Venise et la Guerre de Montferrat I, 75 1612-1613 Le tyran Siene
occupera Savone : Le fort gaigné,
tiendra classe marine : Les deux armées par la Marque d'Ancone : Par effraieur le
chef s'en examine. Le contexte S'il fut à l'intérieur trop souvent porté à conseiller
les concessions, il fut en revanche un ministre des affaires étrangères très
ferme, tout en se montrant conciliant et souple. Les deux nations restèrent sur
leurs positions, sans rien gagner l'une sur l'autre. Quand les Espagnols
avaient des velléités d'avancer, Villeroy, qui
veillait. intervenait : il commençait par déployer
toutes les ressources de sa diplomatie. et si
l'honneur ou de graves intérêts l'exigeaient, il engageait la régente à parler
haut. On le vit pratiquer cette politique pour régler l'affaire qui fut, de
l'aveu général, la plus périlleuse de la régence, l'affaire de la succession de
Mantoue. Le duc de Mantoue était mort en 1612, sans héritier mâle. Le cardinal
Ferdinand, son frère, prit le pouvoir. Mais Charles-Emmanuel ne voulut point
laisser Ă©chapper une occasion d'agrandir ses Ă©tats : il revendiqua les droits
de sa fille, veuve du duc, et de sa petite-fille, la princesse Marie, envahit
et occupa, en avril 1613, les villes du Montferrat sur lesquelles il avait des
prétentions. Cette agression provoqua en France une vive émotion : le duc de
Mantoue était un vieil allié de la couronne, et un parent de la reine, et
l'honneur obligeait de le soutenir contre les brigandages du duc. On Ă©tait
inquiet de l'attitude de l'Espagne qui ne paraissait pas claire : on disait que
le gouverneur de Milan favorisait secrètement les desseins du duc. Villeroy se demandait si les Espagnols n'allaient pas
reprendre leur marche envahissante en Italie, occuper Savone, ruiner GĂŞnes.
Cependant le cardinal-duc appelait au secours et la noblesse française brûlait
de partir en guerre. Villeroy estima qu'il ne fallait
pas reculer : c'eût été pour le royaume un déshonneur et la ruine de
l'influence française à l'étranger ; mieux valait risquer la rupture avec
l'Espagne. Mais pour conjurer ce péril il employa une excellente tactique. Il porta la question devant le tribunal de
l'opinion européenne, fit affirmer hautement par ses ambassadeurs le bon droit
du duc de Mantoue, fit appel au pape, Ă la RĂ©publique de Venise, au grand-duc
de Toscane, à l'Empereur, négocia dans toutes les cours, fit menacer à Turin,
discuter à Madrid, préparer une démonstration armée dans les Alpes. Le duc de
Savoie fut moralement isolé. L'Espagne
qui voulait peut-être faire un mauvais coup à la dérobée fut intimidée, sans
avoir lieu d'être offensée, car l'habile ministre avait eu soin de ne pas
l'accuser directement. Aussi Philippe III, au mois de juin, dut-il
ordonner au gouverneur de Milan de désarmer et de faire désarmer le duc.
L'affaire parut reprendre Ă la fin de 1613 : les Savoyards gardaient des
places du Montferrat, des troupes espagnoles vivaient sur les terres du duc de
Mantoue comme en pays conquis. Villeroy reprit la
tactique qui avait déjà réussi au début de l'année : il écrivit un Avis pour
conseiller à la reine de rompre plutôt que de céder : et tout se termina par un
accommodement à la satisfaction de la France. Le calme était rétabli et dura
deux années encore. Les mariages espagnols s'effectuèrent. L'entente espagnole
se maintint. Aucun incident grave ne troubla l'horizon, jusqu'aujour où les brouilleries recommencèrent en Italie. En
1616 le duc de Savoie rompit avec les Espagnols : le gouverneur de Milan
envahit les états de Charles-Emmanuel qui appela Lesdiguières à son secours et
envahit le Montferrat, fief du duc de Mantoue allié de l'Espagne et de la
France. Villeroy chercha aussitôt à rétablir l'ordre,
Ă empĂŞcher les Espagnols d'Ă©craser les Savoyards, et les Savoyards d'opprimer
le duc de Mantoue. On avait déjà choisi Richelieu pour aller négocier un accord
avec les Espagnols qui manifestaient de bonnes dispositions. Villeroy ne put diriger longtemps cette affaire, car au
mois de juillet, on le força à vendre sa charge. Pendant sa retraite, Richelieu
chercha en vain à faire régler à Paris le différend hispano-savoyard. Il avait
essayé aussi de s'entremettre pour réconcilier les Vénitiens avec l'archiduc
Ferdinand de Styrie. Le conflit italien s'était envenimé depuis que
Lesdiguières, sans prendre l'avis de la reine et de ses ministres, avait marché
de lui-mĂŞme au secours du duc de Savoie. Villeroy
revenu au pouvoir continua son œuvre pacificatrice, résista aux Espagnols qui
voulaient opprimer la Savoie, aux ennemis de l'Espagne qui voulaient la rupture
entre les deux couronnes. Les Espagnols ayant pris Verceil et menaçant Asti,
Louis XIII donna à Lesdiguières l'ordre de marcher. Le gouvernement de Philippe
III très impressionné se montra alors conciliant. Tous les amis de la paix
travaillèrent avec Villeroy à éteindre le feu, et
après de longues négociations à Rome, à Madrid, et à Paris, tout rentra dans
l'ordre (août 1617). Telle fut la politique étrangère dirigée par Villeroy sous la Régence Les tyrans
catholiques L'or américain permet encore à Philippe III de développer
les opérations militaires dans les Flandres gouvernées par l'archiduc Albert et
Isabelle Claire Eugénie depuis 1598. Sous la conduite du génois Ambroise
Spinola (1569-1630), Â le tercio reprend Ostende aux Hollandais (1604) mais la
campagne militaire doit s'arrêter dès 1606, faute de liquidités pour payer la
troupe qui se mutine. Avec la trêve des Douze ans, une nouvelle frontière
religieuse s'impose à la monarchie catholique. La frontière avec les rebelles
Hollandais est une frontière religieuse poreuse, fréquemment dénoncée par
l'archiduc Albert et les conseillers de Philippe III. Dès 1612, la créature du
duc de Lerma, Rodrigo Calderon dénonce auprès du
souverain la propagation du calvinisme dans le Sud des Pays-Bas. L'archiduc
Albert constate en 1614 que des Ă©trangers viennent propager la foi calviniste
et répandre les livres interdits de l'hérésie protestante. Le confesseur de
l'ambassadeur d'Espagne à Bruxelles, le frère Jerônimo
Graciân de la Madre de Dios,
écrit un traité sur les centaines de foyers de l'hérésie qui peuvent expulser l'Espagne
des Flandres, dont les conclusions sont discutĂ©es par le conseil d'État Ă
Madrid. Non seulement les représentants du roi ont le sentiment que la
frontière flamande est des plus fragiles et des plus menacées malgré la trêve,
mais ils craignent aussi une contagion de l'hérésie protestante par le biais de
la soldatesque. Les désertions et le changement de camp de certains militaires sont
pensés par le conseil d'État comme le résultat de la propagation du calvinisme,
et non comme celui du retard de la solde. Les conseillers d'État s'inquiètent
auprès de Philippe III, en 1614, de la possible introduction d'idées
protestantes en Espagne par le biais des soldats qui rentrent chez eux une fois
leur contrat accompli. L'assassinat de Guillaume d'Orange (1584) offre son
premier martyr aux Nassau, dont le parti orangiste critique la trĂŞve d'Anvers
(1609), assimilant les arminiens favorables Ă un accord avec l'Espagne depuis
1607 Ă des philo-catholiques. La reprise en main des Provinces-Unies par
Maurice de Nassau (1618) est autant politique (arrestation du Grand Pensionnaire)
que religieuse (convocation d'un synode national pour restaurer l'unité de
l'Église calviniste au profit des plus conservateurs, les gomaristes). La
reprise du conflit avec l'Espagne permet aux orangistes d'assimiler patriotisme
et antipapisme jusqu'à présenter la guerre comme une résistance à l'oppression
du tyran catholique du peuple Ă©lu par
Dieu pour combattre les ennemis de la vraie foi Siena en Espagne Le couvent de la EncarnaciĂłn,
fondé en 1611 par la reine elle-même, quelques mois avant sa mort, symbolise
toute l'identité de la capitale de la Monarchie hispanique au XVIIe siècle. À
travers lui, la couronne des Habsbourg s'associa directement à l'idée
d'humilité autant qu'à l'idée de faste et de luxe. En outre, à l'époque, Madrid
s'apparentait plus Ă une ville conventuelle qu'Ă une capitale monarchique et
courtisane, réservant les beautés et les richesses artistiques pour l'intérieur
des églises et des monastères, derrière des façades austères. Les deux ouvrages
de référence sur la Villa y Corte du premier tiers du XVIIe siècle - celui de
Gil González Dávila, Teatro
de las Grandezas de la Villa y Corte de Madrid, de
1623, et celui de JerĂłnimo de Quintana, Historia de
la AntigĂĽedad y nobleza y grandeza de la villa de Madrid, de 1629 - rapportent
l'existence de treize paroisses, vingt-cinq monastères masculins, dix-neuf
couvents féminins, seize hôpitaux, trois ermitages et deux humilladeros.
Carmen Soriano Triguero a analysé l'implantation des
clôtures féminines dans le Madrid de Velázquez, c'est-à -dire entre 1600 et 1650
environ61. Elle a observé que cette période a été celle d'une véritable
explosion des fondations religieuses féminines, quelque quarante ans après
l'installation de la Cour, en 1561. Les fondations de communautés régulières
féminines ne tardèrent pas car Madrid
compta cinq nouveaux couvents sous Philippe II, mais les règnes de Philippe III
et de Philippe IV furent les véritables moments d'expansion du phénomène. C'est
d'ailleurs la Couronne elle-même qui l'amorça, dés
l'ouverture des Descalzas Reales
en 1559, puis en fondant les deux couvents d'augustines récollettes de Santa
Isabel et de la Encarnación dans les premières années du XVIIe. Les
aristocrates et les groupes dirigeants de la Cour suivirent le mouvement de ce
patronage et mécénat religieux. Le favori de Philippe III, le duc de Lerma, sauva
de la ruine les béates de Santa Catalina de Siena,
qui formaient des filles nobles et pauvres, en les plaçant sous son patronage
en 1610 et en leur faisant adopter la clĂ´ture. Lerma symbolise la vigueur du
mouvement de fondations religieuses qui enflamma les aristocrates de la cour,
car il accueillit des couvents sur ses propriétés de Lerma, Madrid,Valladolid et Denia. À
l'image de ce que le monarque avait disposé pour pouvoir accéder directement
depuis l'Alcazar au couvent de la Encarnación, le favori fit aménager à Madrid
un passage qui reliait son palais au couvent de Santa Catalina de Siena et au monastère des capucins, situés tous deux en
face de sa résidence. Le favori pouvait se rendre à l'église des dominicaines
de Santa Catalina pour assister Ă la messe et aux offices. Il construisit un
ensemble architectural unissant son lieu de vie profane et des espaces de vie
sacrée Charles de Gonzague-Nevers et sa femme Catherine sont sincèrement pieux : en atteste leur quasi-frénésie de création de fondations pieuses, abbayes, monastères, collèges ou hôpitaux, les projets de croisade toutefois déçus, ou le décès de Charles vêtu en moine franciscain en 1637 (fr.wikipedia.org - Charles Ier de Mantoue). Savone A la fin d'avril 1613, la succession de Mantoue avait
donné une occasion au duc de Savoie d'envahir le Montferrat. Les intérêts
français exigeaient que l'on défende la duchesse de Mantoue, sœur de la reine,
sans se mettre à dos l'Espagne, maîtresse du Milanais et toute prête à augmenter son influence dans la péninsule. Dans ce
jeu délicat, il fallait user de négociation et de démonstration de force. Le duc de Nevers, lui-même de la famille
des Gonzague et à ce titre parent de la reine, débarquant en Italie, à Savone,
s'était jeté dans Casal, pour éviter que le Savoyard,
qui s'était déjà emparé d'Alba, de Trino et de Moncalvo,
ne tienne complètement le terrain. Nevers demandait des renforts Ă cor et Ă
cri. A Paris, on était moins pressé. Il fallait éclaircir la situation
diplomatique avant d'agir. En attendant que la reine régente et son
gouvernement prissent parti, la noblesse armait pour rejoindre Nevers Ă ses
dĂ©pens. Le jeune duc de Longueville suppliait Sa MajestĂ© de l'autoriser Ă
partir pour cette campagne en Italie. Concini poussa à la détermination et
insista pour que l'on rappelât le prince de Condé. La décision d'une
intervention armĂ©e fut arrĂŞtĂ©e après le retour du prince, qui Ă©tait arrivĂ© Ă
Fontainebleau le 28 mai 1613. Concini sollicita l'honneur de commander les
armées françaises. Mais c'eût été par trop mécontenter les grands qui
briguaient ce commandement. On confia donc ces troupes, vingt mille fantassins
et deux mille cavaliers, à des chefs de guerre plus chevronnés : au maréchal de
Lesdiguières qui commandait en Dauphiné, aux Guise, le duc et le chevalier, et
au duc de Bellegarde. Concini, soucieux de préserver l'indépendance de la
France vis-à -vis de l'Espagne, s'était rapproché de Condé. La reine qui s'en
tenait éloignée, semblait donc en froid avec son favori, dont un chacun
guettait la disgrâce. Les ennemis de l'Italien ne manquaient pas non plus de
faire courir des rumeurs l'accusant de prévarications. Ne disait-on pas qu'il
aurait fait passer en Italie, par la Bourgogne, une somme de 1 800 000 livres ?
Dans cette atmosphère de tension, Marie crut sans doute prudent d'éloigner
quelque temps le marquis d'Ancre et le pria de
retourner à Amiens. Il n'était donc plus écouté quand on apprit que les troupes
espagnoles cantonnées dans le Milanais avaient ordre d'envahir le Montferrat
pour contraindre, disait-on, le duc de Savoie Ă restituer ses conquĂŞtes.
Manifestant une fois de plus son désaccord, Condé quitta la cour au début de
juillet, imité bientôt par Vendôme et Mayenne "Le tyran Siene" : le pape Paul V Camille Borghèse,
né à Rome le 17 septembre 1550, mort à Rome le 28 janvier 1621), devient le
233e pape de l’Église catholique le 16 mai 1605 sous le nom de Paul V (en latin Paulus V, en italien
Paolo V), Ă la mort de LĂ©on XI. Il est
le descendant d'une grande famille de Sienne Empêché d'abord de connaître l'opinion du Pape, à cause
de l'invasion du Montferrat par le duc de Savoie en 1612, Charles de Nevers
avait appris dans la suite que le
Pontife était favorable à son projet. A son retour en France, après l'affaire du Montferrat, le
duc de Nevers avait été mêlé aux mouvements des princes, sous la régence de
Marie de MĂ©dicis, et son projet en avait subi un temps d'arrĂŞt; mais lorsque le
sire de Château-Renault fut envoyé en Morée, il y trouva la même volonté de se
libérer. «Ces envoyés revinrent par terre avec deux des principaux du pays qui
visitèrent quelques évêques et gens qualifiés dans le pays de Macédoine,
Servie, Albanie, Dalmatie, Croatie» Ils trouvèrent chez tous d'excellentes
dispositions pour se libérer, courage, union entre eux; il manquait seulement
des armes et une aide efficace. Dans leur bonne volonté, ils avaient promis de
tenir une assemblée d'évêques, sous prétexte d'aviser à ce qui était du bien de
leurs Ă©glises, et qu'ils y travailleraient Ă coordonner tous leurs efforts et
désigneraient quelques délégués pour traiter avec le duc. Ce dernier les
attendait dans quelque temps. Le duc terminait son rapport en demandant l'avis
du roi sur tous les détails de cette affaire, et se soumettait en tout à Sa
Majesté. Au fond, il nommait le roi d'Espagne véritable chef de la croisade. L'assemblée promise se tint à Koutchi,
dans la Haute Albanie, le 8 septembre 1614. Y prirent part l'archevĂŞque d'Ipek et les principaux chefs de la Haute Albanie, de la
Bosnie, de la Macédoine, de la Bulgarie, de la Serbie, de l'Herzégovine et de
la Dalmatie. Il y fut surtout question de l'introduction des armes par la Chimara et le Montenegro, et du
recrutement des premières troupes. Le premier corps était constitué par 30000
Albanais et 12000 volontaires de Serbie, Herzégovine, Macédoine, Bosnie, qui se
tiendraient cachés, et, au moment décisif, entraineraient les autres. Les
premières opérations seraient la prise de Valona, de Croïa, de Scutari, de Castel Nuovo.
Toute l'armée devait se réunir à Skopié, et, de là ,
marcher sur Andrinople. Le plan de Koutchi fut d'abord transmis au Pape (Paul V), comme
l'indique un post-scriptum du rédacteur, et ensuite au duc de Nevers. Le
mouvement s'Ă©tait donc Ă©largi et voulait prendre des allures de croisade Henri IV envoya en 1608, en ambassade extraordinaire Ă
Rome, Charles de Gonzague, duc de Nevers pour faire au pape Paul V le
compliment d'obédience filiale. Cette ambassade surpassa en éclat toutes celles qui avaient précédé Ces endroits, si chers à Paul V, étoient ceux où Suarez ne craignoit pas de soutenir cette maxime injuste en ellemême, & contraire à toute l’antiquité, que le pape peut déposer les rois, sous prétexte de tyrannie. M. de Tresnes répondit avec la fermeté qui convenoit à son caractère : "que les souverains lui étoient fort peu obligés ; & que sa sainteté elle-même avoit plus d’intérêt qu’elle ne le pensoit, qu’une doctrine si pernicieuse fut proscrite sans ménagement dans toutes les Communions. Car enfin, dit-il encore, les Protestans soutiennent que les papes sont hérétiques, tyrans, antechrists; si l'opinion qui permet d'attenter à la vie des tyrans s’établit une fois parmi les Chrétiens, qui empêchera qu’un Huguenot fanatique se mette en tête qu'il fera une action louable en tuant le pape ?" Cette réflexion étoit sensée ; mais elle étoit faite vis-à -vis d’un homme que ses préventions aveugloient. Paul V, au lieu d’en reconnoître la vérité, répéta d'un ton vif & menaçant, que rien ne l’empêcheroit de soutenir les droits de son siege, si le roi ne vouloit pas se résoudre à casser l'arrêt dont il se plaignoit (Claude Pierre Goujet, Histoire Du Pontificat De Paul V, Tome 1, 1765 - books.google.fr). Dans sa défense de la foi catholique et apostolique contre les erreurs de la secte d'Angleterre, Suarez enseignait, comme Mariana, mais avec plus d'élévation dans les vues, que le Pape pouvait non-seulement déposséder les rois de leurs Etats, mais leur faire perdre la vie après les avoir condamnés; qu'un tyran ou un usurpateur pouvait être justement tué par le premier venu, et un prince légitime frappé lui-même si, en abusant de son pouvoir, il était devenu un danger pour l'Etat. [...] Un arrêt solennellement prononcé, le 16 juin 1614, en présence des quatre principaux jésuites de Paris, Ignace Armand, Jacques Sirmond, Fronton du Duc et Charles de La Tour, au lieu et place du P. Coton empêché, ordonna que le livre de Suarez serait brûlé et que le général de l'ordre renouvellerait son décret de 1610 contre les doctrines que Suarez venait de reproduire. [...] A Rome on se montra fort irrité de la condamnation de Suarez et le saint office ne parla de rien moins que de condamner comme hérétique l'arrêt du Parlement et de le faire brûler par l'exécuteur de la haute justice. L'ambassadeur de France, le marquis de Tresnes, qui avait succédé à Savary de Brèves, fit comprendre à la cour de Rome que si l'on continuait les poursuites, la société de Jésus courait risque d'être de nouveau chassée de France, et d'un commun accord l'affaire fut suspendue jusqu'à la majorité du roi. C'était mettre en oubli le passé et révéler la faiblesse du gouvernement de la reine, que dominait l'étranger Concino Concini, époux de Léonora Galigaï, fille de la nourrice de Marie de Médicis (Ennemond Fayard, Aperçu historique sur le Parlement de Paris, Tome 2, 1877 - books.google.fr). Buckingham avoit conseillé au Roi
Jacques Ier d'Angleterre d'Ă©crire
une lettre au pape Grégoire XV. "Que dût penser Grégoire en se voyant
prévenu d'une maniere si engageante, si respectueuse,
par un Roi qui avoit
traité Paul V. de tyran, d'usurpateur, d'antéchrist ? Certes on eut quelque
raison de croire Ă la Cour de Rome que Jacques n'Ă©toit
pas trop éloigné de se faire Catholique. L'avance que Sa Majesté Britannique vouloit faire au Pape, parut fi indigne au Comte de
Bristol, qu'il en détourna le Roi autant qu'il put. Bristol soutint dans le
Parlement d'Angleterre que la lettre ne fut envoyée à la sollicitation du Comte
de Gondomar & du Duc de Buckingham, qu'après le
départ de Bristol pour fon Ambassade à Madrid. Le pape Grégoire XV étoit déjà mort, lorsque la réponse du Prince de Galles fut
apportée à Rome. On la rendit à Urbain VIII. son
successeur, qui prit cette occasion d'envoyer de nouveaux brefs au Roi Jacques
& au Prince fon fils" AncĂ´ne Le port d'AncĂ´ne
était depuis longtemps le plus important et le plus fréquenté des domaines de
l'Église, et il avait obtenu de nombreux privilèges des papes. Les
Anconitains jouissaient du droit d'élire leurs magistrats, d'être jugés par eux
en première instance et en appel, de choisir des notaires pour les causes
criminelles, de retenir, pour les besoins de la ville, les deux tiers des amendes
prononcées contre les coupables, d'élire leur podestat, pris exclusivement
parmi eux, et d'exiger, pour leur ville, des redevances en blé des cultivateurs
voisins. Sixte avait confirmé ces différents avantages; mais il accorda, en
outre, une faveur beaucoup plus signalée au port d'Ancône. Pressé par la
pénurie d'argent, Grégoire XIII avait imposé aux navires qui fréquentaient ce
port un droit d'entrée d'un écu d'or pour cent, sur la valeur des marchandises
importées. Mais, loin de procurer des fonds au Trésor apostolique, cette taxe avait déterminé les armateurs de
l'Archipel grec à abandonner le port d'Ancône. Sixte comprit le tort causé
à cette ville et à ses États par le nouvel impôt: il l'abolit, et déclara
AncĂ´ne port franc, afin d'y rappeler les vaisseaux marchands. Cette mesure eut
un plein succès : les navires grecs et
autres reprirent la route d'Ancône, y apportèrent, comme autrefois, les
marchandises de l'Orient, et en exportèrent les blés de la Romagne et des
Marches. Pour y attirer les négociants chrétiens grecs de l'île de Pathmos, Sixte
confirma, par sa bulle du 10 mai 1587, Dudum felicis, les privilèges accordés par son prédécesseur à ces
négociants, d'élire un consul, ainsi que les autres Orientaux en avaient le
droit, et de jouir d'autres avantages Cyriacus, Syriacus,
Cyriaque, Cyriac, Kyriakos
ou parfois Cyr sont des prénoms masculins surtout répandus dans les pays de
tradition orthodoxe mais peu usités en Occident (on le rencontre
essentiellement en Italie et, dans une moindre mesure, en France) Une église consacrée à un saint Cyriaque fut tranférée à saint Cyr et sainte Julitte L'église cathédrale d'Ancône porte le nom de Saint Cyriaque. Cyriaque de Jérusalem ou Judah Kyriakos ou Quincus ou Ciriacus ou Ciriaco ou Quirico (en Sardaigne) ou Cerià go
(en sarde) ou Quiriace, tel que nommé à Provins, naît
à Jérusalem sous le nom de Judah, fils de Siméon et
Anne, petit-fils de Zachée. Il devient rabbin. Le jour de la découverte de la
Croix, le 3 mai 326, après avoir vu le retour à la vie d'un mort après le
contact avec la Vraie Croix, Judas se convertit au christianisme et est baptisé
par saint Macaire, évêque de Jérusalem, en présence d'Hélène, et prend le nom
de « Kyriakos » (du grec "consacré au
Seigneur"). Il est martyrisé et parmi les suplices
placé sur deqs charbons ardents. Le 8 août 418,
l'impératrice Galla Placidia fait transférer le corps
de Cyriaque de Palestine Ă AncĂ´ne Cyr de Tarse, dit
aussi Cyr d'Antioche (Quirice), martyr en 304 Ă
l'âge de trois ou cinq ans avec sa mère sainte Julitte.
C'était un très jeune garçon qui habitait Antioche, vers la fin du IIIe siècle,
sous le règne de Dioclétien. Vers l'âge de cinq ans, alors qu'il assiste à un
procès contre des chrétiens, il réussit à se glisser furtivement sur la tribune
d'un juge nommé Alexandre et lui crie dans l'oreille : « Moi aussi, je suis
Chrétien ». Fou de rage, le magistrat attrape le jeune enfant par une jambe et
le lance contre la muraille oĂą il va se fracasser la tĂŞte et mourir. C'est lui
qui est très vénéré en France où il a donné son nom à de nombreux villages.
Saint Amâtre, évêque d'Auxerre, a rapporté ses
reliques d'Orient et fait connaître son martyre. C'est ce saint Cyr qui est un des
patrons de la cathédrale de Nevers, des vignerons de Volnay et, avec sa mère,
de la ville de Villejuif (villa Julittae). Ses
reliques Ă©taient conservĂ©es dans l'Ă©glise de Volnay, jusqu'en juin 2001, date Ă
laquelle elles sont volées. Il est fêté le 16 juin en Occident et le 15 juillet
en Orient : cette deuxième date est probablement l'anniversaire de son martyre (Légende dorée) Cyriaque d'Ancône
ou Ciriaco de' Pizzicolli (AncĂ´ne,
entre 1390 et 1392 - Crémone, vers 1452) est un marchand et humaniste italien,
un voyageur et un épigraphiste grâce auquel sont parvenues des copies de
nombreuses inscriptions grecques et latines perdues depuis son époque. Il est parfois appelé le «père de
l'archéologie». Il est le premier «savant» à redécouvrir des sites grecs
antiques prestigieux tels que Delphes ou Nicopolis d'Épire Cf. quatrain précédent I, 74 avec Antioche et l’Epire. Paul V et Venise Défenseur
inflexible de son autoritĂ©, Paul V proclame en 1605 sa volontĂ© de soumettre Ă
examen à Rome les capacités du nouveau patriarche désigné par le Sénat de
Venise ; la même année, les Dix prennent de sévères mesures contre deux
clercs vénitiens coupables de graves délits et refusent de les remettre aux
autorités ecclésiastiques. A la suite de cette affaire, le pape lance
l'interdit sur la République. Celle-ci riposte en mai 1606 en déclarant le bref
papal nul et non avenu et en enjoignant aux prêtres de continuer à célébrer les
sacrements. Plutôt que d'obtempérer, certains ordres - dont les Jésuites -
préfèrent quitter les lieux. La
«protestation» de la Sérénissime est inspirée par un
servite, Paolo Sarpi, nommé en janvier 1606 expert de la République en matière
religieuse. C'est lui qui, du côté vénitien, soutient la position selon
laquelle «les princes, de par la loi divine, qu'aucun pouvoir humain ne peut
changer, ont autorité pour légiférer dans le domaine temporel et dans le cadre
de leur juridiction». Du côté de Rome, on défend la théorie du pouvoir absolu
du pape, qu'il ne fait que déléguer aux Etats quant au temporel et peut donc
révoquer. La «guerre des écritures» fait rage entre les deux capitales. En
Europe, personne ne souhaite toutefois en venir à un conflit armé. Un compromis
est négocié à l'initiative de la France par le cardinal de Joyeuse. Venise ne
renonce pas formellement à ses prérogatives. Jamais plus l'interdit ne sera
lancé contre un Etat. Cette manifestation vénitienne d'indépendance serait le
«chant du cygne de la République» (Benzoni). En tout
cas, elle lui vaut l'admiration de nombreux penseurs politiques et
intellectuels du temps ainsi que la violente hostilité des papistes. Mais les non-orthodoxes
devront peu Ă peu quitter la ville... Le pape "enuoya Ă Ancone le
Colonel Fabio Ghisleri, esleu
Capitaine des cheuaux legers,
lequel fit vn roolle de dix-fept cens arquebusiers Ă cheual
tirez de diuerses villes de l'Estat
Ecclesiastique, la plus-part neantmoins
sans armes & sans cheuaux, auxquels toutesfois il ne donna autre chose que la permission de
porter les armes, ce qui fut cause qu'ils ne se peurent
iamais trouuer ensemble. Il
fit encore vn roolle de
Capitaines pour s'en seruir au besoin, le faisant
courir par tout, & appellant mesme
Ă son seruice quelques-vns
de ceux qui estoient en Flandres. Il defendit aussi aux lieux de la Romagne & de la Marque
d'Ancone le commerce auec
les Venitiens, lequel fut aussitost
remis, se prouuant par experience
qu'il ne le pouuoient oster
sans se faire Ă eux-mesmes vn
tres-grand dömage attendu
que les Partisans protesterent de quitter les
gabelles, & cependant on ne sçauoit ou prendre
ailleurs de l'argent pour payer lagendarmerie. Outre
ce on fit defenses de transporter tant en or qu'en argent
plus haut de dix escus, comme encore furent arrestez les reuenus des Venitiens, qui se trouuoit dans
les terres de l'Eglise. Et Ă Rome pour trouuer de
l'argent, l'on mit vne nouuelle
imposition sur le sel, sur la chair & sur le papier, auec
resolution d'en mettre encore sur le vin, & sur
le bois à mettre en oeuure, quand on eust esté reduit
à vne grande necessité. Ces
impositions n'estans suffisantes, l'on consulta en
pleine assemblée comme l'on pourroit trouuer argent: & à cause de la difficulté qui se presentoit les aduis furent fort diuers. On traicta de prendre
quelque chose sur les Cardinaux, en quoy les uns se teurent, les autres firent signe de ne l'approuuer, dont il ne fut resolu
autre chose que d'ordonner qu'il feroit pris quelque
subside sur les ordres des reguliers, ce qui fut
fait. J'ay trouué à propos deioindre
toutes ces choses, qui ont toutesfois esté faictes & ordonnées par
le Pape en diuers temps iusques
Ă l'accord, pour n'interrompre le fil de la negociation,
qui est le principal sujet de cette histoire"Â "Par effrayeur" Mais, tandis que les publicistes Ă©taient aux prises, le pape, voyant qu'il pouvait compter sur
l'appui des Espagnols, ou tout au moins sur celui de leurs gouverneurs en
Italie, levait des troupes, disposé qu'il était à employer la force ouverte. De
son côté, la république ne resta point inactive : la flotte fut augmentée, on
créa trente nouveaux provéditeurs de navires on enrôla deux mille fantassins
italiens, on appela quatre cents Stradiotes, les soldats corses furent
portés au complet, enfin on nomma un nouveau provéditeur de terre-ferme. [...] Paul V, découragé
par la résistance qu'il rencontrait, et craignant d'ailleurs de voir la guerre
s'allumer, se montra disposé à entrer en accommodement. A l'exemple du
pape, les partisans les plus ardents de la suprématie pontificale, le cardinal Baronius lui-même, furent d'avis qu'il fallait céder, car,
en envoyant ses troupes sur les frontières du Milanais, l'Espagne paraissait
n'avoir eu d'autre but que de profiter des embarras du saint-siége
plutôt que de le servir Les Uscoques et Montferrat Les invasions consécutives des Turcs avaient réduit
nombre d'habitants de la Croatie, de la Dalmatie et de l'Albanie Ă chercher un
asile sur des points à peu près inaccessibles du littoral de l'Adriatique. Ces Uscoques, ainsi qu'ils s'appelaient, et l'histoire leur a
conservé cette désignation, retirés dans la forteresse de Klissa,
non loin de Salona, furent accueillis Ă Segna, petite
ville du golfe de Quarnero, par le comte Frangipani, seigneur feudataire du roi de Hongrie, puis
placés sous la protection de l'archiduc Charles de Gratz.
Privés de toute espèce de ressources, pour subvenir à leur subsistance ils se
firent, les uns bandits, les autres pirates, et l'Empereur les considéra
bientĂ´t comme d'utiles auxiliaires contre les bandes de Martoloses
qui infestaient ses frontières du côté de la Turquie C'est en 1550 que les Uscoques
sont signalés pour la première fois: quatre cent ou cinq cent d'entre eux
étaient apparus sur la mer «et robavano ogn'uno che trovavano»,
et pillaient tous les navires qu'ils rencontraient. Ce fut Ancône qui donna l'alarme et d'un ton qui prouve que, déjà , les Uscoques étaient connus comme des pirates. En 1553,
Ancône protesta de nouveau contre «alcuni ladri marittimi adimandati Scocchi», plusieurs
voleurs de mer, appelés Uscoques. En 1575, le nonce
du pape écrivait de Venise : « Ces messieurs ont quelques préoccupations
du fait des Uscoques qui attaquent chaque jour les
vaisseaux qui traversent le Golfe ». Et ajoutait qu'ils avaient décidé d'en
brûler les vaisseaux et il concluait: « s'ils le font, ils feront bien ». Au contraire, on n'en fit rien Le pape Paul V "luy-mesme se
plaignoit tout haut du dommage que le commerce de la
ville d'Ancone en souffroit"
Pour mettre Ă la raison les pirates Uscoques,
en 1613, Venise se mit d'accord avec Vienne qui finalement ne fit rien. Venise
mettra le siège devant Gradisca en février 1616. Venise cherchait
de nouveaux appuis dans la Savoie et dans les Pays-Bas. Le duc de Savoie,
Charles-Emmanuel, alors en guerre avec l'Espagne, à cause de ses prétentions sur
le Montferrat, avait demandé des secours à la France ; mais outre que la
situation particulière de ce royaume ne lui permettait pas de porter son action
au dehors, Anne d'Autriche entraînait Louis XIII vers les intérêts de son père
Philippe III. Toutefois Lesdiguières , qui jouissait d'une sorte d'indépendance
dans son gouvernement du Dauphiné, laissait des volontaires passer au service
de la Savoie, malgré tout ce que put faire le roi d'Espagne pour l'en
détourner, et, après la déroute des troupes ducales à Lucedio,
donnait à son assistance un caractère plus marqué en marchant au secours du duc
de Savoie Ă la tĂŞte de sept Ă huit mille hommes, infanterie et cavalerie, dont
plusieurs compagnies portaient les bannières du roi. Cette démarche ne
suffisant pas encore à rétablir l'équilibre, car le trésor de Charles-Emmanuel était
épuisé, les Vénitiens offrirent un prêt de trois cent mille ducats au prince,
qui Ă ce prix donna la promesse d'une active intervention. Ils faisaient en
même temps une alliance avec la nouvelle république des Pays-Bas, sortis
naguères victorieux de leur insurrection contre le sanglant despotisme du duc
d'Albe. Venise s'engageait à fournir au stathouder, s'il était attaqué, un
subside de cinquante mille florins par mois; en retour, celui-ci lui
promettait, pour un cas semblable, un secours Ă©quivalent en troupes, en
vaisseaux ou en argent, au choix du sénat. En conséquence de cet arrangement,
quatre mille trois cents Hollandais arrivèrent à Venise sous les ordres du comte
Jean de Nassau, et furent passés en revue par le doge. Enfin, outre ces
auxiliaires, la Seigneurie leva un grand nombre de troupes dans les cantons de
Berne, de Zurich et des Grisons. Ainsi
renforcée, l'armée vénitienne reprit avec une telle vigueur le siége de Gradisca, que bientôt de
larges brèches permirent de donner l'assaut. Le jour en était fixé, et la
garnison comme les habitants, exténués par la faim et par les fatigues, se
trouvaient hors d'état de le repousser, quand tout à coup on reçut la nouvelle
que la France intervenait avec menace, au cas où sa médiation serait repoussée,
de se réunir à l'Espagne pour contraindre Venise à suspendre ses opérations
militaires. En présence d'un tel danger il fallut courber la tête, et le - doge
envoya des ambassadeurs à Paris, où les ministres de Louis XIII les obligèrent
d'accepter, même sans attendre l'assentiment du sénat, les clauses d'un traité
dont les conditions furent à peine débattues par eux Dans la guerre de la Valteline, Venise sera alliée de la
France pour assurer l'indépendance de la vallée, cf. quatrain I, 93 - 1625-1626. "examine" : l'examen "examine" : examen en
latin désigne aussi l'essaim des abeilles, présentes dans les armoiries des
Barberini dont Maffeo deviendra pape en 1623 sous le
nom d'Urbain VIII. L'an 1600 &
1601, il y eut un grand diférend entre Clément VIII.
& le SĂ©nat, Ă l'ocasion du Patriarche de Venise,
que ce Pape vouloit soumétre
à l'éxamen, comme les autres Prélats d'Italie, avant
que de le confirmer. Le Sénat y résista fortement, voiant
bien, que cet examen afoibliroit le droit de sa
nomination, & donneroit aux Papes un moien de l'abolir, s'il leur Ă©toit
libre d'admetre ou de rejeter les sujets proposez.
D'où il ariveroit encore, que ceux, qui obtiendroient la confirmation de cette dignité, leur en auroient plus d'obligation, qu'à la République. Outre que
le SĂ©nat trouvoit, que c'Ă©toit
douter de la bonté de son choix, & ofenser sa
prudence, que de vouloir éxaminer ceux, qu'il jugeoit dignes de cet honneur. Cette dispute, aprés avoir duré prés de deux
ans, se termina enfin, à la satisfaction du Sénat, qui envoi a Matieu Zané
à Rome où il fut sacré par le Pape même, admis au Solio,
& choisi pour porter la queue de Sa Sainteté avec le Patriarche
d'Alexandrie. Durant l'Ănterdit Paul V. renouvela la contestation de l'Ă©xamen, & refus Ă de confirmer l'Ă©lection de François Vendramin. Mais aprĂ©s l'acommodement, il le confirma, & le sacra lui-mĂŞme, &
outre cela envoia des léifot.
tres au SĂ©nat, par
lesquelles il déclaroit, que le Décret de Clément
VIII. son prédécesseur touchant l'éxamen
des EvĂŞques n'obligeroit point Ă l'avenir les Patriarches de Venise |