Tribulations

Tribulations

 

I, 67

 

1606-1607

 

La grand famine que je sens approcher,

Souvent tourner, puis estre universele,

Si grande & longue qu'on viendra arracher

Du bois racine & l'enfant de mammelle.

 

Tribulations

 

L'enfant arrachĂ© Ă  la mamelle est associĂ© par saint JĂ©rĂ´me (Commentaire sur IsaĂŻe : « tribulatio super tribulationem Â») aux tribulations (Is. XXVIII,9ss, au sujet des mauvais prophètes) (Oeuvres complètes de S. JĂ©rĂ´me, Partie 251, Volume 5, 1878 - books.google.fr).

 

La transformation dans la manière de décrire les disettes peut être observée notamment à travers l’emploi du mot tribulationes. Dans les textes des VIe-VIIe siècles, ce mot est utilisé pour désigner les épreuves personnelles traversées par des évêques ou des personnages disposant de la protection ou de la bienveillance divine. [...]

 

C’est dans un sermon de saint Éloi, édité sous le titre de Predicatio Eligii de supremo iudicio, qu’on voit pour la première fois pour le haut Moyen Âge une association entre tribulationes et famines – au moyen d’une association indirecte, qui se contente par ailleurs de reprendre le texte de Matthieu (24 :7-9). En parlant de l’avènement de l’Antichrist, Éloi affirme qu’on doit s’attendre à voir surgir guerre sur guerre, tribulation sur tribulation, famine sur famine, peste sur peste. [...]

 

L’association explicite entre famine et tribulationes est en réalité une création de la période carolingienne, et on l’observe pour la première fois dans une lettre écrite en 765 par Pépin le Bref à l’évêque Lull de Mayence (c’est également le premier texte carolingien à parler des pauperes). [...]

 

La nouveauté de cette association entre tribulationes et famine est d’abord le résultat de l’avènement d’une nouvelle royauté qui établit peu à peu une conception élargie des devoirs des princes envers les pauperes mais elle est aussi due au fait que l’hiver 763-764 a constitué l’un des plus rigoureux de toute la période carolingienne. Pas moins de dix-neuf textes le mentionnent, mais il s’agit pour la plupart de descriptions très sommaires qui disent toutes à peu près la même chose (que l’hiver a été très dur) et beaucoup d’entre elles ont source commune. L’exception étant les Annales de Xanten, qui parlent d’un gel continu de décembre 763 à février 764 et des chutes d’étoiles qui auraient fait penser que la fin du monde était imminente. [...]

 

La politique annonaire des Carolingiens qu’on retrouve dans quelques capitulaires constitue au départ une réponse à des situations perçues comme étant de «crise». L’aspect le plus important de cette politique, du moins sous le règne de Charlemagne, a été le contrôle des prix du pain et des céréales (Marcelo Cândido da Silva, Les disettes et les prix des denrées alimentaires à l’époque carolingienne, Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, 131-1, 2019 - journals.openedition.org).

 

"racine"

 

L'Histoire du nouueau monde dit, que les autres Indiens font le leur qu'ils nomment en leur langue Cazabby, d'vne racine venimeuse dite facca & par les Bresiliens Maniot. Ils arrachent quelque peu de ses racines, & les ayants rapees les taillent auec cousteaux de pierre, puis mettent toutes ces roüelles en vn sachet, & tant les pressent qu'ils en font sortir le ius. Cela fait ils estendent ces racines pressurees dessus vne grande paille de terre toute platte, & les laissent sur le feu iusques à ce que tout cela soit prins & lié comme vne tartre, puis on les expose au soleil pour les secher ; dont on fait des pains de deux sortes les vns espois & les autres defliez, Herodote au liu. 2. recite que quelques Egyptiens mangeoyent aussi du pain de racine de lis aquatique, appellé Late, fort commun après le decroist du Nil. Ils faisoyent aussi bouillir la graine comme celle de Pauot & en formoyent des pains cuits soubs la braise, & adiouste que par les campagnes de Babylonne il croissoit des Palmiers, du bout desquelz on faisoit du pain, du vin, du miel. Il y a des pays riere le Caton de Berne où on mange communement pain de chastaignes. En temps de famine, on en mange de gland, ou de racines de feugere, voire de briques, ou d'ardoise puluerisee qui ne se peuuent digerer. Pompee s'apperçeut au siege de Dyrrachium, du pain d'herbe qu'on y mangeoit (Le Thresor de Santé, ou Mesnage de la vie humaine, 1607 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1607 sur la date pivot 764 donne -79.

 

Caius Marcius Coriolanus soit Coriolan est une figure de la République romaine archaïque. Il appartient à la gens romaine patricienne des Marcii, descendants d'Ancus Marcius, quatrième roi de Rome. Il reçoit le surnom de Coriolanus pour avoir pris la cité volsque de Corioles en 493 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Coriolan).

 

Quand Sylla marcha sur Rome, aucun romain, depuis Coriolan, ne l'avait osé (Augustin François Creuzé de Lesser, De la liberté, ou, Résumé de l'histoire des républiques, 1832 - www.google.fr/books/edition).

 

Quintus Claudius Quadrigarius est un historien romain du début du Ier siècle av. J.-C., auteur d'une histoire romaine en 23 livres au moins, dont le récit commençait à la prise de Rome par les Gaulois (390 av. J.-C.) et allait jusqu'à l'époque de Sylla (au moins jusqu'en 82 av. J.-C.) (fr.wikipedia.org - Quintus Claudius Quadrigarius).

 

La plus ancienne mention un peu vague que nous ayons de la victoire de Marcus Furius Camillus sur les Gaulois remonte à Quintus Claudius Quadrigarius qui écrivait aux environs de l’an 80 avant notre ère (Hubert d'Arbois de Jubainville, Les Celtes, 1900 - www.arbredor.com).

 

Timagène Ă©tait originaire d’Alexandrie, oĂą il naquit probablement entre les annĂ©es 80 et 75 avant J.-C. ; il y fut fait prisonnier quand les Romains, commandĂ©s par Aulus Gabinius, s’emparèrent de cette ville, en l’an 55 avant J.-C., l’annĂ©e oĂą Jules CĂ©sar fit pour la première fois une expĂ©dition, en Grande-Bretagne et, pour la première fois aussi, passa le Rhin. Gabinius, qui avait Timagène dans sa part de butin, le vendit Ă  L. Cornelius Sulla Faustus, fils du dictateur. Affranchi probablement par Faustus, Timagène fonda Ă  Rome une Ă©cole, Ă©crivit des livres, fut admis dans l’intimitĂ© d’Auguste et d’Asinius Pollion. Mais la franchise brutale de son langage mĂ©contenta Auguste, qui lui interdit l’entrĂ©e de son palais. Cette trop hardie sincĂ©ritĂ© de Timagène fit fermer son Ă©cole ; il vieillit Ă  Tusculum chez Asinius Pollion et, probablement quelques annĂ©es avant notre ère, mourut près d’Albe, dans le Latium, d’un excès de table, en faisant pour vomir d’inutiles efforts. Ses Ă©crits sont perdus, on n’en connaĂ®t que des citations. La plus longue a Ă©tĂ© donnĂ©e sous forme de traduction latine par Ammien Marcellin au quinzième de ses Rerum gestarurn libri ; Ă©crits vers l’annĂ©e 390 de notre ère. Timagène paraĂ®t avoir connu la littĂ©rature mythologique des Gaulois, et aussi leur littĂ©rature Ă©pique. Suivant lui, les Celtes, c’est-Ă -dire les habitants de la Gaule, sont pour partie indigènes, les autres viennent 1° des Ă®les les plus Ă©loignĂ©es, 2° des rĂ©gions situĂ©es au delĂ  du Rhin. Tel est, d’après lui, l’enseignement des drasidae, lisez druidae. Les indigènes dont parle Timagène, c’est la population qui a prĂ©cĂ©dĂ© les Celtes. Les Ă®les les plus Ă©loignĂ©es, insulae extimae, d’oĂą serait venue une portion plus rĂ©cente de la population, c’est-Ă -dire d’oĂą serait arrivĂ© le premier ban du groupe celtique, c’est une rĂ©gion situĂ©e au delĂ  de l’OcĂ©an et oĂą, suivant la lĂ©gende irlandaise, règne Tethra, le roi des morts 399 ; en effet les Gaulois, suivant Jules CĂ©sar, l. VI, ch. 18, § 1, prĂ©tendent descendre de dispater, c’est-Ă -dire du dieu des morts, et d’après Jules CĂ©sar, c’est, disent les Gaulois, l’enseignement des Druides (Hubert d'Arbois de Jubainville, Les Celtes, 1900 - www.arbredor.com, fr.wikipedia.org - Histoire de l'Irlande primitive).

 

Lourdes pour le Trésor étaient les distributions annonaires. Depuis que Cayus Gracchus eut provoqué la première lex frumentariu (a. 631 o. c. = 123 av. J.-C.), ces largesses à la plèbe ne furent guère suspendues que sous la dictature de Sylla. Jules César retrancha, il est vrai, 170,000 inscrits sur 320,000; mais leur nombre ne tarda guère à remonter à 200,000 en moyenne (Bibliographie : Manuel des Antiquités romaines de Theodore Mommsen et Joachim Marquardt, Revue générale du droit, de la législation et de la jurisprudence en France et à l'étranger, Volume 12, 1888 - books.google.fr).

 

Sylla ou Sulla, en latin Lucius Cornelius Sulla (Felix à la fin de sa vie), né en 138 av. J.-C. et mort en 78 av. J.-C., est un célèbre général et homme politique romain de la fin du IIe et du début du Ier siècle av. J.-C..

 

Comme les consuls en charge qui sont proscrits sont morts, Sylla se fait nommer dictateur pour combler la vacance du pouvoir. La lex Valeria de décembre 82 marque le début de la dictature de Sylla. Ressuscitant une magistrature abandonnée depuis plus de cent ans, elle le nomme dictateur à vie (fr.wikipedia.org - Sylla).

 

Famine au début du XVIIe siècle

 

Le temps des troubles, en Russie, qui commence par l'affreuse famine de 1601, pire que les disettes d'Occident à la même époque (XVIIe siècle, Volume 7, 1955 - www.google.fr/books/edition).

 

As in the English famine in 1607 and 1608, disastrous weather is to blame, along with hoarding of produce by some institutions and individuals (Honan, 1998, p. 241). [...] REYNOLDS (2000, pp. 107-32): In 1607-08, the high price of corn and famine were serious, resulting in disturbances that were quelled by military forces and punished by executions. The insurrections were caused by a demand for economic redress only. Shakespeare altered Plutarch to concentrate the plebeians' unrest on one point, scarcity of com, and this made the audience ready for "a relevant political statement on the Midlands crisis." Coriolan is comparable with Elizabeth I, Raleigh, and especially James I in his monarchism. See also GEORGE (2000: 60-72) for the grain-price tables of Rogers and Lloyd (David George, A New Variorium Edition of Shakespeare Coriolanus, Volume II, 2019 - www.google.fr/books/edition).

 

La pièce Coriolan (1609) de Shakespeare s'ouvre sur les revendications des citoyens qui ont faim, à qui Menenius offre la parabole du ventre en réponse. La famine est lisible sur leur corps à travers leur maigreur. Pour eux, mieux vaut périr que d'endurer les affres de la faim (1.1.45). Cette insistance sur la faim constitue l'un des changements majeurs de Shakespeare par rapport à ses sources. Chez Plutarque, c'est l'usure qui se place au premier plan des revendications du peuple. Cette modification permet de mettre en avant dès le début un réseau d'images essentiel à la pièce, celui de la nourriture. Nombre de critiques ont en outre remarqué que ce changement permettait de mettre en relief le contexte contemporain, puisque d'importantes émeutes paysannes se sont déroulées en Angleterre en 1607-1608. D'abord en réaction au mouvement de la clôture des terres, ces troubles eurent aussi de plus en plus pour cause la pénurie de blé et l'inflation qui en découlait. D'emblée, à travers ces images, Coriolan se révèle comme au plus près des réalités les plus brutes de l'existence. Point d'envolées lyriques ampoulées : c'est de survie qu'il s'agit ici (Frédérique Fouassier, La violence du corps dans Coriolan, Coriolan de William Shakespeare, Langages, interprétations, politique(s), 2013 - www.google.com/books/edition).

 

L'histoire nous apprend également qu'en l'an 1608 il y eut, en Angleterre, une famine si grande qu'on en vint à manger de la chair humaine (Du Tillet, Recueil des roys de France, III, p. 63) (Louis-Mathurin Moreau-Christophe, Du probléme de la Misére et de sa solution chez les peuples Anciens et Modernes, 1851 - www.google.fr/books/edition).

 

Fez connut encore la famine en 1607-1608, nous le savons par une anecdote rapportĂ©e par Qadiri. Abdallah Sayidi Muhammad al Andalusi avait un don de divination : «il vint Ă  passer un jour Ă  Fez auprès d'un four. Ferme ton four, dit-il au boulanger, car le temps est proche oĂą le blĂ© sera cher. Il s'agissait de la famine de 1016 (1607-1608). «Le peuple va manger les enfants», disait-il encore en passant dans les rues. On ne sait si vĂ©ritablement, comme en 1662, des cas de cannibalisme se produisirent. A travers les lettres envoyĂ©es rĂ©gulièrement aux Etats GĂ©nĂ©raux des Provinces Unies par leur reprĂ©sentant P.M. Coy Ă  Marrakech, nous voyons les Ă©preuves endurĂ©es par la population. «La peste et la disette sĂ©vissent si terriblement que dans la ville (Marrakech) il meurt chaque jour 900 Ă  1.000 personnes» (mai 1606) (B. Rosenberger, H. Triki, Famines et Ă©pidĂ©mies au Maroc aux XVIe et XVIIe siècles, Famines et Ă©pidĂ©mies au Maroc, Hesperis-Tamuda, 1973 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1606, il y eut une famine si affreuse, à Van et à Erzronm, que le père mangeait son fils et le fils son père; il ne resta ni chien ni chat: tout était dévoré. La famine fit tant de victimes qu'on n'en tenait pas compte par tête: on faisait de grandes fosses, que l'on remplissait. Arak. chap. VII. (Collection d'historiens arméniens, 1874 - books.google.fr).

 

On raporte qu'en l'annĂ©e 1608. le froid fut si grand en France, en Allemagne & dans les pays Septentrionaux, que les plus grandes RiviĂ©res furent entiĂ©rement glacĂ©es ; que les Carosses & les Charettes passoient dessus (Jean Martin de La Colonie, MĂ©moires, contenant les Ă©vènemens de la guerre dep. 1e siège de Namur 1692 jusqu'Ă  la bataille de Bellegarde, 1717, Tome 2, 1737 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain X, 66 - Pocahontas - 2225-2226.

 

En 1607, John Smith fonde Jamestown, appelée ainsi en l'honneur du roi Jacques Ier, en Virginie, appelée ainsi en l'honneur de la reine Eisabeth. Tour à tour pirate en Méditerranée, soldat dans l'armée hongroise, prisonnier des Turcs, cet aventurier de vingt-sept ans a mis toute son énergie au service de la Compagnie de Londres En 1609, blessé par l'explosion d'un baril de poudre, il doit regagner l'Angleterre. Un an plus tard, la Virginie ne compte plus qu'une soixantaine de colons affamés (Histoire universelle: Les temps modernes, par L. Mazoyer et F. Souchal: Le XVIIe siècle, 1960 - www.google.fr/books/edition).

 

"souvent tourner"

 

"Moulin de Famine" se trouve à Saint Julien du Sault dans l'Yonne. "Moulin Famine" se trouve à Charzais près de Fontenay-le-Comte (en Vendée) où fut imprimé un ouvrage du Jésuite Baile.

 

L'ouvrage de Thomson fait partie des réponses faite au Catechisme des controverses du jésuite Guillaume Baile. Ce Catechisme connaît des impressions à Paris, mais aussi en Poitou (Poitiers et Fontenay-le-Comte) (George Thomson, La chasse de la beste romaine, ou est refute 23. chap. du Catechisme & abregé des Controuerses de nostre temps touchant la religion catholique, imprimé a Fontenay le Comte en l'an 1607, 1612 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1609, AndrĂ© Rivet, originaire de Saint-Maixent et pasteur Ă  la maison des TrĂ©moĂŻlle Ă  Thouars, fait paraĂ®tre une rĂ©ponse Ă  un ouvrage du jĂ©suite Guillaume Baile. Une première Ă©dition du Catechisme Ă©tait parue en 1607, auquel Rivet rĂ©pondait en 1608. Baile ayant depuis ajoutĂ© des questions Ă  ce catĂ©chisme, Rivet a voulu les prendre en compte dans une seconde Ă©dition de sa rĂ©ponse, qui date de 1609 ; elle compte près de 900 pages (Margaretha (Margreet) Dieleman, Le baptĂŞme dans les Eglises rĂ©formĂ©es de France (vers 1555-1685) : un enjeu confessionnel, 2018 - www.theses.fr).

 

Thomson assure que le pape est l'Antéchrist, qui est lié aux fléaux des cavaliers de l'Apocalypse, dont la famine.

 

L'Antéchrist est attendu, un grand tableau de l'église Saint-Romain à Rouen évoque sa venue dans un ciel de météores et de comètes (Jean-Marie Homet, Le retour de la comète, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

En France

 

Les prix furent moins élevés sous le règne d'Henri IV que sous la Ligue ; ce fut une période de déflation et de baisse limitée des prix, ce qui explique à la fois l'espèce de soulagement de la population et la popularité du roi, tandis qu'au contraire le commerce et les fabrications, n'étant plus stimulés par la montée des prix, déclinaient (Hubert Louis Richardot, Histoire des faits économiques jusqu'àla fin du XVIIIe siècle, 1965 - books.google.fr).

 

C’est dans le domaine de l’agriculture que l'impulsion du principal ministre d'Henri IV, Sully, va se montrer la plus forte : proclamation de la libertĂ© de commerce des grains, abolition de pĂ©ages entre les provinces, incitation Ă  une plus forte production, afin de vendre hors des frontières. Les surfaces cultivables sont insuffisantes ? Que l’on assèche les marais ! Pour protĂ©ger les paysans, il interdit la saisie de leurs instruments de labour et leur accorde une remise sur les arriĂ©rĂ©s de la taille (Avec Sully, labourage, pâturage et vif essor de l’agriculture ! - agriculture.gouv.fr).

 

Tribulations littéraires

 

Giacomo Affinati d'Acuto est un dominicain romain du début du XVIIe siècle, auteur de trois notables ouvrages de spiritualité. Son second ouvrage : Il monte santo della Tribulazione fut traduit en français par le prosateur dominicain réputé Nicolas Coeffeteau, alors prieur du couvent parisien de Saint-Jacques. Le titre français portait : La montagne sainte de la tribulation : qui est un traité des afflictions et de leurs remèdes composé premièrement en latin… et puis mis en français par F. Nicolas, etc., Paris, 1606, puis Lyon, 1620, in-12, 522 p. C'est un ouvrage d'une piété solide, un peu austère, rude, exhortant à tirer parti des épreuves, misères, afflictions envoyées par la Providence. Il n'y a dans ce livre ni mièvrerie, ni fausse complication. Coeffeteau sut se conformer au style sobre et ferme de l'original italien. Il dédia sa traduction à l'un de ses compatriotes, Adam de Heurtelou, évêque de Mende (Hubert Louis Richardot, Histoire des faits économiques jusqu'àla fin du XVIIIe siècle, 1965 - beauchesne.immanens.com).

 

Nicolas Coeffeteau, né à Château-du-Loir (dans le Maine) en 1574 et mort à Paris le 21 avril 1623, est un prédicateur et théologien français, également homme de lettres, historien et traducteur, considéré en son temps comme un grand prosateur de la langue française et dont la pureté de langage servit de modèle à Vaugelas. Il entre au couvent dominicain de Sens en 1588 et poursuit ses études au collège du couvent de Saint-Jacques de Paris. Il est nommé aumônier de Marguerite de Valois en 1602, puis prédicateur ordinaire de Henri IV en 1608. En 1614, il fait paraître le premier d'une série d'ouvrages polémiques dirigés contre les protestants. Ami de Malherbe et des hommes de lettres, il publie en 1615 une traduction remarquée de l’Histoire romaine de Florus. Le 12 juin 1617, il devient évêque titulaire de Dardanie et administrateur du diocèse de Metz. Sa mauvaise santé l’empêche de se rendre à Marseille, où il est nommé évêque en 1621. Après son Tableau des passions humaines, paru en 1620, son Histoire romaine est publiée en 1621 (fr.wikipedia.org - Nicolas Coeffeteau).

 

TraitĂ© de la tribulation, divisĂ© en deux livres. Le premier traicte des Tribulations particulières ; le second, des GĂ©nĂ©rales ; l'un et l'autre des remèdes d'icelles. Escrit en Espagnol par le R.P. Ribadeneyra, de la Compagnie de JĂ©sus. Nouvellement mis en François, par le P. François Solier de la mesme Compagnie. A Douay, de l'Imprimerie de Baltazar Belleren, 1599, in-16, pp. 473, sanqs les lim. - TraitĂ© de la Tribulation, Ă©crit en Espagnol et mis en François, par F. S. L. Lyon, 1606, in-12 (Augustin et Alois de Backer, Bibliothèque des Ă©crivains de la Compagnie de JĂ©sus, 1853 - www.google.fr/books/edition).

 

"tribulation" : Empr. au lat. chrĂ©t. tribulatio «tourment, angoisse», dĂ©r. de tribulare «presser avec la herse, Ă©craser», au fig. en lat. chrĂ©t. «tourmenter; torturer l'âme pour Ă©prouver sa foi» (www.cnrtl.fr).

 

Tribulation est apparu avec un sens religieux, «adversitĂ©s voulues par Dieu» ; il s'est laĂŻcisĂ© très tĂ´t (1155) pour dĂ©signer une Ă©preuve physique ou morale, sens vivant Ă  l'Ă©poque classique et sorti d'usage. Rattacher Ă  la racine -ter (tour, tourner, trier) qui a donnĂ© le latin terere et ses dĂ©rivĂ©s en tri- (Alain Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, 2011 - www.google.fr/books/edition).

 

Tribouiller, qu'on écrivoit autrefois tribouler, a la même étymologie que tribulation, qui vient du latin tribula ou tribulum, espèce de traineau dont on se servoit pour faire sortir le grain de l'épi (M. Auger, Oeuvres de Molière, avec un commentaire, un discours préliminaire, et une vie de Molière, Tome 7, 1823 - www.google.fr/books/edition).

 

Poitou : «tribouler», rouler, tourner. Tribouler les yeux, tourner les yeux de manière à en montrer le blanc (Eugène de Chambure, Glossaire du Morvan. Etude sur le langage decette contree compare avec les principaux dialectes de la France, 1878 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : LSSD, lessad

 

lessad (irlandais) : improving (to correct) (Gerard Murphy, Early Irish Metrics, 1961 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1594, le comte Hugh O'Neill se révolta. Ce conflit avec l'Angleterre dura neuf ans et les Irlandais remportèrent plusieurs batailles. En 1607, O'Neill quitte l'Irlande pour le continent (peut-être pour chercher de l'aide) avec une centaine de partisans, c'est la Fuite des Comtes. O'Neill et O'Donnell sont inculpés de haute trahison et leurs biens saisis par le pouvoir anglais. Dès lors, colons écossais et anglais s'installèrent dans tout le nord du pays (Derry devint Londonderry...), transformant cette terre en une colonie anglo-saxonne de confession anglicane ou presbytérienne (Irlande 2018 Carnet Petit Futé, 2018 - www.google.fr/books/edition).

 

Dès 1603, la révolte de l'Ulster fournit l'occasion de dépeupler la province par la guerre et la famine, et en 1607, on y appelle des émigrants anglais : c'est ce qu'on a appelé la plantation of Ulster (Charles Seignobos, La monarchie anglaise de 1600 à 1660 environ, Revue des cours et conférences, 1896 - www.google.fr/books/edition, Pierre Blanc, Terres, pouvoirs et conflits: Une agro-histoire du monde, 2020 - books.google.fr).

 

Foreign families settling in the suburbs of Dublin were regarded as responsible for 'many disorders and wicked acts', and 'sturdy beggars, young and old' represented the 'great danger' of 'breeding infection and other contagious diseases'. The house of correction and bridewell, based on the London model in which the sturdy poor would be punished and set on work, were first mooted in Ireland at the end of the sixteenth century. In 1602 Sir George Cary proposed a building for 'the poor, sick and maimed soldiers or other poor folks or a free school or college or else a place for punishing offenders' like the bridewell in London. Perhaps because of its ill-defined aims, Cary's hospital failed to fulfil any of those functions, and became the residence of Sir Arthur Chichester, the lord deputy, and later the site of the parliament house. A bridewell was in fact built in close proximity to the hospital in 1604–5 at the proposition of Dr Lucas Challiner, fellow of Trinity College, Mr John King, James Ware and Alderman James Carroll. The purpose was to reform the able poor through setting them on work on stocks of materials (wool, hemp, flax, iron), and to turn a profit. In 1609, however, the city corporation withdrew its permission to make the building a bridewell and allowed it to be put to other uses. Later attempts to establish a house of correction in Dublin were marginally more successful, St John's house steeple being converted to such a purpose in 1630. Most success in the establishment of such houses for the reformation of the poor and the disciplining of the recalcitrant was achieved in the south of the country in towns such as Bandon, Bandonbridge and Mallow, where under the auspices of New English proprietors such as the earl of Cork in the 1630s some ventures prospered. In Ulster houses of correction were established at Derry and Armagh. Belatedly the central government established a legislative framework within which such projects could be organised with at least one house of correction in each county. This proposal in 1635 which was to be supported by the revenues from a county levy or rate was delayed at the request of prominent parliamentarians for a space of five years. The impression is gained that the disciplinarian type of  institutions had a very slow beginning in Ireland and that many local authorities were less than fully committed to their establishment (C. Lennon, Dives and Lazarus in Sixteenth-Century Ireland, Historical Studies, Volume 21, 1958 - www.google.fr/books/edition).

 

Bridewells or houses of correction, were established by statutes of 1576 and 1598, consolidated in 1601 and 1610, which embodied the distinctions between the poor who sought work but could not find it, the able-bodied vagabonds and the old, sick and otherwise unable to work. Setting the poor on work was the avowed intent of legislators, and houses of correction were intended to provide schemes for employment. In practice, from the early seventeenth century onwards, the distinction between the unable and the unwilling to work was not sustained. Inadequate understanding of economic forces and a powerful association in the minds of the ruling classes between poverty and disaffection produced, from the appearance in the early years of the century of houses of correction at Newton Abbot, Tavistock, Chulmleigh and Honiton, orders despatching petty criminals as well as the indigent poor there. Not only did this perversion of the declared purpose of bridewells - the appearance of which the Webbs surely post-date - spring from prevailing notions of the status of the poor, but also from the administrative structure of poor relief which was, from the mid-sixteenth century, essentially parochial (Stephen K. Roberts, Recovery and Restoration in an English County : Devon Local Administration 1646-1670, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

Bridewell Prison and Hospital was established in a former royal palace in 1553 with two purposes: the punishment of the disorderly poor and housing of homeless children in the City of London. Located on the banks of the Fleet River in the City, it was both the first house of correction in the country and a major charitable institution (reflecting the early modern definition of a "hospital"). Its records provide valuable evidence of both petty crime and pauper apprenticeships in the eighteenth century (www.londonlives.org).

 

Dans une lettre Ă©crite durant l’hiver 763-764, le Pape Paul Ier s’inquiĂ©ta pour la santĂ© des trois enfants du roi PĂ©pin après l’avoir informĂ© qu’il Ă©tait sans nouvelles depuis des mois de l’empire et de la cour de Byzance. En 764 et 765, le roi interrompit les campagnes annuelles des Francs contre l’Aquitaine. Des sources insulaires, irlandaises et anglo-saxonnes, et les annales franques de Saint-Amand, mentionnent la fureur du temps hivernal en 764; en Irlande et dans le nord-ouest de la France, la couverture neigeuse dura presque trois mois, entrainant une grande raretĂ© des grains et la famine. La chronique mĂ©ridionale de Moissac est la seule Ă  dater cet hiver extrĂŞme deux annĂ©es plus tĂ´t, en 761-762. Elle donne des dĂ©tails inĂ©dits Ă  propos de l’amplitude gĂ©ographique et de la rigueur du climat : «Un grand gel opprima les Gaules, l'Illyrie et la Thrace et, assĂ©chĂ©s par le gel, de nombreux oliviers et figuiers furent dĂ©truits et les semences des moissons furent dĂ©truites ; l'annĂ©e suivante, la faim opprima ces rĂ©gions gravement, de telle sorte que de nombreux hommes pĂ©rirent Ă  cause du manque de pain». [...] Les sources byzantines ne permettent pas de trancher (761/762 et/ou 763/764), mais confirment l’étendue gĂ©ographique et le caractère tout Ă  fait exceptionnel de ces hivers des annĂ©es 760, en indiquant que le Bosphore et la Mer Noire furent pris par les glaces et que des icebergs se formèrent en MĂ©diterranĂ©e orientale (Jean-Pierre Devroey, La politique annonaire des Carolingiens comme question Ă©conomique, religieuse et morale, 2018 - dipot.ulb.ac.be).

 

Et toutes ces tribulations que nous souffrons dans cette vie sont comme la verge dont Dieu se sert pour nous corriger, afin de n'avoir pas à nous condamner à la fin de notre vie (Et totum quod patimur, tribulationes in haec vita, flagellum Dei est corrigere volentis, ne damnet in fine) (Augustin, Sermon XXII, Série I, Œuvres complètes de Saint Augustin, Tome 16, 1871 - books.google.fr).

 

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