La tĂŞte de Sabine

La tĂŞte de Sabine

 

I, 94

 

1627

 

Au port Selin le tyran mis Ă  mort,

La libertĂ© non pourtant recouvrĂ©e :

Le nouveau Mars par vindicte & remort :

Dame par force de frayeur honorée.

 

"remort" pour "souvenir" "avertissement" "ressentiment" et non pour remord (Jean Auguste Huldreich Scheler, Oeuvres de Froissart: poésies, Tome 3, 1872 - books.google.fr, Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Port Selyn

 

Quelques historiens modernes ont cru voir une mention de Sélinonte dans Ulpien; mais ils ont confondu la Sicile avec la Cilicie, où il existait une autre Sélinonte. Trajan y mourut et elle en prit le nom de «Trajanopolis.» (Ludwig Zanth, Recueil des monuments de Ségeste et de Sélinonte, 1870 - books.google.fr).

 

Cela marque un des sens de "Selin" en rapport avec la Méditerranée, les deux Sélinonte étant l'une en Sicile, et l'autre en Cilicie au bord de la mer.

 

Alors que Trajan est encore sur les rives de l’Euphrate, des rĂ©voltes parthes Ă©clate en MĂ©sopotamie, et juives en Syrie, Ă  Chypre, en JudĂ©e, en Égypte et en CyrĂ©naĂŻque dès 115. Une fois que les troupes romaines semblent avoir la maĂ®trise de tous les théâtres d’opĂ©rations, Trajan reprend sa stratĂ©gie initiale. Il se dĂ©place vers le nord et assiège la ville fortifiĂ©e d’Hatra. MalgrĂ© des efforts importants, le siège Ă©choue en raison de conditions très dĂ©favorables aux assiĂ©geants : climat dĂ©sertique, problème de rĂ©approvisionnement. De plus, la santĂ© de Trajan dĂ©cline et il est contraint de se retirer. Son Ă©tat de santĂ© continuant Ă  se dĂ©tĂ©riorer, il dĂ©cide de rentrer Ă  Rome. Ce retour prĂ©cipitĂ© rend nĂ©cessaire l’organisation d’une seconde campagne en Orient. Le contrĂ´le de la MĂ©sopotamie est perdu. Dans cette situation, Trajan n’a pas d’autre choix que de mettre Hadrien en avant et le nomme gouverneur de Syrie oĂą les troupes engagĂ©es dans la guerre contre les Parthes sont stationnĂ©es. Trajan dĂ©cède Ă  Selinus, le 8 ou le 9 aoĂ»t 117, sur le chemin de retour pour Rome, des suites d’une grave maladie. ConsidĂ©rablement affaibli par sa dernière campagne, un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral le rend hĂ©miplĂ©gique. Il succombe quelques jours plus tard des suites de graves complications respiratoires. Les symptĂ´mes de la maladie semblent correspondre Ă  des consĂ©quences du paludisme. Il est dit qu’il a finalement adoptĂ© Hadrien sur son lit de mort. Les circonstances opaques de cette adoption ont entrainĂ© de nombreuses spĂ©culations et controverses. Dion Cassius prĂ©tend qu’Hadrien n’a jamais Ă©tĂ© adoptĂ©, mais qu’il s’agit d’une manĹ“uvre de l’impĂ©ratrice Plotine et du prĂ©fet du prĂ©toire Publius Acilius Attianus. Les historiens modernes sont eux-mĂŞmes divisĂ©s sur la rĂ©alitĂ© de cette adoption. Le corps de Trajan est transfĂ©rĂ© sur ordre d’Hadrien Ă  SĂ©leucie de PiĂ©rie et incinĂ©rĂ©. Ses cendres sont ensuite ramenĂ©es Ă  Rome et placĂ©es dans la base de la colonne Trajane, bien que les funĂ©railles d’un empereur dans l’enceinte de la ville, Ă  l’intĂ©rieur du pomĹ“rium, soient inhabituelles : Trajan reste, jusqu’à l’antiquitĂ© tardive, le seul empereur Ă  ĂŞtre enterrĂ© dans les limites de la ville (fr.wikipedia.org - Trajan).

 

Trajan assiége Atra, ville capitale des Agaréniens en Arabie, qui s'étoient révoltés, ils font une si vigoureuse résistance, qu'il est forcé de lever le siége, & de retour à Sélinunte, dans la suite nommée Trajanopolis, il est à la fois d'une hydropisie, d'une paralysie & d'un flux de sang, & y meurt après avoir régné dix-neuf ans six mois & quinze jours (Histoire Universelle, Depuis Le Commencement Du Monde Jusqu'a Présent: Table Chronologique De L'Histoire Ancienne, Volume 40, 1784 - books.google.fr).

 

Pour l'Arabie voir quatrain suivant I, 95 - Socinianisme - 1627-1628.

 

La Cilicie

 

Trajan est le premier d'une sĂ©rie d'empereurs morts en Cilicie, parmi lesquels se dĂ©tachent Constance II (361), Jean Comnène (1143), FrĂ©dĂ©ric Barberousse (1190). Son successeur, Hadrien, l'accompagnait dans la guerre parthique. Il rentre d'Antioche en Europe par la Cilicie et la route classique des Pyles ciliciennes vers la Cappadoce et Angora. Durant ses nombreux voyages, Hadrien aura l'occasion de repasser par la Cilicie, une province qu'il semble d'ailleurs avoir particulièrement favorisĂ©e. Politiquement, il se dĂ©marque de l'annexionnisme de Trajan, abandonne les trois provinces transeuphratiennes rĂ©cemment constituĂ©es et revient Ă  la mĂ©thode de gouvernement indirect par rois vassaux : il «autorisa les ArmĂ©niens Ă  avoir leur propre roi» et «ramena la frontière de l'empire Ă  l'Euphrate». Sans pour autant mettre un terme aux ennuis de Rome en Orient.

 

Depuis le dĂ©coupage consĂ©cutif aux conquĂŞtes pompĂ©iennes, l'organisation politique de l'Asie romaine avait subi des modifications. L'aggravation persistante du danger parthique faisait de la Syrie le bouclier oriental de Rome, alors que l'Ă©limination des pirates rouvrait la route maritime de la Cilicie : pour ces deux raisons, cette Ă©norme province appelĂ©e Cilicie n'avait plus de raison d'ĂŞtre. Dès -49, soit juste après le proconsulat de CicĂ©ron, la partie phrygienne au nord-ouest (LaodicĂ©e, ApamĂ©e, Synnada) est dĂ©tachĂ©e au profit de la province d'Asie. Peu après, en -47, Chypre est rendue Ă  l'Égypte : cadeau naturel de CĂ©sar Ă  sa royale maĂ®tresse. Et c'est peut-ĂŞtre un peu plus tard, au cours des assises tenues par CĂ©sar Ă  Tarse, qu'est prise la dĂ©cision essentielle : rattacher la Cilicie plane Ă  la Syrie, pour en faire une unitĂ© militaire plus forte face aux Parthes. La Pamphylie se trouve elle aussi dĂ©tachĂ©e de l'ex-province de Cilicie, mais au profit de la province d'Asie. Tout cela est effectif au plus tard en -43. Reste la Cilicie trachĂ©e, et son problème de populations rebelles; elle subira plusieurs dĂ©membrements au profit de dynastes locaux ou voisins. En Cilicie plane, seule la Castabalide maintenait ce statut, sous la dynastie de Tarcondimotus. En trachĂ©e, le district d'Olba est laissĂ© aux Teucrides toujours alliĂ©s, la rĂ©gion de DerbĂ© et Laranda reste aux mains de l'irrĂ©ductible Antipater, alors que SĂ©leucie est dĂ©clarĂ©e ville libre, avec un territoire autour de l'embouchure du Calycadnus. Le reste est partagĂ© entre PolĂ©mon roi du Pont, Amyntas roi de Galatie, puis ClĂ©opâtre qui reçoit d'Antoine la plus belle part. Après la dĂ©faite d'Antoine (-31), Octave ne change pas le principe et donne les domaines de ClĂ©opâtre Ă  Amyntas de Galatie, dont le puissant royaume coupe maintenant la pĂ©ninsule du nord au sud. En 25, il est tuĂ© en luttant contre les Isauriens. Octave supprime alors son royaume pour en faire la province romaine de Galatie. Deux ans plus tĂ´t, Octave Ă©tait devenu Auguste. Il avait alors instituĂ© une distinction entre les provinces sĂ©natoriales, comme l'Asie et le Pont-Bithynie, et les provinces cĂ©sariennes ou impĂ©riales, les plus exposĂ©es, qui relèveraient directement du souverain. C'est le cas de la Syrie-Cilicie, qu'Auguste visite en personne en -19. La Cilicie trachĂ©e est signalĂ©e par Strabon comme faisant partie, sous Auguste, des domaines du roi Archelaos de Cappadoce. Sa mort, en 17, est suivie de la conversion de son (trop ?) puissant royaume au statut de province : Tibère ne semblait pas apprĂ©cier le dĂ©funt monarque. Eutrope affirme que cet empereur rebaptisa CĂ©sarĂ©e la capitale Mazaca, mais selon d'autres versions ce changement de nom date de 10 environ, marquant le respect d'Archelaos pour son suzerain Auguste. L'annexion de la Cappadoce est contemporaine de la fin du petit royaume de Castabalide, rattachĂ© Ă  la Cilicie plane, donc Ă  la province de Syrie, Ă  la mort du roi Philopator en 17. Le royaume de Commagène est lui aussi supprimĂ©, et son territoire est rattachĂ© Ă  la province de Syrie. Toute une vague d'annexions, Ă  laquelle Ă©chappe la Cilicie trachĂ©e. Elle est laissĂ©e par Tibère au fils d'Archelaos. Mais Caligula, successeur de Tibère, Ă©tait très influencĂ© par Antiochos, fils du dernier roi de Commagène. En 37, il le remet sur le trĂ´ne, lui donnant en plus la Cilicie trachĂ©e : le royaume ainsi restaurĂ© se trouve formĂ© de deux parties, Commagène et Cilicie trachĂ©e, sĂ©parĂ©es par la Cilicie plane et la Cappadoce. Nettement plus Ă©nergique, Antiochos fondera des villes en Cilicie et aura comme son prĂ©dĂ©cesseur maille Ă  partir avec les montagnards rebelles du Taurus. C'est cet Antiochos qui intervient dans la tragĂ©die «BĂ©rĂ©nice» de Racine. L'auteur prend d'ailleurs avec l'histoire les plus grandes libertĂ©s. En fait, la princesse juive BĂ©rĂ©nice avait Ă©tĂ© brièvement mariĂ©e au roi du Pont PolĂ©mon II, auquel l'empereur Claude avait donnĂ© en 41 un territoire en Cilicie trachĂ©e. Et quand Racine fait dire par l'empereur Titus, s'adressant Ă  Antiochos «Je joins la Cilicie Ă  vostre Comagène», il confond Titus et Caligula, Ă  plus de 40 ans de distance. A cette Ă©poque d'ailleurs, la Commagène Ă©tait dĂ©jĂ  rĂ©duite en province romaine... En effet, Titus est montĂ© sur le trĂ´ne en 79, dix ans après que son père, Vespasien, ait inaugurĂ© la dynastie des Flaviens. Contrairement Ă  certains de ses prĂ©dĂ©cesseurs, Vespasien n'avait aucune inclination pour l'hellĂ©nisme qui restait le fondement de l'Asie Mineure. Peut- ĂŞtre est-ce lĂ  l'une des raisons de sa rĂ©organisation administrative, qui fait «place nette». Le royaume de Commagène est rĂ©duit par la force. En Cilicie, la principautĂ© d'Olba est supprimĂ©e. A part peut-ĂŞtre un petit district laissĂ© Ă  Iotape, fille du roi Antiochos IV dĂ©possĂ©dĂ© - c'est ce qu'affirme Flavius Josèphe, tout passe maintenant sous l'administration directe de Rome. Les deux Cilicies sont ainsi, après plus d'un siècle, rĂ©unifiĂ©es, avec Tarse pour capitale de cette nouvelle province romaine. Bien plus tard, Ă  la fin du IIIe siècle, les mesures dĂ©centralisatrices de DioclĂ©tien entraĂ®neront une nouvelle partition. La Cilicie trachĂ©e sera sĂ©parĂ©e sous le nom d'Isaurie (capitale SĂ©leucie), alors que la Cilicie plane sera elle-mĂŞme plus tard divisĂ©e en Cilicia prima Ă  l'ouest (capitale Tarse) et Cilicia secunda Ă  l'est (capitale Anavarza). Le tout intĂ©grĂ© dans le Diocèse d'Orient comprenant aussi Syrie et Égypte, alors que les autres provinces d'Asie Mineure entreront dans les deux Diocèses d'Asie et du Pont.

 

C'est au milieu du Ier siècle que le Taurus voit passer un voyageur dont l'impact historique s'avĂ©rera fondamental : SaĂĽl de Tarse, le futur saint Paul, va occidentaliser une religion au dĂ©part purement orientale, nĂ©e en Syrie. Si le christianisme va peu Ă  peu devenir un outil impitoyable servant de justificatif Ă  l'expansionnisme gĂ©ographique et culturel de l'Europe occidentale, c'est sans nul doute Ă  ce personnage qu'il le doit. C'est lui qui dĂ©finira les lignes de propagation du christianisme, les chaĂ®nes reliant Antioche Ă  Rome en passant par les Pyles ciliciennes, continuant soit au sud par la Lycaonie, Éphèse et Corinthe, soit au nord par la route de la mer Noire via CĂ©sarĂ©e. NĂ© Ă  Tarse probablement en l'an 2, juif zĂ©lĂ©, farouche persĂ©cuteur de chrĂ©tiens dans le cadre de la politique romaine, SaĂĽl se convertit Ă  la suite de sa cĂ©lèbre vision, vers 36. Il devient alors Paul, missionnaire voyageur, basĂ© Ă  Antioche en Syrie. La Cilicie figure dans les trois premiers de ses quatre voyages. Les descriptions qu'on lit dans les Actes des ApĂ´tres sont trop brèves pour permettre une traduction prĂ©cise, mais en gros les routes sont assez faciles Ă  suivre. Entre 45 et 50, son premier voyage mène Paul, accompagnĂ© de Barnabas et Jean-Marc, Ă  l'Ă®le de Chypre, qu'ils traversent jusqu'au port de Paphos. LĂ  ils embarquent pour PergĂ©, en Pamphylie, près d'Attaleia (actuelle Antalya), et ils remontent un peu le cours du fleuve Cestros (actuel Aksu). Puis ils suivent vers le nord la vallĂ©e (mais sans Jean-Marc qui les a quittĂ©s), et arrivent Ă  Antioche de Pisidie. Cette Antioche est proche de l'actuelle Yalvaç, au pied d'une chaĂ®ne du Taurus appelĂ©e Sultan Dag. De lĂ , une route longe la chaĂ®ne jusqu'Ă  son extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale et la contourne ainsi pour arriver Ă  Iconium : route plus longue mais plus commode que la traversĂ©e directe du massif. C'est lĂ  probablement l'itinĂ©raire de Paul et de Barnabas, que les Juifs ont chassĂ©s d'Antioche de Pisidie. Paul prĂŞche Ă  Iconium, en particulier dans la synagogue. L'accueil est mitigĂ©. C'est dans cette ville que Thècle, qui entend l'apĂ´tre, se convertit. MenacĂ©e et condamnĂ©e, elle est sauvĂ©e par un orage «miraculeux» qui noie le bĂ»cher. Plus tard, accompagnant Paul, elle sera livrĂ©e nue aux bĂŞtes, qui mĂ©priseront le festin. Elle terminera sa carrière Ă  SĂ©leucie-du-Calycadnus, oĂą sa rivalitĂ© avec l'oracle de SarpĂ©don est partie prenante dans l'une des lĂ©gendes ciliciennes. En attendant, nos deux prĂŞcheurs subissent Ă  Iconium le mĂŞme sort qu'en Pisidie. Conscients de la situation, ceux-ci cherchèrent refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystra, DerbĂ© et les alentours. Cette simple phrase soulève deux gros problèmes d'identification (Claude Mutafian, La Cilicie au carrefour des empires, Tome 1, 1988 - www.google.fr/books/edition).

 

Libertas et tyrannus

 

Si Trajan, plus d'un siècle après Auguste, a été appelé par excellence l'Optimus princeps, c'est parce que, au sortir du régime autocratique de Domitien, il ramena dans Rome un gouvernement dans lequel tout citoyen paraissait recouvrer sa dignité et sa libertas. Plus un empereur se présente comme Princeps, plus il répudie le style «royal» ou tyrannique; l'hésitation des Césars entre ces deux comportements est toujours significative, car son mouvement répond, plus qu'à des oppositions de principes politiques - le contenu du pouvoir impérial n'en est jamais changé, - à des variantes sociales. Et celles-ci dépendent autant de la sensibilité du Prince aux réactions des classes aristocratiques ou populaires que de son origine personnelle, plus ou moins élevée (Jean Gagé, Les classes sociales dans l'Empire romain, 1971 - www.google.fr/books/edition).

 

Quand l'opposition sĂ©natoriale appelle tyran l'empereur, c'est pour dĂ©signer celui en qui elle voit le destructeur de la libertas, non pour comparer le Palatin Ă  une acropole. Le motif semble avoir connu une particulière popularitĂ© sous Domitien, mais, lĂ  encore, Ă  titre de simple mot entrĂ© dans la latin commun. Le seul Ă©lĂ©ment qui pourrait ĂŞtre issu du monde des dĂ©clamations est le souhait de voir paraĂ®tre un tyrannoctone - mais n'Ă©tait-ce pas plutĂ´t espĂ©rer un nouveau Brutus ? Ce n'est que plus tard, quand tout retour au rĂ©gime rĂ©publicain est devenu manifestement impossible, qu'Ă©merge une acception nouvelle de la tyrannie, au IIIe siècle peut-ĂŞtre (mais l'on n'en a pas conservĂ© de documents), en tout cas au IVe. La nouveautĂ© n'est pas dans son contenu, mais dans la rencontre entre deux traditions, d'une part celle des Ă©coles qui continuent - on l'a vu chez Libanios et Chorikios - Ă  polir leurs tyrans des citĂ©s imaginaires, d'autre part celle de la philosophie, et plus prĂ©cisĂ©ment de la philosophie platonicienne, qui fait du tyran le nĂ©gatif du «Bon Roi», afin de mieux dĂ©finir ce dernier (P.L. Malosse, Sophistiques et tyrannies, Approches de la troisième sophistique: hommages Ă  Jacques Schamp, 2006 - www.google.fr/books/edition).

 

Trajan "Tyran" chez les chrétiens et les juifs

 

Trajan est qualifié de Tyran par les chrétiens pour les prétendues persécutions qu'il aurait ordonnées.

 

A Synope dans le Pont, de saint Phocas Martyr, Evêque de la même ville, qui sous l'Empereur Trajan surmonta la rigueur des cachots, des chaînes, du fer & du feu, & s'envola ensuite dans le Ciel. Ses Reliques ont été apportées à Vienne en France, où on les a déposées dans l'église des Apôtres (François Giry, Vie de saints, Tome X, 1859 - books.google.fr).

 

Tandis qu'il glorifiait et remerciait Dieu, la prison s'Ă©tant ouverte tout d'un coup, des lampes et des flambeaux lumineux apparurent, et tous ceux qui en furent tĂ©moins crurent et se firent baptiser. On introduisit de nouveau le saint devant l'empereur, mais il demeura inĂ©branlable dans la foi au Christ. On jeta le saint dans de la chaux fraĂ®chement cuite, on l'y tint pendant trois heures, mais Dieu le conserva intact. On fit ensuite surchauffer un bain et on l'y enferma, mais il Ă©leva ses mains au ciel et pria Dieu, et tandis qu'il terminait sa prière et disait Amen, il rendit son âme Ă  Dieu, le 23 juillet. Lorsqu'on sortit son corps, il dĂ©gageait un parfum comme celui du nard. L'empereur voulut sortir de la ville; saint Phocas lui apparut Ă  la porte de la ville et lui dit : «Trajan, tyran, tu iras Ă  l'endroit qui t'est prĂ©parĂ©, dans les flammes Ă©ternelles ; pour moi les portes du royaume des cieux se sont ouvertes.» Peu de jours après Trajan mourut d'une mort cruelle (Le Synaxaire armĂ©nien de Ter Israel, Volumes 7 Ă  12, traduit par George Bayan, 1974 - books.google.fr).

 

La nomination en Palestine d'un homme du rang de Quietus avait été faite par Trajan au détriment d'Adrien, le gouverneur de la Syrie, qui, selon Dion, en conçut un vif ressentiment contre son rival; car l'empereur, c'est encore Dion qui le raconte, n'avait adopté aucun successeur et semble avoir hésité entre Quietus et Adrien. Devenu empereur, Adrien se débarrassa de Quietus en le faisant mettre à mort.

 

La mort de Trajan, arrivée à Sélinonte en Cilicie, par conséquent non loin de la Syrie, avait été tenue secrète pendant quelque temps, et l'exécution de Quietus l'ayant suivie de bien près, la confusion était donc facile. Sous l'influence des événements si graves pour les Juifs qui marquèrent la fin du règne d'Adrien, le nom de Quietus s'oublia vite, tandis que celui de Trajan resta gravé dans toutes les mémoires. Enfin le glossateur du Megillat Ta'anit avait rattaché l'événement relatif aux deux frères Alexandrins à la journée du 12 adar, appelée par le chroniqueur simplement Iom Tirion ou Turianos, «jour de Trajan.» [...]

 

Nos sources rabbiniques nous racontent encore l'histoire suivante: «Trajan le tyran eut un fils le 9 du mois d'ab (anniversaire de la destruction du temple), et les Juifs observèrent leur jeĂ»ne, puis il perdit une fille pendant les journĂ©es de Hannouka (oĂą le souvenir des victoires des MaccabĂ©es est fĂŞtĂ©), et les Juifs illuminèrent. La femme de Trajan fit alors dire Ă  son mari : Au lieu de faire des conquĂŞtes parmi les barbares, viens achever la soumission des Juifs, qui se sont rĂ©voltĂ©s contre toi» (Talmud de JĂ©rusalem) (Joseph Derenbourg, Essai sur l'histoire et la geographie de la Palestine, 1867 - www.google.fr/books/edition).

 

"liberté non recouvree"

 

L'exécution de Quietus était dans ce cas le premier gage de sa bienveillance qu'il donna au Juifs. On était alors en 118; quarante-huit ans s'étaient écoulés depuis la destruction du temple par Titus; on était donc bien près des cinquante-deux ans qu'avait duré le premier exil; qu'y a-t-il d'étonnant que la malheureuse nation se soit laissé prendre à l'appât qui lui était offert, et que ce mystérieux nombre ait enflammé son imagination? On espérait done, dans un avenir prochain, entre 118 et 122, le rétablissement de l'ancien culte. [...]

 

Seulement, grâce à la versatilité et à l'indécision d'Adrien, les ennemis des Juifs parviennent à lui inspirer de la méfiance contre ce peuple. Aussi la ville et le temple se construisent, seulement la ville ne sera plus Jérusalem, mais Ælia, et le sanctuaire ne sera pas consacré à Jéhova, mais à Jupiter Capitolin; la statue équestre de l'empereur même ornera le nouvel édifice. Une guerre terrible éclate et est conduite de deux côtés pendant deux ans et demi avec une telle persistance et un tel acharnement, qu'elle coûte la vie à plusieurs centaines de milliers d'hommes et change la Palestine en une solitude (Joseph Derenbourg, Essai sur l'histoire et la geographie de la Palestine, 1867 - www.google.fr/books/edition).

 

"mis Ă  mort"

 

Comme Alexandre, il n'avait pas voulu dĂ©signer son successeur. Le SĂ©nat apprit la mort de Trajan par une lettre de Plotine, et reçut Ă  la fois plusieurs nouvelles graves. L'impĂ©ratrice Ă©crivait que Trajan, avant d'expirer, avait adoptĂ© Hadrien; mais cette adoption n'avait pas eu de tĂ©moins. Dans le mĂŞme temps, Hadrien Ă©crivait au SĂ©nat pour s'excuser «d'avoir pris l'empire sans attendre le vote des pères conscrits - les soldats l'avaient proclamĂ© d'abord - l'Etat ne pouvait rester sans chef pendant plusieurs jours.» Il n'est guère possible de douter que l'adoption n'ait Ă©tĂ© supposĂ©e par Plotine, et mĂŞme que la mort de Trajan n'ait Ă©tĂ© cachĂ©e quelque temps pour donner Ă  Hadrien le temps de venir d'Antioche Ă  SĂ©linonte, et de prendre les mesures propres Ă  dĂ©jouer les desseins de prĂ©tendants mieux autorisĂ©s. La conduite ultĂ©rieure d'Hadrien suffirait Ă  dĂ©montrer ce dont toute l'antiquitĂ© l'accuse. Trajan, dans l'intimitĂ©, avait dĂ©clarĂ© plusieurs de ses amis dignes du pouvoir suprĂŞme : un Ă  un, ils payèrent de leur vie, sous le nouveau règne, ce glorieux tĂ©moignage.

 

Dion Cassius LXVIII, 33, dit qu'il mourut â Selinonte. Eutrope (VIII, 5) suivi par Orose, VII, 12, fait mourir l'empereur à Sèleucie d'Isaurie. Eusèbe (ap. Sync., 657, 15) et saint Jérôme (Chron., éd. Schoene, p. 165) hésitent entre les deux villes. Les symptômes de la maladie dont mourut Trajan sont décrits assez exactement par Xiphilin. Dion eut peut-être sous les yeux quelque procès-verbal dressé par les médecins du prince et publié par les soins d'Hadrien quand des rumeurs d'empoisonnement coururent au milieu du désespoir public. M. Littré, consulté par moi, a eu la bonté de me répondre qu'aucun poison connu ne cause les troubles décrits par l'historien. La suppression brusque d'un flux hémorrhoïdal habituel amena chez l'empereur une congestion suivie immédiatement d'hémiplégie, et à la suite de l'hémiplégie il y eut une infiltration séreuse (Camille de La Berge, Essai sur le règne de Trajan, 1877 - books.google.fr).

 

De toute façon, un mystère planait sur la mort de Trajan. Quand il se sentit malade, il aurait soupçonnĂ© les effets du poison (Dion Cassius, 68, 33, 2, III, p. 220, 24-26 Boissevain). Un de ses affranchis, M. Ulpius Phaedimus, dĂ©cĂ©da le 12 aoĂ»t 117, soit trois jours après son patron, Ă  SĂ©linonte mĂŞme (CIL, VI, 1884). Ses restes, ensevelis d'abord sur place, ne revinrent Ă  Rome qu'en fĂ©vrier 130. Or d'après l'Histoire Auguste (Hadrien, 4, 10), un homme aurait contrefait d'une voix affaiblie celle de l'empereur moribond adoptant Hadrien... D'après Dion Cassius (69, 1 -2, III, p. 222, 1 -6), Trajan n'aurait pas adoptĂ© son petit-cousin ; mais la position militaire du lĂ©gat de Syrie et l'action d'Attianus appuyĂ©e par Plotine lui assuraient l'Empire. Le mĂŞme Dion Cassius (69, 1, 3-4, III, p. 222, 9-15 Boissevain) tenait de la bouche mĂŞme de son père, ancien gouverneur de la province de Cilicie oĂą Trajan avait succombĂ©, la double information que l'extinction du prince demeura secrète durant quelques jours et que Plotine aurait signĂ© ses lettres au sĂ©nat. Eutrope (AbrĂ©gĂ© de l'histoire romaine, VIII, 6, 1) et AurĂ©lius Victor (Livre des CĂ©sars, 13, 13) font Ă©tat eux aussi d'intrigues de l'impĂ©ratrice (Robert Turcan, Hadrien: souverain de la romanitĂ©, 2008 - books.google.fr).

 

Est-il surprenant que le poison ressurgisse avec Hadrien ? Arrivé au pouvoir avec une réputation déjà quelque peu controversée, jugé trop autoritaire à l'encontre du Sénat et trop perméable aux influences de l'Orient, le Graeculus (ce mot ayant aussi toutefois le sens de « toucheàtout ») en aurait repris les mauvaises façons. L'Histoire Auguste dépeint Hadrien d'un naturel cruel et méfiant, traits encore accentués à la fin de son existence. Il déteste ceux qu'il a désignés comme ses successeurs et fait périr nombre de ses sujets, ouvertement ou insidieusement. Le prince aurait par exemple fait mourir l'impératrice Sabine par poison, mais le texte ajoute que le fait relève sans doute de l'affabulation. Il reste que les esprits associent à nouveau poison et tyrannie (Franck Collard, Pouvoir et Poison. Histoire d'un crime politique de l'Antiquité à nos jours: Histoire d'un crime politique de l'Antiquité à nos jours, 2009 - books.google.fr).

 

"Le nouveau mars"

 

Vopiscus (Aur., 14), rappelant les diverses adoptions faites par les empereurs, cite, celle d'Hadrien par Trajan (Victor Duruy, Histoire des Romains: depuis les temps les plus reculés jusqu'a l'invasion des barbares, Tome 5, 1883 - books.google.fr).

 

Le groupe impĂ©rial en Mars et VĂ©nus fut dĂ©couvert Ă  Rome près de Santa Maria Maggiore, peu avant 1620, ce groupe entre au Louvre après son achat par NapolĂ©on Ier au prince Camille Borghèse en 1807. Hadrien est le premier empereur romain Ă  s'ĂŞtre fait figurĂ© en dieu de son vivant. Jusqu'alors, les membres de la famille impĂ©riale n'accĂ©daient Ă  cet honneur, et ne gagnaient l'immortalitĂ©, qu'après leur mort. Le couple est ici assimilĂ© aux amants Mars et VĂ©nus, les divinitĂ©s de la Guerre et de l'Amour, selon un modèle qu'il faut probablement chercher Ă  l'Ă©poque d'Auguste, dans un groupe crĂ©Ă© par PasitĂ©lès, sculpteur grec installĂ© Ă  Rome. L'image d'Hadrien est plus idĂ©alisĂ©e que celle de Sabine. L'empereur est reprĂ©sentĂ© en nuditĂ© hĂ©roĂŻque, muni des attributs militaires de Mars : le casque Ă  cimier, le baudrier, le glaive et la cuirasse, dĂ©posĂ©e sur le tronc d'arbre qui sert d'Ă©tai Ă  la figure. Ce portrait allĂ©gorique, destinĂ© Ă  la propagande impĂ©riale, manifeste le rĂ´le de l'empereur : Hadrien s'impose comme le garant de la Paix et de la prospĂ©ritĂ© de l'Empire.

 

Cette idéologie est servie par des références ostensibles à l'art grec. Durant son règne, entre 117 et 138 ap. J.-C., Hadrien favorise un retour au classicisme grec dans le domaine des arts et des lettres. Ce groupe témoigne donc pleinement de cette politique philhellène et du renouveau des créations néoattiques. Par sa pondération et sa froideur, le portrait d'Hadrien s'inspire des figures athlétiques d'époque classique, tel le Mars d'Alcamène (fin du Ve siècle av. J.-C.). La figure féminine conserve quant à elle le souvenir des Aphrodites à demi nues du IVe siècle av. J.-C. et de l'époque hellénistique, dans la lignée des œuvres de Praxitèle. L'attitude générale de la déesse rappelle celle de La Vénus de Capoue (musée de Naples). Le motif du drapé, qui glisse délicatement sur les hanches, est comparable au dévoilement de La Vénus de Milo (Ma 399). Le sculpteur a cependant couvert la nudité du buste, indécente pour la femme de l'Empereur (www.louvre.fr).

 

Hadrien, mĂŞme Ă  son dĂ©but, n'avait pas Ă©chappĂ© Ă  ces consĂ©quences de sa vie de dĂ©bauche. En fait de superstitions on en rapporte de lui une singulière : une source fatidique lui ayant annoncĂ© l'empire, il la fit boucher de peur qu'elle n'en annonçât autant Ă  un autre. En fait de cruautĂ©, il avait dĂ©jĂ  persĂ©cutĂ© les chrĂ©tiens, et nous l'avons vu prĂŞt Ă  glisser, si la puissance de l'opinion ne l'eĂ»t retenu, dans la voie d'une politique sanguinaire. A la fin de sa vie, nous l'y verrons tomber ouvertement. Pendant toute sa vie, ceux qui l'approchaient tĂ©moignèrent plus d'une fois de la duretĂ© de son âme. On savait ce qu'il Ă©tait pour sa femme Sabine : cette petite-nièce de Trajan Ă©tait le lien entre Hadrien et la famille de son prĂ©dĂ©cesseur, et ce lien, il se fĂ»t gardĂ© de le rompre par le divorce; mais il lui faisait payer cher au dedans la biensĂ©ance obligĂ©e qu'il gardait au dehors. Sabine Ă©tait Auguste, elle figurait avec Hadrien sur les monnaies et sur le seuil des temples ; mais au palais, elle Ă©tait traitĂ©e presque comme une esclave, et elle disait tout haut qu'elle n'avait pas voulu ĂŞtre mère pour ne pas faire le malheur du genre humain, en lui donnant un fils d'Hadrien. On savait aussi ce que Hadrien avait Ă©tĂ© pour Apollodore. Ce grand architecte avait eu le malheur, sous le règne de Trajan, de rĂ©pondre brutalement Ă  Hadrien qui se mĂŞlait de discuter un plan avec lui et l'empereur : «Va peindre tes citrouilles» (Hadrien en ce moment, dans la capricieuse variĂ©tĂ© de ses goĂ»ts, Ă©tait livrĂ© Ă  la peinture de la nature morte). De plus, Apollodore avait eu le tort bien plus grave de faire une critique, et une critique mĂ©ritĂ©e de l'Ĺ“uvre architecturale d'Hadrien. Dans le temple de VĂ©nus et de Rome les deux dĂ©esses Ă©taient assises, et d'une taille colossale. « Une fois debout, avait-il dit, elles ne pourraient sortir du temple. » Apollodore, Ă  l'Ă©poque oĂą il parlait ainsi, Ă©tait dĂ©jĂ  exilĂ©; il fut mis Ă  mort. La mansuĂ©tude politique du prince ne put tenir contre le dĂ©pit de l'artiste. Telle Ă©tait donc l'âme d'Hadrien, et les quelques lumières que les apologies chrĂ©tiennes avaient pu y jeter devaient agir en lui comme un Ă©trange remords (Franz de Champagny, Les Antonins: Ans de J.-C. 69-180. Suite de CĂ©sars et de Rome et la JudĂ©e, Tome 2, 1863 - books.google.fr).

 

"Dame" : Cybèle

 

On rencontre une Dame au quatrain II, 44 associé au fils d'Oliver Cromwell, Richard, qui laissera se faire la restauration stuarte.

 

Elle pourrait être Cybèle.

 

Enfin et surtout, Cybèle est qualifiĂ©e de domina, statut que les citoyens romains refusent de reconnaĂ®tre Ă  leurs dieux, en qui ils voient des patrons, avec lesquels ils entretiennent une relation fondĂ©e non sur la terreur, mais sur la confiance et la rĂ©ciprocitĂ©. On est donc bien loin d'une «romanisation» de la dĂ©esse, qu'H.C. Parker jugeait parfaitement accomplie au v. 327. C'est alors que resurgissent, vv. 341-343, les flĂ»tes et les tambourins, dont on a notĂ© l'importance comme symboles d'Ă©trangetĂ©. La flĂ»te est furieuse et les mains effĂ©minĂ©es, allusions au dĂ©lire qui entraĂ®na l'Ă©masculation d'Attis, Ă  tout ce qui, dans le statut des Galles, choque les esprits romains. Pourtant ce cortège se dirige vers Rome, et Ovide conclut son rĂ©cit en mentionnant la fondation et les refondations du temple, introduisant de grands noms de l'histoire romaine. Il s'agit donc bien de mĂ©nager, Ă  Rome, une place centrale Ă  Cybèle, sur le Palatin. La conclusion du rĂ©cit des origines allie le constat d'Ă©trangetĂ© irrĂ©ductible Ă  l'accueil dans le panthĂ©on romain (Maud Pfaff-Reydellet, ThĂ©orie et pratique du “rĂ©cit des origines” : l'arrivĂ©e de Cybèle dans le Latium (Ovide, Fastes IV 247-348), L'ultima parola: l'analisi dei testi : teorie e pratiche nell'antichitĂ  greca e latina, 2004 - www.google.fr/books/edition).

 

Un buste d'Attis (BNF) portant le bonnet phrygien, marbre de Paros, IIe siècle ap. J.-C, probablement pendant le règne d'Hadrien, ressemble à ceux d'Antinoüs (Pierre Léoutre, Les Tauroboles de Lectoure: Recueil de textes, 2021 - www.google.fr/books/edition).

 

S'il est bien vrai que L. Cestius et C. Norbanus aient mis Cybèle au service de la propagande octavienne, on ne voit pas qu'Auguste ait numismatiquement officialisé cette protection métroaque. La Grande Mère des dieux disparait du monnayage proprement romain durant près de deux siècles. Ni la reconstruction de son temple au Palatin après l'incendie de 3 ap. J.-C., ni la faveur de Claude ne paraissent avoir eu le moindre écho dans l'imagerie monétaire. [...] Sous Hadrien seulement, ou du moins sur des flans frappés aux effigies d'Hadrien et de Sabine, Cybèle émerge de nouveau et son image réapparaîtra souvent à l'époque antonine et sévérienne, jusqu'en 222, sur les monnaies de Julia Soaemias. Elle disparaît alors encore et définitivement du monnayage romain. On ne la retrouvera qu'au IVe siècle, mais sur des médaillons contorniates (Robert Turcan, Numismatique romaine du culte métroaque, Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire romain, 1983 - books.google.fr).

 

Il apparaît donc que l'action menée en Italie par Adrien en faveur des dieux égyptiens fut assez discrète. Les autres religions orientales ont laissé Adrien insensible et si Cybèle apparaît pour la première fois sur des médaillons de bronze émis sous le règne d'Adrien, deux de ces types font partie des émissions de Sabine et les deux autres se rapportent, semble-t-il, à une frappe commémorative en l'honneur de Diua Plotina, la femme de Trajan. La Bérécynthienne aurait donc trouvé un appui auprès des princesses. En tout cas, la réserve d'Adrien à l'égard de la Grande Mère contraste de façon flagrante avec l'engouement de son successeur (Michel Malaise, Les Conditions de pénétration et de diffusion des cultes égyptiens en Italie, 1972 - books.google.fr).

 

Dans la numismatique de Sabine, Cybèle est assise tantôt, selon le type ordinaire, sur un trône (Cohen, I, c, p. 250, n° 35; tantôt, comme Atargatis et Caelestis, sur un lion (n°88) (Henri Graillot, Le culte de Cybèle: mère des dieux, à Rome et dans l'Empire romain, 1912 - books.google.fr).

 

Cette DĂ©esse mère Ă©tait honorĂ©e dans l’ensemble du monde antique. Le centre de son culte se trouvait dans la Turquie actuelle sur le mont Dindymon, Ă  Pessinonte, oĂą le bĂ©tyle (la pierre cubique noire Ă  l'origine de son nom, KubĂ©lè) qui la reprĂ©sentait serait tombĂ© du ciel. Principalement associĂ©e Ă  la fertilitĂ©, elle incarnait aussi la nature sauvage, symbolisĂ©e par les lions qui l’accompagnent. On disait qu’elle pouvait guĂ©rir des maladies (et les envoyer) et qu’elle protĂ©geait son peuple pendant la guerre. Elle Ă©tait connue en Grèce dès le Ve siècle av. J.-C. et se confondit bientĂ´t avec la mère des dieux (RhĂ©a) et DĂ©mĂ©ter. En 204 av. J.-C., au plus fort de la deuxième guerre punique, les Romains, obĂ©issant Ă  une prophĂ©tie des Livres sibyllins, et Ă  un oracle de Delphes, envoyèrent des ambassadeurs Ă  Pessinonte : ils Ă©taient chargĂ©s d’une mission dĂ©licate, rapporter Ă  Rome la pierre sacrĂ©e. Elle fut escortĂ©e pendant le voyage de retour par cinq quinquĂ©rèmes et miraculeusement accueillie par la vestale Claudia Quinta. Dans un premier temps, elle est placĂ©e dans le temple de la Victoire situĂ© au sud-ouest de la colline du Palatin Ă  l’intĂ©rieur du PomĹ“rium, en attendant l’achèvement de son propre temple dĂ©diĂ© le 9 avril 191 av. J.-C (fr.wikipedia.org - Cybèle).

 

"frayeur"

 

Toujours on trouve ce thème de la peur qui vient lester d'un poids de vérité psychologique ce que les évocations du démoniaque et du surnaturel pourraient sembler avoir d'artificiel et de conventionnel, l'image littéraire et le sentiment poétique faisant place à l'émoi physique, voire même aux paniques terreurs. On le trouve quand Ronsard parle de cette Janetton, sorcière de village, dont il montre, dans son Voyage de Tours, comment elle pratiquait ses envoûtements; ou de cette vieille de la Folastrerie III, qui, portant suaire, hantait les cimetières, et faisait peur à tous

 

Frayeur enfin, bien lĂ©gitime, car Dieux et DĂ©mons savent la faire naĂ®tre chez ceux-lĂ  mĂŞmes qui font les esprits forts. Ronsard en appelle Ă  cette Cybèle, qui doit octroyer Ă  Francus la grâce de «refonder Troye», afin que tous en soient avertis (Franciade I) :

 

Saincte, qui fais une frayeur avoir

Au cœur malin qui moque tes mystères. (424-425)

 

Entre Ronsard et les démons, centrale est, on le voit, la question de la peur (Roger Parisot, Ronsard et les daimons, Recueil N° 32, 1994 - www.google.fr/books/edition).

 

La déesse, mère des Dieux, dont la puissance s'étend à la nature entière, protège Francus dans tous ses déplacements. Or toutes les contrées que visite le jeune homme dépendent de l'autorité de cette divinité. Né à Troie, terre même de Cybèle, Francus est placé par Jupiter en Epire : le culte de la déesse est transporté de Phrygie en Chaonie. Au livre II, le jeune héros se rend en Crète où l'accueille Dicée, le «Corybant» (v. 472) (Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, 2009 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. le quatrain IV, 77 ("Selin monarque") avec Francus héros de la Franciade, fils d'Hector et d'Andromaque, elle-même fille d'un roi de Cicilie de Troade.

 

Peu avant Julien, vers 346, Firmicus Maternus rĂ©dige son traitĂ© sur L'Erreur des religions paĂŻennes. On y rencontre une des versions les plus cocasses qui nous soit parvenue des amours de la Mère pour Attis. L'apologiste Ă©chafaude, en liaison avec le rituel de mars, une interprĂ©tation qui fait explicitement allusion Ă  une donnĂ©e nouvelle, la rĂ©surrection d'Attis. Le rĂ©cit ne s'arrĂŞte plus en effet, comme le voudrait la tradition, au rituel des galles instaurĂ© Ă  la suite de la mort d'Attis. Consolation apportĂ©e au deuil d'une dame capricieuse et coupable, le culte a pour mission de «calmer cette femme irritĂ©e ou de procurer un soulagement Ă  ses remords» : pour ce faire, les Phrygiens qui habitent Pessinonte ont consacrĂ© par la cĂ©lĂ©bration d'un deuil annuel les amours de cette reine fortunĂ©e, et proclamĂ© «la rĂ©surrection de celui qu'ils avaient enterrĂ© peu auparavant». Sarcasmes mis Ă  part, cette version Ă©voque un scĂ©nario hellĂ©nistique Ă©vhĂ©mĂ©riste bien connu pour d'autres divinitĂ©s, dès les sources de Diodore de Sicile. Mais un tel scĂ©nario est nouveau pour Attis et il s'applique ici, très exactement, Ă  la liturgie prĂ©sentĂ©e par le calendrier de Philocalus, qui date de 354. On retrouve, dans l'exĂ©gèse de Julien comme chez Firmicus Maternus, comme chez Porphyre vraisemblablement aussi, la rĂ©fĂ©rence aux Ă©tapes de cette mĂŞme liturgie. Mais l'essentiel du scĂ©nario, il faut bien le reconnaĂ®tre, figurait dĂ©jĂ , et sous un Ă©clairage positif, plus proche de Julien que de Firmicus Maternus, dans l'exĂ©gèse gnostique chrĂ©tienne des Naassènes, plus d'un siècle auparavant. Chez Julien, le mariage d'Attis – son union Ă  la Nymphe – signifie la mort; sa castration et sa remontĂ©e vers la Mère marquent les retrouvailles avec la vie. De mĂŞme, chez les Naassènes, Attis est-il infĂ©cond et mort dans l'existence terrestre, fĂ©cond et dieu quand il renonce au sexe. Ce type de paradoxe revĂŞt pour nous un caractère d'Ă©trange familiaritĂ©, qui nous renvoie Ă  d'autres paradoxes, destinĂ©s Ă  exprimer les mystères de l'incarnation, de la croix, ou encore de la virginitĂ© de la Mère de JĂ©sus (Philippe Borgeaud, La Mère des dieux - De Cybèle Ă  la Vierge Marie, 2018 - www.google.fr/books/edition).

 

«C'Ă©toit, dit le Scoliaste de Hollande, les Galli, prestres de Cybèle, mère des dieux, ainsi nommez Ă  Gallo PhrygiĹ“ Fluvio rendoit furieux et insensez ceux qui avoient beu de son eau, jusques Ă  se chastrer eux-mesmes, et se couper les gĂ©nitoires avec un test. Ils s'appelloient aussi Cotybantes et Curetes "apo tès kouras", Ă  cause de la tonsure. Car, comme dit Strabon, ils portoient les cheveux au derriere de la teste, et tout le devant estoit tondu ; ils estoient vestus de robbes de femmes, et, ayant posĂ© et attachĂ© sur un asne l'image de la dĂ©esse Cybele, alloient mendiant de bourgade en bourgade, menant grand bruit avec tambour et autres instruments d'airain esclatants; et, sous crainte et reverence de la dĂ©esse, contraignoient de leur donner ce qui leur estoit necessaire pour vivre.» (M. Esmangart, Éloi Johanneau, Ĺ’uvres de Rabelais, Tome 5, 1823 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ALLD, Sylvius Alludius

 

Denys d'Halicarnasse (Livre I) assure que de son tems, quand les eaux du lac Albain étoient basses, on voyoit encore les ruines de ce palais. Il est vrai que Denys attribue cette inondation à un orage, et non pas à un tremblement de terre : «Agrippa, dit-il, eut pour successeur Alladius, prince que sa tyrannie rendit l'objet du courroux céleste. Son mépris pour les dieux le porta à imaginer le moyen d'imiter la foudre et le tonnere, afin de passer lui-même pour une divinité auprès des peuples effrayés de ce spectacle; mais son palais ayant été renversé par un orage et des foudres plus réels que les siens, et le lac sur le bord duquel il étoit bâti, s'étant enflé extraordinairement, il fut englouti avec tout ce qui étoit dans ce palais. Aujourd'hui quand le lac diminue et que les eaux sont plus basses, on voit, lorsqu'elles sont calmes des salles ruinées et d'autres vestiges d'un palais» (Nicolas Fréret, Oeuvres complétes, Tome 1, 1796 - www.google.fr/books/edition).

 

En échange de son élection divine, l'Empereur est subordonné aux dieux. Domitien, en établissant l'élection divine comme l'élément central de l'idéologie impériale officielle, fut un innovateur, suivi par Trajan et ses successeurs. Si le foudre de l'Empereur est un thème commun chez Ovide et, si, sur deux types émis au début du principat d'Auguste, on trouve le foudre associé à l'image du prince, le portrait de Domitien tenant l'attribut de Jupiter est une forte rupture avec l'iconographie impériale conservatrice du monnayage romain, qui ne faisait pas beaucoup de concessions au concept d'une royauté divine, même sous Caligula et Néron. L'interprétation de cette image monétaire suscita des controverses. En accord avec J.R. Fears, je la conçois comme la volonté de Domitien d'établir officiellement son rôle de vice-gérant de Jupiter et non de s'assimiler à Jupiter. Au contraire, toutes les frappes dédiées au dieu, ainsi que les autres actions de l'Empereur en son honneur, témoignent de la piété de Domitien envers Jupiter. Ce portrait de Domitien en habit militaire et tenant le foudre est très proche de celui d'Alexandre Keraunophoros, que l'on trouve sur des decadrachmes. Si Auguste avait imité Alexandre et avait tenté de s'assimiler à lui, les Julio-Claudiens et les deux premiers Flaviens n'avaient pas poursuivi ce mouvement. Sous Trajan, la légende d'Alexandre tint une grande importance et l'Empereur se compara clairement à lui. avec la même ardeur. En revanche, à la cour de Domitien, Martial et Stace reflètent le regain d'intérêt de l'Empereur pour Alexandre, le prototype du conquérant choisi divinement et cosmocrator, qui tient le foudre en tant que contrepartie terrestre de Jupiter. Au même moment, l'élection divine de Domitien par Jupiter devient l'élément central de l'idéologie impériale (M. Susplugas, Les monnaies romaines de Domitien, Latomus: revue d'études latines, 2003 - www.google.fr/books/edition).

 

En 114, la foudre du ciel tomba dans Rome sur le Pantheon de leurs faux Dieux (R.P. Jean-Louis d'Amiens sieur de la Motte capucin, L'Atlas des temps, divisé en quatre livres, 1685 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 1627 sur la date pivot 117 (année de la mort de Trajan), donne -1393.

 

Epoque de Janus, roi des Aborigènes du Latium (-1389) (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - www.google.fr/books/edition).

 

Gardien de la paix et de la guerre, axe autour duquel s'organise l'univers, tourné vers les deux parties de l'oikoumène, Janus convenait au discours développé par Trajan pour l'inauguration de son Forum en 112. Par la date du 1er janvier, l'Optimus Princeps établissait un lien délibéré entre charge politique républicaine, urbanisme et décor du Forum, et la vision de Janus qui s'affirma dès la fin de la République. Identifié à Aiôn, le dieu devint la uis caeli maxima «qui maintenait ensemble les parties de l'univers» (Martin Galinier, La Colonne Trajane et les Forums impériaux, 2013 - www.google.fr/books/edition).

 

Antiquités

 

La découverte d'une statue ou d'une stèle se reproduit au quatrain I, 25 associé à l'année 1575 et une stèle dédiée au demi-dieu Semo Sancus trouvée à Rome en 1574.

 

Les recherches que nous avons entreprises pour la refonte du recueil des sculptures de la Gaule d'Émile Espérandieu nous ont conduit à nous intéresser à une tête féminine en marbre, qui est conservée dans les réserves du musée de la Civilisation gallo-romaine à Lyon. Son origine était inconnue, la notice d'Espérandieu renvoyant seulement au premier catalogue imprimé du musée de Lyon, rédigé en 1816 par son fondateur, François Artaud. Celui-ci n'indiquait aucune provenance, ce qui pouvait laisser supposer que la pièce avait été donnée par un collectionneur lyonnais mais qu'elle ne provenait pas du sol de la capitale des Gaules. Notre enquête nous a permis de retrouver la date de sa découverte et son origine. Elle a appartenu à la collection de l'illustre Claude Fabri de Peiresc à Aix-en-Provence et elle a joué un rôle important dans les discussions savantes des érudits de la «République des Lettres» au cours des années 1628-1635. Nous pensons pouvoir l'identifier comme un portrait de l'impératrice Sabine, épouse d'Hadrien. Il s'agit d'une tête de jeune femme, exécutée dans un marbre blanc à grain fin, brillant, qui s'est révélé à l'analyse en laboratoire être un marbre typique des carrières d'Aphrodisias en Turquie.

 

La statue aurait Ă©tĂ© trouvĂ©e près des capucins Ă  Aix, "aux ruines d'un bain antique" selon une indication de la main de Peiresc sur un dessin la reprĂ©sentant Une autre prĂ©cision non moins importante concorde exactement avec la première et se trouve dans une lettre en italien, du 28 fĂ©vrier 1629 Ă  Cassiano dal Pozzo: «Et io mi trovo una testa di donna antiqua di marmo, trovata questi anni addietro in questa cittĂ fra le rovine d'un bagno antiquo, arrichito di musaĂŻcr.» Enfin, une troisième allusion Ă  cette sculpture se lit dans une lettre Ă  Girolamo Aleandro du 2 mars 1629 oĂą Peiresc en parle en ces termes : «Et fu trovata quella testa fuor delle mura di questa citta, l'anno passato.» Elle apporte donc la date exacte de la trouvaille : 1628, ainsi qu'une localisation intĂ©ressante Ă  l'intĂ©rieur des remparts d'Aix-en-Provence oĂą habitait le collectionneur. [...]

 

Cette tête l'intéresse au plus haut point parce qu'elle présente des similitudes dans la coiffure avec les figures féminines de l'extrémité droite de la fresque Aldobrandini. [...] Toute l'Europe savante était passionnée par la découverte de cette peinture romaine conservée depuis 1818 à la bibliothèque Vaticane. Dégagée sur l'Esquilin en 1601, elle avait été aussitôt transportée, malgré les difficultés techniques, dans la demeure du cardinal Pietro Aldobrandini. Il semble avéré que Peiresc l'ait vue lui-même lors de son séjour à Rome en 1601122, mais ce n'est que vers les années 1628, au moment où Cassiano dal Pozzo commence à réclamer à ses amis des copies de cette fresque pour enrichir son «musée de papier» et pour lui consacrer une publication, que Peiresc en fait un sujet récurrent dans sa correspondance. [...]

 

On doit mentionner l'existence d'une tête aujourd'hui disparue, qui fut découverte à Nîmes vers 1626-1628. Jamais citée dans les études sur Sabine, elle nous paraît cependant devoir en être rapprochée, même si l'identification reste hypothétique à cause du caractère sommaire du croquis conservé dans un manuscrit nîmois. Il est dû à A. de Rulman, qui identifiait cette image comme un portrait de Plotine, en se fondant probablement sur les liens de celle-ci, nîmoise d'origine, avec la colonie et en raison de la basilique qu'Hadrien lui fit construire à sa mort en 122. Mais la ressemblance avec les effigies de Sabine nous paraît plus convaincante: les mèches de cheveux sur les tempes, le diadème haut placé sur le sommet du crâne, le chignon sur la nuque et l'expression amère donnée par les plis de la bouche nous rapprochent davantage de l'épouse d'Hadrien, alors que les portraits de Plotine ont une coiffure (dite d'ailleurs «à la Plotine»), qui est assez différente. [...]

 

Cette enquête nous a permis de retrouver le contexte historique dans lequel fut trouvée cette belle tête maintenant conservée dans les réserves du musée de Lyon. On mesure son importance dans les discussions érudites de la «République des lettres» vers les années 1628. Elle nous permet aussi de reconnaître une nouvelle fois la rigueur de Peiresc, sa capacité à rapprocher des documents apparemment sans lien direct et, pour reprendre un mot de Marc Fumaroli, «son sens de la communauté scientifique» (Henri Lavagne, Un portrait de l'impératrice Sabine provenant de la collection de Peiresc, retrouvé à Lyon, Monuments et mémoires publiés par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 2005 - books.google.fr).

 

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