit en route pour Paris, où la jeune reine fit son entrée le 16 mai 1616 aux acclamations de la multitude. (Abrégé de l'histoire de France, 1860 - books.google.fr, Hélène Duccini, Faire voir, faire croire: l'opinion publique sous Louis XIII, 2003 - books.google.fr).

 

Pour le détail de la poursuite du roi par les troupes des princes révoltés, on peut se référer à l'Histoire de Louis-le-Juste: XIIIe de nom, roy de France et de Navarre (1635) de Scipion Dupleix - books.google.fr où les noms des villes du quatrain sont cités.

 

"Car" pour Carensac (?) près de Branne.

 

Le 17 décembre 1615, Louis XIII et Anne d'Autriche, deux mois après leurs noces, passèrent une nuit à Créon avant de traverser la Dordogne à Branne pour regagner Paris (Patrick Epron, Origine des noms de lieux en Gironde et en Aquitaine, 1979 - books.google.fr).

 

Mariages espagnols

 

Les états généraux de 1614 se tiennent à Paris du 27 octobre 1614 au 23 février 1615, peu après la déclaration de majorité de Louis XIII et le voyage de celui-ci dans les provinces

de l'ouest. Ils se déroulent donc au moment où le pouvoir royal se raffermit face aux manœuvres des grands féodaux. Ce sont les derniers états généraux avant ceux de 1789. Sont ensuite demandés l'accomplissement du mariage du roi avec l'infante d'Espagne, et celui de madame Élisabeth de France avec le prince d'Espagne (fr.wikipedia.org - Etats générraux de 1614).

 

La Cour espagnole prend l'initiative de proposer le double mariage franco-espagnol. Henri IV, considérant les Habsbourg comme les ennemis héréditaires du royaume de France, tergiverse et songe plutôt à marier son héritier à Nicole de Lorraine, héritière des duchés de Lorraine et de Bar, ce qui donnerait naturellement pour frontières à la France le massif vosgien (sans parler de la riche production de sel). Mais à sa mort, sa veuve, Marie de Médicis, soutenue par le parti dévot, assume un retournement de politique, faisant de l'alliance espagnole un gage de paix entre les deux grandes puissances catholiques. De son côté Philippe III espère que la présence de sa fille à la Cour de France peut constituer un atout pour soutenir les intérêts de l'Espagne et donne à sa fille des instructions secrètes.

 

Fiancée à l'âge de dix ans, Anne épouse par procuration le 18 octobre 1615 à Burgos, Louis XIII, roi de France et de Navarre ; lors de cette cérémonie, Louis XIII est représenté par le duc de Lerme. Le même jour, à Bordeaux, Élisabeth, sœur de Louis XIII, épouse par procuration l'infant Philippe, représenté par le duc de Guise. Les princesses ont ensuite été « échangées » sur l'île des Faisans, située sur la Bidassoa, près d'Hendaye. Le véritable mariage en France d'Anne d'Autriche et Louis XIII est célébré à Bordeaux le 21 novembre suivant. Bien que les jeunes mariés n'aient que quatorze ans, Marie de Médicis, alors régente, ne veut pas qu'on puisse remettre en question cette union et s'ingénie à ce que ce mariage soit immédiatement consommé, pour des raisons politiques. Cependant, du fait de l'inexpérience des mariés la nuit de noces semble s'être assez mal passée. Le jeune roi, ayant vécu cette nuit comme une véritable humiliation, en garda longtemps rancune à sa mère, et n'entretint plus avec son épouse de rapports charnels pendant les quatre années suivantes, lui rendant néanmoins visite matin et soir, comme le voulait la coutume de l'époque (fr.wikipedia.org - Anne d'Autriche (1601-1666)).

 

Honorat de Beauvilliers, Chevalier, Comte de Saint-Aignan, Baron de la Ferté-Hubert, &c., Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Mestre-de-Camp-Général de la Cavalerie-Légère de France, Capitaine de 50 hommes d’armes des Ordonnances du Roi, Conseiller en ses Confeils d’Etat & Privé, Lieutenant-Général au Gouvernement des Pays & Duché de Berry, né à la Ferté-Hubert, le 26 Mai 1579, fut pourvu le 30 Décembre 1599, sur la démission de son beau-père, de la charge de Mestre-de-Camp de la Cavalerie-Légère, & d'une Compagnie de 40 Maîtres, pour y être incorporés. Il commanda en 1615 la Cavalerie de l’Armée qui conduisit de Bordeaux à Bayonne la Reine d’Espagne, & qui ramena de Bayonne à Bordeaux la Reine, nouvelle épouse du Roi Louis XIII, fut créé Lieutenant-Général au Gouvernement du Pays & Duché de Berry en 1617, & mourut au mois de Février 1622. Il avoit épousé, le 4 Mai 1604, Jacqueline de la Grange. Elle fut du voyage de Bayonne, assista à la Cérémonie du mariage du Roi Louis XIII en 1615, & mourut, le 8 Juin 1632 à Saint-Aignan (De La Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la Noblesse, Tome II, 1863 - books.google.fr).

 

Tauropole

 

Tauropole signfie "protectrice des taureaux" à ne pas confondre avec "taurobole" (cf. quatrain IX, 74, En Suède, 2158).

 

C’est un surnom de Diane, auquel Suidas assigne cette origine. Neptune ayant suscité un taureau contre Hippolyte, la déesse envoya un taon qui fit errer longtemps l'animal en différents pays, après quoi il tomba sous les coups de Diane. De là elle avait dans les îles d'Icarie, de Délos, etc., des temples consacrés sous Le nom de Tauropolion, et des fêtes appelées Tauropolies (François-Marie Bertrand, Dictionnaire universel, historique et comparatif, de toutes les religions du monde, volumes 24 à 27 de Encyclopédie Théologique, 1851 - books.google.fr).

 

Enfin, dans toutes les gravures recensées sur l'assassinat d'Henri IV, la plus originale semble être celle publiée dans le livre de Dovdy, A Comic history of France /.../ with sketches in French chalks. En effet, l'artiste choisit une optique de représentation très personnelle. Dans toutes les estampes, les graveurs dépeignent la scène de l'extérieur. Ici, l'illustrateur s'imagine à la place d'un compagnon de voyage du roi et décrit l'attentat de l'intérieur du carrosse. Le souverain gît, le poignard enfoncé dans son cœur jusqu'à la garde. Ravaillac, qui lui fait face, est particulièrement laid. Ses yeux sont engoncés dans les orbites lui donnant un regard dur et implacable, impression renforcée par le fait que ses sourcils se rejoignent. Henri IV est mort assassiné ainsi que le lui avait prédit un dénommé Thomassin. La mort brutale du roi était une fatalité. Ravaillac est donc le régicide (Danièle Thomas, Henri IV: images d'un roi entre réalité et mythe, 1996 - books.google.fr).

 

Je ne puis m'empĂŞcher de dire ici deux choses assez remarquables qui arrivèrent en BĂ©arn, l'une la veille de la mort du Roi, l'autre quelques jours après. Il est nĂ©cessaire d'abord de savoir que les armes de BĂ©arn sont deux vaches, ensuite que dans le commencement de mai on mène toutes les vaches du pays dans les landes et montagnes des environs de Pau. La nuit du treizième au quatorzième de ce mois, il vint dans la ville et faubourgs de Pau une très-grande quantitĂ© de vaches mugissant et beuglant d'une manière Ă©pouvantable. Elles allèrent ensuite jusque sur un pont qui va de la ville au château, et, Ă  la vue de ce lieu berceau du Grand Roi Henry, elles recommencèrent leurs beuglements avec plus de violence que jamais, ce qui Ă©tonna les gens de la ville [...] et un taureau seul se jette du pont oĂą il fut trouvĂ© mort le lendemain" (Duc de La Force, MĂ©moires authentiques [du duc] et de ses deux fils /.../, Paris, Charpentier, 1843). Au milieu du XVIIème siècle, Mezeray dĂ©taille le suicide du bovin : « Le principal taureau, que l'on nommoit le Roi, vint briser ses cornes dans la porte du château oĂą Ă©toit suspendu l'Ă©cu des armes royales, puis se prĂ©cipita dans le fossĂ© et se creva de sa chute; de sorte que tout le peuple qui Ă©toit accouru a ce spectacle se mit Ă  crier : le Roi est mort! Les procès verbaux qu'on en dressa peu de jours après font foi de la vĂ©ritĂ© de ce prodige. Â» (Hist. de France, tome III, p. 1291, Ă©dit. de 1688) (MĂ©moires authentiques de Jacques Nompar de Caumont (1558 - 1652), duc de la Force, marĂ©chal de France, et de ses deux fils, les marquis de Montpouillan et de Castelnaut, 1843 - books.google.fr).

 

En se rappelant le rôle que le prince de Condé avait joué dans les derniers temps du règne de Henri IV, on devait craindre une prise d'armes non seulement à l'intérieur, mais encore à l'extérieur. Une première fois déjà le prince de Condé s'était retiré dans les Pays-Bas ; on s'était engagé là, non seulement à faire valoir ses privilèges de prince du sang, mais encore à réclamer la couronne de France pour lui-même, en se fondant sur la nullité du mariage de Marie de Médicis et de Henri IV; cette union ainsi condamnée, l'illégitimité de Louis XIII ne faisait plus de doute, et la branche de Condé venait à la couronne par l'extinction des aînés de sa race. Ces projets, on pouvait les renouveler, à l'aide du parti protestant qui, à d'autres époques, avait déjà songé à jeter sur cette tête la couronne. Il existe dans un couvent de Valence, en Espagne, une pièce pleine de curiosités : «Révélation d'un Béarnois sur un complot tendant à assassiner Louis XIII.» Sans doute il ne faut point donner un caractère complet d'authenticité à ces pièces, souvent l'expression d'un mensonge qui demande salaire; mais elles montrent au moins l'irritation du parti huguenot déjoué dans ses espérances depuis la mort de Henri IV: «Un certain Jean Lamy, natif de la province de Béarn, prétendit qu'il avoit entendu M. de La Force, gouverneur de la province, et plusieurs autres capitaines huguenots, raisonner ensemble sur la nécessité d'assassiner le roi Louis XIII pour empêcher son union avec l'Infante. Ils avoient pour cela un pistolet avec une poudre artificielle qui ne devoit faire aucun bruit en la tirant. On m'a fait, ajoute ce Béarnais, cette proposition à moi-même, en m'offrant de l'argent pour me rendre à Paris, où il me seroit facile d'avoir une place dans la garde du roi et de gagner d'autres huguenots du même corps. Effrayé de cette proposition monstrueuse, je me suis sauvé à Valence, où, pour la tranquillité de ma conscience, j'ai fait ma confession au prieur Juan-Pédro, de l'ordre de Saint-François. - En foi de quoi, moi, Lamy, j'ai signé cette déclaration faite en présence des pères dom Inigo de Vicia et Vincento. - A Valence, le 13 juillet 1613» (Archives de Simanca) (Jean Baptiste Honoré Raymond Capefigue, Richelieu, Mazarin, la Fronde et le règne de Louis XIV, Tome 1, 1835 - books.google.fr).

 

Le pape Alexandre Farnèse (Paul III) qui avait eu dans ses jeunes années quatre enfants. Le 4 novembre 1547, Paul III donne à son petit-fils Horace Farnèse (1531 - 1553) le duché de Castro et il le fait préfet de Rome (Jean Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique, Partie 4, 1973 - books.google.fr).

 

En 1551, lors de la guerre de Parme, Horace perd la charge de préfet de Rome et le duché de Castro est confisqué, des garnisons pontificales occupant toutes les places fortes. En 1552, par le traité la paix, le pape Jules III lui restitue le duché. Le mariage entièrement à la charge de Henri II entre Diane de France, sa fille naturelle, et Horace est célébré à Paris le 13 février 1553. Durant l'été 1553, il se trouve à Hesdin, une petite ville frontière de l'Artois, quand Emmanuel-Philibert de Savoie en entreprend le siège pour le compte de Charles Quint et le mardi 18 juillet 1553, le duc de Castro est tué par un arquebusier, laissant Diane veuve seulement après cinq mois et cinq jours de mariage. Celle-ci jouira d'un grand crédit auprès d'Henri IV, se voyant chargée de l'éducation du Dauphin, le futur Louis XIII (fr.wikipedia.org - Horace Farnèse).

 

Le groupe sculpté du Taureau Farnèse (Amphion, Zéthée et Dircé) fut trouvé à Rome en 1540 dans les thermes de Caracalla du temps du Pape Paul III, qui le fit placer dans le Palais Farnèse, d'où il fut transporté à Naples vers la fin du XVIIe siècle (Guide des collections egyptienne et etrusque et des statues en marbre et en bronze qui existent au Musee Bourbon a Naples, 1827 - books.google.fr).

 

Ruine de l'Etat et ruine du parti protestant

 

L'Etat ruiné, les faveurs à accorder devenant moins nombreuses, la noblesse, comme dans le passé, se mit à remuer : elle remuait aisément quand ses intérêts étaient en jeu et qu'elle sentait se relâcher l'autorité. Le pouvoir central ne pouvait guère compter sur la fidélité de maints gouverneurs de province. Ces derniers, grands seigneurs, étaient presque toujours « de fidélité douteuse, cherchant à se perpétuer, eux et leurs héritiers, dans les grands emplois » (G. Hanotaux). Il fallut donc, comme à toutes les époques de grande pénurie financière, convoquer les représentants des trois ordres pour leur demander le vote de nouveaux subsides. Les Etats-Généraux, réunis en 1614, furent les avant-derniers de la monarchie : moins de deux siècles plus tard, ceux de 1789 emporteront la vieille royauté capétienne. [...] Les trois ordres, les Etats se séparèrent, le 24 mars 1615, après avoir promis des réformes, mais le tout resta lettre morte (Gaston Tesseron, La Charente sous Louis XIII, 1999 - books.google.fr).

 

La mort de Henri IV n'excite guère de regrets parmi les dirigeants de Toulouse, dans l'esprit desquels le Béarnais, malgré ses complaisances excessives pour le parti catholique, était toujours le huguenot relaps. En outre, le premier ministre Sully, a plusieurs reprises, avait mécontenté les Capitouls. De leur côté, les protestants du pays toulousain n'avaient pas à se louer du traitement exceptionnel que Henri IV leur avait infligé. Le calme relatif qui suivit la mort du Béarnais ne dura pas et les haines religieuses se rallumèrent (Louis Ariste, Histoire populaire de Toulouse depuis les origines jusqu'à ce jour, 1898 - books.google.fr).

 

La France conclut une ligue offensive avec l'Espagne (30 avril 1612); puis survint le double contrat de mariage de Louis XIII avec une infante espagnole et du prince des Asturies avec Elisabeth de France (20 et 25 août). Les Jésuites prêchèrent en pleine chaire que le dessein de ce double mariage était l'extirpation de l'hérésie, et les églises réformées furent remplies d'alarmes. Le prince Henri de Condé lui-même, tout catholique qu'il était, quitta la cour et publia un manifeste où il annonçait aux réformés que le roi assemblait des troupes pour les anéantir. Quelques gentilshommes réformés, notamment le duc de Rohan, se laissèrent séduire. Ce dernier représenta aux députés de l'assemblée politique générale de Grenoble (1615) le notable intérêt qu'il y aurait pour les églises à empêcher cette alliance avec l'Espagnol, ennemi de la religion réformée. L'assemblée entra imprudemment dans cette voie et décida d'envoyer des députés au roi et à la reine-mère, pour les supplier «de mettre en bonne considération les remontrances de M. le prince [de Condé] et du parlement de Paris». Cette ingérence de l'assemblée de Grenoble dans les affaires politiques de l'Etat était aussi malavisée que condamnable et entraîna les protestants dans une voie fâcheuse, qui aboutit à la ruine de leur puissance politique et à l'amoindrissement de leur influence religieuse. Il faut toutefois ajouter que la conduite de l'assemblée de Grenoble fut désapprouvée par les seigneurs les plus sages du parti réformé, notamment par Sully, Châtillon, du Plessis - Mornay et Lesdiguières. Cependant Louis XIII avait confirmé l'édit de Nantes à sa majorité (1er octobre 1614) et blâmé l'année suivante (12 mars) les propositions formulées contre les réformés au sein des États généraux. Quelques mois après (10 nov.), il confirmait de nouveau les divers édits rendus en leur faveur, tout en se prononçant contre les prétentions du prince de Condé, et il achevait de se réconcilier avec le parti protestant par l'édit de Blois (mai 1616) et sa déclaration (20 juin) explicative du serment qu'il avait fait à son sacre d'exterminer les hérétiques. Mais les serments ne furent pas tenus, et il s'ensuivit de nouvelles agitations, qui eurent leur contrecoup dans l'assemblée politique générale de La Rochelle (avril 1617). Le roi, levant à cette heure le masque, ordonna par un édit (15 févr. 1618) le rétablissement de la religion catholique dans le Béarn, sans consulter les États de la province, la restitution des biens du clergé, qui, depuis 1568, avaient été affectés par la reine Jeanne d'Albret à l'entretien du culte réformé, enfin l'incorporation de cette province au royaume. C'est en vain que les assemblées politiques d'Orthez (21 mai 1618) et de Loudun (26 sept. 1619) adressent au roi d'humbles remontrances : il se dirige en personne vers le Béarn à la tête d'une armée, s'en empare de vive force au milieu d'excès de toute sorte et fait enregistrer violemment son édit par le parlement de Pau (15 oct. 1620) (Eugène Arnaud, Histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles: Troisième période: le régime de l'Édit de Nantes, 1598-1685, Tome 2, 1876 - books.google.fr).

 

Richelieu poursuivra trois grandes entreprises : l'abaissement de la maison d'Autriche, la ruine du parti protestant, la destruction de l'aristocratie. Louis XIII partageait les vues de son ministre (Louis Grégoire, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie, 1873 - books.google.fr).

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