Désintérêt de Henri IV pour les lettres
Désintérêt de Henri IV pour les lettres
ou
La mort de la reine Elizabeth

 

I, 62

 

1603

 

La grande perte las que feront les letres

Avant le cicle de Latona parfaict :

Feu, grand deluge, plus par ignares sceptres,

Que de long siecle ne se verra refaict.

 

 

Déluge

 

Le nom de Rhodes se rattache à de plus grands souvenirs. On voit cette île, d'abord habitée par les Telchines, fils de la mer, et associés Caphire, fille de l'Océan, pour élever Neptune. Cela signifie probablement qu'ils ont propagé le culte de ce dieu. Du reste, ces Telchines passaient pour des enchanteurs, pour des magiciens ou mages; ils faisaient tomber à volonté de la pluie, de la grêle et de la neige. Neptune aima Halie, une de leurs sœurs, et en eut six fils et une fille, nommée Rhodes. Vénus, passant de Cythère en Chypre, voulut relâchera Rhodes : les fils de Neptune eurent la témérité de lui refuser l'entrée du port. Elle s'en vengea en les frappant d'un affreux vertige; Neptune eut honte de leurs excès, et les cacha sous la terre : Halie, leur mère, qu'ils avaient outragée dans leur vertige, se jeta dans les flots. Bientôt l'île entière fut inondée : mais Hélius, le Soleil, épris des charmes de la princesse Rhodes, dessécha l'île, lui imposa le nom de sa maîtresse, et devint père de sept fils, connus sous le nom commun d'Héliades. Diodore observe que le sens de cette fable est que cette île était naturellement marécageuse; que pourtant les rayons du soleil la fécondèrent, eu diminuant son humidité, et la peuplèrent de générations illustres. Les Héliades, avertis par leur père que Minerve habiterait toujours chez le peuple qui le premier lui offrirait un sacrifice, se pressèrent, dit-on, tellement, qu'ils oublièrent d'apporter le feu avant la victime. Cécrops disposa mieux le sacrifice qu'il faisait à la même heure; et Minerve fut la déesse d'Athènes. Toutefois les Héliades ne laissèrent pas de se distinguer par leurs connaissances, surtout en astronomie. L'un d'eux, Actis, passa en Egypte et y bâtit Héliopolis en l'honneur de son père. C'est de lui que les Egyptiens ont reçu la science des astres et l'usage des lettres. Mais comme il est survenu, depuis, un déluge qui a détruit les monuments littéraires des Grecs, les Egyptiens, qui n'avaient point essuyé ce fléau, et chez qui les traditions ne s'étaient pas interrompues, se sont vantés d'avoir inventé eux-mêmes et enseigné à la Grèce ce qu'ils avaient appris d'elle. Vous prendrez, Messieurs, cette observation de notre historien pour ce qu'elle vaut; son premier livre nous montrait, au contraire, dans l'Égypte le berceau des arts, des sciences, des dieux et des hommes (Pierre Claude François Daunou, Diodore de Sicile, Cours d'études historiques, Volume 12, 1846 - books.google.fr).

 

Perte et restitution des lettres

 

LVII. Les Héliades se distinguèrent des autres hommes par leur instruction et surtout par leurs connaissances en astrologie. Us firent plusieurs découvertes utiles à la navigation et réglèrent ce qui concerne les saisons. Ténagès, qui avait le plus de talent naturel, périt par la jalousie de ses frères. Le crime ayant été découvert, tous les coupables prirent la fuite. Macar se retira à Lesbos, et Candalus à Cos. Actis aborda en Egypte, et fonda la ville à laquelle il donna le nom d'Héliopolis. Les Égyptiens apprirent de lui les théorèmes de l'astronomie. Ensuite, arriva en Grèce un déluge qui fit périr par l'inondation, la plupart des hommes, ainsi que leurs monuments littéraires. Les Égyptiens, profitant de cette circonstance, se sont approprié les connaissances astronomiques, et les Grecs dans l'ignorance des lettres, ne trouvant rien à leur opposer, l'opinion prévalut que les Égyptiens avaient les premiers observé le cours des astres. Les Athéniens, quoiqu'ils eussent fondé en Égypte la ville de Saïs, restèrent dans la même ignorance à cause du déluge. Par suite de ces souvenirs effacés, on regarda, plusieurs générations après, Cadmus, fils d'Agénor, comme ayant le premier apporté les lettres de la Phénicie en Grèce; et les Grecs, en raison de leur ignorance, ne passèrent que pour avoir, par la suite, ajouté à ces lettres quelques perfectionnements (Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, 1865 - books.google.fr).

 

"Feu" : Conflagration

 

La "seira chrusè" est employée allégoriquement pour la première fois par les Orphiques dès la fin de l'époque archaïque et symbolise chez eux les liens qui enchainent l'univers. Pour Platon, elle représente le soleil et aussi la colonne de lumière provenant de cet astre ; pour les Stoïciens, d'après Eustathe, le soleil comme origine de la conflagration universelle. Dans ses Quaestiones Homericae, Héraclite étend cette image du soleil aux orbites des planètes. Aristote considère que la chaine d'or représente le moteur immobile de l'univers. L'assimilation aux quatre éléments d'Empédocle est une interprétation qu'on trouve chez Eustathe et chez un commentateur tardif d'Hésiode, et qui doit remonter à une source stoïcienne. Enfin une dernière allégorie de la chaine d'or assimilée à l'"eimarmménè", à l'enchainement des causes, est donnée principalement par Aelius Aristide dans une oeuvre d'inspiration stoïcienne (L'Antiquité classique, Volume 30, 1961 - books.google.fr).

 

Apollon, si longtemps chanté chez les Delphiens par les graves accents du péan, n'est-il pas le soleil glorieux et calme qui, sous le climat privilégié de la Grèce, règne tranquillement dans le ciel, des premiers jours du printemps jusqu'à la fin de l'automne, tandis que Dionysos, dont le culte passionné et douloureux avait une moins longue durée, est le soleil troublé et souffrant de la saison d'hiver ? Ce n'est cependant pas à cette explication simple qu'avaient été conduits les Stoïciens : leurs doctrines physiques leur en fournissaient une autre, plus compliquée. Si Apollon est honoré à Delphes pendant neuf mois et Dionysos pendant trois seulement, c'est, disaient-ils, pour la raison suivante : la durée de l'"ekpurôsis", de la période de conflagration où le dieu éternel n'a qu'une forme unique, celle du feu (il est alors figuré par Apollon), est à la durée de la "diakosmèsis", de la division du dieu en quatre éléments (alors il s'appelle Dionysos), dans la proportion arithmétique de trois à un (Paul Decharme, La critique des traditions religieuses chez les Grecs des origines au temps de Plutarque, 1904 - books.google.fr).

 

Lycie

 

LVI. Dans la suite des temps, les Telchines, prévoyant un déluge, quittèrent l'île et se dispersèrent. L'un d'eux, Lycus, vint en Lycie; il construisit, aux bords du fleuve Xanthus, le temple d'Apollon Lycien. Les autres périrent au moment du déluge, dont les eaux couvraient toutes les campagnes de l'île (Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, 1865 - books.google.fr).

 

Lycos

 

On rencontre ce même symbolisme du loup dans un assez grand nombre de noms propres mythologiques. Ainsi, Lycos, fils de Pandion, fut, d'après Hérodote, exilé par son frère Égée. Un des Telchines qui s'enfuirent de Rhodes à l'approche du déluge s'appelait aussi Lycos, et Ovide nomme parmi les pirates tyrrhéniens, qui voulurent enlever Dionysos, un certain Lycabas (marchant, errant comme un loup) qui était exilé de sa patrie. Une tradition beaucoup plus importante est celle qui concerne Léto, la mère d'Apollon. Poursuivie par la jalousie de Héra, Léto s'était changée en louve, lorsqu'elle errait à la recherche d'un endroit où elle pût mettre au monde son glorieux fils (Aristote, Histoire animale) (R. de Block, Le loup dans les mythologies de la Grèce et de l'Italie anciennes, Revue de l'instruction publique en Belgique, Volume 20, 1877 - books.google.fr).

 

Latone

 

Latone, fille du titan Céus, était si parfaitement belle qu'elle captiva le cœur du maître des dieux, et causa tant de dépit à Junon que cette reine jalouse lui voua une haine éternelle, la bannit de l'Olympe, et fit promettre à la Terre de ne lui accorder aucun lieu pour se reposer. Peu satisfaite de cette vengeance, elle envoya contre elle un serpent monstrueux nommé Python, qui la poursuivait partout et qui allait la dévorer, lorsque Neptune, d'un coup de son trident, fit sortir du milieu des flots et rendit stable Délos, île jusqu'alors cachée et flottante. Latone, que Jupiter venait de métamorphoser en caille, s'y réfugia, y recouvra sa première forme, et mit au monde, à l'ombre d'un palmier (d'autres disent d'un olivier), Apollon et Diane. Mais le calme dont elle jouissait à Délos ne fut pas de longue durée : Junon découvrit cette retraite, et Latone fut contrainte de s'enfuir. Elle erra longtemps en diverses contrées, et parcourut la plus grande partie de l'univers. Un jour qu'elle traversait la Lycie, elle arriva près d'un marais où travaillaient quelques paysans. Épuisée de fatigue et de soif, elle leur demande de l'eau pour se désaltérer. «Vous me sauverez la vie, dit-elle; venez à mon aide !» Mais les Lyciens, excités par Junon, lui refusent ce léger service, et troublent même l'eau, en y jetant des pierres et des bâtons. Latone indignée invoque Jupiter, qui, pour punir ces inhumains, les change en grenouilles, animaux qui aiment et habitent la fange (Jean Humbert, Mythologie grecque et romaine ou Introduction facile et méthodique à la lecture des poètes, 1847 - books.google.fr).

 

"ignares sceptres" : les Fortunes

 

Ast aliqui tibi dant regimen, Fortuna, vocantque

Te dominam rerum mortalia sceptra tenentem,

Instabilique rota versantem cuncta proterue;

Erexitque aras tibi quondam ignara vetustas,

Et cecidit votiua tuis saepe hostia sacris

 

Mais quelques-uns t'attribuent la direction, Fortune, et t'appellent la maîtresse des événements, celle qui tient le sceptre mortel et fait tout tourner impudemment sur sa roue instable. L'antiquité ignorante t'a jadis élevé des autels, une victime votive souvent fut sacrifiée en ton honneur (Marcello Palingenio Stellato, Le zodiaque de la vie (Zodiacus vitae): XII livres, traduit par Jacques Chomarat, 1996 - books.google.fr).

 

Pier-Angelo Manzolli, di Stellata, ou, par anagramme de son nom Marcellus Palingenius Stellatus (né à La Stellata, près de Ferrare entre 1500 et 1503 et mort en ce même lieu vers 1543), dit aussi Marcello Stellato, est un médecin, poète et philosophe italien de la Renaissance dont la seule œuvre connue est un poème latin en douze livres du nom de Zodiacus Vitae (fr.wikipedia.org - Pier Angelo Manzolli).

 

caecus : ignarus, ignoratus (Marci Aennaei Lucani Pharsalia, Tome 2, 1829 - books.google.fr).

 

Ne croyez pas, Mes Fréres, que tous ces diférens & étranges évenemens que vous remarquez de tems en tems sur la terre, que ces désolatians que l'on y void tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, que les ravages de la guerre, de la peste, ou de la famine, soient les effets du hazard & l'ouvrage d'une fortune aveugle (Michel de Turretti, La voix des jugemens de Dieu, Mich. 6,9, 1685 - books.google.fr).

 

On doit remarquer la subdivision de la Fortune générale en d'autres plus particulières. D'après les textes comme le Discours sur la couronne de Démosthène, il semble que l'on croyait d'abord à une Fortune commune à tous les hommes indistinctement; puis à d'autres d'un pouvoir plus borné dont l'action présidait seulement au sort des différents peuples; enfin chaque individu avait sa Fortune propre spécialement chargée de sa destinée. On peut se demander si toutes ces Fortunes étaient bien distinctes les unes des autres, si les Fortunes des cités ou les Fortunes personnelles étaient regardées réellement comme des êtres, des divinités différentes, en nombre infini, ou bien si ce n'était pas là tout simplement une manière d'envisager l'idée même de la Fortune, une façon de parler pour exprimer la destinée spéciale que la Fortune en général faisait à chaque ville et à chaque particulier. Il n'y aurait eu ainsi qu'une déesse Fortune, souveraine maîtresse de toutes choses, dont la Fortune d'Athènes, la Fortune de Philippe, la Fortune de Démosthène, etc., n'auraient été que des manifestation restreintes. Il est certain que cette interprétation simplifierait les choses. Mais il ne nous semble pas possible de l'admettre. Les Fortunes des cités et des particuliers étaient bien considérées comme distinctes de la Fortune en général, et distinctes entre elles (Fernand Allègre, Étude sur la déesse grecque Tyché: sa signification religieuse et morale, son culte et ses représentations figurées, 1889 - books.google.fr).

 

Lien avec le quatrain I, 16

 

Le quatrain est ainsi commentés (n ° 298) : "c'est à dire Lors que Saturne (qu'il (Nostradamus) entend par la Faux) se trouvera au signe de son exaltation, la Balance qu'est es années de 1569 & 70 & son auge en Sagittaire qu'a esté 1574 & 75 & au signe du Verseau (qu'il appelle Estang) qu'est ceste année 1580 & quelques suivants". Les données astronomiques de Chavigny sont justes : Saturne est en Balance ( Auge ) en 1569-70, il traverse effectivement le signe du Sagittaire en 1574-75. Il y était de fait entré fin 1573 et il séjourne dans le Verseau (estang) en 1580. Nous ne le suivrons pas dans son commentaire du quatrain (voir Livre I) mais nous notons que Chavigny relie l'estang au signe du Verseau et il nous apparaît que la lecture "estaing" au lieu d'"estang", que Giffré de Rechac avait proposée dans le manuscrit de l'Eclaircissement retrouvé aux Archives de France (c 1656), n'est pas recevable. Ce quatrain à la faux fera l'objet de nombreux commentaires, comme dans un texte nostradamique sur l'île de Canadas. Or à la fin de l'an 1603, à la mi-Décembre, la conjonction des deux planètes les plus éloignées alors du Soleil et de la Terre, allait avoir lieu en Sagittaire, à 8 ° de ce signe (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France : formation et fortune, Tome 3, 1999 - books.google.fr).

 

Le terme "estang" se trouve dans le quatrain I, 16 et dans Les Fantastiques batailles des grans roys Rodilardus et Croacus, attribuées à Rabelais, au sujet de Latone.

 

On dit que jadis cheminant, le souverain des Dieux poëtiques, Jupiter, auprès d'un estang, de loing apperçeut à l'autre lés, la jeune déesse Latona, de laquelle subit, selon sa coustume, devint amoureux, pour l'excessive formosité qu'en resplendissoit. De fait, tant pourchassa il, qu'il la congneust, et la délaissa enceinte de deux beaux petits enfans, desquels l'un fut Phebus, et l'autre Phebé, autrement ditte Diane, laquelle depuis devint grande chasseresse. Quand Latona fut d'iceux enceinte, Junon,femme dudit Jupiter, le sçeut. Parquoy, pour s'en venger, tant la persécuta par toutes terres, et tant la destreignit, qu'à peine eut elle tant de repos et place en tout le monde, ou enfanter peust, ne soy délivrer à terme. En vain languissoit et travailloit Juno, qui les enfans vouloit destruire avec la mère; car Delos, isle erratique, reçeut la povre désolée Latona en son hostel à qui qu'il en depleut. Combien qu'en ce lieu ne print d'aise et repos Latona, fors tant que de sa ventrée fut délivrée. Après ce, pour le doute de son ennemie, qui ainsi la chassoit, s'en alla au palais de Libie, portant ses deux enfans entre ses bras.

 

Rien n'est plus rare que ce petit volume, quoiqu'il ait été réimprimé au moins sept fois. La Bibliothèque Impériale n'en possède aucune édition; la Bibliothèque de l'Arsenal, si riche en curiosités littéraires du XVIe siècle, n'a que l'édition de Lyon, Benoist Rigaud, 1559, in-16. Nous avons lieu de croire que les autres bibliothèques publiques de Paris ne sont pas mieux partagées à cet égard que la Bibliothèque Impériale. La première édition : Les Fantastiques batailles des grans roys Rodilardus et Croacus, translaté de latin en françois. Imprimé nouvellement, 1534. On les vend à Lyon, en la maison de François Juste, in-8°, goth., de 78 feuillets.

 

L'opuscule latin de Calentius, dont cet ouvrage est la traduction ou plutôt l'imitation, a été souvent réimprimé dans la première moitié du XVIe siècle, sous le titre de : De bello ranarum et murium libri III, à Strasbourg, en 1511 et 1512; à Bâle, en 1517; à Anvers, en 1545, etc.; mais il n'en est pas moins inconnu, malgré son mérite. On l'a tout-à-fait oublié; quand on ne l'a pas confondu avec la Batrachomyomachie d'Homère, les critiques l'ont laissé de côté, comme peu digne d'attirer leur attention.

 

Quiconque sait par cœur le Gargantua et le Pantagruel reconnaîtra, dans les Fantastiques batailles, le style et la langue du maître. C'est là, ce nous semble, la meilleure preuve et la plus incontestable qu'on puisse invoquer. Qu'est-ce qui écrivait comme Rabelais, en 1534, à l'époque même où parurent les deux premiers livres des immortelles Chroniques, publiées sous le nom d'Alcofribas Nasier. Nous ne voyons que abelais qui ait pu translater ainsi en français le poème homérique d'Elisius Calentius (La bataille fantastique des roys Rodilardus et Croacus, 1867 - books.google.fr).

 

Latone fatiguée d'une longue marche, & encore plus du poids de ses deux enfans, qu'elle portoit entre ses bras, arriva près d'un étang, où elle voulut se désaltérer. Quelques Paysans qui y travailloient l'ayant repoussée, & ayant troublé l'eau pour l'empêcher de boire, la Déesse indignée les changea en Grenouilles par l'entremise de Jupiter (Ovide, Les Métamorphoses, en latin et en Francois, de la traduction de Banier avec des explications historiques, 1768 - books.google.fr).

 

"Latone" : laiton

 

Pour "laiton" Du Cange donne : lato, laton, latonia, latonus, leto, letonus, leton, lotonnus, lottonus (E. Blanc, Inventaire du mobilier de la cathédrale de Vence, Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger, 1882 - books.google.fr).

 

Laiton : Littéralement, alliage de cuivre, de zinc, appelé également cuivre jaune. On y ajoute parfois d'autres métaux (fer, plomb, aluminium, etc.) En alchimie, état noir de la matière du Grand Œuvre, lors de sa putréfaction (www.lesamisdhermes.com).

 

Blanchir le laiton, c'est faire passer du noir au blanc. Latone est la mère d'Apollon et de Diane. Son nom signifie en grec l'oubliée. C'est cette oubliée, tombée dans le compost (ou dans l'oubli) qu'il faut blanchir (Léon Gineste, L'Alchimie expliquée par son langage, Dervy, 2001, p. 199).

 

La Bibliothèque de l'Arsenal conserve un traité intitulé Praetiosissimum donum dei. Il s'agit de la copie d'une œuvre conçue par Georges Anrach de Strasbourg en 1473. Il contient douze vases habités qui sont posés parmi les arbres et les fleurs. Le premier sous la légende natura medicinae montre les époux royaux à l'extérieur du vase. On les découvre ensuite à l'intérieur sous la légende Solutio, puis ils s'accouplent pour illustrer la solutio perfecto. Le quatrième vase les montre accouplés mais se décomposant pour illustrer la putrefactio. La nigredo transparens est symbolisée par un vase peint en noir. Le vase de la sixième illustration, caput corvi, contient trois serpents rouges dans un liquide noir. Sous le titre ortus elixir apparaît un jeune garçon; sous celui de dealbatio, un dragon rouge et vert. Le neuvième vase qui contient des bulles colorées sur fond noir est intitulé domus tenebrosa. Une grande fleur s'épanouit dans le vase suivant, illustrant la cinis cinerum. La onzième illustration représente l'enfant de la philosophie sous la légende Rosa rubea. Le dernier vase renferme enfin une femme agenouillée et couronnée, la Rosa alba. Ces suites de vases habités forment un des secteurs importants de l'iconographie alchimique. Ils apparaissent comme les foyers de gestation de toutes les opérations de l'œuvre. Ils sont tour à tour les matrices dont dépend l'heureux développement des expériences et de véritables coques cervicales où bouillonnent les rêves des adeptes. Durant leurs longues nuits de veille auprès des fourneaux, ceux-ci se plurent à animer d'une vie étrange les produits qui reposaient dans les matras et choisirent ceux-ci comme réceptacles de leurs dévotions. Le vase était à la fois l'œuf cosmique contenant tous les ferments de génération, leur âme où se déroulaient de constants perfectionnements et le vaisseau de leurs espoirs (Jacques van Lennep, Art & alchimie: Étude de l'iconographie hermétique et de ses influences, 1971 - books.google.fr).

 

Artémis et Apollon, la Lune (génération) et le Soleil (régénération), origine et fin de toutes choses, témoignent des grands principes de divisibilité et d'indivisibilité, de séparation et de conjonction, qui gouvernent le monde selon les néoplatoniciens, principes à l'œuvre dans les transmutations et les cycles de métamorphose des éléments, dont les combinaisons forment le devenir (Gérard Desnoyers, Villa d'Este à Tivoli ou Le songe d'Hippolyte : Un rêve d'mmortalité héliaque, 2015 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LAFQ

 

La coordonnabilité parfaite qui caractérise les coordinations acceptables est celle où les phrases coordonnées atteignent le maximum de compatibilité sémantique. Al-Sakkaki résume cette idée lorsqu'il affirme : "Plus les points communs [entre les deux phrases coordonnées] nombreux et manifestes, plus leur coordination atteint à l'acceptabilité". Le sens de l'un des deux conjoints doit être par rapport au sens de l'autre comme l'est le pan d'un vêtement (lafq : ourler, surfiler), selon l'expression d'al-Gurgani, par rapport au reste du vêtement (Abdeljabbar Ben Gharbia, La coordination dans la tradition grammaticale arabe, Arabica: revue d'études arabes, Volume 50, 2003 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Abd al-Qahir Al-Jurjani).

 

L'homme qui reçoit une femme dans sa couche est dit "étendre son pan ou son manteau sur elle", usage dont la reminiscence s'est conservée dans nos cérémonies nupliales. V. Éz. XVI, 8; Ruth , III, 9 (Lazare Eliezer Wogue, Le Pentateuque, Tome 5 : Deutéronome, 1869 - books.google.fr).

 

Dans des structures syndétiques de base de la langue arabe, telles que : (jalastu wa jalasati ssayidatu warda) (Gibran Khalil Gibran, 1949 : 112), la coordination par waw exprime la simultanéité mais surtout l'indépendance des deux actions régies par deux acteurs séparés (Moi par rapport à Warda). Dans ce cas simple, le waw peut être traduit par la copule de coordination "et" du français pour donner une traduction telle que : «Nous nous sommes assis Madame Warda et moi» (Farouk Boulhadiba, Traduction et structures syndétiques en arabe : le cas de la particule "waw", Modélisation, systémique, traductibilité, 2003 - books.google.fr).

 

"cycle", "siècle" : génération

 

Saeculum est spatium vitae humanae longissimum partu et morte definitum. Quare qui annos triginta saeculum putarunt multum videntur errasse. Hoc enim tempus genean vocari Heraclitus auctor est, quia orbis aetatis in eo sit spatio; orbem autem vocat aetatis, dum natura ab sementi humana ad sementim revertitur (Censorinus, De die natali 17.2)

 

Un siècle est la plus longue durée de la vie humaine, comprise entre la naissance et la mort; donc ceux qui ont pensé qu'un siècle durait trente ans paraissent s'être largement trompés. C'est Héraclite qui a donné à cet espace de temps le nom de génération, parce que cet espace de temps comprend un cycle de vie humaine; il l'appelle “cycle de vie” parce que c'est le temps que met la semence humaine pour produire une autre semence) (Jean-Baptiste Bonnard, Le complexe de Zeus : Représentations de la paternité en Grèce ancienne, 2019 - books.google.fr).

 

La période de temps de trente ans, temps moyen au bout duquel un père voit son fils devenir père, dit Demetrios, «est appelé genea, "génération", comme le veut Héraclite, parce que le cycle de la vie (orbis aetatis) est, à son avis, compris dans ce laps de temps; or il parle de "cycle de la vie" lorsque la "nature", à partir de l'ensemencement d'un homme, revient à l'ensemencement (ab sementi humana ad sementim)» - à l'ensemencement effectif, et non à la «possibilité de redonner cette même semence», comme traduit G. Rocca-Serra (traduction du De die natali, Vrin, 1980, p. 23) (Marcel Conche, Fragments d'Héraclite d'Ephèse, 1936 - books.google.fr).

 

Et cette fecondité du Palmier donna naissance à la fable de l'enfantement de Latone, dont par le secours & aide du Palmier qu'elle embrassa, elle se deliura heureufement d'Apollon & de Diane, ainsi qu'il se void dans Callimaque; Theognis au commencement de son beau poëme; Nonnus liu. 27. & les autres; à l'imitation de laquelle chose estimée estre arriuée à Dele par les anciens, il arriua que les femmes Payennes de l'antiquité auoient de coustume d'embrasser, ou vne palme, ou autre chose, lors qu'elles sentoient les premieres tranchées de l'accouchement (ce dit le docte Scholiaste d'Apollonius Rhed.) les anciens estimans que le mesmne arbre qui seruoit de symbole de fecondité, auoit aussi l'efficace d'appaiser les douleurs de l'enfantement. Et ie croy que de la mesme source est partie l'histoire fabuleuse de la naissance de nostre Sauueur, engendré par Marie sœur de Moyse aupres d'vn Palmier, que les Mahometans ou Sarrazins tenoient pour vraye histoire, & fidele tradition, ainsi que ie l'apprends d'Euthymius Zigabenus en sa refutation des dogmes Ismaëlitiques. Or auec ce qui regarde le particulier de la Palme, les seuls rameaux d'arbres seruoient pour exprimer l'engeance & generation des hommes, & les arbres mesmes pour les meres (J. P. Couzinié, Dictionnaire de la langue romano-castraise et des contrées limitrophes, 1850 - books.google.fr).

 

Orion

 

Le Scorpion menaçait les jours de Latone qui était enceinte et portait Diane et Apollon (la lune et le soleil) en son sein. Orion tenta de s'interposer pour la défendre mais le Scorpion eut le dessus et blessa Orion mortellement au pied. La déesse alors, pour récompenser son défenseur, le transforma en constellation. C'est la raison pour laquelle il fuit perpétuellement le Scorpion dans le firmament.

 

S'il est un signe zodiacal qui se rapproche d'Orion, c'est bien le Sagittaire. Isidore de Séville signale l'apparition d'Orion en période hivernale : c'est la constellation qui apporte les tempêtes et les perturbations atmosphériques (Philippe Walter, Orion et Tristan ou la sémantique des étoiles, La soleil, la lune et les étoiles au Moyen Âge, 1983 - books.google.fr).

 

Cf. la grêle dans le quatrain X, 67 avec son interprétation mythologique où intervient Orion, ainsi que le quatrain I, 66 - 1606.

 

Typlogie

 

Les "cercles de Latone" se trouvent dans une tragédie de Pierre Mathieu, La Guisiade qui s'adresse à Henri III :

 

Pour faire rayonner vostre belle Couronne,

Outre le grand baudrier des cercles de Latone,

Pour joindre à vostre honneur le devoir & la Loi,

Pour descharger le peuple, & maintenir la Foi.

 

Ce Vers veut dire, au-delà de la Zone Torride, qui sert proprement de demeure ou de promenade au Soleil reputé fils de Latone (Pierre de l'Etoile, Journal de Henri III et de Henri IV: ou mémoires pour servir à l'histoire de France. 3, 1744 - books.google.fr).

 

Pierre Mathieu, ancien guisard, devint Royaliste et approcha Henri IV, bien qu'il traitât ce dernier d'Apostat dans cette tragédie.

 

Les Valois-Angoulême avaient toujours encouragé les artistes, François Ier instituant le Collège des lecteurs royaux, Henri II patronnant la Pléïade, Charles IX créant l’Académie royale de musique et de poésie et Henri III l’Académie du Palais. En revanche « Henri IV n’est guère féru des choses de l’esprit non plus que de fêtes curiales ; il ne joue pas, en ce domaine, le rôle initiateur du mécène [1]. » (« La grande perte las que feront les letres »).

 

Cette "perte" avec Henri IV pourrait être un écho de critiques de personnalités savantes qui pourraient avoir des liens avec les auteurs des Centuries, dans l'hypothèse où elles seraient antidatées.

 

«Henri IV, disait Scaliger, ne saurait faire deux choses : tenir gravité et lire.» Le reproche est injuste. Il tendrait à faire croire à l'absence chez Henri IV de toute vie intellectuelle. Il n'en est rien. Si décousue qu'ait été, nous l'avons vu, son éducation et bien quesa vie aventureuse ne luiaitguère permisde la développer beaucoup, Henri IV était naturellement trop supérieurement doué, sa correspondance le prouve assez pour ne pas s'intéresser aux lettres et leur réserver quelques uns de quelques uns de ses loisirs. Soit dans sa chambre et souvent au lit, soit dans le «Cabinet des livres» qu'il a fait aménager au Louvre et où il a fait transporter une partie de la bibliothèque de Catherine de Médicis, il lit ou se faite lire soit de vieux livres, comme Amadis, soit des nouveautés comme la première partie de l'Astrée, le Théâtre d'agriculture, d'Olivier de Serres,ou enfin les pamphlets, libelles, «discours» qui circulent à Paris : le Soldat français, l'Isle des Hermaphrodites, etc. qui le renseignent sur l'esprit public, ou l'amusent. Et sans doute, comme on l'a dit, il n'est ni un Auguste, ni un Mécène. Pourtant, la protection et les encouragements accordés par lui à un poète comme Malherbe, à un historien comme de Thou, à un érudit comme Casaubon prouvent au moins la haute conception qu'il s'est faite de «la culture des lettres en un Estat bien réglé» (Pierre de Vaissière, Henri IV, 2013 - books.google.fr).

 

Ce Scaliger est le fils de la connaissance agenoise de Nostradamus Jules César Scaliger.

 

Henri IV n'était ni mécène, ni amateur éclairé à la manière de François Ier. Il n'était pas épris de grandeur comme le sera Louis XIV. Il n'est pas un raffiné et il n'est ni fastueux, ni glouton. Mais il a le sens de la fonction royale et la volonté de renouer d'une certaine façon, avec la politique culturelle des Valois. Il comprend combien l'art ajoute de prestige à l'éclat d'un grand royaume. Dans une France affaiblie par la guerre il entend restaurer la paix et ce charme de l'existence dont l'art fait aussi partie. Il se veut le d'une grande civilisation que célébreront les artistes et dont les autres nations envieront le rayonnement (Henri IV et la reconstruction du royaume: Musée national du Château de Pau, juin-octobre 1989 ; Archives nationales, Hôtel de Rohan, novembre 1989-février 1990, 1989 - books.google.fr).

 

L'Albane

 

L'Albane (Francesco Albani, dit) Bologne, 1578 - 1660 Latone et les paysans lyciens Toile. H. 72 ; L. 57 cm Dole, Musée des Beaux-Arts Francesco Albani entra très jeune dans l'atelier bolonais des frères Carrache, la fameuse Academia degli incamminati. Très rapidement ils l'associèrent à leurs travaux, notamment aux décors d'églises et de palais romains (église Saint-Jacques-des-Espagnols, abside Sainte-Marie-de-la-Paix, galerie Farnèse, Palais Mattei et Vespori). Ce qui lui valut rapidement une solide réputation et les faveurs du duc de Mantoue qui le chargea de réaliser des peintures mythologiques pour décorer son palais, la villa Favorite dont une série est aujourd'hui conservée au Louvre, Histoires de Vénus et de Diane. Surnommé de son temps "Le Peintre des Grâces", à cause du caractère charmant de sa peinture, il est surtout connu pour ses œuvres religieuses (Baptême du Christ, Pinacothèque de Bologne, La Sainte Famille, Musée de Dijon, Siméon et l'enfant Jésus, Musée de Cherbourg, La Vierge visitée par les anges pendant la fuite en Egypte, Musée national du château de Fontainebleau) et ses composition mythologiques (Le triomphe de Cybèle avec les quatre saisons, Musée départemental d'Epinal) qui connurent un énorme succès au XVIIIe siècle. L'œuvre du Musée de Dole est à replacer dans cette production, et à dater selon Van Schaack des premières années romaines vers 1603. A.D. Albani a choisi d'illuster dans cette peinture mythologique le passage des Métamorphoses d'Ovide (livre VI) qui raconte l'arrivée de Latone sur le territoire de la Lycie, alors que, maîtresse du dieu des dieux et mère de deux enfants jumeaux, elle est pourchassée par Junon. Albani a installé son personnage principal comme une actrice dans une mise en scène : Latone assise sur un léger monticule occupe le centre de la composition et son visage se situe sur l'axe de symétrie du tableau, légèrement plus haut que le point central. Aucun des autres protagonistes n'arrive à sa hauteur, le peintre a ainsi démarqué les différents personnages en insistant sur la condition divine de Latone. Le tableau peut-être décomposé en trois zones horizontales égales : chacun de ces trois plans relate un moment précis du récit : ainsi le premier plan illustre la métamorphose des paysans en grenouilles, le deuxième, l'instant où Latone invoque la grâce divine, tandis que la zone supérieure représente les cieux, domaine des dieux, que la main de la déesse ne parvient pas à atteindre. Toute l'action et la puissance intangible et magique du pouvoir céleste sont concentrées dans le jeu de mains levées parallèles de Latone, qui s'adresse au ciel, et du paysan complètement métamorphosé, qui reçoit la punition divine. Le tiers supérieur du tableau sert également à camper le décor. La masse sombre du feuillage des arbres se découpe en fort contraste sur un ciel lumineux, créant un clair-obscur dramatique qui laisse présager de la tension qui règne dans le reste de la scène et qui semble être la matérialisation de la colère des dieux (Du maniérisme au baroque: art d'élite et art populaire, Printemps baroque de Chambéry, 1995 - books.google.fr).

 

Le TABLEAU fut décrit en 1709 avec un format rond (D. 0,84), mais Le Brun l'avait inventorié en 1683 comme étant en largeur (0,81 x 0,66). Puglisi (1983) a justement remarqué qu'il avait été mis en rond pour en faire un pendant à un autre tableau de l'Albane représentant Adam et Ève chassés du Paradis terrestre, aujourd'hui conservé au musée Fabre de Montpellier (0,66 x 0,50; autrefois un tableau rond, sur bois). Ces modifications de format sont sans doute en partie responsables de l'état de présentation actuellement un peu décevant de ce tableau, que l'Inventaire Napoléon qualifiait déjà de «très fatigué» : Magnin (1920) l'estimait une copie et, plus récemment, Brejon de Lavergnée et Thiébaut (1981) y reconnaissaient une imitation française de l'Albane peinte au XVIIe siècle. Volpe (1962) a proposé de le situer vers 1598, mais Van Schaack (1969) puis Puglisi ont reculé cette datation au tout début de la période romaine de l'Albane, vers 1602- 1603. Tout en remarquant que les musculatures exagérées des personnages sont très proches de celles des fresques du palais Fava à Bologne, Schaack relevait que la figure de l'homme agenouillé à droite était une reprise de l'Atlas peint par Annibal Carrache à la voûte du Camerino Farnèse, Puglisi notant qu'il s'agissait du premier thème ovidien peint par l'Albane (Ovide, Métamorphoses, VI, 314-381) : mère de Diane et d'Apollon, Latone avait fui en Lycie; lorsque des paysans l'empêchèrent de boire à leur étang, elle les transforma en grenouilles. Pour la fortune critique de cette œuvre, Francastel (1930) a observé que la Latone avait sans doute inspiré aux frères Balthazar et Gaspard Marsy celle du groupe du Bassin de Latone dans les jardins de Versailles. Cette observation a été Cette observation a été reprise par Hedin (1983), mais Rosasco (1989) a signalé une estampe d'après Elsheimer qui pourrait tout aussi bien avoir inspiré la disposition de ce groupe (Stéphane Loire, École italienne, XVIIe siècle, Volume 1 Catalogue (Musée du Louvre. Département des peintures), 1996 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Latone et les paysans lyciens).

 

Appartenance : La Feuille; vendu à Louis XIV, 1671; chambre du billard à Versailles en 1695; petit appartement du Roi à Versailles, 1709-1710; exposé au Musée royal à partir de 1830; dépôt du Louvre au musée de Dole, 1872 (www.pop.culture.gouv.fr).

 

Reine Elisabeth Ière

 

La santé de la reine resta stable jusqu'à l'automne 1602 lorsqu'une série de décès parmi ses amis la plongea dans une profonde dépression. En février 1603, la mort de Catherine Howard, sa dame de compagnie depuis 45 ans, et celle de la nièce de sa cousine Catherine Carey, furent un choc particulièrement dur. En mars, Élisabeth Ire tomba malade et resta dans une «mélancolie profonde et inamovible». La reine mourut le 24 mars 1603 au palais de Richmond, après 44 ans de règne, entre deux et trois heures du matin, à l'âge de 69 ans. Quelques heures plus tard, Cecil et le conseil mirent leurs plans en application et proclamèrent Jacques VI d'Écosse roi d'Angleterre (fr.wikipedia.org - Elisabeth Ière (reine d'Angleterre)).

 

The rebellion of the Northern Earls in 1569 was the first in a series of Catholic plots which attempted to replace Queen Elizabeth with her cousin, Mary, Queen of Scots (R. Paul Evans, WJEC Eduqas GCSE History: The Elizabethan Age, 1558-1603, 2016 - books.google.fr).

 

Because of Edmund Spenser's positive identification of Queen Elizabeth with the Faerie Queene as well as with Belphoebe and others in The Faerie Queene, the audiences of A Midsummer Night's Dream in 1594-1595 and probably Elizabeth herself would be ready to see in Titania, Queen of the Fairies, a second allusion to the Queen of England (Marion Ansel Taylor, Bottom, Thou Art Translated: Political Allegory in A Midsummer Night's Dream and Related Literature, 1973 - books.google.fr).

 

C'est sous le règne d'Élisabeth qu'arriva jusqu'en Angleterre la Renaissance. Il n'y a pas de période littéraire plus brillante que le temps où elle domina l'Angleterre. Spenser y représente le poète lyrique, qui sait chanter la beauté tout en montrant la supériorité de la morale. Enfin, la littérature anglaise connut trois générations d'auteurs dramatiques, dont la dernière vécut sous Jacques Ier (Léon Lemonnier, La vie quotidienne en Angleterre sous Élisabeth, 1950 - books.google.fr).

 

Titania est utilisé par Ovide (Métamorphoses, III, 173) comme nom ou épithète de Diane, et à deux autres endroits, pour Latone ou Circé (Mathias Lehn, Le Personnage de Puck: Du modèle shakespearien à l’opéra contemporain (Britten, Vreuls, Delannoy, Gerber), 2012 - books.google.fr).

 

Accessit, positoque genu Titania terram / Pressit, ut hauriret gelidos potura liquores (La fille de Céus approche, plie un genou et se penche sur la rive pour se désaltérer dans l'onde fraîche) (Ovide, Oeuvres Complètes, Avec la traduction en français, 1850 - books.google.fr).

 

For so Acteon, by presuming far,

Did, to our grief, incur a fatal doom;

And so swoln Niobe, comparing more

Than he presumed, was trophæed into stone (Cynthia's Revels) (Adolphus William Ward, The origin of the English drama. The beginnings of the English regular drama. Shakespere's predecessors, Shakspere, Ben Jonson, Tome 1, 1875 - books.google.fr).

 

Laissant de côté le passage relatif à la «superbe Niobé», car la mort de Marie Stuart était déjà une très ancienne histoire, il faut considérer ce morceau comme une apologie d Elizabeth pour le sévère châtiment dont l'ancien favori venait d'être l'objet (Maurice Castelain, Ben Jonson, Tome 2 : l'homme et l'oeuvre (1572-1637), 1907 - books.google.fr).

 

Niobé est la reine légendaire de Phrygie, fille de Tantale et de Dioné (ou Euryanassa, Eurythemista, Clytia); elle est l'épouse d'Amphion dont elle eut quatorze enfants (sept fils et sept filles), les niobides; dans certaines légendes elle n'aurait eu que douze enfants. Le jour de la fête de la titanide Léto (Latone chez les Romains), très fière de sa fécondité et orgueilleuse comme son père, elle eut l'insolence de se comparer à la déesse et de se vanter de lui être supérieure, parce que celle-ci n'avait eu que deux enfants : Apollon et Artémis. La déesse, irritée, chargea de sa vengeance ses enfants eux-mêmes. Apollon et Artémis tuèrent à coups de flèches tous les enfants de Niobé, sur le mont Sipyle, en Phrygie. A la vue de ses enfants morts, Amphion se suicida (ou fut tué par Apollon). La douleur de Niobé fut si grande que Zeus, exauçant ses vœux, la changea en rocher d'où jaillissait une source alimentée par ses larmes abondantes. Pendant neuf jours les corps des enfants furent laissés sans sépulture. Au dixième jour, les dieux les enterrèrent eux-mêmes (mythologica.fr).

 

Artémis et Actéon, image de démembrement, sont symbole de l'œuvre au noir, de la putréfaction qui conduit à la séparation des éléments : la separatio alchimiste (Gérard Desnoyers, Villa d'Este à Tivoli ou Le songe d'Hippolyte : Un rêve d'mmortalité héliaque, 2015 - books.google.fr).

 

In the first of his Hymnes of Astræa (1599), entitled “Of Astræa,” Davies again uses alchemy metaphorically in the manner of Shakespeare. The image of transmutation concludes his tribute to Queen Elizabeth, combining the idea of her capacity to refine the crudity of her age with the myth of the return of the Golden Age

 

Rudeness itselfe she doth refine

Even like an Alchymist divine,

Grosse times of iron turning

Into the purest forme of gold :

Not to corrupt, till heaven waxe old,

And be refin'd with burning (Stanton J. Linden, Darke Hierogliphicks: Alchemy in English Literature from Chaucer to the Restoration, 1996 - books.google.fr).

 

Comment Jupiter a-t-il pour maitresses tant de Titanides (Latone, Maïa, Astrée, les trois Atlantides) après avoir précipité toute la famille des Titans dans le Tartare (Biographie universelle, ancienne et moderne, Tome 54, 1832 - books.google.fr).

 



[1] Janine Garisson, « Les derniers Valois », Fayard, 2001, p. 194

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