Jacques Auguste de Thou I, 24 1575 A cité neufve
pensif pour condemner, Loysel de proye au ciel
se vient offrir : Apres victoire à captifs pardonner : Cremo. & Mant. grands maux aura à souffrir. "pensif" Cela est confirmé par le doublet de Pensare
: peser (examiner le poids, d'où examiner attentivement une chose ; en marge,
être pénible) et penser (être absorbé par un souci). Le verbe intransitif :
penser de (prendre soin de) apparaît dèsÂ
1190 environ. Le substantif (pensée) accomplit plus rapidement son
évolution sémantique ; le sens de «souci» cependant subsiste et
l'expression «estre en pensee»
(être en souci) ou «estre en grandes pensees» semblent très en usage. [...] L'adjectif «pensif»
est un synonyme de «triste» : «Triste, pensif et doloreux»
(Compl.5 v. 2) Le napolitain Scipione Tetti La présence de Crémone et de Mantoue fait songer à Villeneufve-d'Ast dans le Piémont, que paraît décrire, avec
ses 45 degrés de latitude, cet autre passage : «Cinq & quarante degrez ciel bruslera / Feu
approcher de la grand' cité neuve (C 6.97.1-2). Ailleurs, cité neufve désigne peut-être
Naples (Neapolis) : «"Ennosigée"
Fera trembler autour de cité neufve» (C 1.87.2), «Le
Roy voudra en cité neufve entrer» (C 9.92.1), «Jardin
du monde aupres de cité neufve»
(C 10.49.1) ; il faut donc rester prudent dans l'interprétation de ce
dénominatif François Romano, ex-moine augustin, répandit secrètement
en Sicile, son pays natal, les erreurs de Zwingle,
puis s'enfuit en Allemagne. De retour dans sa patrie en 1549, il exposa la
logique de Mélanchthon, les épîtres de saint Paul, et
passa lui aussi pour être l'auteur du célèbre livre sur le Bienfait de la mort
du Christ. Cité devant le Saint-Office, il s'enfuit d'abord, puis vint
spontanément se constituer prisonnier aux mains du cardinal Théatin, se
rétracta, et obtint son pardon, à la condition d'accomplir plusieurs pénitences
et de faire une abjuration publique dans les cathédrales de Naples et de
Caserte. Il confessa qu'il avait beaucoup de prosélytes, et parmi eux plusieurs
dames de qualité. Plus tard Scipion Tetti, auteur d'une dissertation De Apollodoris,
estimée des érudits, publia nous ne savons trop quels livres, contenant des
opinions fausses sur la divinité, et il fut condamné pour ce fait aux galères.
C'est ce que raconte l'historien De Thou, qui, se trouvant à Rome en 1574,
ignorait s'il vivait encore. On envoya aussi au bûcher Pompée Algeri, de Nole Scipione Tetti doit
nous intéresser, et par ses connaissances, et par ses malheurs. Il était
Napolitain, et voyagea long-temps, cherchant partout,
dans les bibliothèques de Rome et des autres villes d'Italie, les ouvrages
latins et grecs les plus dignes d'être connus ou publiés. Nous avons un
échantillon de ses recherches dans un Catalogue que le P. Labbe inséra dans sa Bibliotheca nova, et qu'il tenait, non pas de Claude Dupuy,
comme l'a dit Tafuri, mais de Pierre et de Jacques,
fils de Claude, comme le dit le P. Labbe lui-même. L'auteur indique, par ordre
alphabétique, les écrivains et les titres de leurs ouvrages, sans rien dire du
caractère des uns ni du mérite des autres. Cependant, ces notices si arides
intéressaient alors ceux qui voulaient connaître les auteurs qui avaient traité
des sujets déterminés, ou publier leurs ouvrages. Le Nicodemo
attribuait au Tetti une Bibliothèque scholastique
complète, d'auteurs grecs, latins, français, italiens, espagnols et anglais,
que le P. Labbe avait annoncée comme imprimée à Londres en 1616. Bayle, Tiraboschi, Signorelli et d'autres, ont copié Nicodemo, sans observer que le P. Labbe, loin d'attribuer cet
ouvrage à Scipione Tetti,
l'avait annoncé comme anonyme, en le plaçant à la suite du Catalogue de
celui-ci, parce qu'il croyait peut-être se conformer à l'ordre alphabétique. Le
seul ouvrage que Tetti ait publié de son vivant est
le Traité sur les Apollodores, que Benedetto Egio de Spolèle inséra dans sa
traduction latine de la Bibliothèque d'Apollodore. Si l'on en croit Baillet,
l'auteur avait employé plusieurs années à le composer, quoiquil
ne consiste qu'en deux feuilles; «mais le public, qui l'a trouvé bon, ajoute le
même écrivain, n'a point cru que ni la petitesse du corps, ni la longueur du
temps, ni même la disgrâce de l'auteur, dût lui en faire perdre l'estime et le
goût.» Peut-être aurions-nous de Tetti quelque autre
ouvrage bien plus important, si, au milieu de ses études, il n'avait pas été
condamné aux galères par le gouvernement de Rome. Benedetto Egio
avait dit de lui, qu'il était doué d'une érudition très étendue, d'une modestie
et d'une humanité peu commune. Mais ces qualités estimables ne suffirent pas
pour lui faire pardonner quelques expressions peu mesurées. Il n'était point, Ã
ce qu'on a dit, assez circonspect pour vivre en pleine sûreté à Rome, où il
avait fixé sa demeure ordinaire. Le Poggiano, dans
une de ses lettres, disait de lui: «Que
me demandez-vous, d'un homme qui n'est pas aussi à couvert que son nom semble
le dire?» (mauvaise allusion au mot Tetti ou tetto, en latin tectus). Il se porte bien; il conserve la sécurité et la
liberté qui lui sont propres.» Cette liberté si confiante n'était apparemment
qu'une légèreté naturelle, qui, bien qu'innocente, ne pouvait manquer de lui
nuire dans le temps et dans le pays où il vivait. A cette époque, en effet,
Rome était si soupçonneuse et si sévère, que Muret disait à M. de Thou, «qu'il était esbahi
qu'il se levât qu'on ne lui vînt dire qu'un tel ne se trouve plus; et si l'on
n'en oserait parler.» Enfin, Tetti fut accusé de
n'avoir pas bien parlé de la Divinité; il n'en fallut pas davantage pour être
condamné, comme athée, aux galères. De Thou, rapportant vers 1574 cette
infortune de Tetti, telle qu'il l'avait apprise de
Muret, ajoute qu'il ne savait si ce malheureux, d'ailleurs très savant, vivait
encore. Tiraboschi en a conclu qu'il était mort aux
galères La pensée est une
petite fleur sans odeur ayant cinq feuilles, qui a trois couleurs. Cette
plante jette du commencement des feuilles rondes & dentelées tout alentour,
qui s'estendent en iongueur.
Ses tiges sont en triangle, creuses & crenellées,
divisées également par certains nœuds, d'où sortent de petits rameaux qui portent
sa fleur rouge au dessus, blanche au milieu, &
jaune au-dessous. Ce sont des especes de violettes
qui ne sont pas odorantes. On § autrement clavelle, l'herbe de la Trinité, ou violette d'automne
& en Latin jacea, ou berba Trinitatis, ou tricolor.
Elle croist en abondance dans les montagnes du Vivarez. On appelle couleur de pensée, une espece de violet tirant sur le pourpre. En ce sens Menage derive ce mot de l'Anglois pansie De par le prénom de Tetti, on pense au Songe
de Scipion de Cicéron au VIème livre de la République commenté par Macrobe. "Songeards"
se trouve chez Brantôme pour "pensifs". Mais voici la Saint-Barthélemy, et bientôt après la
profonde tristesse, la maladie morale de Charles IX. «Il demeurait tout songeard et pensif, écrit
un contemporain, son biographe et prédicateur Arnaud Sorbin,
dit de Sainte-Foy, et l'entre-deux des
yeux renfrogné, où il y avait une trame bien profonde.» Cherchant à tuer le
noir souci qui le dévore, il se livre de plus en plus à la chasse, établit une
forge au Louvre, s'acharne à forger des épieux, des cuirasses, cesse de
s'intéresser aux choses de l'esprit, n'assiste plus aux séances : et aussitôt les
courtisans de s'en éloigner comme ils étaient accourus, de suspendre leurs
générosités. Ronsard déclare qu'il rompt définitivement avec les Muses;
l'Académie tombe en langueur aussi vite qu'elle avait crû en gloire. Cependant,
à la mort de Charles IX (30 mai 1574), Amadis Jamyn laisse éclater la douleur
de la Pléiade Dans sa précieuse étude sur Fulvio Orsini, M. de Nolhac a reconstitué ce qu'était ce milieu savant vers 1555. On trouvait là , outre Fulvio Orsini, collectionneur et bibliophile, Gulielmo
Sirleto et Basilio Zanchi,
qu'un contemporain qualifie «reipublicae litterariae sidera fulgentissiina» ; Scipione Tetti,
commentateur d'Apollodore ; Lorenzo Gambara, le futur auteur de la Colombiade
; Lelio Capilupi, qui
faisait des centons de Virgile : d'autres encore,
aujourd'hui plus ou moins méconnus, Benedetto Egio,
Giovanni Cesari, Gabriel Faerno, Latino Latini,
Antonio Possevino, etc. On peut y joindre Fausto Sabeo, conservateur de la Bibliothèque Vaticane, qui
dédiait nombre d'épigrammes au roi de France, ainsi qu'aux cardinaux français,
- notamment au cardinal du Bellay, qu'il remerciait de ses bienfaits, et dont
il célébrait les vertus politiques et les talents littéraires Fulvio Orsini est un éditeur de Festus
(cf. quatrain I, 26). L'inquisition Ã
Mantoue et à Crémone A Mantoue «les
frères de saint Dominique ont fait de grands abus [...] parce qu'ils dominent
tout et emprisonnent les gens» (1573) Le plus terrible
des inquisiteurs de Mantoue était un père Ange de Crémone, dominicain, qui
étendit sa chasse aux hérétiques jusqu'aux villes de Créma et de Crémone
quoiqu'elles appartinssent la première à Venise, la seconde au Milanais. Mais
Pie V, pape de l'Église catholique de
1566 à 1572, sévit directement contre la maison de Gonzague. Il cita devant
l'inquisition la célèbre princesse Julie, femme également distinguée par sa
naissance, par sa beauté, par son érudition et son esprit, qui, ayant été
gagnée autrefois, à Naples, par Valdès, avait toujours favorisé les idées de réforme
religieuse, toutefois sans se déclarer ouvertement pour elle. Julie ne comparut
pas devant le saint-office, mais elle mourut bientôt
après sa citation de dépit et de frayeur "victoire"
: Lépante Le Pardon du Rosaire est une indulgence plénière accordée
par le Pape S. Pie V, dominicain, en souvenir de la victoire remportée le 7
octobre 1751 sur les Turcs, à Lépante La Saint-Barthélemy fut glorifiée
au Vatican à l'égal d'une victoire sur les Turcs. Deux fresques lui furent
consacrées dans la Sala Regia, à côté de la fresque
qui célèbre la bataille de Lépante ; elles frappent encore nos regards, chaque
fois que nous entrons dans la chapelle Sixtine. Les inscriptions latines qui
les accompagnaient ont été effacées; mais les peintures restent, et suffisent
comme témoins des félicitations qui partirent alors de Rome pour Paris Pardon à certains A la même époque, le Comte Giulio de Tiene,
réformé, fut relâché sous caution et avec confiscation de tous ses biens que se
partagèrent le Saint-Office et la Chambre Apostolique. En 1572, cédant aux
instances du Duc de Mantoue, Grégoire XIII fit libérer des galères, auxquelles
il avait été condamné à perpétuité cinq ans plus tôt, le Chanoine Antonio Ceruti. Le Comte Nicola Ercolani,
coupable d'hérésie «de vehementi» paya deux mille
ducats d'amende pour se tirer d'affaire. Des religieuses condamnées à la
réclusion à vie furent graciées (1573) Trois ans plus tard, Alberto Bolognetti, nonce à Florence, écrivit au Cardinal de Côme
que deux moines coupables d'empoisonnements ne seraient pas exécutés à cause du
scandale qui en résulterait Galères Tetti fut condamné aux galères. Alors que les gigantesques engagements navals du siècle
précédent (plus de 500 galères au total à Lépante en 1571) sont terminés, la
galère est encore, en 1635, l'outil de combat par excellence en Méditerranée.
Elle n'a rien perdu de ses qualités : légère et rapide, elle n'a pas à subir
les caprices des vents et est opérationnelle par tous les temps, grâce à ses
rames ; basse sur l'eau et d'un faible tirant d'eau, pouvant se glisser dans la
moindre crique et s'y mettre en embuscade, elle est l'instrument idéal pour les
coups de main et les débarquements rapides. Mais elle présente aussi de graves
inconvénients. On s'en est accommodé tant que les «bateaux ronds» (naves,
caraques, galions), au gréement rudimentaire, ne pouvaient rivaliser avec elle.
Mais au début du siècle ils se sont perfectionnés et sillonnent de plus en plus
nombreux la Méditerranée. Le temps n'est plus très loin où ils supplanteront la
galère. La campagne de Sicile durant la guerre de Hollande verra le triomphe du
vaisseau de ligne Jacques-Auguste de Thou fait un récit circonstancié du
combat de Lépante. Nos galères ont des
espèces de parapets qui couvrent nos soldats ; celles des Turcs n'en ont point,
parce que ces parapets ne sont pas commodes pour tirer de l'arc. De là eux
grands avantages pour nos soldats: premièrement leur corps étoit
couvert :en second lieu ils pouvoient
y appuyer leurs arquebuses & tirer plus surement & plus juste. Il y
avait même une grande différence entre l'artillerie des Turcs & la nôtre. La
proue de leurs galéres n'ayant rien qui la couvrit,
leurs canoniers étoient
tués d’abord par nos arquebusiers ensorte qu'après la
premiére décharge ils étoient
obligés d'abandonner la place. Toutes nos galéres au
contraire firent chacune quatre ou cinq décharges, & quelquefois davantage
& dans la plus grande chaleur du combat, lorsqu'elles se trouvoient accrochées avec celles des ennemis, elles pouvoient encore se servir de leurs canons, & tirer
même à coup sûr. La construction de nos vaisseaux servit aussi beaucoup: car on
en avoit retranché les éperons, dont la pointe
recourbée en haut obligeoit de pointer le canon
obliquement, & en affoiblissoÃt le coup : mais apres ce retranchement nos canons pointés droit tiroient à fleur d'eau, & ne tiroient
guére en vain ce qui tua beaucoup de monde aux
ennemis au lieu que les canons des Turcs étant pointés haut, leurs boulets passoient presque tous au-dessus de nos têtes Jacques Auguste de
Thou Si Mr. de Thou ne nous eût appris cela, je ne pense pas
qu'on en eût jamais rien su, car le curieux Nicodeme, qui a fait tant de recherches sur les Auteurs Napolitains, reconoît qu'il n'a sçu cette
infortune de Tetti, que pour l'avoir luë dans Monsieur de Thou Latiniste éminent, il publia plusieurs ouvrages de poèmes
latins, notamment à Tours, chez Jamet Mettayer mais
sa célébrité lui vient de ses Historiae sui temporis, histoire de son temps portant sur les années
1543 à 1607, qui sera traduite du latin en français en 1659. Dans cet ouvrage
considérable, dont le premier volume paraît en 1604, le magistrat se montre
partisan de la tolérance religieuse, attaque les excès du clergé catholique et
observe vis-à -vis des protestants une attitude compréhensive, qui fait mettre
son ouvrage à l'Index en 1609 Les amis de Thou Le texte des Mémoires est clair: les amis les plus
proches de Jacques-Auguste de Thou à Bordeaux, ses familiares,
ses compagnons disons, furent Antoine
Loisel, l'avocat du roi, et Pierre
Pithou, qui remplissait la fonction de procureur général. C'est avec Loisel
et Pithou que de Thou fit une excursion, pendant les vacances de février, dans
le Bourbonnais; c'est avec eux qu'il alla à la chasse; c'est encore avec eux et
avec Jean de Thuméry
que de Thou profita des vacances de Pâques pour faire un tour en Gascogne.
Parmi ceux-ci Pithou, "le Varron de la France", se manifestait comme
son ami le plus intime: ainsi nous l'apprennent la fréquence et le ton
chaleureux de leur correspondance, aussi bien que les obsèques, véritable cri
de cœur, que lui fit de Thou dans son Histoire "Loisel de proie" L'amitié de Pierre Pithou pour Antoine Loisel et son
amour de toutes les chasses dont la fauconnerie pourraient
expliquer ce jeu de mot. De Thou fit voir à Vinet (1509-1587) les deux premiers
chants de son poëme de la Fauconnerie, où il n'avoit pas mis encore la dernière main. Elie Vinet de sa part encouragea de Thou à faire publier
la première édition de son Hieracosophion (un poème didactique sur la fauconnerie) chez
Simon Millanges. C'est, bien sûr, le fameux imprimeur
bordelais dont se servirent Vinet lui-même, Du Bartas (pour la Muse
Chrétienne), Pierre de Brach, et Michel de Montaigne.
Les deux premières éditions des Essais parurent justement chez Millanges en 1580 et 1582. De Thou possédait en effet la
première édition des Essais dans sa bibliothèque: son exemplaire est
aujourd'hui conservé dans la Collection Dutuit du Musée des Beaux-Arts de la
Ville de Paris (Musée du Petit Palais) Pithou insista
pour qu'on lui fît voir les deux premiers livres de la Fauconnerie, qu'il
dévora tout aussitôt, par attirance pour le sujet plus que pour l'œuvre même,
car il était amateur passionné de toutes
les espèces de chasses, et il considérait qu'on n'avait pas encore suffisamment
expliqué en latin cette nouveauté-là . Il fut arrêté par l'allusion à ce
François dont la mort est déplorée vers la fin du premier livre, et il pensait
qu'il était question d'un autre François; mais quand il apprit qu'il s'agissait
bien de Montmorency, enlevé au royaume quelques années plus tôt, pour le plus
grand préjudice de tous les gens de bien et de l'État, il s'en montra
extrêmement satisfait, car il avait été son ami proche ; après avoir félicité
Jacques pour son édifiante attitude, il l'engagea à poursuivre, et à terminer
le troisième livre, que promettait le titre, sur la médication des faucons malades "au Ciel se vient offrir" Pierre Pithou,
jurisconsulte et érudit français, est né le 1er novembre 1539 à Troyes, mort le
1er novembre 1596. Fils d'un avocat distingué, il fit ses premières études dans
la maison paternelle et les acheva au collége de
Boncourt à Paris, où il eut pour maître Adrien Turnèbe. Il apprit le droit sous
Cujas, à Bourges et à Valence, se lia d'une étroite amitié avec son condisciple
Loisel et fut reçu avocat à vingt et un ans. Après avoir plaidé quelques
causes, il préféra, par timidité naturelle, le rôle d'avocat consultant et
mérita le surnom de «sage arbitre». Obligé, pour ses opinions calvinistes, de
s'expatrier lors des seconds troubles religieux, il se réfugia dans la
principauté de Bouillon, dont il fut chargé de rédiger les lois, puis à Bâle,
où il se livra à des travaux d'érudition. De
retour en France, il échappa au massacre de la Saint-Barthélemy, et se
convertit à la religion catholique en 1573. Nommé bailli de Tonnerre, puis
procureur général près la chambre de justice établie temporairement en Guienne, il se vit obligé de parler en public et mit dans
ses discours une solidité, une concision singulières pour l'époque. Trois
années plus tard, il revint à Paris et rentra dans son cabinet de
consultations. Au temps de la Ligue, il fut fidèle à Henri IV, et de concert
avec ses amis, Rapin, Passerat, Gillot, Florent Chrétien, lança la Satire Ménippée. Il rendit un autre service au roi, par un Mémoire
aux évêques, dans lequel il leur démontrait qu'ils pouvaient le relever de
l'excommunication par leur seule autorité, et sans avoir recours au pape. Henri
IV étant entré dans Paris, le nomma procureur général du Parlement qu'il y
installa provisoirement. Pithou garda cette charge le temps rigoureusement
nécessaire et revint à ses travaux et à la retraite "Ciel" catholique alors. "grands maux" : la peste à Crémone et Mantoue On apprend dans l'Histoire
de De Thou (L. LXI et LXXII) que, pendant le Jubilé de Rome et les troubles de
Gênes, une furieuse peste ravagea toute l'Italie. Après avoir fait de Trente une espece de
solitude, la contagion passa à Verone & de là Ã
Venise. Milan Cremone & Pavie n'en furent pas exemptes, & elle y fit
périr un nombre infini de personnes. Ce fut alors que le Cardinal Borromée
Archevêque de Milan donna des preuves signalées d'humanité & de charité, de
même que les Evêques de Cremone, de Pavie & de Vérone. Commence aussi en
1576 que se forma en France la fameuse Ligue, qui y la causa tant de desordres, & y fit répandre tant de sang Mercurialis s'exprime ainsi : «Dans les dernières années qui viennent de
s'écouler (c'est-à -dire les années antérieures à 1576), Constantinople avait
beaucoup souffert de la peste. Le mal vint ensuite en Sicile, puis à Trente, Ã
Vérone, à Mantoue, et cette année
1576, à Venise, à Padoue, puis enfin à Milan.» En 1574, Henri III, de retour de Pologne passe en Italie,
Venise mais aussi Crémone et Mantoue (cf. quatrain I, 23 - Henri III roi de Pologne) |