Les Condé en Bourgogne

Les Condés en Bourgogne

 

I, 80

 

1616-1617

 

De la sixiesme claire splendeur celeste

Viendra tonner si fort en la Bourgogne :

Puis naistra monstre de treshideuse beste :

Mars, Apvril, May, Juing, grand charpin & rongne.

 

Ce quatrain est à mettre en relation avec le II, 76. La foudre (attribut de Jupiter) miraculeuse que l'on retrouve ici par le tonnerre est un élément de merveilleux de la chanson de geste Girart de Roussillon. Elle sépare les armées de Charles et de Girart lors d'une bataille située près de Vézelay, à Vaubeton.

 

La "sixieme claire splendeur" serait Jupiter (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

"tres hideuse beste"

 

"tres hideuse beste" se rencontre dans la Chronique des ducs de Brabant écrite par Edmond de Dynter du temps où les ducs de Bourgogne en étaient possesseurs C'est l'apparence du pape Benoît VIII ou IX du temps du roi de France Philippe Ier fils d'Henri Ier (Edmundus de Dynter, Chronique des ducs de Brabant: Comprenant les livres I, II et III, Volume 1, Numéro 2, 1854 - books.google.fr).

 

La réputation de Benoît IX est une des pires de celles que nous ont transmises les chroniqueurs contemporains. Saint Pierre Damien (1007-1072), par exemple, l’a décrit dans le Liber Gomorrhianus, comme «… pataugeant dans l'immoralité, un diable venu de l'Enfer déguisé en prêtre» ou comme «… un apôtre de l'Antéchrist, éclair envoyé par Satan, fouet d'Assur, fils de Bélial, puanteur du monde, honte de l'humanité» (fr.wikipedia.org - Benoît IX).

 

Pierre Damien, en l'épître à Nicolas II, et Platine, et le Faisceau des temps, et Baronius décrivent ce pape comme un monstre (Pierre Du Moulin, Anatomie de la messe (1640), 1848 - books.google.fr).

 

Quand les bénédictins de l'abbaye tirent dédier leur église par Benoît IX, le 15 octobre 1040, en présence de tout l'épiscopat provençal, ils déclarèrent que leur monastère, fondé près de Marseille a l'époque d'Antonin, était illustré non  seulement par saint Victor et ses compagnons, mais encore d'une manière spéciale par Hermès et Hadrien, auxquels il fallait joindre Lazare le ressuscité. Évidemment l'épitaphe de Lazare, qui était venu  de Palestine à Marseille vers 416 et dont ils possédaient la tombe, leur avait donné l'idée de l'identifier avec le ressuscité. Cette épitaphe note que Lazare avait été évêque; ils en firent le premier évêque de Marseille où il reposait (Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle: études d'histoire et de géographie politique, Tome 1, 1908 - books.google.fr).

 

L'abbaye de Vézelay (diocèse d'Autun) à la même époque prétendait abriter, vers 1037 le corps de Marie-Madeleine (Michel Bertrand, Histoire secrète de la Provence, Tome 4, 1978 - books.google.fr).

 

Théodose II, en 438, prolongea la lutte et par son fameux code qui porta son nom, tenta d'éradiquer la prostitution réglementée en faisant fermer les lupanars, ce qui provoqua une explosion de la prostitution clandestine (code dit «théodosien»). La plus ancienne législation médiévale remontait à Charlemagne, «statuts de la juridiction de la prostitution». En 808, le texte capitulaire précisait que les femmes de mauvaise vie pouvaient être punies de la flagellation et que «le propriétaire de la maison qui aurait donné asile à une prostituée sera condamné à porter cette femme à son cou depuis sa maison jusqu'à la place du marché public.» Benoît IX, en 1039, restaura les maisons closes en vigueur dans la Rome ancienne (Serge Pacaud, La prostitution à Bordeaux: au temps de la tolérance, 2007 - books.google.fr).

 

Code théodosien

 

D'après la Chronique de France, de François de Belleforest (1530 - 1583) publiées en 1617, les Sarrazins ayant détruit la ville d'Aix en 741, Gérard de Roussillon fit transporter le corps de la sainte d'Aix à Vézelay. Quoiqu'il en soit, les reliques de sainte Marie-Madeleine ne sont plus à Vézelay. Il est probable qu'elles furent brûlées par les Huguenots, lors des guerres de Religion (Annales, Académie royale d'archéologie de Belgique, 1908 - books.google.fr, (Le thresor des histoires de France, Jean Corrozet, 1617 - books.google.fr).

 

Il s'agit de l'édition de 1617 des Chroniques et annales de France par Nicole Gilles et depuis additionnées par Denis Sauvage jusqu'à François II, revues, corrigées et augmentées jusqu'à Charles IX par Belleforest augmentées et continuées depuis Charles IX jusqu'à Louis XIII par G. Chappuys (data.bnf.fr - Francois de Belleforest).

 

On ne peut pas douter que le Comte Gerard n'ait fondé l'Eglise, ou Monastere de Vezelay par son Testament, & que ce Testament n'ait esté receu & confirmé par Jean VIII. & que ce Monastere ou Eglise n'ait esté mise par son Fondateur sous la protection de Saint Pierre, & de Saint Paul, c'est-à-dire, de l'Eglise Romaine, sans aucune derogation aux sacrez Canons qui soumettent les Clercs & les Moines à la puissance des Evesques selon la forme canonique. Mais on peut dire avec verité, que le Testament du Comte Gerard qui se trouve dans l'histoire du Monastere de Vezelay, & qui est produit au procès, n'est pas le veritable Testament de ce Comte, n'estant pas croyable qu'il l'ait fait sine die & consule qui est vn caractere necessaire pour la validité de semblables pieces.

 

La premiere loy du Code Theodosien y est expresse: Si quae post hac edicta sive constitutiones sine die & consule fuerint deprehensa auctoritate careant.

 

Ce Testament n'est pas vn original, c'est vne copie transcrite dans l'histoire de Vezelay ; mais non statur exemplo, nisi constet de originali Authent. Si quis in aliquo. C. de eden. Ubi deficit exemplar, exemplum deduci non potest. L. in testamento de condition. & demon.

 

Les Moines en transcrivant ce Testament, l'ont pu corrompre, en y fourrant des clauses qui n'estoient pas dans l'original, & qu'ils on cru pouvoir servir à induire quelque indépendance de la juridiction de l'Evesque d'Autun (Jean de Launoy, Reflexions sur la procedure des doyen, chanoines et chapitre de Vezelay, 1672 - books.google.fr).

 

Au sud, où l'élément romain était prépondérant, la loi qui s'appliqua de nouveau à tous fut la législation romaine représentée par sa dernière codification occidentale, le code Théodosien, d'où le nom de droit écrit qui lui fut donné au moyen âge.

 

Or la limite, au moyen âge, des pays de droit écrit (droit romain) et des pays de droit coutumier traversait justement la Bourgogne, laissant en pays de droit écrit le Mâconnais tout entier et le sud de la Bresse louhannaise. C'est encore vers Tournus qu'aboutit sur la Saône cette importante ligne de démarcation qui partageait presque également la France (Bulletin de la Section de géographie, Volumes 33 à 34, 1919 - books.google.fr).

 

Le roi Gondebaud, auteur de la loi Gombette, autorisa ses sujets à suivre le droit romain. Lors de la réunion de la Bourgogne au royaume des Francs, cela ne fut pas aboli (Jean Bouhier, Les Coutumes du duché de Bourgogne, Tome 1, 1742 - books.google.fr).

 

On sait qu’aucun des manuscrits qui nous sont parvenus à travers les événements du moyen-âge, ne contient le Code Théodosien en entier, et qu’il a fallu reconstituer cette précieuse collection encore incomplète, au moyen des débris que des mains habiles se sont efforcées, à des époques diverses, de recueillir. C’est cette œuvre commencée par Pierre Ægidius et par Sichard, au XVIe siècle, continuée par du Tillet, par Cujas avec le concours d’Etienne Charpin et de Pierre Pithou, par Annibal Fabrot, par Jacques Godefroi et par son éditeur Marville, par Bitter au XVIIIe siècle, et de nos jours par MM. Clossius et Peyron, que M. Haënel a voulu compléter et amener à fin, en produisant tout ce qu’il était possible de recueillir (Recueil de l'Académie de législation de Toulouse, Tome 4, 1855 - books.google.fr).

 

Cujas, dans la préface de son Code Théodosien, édité à Lyon, chez Guillaume Rouville, en 1566, témoigne une gratitude particulière pour un prêtre perpétuel de l'Église de Lyon, Etienne Charpin, arrière-grand-oncle de notre ancien confrère à l'Académie de Lyon, M. le comte de Charpin-Feugerolles. Étienne Charpin avait, en effet, retrouvé à Lyon et communiqué à Cujas plusieurs livres du Code de Théodose : "Primam gratiam habeo a Stephano Charpino, homini mire studioso et erudito et probo, a quo inventi et proditi sunt hi libri VI, VII, VIII" (E. Caillemer, L'enseignement du droit à Lyon avant 1875, Le deuxiéme centenaire de l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 1700-1900, 1901 - books.google.fr).

 

Le code Théodosien est un code de lois rédigé sur l'ordre de Théodose II de 435 à 438, et qui réunit les constitutions impériales depuis Constantin, selon un classement par thème. Un des seize livres du Code théodosien, le dernier, est consacré à la matière religieuse. Il commence par un titre dénommé De fide catholica et se termine par un autre intitulé De religione; entre les deux, neuf titres sont consacrés aux évoques, églises et clercs ; aux moines ; aux hérétiques ; aux apostats ; aux juifs ; enfin aux païens. C'est la première fois que la sphère du religieux forme un ensemble spécifique dans un ouvrage juridique (Joëlle Beaucamp, Législation et refus de(s) dieux(x) dans l'Antiquité tardive, Nier les dieux, nier dieu: actes du colloque organisé par le Centre Paul-Albert Février, UMR 6125, 1er et 2 avril 1999, 2002 - books.google.fr).

 

"charpin"

 

charpin du latin carpere mordre sur, emonder, couper, attaquer, quereller A rapprocher de l'auvergnat stharpre : ciseau (comme psalidia, cf. rogner). A donné le berrichon charpigner, le genevois charpiner tourmenter etc. (Eugène de Chambure, Glossaire du Morvan, 1878 - books.google.fr).

 

Je vous demande la permission de vous signaler l'existence, au XVIe siècle, d'une Bibliothèque importante qui fut fondée, à Lyon, par un ecclésiastique de ma famille, lequel eut alors quelque renom parmi les lettrés et les bibliophiles de cette ville : Etienne Charpin, surnommé Clarus, prêtre, Perpétuel de l'Eglise de Lyon. Guillaume Paradin, doyen de Beaujeu, composa, à la louange d'Antoine d'Albon et d'Etienne Charpin, deux pièces de vers latins qui se trouvent au tome II, page 19, des Mazures de l'Isle-Barbe. Ces vers se lisent aussi en tête de l'édition d'Ausone de 1558, par Jean de Tournes, in-12.

 

Le fait le plus saillant de son existence de bibliophile fut la publication précédente, d'un manuscrit des poésies d'Ausone, contenant plusieurs pièces alors inédites, et par lui découvert dans la Bibliothèque de l'abbaye de l'Isle-Barbe. Antoine d'Albon, pour lors abbé de l'Isle-Barbe (depuis archevêque de Lyon), en paya les frais (M. Charpin de Feugerolles, Bibliothèque d'Etienne Charpin, Revue du Lyonnais, 1876 - books.google.fr).

 

"la sixieme claire splendeur" résonne avec le surnom Clarus de Charpin.

 

Etienne Charpin, né à Saint Galmier, serait mort en 1567 (Claude Longeon, Une province française à la Renaissance: la vie intellectuelle en Forez au XVIe siècle, 1975 - books.google.fr).

 

Il était alors vivant lors de la prise de Lyon par les Protestants. Vinet attendit cette année pour obtenir une copie du vieux manuscrit d'Ausone de Lyon (Paul Oskar Kristeller, Ferdinand Edward Cranz, Virginia Brown, Mediaeval and Renaissance Latin Translations and Commentaries, Volumes 4 à 5, 1980 - books.google.fr).

 

Le quatrain IX, 20 (relocalisation beaujolaise) serait placé dans ce contexte avec en toile de fond les démêlés de l'Eglise d'Autun, qui en avait aussi avec Vézelay, et celle de Lyon.

 

Foudre

 

Le peuple fut tellement attaché aux superstitions liées à la foudre, que les premiers Empereurs Chrétiens jugèrent apparemment qu'il seroit dangereux d'en abolir entièrement la pratique. Du moins l’Empereur Constantin confirma, en partie, ou pour mieux dire, toléra ces usages superstitieux, par une loi datée de l'an 321, depuis la naissance du Sauveur, neuf ans après que ce Prince eut embrassé le Christianisme. Le Code Théodosien nous a conservé cette loi. Elle porte, que si le Palais de l'Empereur, ou quelque édifice public étoient frappés de la foudre, on auroit soin de les purifier avec le secours des Aruspices (François Catrou, Rollin, Histoire romaine depuis la fondation de Rome jusqu'à l'an 47 de J.-C., 1727 - books.google.fr).

 

La première intervention attestée de l'État romain pour obliger les parents à élever leurs enfants (avec quel succès, on ne sait, car des textes postérieurs témoignent de la permanence de l'exposition) émane des empereurs Valentinien, Valens et Gratien en 374 : «Que chacun nourrisse sa progéniture». Désormais, et c'est l'objet de l'édit promulgué le 5 mars et adressé à Probus, préfet du prétoire d'Occident chargé de l'Illyricum, de l'Italie et de l'Afrique, l'exposition tombe sous le coup de la loi (Code de Justinien, 8, 51, 2): mais la peine encourue n'est pas précisée. Ce texte est souvent rapproché d'un édit des mêmes empereurs adressé au même préfet du prétoire et affiché à Rome un mois plus tôt, le 7 février, qui définit le meurtre d'un petit enfant comme un sacrilège (piaculum) passible de la peine capitale (Code théodosien, 9, 14, 1). (Annales, Volume 54, 1999 - books.google.fr).

 

"rongne"

 

Au sujet d'une ordonnace de François Ier de 1536 révisée en 1540 sur les "rongneures & altérations des monnoyes" :

 

"Rongnemens d'escus" : C'est ce qui est appellé dans le Code de Theodosien au tit. de Pondetrat. adros adrosio & les rongneurs peuuent estre appellez psalidia aussi Procope en son livre 3 ; de bello Gothico, dit que les Bizantins appelloient Alexandre Logotheta psalidion, id est forciculum, quod perquam scire sciret aureos nummos in orbem attendere & arrodere & leniores reddere. [...]

 

"sans y faire diffĂ©rence" : Ces mots n'ont pas estĂ© mis sans sujet en l’Ord. Ă  cause de la difference que les gloses & les Docteurs ont faire sur la loy 2 Cod de falsa monet. & sur la loy Quicumque ff de eod entre les Fabricateurs de fausses pieces d’or, & ceux qui en fabriquent d'argent ayans, dit que les vns est estoient punis comme criminels de leze MajestĂ© de Feu & confiscation de biens, pource que l'image du Prince estoit empreinte lors dans les pieces d'or seulement & les autres non, ains seulement, de la peine des Faussaires Ă  cause quelle n'Ă©toit pas dans les monnoyes d'argent & airain : & ont fait cette mesme distinction pour les rongneurs deseus, & pieces d'argent, si s’estans fondez sur vne Constitution est au Code Theodosien tit. si quis solid. circul. inciderit, qui veut que ceux qui rongnent les escus soient punis de mort Ă  sauoir de feu, ou autre peine Ă  cause que la Face du Prince, que la loy 3 De veter numis potest appelle aeternalem vultum y est empreinte ; & sur cette loy la glose dit, que celuy qui rongne la piece d'or oĂą est l'image du Prince, est digne de mort, & que celuy-lĂ  doit subit la peine de la deportation (Ă  laquelle a succedĂ© le bannissement perpetuel) qui en rongne d'autre esquelles la Face du Prince n'est point imprimĂ©e mais parce que la vraye & essentielle image du Prince est son authoritĂ© laquelle est dedans les monnoyes quelques marques ou empreintes qu'elles ayent, si elles ont cours dans son Royaume. L'Ordonnance a ostĂ© toutes les differences & distinctions susdites ; comme aussi ont faict les Constitutions ecclesiastiques (Pie V) (Adam ThĂ©veneau, Commentaire sur les ordonnances contenant les difficultĂ©s meĂĽes entre les docteurs du droict canon et civil, 1647 - books.google.fr).

 

Le poème Girart de Roussillon mentionne que ce hĂ©ros dĂ©terra dans les anciennes arènes d'Autun un trĂ©sor cachĂ© par les Sarrasins, c'est-Ă -dire remontant Ă  l'Ă©poque gallo-romaine :

 

Un des serviteurs de Girart rêva de grandes richesses, mais ce comte se refusa à l'en croire, jusqu'à tant que lui-même eût, en dormant, la même vision, au mois de mai, un jeudi comme il faisait la sieste de midi ; il y avait quinze cent mille marcs d'or, et tant d'argent qu'on n'en savait pas le compte. Tous les chevaliers de Girart en devinrent riches et opulents.  Le comte Girart trouva cette fortune si merveilleusement grande qu'il n'y eut jamais pareille. Il la tira de terre en plein jour, non pas au clair de la lune, des vieilles arènes, sous Autun. Il la garda entière, sans en rien distraire, jusqu'à tant qu'il l'eût amenée à Roussillon, sur la hauteur. Puis il en fil le départ, d'accord avec la commune. Il n'y a si bon chevalier d'Espagne à Rune qui n'en ait sa part sans qu'il y eût aucune lésinerie (Paul Meyer, Girart de Roussillon: chanson de geste, 1884 - books.google.fr).

 

Le texte a pour "sans en rien distraire" "signis non asgrune" de "asgrun" : détruire, diminuer, rogner. "esgruner" : réduire en fragments, rompre par petits morceaux (W. Mary Hackett, Girart de Roussillon: chanson de geste, 1955 - books.google.fr).

 

Ce cimetière du haut moyen âge était au lieu-dit Le Matray, proche du champ de bataille épique de Vaubeton. La nécropole légendaire de Vaubeton (Martray) a produit des épées, des pièces de monnaies au monogramme de Charles le Chauve trouvées par l'abbé Pissier (René Louis, Girart, comte de Vienne, 1946 - books.google.fr).

 

Girart, autre part dans la chanson, n'échangerait pas son armée contre un micalat (ou michelat), monnaie de Michel VII.

 

Le rognage est fait par le «psalistès», avec le «psalidion». 

 

Le logothète du Drôme Niképhoritzès, qui avait su se concilier la faveur de l'empereur [Michel VII] [...], avait entre autres défauts celui d'être dévoré d'une cupidité démoniaque [...]. Quoique corrompu par les présents de tous ceux qui étaient en poste, et possédant d'innombrables biens, il n'était jamais rassasié et il ne pouvait s'empêcher ni de calomnier pour gagner plus encore, ni de faire servir l'abondance à son enrichissement personnel, au prix du malheur et de la disette de tous (Michel Kaplan, Byzance: Villes et campagnes, 2006 - books.google.fr).

 

Quels qu'aient été leurs résultats, les initiatives économiques de Niképhoritzès expliquent certainement la prospérité des finances et de la monnaie byzantine sous Michel VII. Le "michalaton", frappé à l'effigie de cet empereur, sera longtemps  recherché après la chute de ce dernier. A cette époque cependant, l'institution d'un commerce d'Etat était vouée à l'échec. Pour restaurer d'une manière durable les finances impériales et l'économie byzantine, il aurait fallu consentir des exonérations diverses en faveur des classes populaires et frapper durement les puissants. Mais les réformes de cet ordre, qui avaient rétabli la situation politique en d'autres temps, étaient impraticables dans la seconde moitié du XIe siècle; à cette date l'aristocratie foncière était devenue une véritable féodalité indépendante du pouvoir central, et la pression fiscale s'exerçait tout particulièrement sur le peuple des villes et des campagnes. Dans ces conditions, les initiatives étatiques de Niképhoritzès freinaient les échanges économiques en restaurant des pratiques héritées des structures serviles du Bas-Empire et en maintenant un système politique inadapté au développement des forces productives, qui favorisait de toute manière la grande propriété féodale alliée aux commerçants italiens. De fait, ces initiatives, qui avaient provoqué une spéculation certaine au profit de quelques hauts fonctionnaires civils, dont le comportement évoquait en définitive celui de la féodalité militaire, devaient être sans lendemain. Dès la chute de Michel VII et de son puissant ministre (1078), Nicéphore Botaniate, qui appartenait à la caste militaire, rétablissait les échelles maritimes (2) en facilitant le triomphe définitif de la féodalité byzantine alliée aux Vénitiens sous Alexis Ier Comnène (A Tuilier, La date exacte du Chrysobulle d'Alexis 1er Comnène, Rivista di studi bizantini e neoellenici, Volume 4, 1967 - books.google.fr).

 

Mythologie

 

Mars, Avril, Mai, Juin : Junon Moneta

 

Ces quatre mois couvrent la saison du printemps.

 

Tempora iure colunt Latiae fecunda parentes Quarum militiam uotaque partus habet III, 243-244 C'est la métaphore qui vient ici obscurcir l'expression. Si Ovide avait simplement écrit : « le printemps étant la saison de l'enfantement, c'est au printemps que les femmes ont placé leur fête de l'enfantement », le rapport établi serait meilleur mais le dieu Mars et la guerre n'apparaîtraient plus, et avec eux, le rapport laborieusement établi entre les femmes et Mars. Quant à l’aition préféré par Ovide : « Junon, déesse tutélaire des femmes, est en même temps la mère de Mars », le fait que cela soit vrai dans la seule mythologie grecque ne semble guère gêner le poète hellénisant, qui l'exprime, d'ailleurs, à l'aide de considérations romaines: la pietas, due par tout bon Romain, et a fortiori par le dieu patron de Rome, à la materfamilias : Mater amat nuptas : matrum me turba frequentat, Haec nos praecipue tam pia causa decet III, 251-252 (Danielle Porte, L'étiologie religieuse dans les Fastes d'Ovide, 1985 - books.google.fr).

 

En accord avec sa fonction première, Junon en tant que Iuno Sororia, déesse de la jeunesse veillait à l'initiation des jeunes filles à leur rôle de futures mères et intervenait lors du passage de l'état d'enfant à celui de fille nubile. Déesse de la force vitale, elle étend son action bienfaisante aux fruits de la terre. Ainsi, le mois de juin qui porte son nom contient de nombreux rites destinés à favoriser les récoltes. Les bovidés et les capridés jouent également un rôle important dans son culte.

 

Sous la forme de Iuno Moneta, elle est le prolongement d'une ancienne «déesse au collier», distributrice de richesses. De ce fait, elle intervient indirectement dans l'épisode de l'attaque des Gaulois Sénons en -390 au cours duquel une rançon est payée. De cette époque date la construction de son temple qu'Ovide attribue à Camille qui fit vœu de le construire là où se trouvait la maison de Manlius qui repoussa les Gaulois. Les Romains établiront un atelier monétaire à proximité de ce temple où elle préside aux fonctions monétaires ou prémonétaires.

 

Junon intervenait avec Janus aux calendes. Elle facilitait la tâche du dieu qui préside aux commencements et aux passages grâce à la vitalité dont elle est la dépositaire. Ainsi la collaboration effective entre Janus et Junon, qui concourent parallèlement à la transition d'un mois à l'autre, c'est-à-dire à l'heureuse naissance de la nouvelle lune. Ceci explique pourquoi les anniversaires de presque tous les cultes de Junon tombent sur le 1er des mois respectifs: Iuno Sospita le 1er février, Iuno Lucina le 1er mars, Iuno Moneta le 1er juin, Iuno Regina le 1er septembre, Iuno Sororia le 1er octobre, et Iuno Couella qui était invoquée à chaque premier jour des mois de l'année (fr.wikipedia.org - Junon).

 

La Junon du quatrième vers est l’épouse du Jupiter du premier.

 

Jupiter tonnant

 

Un fragment de stèle a été découvert au XVIIe siècle, près d'Ampilly-les-Bordes en Côte-d'Or (Bourgogne), au lieu dit la Pierre qui corne. Il fut

transporté à l'abbaye de Flavigny, puis au cabinet des Bénédictins à Saint-Germain-des-Prés, et disparut pendant la tourmente révolutionnaire (Emile Espérandieu, Raymond Lantier, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, Tome 3, 1965 - books.google.fr).

 

Montfaucon propose une hypothèse qui en fait un Jupiter imberbe à l'exemple des Jupiter Brontos ou Tonnant en faisant lecture de l'inscription "DEOBE / MILUCIO / VI" en "DEO BEMILUC IOVI" (Bernard de Montfaucon, L'antiquité expliquée et représentée en figure, Tome 2, 1719 - books.google.fr).

 

Le pape Jean VIII qui aurait confirmé le testament de Gérard de Vienne, consacre l'église de Flavigny en 878. Elle sera saccagée en 887 par les Vikings (Mignard, Le roman en vers de Girart de Roussillon, 1858 - books.google.fr).

 

Persistance des religions antiques

 

Si le repos du jeudi est «superstitieux», le repos «dominical», destiné à permettre la célébration du culte divin, est au contraire une obligation pour tous. Ces sept jours forment une « semaine » : c'est une innovation du christianisme que le code Théodosien, à la fin du IVe siècle, a cherché à imposer à l'Empire romain devenu chrétien. Aux noms des dieux païens donnés aux jours de la semaine, on substitua des numéros : première férie (dimanche), deuxième férie (lundi), etc. Mais cette sorte de matrice numérique, dont l'abstraction était une arme contre la charge mythique et païenne que les noms des dieux donnaient aux jours, n'était dans le christianisme qu'une structure d'attente ; les grandes fêtes de l'Église et celles des saints devaient rendre une substance concrète, quasi personnelle, à chaque jour et inscrire en même temps celui-ci dans le cycle liturgique complet de l'année. Les noms des dieux étaient présents aussi dans les noms des mois, mais l'Église préféra s'en accommoder, et ces noms se sont maintenus : nos propres usages en portent encore témoignage (Jacques Le Goff, René Rémond, Histoire de la France religieuse: Des dieux de la Gaule à la papauté d'Avignon (des origines au XIVe siècle), 1988 - books.google.fr).

 

Le code théodosien, publié par Théodose II en 438, s'organise en 16 livres,  dont certains sont une source importante pour l'étude des conditions sociales dominantes au Ve siècle. Ce code comprend tous les décrets impériaux de 313 ap. J.-C., époque de Constantin Le Grand, à 437. Les décrets qui concernent  l'imposition du christianisme et les punitions prévues en cas de culte païen sont si sévères qu'elles ne laissent pas de choix : «Que tous sachent  que, si celui  qui transgresse la  présente loi comparaît avec des preuves suffisantes devant le juge, il sera puni de la peine de mort»  (Maria-Eleni Kouzini, Regards sur la continuité de l’hellénisme chez les écrivains français du XXème siècle (1947-1967) : une image de la Grèce reconstruite, 2013 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

"treshideuse beste"

 

Un monstre en rapport avec la foudre de Jupiter est Typhon, suscité par Héra/Junon.

 

Homère, dans son hymne à Apollon, dit que Junon, irritée contre Jupiter de ce qu'il avoit produit Minerve de sa tête, pria la Terre, le Ciel et les Titans de lui faire concevoir un enfant sans son mari, et cependant sans manquer à la foi conjugale. La Terre exauça ses voeux, et elle mit au monde Typhon qu'elle donna à élever au serpent Python qui gardoit Delphes. Dragon massacreur, Python rendait des oracles. [...] Lorsque Typhon fut venu au monde, elle se réconcilia avec Jupiter et lui conta ce qui s'étoit passé ; ce dieu foudroya surle-champ Typhon, et l'ensevelit sous l'Etna en Sicile (Etienne Clavier, Bibliothèque d'Apollodore l'Athénien, Tome 2, 1805 - books.google.fr).

 

Quelques uns estiment que Typhon ait esté Roi d'Egypte, homme inhumain et cruel tyran, qui par sa cruauté ruina preque toute l'Egypte : ainsi nommé par la transposition de deux lettres, pour ressembler le naturel de Python tres-hideux & tref-espouuentable serpent (Natale Conti, Mythologie, traduit par Jean de Montlyard, 1604 - books.google.fr).

 

Dans les Euménides, Eschyle fournit plus d'indices qu'on ne l'a dit d'une présence des puissances chtoniennes à Delphes avant l'arrivée d'Apollon. Le monstre tué par Apollon est en effet un «serpent femelle» ("drakaina". v. 300). Or cet animal entretient des liens étroits avec les divinités chtoniennes) et son sexe le rattache également au monde féminin des divinités nées de la Terre. Et le long développement consacré à Typhon (vv. 305-355), développement qui occupe le centre du récit du meurtre de Python (vv. 300-374) et en constitue la plus grande partie, retrouve un rôle fonctionnel [...] à partir du moment où l'on reconnaît qu'il a pour but de dire, à travers Typhon, la vraie nature de Python et d'établir de manière indirecte, mais très nette, les liens de ce monstre avec l'univers féminin des divinités primordiales. Eschyle se ferait donc l'écho d'une tradition qui remonte à l'Hymne à Apollon quand il montre les Olympiens qui succèdent aux Chtoniens sur le trône de Delphes. [...]

 

Les deux monstres sont étroitement liés par le récit : Python reçoit Typhon des mains d'Héra (w. 353-356) à sa naissance et il lui est associé au moment de sa mort par l'exclamation d'Apollon : «Ce n'est pas Typhon qui écartera de toi la triste mort...» (vv. 367-368). Ils sont décrits avec les mêmes mots : l'un et l'autre sont des «fléaux» (nfifia : v. 304 [Python] et w. 306. 352 [Typhon]) et des «maux» (xaxôv, v. 354) «funestes aux mortels» (cf. w. 302-303 à propos de Python et v. 355 à propos de Typhon). (S. Saïd, Concorde et civilisation dans les Euménides, Théâtre et Spectacles dans l'antiquité: actes du Colloque de Strabourg, 5-7 de novembre, 1981, 1983 - books.google.fr).

 

A rapprocher de Python, la vouivre est un animal fabuleux qui figure dans les légendes d'une foule de localités en France, particulièrement dans la Bourgogne et l'ancienne Séquanie, formée aujourd'hui en partie des départements du Jura et du Doubs (Louis Pierre Francois Adolphe de Chesnel de la Charbouclais, Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires, 1856 - books.google.fr).

 

Dans Girard de Roussillon, il semble que la valence sexuelle du rêve de Berthe soit quasiment explicite : «...un satanas, samblant serpent / Qui de son mau venin, loc de piument / La volie abeurar» (v. 9544-9546) (Joël H. Grisward, Compte-rendu : Le songe dans la chanson de geste au XIIème siècle par Herman Braet, Cahiers de civilisation médiévale, 1980 - books.google.fr).

 

Burgondes en Gaule sous Thédodose II

 

L'auteur anonyme de la chronique historique dite Chronica Gallica de 452, a notĂ© d'une façon brève et laconique l'Ă©vĂ©nement suivant pour la vingtième annĂ©e du règne de ThĂ©odose II en Occident (annĂ©e 443) : «La Sapaudia est donnĂ©e Ă  ce qui reste des Burgondes pour ĂŞtre partagĂ©e avec les indigènes» (Chronica Gallica ad 452, Ă©d. Th. Mommsen, dans les Monumenta Germaniae historica, Auctorum antiquissimorum, t. IX, p. 660). Le nom de Sapaudia survit dans celui de la Savoie, mais sa localisation est diffĂ©rente. Les recherches rĂ©centes dĂ©finissent l'aire de cette ancienne entitĂ© administrative qui apparaĂ®t dans quelques sources anciennes comme Ă©tant comprise entre l'Ain, le RhĂ´ne, le lac LĂ©man, le Jura et l'Aar (partie mĂ©ridionale de la Maxima Sequanorum), voire un territoire s'Ă©tendant dans le bassin de l'Aar jusqu'au Rhin, correspondant aux citĂ©s gallo-romaines de Genava, Noviodunum, Lousonna et Aventicum. Après avoir perdu sa dynastie royale, son encadrement et son armĂ©e lors de la sanglante dĂ©faite de 436-437, face aux Huns probablement, une partie des Burgondes de l'est du Rhin dut se soumettre aux Huns dont ils devinrent un peuple auxiliaire38. Peu après la bataille de 436/437 une autre partie des survivants, restĂ©s des alliĂ©s des Romains et toujours sous le statut du fĹ“dus, mĂŞme s'il Ă©tait devenu caduc faute de combattants, dut s'enfuir et se rĂ©fugier dans l'Empire avec l'autorisation d'Aetius (fr.wikipedia.org - Burgondes).

 

Typologie

 

Monnaie

 

Les protestants, le 2 avril 1562, s'emparent d'Orléans, pillent les trésors des églises et Condé frappe monnaie avec ce métal, au nom du roi, mais pour le service de son parti. Cette frappe ne durera que peu de temps, elle est le premier  exemple de ce monnayage des protestants, fait à leur bénéfice, qui, d'abord illégal, deviendra monnayage royal quand Henri IV partira à la conquête de son royaume (Jean Lafaurie, Les monnaies des rois de France, Volumes 1 à 2, 1951 - books.google.fr).

 

De ces différents délits et crimes, seuls les deux premiers nous intéressent pour la période d'étude choisie, car on mit pratiquement fin au rognage au début du XVIIe siècle, en généralisant les frappes mécaniques qui remplacèrent celle au marteau. Dès lors, les monnaies cours qu'à condition que leur grènetis et leur tranche inscrite subsistent, ce qui rendait difficile le rognage des nouvelles monnaies produites, principalement les louis d'or et d'argent. Il était cependant pratiqué sur les vieilles espèces toujours en circulation dans la première moitié du règne de Louis XIV, comme les écus d'or, et d'après certains témoignages, il semble que l'on ait baratté de bonnes pièces pour en retirer un peu de poudre précieuse. Certains persistèrent encore à rogner et refaisaient les tranches mais l'entreprise était complexe et de tels cas sont rares (Gérard Béaur, Fraude, contrefaçon et contrebande de l'antiquité à nos jours, 2006 - books.google.fr).

 

Nicolas Briot fit imprimer en 1615 le projet de réforme monétaire qu'il soumettait au Conseil d'État. Il se chargeait, disait- il, de frapper à l'aide de sa machine, le monnoyoir, des monnaies plus égales de diamètre, plus justes de poids que les monnaies courantes; il était certain, disait-il, d'arriver à les fabriquer plus rapidement que ne pourraient le faire les monnayeurs du Moulin, de la Monnaie de Paris et des Monnaies de France; en plus, tous les coins destinés aux - Monnaies du royaume. devaient être gravés par un seul artiste et envoyés, non trempés, à ces Monnaies. La simplification des diverses opérations du monnayage entraînait la suppression de plus de deux mille privilégiés, ouvriers et monnayeurs, et l'économie réalisée par son travail permettait de donner à la monnaie de billon le titre de la monnaie d'argent”. La Cour des Monnaies fut hostile à un changement aussi radical dans les procédés de la fabrication monétaire. Mais le Conseil d'État avait rendu, le 21 juillet 1616, un arrêt portant que le tailleur général ferait inventaire de tous les outils dont il aurait besoin pour sa proposition, et défendant à la Cour des Monnaies d'en connaître et d'y faire opposition. Deux autres arrêts étaient obtenus, les 7 et 23 du même mois par Nicolas Briot; mais il n'avait pas attendu ces autorisations pour commencer ses épreuves (Fernand Mazerolle, Les médailleurs français du XVe siècle au milieu du XVIIe: Introduction et documents, 1902 - books.google.fr).

 

NIcolas Briot est né vers 1579-1580, fils présumé de Didier II Briot, d'une famille protestante, à Damblain en Bassigny, dans le duché de Bar (Vosges). Il est mort en 1646.

 

Il essaie de généraliser la frappe au balancier en France, où seules certaines monnaies et médailles étaient alors frappées avec cette technique à Paris. Mais il va se heurter au conservatisme de la cour des monnaies, rétive à toute innovation qui remettrait en cause sa routine de fonctionnement et au corporatisme des ouvriers de la frappe au marteau. Il lui est en même temps interdit de travailler pour des princes étrangers. Ces conflits durent plus de dix ans, avec des péripéties plus ou moins favorables. Il obtient même la fabrication des monnaies en fermage. Par lettres patentes du 2 mai 1623, il obtient un délai jusqu'en avril 1625 pour faire la preuve de la supériorité de son système. Mais les difficultés ne cessent pas et finalement il quitte la France pour l'Angleterre en 1625, rejoint par deux de ses élèves (fr.wikipedia.org - Nicolas Briot).

 

D'après des procès-verbaux du 24 septembre 1615 et du 3 juin 1616, mentionnĂ©s dans un document, dĂ©jĂ  citĂ©, du 12 juillet 1616, il avait dĂ©jĂ  fabriquĂ©, Ă  l'aide de presses et de coupoirs, « quelques espèces, aucunes ayant forme de monnoye et autres de pièces de plaisir et quelzques petitz flandz estans au cabinet dudict Briot, et saysie par lesdicts commissaires; interrogatoire dudict Briot faict par devant deux desdicts commissaires, le septiesme dudict mois de juin; procès-verbal du rapport des essayz faictz desdictes espèces saisyes; conclusions du procureur general du Roy auquel le tout a estĂ© communicquĂ©; tout considerĂ©; Ladicte Court, suivant lesdictes lettres patentes, a permis et permect audict Guillaume Martin de faire chef-d'Ĺ“uvre et experience de l'estat de tailleur et graveur general, par devant Me Gerard de Valles et Jehan le Mestayer… Â»

 

Le chancelier Séguier parvint à triompher du mauvais vouloir des ennemis de Briot, et obtint de Louis XIII, le 30 mars 16 i0, une déclaration ordonnant que les louis qui allaient être fabriqués, le seraient au moyen du moulin, et qu'il en serait pareillement fabriqué au marteau, lorsque les ouvriers pourraient, parce dernier procédé, obtenir des résultats aussi satisfaisants: l'année suivante , l'emploi du moulin fut appliqué aux monnaies d'argent; enfin, en 1643, la fabrication au marteau fut interdite : le célèbre Varin ne fut pas étranger à cette réaction en faveur des nouveaux procédés. En 1685, l'ingénieur, Castaing trouva le moyen de marquer la tranche d'un seul coup, et en même temps que l'avers et le revers (Anatole Jean Baptiste Antoine de Barthélemy, Nouveau manuel complet de numismatique du moyen age et moderne, 1852 - books.google.fr).

 

Séguier est un protecteur des tertiaires masculins de Saint François du faubourg du Temple, son coeur y sera conservé, le couvent principal étant à Picpus (Yannick Nexon, Le chancelier Séguier (1588-1672): Ministre, dévot et mécène au grand siècle, 2015 - books.google.fr).

 

Au temple, le couvent est en face de celui des soeurs tertiaires protégées par Marie de Médicis (cf. quatrain suivant I, 81), dans lequel les filles de Séguier seront inhumées.

 

Les premières soeurs du couvent de Paris venaient du comté de Bourgogne (Franche-Comté) (R.P. Helyot, Histoire des ordres religieux et militaires, Tome VII, 1792 - books.google.fr).

 

En rapport encore avec l'interprétation du quatrain I, 81 où apparaît la pièce de théâtre La magicienne étrangère, écrite contre Concini et sa femme Leonora Galigaï, il existe une autre pièce La Victoire du Phébus français contre le python de ce temps avec le même objectif, toutes deux produites en 1617

 

Le père du Grand Condé, Henri protégea une troupe qui fut chassée de l'Hôtel de Bourgogne en novembre 1614, par les "comédiens du roy" qui prétendaient agir par "commendement exprès de Sa Majesté" - le roi tenant d'autant plus à favoriser ses comédiens qu'ils étaient en concurrence avec ceux d'un prince factieux (Charles Mazouer, Le théâtre français de l'âge classique: Le premier XVIIe siècle, 2006 - books.google.fr).

 

"monstre"

 

Fortunio Liceti publia, en 1616, un Traité des Monstres, de leurs causes, et de leurs dissérences. Cet ouvrage eut un grand succès; il fut réimprimé et traduit plusieurs fois, et nous engageons à le lire ceux qui voudraient avoir des notions quelconques touchant la cuisse d'or de Pythagore. Les formes de cet auteur sont profondément empreintes d'aristotélisme, et sentent la scholastique la plus entêtée; mais son érudition est immense et sort récréative, tout appuyée qu'elle est, comme dans le cas précédent, sur des sables et des récits évidemment mensongers. Or, dans ce livre, le professeur de Pise et de Padoue admet pour les Menstres une cause sinale, une cause formelle, une cause matérielle et une cause efficiente. De cette division des causes à la fameuse dislinction de la substance et de l'accident il n'y avait qu'un pas. Fortunio n'a garde d'éviter de le faire, et en esset, il prouve bien que les Monstres sont réellement des substances et non des accidens. Quant aux causes qu'il accuse, la finale est que la nature dans la production des Monstres a eu pour but de conserver en son entier l'espèce de ceux qui les ont engendrés, quoique dans une matière différemment organisée. La formelle est de deux sortes, éloignée ou prochaine; la première est l'âme, et la seconde, c'est la mauvaise disposition des parties. La matérielle, c'est le corps de l'animal qui vit ici-bas. Enfin l'efficiente est multiple : «D'abord c'est le bon Dieu de qui dépend l'être et la vie de toutes choses, d'une manière plus claire ou plus obscure, selon que chaque chose en est capable. 2° C'est le corps céleste qui, par son mouvement perpétuel et par le moyen de la lumière, gouverne et régit tout ce qui se fait ici-bas, comme l'a reconnu et enseigné Aristote, qui dit, en quelque lieu, qu'il a été nécessaire que ce monde inférieur fût contigu, fût sujet aux influences célestes, afin que toute sa force et sa vertu en fût conduite et dirigée. 3° C'est la chaleur naturelle des entrailles de la mère. 4° la matrice de la mère ; 5° (mais celle-ci n'est que cause efficiente assistante) l'âme de la mère...» Ajoutez une foule d'etc., etc. . tous applicables à cette même cause efficiente, et dont nous devons faire grâce au lecteur, sous peine d'être accusés de vouloir insulter à son intelligence ou de suspecter sa raison. Tout le livre de Fortunio Liceti est rempli de semblables futilités ; mais si l'on considère que l'auteur a été l'un des plus savans hommes de son temps, qu'il vivait au milieu du dix-septième siècle, qu'il fut professeur de médecine à Padoue, et qu'il fit l'admiration de ses contemporains, on comprendra qu'il n'y a rien d'extraordinaire à ce que l'étude des monstruosités ne soit véritablement entrée dans la science que de nos jours seulement, et l'on appréciera toute la sagacité, la finesse et la sûreté de jugement de notre Molière, quand, vivant presque en même temps que Fortunio Liceti, il se moquait avec tant de verve et de raison des philosophes qui discutaient sur les diflérences entre la forme et la figure et donnaient à tout propos pour sanction à leur jugement l'opinion du philosophe grec (Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle et des phénomènes de la nature, Tome V, 1837 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Fortunio Liceti).

 

Inversement, le fantasme de concevoir un être exceptionnel possède un versant bénéfique, notamment dans le schéma antique où un dieu, souvent Zeus, peut s'unir à une mortelle. Olympias, mère d'Alexandre le Grand, cultivait, dit-on, ce genre de fantasme non sans mépriser par ailleurs son époux, Philippe II de Macédoine (Olivier Roux, Monstres: Une histoire générale de la tératologie des origines à nos jours, 2008 - books.google.fr).

 

Certains des éléments présents dans la première version de la Tentation de saint Antoine de Jacques Callot (1635) s'atténuent ou se réduisent à un protagonisme - la carcasse, l'encadrement architectural, et les rochers. Par contre, la terre, l'eau, l'air et le feu (toujours les quatre éléments) sont peuplés jusqu'à l'épuisement par un ensemble inédit de bêtes, qui convergent toutes d'une façon plus claire et plus violente vers la figure du saint, réfugié dans ses ruines, brandissant la croix, dans un geste exorcisant: le gigantesque (et cette fois-ci encore plus grand) dragon volant, en haut,  couronne la scène, menaçant ce tableau dantesque avec son poids et les flammes qu'il produit; plus près du saint, un autre dragon ouvre toute grande sa gueule terrible. On peut aussi remarquer la quantité de scènes de pénétration anale executées par les monstres, synonyme probable, non seulement de la sodomie coupable, mais surtout du côté carnavalesque que l'émission de pets et le derrière en l'air représente encore, dans la société française de l'époque, toujours comme allégorie du "monde à l'envers" (Les tentations de Bosch: ou l'éternel retour, 1994 - books.google.fr).

 

Comme le suggère Brigitte Schwarz, la naissance des monstres serait due à l'incontinence féminine. Mais d'autres causes existent, dont «la forza della fantasia materna». Le rôle de l' «imaginatione forte» est au cœur de la tradition tératologique. Ambroise Paré raconte qu'une petite fille fut engendrée toute poilue parce que, au moment de la conception, la mère observa avec intensité une image de saint Jean-Baptiste couvert d'une fourrure d'ours. La mère est donc directement responsable de la naissance monstrueuse. Enfin, un «influxo celeste» peut également intervenir. Si la conception advient au moment d'une mauvaise conjonction planétaire, le corps de l'enfant risque d'être «hors du commun». L'homme - ou plutôt la femme, donc - joue un rôle important dans la conception du monstrueux. Le monstre naît alors pour dénoncer un comportement sexuel, un désir, une imagination réprouvable. Il est, comme tel, la marque d'une culpabilité qui se voit punie. Au sein de la réflexion étiologique se mêlent donc causes divines et causes humaines, et ces comportements éthiquement répréhensibles sont punis par la naissance du monstre (A. Martignoni, Era nato uno monstro cossa horendissima, Revue historique, Volume 306, Numéros 1 à 2 ;Volumes 629 à 630, 2004 - books.google.fr).

 

Il y a des monstres qui naissent moitié de figure de bestes et l'autre humaine, ou du tout retenans des animaux, qui sont produits des Sodomites et Atheistes qui se joignent et desbordent contre nature avec les bestes, et de là s'engendrent plusieurs monstres hideux et grandement honteux à voir et à en parler; toutesfois la deshonneteté gist en effect et non en paroles, et est lors que cela se faict, une chose fort malheureuse et abominable, et grande horreur à l'homme ou à la femme se mesler et accoupler avec les bestes brutes: et partant aucuns naissent demy hommes et demy bestes (Ambroise Paré) (Urte Helduser, Imaginationen des Monströsen: Wissen, Literatur und Poetik der »Missgeburt" 1600–1835, 2016 - books.google.fr).

 

In a volume entitled La Metamorphose d'Ovide figuree, published in Lyon in 1583, the verses describing the transformation of Salmacis and Hermaphroditus into a single, bisexual being develop a decidedly negative interpretation: Salmacis is "amoreuse" (love-struck); the androgyne is at first "merveilleuse" (wondrous), then "honeteuse" (shameful), and finally "hideuse" (hideous). In the foreground of the illustration a couple, apparently twins of indeterminate sex, judging from their masculine musculature and feminine hair-styles, embrace in a grotto by a spring. In the middle-distance with two trunks and two heads but a single pair of legs stands calf-deep in a broad pool. One head is bald, the other coifed in the manner of the two foreground figures. The verse gives no hint of whether the foreground twins are intended as an alternative representation of androgyny, the twinned figure of classical tradition, or are merely the result of poor craftsman ship (W.W.E. Slights, "Maid and man" in Twelfth Nigths, Journal of English and Germanic Philology, University of Illinois Press, 1981 - books.google.fr).

 

Augustin Pincet, médecin à Gênes, fit part à Fortunio Liceti de la naissance d'un monstre jumeau dans sa ville le 12 mars 1617 de Pellegrine femme de Baptiste Colloreti qui accoucha dans la paroisse de Saint Barthélemy de Costa. Les deux enfants liés par le bas ventre furent baptisés Lazare, le plus grand qui était valide, et Jean Baptiste, le plus petit qui n'avait qu'une jambe et était porté par son frère (Jan Palfijn, Description anatomique des parties de la femme, qui servent à la generation: avec un Traité des monstres, de leur causes, de leur nature, & de leur differences, 1708 - books.google.fr).

 

Les Condé

 

Le Grand Condé, qui était un foudre de guerre, meurt en 1686, datation du quatrain II, 76.

 

Le génie militaire des Valois et les actions mémorables de ces ducs, comme de Philippe à Rosbeck, de Jean-sans-Peur à Nicopolis, de Philippe-le-Bon dans sept batailles où il était demeuré vainqueur, et de Charles-le-Terrible à Montléry et jusque dans les défaites qui amenèrent la ruine de sa maison, attachèrent la Bourgogne à ces princes qui durent à leur humeur belliqueuse, non moins qu’à toute autre cause, cet amour dont ils avaient au même titre hérité des premiers ducs et qui n etait pas encore éteint à Dijon , comme l’attestent les chroniques, vers le milieu du XVIIe siècle, chez un peuple guerrier plus avide de gloire que jaloux de sa liberté. L’honneur de les égaler devait un jour appartenir à cette race des Condé qui, depuis le commencement du XVIIe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, lui rendit en bienfaits et parfois en courage des services héréditaires dont, à défaut d’autre monument, l’histoire ne doit pas laisser perdre le souvenir.

 

Voici les noms des CondĂ©s avec la date de leurs titres en Bourgogne : Henri II de Bourbon, prince de CondĂ©, nommĂ© gouverneur Ă  partir de 1618 ; Louis II de Bourbon, son fils, prince de CondĂ©, surnommĂ© le Grand, de 1646 jusqu’en 1686, sauf l’espace de 1650 Ă  1659, Ă©poque de la Fronde, oĂą il fut dĂ©chu de ce gouvernement ; Henri-Jules de Bourbon, duc d’Enghien, fils du prĂ©cĂ©dent, en 1686 ; Louis de Bourbon, pourvu en 1710 ; Louis-Henri, duc de Bourbon-CondĂ©, son successeur et Louis-Joseph de Bourbon, prince de CondĂ©, gouverneur jusqu’en 1789 (Élisabeth-François de Lacuisine, Le parlement de Bourgogne depuis son origine jusqu'Ă  sa chute, 1857 - books.google.fr).

 

Le dernier grand amour d'Henri IV est Charlotte de Montmorency, qu'il rencontre en 1609 alors qu'elle a quatorze ans. Elle trouve grâce auprès de Lévis-Mirepoix qui la juge, elle, de qualité à comprendre le roi. Elle est blonde, séduisante, pleine d'esprit.... et fiancée à Bassompierre. Henri IV la marie plutôt à Henri II de Condé dont l'homosexualité lui fait penser qu'il sera un mari accommodant. Hélas ! Il doit alors poursuivre partout Charlotte que son mari et sa famille ne cessent de lui arracher (Guy Richard, Annie Richard-Le Guillou, Histoire de l'amour: du Moyen Age à nos jours, 2002 - books.google.fr).

 

Tous les Mémoires de cette époque font état des tendances homosexuelles d'Henri II de Bourbon Condé. Elles semblaient être de notoriété publique. Voir en particulier Les Historiettes de Tallemant des Réaux, cet auteur qui n'est pas à prendre à la lettre est cependant fort bien renseigné (Bernard Pujo, Le Grand Condé, 1995 - books.google.fr).

 

Si Morentiacum est la petite Ville qu'on appelle aujourd'hui Montmorenci, Valentinien & Valens y ont donné une Lot que l'on trouve dans le Code Théodosien. La Duché-Pairie de Montmorency étant éteinte par la mort de Henri de Montmorenci, décapité à Toulouse le 30 Octobre 1631, cette Seigneurie passa a Charlotte-Marguerite de Montmorenci, qui étoit mariée à Henri de Bourbon, Prince de Condé, premier Prince du Sang, & le Roi Louis XIII l'érigea de nouveau en Duché-Pairie, par Lettres-Patentes du mois de Mai 1633 Pierre Thomas N. Hurtaut, Dictionnaire historique de Paris et ses environs, Tome 3, 1779 - books.google.fr).

 

Les lois de Valentinien, datées de Paris, sont au nombre de trois et même de quatre, comme l'observe Sauval (t. Ier, p. 62), si Morentiacum signifie Montmorency. L'une du 15 des calendes de novembre 565, adressée à Dracon, vicaire d'Afrique, traite : de annona et tributis (Cod.th., I. XI, tit. 1er, leg. xIII, tom. IV, p. 22) ; la 2e, datée des ides de décembre, adressée à Cresconius, comes metallorum, traite : de auri eruendi ex metallis potestate (l. x, tit. X, leg. III, tom. III, p.491 ; et la 5e, datée de la veille des ides de décembre, adressée à Rufinius, traite : de numerariis (I. VIII, tom. I; leg. XI, t. II, p.469). On voit qu'elles sont toutes dues à des inspirations financières (Alexandre Du Sommerard, Les arts au Moyen Âge en ce qui concerne principalement le Palais Romain de Paris, l'Hôtel de Cluny, Tome 1, 1838 - books.google.fr).

 

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