La conjuration d'Amboise

La conjuration d’Amboise

 

I, 7

 

1562-1563

 

Tard arrivé, l'execution faicte :

Le vent contraire : letres au chemin prinses :

Les conjurés xiiij d'une secte :

Par le Rousseau senez les entreprinses.

 

14

 

1560. Mars. Le roy fait un édit par lequel il donne congé aux luthériens de sortir de partout. En ung mardy fut faiste une procession à cause d'aulcuns qui voloyent mal au roy. En ce temps furent exécutés quatorze hérétiques envyron qui voloyent mal au cardinal de Lorrayne, dont il y avait un gentilhomme auquel le chastiau fut râsé. En ce moys fut escartelé un capitaine nommé M. de Maziles, son chastiau râsé, à cause qu'il recevoit des luthériens qui portoient les armes contre le roy. les aultres disoient contre M. le cardinal. En ce temps furent appellés huguenots. Le chastiau estoit à trois lieues près d'Amboise.

 

M. de Mazeres est un des principaux affidés de la conjuration d'Amboise, dirigée par la Renaudie (Journal d'un curé ligueur de Paris sous les trois derniers Valois (abbé Jean de la Fosse), 1865 - books.google.fr).

 

Amboise

 

En mars 1560, la tentative avortĂ©e d'enlèvement du jeune roi François II, connue sous le nom de «Tumulte d'Amboise», rĂ©vĂ©la tragiquement l'exacerbation des tensions entre Catholiques et Protestants français. Soumis aux dures contraintes de ledit d'Écouen depuis l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, les RĂ©formĂ©s de France avaient vu avec crainte augmenter la puissance de leurs plus farouches ennemis, le duc de Guise et son frère le cardinal de Lorraine, oncles par alliance du nouveau souverain. D'oĂą cette tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de soustraire le royal adolescent Ă  leur tutelle, qui ne dĂ©boucha que sur une rĂ©pression Ă  grande Ă©chelle contre les fidèles calivnistes [...]. Après la mort d'Henri II, en juillet 1559, le duc François de Guise et son frère Charles, cardinal de Lorraine, assurèrent la direction effective des affaires du royaume, profitant de l'influence de leur nièce Marie Stuart sur son royal Ă©poux, le jeune François II. Cette toute-puissance des Guise, champions de la cause catholique, s'exerça vite aux dĂ©pens des Protestants français. La nomination du modĂ©rĂ© Michel de L’Hospital comme chancelier de France et la promulgation de l'Édit d'Amboise amnistiant les crimes d'hĂ©rĂ©sie, le 2 mars 1560, ne purent empĂŞcher une nette montĂ©e des tensions interreligieuses. Quelques RĂ©formĂ©s exaltĂ©s projetèrent de soustraire le roi Ă  la pernicieuse tutelle des Guise. Ă€ la tĂŞte de la conjuration se trouvait un gentilhomme pĂ©rigourdin, Godefroy du Barry seigneur de La Renaudie, qui rĂ©unit autour de lui un grand nombre de nobles protestants. Or, dès le 12 fĂ©vrier, leur plan avait Ă©tĂ© dĂ©voilĂ© par un traĂ®tre. Installant le roi Ă  Amboise, les Guise prĂ©parèrent une nasse et les conjurĂ©s furent arrĂŞtĂ©s au fur et Ă  mesure de leur arrivĂ©e aux alentours du château, entre le 10 et le 16 mars 1560. Dès le 17, on exĂ©cuta publiquement les prisonniers, dĂ©capitĂ©s ou pendus aux crĂ©neaux du château. La Renaudie fut capturĂ© deux jours plus tard et condamnĂ© Ă  l'Ă©cartèlement. Une rĂ©pression brutale s'ensuivit, les Guise ayant beau jeu de prĂ©senter l'ensemble des Huguenots du royaume comme des sĂ©ditieux. On soupçonna le prince Louis de CondĂ© d'ĂŞtre la vĂ©ritable âme du complot : condamnĂ© Ă  mort, il ne dut la vie sauve qu'Ă  la mort du roi en dĂ©cembre 1560, qui marqua la fin du pouvoir absolu des Guise. ChoquĂ© par ces tragiques Ă©vĂ©nements Ronsard avait composĂ© sur-le-champ une Ă©lĂ©gie adressĂ©e Ă  Guillaume des Autels, un proche des Guise, qui avait condamnĂ© la tentative huguenote dans une Harengue au peuple françois contre la rĂ©bellion. [...] Pour l'heure, Ronsard prĂ´ne encore la modĂ©ration Ă  l'Ă©gard du RĂ©formĂ©, souhaitant «par livres l'assaillir, par livres luy respondre» (Pierre de Ronsard, ElĂ©gie sur les troubles d'Amboise, Mignonne, allons voir: fleurons de la bibliothèque poĂ©tique Jean Paul Barbier-Mueller, 2007 - books.google.fr).

 

Le tĂ©moignage de Ronsard, fervent partisan des Guises, hostile Ă  la RĂ©forme, en faveur de Nostradamus a sa valeur. Ne suffirait-il pas de rappeler les louanges de Ronsard en 1560 envers Nostradamus - “Ayt de Nostradamus l’enthousiasme excité” - pour comprendre que celui-ci ne saurait ĂŞtre soupçonnĂ© d’avoir annoncĂ© la dĂ©faite des Guises ? Comme l’écrit Liliane CrĂ©tĂ© : “Ronsard, toute sa vie, fut l’homme d’un clan : il avait Ă©tĂ© tout Châtillon, il Ă©tait maintenant tout Guise”. Au vrai, de quel Ronsard s’agit-il ? On tranchera assez vite : ces louanges apparaissent prĂ©cisĂ©ment dans l’ElĂ©gie Ă  Guillaume des Autels consacrĂ©e, en son titre, aux troubles d’Amboise (Jacques Halbronn, Avatars du centurocentrisme et du nostradamocentrisme, 2004 - michel.nostradamus.free.fr).

 

"lettres prises en chemin"

 

Quelque temps après, on découvrit, par des lettres interceptées, ce qu'on avoit soupçonné jusqu'alors, que le prince de Condé étoit le chef muet des calvinistes, qu'il avoit été l'ame de la conjuration, et qu'il en tramoit une nouvelle. Le duc de Guise couvrant du secret le plus profond la découverte qu'il venoit de faire, attira le prince à Orléans, où étoient convoqués les états du royaume. Condé, en arrivant, alla présenter ses respects au roi qui, après avoir entendu son compliment avec froideur, lui déclara qu'il étoit accusé d'avoir formé des complots contre l'état et contre sa personne. Condé, sans laisser apercevoir aucune altération sur son visage, répondit que cette accusation étoit une calomnie, et que s'il plaisoit à Sa Majesté de lui produire ses dénonciateurs, il se faisoit fort de les convaincre d'imposture. Il est juste, répondit le roi, que vous soyez entendu dans vos défenses. A ces mots, il sortit et donna ordre d'arrêter le prince; ce qui fut exécuté sur-le-champ. On instruisit le procès dans les formes, et le crime se trouva si manifeste, que les juges ne purent se dispenser de prononcer la sentence de mort. Ce prince coupable alloit finir sa vie par la main du bourreau , lorsque François II, infirme dès l'enfance, mourut dans la dix-huitième année de son âge, laissant la cour et le royaume en proie à des factions qui devoient bientôt dégénérer en guerres cruelles (Jean Nicolas Loriquet, Histoire de France, à l'usage de la jeunesse, Tome 1, 1831 - books.google.fr).

 

"Tard arrivé"

 

Les conjurés qui avaient mis leurs dernières espérances dans les opérations de La Renaudie, regardèrent sa mort comme le coup le plus affreux d'un sort fatal. Ils n'avaient plus de ressource d'aucune façon ni pour vaincre, ni pour éviter les supplices qu'on leur préparait. Semblant encore animés par l'esprit de leur chef, ils résolurent tout à coup de tenter une dernière entreprise, et de se perdre tout-à-fait ou de triompher. Ils se rallièrent aux capitaines Coqueville, des Champs, Chandieu et surtout La Motte, qu'ils reconnurent pour chef. Leur projet était d'investir le château d'Amboise, et d'y affamer la cour en donnant le temps de s'avancer aux troupes éloignées. Le retard d'un des conjurés empê-cha peut-être seul que ce dernier effort du désespoir ne réussît. Chandieu arriva trop tard et en plein jour; ses soldats qui avaient tous des écharpes blanches furent reconnus. On cria aux armes ; des soldats furent mis aux portes d'Amboise qu'on ferma; beaucoup de conjurés furent pris; beaucoup d'autres se sauvèrent (Hortense Allart de Méritens, Conjuration d'Amboise, 1822 - books.google.fr).

 

C'était la compagnie rassemblée entre Orléans et Blois par le capitaine Bertrand de Chandieu et que sans doute attendait Condé. Elle arrivait en retard d'une heure ou deux. Les jours précédents, tandis qu'on arrêtait les lieutenants de La Renaudie à Noizay et que les troupes royales étaient occupées à rompre les bandes de pauvres piétons cachées dans les bois, un groupe de capitaines, dépendant non plus, semble-t-il, de La Renaudie, mais de Condé lui-même, avait mis sur pied un autre plan. Sous le couvert peut-être de Maligny, guidon du prince, un capitaine La Mothe avait introduit dans la ville quelques mercenaires étrangers pour former, avec les protestants du lieu, une bande de cent à cent vingt hommes prête à surprendre le château au moment voulu , pendant que Chandieu l'attaquerait du côté du pont. Deux autres capitaines, Cocqueville et Des Champs, logés secrètement au faubourg, devaient s'emparer du pont et ouvrir la ville à Chandieu, dans le nuit du 16 au 17. Mais le duc de Guise, se trouvant cette fois en présence d'une attaque militaire, avec des ennemis bien caractérisés, et non plus dans l'atmosphère trouble d'une conspiration menaçante, retrouva toutes ses qualités de chef. Il n'oublia pas de placer Louis de Condé à l'une des portes du château, mais prit la précaution de lui adjoindre son propre frère, François, grand prieur de France. Il divisa les forces dont il disposait en deux groupes. L'un attaqua de front les cavaliers de Chandieu, l'autre, dont il prit la tête, fit un mouvement tournant et prit l'ennemi de flanc. Quoi voyant, les écharpes blanches s'enfuirent. A part quelques tués et deux ou trois prisonniers, toute la troupe de Chandieu s'échappa, grâce à la vitesse de ses chevaux. On ne sut jamais exactement où s'était formée cette troupe ni de quels éléments elle se composait. Dans leur poursuite, les cavaliers du roi ramassèrent un certain nombre de piétons, dont plusieurs avaient été déjà pris et relâchés la veille. Parmi eux se trouva le sieur de Villemongis, de la maison de Bricquemault en Angoumois. La journée fut remplie d'épisodes tragiques. Sur le soir, le comte de La Mirandole, le capitaine Ottavio Fregose, le jeune sieur de Bueil et d'autres cavaliers italiens et français couraient la campagne du côté de Tours. Ils rencontrèrent une troupe de dix conjurés à pied qu'ils emmenèrent au Montil. Ayant appris de ces gens que trente de leurs compagnons se cachaient près d'un village voisin, ils y allèrent, tuèrent une sentinelle et tombèrent à l'improviste sur les malheureux qui dormaient dans une chaumière. Réveillés à coups d'arquebuses, les «rebelles» se défendirent désespérément, puis comme cinq des leurs étaient tués et que l'ennemi mettait le feu à leur abri, ils se rendirent. Mais, au milieu de cette scène nocturne, l'un des plus farouche se jeta de plein gré dans le feu, et y périt à l'effroi de ses compagnons (Lucien Romier, La conjuration d'Amboise : l'aurore sanglante de la liberté de conscience [et] le règne et la mort de François II, 1923 - books.google.fr).

 

"Rousseau"

 

L'épithète rousseau (cf. CXXXIV, CXLV, CLVIII), signifie traître, comme le dit Brantôme (Œuvres complètes, éd. L. Lalanne, Paris, 1 864- 1 882, IV, p. 288). Mais le sort qui attend ceux qui, comme Renart, sont rousseaux, est proverbial (David Wilkin, Les souspirs d'Olivier de Magny, 1978 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain VIII, 66 où "l'écriture DM" pourrait désigner De Magny.

 

Renard(e) n. Also reniarde, renaud(e), reinard(e), rainard. [OF renart, renarde, regnart & renaut, renaud] (Robert E. Lewis, Middle English Dictionary, Volume 7, 1985 - books.google.fr).

 

Il semble que le rousseau de Magny soit Carlo Carafa (ou Carlo Caraffa), né le 29 mars 1517 à Naples et mort le 6 mars 1561 à Rome, est un cardinal italien, neveu du pape Paul IV, et le fils de Jean Alphonse Carafa, comte de Montorio.

 

Son oncle le cardinal Gian Pietro Carafa fut Ă©lu pape en 1555 sous le nom de Paul IV. Celui-ci combla sa famille d'honneurs et de biens : il Ă©leva Carlo, qui n'Ă©tait pourtant pas un religieux, Ă  la pourpre cardinalice et il dĂ©pouilla pour l'enrichir lui et son frère les puissantes familles Colonna et Guidi; le pape soutint mĂŞme Ă  cause d'eux une guerre contre Naples et l'Espagne, mais en 1559, peu avant sa mort, les plaintes concernant leur rapacitĂ© et leurs injustices le forcèrent Ă  les exiler de Rome ainsi qu'Ă  leur Ă´ter leurs dignitĂ©s. Son successeur, Pie IV, ennemi personnel des Carafa, poussa plus loin le châtiment : en 1560, le cardinal Carlo Caraffa fut condamnĂ© Ă  mort et Ă©tranglĂ© dans sa prison; son frère, Giovanni Carafa, soupçonnĂ© d'avoir fait assassiner sa femme, eut la tĂŞte tranchĂ©e; le cardinal Alfonso Carafa, fils d'Antoine, fut soumis Ă  une amende de 100000 Ă©cus; enfin le sĂ©nat romain abolit par dĂ©cret la mĂ©moire des Carafa. En 1566 Pie V fit rĂ©viser leurs procès et les rĂ©intĂ©gra dans leurs titres et honneurs (fr.wikipedia.org - Carlo Carafa (1517-1561)).

 

Ici on prendra le rousseau pour un renard/renaud.

 

Le chef apparent de la conjuration d'Amboise, dont le prince de CondĂ©, malgrĂ© ses dĂ©saveux constans, passa pour ĂŞtre le chef rĂ©el, La Renaudie (Jean ou Godefroid de Barry, gentilhomme pĂ©rigourdin) jouissait de la rĂ©putation d'un brave capitaine: Belleforest le cite comme l'un des hommes les plus Ă©loquens du royaume. Un procès qu'il'eut Ă  soutenir relativement Ă  la possession d'un bĂ©nĂ©fice, et dans le cours duquel il commit un faux, compromit son honneur et sa vie. Le duc de Guise ayant favorisĂ© son Ă©vasion, La Renaudie s'enfuit Ă  Genève, oĂą il embrassa le calvinisme. Ensuite il parcourut l'Allemagne et les Pays-Bas pour Ă©tablir des rapports entre les notabilitĂ©s du parti protestant. Mais voyant qu'au zèle religieux il fallait joindre des motifs d'intĂ©rĂŞt et d'ambition pour imprimer un mouvement actif Ă  leur cause, il voulut rentrer en France, et le duc de Guise lui en rouVrit l'accès en lui procurant des lettres de rĂ©vision. Au lieu de songer Ă  son procès, La Renaudie ne s'occupa que d'abattre la puissance des Guises, persĂ©cuteurs du calvinisme. Quand il crut pouvoir compter sur le dĂ©voĂ»ment et la discrĂ©tion d'un certain nombre d'hommes influens, il leur dĂ©veloppa un plan de conspiration, qu'ils adoptèrent. Une consultation rĂ©digĂ©e Ă  Genève dĂ©cida que, sans blesser sa conscience, ni manquer Ă  la majestĂ© royale, il Ă©tait loisible de recourir Ă  la force pour soustraire le roi Ă  la domination des Guises. Les conjurĂ©s se rĂ©unirent Ă  Nantes le 1er fĂ©vrier 1560 : La Renaudie les harangua dans un discours que de Thou nous a conservĂ© : puis il vint Ă  Paris, avec l'autorisation de lever cinq cents cavaliers et quinze cents fantassins. Il logea chez un avocat nommĂ© Avenelles, auquel il se confia, et qui le trahit par timiditĂ©. La cour, avertie du complot, quitte Blois, ville sans dĂ©fense, pour se rendre Ă  Amboise. Les conjurĂ©s s'y rendent aussi par dĂ©tachemens, afin d'exciter moins de soupçons; mais Ă  mesure qu'ils arrivent, on s'empare de leur personne ; le duc de Nemours les fait jeter dans les prisons de la ville, ou pendre aux crĂ©neaux du château, selon qu'il en attend ou non de nouvelles lumières. Instruit de ce dĂ©sastre, La Renaudie se dispose Ă  attaquer Amboise et Ă  l'enlever de vive force. Il traversait la forĂŞt de Château-Renaud, lorsqu'il est rencontrĂ© par le jeune Pardaillan, son cousin, qui court sur lui le pistolet Ă  la main. La Renaudie saute Ă  bas de son cheval, et renverse le jeune homme de deux coups d'Ă©pĂ©e; mais Un page de Pardaillan l'Ă©tend mort d'un coup d'arquebuse sur le corps de son maĂ®tre. Le cadavre de La Renaudie, rapportĂ© Ă  Amboise, fut attachĂ© Ă  une potence, avec cette inscription : La Renaudie, dit LaforĂŞt, chef des Rebelles (ÉphĂ©mĂ©rides universelles, 1835 - books.google.fr).

 

Balzac fait de Pierre Avenelles vieil homme Ă  la barbe rousse :

 

Ce dict Avenelles estoyt une maulvaise barbe rousse, poly comme ung brin de réglisse, pasle en diable, ainsy que sont tous chicquanous enfouis ez ténètres du parlement, brief, le plus meschant garson d'advocat qui iamais ayt vescu, riant aux pendaisons, vendant tout, vray Iudas (Honoré de Balzac, Les contes drolatiques colligez ez abbayes de Touraine, 1855 - books.google.fr).

 

"vent contraire"

 

Olivier de Magny, né à Cahors dans le Quercy vers 1529 et mort vers 1561, est un poète français (https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_de_Magny).

 

C'est l'échec de la conjuration d'Amboise. C'est la mort de du Bourg, conseiller au Parlement, pour avoir blâmé les exécutions. C'est la menace contre Condé qui ne doit son salut qu'à l'intervention directe de François II. Le jeune roi meurt à son tour le 5 décembre 1560. A l'avènement de Charles IX, qui n'a que dix ans, la reine-mère Catherine de Médicis prend le pouvoir. Magny, au milieu des troubles sanglants fait entendre des conseils élevés et courageux, dans les 19 sonnets découverts après sa mort "sur l'Institution du Prince". Sa voix s'élève de plus en plus à mesure que la fin approche (Paul Cambon, Olivier de Magny, poete de Cahors, 1527-1561: Conférence donnée à la Société des études du lot le 12 mars 1925, 1925 - books.google.fr).

 

Dans un sonnet où du Bellay chante la gloire de d'Avanson, il reconnaît très haut le talent de Magny, afin d'attirer l'attention de l'ambassadeur sur son secrétaire méconnu. [...] Enhardi par la démarche de du Bellay en sa faveur, Magny implorait directement son maître dans le sonnet suivant :

 

A toute heure je voy croistre l'ire et l'orgueil

De l'orage cruel qui si fort me tempeste,

A toute heure je voy cent flots dessus ma teste,

Pour me faire en un gouffre un horrible cercueil.

 

Mon bateau n'est chargé que d'angoisse et de dueil,

Et quelque temps qu'il face, il est toujours en queste,

L'anchre, c'est ma raison qui jamais ne l'arreste,

Pour peur d'un vent contraire ou crainte d'un escueil.

 

Toy donc, mon AVANSON, qui vois quel est l'orage,

Et qui peux, si tu veux, me sauver du naufrage,

M'esloingnant du danger, du mal et du soucy,

 

Mets la main au tymon, et me fais faire voile

En plus heureuse mer et sous plus douce estoile,

D'un favorable vent m'enlevant hors d'icy (Jules Favre, Olivier de Magny (1529?-1561): étude biographique et littéraire, 1885 - books.google.fr).

 

"senez"

 

"sener" : du latin signo, désigner, signifier, annoncer, avertir (Lucien de Luca, SCHOLIA NOSTRADAMICA: Puzzles, Charades, Rébus, Calembours, 2022 - books.google.fr).

 

ou "signaler", "dĂ©voiler", "dĂ©noncer" (dĂ©signer comme coupable des agissements ou des personnes) puisque se sont les "entreprinses" qui sont "senez" ("seneez" ?) et non les conjurĂ©s. Si le "rousseau" est le traĂ®tre, inutile de souligner par "trahies".

 

"designare" se compose de "de" et de "signare"; nous avons plus avant signalé la valeur intensive ou extensive de "de" qui s'agglutine ici à "signare" qui signifie «empreindre; graver; marquer d'un sceau; signaler, désigner, indiquer; remarquer, distinguer», ce dernier comportant le mot signum «marque, signe, empreinte; présage; pronostic, symptôme; cachet, sceau» (Jean-Yves Dugas, L'espace québecois et son expression toponymique, Cahiers de géographie du Québec, Numéros 73 à 75, 1984 - books.google.fr).

 

Décalage de 2 ans

 

C'est pourtant de cette époque que date le premier édit officiel de clémence - nous ne disons pas encore de tolérance - à l'égard des Réformés. L'initiative en revient clairement à la reine-mère, Catherine de Médicis. Pendant les premiers mois de son veuvage, celle-ci était demeurée très effacée. Mais elle observait attentivement la situation. Les excès des Guise l'irritaient. Elle finit par se convaincre qu'elle devait prendre en main la direction des affaires, pour sauvegarder, par-dessus les rivalités des partis, les intérêts essentiels de l'État. L'édit d'Amboise (2 mars 1560), antérieur au complot de La Renaudie fut le premier acte de son intervention. Il rapportait le terrible édit d'Écouen (2 juin 1559) sur la recherche et la punition des hérétiques. Un pardon général fut accordé pour le passé, à condition que les sujets du roi veuillent bien «vivre dorénavant comme bons catholiques». Seuls les prédicants et les conspirateurs auraient affaire avec la justice royale. Une clause additionnelle, datée du 16 mars, reconnaissait en outre aux protestants le droit très important de requête collective. C'était leur permettre équivalemment de s'assembler, sinon pour des réunions cultuelles, du moins pour la discussion de leurs intérêts. Le mois de mars 1560 apparaît ainsi comme un tournant dans l'histoire religieuse de la France. Il marque simultanément, de la part des pouvoirs publics, l'inauguration d'une nouvelle politique religieuse et, de la part des protestants, leur entrée en scène comme faction dans l'État. C'est de ce mois également que date le premier projet royal d'un concile national, «afin que ceux qui seraient offensés de la corruption de ce siècle, se puissent doucement réconcilier à cette union de l'Église». Le Saint-Siège s'en montra très offusqué (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme (1955), 2013 - books.google.fr).

 

Les guerres de religion éclatent dès mars 1560, avec la conjuration d'Amboise. Malgré des tentatives de conciliation et le colloque de Poissy (1561), le massacre de Vassy (1er mars 1562) déclenche la première guerre (1562-1563), marquée par la bataille de Dreux. L'édit d'Amboise (mars 1563) suscite une réconciliation provisoire. Mais les hostilités reprennent en 1567, et c'est le début d'une série d'épisodes atroces où nos écrivains verront sombrer à la fois la gloire nationale et le prestige des chefs trop ambitieux. Chaque guerre a ses charniers et ses hontes (Françoise Joukovsky, La gloire dans la poésie française et néolatine du XVIe siècle, 1969 - books.google.fr).

 

Acrostiche : TLLP, tulipe

 

tulipe, tullipe (Antoine Malet, L'Oeconomie spirituelle et temporelle de la vie et maison, noblesse & religion des nobles & des grands du monde, dressée sur la vie, piete et sage, 1619 - books.google.fr).

 

Il y a le médecin néerlandais qui vers 1550-1560 décrivit pour la première fois la tulipe [...]. La tulipa suaveolens est mentionnée dès 1561 par Conrad Gestner dans son De hortis Germaniae liber, témoin sérieux de la passion botanique du Nord. L'énorme succès de la fleur à bulbe fut tel qu'on a pu parler d'une «Tulipomanie» générale après 1600. Elle coïncide avec la mode des «bouquets peints» ou, comme nous disons si gauchement, des «natures mortes de fleurs» (André Chastel, Les jardins et les fleurs, Revue de l'art, Numéros 51 à 54, 1981 - books.google.fr).

 

Ogier Ghiselin de Busbecq, en latin : Augerius Gislenius Busbequius et de temps en temps Augier Ghislain de Busbecq, (nĂ© en 1522 Ă  Comines, Flandre - mort le 28 octobre 1592 Ă  Saint-Germain-sous-Cailly près de Rouen) est un diplomate et botaniste flamand. Il est d'abord au service de l'empereur romain germanique Charles Quint, puis de Ferdinand Ier, Maximilien II et Rodolphe II, comme ambassadeur auprès de l'empire ottoman du sultan Soliman le Magnifique en 1555 puis Ă  nouveau en 1556. EmprisonnĂ©, il ne revient qu’en 1562. Ensuite, il fut gouverneur des fils de Maximilien II. On doit Ă  Busbecq la dĂ©couverte des Res gestae de l'empereur Auguste Ă  Ancyre et l'introduction en Europe de la tulipe, du lilas commun et du marronnier d'Inde. Il est le premier Ă  s’intĂ©resser Ă  la langue gotique de CrimĂ©e. Il meurt en 1592 près de Rouen et son corps est enterrĂ© Ă  Saint-Germain-sous-Cailly, tandis que son cĹ“ur est embaumĂ© et rapatriĂ© dans son fief familial de Bousbecque (fr.wikipedia.org - Ogier Ghislain de Busbecq, Jean-François Solnon, L'Empire ottoman et l'Europe, 2017 - books.google.fr).

 

L'incapacité des Français à régler la question du douaire ennuie d'autant plus Busbecq qu'elle a des conséquences fâcheuses pour Élisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX. La malheureuse veuve est en effet si démunie financièrement qu'il lui est impossible, à sa grande désolation, d'aller voir à Amboise sa petite fille. On a peine à le croire, mais «elle est si pauvre, affirme Busbecq, que les repas, à son domicile parisien, ne sont plus servis qu'à la seule table où elle est assise. Des rations de pain et de vin sont données au reste de son personnel qui n'a pas d'autre choix que de s'en contenter...» Il n'y a pas qu'à la cour de France que la vie est dure ! Fort heureusement, Élisabeth finit par trouver l'argent du voyage et arrive à la fin du mois de juillet 1575 à Amboise, où sa fille Marie-Élisabeth est élevée. Elle reste un mois et demi avec elle avant de regagner Paris pour quelques semaines, puis de prendre la route de Vienne. De la petite fille, alors âgée de trois ans et qui mourra à ans, Busbecq dit qu'elle n'est «certainement pas laide, bien qu'elle ressemble davantage à son père qu'à sa mère». Un compliment pour le moins ambigu. Le problème de la petite Marie-Élisabeth préoccupe Maximilien, qui a toujours aimé avoir près de lui sa descendance. L'empereur pose crûment la question à Busbecq de savoir si l'enfant sera autorisée à accompagner sa mère : «Je ne suis pas optimiste, répond Busbecq, car il n'y a aucun précédent de cette sorte dans l'histoire de France. Je les vois venir : ils vont d'abord évoquer la longueur du voyage, la fragilité de l'enfant et sa jeunesse, puis ils diront que cela ne s'est jamais fait et je ne vois pas ce qu'on pourrait rétorquer.» Au cas où Maximilien ferait une ultime tentative, Busbecq lui conseille d'écrire au roi et à Catherine de Médicis et de leur demander à voir sa petite-fille : «Si cela se faisait, alors la situation serait inversée, et le retour retour en France de l'enfant dépendrait de votre bon vouloir» (Ignace Dalle, Un Européen chez les Turcs: Auger Ghiselin de Busbecq, 1521-1591, 2008 - books.google.fr).

 

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