La tête de Sabine I, 94 1627 Au port Selin le tyran mis à mort, La liberté non pourtant recouvrée : Le nouveau Mars par vindicte & remort : Dame par force de frayeur honorée. "remort" pour "souvenir" "avertissement" "ressentiment" et non pour remord (Jean Auguste Huldreich Scheler, Oeuvres de Froissart: poésies, Tome 3, 1872 - books.google.fr, Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). Port Selyn Quelques historiens modernes ont cru voir une mention de Sélinonte dans Ulpien; mais ils ont confondu la Sicile avec la Cilicie, où il existait une autre Sélinonte. Trajan y mourut et elle en prit le nom de «Trajanopolis.» (Ludwig Zanth, Recueil des monuments de Ségeste et de Sélinonte, 1870 - books.google.fr). Cela marque un des sens de "Selin" en rapport avec la Méditerranée, les deux Sélinonte étant l'une en Sicile, et l'autre en Cilicie au bord de la mer. Alors que Trajan est encore sur les rives de l’Euphrate, des révoltes parthes éclate en Mésopotamie, et juives en Syrie, à Chypre, en Judée, en Égypte et en Cyrénaïque dès 115. Une fois que les troupes romaines semblent avoir la maîtrise de tous les théâtres d’opérations, Trajan reprend sa stratégie initiale. Il se déplace vers le nord et assiège la ville fortifiée d’Hatra. Malgré des efforts importants, le siège échoue en raison de conditions très défavorables aux assiégeants : climat désertique, problème de réapprovisionnement. De plus, la santé de Trajan décline et il est contraint de se retirer. Son état de santé continuant à se détériorer, il décide de rentrer à Rome. Ce retour précipité rend nécessaire l’organisation d’une seconde campagne en Orient. Le contrôle de la Mésopotamie est perdu. Dans cette situation, Trajan n’a pas d’autre choix que de mettre Hadrien en avant et le nomme gouverneur de Syrie où les troupes engagées dans la guerre contre les Parthes sont stationnées. Trajan décède à Selinus, le 8 ou le 9 août 117, sur le chemin de retour pour Rome, des suites d’une grave maladie. Considérablement affaibli par sa dernière campagne, un accident vasculaire cérébral le rend hémiplégique. Il succombe quelques jours plus tard des suites de graves complications respiratoires. Les symptômes de la maladie semblent correspondre à des conséquences du paludisme. Il est dit qu’il a finalement adopté Hadrien sur son lit de mort. Les circonstances opaques de cette adoption ont entrainé de nombreuses spéculations et controverses. Dion Cassius prétend qu’Hadrien n’a jamais été adopté, mais qu’il s’agit d’une manœuvre de l’impératrice Plotine et du préfet du prétoire Publius Acilius Attianus. Les historiens modernes sont eux-mêmes divisés sur la réalité de cette adoption. Le corps de Trajan est transféré sur ordre d’Hadrien à Séleucie de Piérie et incinéré. Ses cendres sont ensuite ramenées à Rome et placées dans la base de la colonne Trajane, bien que les funérailles d’un empereur dans l’enceinte de la ville, à l’intérieur du pomœrium, soient inhabituelles : Trajan reste, jusqu’à l’antiquité tardive, le seul empereur à être enterré dans les limites de la ville (fr.wikipedia.org - Trajan). Trajan assiége Atra, ville capitale des Agaréniens en Arabie, qui s'étoient révoltés, ils font une si vigoureuse résistance, qu'il est forcé de lever le siége, & de retour à Sélinunte, dans la suite nommée Trajanopolis, il est à la fois d'une hydropisie, d'une paralysie & d'un flux de sang, & y meurt après avoir régné dix-neuf ans six mois & quinze jours (Histoire Universelle, Depuis Le Commencement Du Monde Jusqu'a Présent: Table Chronologique De L'Histoire Ancienne, Volume 40, 1784 - books.google.fr). Pour l'Arabie voir quatrain suivant I, 95 - Socinianisme - 1627-1628. La Cilicie Trajan est le premier d'une série d'empereurs morts en Cilicie, parmi lesquels se détachent Constance II (361), Jean Comnène (1143), Frédéric Barberousse (1190). Son successeur, Hadrien, l'accompagnait dans la guerre parthique. Il rentre d'Antioche en Europe par la Cilicie et la route classique des Pyles ciliciennes vers la Cappadoce et Angora. Durant ses nombreux voyages, Hadrien aura l'occasion de repasser par la Cilicie, une province qu'il semble d'ailleurs avoir particulièrement favorisée. Politiquement, il se démarque de l'annexionnisme de Trajan, abandonne les trois provinces transeuphratiennes récemment constituées et revient à la méthode de gouvernement indirect par rois vassaux : il «autorisa les Arméniens à avoir leur propre roi» et «ramena la frontière de l'empire à l'Euphrate». Sans pour autant mettre un terme aux ennuis de Rome en Orient. Depuis le découpage consécutif aux conquêtes pompéiennes, l'organisation politique de l'Asie romaine avait subi des modifications. L'aggravation persistante du danger parthique faisait de la Syrie le bouclier oriental de Rome, alors que l'élimination des pirates rouvrait la route maritime de la Cilicie : pour ces deux raisons, cette énorme province appelée Cilicie n'avait plus de raison d'être. Dès -49, soit juste après le proconsulat de Cicéron, la partie phrygienne au nord-ouest (Laodicée, Apamée, Synnada) est détachée au profit de la province d'Asie. Peu après, en -47, Chypre est rendue à l'Égypte : cadeau naturel de César à sa royale maîtresse. Et c'est peut-être un peu plus tard, au cours des assises tenues par César à Tarse, qu'est prise la décision essentielle : rattacher la Cilicie plane à la Syrie, pour en faire une unité militaire plus forte face aux Parthes. La Pamphylie se trouve elle aussi détachée de l'ex-province de Cilicie, mais au profit de la province d'Asie. Tout cela est effectif au plus tard en -43. Reste la Cilicie trachée, et son problème de populations rebelles; elle subira plusieurs démembrements au profit de dynastes locaux ou voisins. En Cilicie plane, seule la Castabalide maintenait ce statut, sous la dynastie de Tarcondimotus. En trachée, le district d'Olba est laissé aux Teucrides toujours alliés, la région de Derbé et Laranda reste aux mains de l'irréductible Antipater, alors que Séleucie est déclarée ville libre, avec un territoire autour de l'embouchure du Calycadnus. Le reste est partagé entre Polémon roi du Pont, Amyntas roi de Galatie, puis Cléopâtre qui reçoit d'Antoine la plus belle part. Après la défaite d'Antoine (-31), Octave ne change pas le principe et donne les domaines de Cléopâtre à Amyntas de Galatie, dont le puissant royaume coupe maintenant la péninsule du nord au sud. En 25, il est tué en luttant contre les Isauriens. Octave supprime alors son royaume pour en faire la province romaine de Galatie. Deux ans plus tôt, Octave était devenu Auguste. Il avait alors institué une distinction entre les provinces sénatoriales, comme l'Asie et le Pont-Bithynie, et les provinces césariennes ou impériales, les plus exposées, qui relèveraient directement du souverain. C'est le cas de la Syrie-Cilicie, qu'Auguste visite en personne en -19. La Cilicie trachée est signalée par Strabon comme faisant partie, sous Auguste, des domaines du roi Archelaos de Cappadoce. Sa mort, en 17, est suivie de la conversion de son (trop ?) puissant royaume au statut de province : Tibère ne semblait pas apprécier le défunt monarque. Eutrope affirme que cet empereur rebaptisa Césarée la capitale Mazaca, mais selon d'autres versions ce changement de nom date de 10 environ, marquant le respect d'Archelaos pour son suzerain Auguste. L'annexion de la Cappadoce est contemporaine de la fin du petit royaume de Castabalide, rattaché à la Cilicie plane, donc à la province de Syrie, à la mort du roi Philopator en 17. Le royaume de Commagène est lui aussi supprimé, et son territoire est rattaché à la province de Syrie. Toute une vague d'annexions, à laquelle échappe la Cilicie trachée. Elle est laissée par Tibère au fils d'Archelaos. Mais Caligula, successeur de Tibère, était très influencé par Antiochos, fils du dernier roi de Commagène. En 37, il le remet sur le trône, lui donnant en plus la Cilicie trachée : le royaume ainsi restauré se trouve formé de deux parties, Commagène et Cilicie trachée, séparées par la Cilicie plane et la Cappadoce. Nettement plus énergique, Antiochos fondera des villes en Cilicie et aura comme son prédécesseur maille à partir avec les montagnards rebelles du Taurus. C'est cet Antiochos qui intervient dans la tragédie «Bérénice» de Racine. L'auteur prend d'ailleurs avec l'histoire les plus grandes libertés. En fait, la princesse juive Bérénice avait été brièvement mariée au roi du Pont Polémon II, auquel l'empereur Claude avait donné en 41 un territoire en Cilicie trachée. Et quand Racine fait dire par l'empereur Titus, s'adressant à Antiochos «Je joins la Cilicie à vostre Comagène», il confond Titus et Caligula, à plus de 40 ans de distance. A cette époque d'ailleurs, la Commagène était déjà réduite en province romaine... En effet, Titus est monté sur le trône en 79, dix ans après que son père, Vespasien, ait inauguré la dynastie des Flaviens. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, Vespasien n'avait aucune inclination pour l'hellénisme qui restait le fondement de l'Asie Mineure. Peut- être est-ce là l'une des raisons de sa réorganisation administrative, qui fait «place nette». Le royaume de Commagène est réduit par la force. En Cilicie, la principauté d'Olba est supprimée. A part peut-être un petit district laissé à Iotape, fille du roi Antiochos IV dépossédé - c'est ce qu'affirme Flavius Josèphe, tout passe maintenant sous l'administration directe de Rome. Les deux Cilicies sont ainsi, après plus d'un siècle, réunifiées, avec Tarse pour capitale de cette nouvelle province romaine. Bien plus tard, à la fin du IIIe siècle, les mesures décentralisatrices de Dioclétien entraîneront une nouvelle partition. La Cilicie trachée sera séparée sous le nom d'Isaurie (capitale Séleucie), alors que la Cilicie plane sera elle-même plus tard divisée en Cilicia prima à l'ouest (capitale Tarse) et Cilicia secunda à l'est (capitale Anavarza). Le tout intégré dans le Diocèse d'Orient comprenant aussi Syrie et Égypte, alors que les autres provinces d'Asie Mineure entreront dans les deux Diocèses d'Asie et du Pont. C'est au milieu du Ier siècle que le Taurus voit passer un voyageur dont l'impact historique s'avérera fondamental : Saül de Tarse, le futur saint Paul, va occidentaliser une religion au départ purement orientale, née en Syrie. Si le christianisme va peu à peu devenir un outil impitoyable servant de justificatif à l'expansionnisme géographique et culturel de l'Europe occidentale, c'est sans nul doute à ce personnage qu'il le doit. C'est lui qui définira les lignes de propagation du christianisme, les chaînes reliant Antioche à Rome en passant par les Pyles ciliciennes, continuant soit au sud par la Lycaonie, Éphèse et Corinthe, soit au nord par la route de la mer Noire via Césarée. Né à Tarse probablement en l'an 2, juif zélé, farouche persécuteur de chrétiens dans le cadre de la politique romaine, Saül se convertit à la suite de sa célèbre vision, vers 36. Il devient alors Paul, missionnaire voyageur, basé à Antioche en Syrie. La Cilicie figure dans les trois premiers de ses quatre voyages. Les descriptions qu'on lit dans les Actes des Apôtres sont trop brèves pour permettre une traduction précise, mais en gros les routes sont assez faciles à suivre. Entre 45 et 50, son premier voyage mène Paul, accompagné de Barnabas et Jean-Marc, à l'île de Chypre, qu'ils traversent jusqu'au port de Paphos. Là ils embarquent pour Pergé, en Pamphylie, près d'Attaleia (actuelle Antalya), et ils remontent un peu le cours du fleuve Cestros (actuel Aksu). Puis ils suivent vers le nord la vallée (mais sans Jean-Marc qui les a quittés), et arrivent à Antioche de Pisidie. Cette Antioche est proche de l'actuelle Yalvaç, au pied d'une chaîne du Taurus appelée Sultan Dag. De là , une route longe la chaîne jusqu'à son extrémité méridionale et la contourne ainsi pour arriver à Iconium : route plus longue mais plus commode que la traversée directe du massif. C'est là probablement l'itinéraire de Paul et de Barnabas, que les Juifs ont chassés d'Antioche de Pisidie. Paul prêche à Iconium, en particulier dans la synagogue. L'accueil est mitigé. C'est dans cette ville que Thècle, qui entend l'apôtre, se convertit. Menacée et condamnée, elle est sauvée par un orage «miraculeux» qui noie le bûcher. Plus tard, accompagnant Paul, elle sera livrée nue aux bêtes, qui mépriseront le festin. Elle terminera sa carrière à Séleucie-du-Calycadnus, où sa rivalité avec l'oracle de Sarpédon est partie prenante dans l'une des légendes ciliciennes. En attendant, nos deux prêcheurs subissent à Iconium le même sort qu'en Pisidie. Conscients de la situation, ceux-ci cherchèrent refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystra, Derbé et les alentours. Cette simple phrase soulève deux gros problèmes d'identification (Claude Mutafian, La Cilicie au carrefour des empires, Tome 1, 1988 - www.google.fr/books/edition). Libertas et tyrannus Si Trajan, plus d'un siècle après Auguste, a été appelé par excellence l'Optimus princeps, c'est parce que, au sortir du régime autocratique de Domitien, il ramena dans Rome un gouvernement dans lequel tout citoyen paraissait recouvrer sa dignité et sa libertas. Plus un empereur se présente comme Princeps, plus il répudie le style «royal» ou tyrannique; l'hésitation des Césars entre ces deux comportements est toujours significative, car son mouvement répond, plus qu'à des oppositions de principes politiques - le contenu du pouvoir impérial n'en est jamais changé, - à des variantes sociales. Et celles-ci dépendent autant de la sensibilité du Prince aux réactions des classes aristocratiques ou populaires que de son origine personnelle, plus ou moins élevée (Jean Gagé, Les classes sociales dans l'Empire romain, 1971 - www.google.fr/books/edition). Quand l'opposition sénatoriale appelle tyran l'empereur, c'est pour désigner celui en qui elle voit le destructeur de la libertas, non pour comparer le Palatin à une acropole. Le motif semble avoir connu une particulière popularité sous Domitien, mais, là encore, à titre de simple mot entré dans la latin commun. Le seul élément qui pourrait être issu du monde des déclamations est le souhait de voir paraître un tyrannoctone - mais n'était-ce pas plutôt espérer un nouveau Brutus ? Ce n'est que plus tard, quand tout retour au régime républicain est devenu manifestement impossible, qu'émerge une acception nouvelle de la tyrannie, au IIIe siècle peut-être (mais l'on n'en a pas conservé de documents), en tout cas au IVe. La nouveauté n'est pas dans son contenu, mais dans la rencontre entre deux traditions, d'une part celle des écoles qui continuent - on l'a vu chez Libanios et Chorikios - à polir leurs tyrans des cités imaginaires, d'autre part celle de la philosophie, et plus précisément de la philosophie platonicienne, qui fait du tyran le négatif du «Bon Roi», afin de mieux définir ce dernier (P.L. Malosse, Sophistiques et tyrannies, Approches de la troisième sophistique: hommages à Jacques Schamp, 2006 - www.google.fr/books/edition). Trajan "Tyran" chez les chrétiens et les juifs Trajan est qualifié de Tyran par les chrétiens pour les prétendues persécutions qu'il aurait ordonnées. A Synope dans le Pont, de saint Phocas Martyr, Evêque de la même ville, qui sous l'Empereur Trajan surmonta la rigueur des cachots, des chaînes, du fer & du feu, & s'envola ensuite dans le Ciel. Ses Reliques ont été apportées à Vienne en France, où on les a déposées dans l'église des Apôtres (François Giry, Vie de saints, Tome X, 1859 - books.google.fr). Tandis qu'il glorifiait et remerciait Dieu, la prison s'étant ouverte tout d'un coup, des lampes et des flambeaux lumineux apparurent, et tous ceux qui en furent témoins crurent et se firent baptiser. On introduisit de nouveau le saint devant l'empereur, mais il demeura inébranlable dans la foi au Christ. On jeta le saint dans de la chaux fraîchement cuite, on l'y tint pendant trois heures, mais Dieu le conserva intact. On fit ensuite surchauffer un bain et on l'y enferma, mais il éleva ses mains au ciel et pria Dieu, et tandis qu'il terminait sa prière et disait Amen, il rendit son âme à Dieu, le 23 juillet. Lorsqu'on sortit son corps, il dégageait un parfum comme celui du nard. L'empereur voulut sortir de la ville; saint Phocas lui apparut à la porte de la ville et lui dit : «Trajan, tyran, tu iras à l'endroit qui t'est préparé, dans les flammes éternelles ; pour moi les portes du royaume des cieux se sont ouvertes.» Peu de jours après Trajan mourut d'une mort cruelle (Le Synaxaire arménien de Ter Israel, Volumes 7 à 12, traduit par George Bayan, 1974 - books.google.fr). La nomination en Palestine d'un homme du rang de Quietus avait été faite par Trajan au détriment d'Adrien, le gouverneur de la Syrie, qui, selon Dion, en conçut un vif ressentiment contre son rival; car l'empereur, c'est encore Dion qui le raconte, n'avait adopté aucun successeur et semble avoir hésité entre Quietus et Adrien. Devenu empereur, Adrien se débarrassa de Quietus en le faisant mettre à mort. La mort de Trajan, arrivée à Sélinonte en Cilicie, par conséquent non loin de la Syrie, avait été tenue secrète pendant quelque temps, et l'exécution de Quietus l'ayant suivie de bien près, la confusion était donc facile. Sous l'influence des événements si graves pour les Juifs qui marquèrent la fin du règne d'Adrien, le nom de Quietus s'oublia vite, tandis que celui de Trajan resta gravé dans toutes les mémoires. Enfin le glossateur du Megillat Ta'anit avait rattaché l'événement relatif aux deux frères Alexandrins à la journée du 12 adar, appelée par le chroniqueur simplement Iom Tirion ou Turianos, «jour de Trajan.» [...] Nos sources rabbiniques nous racontent encore l'histoire suivante: «Trajan le tyran eut un fils le 9 du mois d'ab (anniversaire de la destruction du temple), et les Juifs observèrent leur jeûne, puis il perdit une fille pendant les journées de Hannouka (où le souvenir des victoires des Maccabées est fêté), et les Juifs illuminèrent. La femme de Trajan fit alors dire à son mari : Au lieu de faire des conquêtes parmi les barbares, viens achever la soumission des Juifs, qui se sont révoltés contre toi» (Talmud de Jérusalem) (Joseph Derenbourg, Essai sur l'histoire et la geographie de la Palestine, 1867 - www.google.fr/books/edition). "liberté non recouvree" L'exécution de Quietus était dans ce cas le premier gage de sa bienveillance qu'il donna au Juifs. On était alors en 118; quarante-huit ans s'étaient écoulés depuis la destruction du temple par Titus; on était donc bien près des cinquante-deux ans qu'avait duré le premier exil; qu'y a-t-il d'étonnant que la malheureuse nation se soit laissé prendre à l'appât qui lui était offert, et que ce mystérieux nombre ait enflammé son imagination? On espérait done, dans un avenir prochain, entre 118 et 122, le rétablissement de l'ancien culte. [...] Seulement, grâce à la versatilité et à l'indécision d'Adrien, les ennemis des Juifs parviennent à lui inspirer de la méfiance contre ce peuple. Aussi la ville et le temple se construisent, seulement la ville ne sera plus Jérusalem, mais Ælia, et le sanctuaire ne sera pas consacré à Jéhova, mais à Jupiter Capitolin; la statue équestre de l'empereur même ornera le nouvel édifice. Une guerre terrible éclate et est conduite de deux côtés pendant deux ans et demi avec une telle persistance et un tel acharnement, qu'elle coûte la vie à plusieurs centaines de milliers d'hommes et change la Palestine en une solitude (Joseph Derenbourg, Essai sur l'histoire et la geographie de la Palestine, 1867 - www.google.fr/books/edition). "mis à mort" Comme Alexandre, il n'avait pas voulu désigner son successeur. Le Sénat apprit la mort de Trajan par une lettre de Plotine, et reçut à la fois plusieurs nouvelles graves. L'impératrice écrivait que Trajan, avant d'expirer, avait adopté Hadrien; mais cette adoption n'avait pas eu de témoins. Dans le même temps, Hadrien écrivait au Sénat pour s'excuser «d'avoir pris l'empire sans attendre le vote des pères conscrits - les soldats l'avaient proclamé d'abord - l'Etat ne pouvait rester sans chef pendant plusieurs jours.» Il n'est guère possible de douter que l'adoption n'ait été supposée par Plotine, et même que la mort de Trajan n'ait été cachée quelque temps pour donner à Hadrien le temps de venir d'Antioche à Sélinonte, et de prendre les mesures propres à déjouer les desseins de prétendants mieux autorisés. La conduite ultérieure d'Hadrien suffirait à démontrer ce dont toute l'antiquité l'accuse. Trajan, dans l'intimité, avait déclaré plusieurs de ses amis dignes du pouvoir suprême : un à un, ils payèrent de leur vie, sous le nouveau règne, ce glorieux témoignage. Dion Cassius LXVIII, 33, dit qu'il mourut â Selinonte. Eutrope (VIII, 5) suivi par Orose, VII, 12, fait mourir l'empereur à Sèleucie d'Isaurie. Eusèbe (ap. Sync., 657, 15) et saint Jérôme (Chron., éd. Schoene, p. 165) hésitent entre les deux villes. Les symptômes de la maladie dont mourut Trajan sont décrits assez exactement par Xiphilin. Dion eut peut-être sous les yeux quelque procès-verbal dressé par les médecins du prince et publié par les soins d'Hadrien quand des rumeurs d'empoisonnement coururent au milieu du désespoir public. M. Littré, consulté par moi, a eu la bonté de me répondre qu'aucun poison connu ne cause les troubles décrits par l'historien. La suppression brusque d'un flux hémorrhoïdal habituel amena chez l'empereur une congestion suivie immédiatement d'hémiplégie, et à la suite de l'hémiplégie il y eut une infiltration séreuse (Camille de La Berge, Essai sur le règne de Trajan, 1877 - books.google.fr). De toute façon, un mystère planait sur la mort de Trajan. Quand il se sentit malade, il aurait soupçonné les effets du poison (Dion Cassius, 68, 33, 2, III, p. 220, 24-26 Boissevain). Un de ses affranchis, M. Ulpius Phaedimus, décéda le 12 août 117, soit trois jours après son patron, à Sélinonte même (CIL, VI, 1884). Ses restes, ensevelis d'abord sur place, ne revinrent à Rome qu'en février 130. Or d'après l'Histoire Auguste (Hadrien, 4, 10), un homme aurait contrefait d'une voix affaiblie celle de l'empereur moribond adoptant Hadrien... D'après Dion Cassius (69, 1 -2, III, p. 222, 1 -6), Trajan n'aurait pas adopté son petit-cousin ; mais la position militaire du légat de Syrie et l'action d'Attianus appuyée par Plotine lui assuraient l'Empire. Le même Dion Cassius (69, 1, 3-4, III, p. 222, 9-15 Boissevain) tenait de la bouche même de son père, ancien gouverneur de la province de Cilicie où Trajan avait succombé, la double information que l'extinction du prince demeura secrète durant quelques jours et que Plotine aurait signé ses lettres au sénat. Eutrope (Abrégé de l'histoire romaine, VIII, 6, 1) et Aurélius Victor (Livre des Césars, 13, 13) font état eux aussi d'intrigues de l'impératrice (Robert Turcan, Hadrien: souverain de la romanité, 2008 - books.google.fr). Est-il surprenant que le poison ressurgisse avec Hadrien ? Arrivé au pouvoir avec une réputation déjà quelque peu controversée, jugé trop autoritaire à l'encontre du Sénat et trop perméable aux influences de l'Orient, le Graeculus (ce mot ayant aussi toutefois le sens de « toucheà tout ») en aurait repris les mauvaises façons. L'Histoire Auguste dépeint Hadrien d'un naturel cruel et méfiant, traits encore accentués à la fin de son existence. Il déteste ceux qu'il a désignés comme ses successeurs et fait périr nombre de ses sujets, ouvertement ou insidieusement. Le prince aurait par exemple fait mourir l'impératrice Sabine par poison, mais le texte ajoute que le fait relève sans doute de l'affabulation. Il reste que les esprits associent à nouveau poison et tyrannie (Franck Collard, Pouvoir et Poison. Histoire d'un crime politique de l'Antiquité à nos jours: Histoire d'un crime politique de l'Antiquité à nos jours, 2009 - books.google.fr). "Le nouveau
mars" Vopiscus (Aur., 14), rappelant les diverses adoptions faites par les empereurs, cite, celle d'Hadrien par Trajan (Victor Duruy, Histoire des Romains: depuis les temps les plus reculés jusqu'a l'invasion des barbares, Tome 5, 1883 - books.google.fr). Le groupe impérial en Mars et Vénus fut découvert à Rome près de Santa Maria Maggiore, peu avant 1620, ce groupe entre au Louvre après son achat par Napoléon Ier au prince Camille Borghèse en 1807. Hadrien est le premier empereur romain à s'être fait figuré en dieu de son vivant. Jusqu'alors, les membres de la famille impériale n'accédaient à cet honneur, et ne gagnaient l'immortalité, qu'après leur mort. Le couple est ici assimilé aux amants Mars et Vénus, les divinités de la Guerre et de l'Amour, selon un modèle qu'il faut probablement chercher à l'époque d'Auguste, dans un groupe créé par Pasitélès, sculpteur grec installé à Rome. L'image d'Hadrien est plus idéalisée que celle de Sabine. L'empereur est représenté en nudité héroïque, muni des attributs militaires de Mars : le casque à cimier, le baudrier, le glaive et la cuirasse, déposée sur le tronc d'arbre qui sert d'étai à la figure. Ce portrait allégorique, destiné à la propagande impériale, manifeste le rôle de l'empereur : Hadrien s'impose comme le garant de la Paix et de la prospérité de l'Empire. Cette idéologie est servie par des références ostensibles à l'art grec. Durant son règne, entre 117 et 138 ap. J.-C., Hadrien favorise un retour au classicisme grec dans le domaine des arts et des lettres. Ce groupe témoigne donc pleinement de cette politique philhellène et du renouveau des créations néoattiques. Par sa pondération et sa froideur, le portrait d'Hadrien s'inspire des figures athlétiques d'époque classique, tel le Mars d'Alcamène (fin du Ve siècle av. J.-C.). La figure féminine conserve quant à elle le souvenir des Aphrodites à demi nues du IVe siècle av. J.-C. et de l'époque hellénistique, dans la lignée des œuvres de Praxitèle. L'attitude générale de la déesse rappelle celle de La Vénus de Capoue (musée de Naples). Le motif du drapé, qui glisse délicatement sur les hanches, est comparable au dévoilement de La Vénus de Milo (Ma 399). Le sculpteur a cependant couvert la nudité du buste, indécente pour la femme de l'Empereur (www.louvre.fr). Hadrien, même à son début, n'avait pas échappé à ces conséquences de sa vie de débauche. En fait de superstitions on en rapporte de lui une singulière : une source fatidique lui ayant annoncé l'empire, il la fit boucher de peur qu'elle n'en annonçât autant à un autre. En fait de cruauté, il avait déjà persécuté les chrétiens, et nous l'avons vu prêt à glisser, si la puissance de l'opinion ne l'eût retenu, dans la voie d'une politique sanguinaire. A la fin de sa vie, nous l'y verrons tomber ouvertement. Pendant toute sa vie, ceux qui l'approchaient témoignèrent plus d'une fois de la dureté de son âme. On savait ce qu'il était pour sa femme Sabine : cette petite-nièce de Trajan était le lien entre Hadrien et la famille de son prédécesseur, et ce lien, il se fût gardé de le rompre par le divorce; mais il lui faisait payer cher au dedans la bienséance obligée qu'il gardait au dehors. Sabine était Auguste, elle figurait avec Hadrien sur les monnaies et sur le seuil des temples ; mais au palais, elle était traitée presque comme une esclave, et elle disait tout haut qu'elle n'avait pas voulu être mère pour ne pas faire le malheur du genre humain, en lui donnant un fils d'Hadrien. On savait aussi ce que Hadrien avait été pour Apollodore. Ce grand architecte avait eu le malheur, sous le règne de Trajan, de répondre brutalement à Hadrien qui se mêlait de discuter un plan avec lui et l'empereur : «Va peindre tes citrouilles» (Hadrien en ce moment, dans la capricieuse variété de ses goûts, était livré à la peinture de la nature morte). De plus, Apollodore avait eu le tort bien plus grave de faire une critique, et une critique méritée de l'œuvre architecturale d'Hadrien. Dans le temple de Vénus et de Rome les deux déesses étaient assises, et d'une taille colossale. « Une fois debout, avait-il dit, elles ne pourraient sortir du temple. » Apollodore, à l'époque où il parlait ainsi, était déjà exilé; il fut mis à mort. La mansuétude politique du prince ne put tenir contre le dépit de l'artiste. Telle était donc l'âme d'Hadrien, et les quelques lumières que les apologies chrétiennes avaient pu y jeter devaient agir en lui comme un étrange remords (Franz de Champagny, Les Antonins: Ans de J.-C. 69-180. Suite de Césars et de Rome et la Judée, Tome 2, 1863 - books.google.fr). "Dame" :
Cybèle On rencontre une Dame au quatrain II, 44 associé au fils d'Oliver Cromwell, Richard, qui laissera se faire la restauration stuarte. Elle pourrait être Cybèle. Enfin et surtout, Cybèle est qualifiée de domina, statut que les citoyens romains refusent de reconnaître à leurs dieux, en qui ils voient des patrons, avec lesquels ils entretiennent une relation fondée non sur la terreur, mais sur la confiance et la réciprocité. On est donc bien loin d'une «romanisation» de la déesse, qu'H.C. Parker jugeait parfaitement accomplie au v. 327. C'est alors que resurgissent, vv. 341-343, les flûtes et les tambourins, dont on a noté l'importance comme symboles d'étrangeté. La flûte est furieuse et les mains efféminées, allusions au délire qui entraîna l'émasculation d'Attis, à tout ce qui, dans le statut des Galles, choque les esprits romains. Pourtant ce cortège se dirige vers Rome, et Ovide conclut son récit en mentionnant la fondation et les refondations du temple, introduisant de grands noms de l'histoire romaine. Il s'agit donc bien de ménager, à Rome, une place centrale à Cybèle, sur le Palatin. La conclusion du récit des origines allie le constat d'étrangeté irréductible à l'accueil dans le panthéon romain (Maud Pfaff-Reydellet, Théorie et pratique du “récit des origines” : l'arrivée de Cybèle dans le Latium (Ovide, Fastes IV 247-348), L'ultima parola: l'analisi dei testi : teorie e pratiche nell'antichità greca e latina, 2004 - www.google.fr/books/edition). Un buste d'Attis (BNF) portant le bonnet phrygien, marbre de Paros, IIe siècle ap. J.-C, probablement pendant le règne d'Hadrien, ressemble à ceux d'Antinoüs (Pierre Léoutre, Les Tauroboles de Lectoure: Recueil de textes, 2021 - www.google.fr/books/edition). S'il est bien vrai que L. Cestius et C. Norbanus aient mis Cybèle au service de la propagande octavienne, on ne voit pas qu'Auguste ait numismatiquement officialisé cette protection métroaque. La Grande Mère des dieux disparait du monnayage proprement romain durant près de deux siècles. Ni la reconstruction de son temple au Palatin après l'incendie de 3 ap. J.-C., ni la faveur de Claude ne paraissent avoir eu le moindre écho dans l'imagerie monétaire. [...] Sous Hadrien seulement, ou du moins sur des flans frappés aux effigies d'Hadrien et de Sabine, Cybèle émerge de nouveau et son image réapparaîtra souvent à l'époque antonine et sévérienne, jusqu'en 222, sur les monnaies de Julia Soaemias. Elle disparaît alors encore et définitivement du monnayage romain. On ne la retrouvera qu'au IVe siècle, mais sur des médaillons contorniates (Robert Turcan, Numismatique romaine du culte métroaque, Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire romain, 1983 - books.google.fr). Il apparaît donc que l'action menée en Italie par Adrien en faveur des dieux égyptiens fut assez discrète. Les autres religions orientales ont laissé Adrien insensible et si Cybèle apparaît pour la première fois sur des médaillons de bronze émis sous le règne d'Adrien, deux de ces types font partie des émissions de Sabine et les deux autres se rapportent, semble-t-il, à une frappe commémorative en l'honneur de Diua Plotina, la femme de Trajan. La Bérécynthienne aurait donc trouvé un appui auprès des princesses. En tout cas, la réserve d'Adrien à l'égard de la Grande Mère contraste de façon flagrante avec l'engouement de son successeur (Michel Malaise, Les Conditions de pénétration et de diffusion des cultes égyptiens en Italie, 1972 - books.google.fr). Dans la numismatique de Sabine, Cybèle est assise tantôt, selon le type ordinaire, sur un trône (Cohen, I, c, p. 250, n° 35; tantôt, comme Atargatis et Caelestis, sur un lion (n°88) (Henri Graillot, Le culte de Cybèle: mère des dieux, à Rome et dans l'Empire romain, 1912 - books.google.fr). Cette Déesse mère était honorée dans l’ensemble du monde antique. Le centre de son culte se trouvait dans la Turquie actuelle sur le mont Dindymon, à Pessinonte, où le bétyle (la pierre cubique noire à l'origine de son nom, Kubélè) qui la représentait serait tombé du ciel. Principalement associée à la fertilité, elle incarnait aussi la nature sauvage, symbolisée par les lions qui l’accompagnent. On disait qu’elle pouvait guérir des maladies (et les envoyer) et qu’elle protégeait son peuple pendant la guerre. Elle était connue en Grèce dès le Ve siècle av. J.-C. et se confondit bientôt avec la mère des dieux (Rhéa) et Déméter. En 204 av. J.-C., au plus fort de la deuxième guerre punique, les Romains, obéissant à une prophétie des Livres sibyllins, et à un oracle de Delphes, envoyèrent des ambassadeurs à Pessinonte : ils étaient chargés d’une mission délicate, rapporter à Rome la pierre sacrée. Elle fut escortée pendant le voyage de retour par cinq quinquérèmes et miraculeusement accueillie par la vestale Claudia Quinta. Dans un premier temps, elle est placée dans le temple de la Victoire situé au sud-ouest de la colline du Palatin à l’intérieur du Pomœrium, en attendant l’achèvement de son propre temple dédié le 9 avril 191 av. J.-C (fr.wikipedia.org - Cybèle). "frayeur" Toujours on trouve ce thème de la peur qui vient lester d'un poids de vérité psychologique ce que les évocations du démoniaque et du surnaturel pourraient sembler avoir d'artificiel et de conventionnel, l'image littéraire et le sentiment poétique faisant place à l'émoi physique, voire même aux paniques terreurs. On le trouve quand Ronsard parle de cette Janetton, sorcière de village, dont il montre, dans son Voyage de Tours, comment elle pratiquait ses envoûtements; ou de cette vieille de la Folastrerie III, qui, portant suaire, hantait les cimetières, et faisait peur à tous Frayeur enfin, bien légitime, car Dieux et Démons savent la faire naître chez ceux-là mêmes qui font les esprits forts. Ronsard en appelle à cette Cybèle, qui doit octroyer à Francus la grâce de «refonder Troye», afin que tous en soient avertis (Franciade I) : Saincte, qui fais une frayeur avoir Au cœur malin qui moque tes mystères. (424-425) Entre Ronsard et les démons, centrale est, on le voit, la question de la peur (Roger Parisot, Ronsard et les daimons, Recueil N° 32, 1994 - www.google.fr/books/edition). La déesse, mère des Dieux, dont la puissance s'étend à la nature entière, protège Francus dans tous ses déplacements. Or toutes les contrées que visite le jeune homme dépendent de l'autorité de cette divinité. Né à Troie, terre même de Cybèle, Francus est placé par Jupiter en Epire : le culte de la déesse est transporté de Phrygie en Chaonie. Au livre II, le jeune héros se rend en Crète où l'accueille Dicée, le «Corybant» (v. 472) (Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, 2009 - www.google.fr/books/edition). Cf. le quatrain IV, 77 ("Selin monarque") avec Francus héros de la Franciade, fils d'Hector et d'Andromaque, elle-même fille d'un roi de Cicilie de Troade. Peu avant Julien, vers 346, Firmicus Maternus rédige son traité sur L'Erreur des religions païennes. On y rencontre une des versions les plus cocasses qui nous soit parvenue des amours de la Mère pour Attis. L'apologiste échafaude, en liaison avec le rituel de mars, une interprétation qui fait explicitement allusion à une donnée nouvelle, la résurrection d'Attis. Le récit ne s'arrête plus en effet, comme le voudrait la tradition, au rituel des galles instauré à la suite de la mort d'Attis. Consolation apportée au deuil d'une dame capricieuse et coupable, le culte a pour mission de «calmer cette femme irritée ou de procurer un soulagement à ses remords» : pour ce faire, les Phrygiens qui habitent Pessinonte ont consacré par la célébration d'un deuil annuel les amours de cette reine fortunée, et proclamé «la résurrection de celui qu'ils avaient enterré peu auparavant». Sarcasmes mis à part, cette version évoque un scénario hellénistique évhémériste bien connu pour d'autres divinités, dès les sources de Diodore de Sicile. Mais un tel scénario est nouveau pour Attis et il s'applique ici, très exactement, à la liturgie présentée par le calendrier de Philocalus, qui date de 354. On retrouve, dans l'exégèse de Julien comme chez Firmicus Maternus, comme chez Porphyre vraisemblablement aussi, la référence aux étapes de cette même liturgie. Mais l'essentiel du scénario, il faut bien le reconnaître, figurait déjà , et sous un éclairage positif, plus proche de Julien que de Firmicus Maternus, dans l'exégèse gnostique chrétienne des Naassènes, plus d'un siècle auparavant. Chez Julien, le mariage d'Attis – son union à la Nymphe – signifie la mort; sa castration et sa remontée vers la Mère marquent les retrouvailles avec la vie. De même, chez les Naassènes, Attis est-il infécond et mort dans l'existence terrestre, fécond et dieu quand il renonce au sexe. Ce type de paradoxe revêt pour nous un caractère d'étrange familiarité, qui nous renvoie à d'autres paradoxes, destinés à exprimer les mystères de l'incarnation, de la croix, ou encore de la virginité de la Mère de Jésus (Philippe Borgeaud, La Mère des dieux - De Cybèle à la Vierge Marie, 2018 - www.google.fr/books/edition). «C'étoit, dit le Scoliaste de Hollande, les Galli, prestres de Cybèle, mère des dieux, ainsi nommez à Gallo Phrygiœ Fluvio rendoit furieux et insensez ceux qui avoient beu de son eau, jusques à se chastrer eux-mesmes, et se couper les génitoires avec un test. Ils s'appelloient aussi Cotybantes et Curetes "apo tès kouras", à cause de la tonsure. Car, comme dit Strabon, ils portoient les cheveux au derriere de la teste, et tout le devant estoit tondu ; ils estoient vestus de robbes de femmes, et, ayant posé et attaché sur un asne l'image de la déesse Cybele, alloient mendiant de bourgade en bourgade, menant grand bruit avec tambour et autres instruments d'airain esclatants; et, sous crainte et reverence de la déesse, contraignoient de leur donner ce qui leur estoit necessaire pour vivre.» (M. Esmangart, Éloi Johanneau, Œuvres de Rabelais, Tome 5, 1823 - books.google.fr). Acrostiche : ALLD, Sylvius Alludius Denys d'Halicarnasse (Livre I) assure que de son tems, quand les eaux du lac Albain étoient basses, on voyoit encore les ruines de ce palais. Il est vrai que Denys attribue cette inondation à un orage, et non pas à un tremblement de terre : «Agrippa, dit-il, eut pour successeur Alladius, prince que sa tyrannie rendit l'objet du courroux céleste. Son mépris pour les dieux le porta à imaginer le moyen d'imiter la foudre et le tonnere, afin de passer lui-même pour une divinité auprès des peuples effrayés de ce spectacle; mais son palais ayant été renversé par un orage et des foudres plus réels que les siens, et le lac sur le bord duquel il étoit bâti, s'étant enflé extraordinairement, il fut englouti avec tout ce qui étoit dans ce palais. Aujourd'hui quand le lac diminue et que les eaux sont plus basses, on voit, lorsqu'elles sont calmes des salles ruinées et d'autres vestiges d'un palais» (Nicolas Fréret, Oeuvres complétes, Tome 1, 1796 - www.google.fr/books/edition). En échange de son élection divine, l'Empereur est subordonné aux dieux. Domitien, en établissant l'élection divine comme l'élément central de l'idéologie impériale officielle, fut un innovateur, suivi par Trajan et ses successeurs. Si le foudre de l'Empereur est un thème commun chez Ovide et, si, sur deux types émis au début du principat d'Auguste, on trouve le foudre associé à l'image du prince, le portrait de Domitien tenant l'attribut de Jupiter est une forte rupture avec l'iconographie impériale conservatrice du monnayage romain, qui ne faisait pas beaucoup de concessions au concept d'une royauté divine, même sous Caligula et Néron. L'interprétation de cette image monétaire suscita des controverses. En accord avec J.R. Fears, je la conçois comme la volonté de Domitien d'établir officiellement son rôle de vice-gérant de Jupiter et non de s'assimiler à Jupiter. Au contraire, toutes les frappes dédiées au dieu, ainsi que les autres actions de l'Empereur en son honneur, témoignent de la piété de Domitien envers Jupiter. Ce portrait de Domitien en habit militaire et tenant le foudre est très proche de celui d'Alexandre Keraunophoros, que l'on trouve sur des decadrachmes. Si Auguste avait imité Alexandre et avait tenté de s'assimiler à lui, les Julio-Claudiens et les deux premiers Flaviens n'avaient pas poursuivi ce mouvement. Sous Trajan, la légende d'Alexandre tint une grande importance et l'Empereur se compara clairement à lui. avec la même ardeur. En revanche, à la cour de Domitien, Martial et Stace reflètent le regain d'intérêt de l'Empereur pour Alexandre, le prototype du conquérant choisi divinement et cosmocrator, qui tient le foudre en tant que contrepartie terrestre de Jupiter. Au même moment, l'élection divine de Domitien par Jupiter devient l'élément central de l'idéologie impériale (M. Susplugas, Les monnaies romaines de Domitien, Latomus: revue d'études latines, 2003 - www.google.fr/books/edition). En 114, la foudre du ciel tomba dans Rome sur le Pantheon de leurs faux Dieux (R.P. Jean-Louis d'Amiens sieur de la Motte capucin, L'Atlas des temps, divisé en quatre livres, 1685 - www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 1627 sur la date pivot 117 (année de la mort de Trajan), donne -1393. Epoque de Janus, roi des Aborigènes du Latium (-1389) (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - www.google.fr/books/edition). Gardien de la paix et de la guerre, axe autour duquel s'organise l'univers, tourné vers les deux parties de l'oikoumène, Janus convenait au discours développé par Trajan pour l'inauguration de son Forum en 112. Par la date du 1er janvier, l'Optimus Princeps établissait un lien délibéré entre charge politique républicaine, urbanisme et décor du Forum, et la vision de Janus qui s'affirma dès la fin de la République. Identifié à Aiôn, le dieu devint la uis caeli maxima «qui maintenait ensemble les parties de l'univers» (Martin Galinier, La Colonne Trajane et les Forums impériaux, 2013 - www.google.fr/books/edition). Antiquités La découverte d'une statue ou d'une stèle se reproduit au quatrain I, 25 associé à l'année 1575 et une stèle dédiée au demi-dieu Semo Sancus trouvée à Rome en 1574. Les recherches que nous avons entreprises pour la refonte du recueil des sculptures de la Gaule d'Émile Espérandieu nous ont conduit à nous intéresser à une tête féminine en marbre, qui est conservée dans les réserves du musée de la Civilisation gallo-romaine à Lyon. Son origine était inconnue, la notice d'Espérandieu renvoyant seulement au premier catalogue imprimé du musée de Lyon, rédigé en 1816 par son fondateur, François Artaud. Celui-ci n'indiquait aucune provenance, ce qui pouvait laisser supposer que la pièce avait été donnée par un collectionneur lyonnais mais qu'elle ne provenait pas du sol de la capitale des Gaules. Notre enquête nous a permis de retrouver la date de sa découverte et son origine. Elle a appartenu à la collection de l'illustre Claude Fabri de Peiresc à Aix-en-Provence et elle a joué un rôle important dans les discussions savantes des érudits de la «République des Lettres» au cours des années 1628-1635. Nous pensons pouvoir l'identifier comme un portrait de l'impératrice Sabine, épouse d'Hadrien. Il s'agit d'une tête de jeune femme, exécutée dans un marbre blanc à grain fin, brillant, qui s'est révélé à l'analyse en laboratoire être un marbre typique des carrières d'Aphrodisias en Turquie. La statue aurait été trouvée près des capucins à Aix, "aux ruines d'un bain antique" selon une indication de la main de Peiresc sur un dessin la représentant Une autre précision non moins importante concorde exactement avec la première et se trouve dans une lettre en italien, du 28 février 1629 à Cassiano dal Pozzo: «Et io mi trovo una testa di donna antiqua di marmo, trovata questi anni addietro in questa città fra le rovine d'un bagno antiquo, arrichito di musaïcr.» Enfin, une troisième allusion à cette sculpture se lit dans une lettre à Girolamo Aleandro du 2 mars 1629 où Peiresc en parle en ces termes : «Et fu trovata quella testa fuor delle mura di questa citta, l'anno passato.» Elle apporte donc la date exacte de la trouvaille : 1628, ainsi qu'une localisation intéressante à l'intérieur des remparts d'Aix-en-Provence où habitait le collectionneur. [...] Cette tête l'intéresse au plus haut point parce qu'elle
présente des similitudes dans la coiffure avec les figures féminines de
l'extrémité droite de la fresque Aldobrandini. [...] Toute l'Europe savante
était passionnée par la découverte de cette peinture romaine conservée depuis
1818 à la bibliothèque Vaticane. Dégagée sur l'Esquilin en 1601, elle avait été
aussitôt transportée, malgré les difficultés techniques, dans la demeure du
cardinal Pietro Aldobrandini. Il semble avéré que Peiresc l'ait vue lui-même
lors de son séjour à Rome en 1601122, mais ce n'est que vers les années 1628,
au moment oĂą Cassiano dal Pozzo commence Ă rĂ©clamer Ă
ses amis des copies de cette fresque pour enrichir son «musée de papier» et
pour lui consacrer une publication, que Peiresc en fait un sujet récurrent dans
sa correspondance. [...] On doit mentionner l'existence d'une tête aujourd'hui disparue, qui fut découverte à Nîmes vers 1626-1628. Jamais citée dans les études sur Sabine, elle nous paraît cependant devoir en être rapprochée, même si l'identification reste hypothétique à cause du caractère sommaire du croquis conservé dans un manuscrit nîmois. Il est dû à A. de Rulman, qui identifiait cette image comme un portrait de Plotine, en se fondant probablement sur les liens de celle-ci, nîmoise d'origine, avec la colonie et en raison de la basilique qu'Hadrien lui fit construire à sa mort en 122. Mais la ressemblance avec les effigies de Sabine nous paraît plus convaincante: les mèches de cheveux sur les tempes, le diadème haut placé sur le sommet du crâne, le chignon sur la nuque et l'expression amère donnée par les plis de la bouche nous rapprochent davantage de l'épouse d'Hadrien, alors que les portraits de Plotine ont une coiffure (dite d'ailleurs «à la Plotine»), qui est assez différente. [...] Cette enquête nous a permis de retrouver le contexte historique dans lequel fut trouvée cette belle tête maintenant conservée dans les réserves du musée de Lyon. On mesure son importance dans les discussions érudites de la «République des lettres» vers les années 1628. Elle nous permet aussi de reconnaître une nouvelle fois la rigueur de Peiresc, sa capacité à rapprocher des documents apparemment sans lien direct et, pour reprendre un mot de Marc Fumaroli, «son sens de la communauté scientifique» (Henri Lavagne, Un portrait de l'impératrice Sabine provenant de la collection de Peiresc, retrouvé à Lyon, Monuments et mémoires publiés par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 2005 - books.google.fr). |