Les guerres de religion

Les guerres de religion

Nouvelles couches sociales dans les cercles du pouvoir

 

I, 3

 

1559-1560

 

Quand la lictière du tourbillon versée,

Et seront faces de leurs manteaux couverts,

La république par gens nouveaux vexée,

Lors blancs & rouges jugeront à l’envers.

 

Si le premier vers se rapporte allĂ©goriquement Ă  un temps tourmentĂ© Ă  l’image de ce que la sociĂ©tĂ© française de l’époque subissait, une allusion Ă  une citation de CicĂ©ron se fait jour dans la suite du quatrain : « Illi duo rei publicae turbines Â» - ces hommes, les deux perturbateurs de l’Etat. « Turbines Â» est un cas du mot latin « turbo Â», signifiant tourbillon.

 

L’époque est riche en intrigues et en complots dont la Conjuration d’Amboise qui avait pour but de soustraire le roi François II Ă  l’influence des Guises, amenant certains Ă  agir le visage cachĂ© (« faces de leurs manteaux couverts Â»). Elle marque aussi l’accession de couches sociales nouvelles Ă  des fonctions Ă©tatiques. « L’administration et l’autoritĂ© appartenaient, de plus en plus, par la force des choses, consĂ©cutive Ă  la volontĂ© des grands rois rĂ©formateurs, un Charles VII, un Louis XI, un François Ier, Ă  des lĂ©gistes et Ă  des officiers Ă©manĂ©s du tiers .[1] Â»

 

La politique vigoureusement anti-protestante entraĂ®nera l’exaspĂ©ration des tensions religieuses entre catholiques qui porteront l’écharpe rouge, couleur de l’Espagne, et les protestants, le blanc pendant les guerres de religions (« blancs & rouges jugeront Ă  l’envers Â»).

 

Une couleur, protestante à l'origine, est en train de devenir, à cette occasion, royale : le blanc. Dès le 5 juin 1562, les troupes huguenotes ont arboré un insigne nouveau, l'écharpe blanche, portée en bandoulière sur une casaque blanche, alors que les troupes catholiques d'Antoine de Bourbon étaient vêtues de casaques de velours cramoisi et de banderoles rouges. Blanc huguenot, rouge catholique : ainsi se sont colorés les champs de bataille des guerres de Religion, mais aussi les rues de Paris, où les partisans de la Ligue ont arboré le vert de la maison de Lorraine et le rouge d'Espagne. Le tableau Henri IV à la bataille d'Arques, le 21 septembre 1589, conservé au Musée national du château de Pau, montre ce superbe affrontement du rouge et du blanc (Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France: XVIe-XXIe siècle, 2012 - books.google.fr).



[1] Jean HĂ©ritier, « Catherine de MĂ©dicis Â» , Fayard,1940, p. 149

nostradamus-centuries@laposte.net