La Controverse sur les comètes I, 91 1624-1625 Les dieux feront aux
humains apparence, Ce qu'ils seront autheurs
de grand conflict : Avant ciel veu serain espée & lance, Que vers main gauche sera plus grand afflict. Apparences On peut considérer l'"apparence" couplée Ã
"espee et lance" qui désignerait deux des
formes que prennent les comètes aux yeux des hommes Jusqu'au XVIe siècle, jusqu'à l'introduction des lunettes
dans les observations astronomiques, il ne s'agit évidemment, dans les
relations qu'on donne des apparitions cométaires, que des comètes vues à l'œil
nu. C'est la forme étrange des queues, des barbes et chevelures qui frappe les multitudes comme les savants. Aussi les anciens,
qui n'ont pas toujours nettement distingué les comètes de certains autres
météores lumineux, bolides, aurores boréales, se sont-ils appliqués à classer
les comètes selon leurs apparences. Pline n'en distinguait pas moins de douze
espèces, dont voici la description, qui n'est pas toujours claire : «On voit, dit-il,
des comètes proprement dites; elles effrayent par leur crinière de couleur de
sang : leur chevelure hérissée se porte vers le haut du ciel. Les Barbues (Pogoniœ) laissent descendre en bas leur chevelure, en forme
d'une barbe majestueuse» (Ces deux premières espèces peuvent être rangées
dans la même classe, puisqu'elles ne diffèrent que par la direction de leur
queue.) «Le Javelot (Acontias)
semble se lancer comme un trait; aussi l'effet le plus prompt suit de près son
apparition : si la queue est plus courte et se termine eu pointe, on l'appelle
Epée (Xiphias) ; c'est la plus pâle de toutes les comètes ; elle a comme
l'éclat d'une épée sans aucun rayon. Le Plat ou le Disque (Disceus)
porte un nom conforme à sa figure; sa couleur est celle de l'ambre : il naît
quelques rayons de ses bords, mais en petite quantité. Le Tonneau (Pitheus) a réellement la figure d'un tonneau, que l'on
concevrait enfoncé dans une fumée pénétrée de lumière. La Cornue (Ceratias)
imite la figure d'une corne, et la Lampe (Lampadias)
celle d'un flambeau ardent. La Chevaline (Hippeus) représente une crinière de
cheval qu'on agiterait violemment par un mouvement circulaire, ou plutôt
cylindrique. Telle comète paraît aussi d'une singulière blancheur, avec une
chevelure de couleur argentine; elle est tellement éclatante, qu'on peut Ã
peine la regarder: on y voit l'image d'un Dieu sous une forme humaine. Il y a des
comètes hérissées (hirti, et non pas hirci comme plusieurs ont lu); elles ressemblent à des
peaux de bêtes, garnies de leurs poils, et sont entourées d'une nébulosité.
Enfin, on a vu la chevelure d'une comète prendre la forme d'une lance» Toutes ces dénominations sont plus ou moins justifiées
par la variété d'aspect que présentent les comètes, leurs nébulosités et leurs
queues; mais elles n'apprennent rien absolument sur leur nature physique.
L'énumération d'ailleurs ne semble pas complète, si l'on doit encore regarder
comme étant des comètes les flambeaux et les poutres (faces et trabes), dont
Pline donne la description à part Il convient de remarquer que l'utilisation de plus en
plus large du concept d'hypothèse - étendu des théories astronomiques à la
totalité des domaines du savoir - s'opposait non seulement à l'adoption de
procédés démonstratifs nécessaires per causas, mais permettait également de
séparer tout énoncé d'un fondement objectif, réduisant les théories générales Ã
des constructions provisoires, capables d'interpréter et de justifier
conditions données ; l'application désacralisante du
concept d'hypothèse aux religions historiques apparaît de façon exemplaire dans
une page de La Mothe Le Vayer
: « Ce qui fait
penser humainement aux irreligieux que, Comme
Ptolémée ou ses devanciers inventerent les hypothèses
des epicycles, des excentriques ou concentriques, et
de telles autres machines fantastiques, pour rendre raison des phainomenes ou apparences
celestes, chascun
pouvant faire capricieusement le mesme à sa mode,
comme de supposer la mobilité de la terre, et le repos du firmament, ou chose
semblable, moyennant qu'il sauve et explique methodiquement
ce qui tombe soubs nos sens des choses du Ciel ;
qu'aussi tout ce que nous apprenons des
Dieux et des religions, n'est rien que ce que les plus habiles hommes ont conceu de plus raisonnables selon leur discours pour la
vie morale, oeconomique, et civile, comme pour
expliquer les phainomenes des mœurs, des actions, et des
pensée des pauvres mortels, afin de leur donner de certaines regles de vivre, exemptes, autant que faire se peut, de
toute absurdité. De sorte que s'il se trouvoit encores quelqu'un qui eut l'imagination meilleure que ses
devanciers, pour establir de nouveaux fondemens ou hypothèses, qui expliquassent plus facilement
tous les devoirs de la vie civile, et généralement tout ce qui se passe parmi
les hommes, il ne seroit pas moins recevable avec un
peu de bonne fortune, que Copernic et quelques autres en leur nouveau sisteme, où ils rendent compte plus clairement et plus briefvement de tout ce qui s'observe dans les cieux ;
puisque finalement une religion, conceuê de la sorte,
n'est autre chose qu'un système particulier, qui rend raison des Phénomènes
morales, et de toutes les apparences de nostre doteuse Ethique » Ainsi les religions,
comme les sciences ou les philosophies, seraient de pures constructions de
l'esprit, sans autre support que des apparences, sans valeur objective,
inférieures même en vraisemblance aux plus fantasques images auxquelles donnent
lieu les perceptions des sens. Absurdes donc, mais point entièrement
arbitraires : car, forgées de toutes pièces, elles tenteraient du moins
d'expliquer aux yeux du vulgaire le spectacle de la vie morale, et, par lÃ
même, de donner un sens à ce spectacle, de fixer une règle pour cette vie François de La Mothe Le Vayer, né le 1er août 1588 à Paris où il est mort le 9 mai
1672, est un philosophe, philologue et historien français, et l'un des
principaux représentants de la pensée dite libertine au XVIIe siècle. Longtemps
négligée, sous-estimée, voire dédaignée, malgré quelques études pionnières et
la thèse fondatrice de René Pintard (1943), son œuvre
fait l'objet, depuis la fin des années 1980, d'une réévaluation enthousiaste,
dont témoignent de nombreuses rééditions et une abondante bibliographie
critique La controverse sur
les comètes Ayant pu avoir accès aux Archives romaines de la
Compagnie de Jésus, P. Redondi nous apporte beaucoup
d'informations, du plus grand intérêt et souvent originales, sur nombre de
théologiens jésuites, spécialement le P. Grassi, déjÃ
mentionné, et sur le Collège romain qui était alors un foyer intellectuel d'un
grand rayonnement et où, d'ailleurs, a longtemps résidé et enseigné le P. Grassi. Rappelons que l'opposition entre le P. Grassi et Galilée a son origine dans le Saggiatore (L'Essayeur, 1623) où,
avec un talent qui a fait de cet ouvrage son chef-d'œuvre littéraire, Galilée
s'en prend à la théorie des comètes que le P. Grassi
avait exposée dans un ouvrage publié en 1619, à la suite de l'observation de
trois comètes en 1618, et où
d'ailleurs il affirmait leur réalité alors qu'elles n'étaient pour Galilée qu'une illusion d'optique. Mais, en fait, la
question des comètes est très tôt devenue secondaire. C'est avant tout
l'atomisme que professait Galilée qui devait retenir l'attention, entraînant
les vives polémiques L'accès au trône pontifical de Maffeo
Barberini (connu pour être favorable aux travaux de Galilée), le 6 août 1623,
avait suscité chez les partisans de Galilée de grandes espérances ; aussi, le
20 octobre, la page de dédicace, rédigée par Cesarini,
est-elle opportunément adressée au nouveau Pape qui a pris le nom d'Urbain VIII
(cf. lettre de Rinuccini à Galilée du 20 octobre 1623). Une semaine plus tard,
le volume complet de l'Essayeur est entre les mains du Pape (cf. lettre de Stelluti du 28 octobre 1623). Le succès du livre est
immédiat, d'abord auprès du Pape (une lettre de Cesarini
du 28 octobre 1623 - t. XIII, p. 141 - informe Galilée que le Pape se le fait
lire à table) ; cf . aussi les lettres de Rinuccini
du 3 novembre 1623 et de Ciampoli du 14 novembre 1623
- 1. XIII, p. 140 -), et même auprès de certains Jésuites (cf. lettre de Stelluti du 4 novembre 1623. Le livre est alors considéré
comme la conclusion victorieuse de la controverse sur les comètes. Le succès de
L'Essayeur vaut à Galilée, venu Ã
Rome en 1624, de nombreuses audiences d'Urbain VIII ; quant aux Jésuites, ils
semblent décider la réconciliation avec l'adversaire ; les relations entre Grassi et Guiducci ne cessent de s'améliorer et Galilée
peut écrire à Cesi le 23 septembre 1624 (Ed.Naz ., XIII, p. 209) que Grassi est à présent favorable à l'hypothèse de la mobilité
terrestre. [...] Mais si Galilée semble sortir victorieux de la bataille,
puisque la faveur d'Urbain VIII va à présent lui permettre de rédiger et de publier le Dialogue des Grands Systèmes, il est
certain qu'à long terme cette victoire, en brisant toute possibilité de
dialogue et de réconciliation ultérieurs avec les Jésuites, a préparé d'une
certaine façon la sentence de 1633, c'est-à -dire l'échec final l'entreprise Ã
laquelle Galilée avait consacré vingt ans de sa vie. [...] Ecrire ce livre ne signifiait pas seulement pour Galilée écarter une explication des comètes qui lui paraissait
fausse en tant qu'astronome et mathématicien. Cela signifiait aussi, et
surtout, saisir l'occasion que lui offrait le problème des comètes de 1618,
c'est-à -dire un problème qui ne posait pas directement la question de la
mobilité terrestre tout en lui étant nécessairement lié, pour l'exploiter,
comme peu auparavant celui des marées, en faveur du copernicianisme.
L'avantage du problème des comètes était de fournir un sujet astronomique
partiel, limité, un peu étroit, qui, en apparence, ne mettait pas en jeu la
constitution de l'univers et dont, à vrai dire, Copernic n'avait guère parlé :
bref, un sujet qui n'était pas dangereux. Aussi n'est-il pas question dans
L'Essayeur d'exposer un système du monde dans son ensemble, d'expliquer la
doctrine copernicienne : c'est la tâche que Galilée se réserve pour un ouvrage
ultérieur, autrement important à ses yeux "afflict"
: Job Le latin "afflictus"
signifie abattu, ou choc, collision. En ancien français, affligé et en wallon bossu Homo afflictus. Cic. Homme rempli de vices (accablé sous le poids des vices) Job fut affligé ; son affliction lui fut espreuve. Grande
fut l'espreuve ; mais grand le renfort qu'il eut de
toi. A l'orf le fort feu : pour la paille, il ne faut
qu'une estincelle : aux forts bras, la luitte : Ã gens vertueux, l'affliction. Mais vois-tu la fin
? Il pria, & Dieu n'eut l'oreille sourde. Dieu l'ouit,
le vid, & lui redoubla sa benediction.
Le monde d'alors lui reprochoit sa misere. Le Dieu de tousjours
l'exauça en sa priere : toi Dieu, que je sers, me laisserois-tu en mon oppression. Seigneur, je le sai. Je suis moins que poudre, & moins que cendre, tout
mal, tout peché : & combien plus grand mon peché, helas ! que
mon affliction ? Mais aussi j'ai dit, Je me fie en toi, non en moi-mesme. Toi tout bien, tout bon : & combien plus
grande ta misericorde, ô Dieu, que mon peché : Je suis rien, toi tout : tout, & donc toute misericorde. Je ne suis qu'un point : toi tout infini. Et
donc infinie ceste misericorde Afflictus est Job, et ad laudes Domini
se convertit Thomas Cajétan écrivait dans
son In librum Job En effet, Job
poursuit de cette manière son but (chap. 26), à savoir que Dieu ne le jugerait
pas dans l'abondance de sa puissance, car il a parlé de son jugement en cette
vie, c'est-à -dire selon les jugements que Dieu exerce dans la vie présente. C'est pourquoi, pour montrer les moyens par
lesquels Dieu nous gouverne, Job commence par le ciel sous le nom de
Septentrion - du fait que le pôle septentrional s'élève au-dessus de nous - en
disant qu'il étend la partie gauche (sinistra), c'est-à -dire
le Septentrion, sur le vide, c'est-Ã -dire l'air; en effet les anciens nommaient
vide l'air. Et Job se sert du mot extensio comme
aussi, dans la Genèse, est décrite l'extension des cieux faite le deuxième
jour, pour signifier que Dieu a donné une telle quantité au ciel. Et appendit terram super nihilo. Parce que les éléments (principia) premiers de l'univers corporel sont le ciel et
la terre, la circonférence et le centre, aussitôt après le ciel il évoque la
terre et, usant de la métaphore de la suspension, il dit que Dieu suspend la
terre sur aucune réalité (nulla res)
pour signifier qu'il l'a faite se soutenant sur elle-même et non appuyée sur
quelque autre chose. Et cela est très vrai parce que la terre est la plus grave
parmi toutes les parties de l'Univers, et, par cela, elle repose naturellement
au plus bas de tout l'Univers qui, c'est clair, est le centre du monde Le dominicain Thomas de Vio,
dit Caietan ou Cajétan, né
le 20 février 1469 à Gaète (en latin Caieta, d'où son
surnom) dans l'actuelle province de Latina, Latium, et mort le 10 août 1534 Ã
Rome), est un théologien et cardinal italien du XVIe siècle Plusieurs passages peuvent être évoqués. Le plus cité est Josué X, 12-13 où Dieu arrête la course du soleil dans le ciel pour prolonger la bataille contre les ennemis d'Israël. Dans Job IX, 7 Dieu fait le jour et la nuit en commandant au soleil. Dans le psaume 103, la terre, posée sur son socle, est inébranlable pour les siècles des siècles (Laurent-Henri Vignaud, Galilée, victime d'une erreur judiciaire ?, Les victimes, des oubliées de l'histoire ?, 2000 - books.google.fr). Décret de la congrégration de
l’Index du 5 mars 1618. - «Parce qu‘il
est parvenu à la connaissance de la sacrée congrégation que cette fausse
doctrine pythagoricienne, tout à fait contraire à la sainte Écriture, de la
mobilité de la terre et de l'immobilité du soleil, que Nicolas Copernic, dans
son livre des révolutions des corps célestes, et Didace
Astunica, dans son livre sur Job, enseignent
également, est déjà divulguée et reçue de plusieurs, afin que cette opinion ne
se répande pas davantage au détriment de la vérité catholique, il a été décrété
que lesdits livres de Nicolas Copernic sur la révolution des corps célestes, et
de Didace Astunica sur Job,
seraient suspendus jusqu’à ce qu'ils soient corrigés... De même tous les livres
qui enseigneraient les mêmes doctrines sont prohibés, condamnés et suspendus» Les Mondes: revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 1877 - books.google.fr Diego a Stunica, un homme
remarquable par la doctrine et la piété, s'est évidemment trompé lorsque,
commentant Job 9/6, il a dit que «on ne
trouve aucun passage dans l'Ecriture qui dise aussi clairement que la Terre
n'est pas mue que ce verset qui commovet terram etc. ...» Qu'il en décide donc ainsi: «la terre
est mue de son lieu». Mais, moi, j'affirme ceci: il n'y a pas dans l'Ecriture
de passage qui attribue à la Terre un mouvement autre que celui que nous
disons, par une appellation commune, mouvement de Terre, Ã l'instar de ce qui
tremble par trouble et crainte; de plus notre passage établit - ou à lui seul
ou au premier chef parmi d'autres - la stabilité de la Terre privée de tout
mouvement. En effet, [112a] bien qu'il semble suffire à l'intention et à la
vérité du texte que la Terre soit dite ne pas être engendrée ni corrompue avec
les générations des autres choses qui passent et qui viennent, cependant le
passage lui-même exige plus; car l'état d'immobilité (statio)
et l'invariabilité de la Terre sont opposées aux autres générations bien plus
complètement et parfaitement si elle n'est soumise ni à la génération et
corruption ni au mouvement local, mais demeure non seulement non corrompue mais
aussi immobile et fixe Dans une traduction d'un fragment du Commentaire sur Job
du pape Grégoire Ier : Elyphas ki premiers entre
les amis Iob parolet, ia soit ce ke il par pieteit uenist par lui a conforteir, ne sot la regle de conforteir, cant il laissat l'umiliteit de parleir. Et cant il ne gardet la droiture de parleir, si foruat iuske al rampommement del afflit, et si dist : Mais a moi fut dite une repunse parole Trithemius in Chronico ad ann. 1313 rapporte
que l'Emperereur Henry étant venu en Italie contre
Robert Roi de la Pouille, mourut le jour de saint
Barthélemy ; que plusieurs croyoient qu'il avoir éié empoisonné par un Jacobin qui lui donna la Communion ;
& que le Pape pour punition de ce crime ordonna à tous les Dominicains de
communier de la main gauche. Ce serait plutôt parce que les Dominicains rompent
l'hostie sur le calice et non sur la patène, ayant la main droite libre pour
dire l'Agnus dei et se frapper la poitrine La main gauche était, selon S. Grégoire Pape, la figure
de la Vie mortelle de Jesus-Christ Christ, terminée
par le Sacrifice douloureux de la Croix. Comment le pape aurait-il pu trancher entre dominicains
et jésuites, c'est-à -dire entre sa main droite et sa main gauche ? Dans
«l'affaire Galilée», les jésuites étaient évidemment handicapés par leur
compétence en astronomie. Ils avaient été obligés de valider les observations
du Pisan, tout en sachant qu'elles posaient problème à la philosophie
scolastique. Les dominicains pouvaient donc leur reprocher d'être trop faibles
à l'égard de l'astronome toscan, et déplacer le débat sur le plan des
Écritures, ce qui obligerait l'Inquisition à intervenir. C'est d'abord le vieux
dominicain Niccolo Lorini, professeur d'histoire
ecclésiastique à l'université de Florence qui, dans un sermon, souligne
l'incompatibilité entre l'héliocentrisme et le fameux verset de Josué
(10:12-14) où Dieu arrête la course du Soleil (1612). C'est quelques mois plus
tard Tommaso Caccini qui attaque directement les opinions coperniciennes de
Galilée lors d'un sermon à l'église Santa Maria Novella
de Florence. Le crédit de Galilée était tel que, néanmoins, le général
prédicateur de l'ordre dominicain s'excusa pour les interventions de ses
frères. Les attaques contre le grand astronome ne semblent donc pas concertées
au plus haut niveau de l'ordre, mais plutôt le fait d'un petit groupe
d'opposants que Galilée appelle la «Ligue des pigeons», du nom d'un des leurs,
Lodovico delle Colombe Galilée avait eu trois enfants naturels (de la main gauche), Vincent, légitimé, et deux filles placées dans un couvent de Florence. "conflict" : procès Les deux grands genres littéraires auxquels le livre de
Job fait penser sont la lamentation et le procès. Le genre lamentation est très
répandu dans les littératures du Proche Orient. Les éléments essentiels qui le
composent habituellement se trouvent, dans la Bible, dans les psaumes :
Invocation à Dieu. Exposition de la triste situation où se trouve le psalmiste.
Motifs pour espérer l'action de Dieu : ce que Dieu a déjà fait pour le psalmiste ou pour Israël. Prière
demandant à Dieu d'agir Action de grâces et annonce des bienfaits reçus. Pour
ce qui est du procès, nous n'avons pas un modèle clairement décrit dans la
Bible. Certains auteurs ont reconstitué le procès de type prophétique. En
effet, les prophètes formulent souvent leurs dénonciations en se servant du
langage juridique. Voici les éléments possibles de ce genre littéraire « procès
» : Prologue avec appel à l'attention des éléments du cosmos (ciel, terre,
montagnes, etc). Interrogatoire. Réquisitoire ou
exposé de griefs. Déclaration de la sentence. Voir Is 1, 2-3.10-20 ; Jr 2, 4-13
; Mi 6, 1-8. Dans le livre de Job on trouve tous ces éléments mais organisés de
façon disparate. La plupart du temps c'est Job qui accuse Dieu (9, 2-3 ; 33,
13) ; quoique Dieu aussi apparaisse dans le rôle du plaignant (23, 6 ; 31,
35-36) Le Plait de l'evesque et de
droit n'est pas uniquement un récit allégorique, il constitue également un
débat - un procès - où s'affrontent deux partis antagonistes, assistés des vices
et des vertus personnifiés. Le débat (appelé p.ex. altercatio,
conflictus, dialogus, disputatio, etc., voir Geschichte
der Textüberlieferung t. II, pp. 94-109) est, dans
l'Antiquité et au moyen âge, connu comme exercice scolaire. Le débat peut
prendre la forme d'un procès simulé (voir H. Walther, Das
Das Streitgedicht, p. 21).
En tant que genre littéraire, il représente un court dialogue versifié exposant
un problème, le plus souvent d'ordre moral; c'est un genre mi-narratif,
mi-didactique qui se prête très bien à la satire. Par
l'entrée en scène des agents abstraits ou des personnifications, comme p. ex.
celles des vices et des vertus, le débat se transforme en allégorie (sur la
distinction entre agents abstraits et allégorie, voir R. Glasser,
Abstractum agens und Allegorie, pp. 43-122). Bien
qu'ils soient assez rares dans le haut moyen âge, plusieurs débats nous ont
pourtant été transmis, p.ex. le Conflictus
Veris et Hiemis du IX°
siècle, qui était très répandu, et l'Eglogue de Théodule du milieu du Xe
siècle, qui servait de manuel de mythologie. Il existe d'autres débats, p. ex.
l'Altercatio Ventris et Artuum, la Disputatio inter Cor
et Ocellum, le De Diversitate
Fortune et Philosophie Consolatione, la Visio Philiberti Dans le cas de Galilée, ce qui devait rester un débat scientifique est devenu un procès en hérésie. |