Faust, Simon le Magicien, Semo Sancus et Hercule I, 25 1575-1576 Perdu, trouvé, caché de si long siecle Sera pasteur demi dieu
honoré : Ains que la Lune acheve
son grand siecle, Par autres veux sera deshonoré. Pour Pierre Brind'Amour, le
demi dieu est Jésus Christ. D'une manière orthodoxe, ce n'est pas le cas, il
est dieu complet Découverte en 1574 Saint Justin et d'autres Pères assurent que l'on éleva
dans Rome une statue Ă Simon le Magicien : ils ne sont point d'accord sur
le temps. Saint Irénée et saint Cyrille de Jérusalem disent qu'elle fut élevée
par ordre de l'empereur Claude, et par conséquent après la mort de Simon. Saint
Augustin, au contraire, dit que cette statue fut érigée à la persuasion de
Simon. Des critiques célèbres ont cru
qu'on avait pris une statue du dieu Semon Sangus pour une statue de Simon; voici le fondement de
leur conjecture : On sait que les Romains, Ă l'imitation des Sabins, adoraient
un Semo Sancus qu'ils
disaient être leur Hercule : on a même trouvé dans ces derniers temps une
statue dans l'île du Tibre, où saint Justin dit qu'était celle de Simon.
Cette statue porte cette inscription, assez approchants de celle que rapporte
saint Justin : Semo Sanco
(ou Sango) Deo fidio
sacrum. Sex. Pompeius Sp. L. Col. Mussianus quinquennalis Decuria Bidentalis donum dedit. Cette statue,
trouvée sous le pontificat de Grégoire XIII, en 1574, dans le lieu même où
saint Justin dit qu'on avait élevé une statue à Simon le Magicien, a donné lieu
de croire que saint Justin avait confondu Semon avec
Simon, surtout parce que les graveurs mettaient assez souvent un I pour un E;
on trouve même que ce Sémon est quelquefois appelé
Sanctus aussi bien que Sancus, de sorte que
l'inscription pouvait ĂŞtre telle que la rapporte saint Justin, et n'avoir rien
de commun avec Simon le Magicien. On ne trouve dans les auteurs paĂŻens rien qui
ait rapport à cet événement, ce qui ne serait guère possible s'il était vrai :
d'ailleurs, les Juifs étaient odieux à Claude, et le sénat persécutait les
magiciens et les avait chassés de Rome. Enfin, il est certain qu'on n'accordait
l'apothéose qu'aux empereurs et encore après leur mort : comment aurait-on fait
de Simon le Magicien un Dieu pendant sa vie ? Plusieurs auteurs du cinquième siècle ont rapporté que
Simon s'étant fait élever en l'air par deux démons dans un chariot de feu fut
précipité par l'effet des prières de saint Pierre et de saint Paul, et qu'il
mourut de sa chute. Mais ce fait est apocryphe; car, indépendamment de la
difficulté de le concilier avec la chronologie, il est certain que la chute de
Simon, à la prière de saint Pierre, était un fait trop important pour avoir été
ignoré des chrétiens et pour n'avoir pas été employé par les apologistes des
premiers siècles : cependant saint Justin, saint Irénée, Tertullien, n'en
parlent point, eux qui ont parlé de sa statue. Les auteurs qui rapportent la
chute de Simon ont peut-être appliqué à cet imposteur ce que Suétone rapporte
d'un homme qui, sous Néron, se jeta en l’air et se brisa en tombant. Cette
conjecture d'Ittigius n'est pas destituée de
vraisemblance : une ancienne tradition portait que Simon volait Il s'agirait plutôt d'un autel que d'une statue Marc Antoine Muret (cf. quatrain I, 2) L'antiquaire Giulio Giacoboni de Terni (1538, vers 1587) avait écrit à Marc Antoine Muret (1526 - 1585) en 1575 au sujet d'une inscription sur un autel découvert en juillet 1574 sur l'Isola Tiberina, gravée plus tard par Piranesi, et conservée aujourd'hui au Musée du Vatican : SEMONI SANCO DEO FIDIO SACRVM. Justin Martyr y avait vu une allusion à Simon le Mage, censée confirmer le texte du Nouveau Testament, hypothèse reprise par les catholiques contemporains lors de la redécouverte de la pierre. Giacoboni demande à Muret de réfuter «horum insulsissimum hominum sententiam»; et Muret de démolir cette «stultitiam», à grand renfort de citations de Tite-Live, d'Ovide, de Plutarque et d'autres, qui prouvent qu'il s'agit, non de Simon le Mage, mais du dieu romain, Semo Sancus. On le consulte également sur d'autres sculptures antiques. On avait trouvé à Arezzo en 1554 la fameuse Chimère de bronze antique, statue louée par Vasari, Cellini, et Michelangelo, transférée depuis dans la collection des Médicis. En 1575 Muret reçoit une lettre de Johannes Bissonerius, professeur de droit à Pavie et ami de Sigonio, avec transcription des lettres étrusques gravées sur une patte de l'animal : Bissonerius n'y comprend rien, et Piero Vettori non plus, et l'on soumet le problème à Muret. On le consulte également sur la métrologie, sur la valeur du pied romain : voir sa réponse (1579) à une lettre du bibliothécaire impérial à Vienne, Hugo Bloot, où il cite le livre de son ami Luca Peto, en compagnie duquel il est allé examiner les monuments antiques qui conservent cette mesure romaine : Ostendit autem mihi cum alia vetustatis monumenta sane insignia, tum pedes duos æneos e terra erutos miræ antiquitatis. Eorum utrumque cum Colotiano contulimus. Il s'agit du fameux étalon du pied romain conservé dans la collection d'Angelo Colocci sur les pentes du Pincio. Dans la bibliothèque de Muret on relève d'autres ouvrages de métrologie, dont celui d'Agricola, et le commentaire de son ami, Elie Vinet, sur les manuels antiques de Priscianus et autres. S'il s'intéresse aux poids et mesures, la numismatique ancienne ne le passionne pas moins, du moins en ce qui concerne l'usage des monnaies pour la compréhension de l'histoire romaine. Nous avons déjà vu qu'il possède un livre de Panvinio sur les Fasti, bourré de monnaies gravées, ainsi que le livre de Fulvio Orsini (acheté en 1581) sur les familles nommées sur les monnaies : dans une note caustique en marge de son exemplaire, Muret relève une erreur d'Orsini sur la gens Vipsania, et le traite de stultus (Marc Antoine Muret, un humaniste français en Italie, 2020 - books.google.fr). Semo sancus Dans la religion romaine, la sainteté du serment est, en
principe, sous la garde du dieu suprĂŞme, Dius Fidius Ă©quivalant Ă Jupiter Lavis, et que l'Hercule Romain,
tel qu'on le vénère à l'Ara Maxima sur le Marché aux Boeufs,
est lui aussi une divinité de la bonne foi, prise à témoin dans les contrats on
voit comment chez les Latins, les Sabins et les Ombriens, Semo Sancus a pu se confondre tantĂ´t avec
Jupiter, tantĂ´t avec Hercule, et aussi former un ĂŞtre Ă part ayant une fonction
semblable Les Anciens
croyaient que Dius Ă©tait un doublet
de divuso et Semo une
contraction de semihomo. Un personnage appelé Dius ou Semo ne serait pas un
dieu, mais un demi-dieu, un génie, intermédiaire entre les dieux et les
hommes, inférieur aux premiers, supérieur aux simples mortels. L'existence de
plusieurs Semones dans la vieille religion romaine
est certaine; Martianus Capella traduit ce mot par
"èmitheoi" ; Fulgence, qui tient ses
renseignements de Varron, cite parmi eux Priapus, Epona, Vertumnus. Les Latins
adoraient en Semo Sancus le
Semo par excellence, le Genius suprĂŞme le premier des
Semones, comme en Jupiter le premier des dieux.
D'Ă©troits rapports unissaient Semo Sancus Dius Fidius
et Jupiter. Une poésie de Properce est adressée à Hercule Sancus Les traditions sabines disaient aussi que Semo Sancus, nommé encore Dius Fidius, le divin auteur de
la race sabellienne, avait substitué aux sacrifices
humains des rites purs de sang (Denys, Ant. Rom., l,58) Pasteur Le Forum Boario, ainsi nommé
parce qu’il sert aujourd’hui de marché aux bœufs, est situé vers le Tibre, entre
le Mont Palatin et le Capitole. Là s’élevait jadis l’Ara Maxima, autel qui
avait été érigé à Hercule en commémoration de la mort de Cacus que ce demi-Dieu
tua, ainsi que nous l’apprend la mythologie, pour le punir de lui avoir volé
ses bœufs. Dans ce forum fut trouvée la statue d’Hercule en bronze doré qui fut
placée dans le musée du Capitole. L’arc de Septime-Sévère orne encore
aujourd’hui cette place L'Hercule du Forum Boarium,
aussi connu sous le nom d'Hercule capitolin, est une statue en bronze doré
découverte sur le site du Forum Boarium de la Rome
antique, où les restes du temple qui lui était dédié ont été démolis sous le
pontificat de Sixte IV (1471-84). En 1510, il est déjà inventorié dans le
Palais des Conservateurs au Capitole où il est conservé. C'est sans doute la
statue de culte mentionnée par Pline dans le temple circulaire, le temple
d'Hercule Victor, qui était également été l'autel de plein air dédié à Hercule La statue d'Hercule du Forum Boarium
avait peut-être été également dissimulée – selon une source, elle avait été
trouvée dans une crypte, mais selon une autre source elle était dans le temple
rond emilien, aujourd'hui perdu (c'Ă©tait dans les
années 1480, quand on ne notait pas avec soin le lieux
des trouvailles) La légende de l'Hercule pasteur, connue déjà de
Stésichore, peut n'être qu'une interprétation des grandes migrations pastorales
dont les navigateurs Grecs retrouvaient au vie siècle
le souvenir vivant sur toutes les côtes de la Méditerranée Occidentale. Il est remarquable que cette
légende du vol des bœufs se retrouve partout où des envahisseurs indo-européens
pénétrèrent chez les peuples du Sud : en Grèce, c'est Hermès, dieu du monde préachéen, qui vole les bœufs solaires d'Apollon ; en
Thessalie, XĂ©nophon a vu danser la "karpaia",
danse mimétique figurant un vol de bœufs; même légende en Thrace; dans
l'Inde, ce sont les Dasyus indigènes qui volent les
troupeaux des Aryens Faust L'association du personnage de Faust à la légende de
Simon le Magicien ne date pas d'aujourd'hui, puisqu'elle figure déjà dans le Faustbuch (1587), le premier ouvrage conservé qui traite de
la légende du docteur Faust, très exactement au chapitre 52, quand le vieil hôte
du docteur Faust l'invite à se repentir et à sauver son âme, lui donnant comme modèle
la conversion de Simon le Mage, après qu'il eut écouté la prédication de
l'apôtre Philippe. L'hôte de Faust (et, à travers lui, l'auteur du Faustbuch) indique même sa source, puisqu'il cite nommément
les Actes des apôtres en son chapitre VIII : Or çà , Messire, il
n'est pas encore trop tard, si vous retournez en arrière et priez Dieu de vous
accorder grâce et merci, ainsi que vous en voyez l'exemple dans les Actes des apôtres,
au chapitre huitième, de Simon en Samarie qui lui aussi avait débauché grande
multitude de gens, car on le tenait singulièrement pour un dieu, et on
l'appelait «la puissance de Dieu» et «Simon Deus sanctus» ; mais quand il
eut ouï la prédication de saint Philippe, il se fit baptiser, crut en
Notre-Seigneur Jésus-Christ et ne se sépara plus ensuite de Philippe. Cette
conduite est particulièrement glorifiée dans les Actes des apôtres
(L'Histoire du docteur Faust, 1587, trad, de Joël Lefèbvre, Paris- Lyon, 1977, p. 159) La mention de la statue dédiée à Simon dans le discours
qu'adresse Ă Faust son vieil hĂ´te n'est pas le seul indice de la connaissance
qu'avait l'auteur du Faustbuch de la tradition simonienne. C'est surtout l'intervention du personnage d'Hélène comme compagne de Simon dans un cas, de
Faust dans l'autre, qui rend la dépendance indéniable. Présentée par Justin comme
une ancienne prostituée, elle apparaît chez Irénée comme une réincarnation de
l'Hélène de Troie - ce qu'elle est aussi dans le Faustbuch.
[...] Le personnage
d'Hélène se retrouve aussi dans la tradition latine des Clémentines, mais sous
le nom de Luna - sans doute par confusion des mots grecs "Elenè" et "selènè",
proches l'un de l'autre aussi bien dans leur Ă©criture que dans leur
prononciation. En revanche, il est absent de la Légende dorée de Jacques de Voragine. Cette Luna n'est pas présentée comme une
prostituée rachetée, mais comme une co-disciple de l'hérésiarque Dosithée,
avant qu'il ne devienne le chef de la secte. Bien Ă©videment,
la confusion avec l'Hélène de Troie, devenue caduque, n'a pas été conservée, et
le sens du texte source (celui de l'écrit commun aux Homélies et aux
Reconnaissances, et à travers lui celui d'Irénée) a été complètement transformé
[...] Comme le rédacteur du Faustbuch
utilise le nom d'Hélène, et non celui de Luna, et qu'il identifie très
explicitement l'Hélène compagne de Simon avec l'Hélène de Troie, on peut
affirmer avec une quasi-certitude - contre Palmer-More et Joël Lefebvre - que
ce n'est pas Ă cette tradition-lĂ (celle des Reconnaissances latines) qu'il a
emprunté le personnage d'Hélène, mais ou bien à la tradition hérésiologique, ou
bien aux Homélies pseudo-clémentines, de langue grecque, dans lesquelles la
compagne de Simon s'appelle bel et bien Hélène : Jean (le Baptiste)
eut de même trente hommes responsables, répondant au compte du mois lunaire.
Parmi eux, il y avait une femme, nommée Hélène [...]. Simon était pour Jean le
premier et le plus éprouvé de ces trente; mais il ne devint pas chef après la
mort de Jean [...]. (Quand Dosithée mourut), Simon,
accompagné d'Hélène, entreprit alors un périple et jusqu'à présent, comme tu le
vois, il soulève les foules. À ses dires, Hélène est elle-même descendue des
plus hauts cieux jusque dans ce monde; elle est souveraine, en tant que
substance mère de toute choses et Sagesse. C'est Ă
cause d'elle, dit-il, que les Grecs et les barbares se sont fait la guerre,
prenant l'image pour la réalité, car en fait Hélène était alors auprès du Dieu
premier de tous... Si la source des informations que le Faustbuch
donne sur Simon le Magicien se trouve donc chez Justin, chez Irénée, chez
Eusèbe et ses adaptateurs latins (tel Rufin d'Aquilée), pourquoi donc faire
appel à la tradition clémentine (ou pétrino-clémentine)
sur Simon comme source du personnage de Faust ? C'est que certains des traits
de caractère et certaines des anecdotes que le Faustbuch
attribue à Faust ne peuvent en aucun cas dériver de Justin, d'Irénée et de la
tradition historiographique ou hérésiologique, mais des légendes véhiculées par
les écrits hagiographiques et la tradition clémentine. Voici les parallèles que
nous avons pu Ă©tablir entre le Faust du Faustbuch et
le Simon du Roman clémentin ou celui des Actes de
Pierre - dont la critique récente tend à situer la rédaction après celle du
Roman clémentin et sous son influence. [...] Nous ne cherchons certes pas à nier que Faust soit le
véritable patronyme du magicien, qu'il l'ait hérité de son père (le nom de
Faust, le «poing», est très répandu en Allemagne) ou qu'il s'agisse d'un
sobriquet qu'on lui aurait attribué très tôt dans sa vie. Mais nous soumettons
au jugement de nos lecteurs l'hypothèse, déjà ancienne, mais qui semble aujourd'hui
complètement négligée, que c'est là une des occasions de la confusion entre
Faust et Simon, par l'intermédiaire du personnage romanesque de Faustus. Rappelons brièvement nos arguments. Le Roman clémentin est l'origine principale du développement de la
légende de Simon. Or, l'un des protagonistes de ce Roman, le vieillard père de
Clément, s'appelle précisément Faustus - du moins
dans la version grecque des Homélies clémentines; dans la version latine, bien
connue en Occident par la légende dorée, il se nomme Faustinianus.
Ce Faustus devient mĂŞme, par un Ă©trange concours de
circonstances, un double de Simon : le diabolique magicien lui donne en effet
son apparence pour qu'il puisse lui-même échapper à la police impériale qui le
recherche. Mais, dans la version grecque des Homélies clémentines, Faustus ne recouvre pas sa véritable apparence; il est
simplement annoncé que Pierre la lui rendra à leur arrivée à Antioche, un
épisode qui ne figure pas dans le Roman originel. [...] Quant à l'Hélène de Troie, la compagne de Simon, elle
appartient peut-être elle aussi à la légende du Faust historique. En effet, il
semble qu'elle figurait parmi les personnages illustres de la Grèce que le
charlatan faisait apparaître devant un public médusé, sans doute grâce à une
lanterne magique. C'est du moins ce dont témoigne Wolfgang Büttner, un disciple de Mélanchton, qui, dans la seconde édition de son Epitome Historiarum augmentée par
Steinhart en 1596, mentionne la belle Hélène parmi
les héros de la guerre de Troie que le magicien évoquait au cours de séances
publiques. [...] Toutefois, comme ce témoignage est tardif, puisqu'il est
postérieur à la publication du Faustbuch (1587), il
doit être considéré avec prudence ; en effet, la première édition de l'Epitome historiarum, datée de 1576, ne mentionne pas Hélène
parmi les héros évoqués Dans les Explicationes Melanchthoniae, publiées par son disciple Chrisopher Pezelius à partir de
1594, il compare explicitement Johann Faust Ă Simon le magicien La transition vers
le Faust-Buch est marquée par les récits de Christoph
Rosshirt, chroniqueur de Nuremberg. Ces Ă©crits,
datant de 1570, racontent l'activité de Faust comme magicien et sorcier; dépassant
l'anecdote, amplifiant le personnage, ils constituent déjà l'élaboration d'une
légende, telle que nous la rencontrons par la suite dans le Livre de Faust A manuscript by Christoff
Rosshirt contains six Faust stories, not to mention
five detailed and hand-colored illustrations. In the fourth picture, the date
1575 is visible. In
these vignettes, Faust develops on the way to becoming the central
character in a set of tales soon to constitute an explicit narrative with a
beginning, middle, and end. Although still relatively brief (thirty-six sides
all told), Rosshirt's six stories represent the
largest collection of Faust's adventures and pranks prior to the composition of
the Fausthucher "siècle" : cent ans L’édition de 1555 des centuries porte "cycle" et celle de 1557 "siècle" (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). Les histoires anciennes et modernes font mention de
plusieurs femmes célèbres pour leur beauté jusqu'à l'âge de cent ans. Hélène
avait près d'un siècle lorsque le siège de Troie commença (voyez Eusèbe et
Lucien dans le dialogue qui a pour titre Le songe ou le coq); cependant Homère
ne présente jamais cette princesse sans la parer de l'épithète de belle. Il y a
plus, Hélène, après la mort de Paris, eut encore assez d'agrément pour inspirer
de la passion à Déiphobe, son frère, qui l'épousa.
Après qu'elle eut livré celui-ci aux Grecs qui le massacrèrent, elle fut reçue
par Ménélas, son premier époux, avec tout l'empressement possible (Abbé du
Clot, La sainte Bible vengée, tome II. Lyon et Paris, 1824) Dans le système de Simon le Magicien, Ennoia
est la première pensée de Dieu, mère de tout ce qui existe. Sujette à la
métempsychose, esclave des lois et des formes du monde matériel, elle fut, dans
ses migrations, l'objet d'ignominies toujours renouvelées de la part des
esprits. Simon prétendait avoir retrouvé cette «première pensée de Dieu» dans
une esclave, Hélène, qu'il avait rachetée à Tyr (Matter,
I, 198-202) He
declared himself the “highest god.” He was always accompanied by a lady called
Helena, who he said was the divine ennoia (notion), the power contained in the aion (age), who
was also a charis (grace) and who made aion long for
the women, so that anthropos was begotten En grec "aiona"
signifie siècle. "grand cycle" Quant au "grand cycle", la chronocratorie de 354 ans de la Lune court de 1533 à 1887, environ. Il existe un grand cycle pascal de 532 ans dans le calcul de la date de Pâques pour le calendrier julien. Dans le calendrier julien, la séquence des dates de
Pâques se répète à tous les 532 ans. Le nombre 532 = 19×28 est le produit des
nombres suivants : 19 (le cycle MĂ©tonique ou le cycle
du nombre d’or) 28 (le cycle solaire). C'est ce qu'on appelle la Période Dionysienne de 532 ans,
qui ne diffère de la période de Victorius, que parce
qu'elle roulait sur les calculs des Orientaux ou Alexandrins, qui Ă©taient plus
sûrs que ceux des Latins, que Victorius avait
employés pour flatter les Romains Le comput ecclésiastique de base a été élaboré par Denys
le Petit en l’an 525 ap. J.-C. Par la suite, des
tables de calcul améliorées ont été proposées par Dionyisius
Exiguus (532 ap. J.-C.), et
par Aloisius Lilius (an
1576). Les tables de Lilius ont été ensuite ajustées
par Christopher Clavius. Depuis 1583, ce sont ces
tables modifiées de Clavius qu’utilise le comput ecclésiastique.
Tous les algorithmes de calcul de la date de Pâques sont basés sur ces
dernières tables La chronique d'Albéric de Trois-Fontaines (mort en 1241),
dans le passage consacré à Lambert le Bègue ou le Begge, le définit comme «magister Leodiensis de S. Christophoro» et signale qu'il mourut en 1177. On remarquera
le terme «magister» qui sous-entend, plus que un titre
universitaire. [...] Sous sa forme correcte et complète, le comput de Lambert
se compose de deux éléments distincts. Le premier occupe toujours une pleine
page après le calendrier et figure sur un recto d'un feuillet. C'est une grille
de 532 cases réparties sur 19 colonnes verticales et 28 lignes horizontales. La
grille ou table est précédée d'une colonne donnant les lettres dominicales. Les
cases représentent les années d'un cycle pascal complet (cycle de 532 ans,
après lequel les dates de Pâques reviennent dans le même ordre, 532 étant le
plus petit commun multiple de 28 et de 19, durée respective d'un cycle solaire
et d'un cycle lunaire). Au sommet de la grille figure - ou devrait figurer - la date 1140. Celle-ci correspond Ă la date de la
première case en haut à gauche, et marque le début d'un cycle pascal ou grand
cycle de 532 ans, c.-à -d. d'une année ayant rang 1 à la fois dans le cycle
lunaire (nombre d'or) et solaire (et aussi 1 comme concurrent). Les autres
cases ne sont pas datées, mais sont datables. La première colonne correspond
aux années 1140 à 1167, la deuxième débute en 1168 et ainsi de suite. Cette
grille est perpétuelle, en ce sens qu'il suffit de substituer à la date de 1140
d'autres dates correspondant au début d'un grand cycle (c.-à -d. 76 et 608 après
J.C. et, bien entendu, 457 av. J.C. pour la détermination des quantièmes de
Pâques des 75 premières années de l'ère chrétienne) pour obtenir un calendrier
pascal valable jusqu'à l'introduction du grégorien Le grand cycle pascal de 532 ans qui avait recommencé en
1140 mourut de mort violente en 1582 et, officiellement, il ne fut pas remplacé "autres veux" : "altera
vota", autre mariage votum
: voeu, mariage (Gaffiot). Le Pape Innocent III a déclaré
nettement que le Mariage de deux personnes infidelles,
dont l'une se convertit Ă la Foi, n'est resolu qu'en cas que la Partie Infidelle
veĂĽille se retirer, ou qu'elle ne veĂĽille
rester que cum injuria offensa Creatoris : extra, (ap. Quanto Cap Gaudemus. De divortiis). Il n'en seroit pas de mesme, si de deux
Parties Fidelles, l'une venoit
à se pervertir & à abandonner l'autre; car le Mariage ne subsisteroit pas moins après cet abandonnement ; & la Partie fidelle
ne seroit pas pour cela en liberté de passer ad altera vota. Cap. Quanto. De divortiis.
La raison que le Pape Innocent III. donne de cette difference, c'est, dit il, que le
Mariage de deux personnes fidelles devient
indissoluble par la qualité de Sacrement, dont il a esté
une fois revestu : au lieu que le Mariage des Payens, qui n'a jamais esté
honoré de cette qualité, peut estre résolu en faveur
de la Partie qui a embrassé la Foi de Jesus Christ Walther von der Vogelweide, (né vers ~1170, lieu de naissance inconnu - ~1230) est le poète lyrique allemand le plus célèbre du Moyen Âge. Il a systématiquement pris un parti opposé à celui du pape. Dans le second de ses trois «lais sur le Royaume», il a des mots très durs contre la politique d'Innocent III (1198-1216), sans doute à cause des événements de 1201, au plus fort de la lutte entre Philippe et le candidat du pape, Othon. Sous le règne d’Othon auquel il s'est rallié, dans son «lai de l'indignation» (Unmutston), il proteste contre la collecte d'argent d’Innocent III, celle-ci n'étant pas destinée, comme on l'a proclamé, à subventionner la Croisade, mais bien plutôt à agrandir le Palais du Latran en prévision du synode de 1215 (fr.wikipedia.org - Walther von der Vogelweide). Das schwarze Buch figure dans un des Sprüche de Walther von der Vogelweide; il signifie un livre de sorcellerie et se rattache à la légende qui fit du pape Innocent III un nouveau Simon le magicien (Jean Georges Platon, Le Moyen âge, 1890 - books.google.fr, Anton Nagele, Das schwarze Buch, Zeitschrift für vergleichende literatur-geschichte und renaissance-litteratur, 1889 - books.google.fr). Mariage avec la
lune Alexandre d'Abonotique avait de toutes pièces monté les mystères du
serpent Glykon. Au troisième jour de leur
célébration, le cérémonial s'achevait par l'évocation des amours de Séléné et
d'Alexandre-Endymion. Du haut du ciel, une comparse déguisée en Lune venait
embrasser le pseudo-Endymion couché au milieu du temple (Lucien, Alexandre ou
le faux prophète 38-39). De son union avec Séléné, Alexandre avait eu une
fille. Lorsqu'il la maria au sénateur Rutilianus,
celui-ci, en croyant Ă©pouser la fille de la Lune, se persuada d'ĂŞtre devenu un
habitant du ciel (Alexandre ou le faux prophète 35). L'anecdote fait sourire.
Mais on s'étonne moins de ces noces lunaires d'un sexagénaire en charge de
hautes fonctions si l'on songe aux précédents que constituent l'union d'Antiochos
IV de Syrie avec l'Atargatis de Hiérapolis (Atargatis est ici identifiée à la Lune ; voir aussi Lucien,
De dea Syria 32) ou la
prédilection de Mâ-Bellone pour Sylla. Au Ier siècle après J.-C, la vie de Simon le
Magicien offre un autre exemple du caractère divinisant du mariage lunaire.
Après avoir étudié la sagesse et la magie en Égypte, il avait rencontré à Tyr
une courtisane du nom d'Hélène et l'avait associée à ses pérégrinations. Le nom
que porte cette femme n'est pas indifférent puisqu'Hélène en Égypte est
identifiée à Aphrodite, Isis et Séléné. Simon la présentait à ses disciples
comme la figure vivante de la "pammètôr ousia kai sophia"
(Homélies Clémentines II, 25), quand lui-même se donnait pour la grande
puissance de l'être divin ("dunamis megalè"). Les disciples tenaient cette Hélène pour la réincarnation
de l'Hélène d'Homère. La hiérogamie lunaire de Caligula jointe à sa défense d'Hélène,
qui ira jusqu'à vouloir détruire l'œuvre d'Homère (Suétone, Caligula 34, 3),
trouvent donc d'étranges correspondances avec le récit des aventures de Simon.
L'intérêt de C. Caesar pour la Lune s'accompagne d'activités nocturnes
inquiétantes (Philon, Legatio
ad Caium 103). La nuit est son domaine. Il subit
l'influence de la pleine Lune dont le rĂ´le dans le rituel magique est bien
attesté. Il l'invoque, ce qui suggère que l'invoquant, il s'identifie à elle
avec toutes les conséquences que cette identification implique. Il travaille et
il réfléchit la nuit (Suétone, Caligula 53, 3). Insomniaque et visionnaire, il
converse avec les fantômes (Suétone, Caligula 50, 7-8). Interlocuteur des
démons, démon lui-même, le prince erre la nuit comme une ombre (Suétone, Caligula
50, 8); il court Ă ses dĂ©bauches (SuĂ©tone, Caligula 11, 1), se livre Ă
d'étranges cérémonies comme cette danse qu'il exécute devant trois personnages
consulaires terrorisés (Suétone, Caligula 54, 3-4; Dion Cassius 59, 5, 5) ou
ce spectacle inspiré par les Enfers prévu le jour de son assassinat (Suétone,
Caligula 57, 10). Sa compagnie démoniaque le suit jusqu'à la mort et au-delà Car cet homme qu'on avoit crû perdu, ayant esté trouvé, sans doute comme endormi, ainsi qu'un autre Endymion, caché depuis long siecle, sans qu'on sceust ce qu'il étoit devenu, non plus que s'il eust été fondu : il sera, selon toute apparence, pour ce sujet fait Pape. Or tout ainsi qu'Endymion fut jadis les delices de la Lune selon la Fable, tout de même celui-ci que l'Oracle appelle pour ce sujet le grand Endymion, sera aussi les delices de l'Eglise, honoré comme un demi-Dieu (La clef de Nostradamus, 1710 - books.google.fr). Endymion est l'amant de Séléné (Luna chez les Latins), dont il a cinquante filles rattachées au calendrier de la Grèce antique, d'après les traditions de l'Élide. Elles présidaient aux cinquante mois du calendrier lunaire qui séparaient deux sessions de Jeux olympiques. La tombe d'Endymion se trouve à Olympie. Selon certaines traditions, Séléné obtient pour lui qu'il conserve sa beauté dans un sommeil éternel dans une grotte du mont Latmos en Carie (fr.wikipedia.org - Endymion). Berger "enlevé jusqu'à l'Olympe, promu demi-dieu, Endymion n'aurait plus eu qu'à se laisser vivre s'il n'avait été aussi beau Junon s'en était aperçue et lui, bon garçon, consentit à ce qu'on l'admît. Il allait tromper son bienfaiteur... Renvoyé sur terre, on lui demanda de se faire oublier et de dormir. Alors, Endymion dormit sur des lits de mousse... et dans les bras de Diane qui de lui, dit-on, aurait eu... cinquante enfants ! Papa Zeus se fâcha. Une métamorphose ne tuerait pas Endymion mais le condamnerait à se tenir tranquille. Ainsi naquit la jacinthe bleue, l'endymion penché, couleur de la nuit, lourd du regret de ne plus être qu'une jacinthe !" (Francis Cover, Le jardin des femmes, 1961 - books.google.fr). Ce même parallèle d'Abonotichos nous invite à rapporter à quelque liturgie de mystère la présence d'une femme, dans le rôle d'Hélène-Sélènè, à côté de Simon. Le P. Vincent parle d'une «liturgie» du culte de Koré et des Dioscures «où l'astrologie tient le rôle principal». On pourrait songer pour Samarie, comme on le fait pour Abonotichos, à quelque succédané des mystères d'Éleusis. Éleusis a eu des filiales officielles et des filiales dégradées comme à Abonotichos et nous savons qu'on se préoccupait en Samarie de la métropole des mystères. La statue de Koré trouvée dans le «stade» de Sébastiyeh et qui de la main droite porte une torche tandis que la gauche serre une grenade et des épis, est du type éleusinien; l'inscription funéraire de Naplouse publiée et commentée par Ph. Berger nous montre comment les espoirs des mystes d'Éleusis ont pénétré dans le culte de la déesse samaritaine. Néanmoins, à notre connaissance, la tradition simonienne n'a jamais poussé sa mystique ou sa gnose dans cette direction. On y allégorisait beaucoup sur la légende d'Hélène; les allégories sur la torche - la statue de Sébastiyeh nous permet maintenant de soupçonner leur source concrète — sont annexées à cette légende et ni les épis, symbole de naissance mystique, ni le rapt de Perséphone ne semblent jamais avoir inspiré les Simoniens. Toute leur attention est concentrée sur le cycle d'Hélène-Sélènè. Dans ces conditions, il serait imprudent de croire qu'ils ont plagié la grande initiation grecque. Mieux vaut encore imaginer quelque jeu de mystère inférieur, pratique magique en même temps, où la lune se manifesterait crûment. Le rôle d'une femme portant le nom mystique d'Hélène y est tout indiqué. Encore une fois, les mœurs des conventicules de magiciens, aussi bien et mieux que d'autres liturgies, expliquent la manière de la gnose samaritaine (Louis Cerfaux, Simon le Magicien à Samarie, Recherches de science religieuse, Volume 27, 1937 - books.google.fr). Chariclée prend le nom de Séléné lorsqu'elle parvient à la fin du roman des Éthiopiques à retrouver la place qui lui était destinée dans la hiérarchie sacerdotale de Méroé. Dans le Décaméron comme dans les contes byzantins véhiculés par les marchands d'Orient dont Boccace s'inspire l'association des héroïnes au cycle de la lune suspend pour celles-ci l'assujettissement aux lois terrestres de la corruption et de la décadence, et leur assure une forme d'immortalité. Mais tandis alors que le symbole, lié dans le roman d'Héliodore au culte du Soleil, ne faisait qu'y renforcer la vocation idéalisante et métaphysique des aventures de son héroïne, dans le monde chrétien de Boccace au contraire il vient souligner la supériorité de la lune sur les étoiles dans leur influence respective sur le cours des événements humains. Cette victoire, conforme à la célébration médiévale de la reverdie printanière, est thématisée chez Boccace comme celle d'Éros sur les décrets de la Fortune. Elle consacre la possibilité du salut sur terre, par opposition à l'attente de la rédemption, et substitue au schéma vertical de la chute celui, anti-spirituel autant qu'anti-tragique, du renouveau (Anne Duprat, Histoire du captif: Un paradigme littéraire, de l'Antiquité au XVIIe siècle, 2023 - books.google.fr). Les Éthiopiques est un roman grec d'Héliodore d'Émèse (IIIe ou IVe siècle), divisé en dix livres. L'œuvre est parfois connue sous le titre Théagène et Chariclée. Le roman était bien connu à l'époque byzantine. À la Renaissance, il fut imprimé pour la première fois à Bâle en 1534, et fut traduit en français par Jacques Amyot en 1547, en anglais par Thomas Underdown en 1569. Son influence fut très grande aux XVIe et XVIIe siècles : il était vu comme une œuvre majeure de l'Antiquité, au même titre que l’Iliade et l’Odyssée ou que l’Énéide de Virgile (fr.wikipedia.org - Les Ethiopiques (Héliodore)). L'Evangile des Simoniens, ou des disciples de Simon le
Magicien, est marqué dans les Constitutions des Apôtres & dans la Préface
des Canons Arabiques du Concile de Nicée. Ce dernier écrit nous apprend que les
Simoniens avaient partagé leur Evangile en quatre tomes ou en quatre livres
auxquels ils donnaient le nom des quatre angles du monde, ou des quatre gom's sur lesquels roulait toute la machine du monde. Les Constitutions Apostoliques nous disent
que Simon, & Cleobius avoient composé
plusieurs livres dangereux, sous le nom des anciens Patriarches, & des ApĂ´tres,
dans lesquels ils combattoient
la création, la providence, le mariage,
la génération, la loi, & les prophetes Ce sont les simoniens ou disciples de Simon le Magicien, les nicolaïtes, les saturniens, les marcionites, les encratites, les adamites, les hiéracites, et plus tard les manichéens, qui publièrent que le mariage était illicite et que le démon en était l'inventeur (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Légendes des sacrements, 1861 - books.google.fr). Saturnin, Basilide, Carpocrate,
avaient pris les leçons de Ménandre, disciple de Simon le Magicien. [...] Saturnin soutint le premier que le mariage
était une conjonction impure et damnable Acrostiche : PSAP, Psaphon Le Colloquium heptaplomeres de abditis rerum sublimium arcanis ou Colloque entre sept savants qui sont de différents sentiments des secrets cachez des choses relevées est un ouvrage de Jean Bodin, probablement rédigé entre 1587 et 1593. Il présente un dialogue entre sept savants appartenant à trois religions différentes (judaïsme, christianisme et islam) sur les mérites respectifs de celles-ci. En raison de ses thèses audacieuses pour l'époque, le manuscrit a circulé de façon clandestine jusqu'à sa première édition partielle en 1841 et complète en 1857 (fr.wikipedia.org - Colloquium heptaplomeres). Il n'y en a que trop dont la folie ou l'impieté ont esté telles de nonseulement se vouloit faire croire Dieux, mais encor entreprendre de Dieu du hault en bas des cieux, ainsi quautresfois les Geans. Comme aussy Heraclides le Pontique au rapport de Diogenes Laertius dans la vie de ce fourbe eut assez d'addresse pour corrompre les prêtresses pyhtiques afinn qu'elles publiassent qu'il estoit Dieu, avant faict mettre vn serpent dans vne machine auec laquelle il se fit enleuer en l'air, mais la tromperie fut descouuerte et fut reconneu non pas pour ce qu'il vouloit estre mais pour ce qu'il estoit. Ainsi que Psafon l'Africain qui auoit instruict de petits oyseaux a prononcer ces parolles, Psaphon est Dieu, et puis les laissoit enuoller. Mais Symon Magus le Samaritain les a surpassez tous par le bruict de ses prodiges et de ses miracles, ayant non seulement ressuscité des morts, mais luy mesme s'estant faict couper par morceaux ressuscita le troisiesme jour (Roger Chauviré, Colloque de Jean Bodin des secrets cache des choses sublimen entre sept sçauans qui sont de differens sentimens, 1914 - books.google.fr). Simon le Magicien par ses prodiges obtint du Sénat Romain une statue avec l'inscription Symoni Deo (folios 482-499). Comment dès lors distinguer le vrai miracle des faux, en un siècle où l'on ignorait la critique, et la divinité de Jésus de celle des imposteurs, quand ses contemporains faisaient couramment descendre les dieux et les déesses du ciel en terre et naître des héros des déesses et des dieux. Salomon nie aussi que les prophéties messianiques aient trait au Messie, mais on n'insiste pas. Puis après avoir ainsi récusé les arguments scripturaires et extrinsèques Bodin s'attaque à la personne même de Jésus-Christ. Ce ne fut pas un Dieu, nous dit-il, celui qui fut «obsedé du demon d'une si estrange sorte», qui fut ignorant au point de dire à ses apôtres que le Saint-Esprit leur enseignerait toutes choses (Henri Busson, Les sources et le développement du rationalisme dans la littérature française de la renaissance (1533-1601), Tome 1, 1922 - books.google.fr). On retrouve le rapprochement de Simon le Magicien avec un Libyen, que l'on identifie à Psaphon par ailleurs, chez Hippolyte de Rome, théologien et premier antipape : Après s'être joué d'une multitude de gens en pratiquant l'art de Thrasymède, de la manière que nous avons expliquée plus haut, et après avoir également accompli des œuvres mauvaises avec l'aide des démons, Simon tenta de faire de lui-même un dieu. C'était un charlatan, plein d'un fol orgueil, qui fut confondu par les apôtres, comme le rapportent les Actes (VIII, 9-24). Dans son désir de se faire passer pour un dieu, Apséthos le Libyen avait tenté dans sa patrie une entreprise pareille, mais avec beaucoup plus de sagesse et de mesure que Simon (Philosophumena, Livre VI). Maxime de Tyr (Diss. XXXV de l'édition Duebner, XXIX de l'édition Hobein, coll. Teubner) rapporte un fait semblable d'un certain Psaphon, Libyen lui aussi. Ce Psaphon est sans doute le même personnage, réel ou légendaire, qu'Apséthos (A. Siouville, Philosophumena ou Réfutation de toutes les hérésies d'Hippolyte, Tome 1, 1928 - books.google.fr). |