Guerre de succession du PortugalI, 351583Le lyon jeune le vieux surmontera, En champ bellique par singulier duelle, Dans cage d’or les yeux luy crèvera, Deux classes une, puis mourir, mort cruelle. Les deux yeux
du littoral Alors
que ce quatrain fut considéré par beaucoup comme l’annonce de la mort de Henri
II, les deux derniers vers semble se rapporter Ă une bataille navale. En effet
« classes » vient du latin « classis » désignant une
flotte navale, et l’expression « les yeux lui crèvera » fait
référence à une citation de Cicéron : « Duo illos oculos orae maritimae
effodere », c’est à dire « crever ces deux yeux du littoral », c'est-à -dire Carthage et Corinthe (De Natura Deorum Libri III 3,91)[1]. Ce n'est qu'à la fin du XVIe siècle, chez César de Nostredame (p. 782DE), mais pas encore chez Jean-Aimé de Chavigny, que ce quatrain fameux — « délice des croyants et cauchemar des incrédules », dira Buget — fut rapproché du tournoi du 1er juillet 1559 au cours duquel Henri II reçut un coup de lance dans l'oeil, dont il mourut quelques jours après (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). La deuxième guerre punique dura huit ans jusqu'à la
défaite d'Annìbal l'an 554 ; enfin la troisième
commença l'an 603, & dura cinq ans, jusqu'à quand l'an 608 que le second
Scipion rasa Carthage, la même quand année que Memmius
avoit réduit Corinthe en cendres [ce dont parle la citation de Cicéron ci-dessus] Ce Scipion qui détruit Carthage est Scipion Emilien
petit-fils adoptif de Scipion l'Africain qui défait Hannibal. Dans cette dernière guerre contre Carthage, après plusieurs échecs des amrées romaines, Scipion Emilien fut choisi comme chef. Le dernier effort carthaginois fut deux batailles navales. En latin "classis" désigne volontiers une flotte marine. Il renforça d'abord les travaux de siège. Puis il attaqua le camp de Nepheris, il remporta la victoire et il détruisit l'armée qui y avait pris ses quartiers. Se retournant vers Carthage, il fit pénétrer ses hommes dans la ville par son point faible, l'entrée du port de commerce. Les assiégés contre-attaquèrent. En vain. Ils creusèrent une autre sortie pour leurs navires et, dans deux batailles navales, ils affrontèrent la flotte romaine (été 147). Egalement sans succès (Yann Le Bohec, Histoire des guerres Romaines: Milieu du VIIIe siècle avant J.-C. – 410 après J.-C., 2017 - books.google.fr). Un lion Le "vieux lion" (Hannibal, né en -246, a
plus de 45 ans après la défaite de Zama ), usé par la
guerre, devenu borgne dans les marais Ă©trusques, se retire et attend le moment
favorable. Il n'a plus, derrière lui, ni les ressources espagnoles, ni les
fidèles contingents ibériques. Toutefois, sa retraite ne semble pas si totale.
Si l'on en croit Cornélius Nepos, il ne cessa pas d'être général et
"rentrĂ© dans sa patrie, Hannibal fut crĂ©Ă©Â
roi après avoir été général pendant vingt ans Le destin du vieux lion est un jour d'être chassé ou
tué par le lionceau devenu grand Pour Silius Italicus, Annibal est déjà le Lion de Libye A la mort de Massinissa, Scipion Émilien avait
partagé la Numidie entre les trois fils du vieux prince : une fin prématurée
enleva les deux aînés, et le troisième, Micipsa, resta seul roi, mais il avait
lui-mĂŞme deux fils, Adherbal et Hiempsal, entre
lesquels il comptait aussi diviser ses États. Avec ses enfants, Micipsa avait
élevé le fils naturel d'un de ses frères, Jugurtha, qui semblait avoir hérité
de l'indomptable courage et de l'ambition peu scrupuleuse de son aĂŻeul. Comme
Massinissa, c'Ă©tait le meilleur cavalier de l'Afrique, et nul n'attaquait le
lion avec plus de courage dans les grandes chasses du désert Polybe rapporte qu'en Afrique les lions attaquaient
des villes et que, lorsqu'il s'y Ă©tait rendu avec Scipion Emilien, il avait vu
qu'on en avait mis en croix pour l'exemple, parce que, croyait-on, la crainte
d'un pareil châtiment détournerait les autres de commettre la même faute Mais simplement en tant qu'Africain, Scipion Emilien
est lié au lion à travers le génie tutélaire de l'Afrique. Africa est simplement considérée
par les Romains comme la déesse topique de l'Afrique (surtout proconsulaire).
Parmi tous les Génies, il en est un qui protégeait spécialement la terre
d'Afrique : le Genius Terrae Africae,
divinité étrange, aux origines obscures, que l'on représentait avec un corps feminin léontocéphale confondue avec Tanit-Caelestis. Sous l'influence romaine, se produisit
une dissociation : entre la déesse qui s'humanisa totalement et l'animal - le
lion - qui devint son attribut. Figurée dès lors avec une tête humaine, coiffée
de la dépouille d'éléphant, la dea Africa reçut un culte privé qu'attestent de nombreuses
statuettes en terre culte ou en bronze Duel Un duel sans merci mit aux prises Rome et Carthage
depuis 218, et les opérations qui se déroulèrent en Italie, en Sicile, en
Espagne, en Afrique. En l'année 133, Numance se rendit à Scipion Emilien, qui
la rase Appien tira le récit du duel de Scipion Emilien avec
le celte de Polybe, livre XXXV, un de ceux qui sont aujourd'hui perdus. Mais ce
livre existait encore au dixième siècle, et Suidas,
dans son Lexique, en a extrait deux passages qui se
rapportent au duel de Scipion et du guerrier celte. Dans l'un on lit que
Scipion, avant le combat, était partagé entre deux sentiments. D'un coté la colère le poussait en avant, de l'autre il se
demandait s'il était raisonnable de répondre au défi du barbare. Par l'autre
fragment on voit qu'au début du combat le cheval de Scipion reçut une blessure
grave, mais qui ne le fit pas tomber, et que le guerrier romain, craignant une
chute prochaine, se hata de sauter en bas. Polybe
Ă©tait Ă Rome, vivant dans le monde politique romain, quand ce duel eut lieu. Il
en écrivit le récit une vingtaine d'années après, quelque temps avant la chute
de cheval dont il mourut, en 123, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Nous avons
donc chez Polybe, et chez Appien qui le
copie, le récit d'un contemporain et d'un homme bien informé, grave, digne de
toute confiance malgré les liens d'amitié qui l'unissaient à son héros. On a
perdu le livre oĂą Tite-Live racontait le mĂŞme duel. Mais si nous nous en
rapportons à son abréviateur Florus, l'historien romain donnait le titre de roi
au guerrier vaincu en duel par Scipion Emilien ("Vaccaeos,
de quibus Scipio ille posterior singulari certamino, cum rex fuisset provocator, opima rettulerat"). Au
premier siècle de notre ére, ce duel est mentionné
par Valére Maxime et par Pline le Naturaliste. Valère
Maxime dit que l'adversaire de Scipion était le chef de l'armée ennemie De Florus, "singulari
certamino" signifie "combat singulier"
(Gaffiot). Dans son Traité des devoirs,
Livre I, Cicéron qualifie Scipion Emilien de "singularis",
celui-là même qui détruisit Numance. L'Africain, cet homme admirable et ce grand
capitaine, n'a pas rendu un service plus important à la république en
détruisant Numance, que P. Vasica, à la même époque,
en mettant à mort Tib Gracchus de son autorité
privée : Nec plus
Africanus, singularis et vir
et imperator, in excidenda Numantia
reipublicae profuit, quam eodem tempore
P. Nasica privatus, quum Tib. Gracchum
interemit Scipion Emilien était surnommé le Jeune Africain
(Scipio minor, sive Æmilianus),
même si, plus tard à Numance en 133, il avait 52 ans Nous avons [de] nombreux duels, vrais ou légendaires, qui précèdent les batailles livrées aux Gaulois par les Romains, comme celui où, en 151 av. J.-C, lors du siège d’Intercatia par l’armée de Lucullus, Publius Cornelius Scipio l'Emilianus, encore simple tribun des soldats, excédé par les fanfaronnades d’un guerrier vaccéen, qui aurait été le roi de la ville, est réputé être sorti du rang pour le tuer en combat singulier. Par ce succès, il préluda à la prise de Carthage et de Numance, qui devaient le mettre au premier rang parmi les grands capitaines (Appien, De rebus hispaniensibus, c. 53 - Tite Live, Epitome 48 - Pline Histoire naturelle l. XXXVII 9 - Polybe l. XXXV, c. 5) (Henri D'Arbois de Jubainville, Etudes sur le droit celtique, Tome I, 1895 - books.google.fr, François Cadiou, Hibera in terra miles, 2008 - books.openedition.org). Le fils de l'Espagnol d'Intercatie,
dont Scipion Émilien tua le père après défi, avait un cachet où était figuré ce
combat: «Qu'eût-il fait, disait en riant Stilon Préconinus, si son père
eût tué Scipion ?» (Livre XXXVII) Un autre duel Et cependant Scipion retourna à Carthage la Neuve, pour payer aux Dieux les voeux qu'il leur avoit faics, pour donner au public un spectacle de Gladiateurs en l'honneur de son Pere & de son Oncle. Mais ce spectacle ne fut pas de ces sortes de Gladiateurs que les Maistres d'escrime ont accoutumé d'achepter, & qu'ils choisissent parmy les esclaves, & ceux qui vendent leur sang & leur vie, & la donnent pour de l'argent, car tous ceux qui combattirent furent des volontaires qui se donnerent gratuitement. En effet les uns, y avoient esté envoyez par les Princes de l'Espagne, pour faire monstre de la valeur naturelle à leur Pays, d'autres se presenterent d'eux-melmes pour l'amour de Scipion ; Quelques-uns y furent poussez par la passion qu'ils avoient de combattre contre d'autres braves qui ne refuserent pas le combat. Il y en eut aussi qui n'ayant pû terminer par la Justice leurs querelles, & leurs disputes, ou qui n'ayant pas voulu les terminer par, cette voye, estoient demeuré d'acord de les decider par les armes ; & que celuy qui seroit victorieux demeureroit aussi le maistre de ce qu'ils avoient contesté. Au reste ce ne furent pas des gens de pitite condition, mais des plus grands & des plus illustres de l'Espagne. En effet Corbis & Orsua cousins germains, qui estoient en dispute de la Principauté de la ville d'Ibe, se presenterent dans ce spectacle, pour decider à coups d'espées le differend qui estoit entre eux. Corbis estoit le plus vieux, mais le Pere d'Orsua avoit possedé le dernier la Principauté de cette ville, & y avoit succedé apres la mort de son frere, dont il n'estoit que le cadet. Scipion eúst bien voulu qu'ils n'en fussent point venus à une la fâcheuse extremité, & qu'ils eussent disputé leurs droits plustost par la raison que par les armes, mais ils le refusereut tous deux ensemble; & luy dirent qu'ils avoient refusé la mesme chose à leurs proches parens, & que des Dieux & des hommes ils ne vouloient point d'autre Juge que Mars. Le plus vieux se fioit en la force, & le plus jeune s’imaginoit que la fleur de l'âge où il estoit, luy donnoit de l'avantage. Mais au reste ils eussent mieux aymé mourir dans le combat, que de dépendre l'un de l'autre ; De sorte que ne pouvant se destacher d'une passion si furieuse, ils servirent de spectacle à toute l'armée, & monstrerent en mes me temps combien le desir de regner est un grand mal parmy les hommes. Enfin le plus vieux vint facilement à bout par son experience & par ses ruses de la violence du plus jeune. On ajousta à ce spectacle de Gladiateurs des Jeux funebres selon les commoditez du Pays, & selon l'appareil que l'on pouvoit faire dans un Camp (Tite Live, les décades, Tome 5 : VI. VII. VIII. IX. & X. Livres De La Troisiesme Decade, traduit par P. Du Ryer, 1695 - books.google.fr). La construction du premier vers peut placer le complément tête de phrase. Il existe de nos jours dans le royaume de Valence une petite ville, appelée Ybi (Ibi, près d'Alicante), "sin duda el monte donde hoy está la ermita de S. Miguel fue en lo antiguo el Castillo" (V. Cavanilles, p. 180); c'est l'ancienne Ibe (Pierre-André Boudard, Essai sur la numismatique ibérienne, 1859 - books.google.fr). Dans la région d'Alicante, selon l'Anonyme de Ravenne, il y avait un Leones ("les lions" en latin, peut-être Jijona près d'Ibi), relais non localisé entre Lucentes (Alicante) et Allon (Santa Pola ?) (Alain Badie, Le site antique de La Picola à Santa Pola (Alicante, Espagne), 2000 - books.google.fr). "mort cruelle" Scipion Emilien serait mort assassiné en 129, une
comète l'annonçant On avance l’idée de l’assassinat de Scipion par
Caius Gracchus, le frère de Tiberius Sempronius Gracchus, cousin et beau-frère de
Scipion, venait en effet d’être mis à mort par le Grand pontife et Princeps senatus Publius Cornelius Scipio Nasica Serapio, oncle des deux
hommes, après la mise en place des lois agraires d’inspiration populaire. Scipion
l'avait abandonné. Caïus Gracchus était le père de
Pline l'ancien La cage d'or Le Songe de Scipion (en latin, Somnium
Scipionis) est un texte de Cicéron, au sixième et
dernier livre du De Republica. Scipion Émilien, l'un des
personnages qui dialoguent dans le De Republica,
raconte un songe qu'il a fait une vingtaine d'années auparavant. Le texte fait
en quelque sorte pendant au mythe d'Er le Pamphylien dans La RĂ©publique de
Platon, une des références de Cicéron. Il est marqué par les thèmes
pythagoriciens et platoniciens. Le mysticisme qui l'imprègne lui valut son
succès auprès des auteurs chrétiens, dont Macrobe qui en assura par son
commentaire la transmission au cours des siècles. Au début de la Troisième Guerre punique, en 149
avant J.-C., Scipion Émilien, le philosophe et homme de lettres distingué, accompagnait
l'armée romaine en Afrique. Là , il rencontra le vieux Massinissa, prince de
Numidie, l'ami de son bisaïeul par adoption, le célèbre Africain (premier).
Après avoir passé la journée à discuter des institutions politiques de leurs
pays respectifs, et que le vieux prince eût rappelé ses souvenirs de l'Africain
aîné, pour lequel il gardait la plus vive affection, Scipion, fatigué par la
longue conversation, et épuisé par son voyage, se retira sur sa couche et tomba
vite en profond sommeil. Et tandis qu'il dormait, son grand-père lui apparut,
en songe, sous une forme ressemblant plus Ă celle de sa statue qui lui Ă©tait
familière que de sa propre personne. Et après avoir prédit les exploits futurs
de son petit-fils adoptif et les circonstances de sa mort dans tous leurs
détails, il continua ainsi (c'est Scipion qui relate l'histoire) : « Afin que tu
sois mieux préparé à protéger ton pays, soit convaincu de ceci. Tous ceux qui
ont préservé, aidé ou agrandi leur pays, ont au ciel une place certaine et
assignée, où ils jouissent de béatitude durant des âges sans fin. Car pour la
Déité Suprême, qui régit tout l'univers, rien, sur Terre, n'est plus agréable
que les assemblées et les réunions, où les hommes sont unis par la loi, et
qu'on nomme les États. C'est de ce lieu que viennent les régents et les
protecteurs des États, et où ils retournent. » Là -dessus, quoique extrêmement troublé, je demandai
si mon père Paul [Émile] et d'autres, que nous croyions disparus, vivaient
encore. « Très
certainement », répondit l'Africain, « ils vivent, car ils se sont libérés,
comme d'une prison, des chaînes de leur corps. Ce que vous appelez la vie est
la mort. Mais regarde ton père Paul qui s'approche de toi. » En effet selon une idée perpétuée par Platon, le
corps est une prison. Voire une cage d'or comme le propose M. Moreau de Mautour, d'une famille bourguignone dans le poème des deux pinçons inclus dans un
dialogue portant sur l'immortalité de l'âme paru en 1689 Philibert-Bernard Moreau de Mautour est un juriste français, poète, historien et antiquaire, membre de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, né à Beaune le 22 décembre 1654, et mort à Paris le 7 septembre 1737 (à 82 ans). Il a écrit beaucoup de petites poésies françaises, odes, épîtes, sonnets, épigrammes, madrigaux. Elles ont été imprimées dans le Mercure de France à partir de 1686 (fr.wikipedia.org - Philibert-Bernard Moreau de Mautour). Le Lion et le Verseau dans le Songe de Scipion Macrobe, dans son Commentaire sur le Songe
de Scipion, fait part d'une constellation du Lion liĂ©e Ă
l'incarnation des âmes et à la jeunesse des êtres humains, et d'une
constellation du Verseau liée à la mort des êtres humains. Aussi le premier Africain dit-il au jeune Scipion,
en parlant des âmes des bienheureux, et en lui montrant la voie lactée : « Ces
âmes sont parties de ce lieu, et c'est dans ce lieu qu'elles reviennent. »
Ainsi celles qui doivent descendre, tant qu'elles sont au Cancer, n'ont pas
encore quitté la voie de lait, et conséquemment sont encore au nombre des
dieux; mais, lorsqu'elles sont descendues jusqu'au Lion, c'est alors qu'elles
font l'apprentissage de leur condition future. LĂ commence le noviciat du
nouveau mode d'existence auquel va les assujettir la nature humaine. Or le
Verseau, diamétralement opposé au Lion, se couche lorsque celui-ci se lève; de
là est venu l'usage de sacrifier aux mânes quand le soleil entre au premier de
ces signes, regardé comme l'ennemi de la vie humaine Le zodiaque de la cathédrale de Sens représente le
mois de Janvier par un vieillard au repos De verseur d'eau dans les manuscrits d'astronomie,
le Verseau devient à partir de la fin du XIIe siècle, sur les métaux, un vieil
homme tirant de l'eau hors du puits, rappelant cette sentence de Firmicus Maternus : "A
certains il donnera du travail dans les services des eaux, mais toujours de
telle sorte qu'ils soient toujours usés par ces pénibles activités." Le
Verseau est habituellement associé à Saturne en domicile dans le signe, d'oû la représentation des trois manuscrits des Mawâlïd oû un homme âgé à peau
foncée remplit la laborieuse fonction ainsi que dans le Ms. T.S.K. Revan 1660 et le Ms. Sül. Fatih 4171. Dans le reste des miniatures il demeure un
jeune homme imberbe parfois couronné, à demi agenouillé, hissant la corde d'un
seau hors d'un puits Ceux qui sont, en naissant, arrosés des eaux que le
verseau ne cesse de répandre, ont à repousser les attaques du lion de Némée et
de tout son trigone, troupe d'animaux brutes, auxquels un jeune homme seul a le
courage de résister "champ bellique" Les termes sont d'origine latine : "bellique", du latin bellicus, relatif à la guerre, au combat. Et le latin duellum est aussi employé de manière archaïque pour désigner le combat (Patrice Guinard, Le décès du roi Henry II deux fois présagé par Nostradamus, 2007-2018 - cura.free.fr). Formellement le "champ bellique" est un champ de bataille et non l'espace carré ou rectangulaire délimité par deux rangées de barrières de bois, les lices, où se déroule un tournoi. Isidore's contemporary, Virgilius Maro Grammaticus, possibly a native from Aquitaine, provided in his Epitomae more peculiar definitions of the same terms. Similar to Isidore, he differed between war (bellum), combat (proelium), battle (pugnam), and fight (certamen). A battle, according to him, however, was primarily characterised by its duration as indicated by the wordelement praelo, whereas the similarity of the word bellum to belsa (field) led him to assume that wars were to be fought on a field (hoc est in campo) (Laury Sarti, Perceiving War and the Military in Early Christian Gaul (ca. 400–700 A.D.), 2013 - books.google.fr). Dans une scène du second acte du roman de Cervantès La Numancia, qui raconte le siège de la ville de Numance par Scipion Emilien, Marquino, le magicien, après plusieurs vaines tentatives pour contraindre une âme à rentrer dans le corps qu'elle venait d'abandonner sur le champ de bataille, afin d'obtenir d'elle la révélation des destinées futures de Numance, Marquino éclate en indignation et s'écrie : "Alma rebelde, vuelve al aposento / Que pocas horas ha desocupaste" (Ame rebelie, rentre dans la demeure — Que tu as cessé d'occuper il y quelques heures). L'âme obéit, rentre dans le corps (George Ticknor, Histoire de la litterature espagnole: Depuis l'avénement de la maison d'Autriche jusqu'a l'avénement de la maison de Bourbon. Deuxième Période, Tome 2, 1870 - books.google.fr). En Celtibérie, rapporte Suétone (Galba ut 2), hommes et femmes pratiquaient la divination. Un passage des Guerres civiles d'Appien montre aussi Scipion l'Africain le Jeune, en 134 avant J.-C, chassant de Numance «les devins et les sacrificateurs auxquels les soldats, devenus craintifs par suite de leurs échecs, recouraient fréquemment» (Marie-Laurence Haack, Prosopographie des haruspices romains, 2006 - books.google.fr). Typologie Les Açores En
1582 a lieu une bataille navale aux Açores où s’affrontent Franco-Portugais dirigés
par Strozzi et Espagnols. C’est un désastre pour les premiers. Les prisonniers
sont égorgés pour fait de piraterie (« mourir, mort cruelle »).
En 1583 une bataille terrestre cette fois a le même résultat. "deux classes une" signifie que de deux flottes affrontées, une seule est victorieuse : « La mer commencera estre demy pleine par diverses naufs et classes tant des Chrestiens que des Barbares : de deux classes une » (Almanach pour 1563, PQ d'avril), et, par extension, que de deux ennemis affrontés dans un combat à mort, un seul survit (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). L’objet de ces combats est la succession du Portugal dont le précédent roi, Henri le Cardinal, est mort en 1580. « Le vieux cardinal - il a 63 ans – […] podagre, miné par la tuberculose, ajoutera par ses hésitations au trouble croissant du royaume. [2] » Philippe II d’Espagne évince Don Antoine et prend le titre de Philippe Ier de Portugal (« Le lyon jeune le vieux surmontera »). L’Espagne accapare pour plus de 60 ans les richesses coloniales du pays. Strozzi - Scipion Quand l'objet d'un colloque est le pamphlet au XVIe siècle, il peut paraître incongru d'arrêter son choix sur Le Miroir des François. Ce n'est pas un de ces pamphlets que les historiens citent volontiers et qui sont liés aux plus tragiques péripéties des guerres de religion. Sa date - 1er octobre 1581 - est celle d'une année de trêve toute vouée aux intrigues et aux projets de politique extérieure. Son auteur reste caché sous le nom très obscur de Nicolas de Montand qui garde son secret et je ne débattrai pas ici des diverses identifications proposées, faute d'avoir trouvé pour aucune d'entre elles le moindre fondement historique. Le titre même est bien oublié, et s'il y eut, entre la fin 1581 et 1582, deux éditions de ce Miroir, comment savoir si elles firent quelque bruit ? Il y a pire. Est-ce bien un pamphlet ? On peut aisément, je dois l'avouer, soutenir que non, tant le texte est long - 497 ou 736 pages, selon la typographie - et sa matière, diverse. Si l'on attend, comme l'exigeraient l'étymologie anglaise et les premiers emplois du mot dans notre XVIIIe siècle, qu'un pamphlet soit bref, s'il convient d'y attaquer de bout en bout des hommes ou des idées pour en détruire l'autorité assurément Le Miroir des François n'est pas un pamphlet. Il y a pourtant bien un pamphlet dans ce Miroir, et le lecteur en est aussitôt averti, dès la préface, par la violence et l'actualité des propos : attaques contre l'Eglise de Rome et l'idolâtrie des papistes, déploration des «sanglantes guerres» qui désolent le royaume, menaces d'une vengeance divine et appel au châtiment immédiat des «massacreurs et bouchers volontaires qui ont tant espandu de sang en France» ; à n'en pouvoir douter, c'est un pamphlet réformé qui commence Son excessive longueur, qui contraria peut - être sa diffusion, ne pouvait suffire à le mettre à part. Un «libelle», comme on disait souvent où nous dirions pamphlet, ne se devait pas d'être bref pour frapper fort. Le Réveille-Matin, avec Le Réveille-Matin, avec les trois cent cinquante pages de ses deux dialogues, fit son effet tout autant que les quelques feuillets du Tigre, et c'est en 647 pages que le Cabinet du Roi, paru aussi en 1582, dénonce les paillardises, incestes et sodomies des gens d'Eglise. On peut même être sûr que le Miroir et sa force polémique ne passèrent pas inaperçus. L'Estoile, il est vrai, qui note si volontiers tout ce qui fait quelque bruit, n'en dit rien, de Thou non plus, et je n'ai pu trouver trace de cette Fausse Glasse du Mirouetier qui, à en croire la Bibliothèque historique, vint le censurer. [...] A la surabondance d'ornements, à l'apparent caprice dans le progrès des propos, s'ajoute une surprenante bigarrure dans le choix de ceux que l'auteur appelle ses «personnages parlants», ou du moins dans leurs noms : réels ou supposés, symboliques, allégoriques, il en est de toutes sortes, sans rien pour harmoniser ces rencontres. Entrent en scène tour à tour dans le livre I : Sem, Cham et Japhet, face à leur «parent» Nemrod et chacun, nous dit le sommaire, «représente» une manière de vivre ; puis, face à Versoris, «fameux advocat de la cour du Parlement», député du Tiers-Etat dont l'intervention fit grand bruit à Blois en 1577, le «seigneur Marcel», c'est-à -dire Claude Marcel, prévôt des marchands de Paris et intendant des finances, qui jusqu'à sa mort sut rester influent et en faveur à la cour ; après quoi viennent deux personnages masqués, Honorat et Tubalcaïn, tous deux «bien nez et rompus aux affaires d'estat» ; à leur suite, le Clergé, la Noblesse et le Tiers - Etat personnifiés, à moins qu'ils ne parlent par la voix de leur député ; Thémis, allégorie de la justice qui interroge le Politique, ainsi nommé, semble-t-il, non par référence au parti des politiques, mais plutôt parce qu'il est chargé d'exposer une une théorie des rapports entre le Roi et la Loi, et entre eux deux, pour un bref instant, un «Arcade», ou alcade espagnol. Dans le livre II, à nouveau des masques : Milon, «un excellent commissaire des guerres», et l'Italien Scipion, «bien entendu en l'art militaire», qui ont tout deux des prénoms romains, puis Bezeleel et Archimede, «deux bons Mathematiciens, Politiques et gens de bien». Comme Honorat et Tubalcain, ce sont là des pseudonymes et l'on pourrait peut-être, en étudiant minutieusement leurs fonctions, leurs qualités et les allusions à l'actualité, proposer des identifications. Il est même un cas où, par hasard, le masque tombe : dans certains exemplaires, au détour d'une réplique, Scipion l'Italien est nommé Strozzi, et voilà mis en pleine lumière Philippe Strozzi, l'amiral qui va mourir dans l'été 1582 à la tête de la flotte française dans l'expédition des Açores (Nicole Cazauran, Le Miroir françois, Le Pamphlet en France au XVIe siècle, 1983 - books.google.fr). Cage d'or : prison dorée de la Pax Romana La Pax romana a duré plusieurs siècles. Cette paix-là transforme le monde en une prison : «Partout où tu seras, disait Cicéron à Marcellus, n'oublie pas que tu te trouveras également à la portée du bras du vainqueur.» (Raymond Marcellin, La Guerre politique, 1964 - books.google.fr). Les peuples soumis à l'Empire Romain, sous le titre d'alliés, ou libres, jouïssoient de diverses prérogatives. Les premières conquêtes des Romains leur acquéroient plutôt des alliés que des sujets, mais à mesure qu'il les étendirent, ils crurent devoir agraver le joug qu'ils leur imposoient. Ainsi ils réduisirent en provinces les conquêtes qu'ils firent hors de l'Italie, les soumettant à l'autorité d'un Gouverneur, qui y exerçoit le pouvoir le plus despotique, & qui n'abusoit que trop souvent de la grande autorité, dont la République le rendoit dépositaire (Louis de Beaufort, La République romaine, ou Plan général de l'ancien gouvernement de Rome, où l'on développe les différents ressorts de ce gouvernement, 1766 - books.google.fr). Dans la foule des communes sujettes et tributaires, existaient, c'est vrai, en Grèce, comme dans toutes les provinces romaines, des cités privilégiées, celles qu'on appelait les villes libres [...] Athènes et Sparte. Mais quelle singulière liberté leur était ainsi consentie ! Leur constitution était, comme pour toutes les autres, fixée, une fois pour toutes, par Rome, et leur soi-disant liberté consistait dans la faculté de se mouvoir à l'intérieur du très visible grillage de cette cage dorée (Marquardt, De l'organisation financière des Romains, p. 104). En outre, les cités libres restaient légalement obligées de fournir des prestations gratuites de vaisseaux et de troupes, du grain à cours forcé, d'hospitaliser les fonctionnaires et les légions de Rome en déplacement (p. 103) ; parfois , quoique plus rarement, de verser les impôts habituels des provinces (Tacite, Annales 15,45) ; en tout cas, au-dessus de tout, dominait, invisible, toute puissante, la majesté du nom romain. Dans les termes du traité avec Rome se trouvait en effet insérée la formule coutumière touchant le maintien du pouvoir de Rome, — majestatem populi romani comiter conservato, (Cicéron, Pro Balbo 16,35-6) - et le caractère équivoque et voulu de l'expression elle-même donnait la mesure de l'indépendance des cités grecques «libres» à l'égard de la volonté du plus fort. Grâce à cette formule, les cités «libres» obéissaient en fait aux proconsuls, recevaient des ordres de Rome, soumettaient au gouverneur les actes de leur administration, envoyaient chaque année au Sénat une députation pour le prier de régler les affaires les plus intimes, sans que, pour cela, elles pussent trouver le moindre terrain solide, le jour où la bonne ou mauvaise volonté de la lointaine domination aurait voulu effacer un privilège gracieusement concédé (cf. Marquardt, p.104) (Corrado Barbagallo, Le déclin d'une civilisation: ou, La fin de la Grèce antique, traduit par Georges Bourgin, 1927 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Joachim Marquardt). Impérialismes espagnol et romain La Numancia de Cervantes (1547-1616), pièce écrite après son retour de
quatre ans de captivité à Alger, au début des années 1580, était le récit
tragique de l'anéantissement des Celtibères de Numance, en Espagne, par l'armée
de Scipion Émilien vers 134 avant notre ère. La tragédie opposait deux mondes,
celui des Celtibères et celui des Romains. L'identification moderne des
protagonistes dĂ©termine le sens donnĂ© Ă la notion d'empire, en Espagne Ă
l'époque moderne. Contrairement à certaines interprétations déjà anciennes, Cervantes n'identifiait pas la mission historique,
politique et morale de Rome avec celle du monde ibérique du XVIe siècle. Il
soulignait, au contraire, la dichotomie existant entre les deux empires, le
romain et l'espagnol. La tragédie de Cervantes se
veut une œuvre morale qui condamne l'« impérialisme » de Scipion, voulant
rénover l'idée impériale en renforçant cet idéal dans l'armée pour rendre plus
efficace son rĂ´le d'oppresseur, et justifier la guerre par la guerre par la
raison du plus fort. Les Numantins apparaissent comme
des sujets qui se sont soulevĂ©s contre l'injustice et la cruautĂ© des Romains Ă
leur égard. La portée de l'œuvre vise plus loin que la simple anecdote, et
définit l'idée d'empire en Espagne au XVIe siècle, en opposition à celle de
Rome. Pour Cervantes, l'empire espagnol est une
entité morale, qui ne relève pas de l'impérialisme romain. Le général est un froid stratège,
prêt à anéantir hommes, femmes et enfants, tandis que Numance est présentée
comme une ville fière, consciente de son sort, et prête à le subir dans la
dignité. Cervantes termine ainsi la première journée
de Numance par l'annonce de sa fin tragique, mais porteuse d'espérance, car le
sort cruel que lui a indirectement infligé à Rome a de quoi nourrir la rancœur
de Numance et préparer sa vengeance. Contrairement aux interprétations communes
de La Numancia, la rénovation de l'idée d'« empire »
romain, symboliquement signifiée par la recomposition de son armée devant
Numance, correspondait à une vision opposée à l'idée d'empire en Espagne au
XVIe siècle La conquête du Portugal par Philippe II remet en
question la conception de Cervantès. Marginalement, "cage d’or" entre en assonance avec Açores. L'or : El Dorado C'est ainsi que les actes de tabellionage de Rouen nous apprennent le voyage d'exploration du havrais Jacques de Vaulx sur les côtes du Brésil. Pilote royal et «cosmographe», il avait déjà été chargé en 1579, d'une reconnaissance militaire dans cette même région pour le compte de Philippe Strozzi, cousin de la reine Marie de Médicis. Sur une carte représentant le nord du Brésil, de Vaulx avait indiqué un emplacement favorable à un débarquement. Cette reconnaissance et la cartographie dressée par le «cosmographe» servirent à l'expédition de Strozzi partie du Havre en juin 1582. C'était le fameux «secret de la Reine», dont les documents conservés à la bibliothèque de l'Ermitage à Léningrad nous dévoilent les intentions de fonder un royaume français au Brésil dont Strozzi aurait été le vice-roi. L'expédition de 1584, ordonnée par l'amiral de Joyeuse est destinée à développer les relations commerciales entre la France et le Brésil. Au début du XVIIe siècle, les récits fabuleux de l'anglais Walter Raleigh qui répandent le mythe d'El Dorado, provoquent beaucoup d'émoi en Europe. Tous les monarques avides de richesses tournent leurs regards vers «le vaste, riche et bel empire de Guyane et la grande ville d'or de Manoa» (Jean Legoy, Le peuple du Havre et son histoire: Des origines à 1800, Tome 1, 1980 - books.google.fr). |