Intervention anglaise dans la révolte protestante de la Rochelle

Intervention anglaise dans la révolte protestante de la Rochelle

Piraterie barbaresques dans l’Atlantique

 

II, 1

 

1631-1632

 

VERS Aquitaine par insults Britanniques,

Et par eux mesmes grandes incursions,

Pluies, gelĂ©es feront terroirs iniques :

Port Selyn fortes fera invasions.

 

La Rochelle

 

Les Anglais du duc de Buckingham débarquent à l’île de Ré en 1627 pour soutenir la révolte protestante de la Rochelle, et se rembarquent quelques semaines plus tard. Deux de leurs flottes, qui seront repoussées, feront des incursions pour troubler les travaux de construction de la digue que Richelieu avait ordonnés, pour empêcher les secours anglais. Le retranchement mesurait 12 kilomètres, mettant le siège autour de la ville. La Rochelle capitulera le 28 octobre 1628, 15.000 défenseurs étant morts.

 

Piraterie dans l'Atlantique

 

A ces incursions anglaises sur les cĂ´tes françaises, rĂ©pondent celles des pirates algĂ©rois (« Port Selyn Â», port Ă  l’emblème de la lune – « Selyn Â» de Selene dĂ©signant la lune en grec - c’est Ă  dire port d’un pays musulman) qui pillent l’Islande en 1627 et touchent l’Angleterre en 1631. « Quand ils surgissent ainsi sur la cĂ´te anglaise […] c’est la novelty, la nouveautĂ© qui frappe, non le danger rĂ©el .[1] Â»

 

Les barbotes étaient destinées à la défense des fleuves et des rivières maritimes, mais elles servaient à convoyer les bateaux qui fréquentaient les côtes du Ponant et de la Méditerranée et à les préserver de l'atteinte des pirates qui infestaient les mers et les rivières. A Bordeaux, les écumeurs de mer de toutes les nations, anglais, allemands, espagnols et jusqu'à des fourbans turcs, désolaient nos côtes et les rivages de la Gironde. La barque de Gilles Esteben, marchand et bourgeois de Bordeaux, capitaine Fiton, chargée de vins à destination de Calais, fut prise par des pirates turcs à son entrée en pleine mer. Cette prise donna lieu à un curieux procès. Le capitaine Fiton fut emmené esclave en Barbarie et y passa quatre années et demie. Après avoir été racheté d'aumônes, le capitaine Fiton revint à Bordeaux en 1625 et réclama à la veuve de son armateur ses salaires pendant sa détention et le remboursement de sa rançon. Par arrêt rendu le 30 avril 1630, sous la présidence de M. Daffis, premier président, le Parlement condamna la veuve Esteben à payer à Fiton la somme de 1,000 livres (V. Labraque-Bordenave, Des navires blindés au Moyen Âge et des torpilleurs modernes, Recueil des actes, Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1884 - www.google.fr/books/edition).

 

Le sac de Baltimore est l’attaque, le 20 juin 1631, du village irlandais de Baltimore, par des corsaires de la Régence d'Alger dans le cadre d'un conflit contre les Britanniques. Mourad Raïs le Jeune réussit l'entreprise faisant un butin important de marchandises et de prisonniers (fr.wikipedia.org - Sac de Baltimore).

 

Jan Janszoon van Haarlem (vers 1570 - vers 1641), Jan Janssen de Haarlem, Jan Janz, ou encore John Barber ou capitaine John, connu Ă©galement en Afrique du Nord sous le nom de Mourad Rais ou Murad Reis est un marin hollandais qui pratiquait la piraterie (fr.wikipedia.org - Jan Janszoon).

 

Les «enlèvements turco-algĂ©rois» en Islande (en islandais : TyrkjarániĂ°), terme semble traditionnel, sont une sĂ©rie de raids esclavagistes menĂ©s en Islande par une flotte de quatre bateaux comprenant des pirates salĂ©tins ainsi qu'algĂ©rois entre le 20 juin et le 19 juillet 1627, dans les villages de GrindavĂ­k sur la cĂ´te sud-ouest et de BerufjörĂ°ur et Breiddalur dans les fjords de l’est et les Ă®les Vestmann au large de la cĂ´te sud. Ils feront de 400 Ă  900 prisonniers (la population de l’Islande Ă©tait Ă  l’époque estimĂ©e Ă  environ 60.000). Cet Ă©pisode est exceptionnel Ă  la fois parce qu'il s'agit de la seule attaque sur l'Islande ayant fait des morts et au regard du nombre de tĂ©moignages l'ayant relatĂ© a posteriori. Une partie de l'Ă®le a ensuite Ă©tĂ© contrĂ´lĂ© par les pirates d'Alger (fr.wikipedia.org - Enlèvements turcs en Islande).

 

"Port Selyn" : pirates de Cilicie

 

Le terme "mer Seline" "Par cité franche de la grand...") dans le quatrain V, 35 pourrait avoir un rapport avec la Cilicie, en face de Chypre, ainsi que le terme "Port Selyn" ("...Hercle, feu les consumera") du quatrain IV, 23. Le quatrain I, 94 où meurt un "tyran" au "Port Selyn" pourrait se référer à la mort de Trajan à Selinus en Cilicie.

 

La Cilicie est rĂ©putĂ©e pour ses pirates que le grand PompĂ©e combattit. Elle devint turque en 1465 et sera nommĂ©e Caramanie. Dragut, lieutenant de Barberousse, est nĂ© en Carmanie (Roland Courtinat, La piraterie barbaresque en MĂ©diterranĂ©e : XVI-XIXe siècle, 2003 - www.google.fr/books/edition, Paul Chack, Marins Ă  la bataille: Des origines au XVIIIe siècle, Tome 1 (1937), 2001 - www.google.fr/books/edition).

 

Horux donc & Haradin freres surnommez Barberousses, estoient originaires de la contree de Turquie ou Turcomanie, que les anciens appellent Cilicie ou Tarse, aucuns disent qu'ils nasquirent en la ville de Metelin en l'Ile de Lesbos, d'un pere de religion Chrestienne, en laquelle toutesfois il ne perseuera pas, pauure corsaire ou brigandeau; escumant la mer, & d'une mere Espagnole de la ville de Marchena prise par ce Pirate sur la mer, lequel la tint pour sa legitime femme. Leur premiere institution, & nourriture fut au mestier de leur pere, sous un corsaire commé Camal, & puis ils se mirent à la solde de l'Empereur des Turcs, Selin pere du grand Soliman (Louis Turquet de Mayerne, Histoire generale d'Espagne, comprise en XXXVI livres, Tome 2, 1635 - www.google.fr/books/edition).

 

On fait naître aujourd'hui les Barberousses à Limnos (Nicolas Vatin, L'Ordre de Saint-Jean-de Jérusalem, l'Empire ottoman et la Méditerranée orientale entre les deux sièges de Rhodes, 1480-1522, Volume 7 de Turcica, 1994 - www.google.fr/books/edition).

 

La Cilicie trachĂ©e en a fait, tout au long de l'Histoire, et particulièrement sous la domination romaine, un nid de tribus plus ou moins indĂ©pendantes, de pirates ou de peuples rebelles. On englobait tous ses habitants sous le terme d'Isauriens. Les impĂ©ratifs Ă©conomiques ont aussi beaucoup marquĂ© l'histoire de la Cilicie trachĂ©e. Ses richesses ont de tout temps Ă©tĂ© un objet de convoitise : ses mines, et surtout son bois, si prĂ©cieux pour les constructions navales. Beaucoup de pays en manquaient, entre autres l'Égypte. Ce qui explique en partie l'intĂ©rĂŞt portĂ© Ă  la Cilicie trachĂ©e par les pharaons et leurs successeurs : Antoine ne l'a-t-il pas offerte Ă  ClĂ©opâtre ? Il ne reste malheureusement plus grand-chose des immenses forĂŞts qui devaient couvrir tout le massif; et le dĂ©boisement sauvage auquel on assiste actuellement ne fait qu'achever le pillage du bois qui n'a pas cessĂ© au long des siècles. Touristiquement, la richesse de la Cilicie trachĂ©e est surtout concentrĂ©e sur la cĂ´te, pittoresque, escarpĂ©e, baignĂ©e par une mer incomparable. C'est pourquoi le dĂ©veloppement de ce secteur est en grande expansion, plus qu'en Cilicie plane pourtant riche de toutes ses citĂ©s au passĂ© prestigieux. La Cilicie trachĂ©e compte aujourd'hui peu de villes, mais la raison n'en est pas gĂ©ographique : paradoxalement, un pays aussi difficile d'accès a vu se dĂ©velopper de nombreuses citĂ©s, la plupart maintenant disparues ou tombĂ©es en lĂ©thargie. La cĂ´te Ă©tait parsemĂ©e d'une suite de ports importants. Ainsi Celenderis fut l'une des toutes premières colonies grecques de Cilicie; ce n'est plus qu'une petite bourgade, Ă  peine indiquĂ©e sur la carte sous le nom de Gilindire ou de Aydincik. LĂ©gèrement Ă  l'ouest, Arsinoe ne prĂ©sente que des ruines. DĂ©jĂ  vers -500, le navigateur grec Scylax, qui reconnaissait la cĂ´te pour le compte du roi perse Darius, cite un nombre impressionnant de ports : d'ouest en est, on trouvait Selinus (actuelle Gazipa?a), Charadrus (actuelle Kalediran), Anemurium (actuelle Anamur), Nagidus, Posidium (actuel cap Kizil, i.e. rouge), Salum, Myus, Celenderis, Aphrodisias (actuelle Ovacik), Holmi (actuelle Tasucu), SarpĂ©don, après lequel le Calycadnus se jette dans la mer. Toutes ces citĂ©s jadis ouvertes au commerce maritime sont maintenant tombĂ©es en dĂ©suĂ©tude. Il faut aller jusqu'Ă  la limite de la Cilicie avec la Pamphylie, Ă  Coracesium, actuelle Alanya, pour trouver Ă  l'ouest de Celenderis une ville cĂ´tière encore active. A l'est, seule subsiste, dans la frange cĂ´tière, Seleucie du Calycadnus, un peu en amont de l'embouchure du fleuve; c'est l'actuelle Silifke, dominĂ©e par son imposante forteresse mĂ©diĂ©vale. Il y a aussi quelques Ă®les, dont les noms mĂ©diĂ©vaux conservent le souvenir de la prĂ©sence franque, plus prĂ©cisĂ©ment de l'Ordre des Hospitaliers issu des Croisades. C'est ainsi que l'actuelle Ovacik correspond au cap Cavalière, proche d'une Ă®le homonyme. Un peu plus Ă  l'est, l'antique Ă®le Pityusa Ă©tait devenue l'Ă®le Provençale; elle s'appelle maintenant Kargincik ou Dana. Quant aux citĂ©s de l'intĂ©rieur, Ă  cĂ´tĂ© de Claudiopolis et Germanicopolis, identifiĂ©es respectivement Ă  Mut (localisation due au dĂ©but du XIXe siècle Ă  Leake, qui insiste sur son importance passĂ©e) et Ermenek, huit autres villes formaient la Decapolis d'Isaurie. Si toutes n'ont pas Ă©tĂ© reconnues avec certitude, certaines interviennent souvent dans les chroniques mĂ©diĂ©vales. On s'accorde ainsi Ă  placer Dalisandos sur le site de l'actuelle Sinapiç un peu au nord de Mut, et Lauzados sur celui de l'actuelle Lavda au nord-ouest d'Ermenek, entre les deux bras du Calycadnos. Mais les villes de l'intĂ©rieur de Cilicie trachĂ©e ne se rĂ©duisaient pas Ă  cette Decapolis. Entre les deux bras du Calycadnos se trouvait aussi Adrassos, près de l'actuelle Balabolu; on y signalait une grande Ă©glise dès la fin du Ve siècle. Et un peu au nord de Dalisandos, l'actuel village de Da?pazar? correspond Ă  l'antique Coropissos. Encore plus au nord, Karaman est actuellement une ville importante, dont l'ancien nom est Laranda. Mais c'est bien plus Ă  l'ouest de cette ville, près de la source du bras septentrional du Calycadnos, qu'on doit aller chercher le site d'Isaura, place-forte presqu'imprenable d'oĂą les pirates dĂ©fiaient les autoritĂ©s.

 

La cĂ´te cilicienne est contiguĂ« Ă  la Pamphylie Ă  l'ouest. De lĂ , elle se dirige vers l'est, son point le plus mĂ©ridional Ă©tant le cap Anemurium. ArrivĂ©e au golfe d'Issos, elle prend une direction mĂ©ridionale jusqu'Ă  la Syrie. Les gĂ©ographes en ont donnĂ© des points limites prĂ©cis, mais tous ne sont pas d'accord. Strabon place Ă  l'actuelle Alanya la sĂ©paration Pamphylie-Cilicie : C'est Coracesium qui marque l'entrĂ©e de la Cilicie trachĂ©e. Le gĂ©ographe grec considère le cours du fleuve Lamos comme sĂ©paration entre les deux Cilicies, et il place le dĂ©but de la Syrie près de l'actuelle Samandag.

 

La première ville syrienne qu'on rencontre après avoir quittĂ© la Cilicie est Seleucie de PiĂ©rie, près de l'embouchure de l'Oronte. Au Ier siècle les deux gĂ©ographes latins Pomponius Mela et Pline ont des opinions divergentes. Le premier ramène la frontière Cilicie-Pamphylie bien plus Ă  l'est, au cap Anemurium, alors que Pline la reporte très Ă  l'ouest, au fleuve Melas (actuel Manavgat), près de la ville de SidĂ©. Quant Ă  la Syrie, elle va d'après Mela jusqu'Ă  Myriandros, antique ville aujourd'hui disparue et proche d'Alexandrette. Pline, lui, repris par le gĂ©ographe grec PtolĂ©mĂ©e au siècle suivant, suit une vieille tradition dĂ©jĂ  citĂ©e au -Ve siècle par XĂ©nophon; il place la sĂ©paration entre la Cilicie et la Syrie Ă  l'endroit oĂą le Mont Amanus se rapproche le plus de la mer, dĂ©finissant un Ă©troit dĂ©filĂ©, la Portelle des CroisĂ©s, souvent appelĂ© Portes de Syrie et de Cilicie. Cette frontière est au nord d'Alexandrette, ce qui fait alors de ce port une ville syrienne et non cilicienne. MalgrĂ© sa longueur, cette cĂ´te n'a pas beaucoup de ports : trop escarpĂ©e en TrachĂ©e, trop insalubre et mouvante en Plane. Il y avait pourtant un port florissant au Moyen Age : situĂ© sur la cĂ´te septentrionale du golfe d'Issos, c'Ă©tait l'Aegeae grecque, Ayas en armĂ©nien, Lajazzo en italien, oĂą dĂ©barqua Marco Polo au XIIIe siècle, Ă  l'Ă©poque du royaume armĂ©nien de Cilicie. A la place de cette mĂ©tropole commerciale se trouve maintenant la bourgade turque de Yumurtalik, endormie Ă  l'ombre des ruines de ses deux châteaux armĂ©niens (Claude Mutafian, La Cilicie au carrefour des empires, Tome 1, 1988 - www.google.fr/books/edition).

 

Pendant la première croisade, maîtres de Nicée et vainqueurs du sultan Kilidj-Arslan Ier, les croisés traversèrent l'Asie Mineure, et ce fut par la Cilicie et par les gorges du Taurus qu'ils pénétrèrent en Syrie. Tancrède, un de leurs chefs. avait conquis la Pisidie et Antioche, sa capitale. Baudoin, se dirigeant par la Lycaonie, s'empara d'Iconium. Tancrède, s'étant rendu maître de Tarse, fut appelé en duel par Baudoin; mais Godefroi de Bouillon les sépara, Tancrède se retira vers Adana, et livra ensuite un combat à Baudoin, qui fut vainqueur par la force du nombre. Tancrède profita de l'arrivée à Tarse d'une flotte de pirates flamands et hollandais pour chasser entièrement les Turcs de la Cilicie (A.-L. d'Harmonville, Dictionnaire des dates, des faits, des lieux et des hommes historiques ou les tables de l'histoire, Tome 1, 1842 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Sr. Cruvillier de la Cioutat, qui fit avec succès & avec courage la course contre les Turcs, & qui périt en Caramanie dans un vaisseau, qu'un des Officiers de son bord, pour le venger de son Capitaine, fit sauter en l'air, en mettant le feu aux poudres, a été aussi connu par la queue avec laquelle il étoit né, que par ses actions de valeur (Jean-Antoine Guer, Telliamed, ou Entretiens d'un philosophe indien avec un missionnaire françois sur la diminution de la mer, la formation de la terre, l'origine de l'homme de Benoît de Maillet, 1749 - www.google.fr/books/edition).

 

De Cruvilliers, de la Ciotat, lieutenant de vaisseau en 1666, capitaine de brûlot en 1669. Mort en 1678 (Jean Baptiste Colbert, Lettres, instructions et mémoires: Marine et galères, Volume 3, Numéro 1, 1864 - www.google.fr/books/edition).

 

SĂ©ance du 10 fĂ©vrier 1661. Poursuites exercĂ©es contre les capitaines Dubequy et Cruvellier, de la Ciotat, qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  la roue pour le fait suivant : En 1657, Dubequy et Cruvellier, se trouvant Ă  Alexandrie, le pacha de cette Ă©chelle nolisa leurs vaisseaux, pour transporter Ă  Constantinople des approvisionnements considĂ©rables, destinĂ©s au sĂ©rail du Grand-Seigneur. Le pacha leur paya d'avance le prix du transport. Mais ces deux capitaines, au lieu d'aller Ă  Constantinople, se rendirent dans un port d'Italie et vendirent Ă  leur profit les marchandises et provisions qui leur avaient Ă©tĂ© confiĂ©es (Collection des inventaires sommaires des archives communales antĂ©rieures Ă  1790 - Chambre de commerce de Marseille, Tome 1, 1878 - www.google.fr/books/edition).

 

En ce qui concerne les Patmiotes dans la première moitiĂ© du XVIIe siècle, notre documentation ne laisse aucun doute sur le fait qu'ils informaient systĂ©matiquement les autoritĂ©s ottomanes. Citons le rapport rĂ©digĂ© en 1626 par 'AlĂ®, cadi de Cos, qui donne des dĂ©tails concrets sur la façon de procĂ©der :

 

«Comme les environs et le voisinage de l'île de Patmos (...) sont constitués d'îles désertes qui servent de repaire aux pirates, nuit et jour les re'âyâ de cette île [Patmos] gardent et protègent les environs et la zone , et ils char- gent des gens de surveiller les ports qui servent de repaire aux pirates. Quand (...) les bateaux de ces traîtres de vils mécréants et les firkata des levend viennent dans ces îles avec l'intention de s'emparer de bateaux des musulmans, en vérité, [les Patmiotes] envoient des informations aux forts alentour et font par des feux des signaux aux autres bateaux des musulmans qui sont en mer» (Nicolas Vatin, Gilles Veinstein, Une bonté unique au monde. Patmos et son monastère, havre des musulmans en péril (1625-1636), Turcica, Volumes 35 à 36, 2003 - www.google.fr/books/edition).

 

Bien déchue, elle aussi, de sa splendeur du temps des Lusignan et des Vénitiens, Chypre ne fut pour les Français, jusqu'en 1675, qu'un vice-consulat dépendant d'Alep. Les Turcs en avaient pris possession en 1578 et leur domination avait rapidement produit ses effets funestes. A la fin du XVIe siècle des Marseillais étaient venus s'établir à Nicosie, qui faisait encore un riche commerce; l'un d'eux portait même le nom de consul. En 1630 Nicosie « portait les marques de toute désolation parce que les Turcs l'avaient tellement ruinée qu'il n'y avait presque pas d'habitants chrétiens, quoiqu'ils fussent en grand nombre, qui eussent moyen de manger du pain toute l'année. » Les habitants étaient peut-être les plus maltraités de l'empire ottoman. Les marécages ayant remplacé les cultures dans les plaines, l'insalubrité éloigna les étrangers. Pour comble de malheur les Barbaresques, les forbans chrétiens ou turcs, croisaient perpétuellement sur ses côtes, aux abords de la Syrie. Aussi les Marseillais eurent seuls la constance de ne pas abandonner ce pays misérable; ils étaient douze résidents, en 1700, à Larnaca, mauvais village, le port le plus actif de l'ile. Leur consul restait le seul et servait à la fois pour tous les étrangers qui venaient trafiquer dans l'échelle. Larnaca n'était d'ailleurs presque jamais un but de voyage pour les navires ; ils y complétaient leurs chargements en revenant d'Alexandrette ou de Seïde.

 

Sur la côte sud de l'Anatolie Satalie, l'ancienne Attalia, située en face de Chypre, au fond de son grand golfe, était devenue une dépendance du consulat de Larnaca. Les Marseillais, séduits sans doute par l'aspect de la place, une des plus fortes des Turcs, avaient rêvé d'en tirer meilleur parti. Savary de Brèves, à la demande de plusieurs capitaines, avait obtenu des commandements de la Porte pour y établir un consul en 1600. Mais l'échelle ne prospéra pas, les marchands n'y vinrent jamais qu'en très petit nombre et le consulat fut supprimé en 1693 (Paul Masson, Marseille et la colonisation française: essai d'histoire coloniale, 1906 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Golfe de Satalie nommé des anciens Mare Atlanticum & Pamphilium, ayant de longueur trois centz mile, commençant pres l'ile de Rodes, & se termine entre Candie & Cypre: il s'appelle maintenant Golfe de Satalie, de la ville de Sattalia en Caramanie ou Cilicie, & est ceste Sattalia l'antique Attalia de laquelle est fait mention es actes des Apostres, ou selon autres Antioche de Pisidie, de laquelle on copte iusques à Constantinople par terre six centz mile, & en laquelle S. Paul & Barnabas ont presché la parole de Dieu, comme aussi est escript ausditz Actes (Jean Zuallart, Le tres devot voyage de Jerusalem, etc., 1626 - www.google.fr/books/edition).

 

Doit-on distinguer ces expressions de "Chyren Selin" (quatrain VI, 27), "Selin monarque" (quatrain IV, 77 : associĂ© Ă  "Apres pirates avoir chasse de l'onde") ?

 

"Selin" algérois

 

Selin Eutemi étoit Roi d'Alger. Il avoit regné avec douceur; & comme il aimoit extrémement fes peuples, il eue un grand desir de les affranchir d'un tribut qu'ils payoient aux Espagnols. Dans cette pensée, il réfolut d'attirer à fon parti un fameux Pirate, qui s'étoit rendu redoutable sur toutes les Mers. C'est Horúc dont je veux parler. Ils eurent bientôt fait leur traité; & Selin fut assez imprudent pour se fier à lui. Il le reçût dans ses Ports & dans la Ville. A peine ce perfide y eut-il été quelques jours, qu'il en connut le fort & le foible; il s'en rendit Maître, & se saist de la personne de ce malheureux Roi. Selin ne connut sa faute que par son infortune. Quand il fut au pouvoir de son ennemi, il vit massacrer à ses yeux tous ses enfans, & il jugea bien que son sort feroit pareil. Il se résolut à la mort avec un courage extraordinaire, & ne donna ses derniers momens qu'au souvenir d'une de ses femmes qu'il aimoit avec une passion démesurée. [...] Horuc fit mourir dans un bain l'infortuné Roi d'Alger, & se fit couronner. Il fut bientôt Roi paisible, & il étendit ses Conquêtes jusqu'à Tunis (Histoire de Dragut, Bibliotheque de campagne, ou Amusemens de l'esprit et du coeur, 1739 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1538 a lieu la bataille de Prevesa, ville que les armées chrétiennes vénitiennes et génoises, avec un commandement divisé, essaient de capturer. Une tentative véntienne échoue et l'amiral génois Doria évite d'engager le combat avec sa flotte qu'il a partagée pour abonder celle de Venise. La flotte ottomane sous le commandement unique de Barberousse était prête à l'engagement. Barberousse avait "fait du biscuit" dans l'île de Nègrepont (Eubée) (Henri Taminiau, Doria et Barberousse, Mémoires de la Société Bourguignonne de Géographie et d'Histoire, Volumes 5-6, 1889 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain II, 3 où Gênes et Nègrepont apparaissent.

 

Acrostiche : VEPP, Veppa

 

Une Ă©dition de "1555" marque "De par" au lieu de "Et par" (autre Ă©dition de "1555", "1557") (Lucien de Luca, SCHOLIA NOSTRADAMICA: Puzzles, Charades, RĂ©bus, Calembours, 2022 - www.google.fr/books/edition).

 

Veppa : Veep d'oĂą Saint Veep en Cornouaille anglaise (William Dugdale, Monasticon Anglicanum, Tome 5, 1846 - www.google.fr/books/edition, Lists and Indexes: Supplementary series, Volume 3, NumĂ©ro 7, 1964 - www.google.fr/books/edition).

 

St Veep (Cornish : Sen Vip) is a civil parish in Cornwall, England, United Kingdom, situated above the east bank of the River Fowey about three miles (5 km) south-east of Lostwithiel (en.wikipedia.org - St Veep).

 

In 1625, Penzance was petitioning for a fort “because of late terribly terrified by the Turks.” In the Following year it was stated that the Turkish menofwar were sighted daily off the shore, “so that no fishermen dare go forth.” In 1631, the inhabitants of Fowey stated that their town was “so decayed in shipping, mariners, fishermen, and all sorts of people living by trade, being spoiled by Turks and pirates, and daily sustaining infinite other losses at sea, that through poverty many people have abandoned the town and gone to other places to seek their living" (Duchy of Cornwall Records, per Mr R. L. Clowes). Five years later, it was reported that fifteen fishing - boats belonging to Looe and Helford had been taken within a month. In the same year, 1636, Edmond Percivall wrote to Sir Phillip Percivall : "I advise you to send no more cattle over (to Ireland) whilst the Turks are so busy, lest both your cattle and your gentlemen should suffer, there having been a multitude of passengers taken this summer. Sir Francis Godolphin and his lady and his servants, with his brother Captain Godolphin and his wife, going to the Isles of Scilly, some three or four leagues off the shore, were taken by the Turks, and one of the Turks attempting to abuse the captain's wife, he presently ran him through, whereupon they cut him in a hundred pieces, and have carried Sir Francis and the rest away captives. God of his mercy send us some relief." (Alfred Kenneth Hamilton Jenkin, Cornwall and Its People, Being a New Impression of the Composite Work Including: Cornish Seafarers, 1932, Cornwall and the Cornish, 1933, Cornish Homes and Customs, 1934, 1970 - www.google.fr/books/edition).

 

By 1640 the Turks were as bold and aggressive as ever. Three Turkish men-of-war attacked the Elizabeth off the Lizard and burned her, and shortly afterwards landed at Penzance and carried off sixty men, women, and children. The Deputy-Lieutenant of Cornwall reported that there were about sixty Turkish pirates off the coast at this time. In 1645 it is stated that they landed again at Fowey, and made slaves of 240 persons, including some ladies. Occasionally some of our merchant-ships were able to put up a successful defence against the "Turks". There were several instances of this in the Mediterranean, and here is a shipmaster's report of how he did the like in the Channel in 1638 : "W. Nurry, of this town and county of Poole, Mariner and Master under God of the good ship called the Concord of Poole, burthen 80 tons with six guns, 12 men and two boys, being about six or seven leagues off from Ushant coming from Rochelle laden with salt, was set upon by a man-of-war of Algiers and then put out their Turkey colours and bade him amain for the King of Algiers, whereupon this examinant refusing to strike his sails at their command, the Turk boarded his ship in his quarter with great store of men, whereby they continued in fight board and board together by the space of three hours, and the Turk being weary of the battery took occasion to cut away this examinant's sprit sail yard to clear himself away, and then stood to the northward. This examinant saith that he killed a great many of the Turks and beat them out of his top into the sea with his muskets, and then surprized and brought into this harbour of Poole one Turk and three Christians, viz., a Dutchman, a Frenchman, and a Biscayner" (Cyril Field, The Mastery of the Sea, 1930 - www.google.fr/books/edition).

 

On se trouverait aussi en Cornouaille près de Fowey dans le quatrain VI, 46 avec le terme "Nonseggle".

 

LANTEGLOS-BY CAMELFORD, though recorded in the Patent Rolls for 1277 as LANTEGLOS, is clearly properly to be regarded as originally NANT EGLOS "church in the valley"; and we, in fact, do find NANSEGLOS in the episcopal register for 1311. LANTEGLOS-BY-FOWEY is an exactly parallel case (Charles Leslie Wrenn, Word and Symbol : Studies in English Language, 1967 - www.google.fr/books/edition).



[1] Fernand Braudel, « La MĂ©diterranĂ©e Â», tome II, Armand Colin, 1966, p. 208

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