La comète de 1682

La comète de 1682

 

II, 70

 

1682

 

Le dard du ciel fera son extendue :

Mors en parlant grande execution :

La pierre en l'arbre : la fiere gent rendue :

Brut, humain monstre : purge expiation.

 

La comète de 1682

 

"Dard" ou aiguillon est le nom donnĂ© par Pline aux comètes : acontium (Histoire Naturelle II,25) : « Acontiae jaculi modo vibrantur ocissimo significatu Â» (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (Ă©dition MacĂ© Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr, Histoire naturelle de Pline, Tome 1, 1771 - books.google.fr).

 

La comète de Halley (désignation officielle 1P/Halley) est la plus connue de toutes les comètes. En 1705, Edmond Halley publia un livre avançant que les comètes qui étaient apparues dans le ciel en 1531, 1607 et 1682 étaient en fait une seule et même comète. Expliquant que la comète voyage sur une orbite elliptique, et prend 76 ans pour faire une révolution complète autour du Soleil, Halley prédit qu'elle reviendrait en 1758. En 1682 son apparition est mentionnée d'abord par John Flamsteed (fr.wikipedia.org - Comète de Halley).

 

En 2061 date son prochain passage au périhélie. Le quatrain VIII, 71, daté de 2082-2083, semble mentionner l'apparition de la comète en 1607 (pourquoi 2082 et non 2061 ? même si 2082 marque les 400 ans des recherches d'Edmund Halley sur sa comète).

 

Mourir en parlant

 

On ne s’étonnera pas alors de voir si peu indiquĂ©es dans les ouvrages mĂ©dicaux, ou du moins de manière peu claire, les maladies considĂ©rĂ©es comme mortelles. Seuls sont passĂ©s en revue avec minutie, dans la ligne des pronostics hippocratiques et pseudo-hippocratiques, les traits distinctifs du mourant, de l’agonisant. Restons avec Bernard de Gordon, mais cette fois avec son Lilium medicine, qu’il termina en 1305. Ă€ propos de la phtisie - qu’il dĂ©finit comme « une ulcĂ©ration du poumon accompagnĂ©e de la consomption du corps tout entier » (Phtisis est ulcus pulmonis cum consumptione totius corporis) –, l’indication de l’incurabilitĂ© intervient pour deux types de cas : lorsque l’ulcĂ©ration est situĂ©e dans l’un des anneaux cartilagineux de la trachĂ©e artère ; lorsque l’on a affaire Ă  une phtisie invĂ©tĂ©rĂ©e (Phtisis antiquata non recipit curationem). Toutefois « maladie incurable » n’est pas synonyme de « maladie mortelle », du moins une ambiguĂŻtĂ© demeure. Après avoir Ă©numĂ©rĂ© les signes d’une issue fatale, en signalant d’ailleurs leur caractère Ă©quivoque, Bernard de Gordon rĂ©capitule les caractĂ©ristiques d’une mort proche : la chute des cheveux, la courbure des ongles, la ruine de l’appĂ©tit, la difficultĂ© Ă  respirer, la rĂ©tention du crachat, le flux de ventre et l’enflure des jambes. Puis il ajoute une mise en garde : Ut plurimum phtisici expediuntur cum folia cadunt ab arboribus. Cavendum est igitur diligenter in prognosticatione phtisicorum, quia loquendo moriuntur et moriendo loquuntur (Lilium medicinae, IV.5, Lyon, 1551, p. 360). Pour la plupart, donc, les phtisiques connaissent leur fin au cours de l’automne (« lorsque les feuilles tombent des arbres Â»), et il faut particulièrement veiller au pronostic, car leur mort peut intervenir imperceptiblement (« ils meurent en parlant et parlent en mourant Â»). La vigilance est d’autant plus de rigueur qu’avec un traitement adaptĂ© la phtisie n’est pas une maladie Ă  coup sĂ»r mortelle : elle peut ĂŞtre palliĂ©e longtemps chez les enfants et les vieillards gras et bien en chair ; Bernard de Gordon cite Avicenne qui rapporte avoir vu une femme dont la vie fut prolongĂ©e de vingt-quatre ans. En dehors des prĂ©dispositions qui peuvent diffĂ©rer de beaucoup la mort, le mĂ©decin n’est pas Ă  l’abri d’une erreur de diagnostic (Danielle Jacquart, Le difficile pronostic de mort (xive-xve siècles), Éthique et pratiques mĂ©dicales N° 46, 2004 - journals.openedition.org, Traduction des oeuvres mĂ©dicales d'Hippocrate sur le texte grec: d'après l'Ă©dition de FoĂ«s, Tome 3, traduit par Anuce FoĂ«s, 1801 - books.google.fr).

 

Dès l’Antiquité gréco-latine, plusieurs auteurs ont décrit une maladie amaigrissante au long cours, dénommée suivant les uns « phtisie » (pour dépérissement), suivant les autres « tabès ». Hippocrate (Ve - IVe siècle av. J.-C.) puis Galien (IIe siècle apr. J.-C.) et Caelius Aurelianus (Ve siècle) en ont dressé les symptômes, notamment pulmonaires. Arétée de Cappadoce (fin du IIe siècle) en a cependant dressé la description la plus détaillée. Ces descriptions initiales n’ont guère subi de modifications notables jusqu’au début du XIXe siècle (fr.wikipedia.org - Tuberculose humaine).

 

Les monarques guérissent des scrofuleux, porteurs de plaies purulentes au cou, à la face, à l'emplacement des ganglions atteints de tuberculose, marquant d'un signe de croix les plaies des malades dont on attend la guérison miraculeuse. En France, ce pouvoir s'exerce depuis le règne du capétien Philippe Ier au XIe siècle. Edouard le Confesseur, en Angleterre, en fut aussi l'heureux bénéficiaire. Ce pouvoir est héréditaire, mais ne s'attache qu'à la personne du souverain et il est bien d'essence religieuse : c'est parce que le roi de France est le descendant de ceux d'Israël, l'élu de Dieu, qu'il dispose d'un don surnaturel, celui des saints et des prophètes. Au XIVe siècle, on prête plus de huit cents guérisons au toucher du roi d'Angleterre Edouard III. Leurs contemporains ont cru à ces miracles, en raison du caractère de sainteté du pouvoir royal qui ne faisait à leurs yeux aucun doute. Et même si le roi était un potentat dissolu, corrompu, et criminel, son pouvoir restait sacré. L'efficacité thérapeutique du toucher royal était cependant très incertaine, mais on admettait que la grâce ne pouvait se manifester constamment. Il en est ainsi, de nos jours, pour les malades pèlerins de Lourdes. Certains scrofuleux se représentaient une fois, deux fois et plus s'ils le pouvaient, n'ayant pas été guéris au premier toucher. On devait admettre que les rois ne guérissaient pas tout le monde, et cependant chaque malade espérait fermement bénéficier comme ses compagnons du divin miracle. La croyance aux rois thaumaturges était telle qu'elle déborda sur le règne des Bourbons pour atteindre aussi Bonaparte. Touchant les pestiférés de Jaffa, celui-ci s'attribuait, sinon un pouvoir de guérisseur, du moins une sorte d'invulnérabilité aux épidémies qui caractérisait les héros élus de Dieu. Puissance de la propagande politique, exprimée alors par la peinture et les images d'Épinal. Le miracle n'était pas que le roi ou le général Bonaparte, héros des guerres d'Italie, guérît les les pestiférés, mais qu'il ne fût pas lui-même atteint. Il exerçait moins un pouvoir magique qu'un devoir de charité, en donnant l'exemple du sacrifice aux pauvres et aux affligés  bénéficiaire du toucher royal recevait en outre une petite somme : si la grâce n'avait pas joué en sa faveur, il lui restait les écus (Pierre Miquel, Mille ans de malheur: Les grandes épidémies du millénaire, 1999 - books.google.fr).

 

Le pouvoir guérisseur est attesté pour Edouard le Confesseur (comme saint ou comme roi) puis sous Henry Ier au début du XIIe siècle, et massivement à partir d'Henry III et Edouard Ier au XIIIe siècle (Yves-Marie Bercé, Guy Antonetti, Les monarchies, 1997 - books.google.fr).

 

Édouard le Confesseur est un prince de la maison de Wessex né vers 1004 et mort le 5 janvier 1066. Fils du roi Æthelred le Malavisé, il règne sur le royaume d'Angleterre de 1042 à sa mort. Sa succession contestée est à l'origine de la conquête normande de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant quelques mois après sa mort. Sa grande piété (il n'aurait jamais consommé son mariage avec Édith de Wessex) lui vaut son surnom et le fait d'être ensuite canonisé en 1161. Une autre raison de sa canonisation est le fait que, trente-six ans après sa mort, on aurait ouvert son tombeau sans constater la moindre trace de décomposition du corps (fr.wikipedia.org - Edouard le Confesseur).

 

The Curtana, or Pointless Sword of Mercy, also called the Sword of King Edward the Confessor. It is mentioned by both these names in Matthew Paris, under the year 1236, when detailing the marriage ceremonial of Henry III. In ancient times, it was the privilege of the Earls of Chester to bear this sword before the king (Chambers's Journal, Volume 46, 1869 - books.google.fr).

 

Adam Usk (1377-1404), who was there (au couronnement d'Henri IV Bolingbroke), said that it was unsheathed but without a point, to symbolize the execution of justice without rancour, but the symbolic meaning of these swords was interpreted variously: the London chronicler stated that the Curtana 'betokened peace', while one of Froissart's scribes asserted that it was the sword of the Church and that Northumberland's was the sword of justice, but another reversed this (Oeuvres de Froissart, xvi.206 and n; Usk, 72–4; Chronicles of London, 49 ; Foedera VIII.90-1). Walsingham said it was decided that four swords would be carried in future (SAC II, 262; Coronation of Richard III, 237-44) (Chris Given-Wilson, Henry IV, 2016 - books.google.fr).

 

Le couronnement, symbole de la légitimité du roi et de son droit à régner, s’établit plus ou moins en Angleterre au cours du Xe siècle. En 1037, Harold, fils illégitime du roi Knut, estima nécessaire de demander à l’archevêque de le couronner bien qu’il fût déjà élu et officiellement reconnu roi par le Conseil des nobles. Édouard le Confesseur fut couronné à la cathédrale de Winchester le jour de Pâques 1042. Harold II reçut sa couronne de l’archevêque d’York le 5 ou le 6 janvier 1066, à l’abbaye de Westminster. En 1066, Guillaume le Conquérant choisit d’être couronné à Westminster en raison de la présence du tombeau d’Édouard le Confesseur. Dès lors, tous les rois d’Angleterre y furent couronnés, par coutume au début et ensuite par droit.

 

À l’époque où les rois étaient élus et acclamés, les insignes de souveraineté étaient personnels et pouvaient réunir des objets confectionnés pour le roi et des objets hérités. Ainsi, les souverains offrirent parfois leur couronne personnelle à une église. Par exemple, Guillaume le Conquérant légua sa verge, sa couronne, son sceptre et d’autres ornements royaux à l’abbaye Saint-Étienne de Caen. L’introduction d’objets conservés spécialement pour le couronnement des rois est due aux abbés de Westminster qui affirmèrent, dans les années 1130, qu’Édouard le Confesseur avait laissé à l’abbaye un ensemble de regalia pour les couronnements futurs. Bien que les documents produits pour étayer cette déclaration aient été des faux, l’on considère comme possible que ce roi ait confié ses regalia aux soins de l’abbaye. Après la canonisation d’Édouard le Confesseur en 1161, l’association des regalia dits « regalia de saint Édouard » à un saint renforça ainsi l’autorité du roi. Il est dit expressément qu’Henri III a porté la couronne de saint Édouard lors de son couronnement en 1220.

 

Le roi Jean sans Terre possédait une épée appelée Curtein ou Curtana, que l’on supposait avoir appartenu au chevalier Tristan, dont la pointe manquait suite à un combat et qui était portée dans les cérémonies de couronnement au XIIIe siècle. Curtana est aussi le nom de l’épée dite « de miséricorde » (Sword of Mercy), dont la pointe manque également et qui est portée dans la cérémonie actuelle. Les autres épées faisant partie des regalia modernes sont celles de la Justice temporelle (Sword of Temporal Justice), de la Justice spirituelle (Sword of Spiritual Justice), et surtout l’épée de l’Offrande (Sword of Offering) bénie sur l’autel avant d’être ceinte par le souverain et replacée sur l’autel.

 

Après le renversement de la monarchie et l’exécution du roi Charles Ier en 1649, les autorités du Commonwealth instauré par Cromwell considèrent les regalia comme des « monuments de superstition et d’idolâtrie ». Ainsi, à la fin du mois de janvier 1650, pratiquement tous les regalia de saint Édouard comme les autres couronnes et insignes de la monarchie avaient disparu, le métal ayant été fondu et les bijoux vendus. Seules ont survécu la cuillère de l’onction, datant de la fin du xiie siècle, et les trois épées, réalisées probablement pour le couronnement de Charles Ier en 1627. [...] En 1660, la monarchie restaurée fit réaliser de nouveaux regalia pour le couronnement de Charles II en 1661, sur la base de l’inventaire dressé avant leur destruction. La nouvelle couronne destinée à l’acte même de couronnement porte le même nom que l’ancienne, « couronne de saint Édouard », et pèse 2,04 kg. Ce fut celle du couronnement d’Élisabeth II en 1953. (Michael Siddons, Regalia et cérémonies du Royaume-Uni, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2005 - journals.openedition.org).

 

Bois et pierre : sur terre

 

Il y a un arbre près d'Hastings, le Pommier gris, ou pommier chenu (gris) recouvert de lichen.

 

The Anglo-Saxon Chronicle for 1066 describes events leading up to the Battle of Hastings.Prior to the conflict, King Harold instructed his noblemen to assemble with their armies at the har ('hoar') apple tree on Caldbec Hill. At that time har was the adjective used to describe a tree or stone that was grey and shaggy with lichen, and has given us our modern English words 'hoar' and 'hoary' occurring in such expressions as 'hoarfrost'. This lichen-covered apple tree must have been a well-known landmark on the open downs and the instructions as clear as it would be today to arrange to meet under the clock at Waterloo Station. Though possibly the most celebrated early reference to lichens in Britain, the above is not the first. Rackham (1976; 1986) has drawn attention to the many Anglo-Saxon charters describing village bounds that refer to hoar apple trees, hoar maple trees, hoar thorn trees, hoar hazels, etc. (Oliver Gilbert, Lichens (Collins New Naturalist Library, Book 86), 2010 - books.google.fr).

 

Dans l'Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth (XIIe s.), Vertigier s'efforce d'ériger une tour qui ne cesse de s'écrouler. Cette tentative illustre le vain effort de l'usurpateur pour tenter d'échapper à un destin qui va le rattraper. Comment est exprimée et expliquée cette impossibilité de construire ? La question architecturale se double d'une réflexion politique et morale déterminante dans l'entreprise d'édification. Les autres versions de l'histoire, de l'Historia Brittonum de Nennius (IXe s.) au Merlin de Robert de Boron (début du XIIIe s.) en passant par le Brut de Wace (XIIe s.), retracent également les origines du problème et sa résolution. À l'inanité des solutions imaginées par les devins du roi pour mener à bien la construction s'oppose l'intervention efficace de Merlin.

 

C'est après ces pourparlers oĂą des centaines de barons et comtes sont traĂ®treusement assassinĂ©s que Vertigier, rĂ©fugiĂ© en Cambrie, Ă©rige sa forteresse : Finalement il convoqua ses mages, les consulta et leur donna l'ordre de lui indiquer la voie Ă  suivre. Ils lui rĂ©pondirent de se faire bâtir une tour très solide qui lui servirait de refuge, Ă  dĂ©faut de toutes les autres forteresses qu'il avait perdues. Cette construction semble ĂŞtre le dernier recours d'un roi acculĂ© et menacĂ© dans son propre royaume. Le Brut prĂ©sente Vertigier comme le piteux alliĂ© et la victime des Saxons dont les intĂ©rĂŞts politiques et religieux s'opposent Ă  ceux du peuple breton. Ce texte insiste encore plus nettement que l'Historia Regum Britannia sur le paganisme de la jeune femme Ă©pousĂ©e par Vertigier, l'influence diabolique et la transgression religieuse qui s'ensuit. Wace prĂ©cise aussi le caractère paĂŻen du mariage qu'il semble Ă  la fois critiquer et invalider. Il exalte la pĂ©riode de paix et de rĂ©tablissement de la foi chrĂ©tienne rendue possible par la dĂ©faite des Saxons par Vortimer. Mais, après la mort de son fils, Vertigier rappelle les Saxons et assiste Ă  la trahison de ses alliĂ©s qui massacrent les nobles bretons. La ruse, l'habiletĂ© et le cynisme des Saxons, dĂ©pourvus de tout scrupule, ainsi que leur politique expansionniste soigneusement prĂ©parĂ©e, se montrent particulièrement efficaces. La tour doit alors protĂ©ger Vertigier contre ses ennemis Saxons après le massacre de l'aristocratie bretonne : LoĂ© li unt si cunseilier / Que tel tur face edifier / Que ja par force ne seit par prise / Ne par engin d'ome conquise / Dedenz seit quant ele iert garnie / Que gent adverse ne l'ocie. / Dunc fist eslire e fist guarder / Liu convenable a tur funder. « Vocatis denique magis suis consuluit illos jussitque dicere quid faceret. Qui dixerunt ut edificaret sibi turrim fortissimam que sibi tutamen foret cum ceteras munitiones amisisset Â» (HRB, § 106). « Tant l'ad Diables timonĂ©, / Ki maint home ad a mal turnĂ©, / D'amur et de rage l'esprit / De prendre la fille Henguist. / Deus, quel hunte ! Deus, quel pechiĂ© ! / Tant l'ad Deiables desveied, / Ne l'ad pas pur ço refusee / Que paene ert, de paĂŻens nee Â» (Brut, v. 6989- 6996). On constate une amplification par rapport au texte de Geoffroy : « Intrante Sathana in corde suo amavit puellam et postulavit eam a patre suo. Intraverat, inquam, Sathanas in corde suo, qui, cum chritianus esset, cum pagana coire desiderabat Â» (HRB, § 100 : « Satan pĂ©nĂ©trant dans son cĹ“ur, il aima la jeune fille et demanda sa main Ă  Hengist. Je prĂ©cise que Satan Ă©tait entrĂ© dans son cĹ“ur car il dĂ©sirait s'unir avec une paĂŻenne alors qu'il Ă©tait chrĂ©tien »). Ă€ l'explication voulue rationnelle de Geoffroy rĂ©pond dans le texte de Wace un dĂ©veloppement plus emphatique focalisĂ© sur le paganisme de Ronwen : la condamnation du narrateur se fait davantage sentir. Il ajoute ainsi au texte de Geoffroy les indications suivantes, soulignant l'absence de cĂ©rĂ©monie religieuse : « Paiene esteit sin fist s'uxor / A la custume paienor ; / Prestre n'i fist beneïçun, / Messe n'i ot, ne ureison Â» (Brut, v. 7009-7012). Brut, v. 7319-73 (Irène Fabry, Construction impossible et dĂ©fense improbable : la tour du roi Vertigier (dans l'Historia Brittonum de Nennius, l'Historia Regum Britannia de Geoffroy de Monmouth, le Brut de Wace et le Merlin de Robert de Boron), RĂŞves de pierre et de bois: imaginer la construction au Moyen Ă‚ge, 2009 - books.google.fr).

 

Autrement, les piques et javelots employés à la bataille d'Hastings répondent au dard du ciel. Mais certaines armes étaient encore faites de pierres taillées emmanchées sur des hampes en bois (cf. "pierre en l'arbre"), comme le raconte le troubadour et duc d'Aquitaine Guillaume de Poitiers :

 

William of Poictiers, in his account of the Battle of Hastings, fought on the 14th October 1066, when he describes the mode of fighting employed by the Saxons on the field of battle, says : "Jactant cuspides ac diversorum generum tela, saevissimas quasque secures, et lignis imposita Saxa: iis, veluti mole letifera, statim nostros obrui putares." Here we have several weapons referred to, the (cuspis), the pointed spear or javelin; different kinds of darts or arrows (telum); most cruel axes (securis); and lastly (lignis imposita Saxa), stones imposed, laid, or put upon wood. This last description seemed not to refer to anything of the hammer kind, with the stone simply pierced through for attaching the handle, but rather suggested some shaped stone, it may be like these stone balls which might be simply placed on the top of a short and stout wooden handle, to which it could be easily fixed by thongs passed over the projecting surfaces of the stone ball itself.

 

Oissez lances briser, / Gent e chivaus tribucher, / Volent setes quareus e darz / Espessement cum gresle en Mars (La estoire de seint Aedward le Rei, chronique normande en français du XIIIe siècle) (Notes of small ornamented stone balls, Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, Volume 11, 1876 - books.google.fr).

 

"fiere gent"

 

Les Normands sont une gent fière dans le Roman de Rou, toujours de Robert Wace.

 

Après le rĂ©cit de la bataille, le poĂ«te ne trouvant plus de descriptions Ă  faire, expĂ©die en quelques vers le règne de Guillaume. Il s'accorde avec OrdĂ©ric Vital pour les conseils que Guillaume adressa en mourant Ă  son fils Robert, Ă  qui ce prince laissa la Normandie et le Maine; mais dans le poème de Maistre Wace, les confidences du despote mourant sont exprimĂ©es avec bien plus de naĂŻvetĂ© que chez l'historien latin qui fait toujours parler ses personnages comme s'ils Ă©taient des sĂ©nateurs romains. Les remarques de Guillaume sur le caractère des Normands, sur leurs bonnes et mauvaises qualitĂ©s, et sur la meilleure manière de les gouverner, sont curieuses Ă  lire dans le roman de Rou : « En Normendie a gent mult fiere, / Je ne sai gent de tel manière ; / Chevaliers sont proz et vaillanz, / Par totes terres cunquĂ©ranz. / Si Normanz unt boen chevetaigne, (capitaine.) / Mult fait Ă  criendre lor campaigne... / Orguillos sunt Normant è fier, / E vantĂ©or è bonbancier ; / Toz tems les devreit l'en plaisier / Kar mult sunt fort Ă  justisier Â» (Revue encyclopĂ©dique, ou analyse raisonnĂ©e des productions les plus remarquables dans la politique, les sciences, l'industrie et les beaux-arts: recueil mensuel, Volume 37, 1828 - books.google.fr).

 

C'est-à-dire : "En Normandie est un peuple très-fier. Je ne sais pas de peuple de celle espèce. Les chevaliers sont preux et vaillants, par tous pays conquérant. Si les Normands ont un bon capitaine, leur rencontre est à craindre. S'ils ne craignent leur chef, s'il ne les astreint et ne les opprime, il en aura mauvais service. Les Normands ne sont braves que s'ils sont bien dirigés; il leur convient d'être foulés et disciplinés. Si leur chef les tient en tout temps sous ses pieds et qu'il les foule et les flagelle, il pourra faire d'eux ce qu'il voudra. Les Normands sont orgueilleux et fiers, vantards et amis de la bombance; on doit en tout temps les assujettir, car ils sont beaucoup difficiles à gouverner" (François-Simon Cazin, Journal d'un touriste en Basse-Normandie, 1863 - books.google.fr).

 

En passant on rencontre encore de vaillants capitaines (vaillanz, chevetaigne).

 

Monstres

 

Entre tous les récits du cycle dont M. de la Villemarqué s'est fait l’historien, la légende d'Arthur est naturellement la plus importante. Elle a été écrite pour la première fois en vers français par Robert Wace, en 1155, dans son roman de Brut, et peu après transcrit en prose française par Elie de Borron. Arthur naquit d’un prince armoricain et d'une reine armoricaine épouse d'un roi dont ce prince prit la figure : dès l'âge de quinze ans il se rend célèbre dans toute l'Europe, va enlever la France à un général romain et le poursuit jusqu'en Italie avec une armée de 183,000 chevaliers et, nouveau Thésée, purge la terre des monstres qui l’inondent. Revenu dans ses Etats, il se crée une cour et institue, pour ses grands olliciers, l'ordre de la Table ronde qui les rendait tous égaux entre eux. Cette gloire subit cependant de rudes atteintes, quand Arthur voit son neveu Mondred le trahir, quand il perd sa femme Geniévre et quand il est enfin blessé mortellement à la bataille de Camlan. Mais alors il reçoit la récompense de ses grandes actions, et est transporté dans l'île d'Avallon où des fées amies le soignent et d'où elles doivent un jour le renvoyer guéri. Voilà en quelques mots la légende du trouvére normand et M. de la Villemarqué accumule avec une rare sagacité les preuves qui établissent incontestablement que l'auteur de ce roman ne s'est fait que l'écho fidèle des traditions populaires de la Cambrie et de l'Armorique (E. de Barthélemy, Etudes littéraires contemporaines, Revue du Lyonnais, 1859 - books.google.fr).

 

Or le combat contre le géant aux barbes ou ses semblables, comme l'a rappelé F. Dubost, qualifie le vainqueur, a donc qualifié Arthur au plan de la souveraineté et de la virilité préservée, dont elle est l'un des fondements. Ce premier combat au reste est quelque peu laissé dans l'ombre, Arthur ne l'évoquant qu'après coup, pour établir en somme la hiérarchie de ses peurs (v. 2737-2740). L'enjeu de ce second combat contre le géant est en effet tout autre. Pour venger la mort d'une autre et bien innocente Hélène, Arthur s'attaque non pas à un géant qui menacerait sa souveraineté et sa virilité mais à un monstre qui met à mal toutes formes de vie sociale, de culture, comme jadis Goemagog, qui est également, comme le dit explicitement Geoffrey, comme le suggère Wace dans l'atroce description du repas du monstre, un géant anthropophage et qui enfin et surtout incarne tous les fantasmes d'une sexualité monstrueuse. La très «tendre» Hélène n'a pu supporter l'assaut du violeur. Elle en est morte. Plus endurcie, la vieille peut encore endurer l'ardeur lubrique du géant et elle est prête à se sacrifier une fois encore pour donner à Arthur le temps de battre en retraite. Le combat contre le monstre retenant de force une belle et jeune captive est un motif qui fait partie de la panoplie du «héros civilisateur», de Persée à Tristan. Mais la variation est en ce cas importante. Lorsque Arthur engage le combat, Hélène, la nièce de Hoël de Bretagne, est déjà morte... Tout se passe donc comme si la dimension érotique, voire sadique le plus souvent présente dans ce type de motif, était occultée ou plutôt prise en charge par le récit extrêmement cru de la vieille femme. Ne s'attachent à Arthur que les traits très purs du héros civilisateur, parfaitement désintéressé, n'attendant d'autre récompense de son exploit que la gloire de son acte, la manifestation de sa charité, le châtiment d'un abominable crime sexuel et la restauration de la paix dans la contrée systématiquement dévastée par le monstre. Au Mont Saint-Michel, ce lieu sacré entre tous qu'il a gagné à marches forcées depuis Barfleur où il a débarqué, Arthur devient donc le champion du Bien contre le Mal, statut autrement intéressant peut-être que celui de conquérant du monde et qui fournit aussi, peut-on croire, le modèle que doit précisément et discrètement présenter un clerc, par ailleurs spécialiste de l'écriture des vies de saint et de sainte, à son royal mécène. Un roi dont la chasteté, d'ailleurs, ne fut pas la principale vertu... (Emmanuelle Baumgartner, Passages d'Arthur en Normandie, Le Roman de Brut: entre mythe et histoire, 2003 - books.google.fr).

 

Guillaume et Arthur

 

Pourvue de ces trois fonctions nécessaires à l'exercice de la souveraineté, la figure ducale rejoint, dans nos textes, la figure héroïque et royale. Dans le Roman de Rou, l'illustration la plus frappante en est celle du Conquérant dont Wace fait, à l'image d'Arthur, un héros exemplaire. Le rapprochement entre Arthur et Guillaume conforte alors l'idée d'un vaste projet qui, du Roman de Brut au Roman de Rou, édifie une sorte de préhistoire générale des Plantagenêt, habilement reliée à un passé mythique glorieux. Avec ces deux modèles de souveraineté héroïque, l'un breton (Arthur) et l'autre normand (Guillaume), Wace offre à Henri II une galerie d'ancêtres exceptionnels. La démarche du chroniqueur semble bien guidée par un souci de glorification, sinon de propagande (Laurence Mathey-Maille, Écritures du passé. De l'histoire des rois de Bretagne à l'histoire des ducs de Normandie, Perspectives médiévales, Volume 31, 2007 - books.google.fr).

 

Dans le lexique de Wace, Le verbe soloir institue une vérité par l'expérience et la répétition; si la réalité dément avec insistance le discours des Bretons, c'est pour accentuer l'institution d'un merveilleux normand par le biais de la comète de Halley: tele esteile selt l'en veeir quant novel rei deit regne aveir; asez vi homes qui la virent qui ainz e pois longues vesquirent. Comete la deit apeler qui des esteiles veit parler. (v. 6323-28) On voit que si la fontaine de Barenton est disqualifiée par le témoignage de Wace et par les racontars des Bretons, la vérité de la comète de Halley en est comme renforcée. Le passage de selt à deit dans le  discours de Wace, la dévalorisation des fées au profit du savoir scientifique, tout cela concourt à nier l'importance présente de la fontaine. Le merveilleux breton, s'il est disqualifié, n'est pas nié absolument; c'est l'imparfait des premiers vers qui permet de le recevoir, à condition qu'il soit cantonné dans un passé lointain : autrefois, la pluie venait quand on versait de l'eau sur le perron de la fontaine. Ce n'est plus le cas maintenant. Ainsi, pendant les préparatifs de la conquête de l'Angleterre, alors que Guillaume s'apprête à être souverain légitime d'une terre éminemment arthurienne, il importe que la petite Bretagne soit en quelque sorte dépossédée de son merveilleux celtique pour mieux investir le souverain de ses prérogatives à la fois chrétiennes et mythiques. Ce qui est à l'œuvre ici, c'est bien un habile travail destiné à donner au roi d'Angleterre descendant de Guillaume non seulement les caractéristiques d'un souverain chrétien, garanties par les dons du pape, mais aussi celles qui ont été élaborées tout au long du roman de Brut : il n'y a qu'un successeur légitime d'Arthur, et la seule terre arthurienne est bien celle de la Grande Bretagne (Denis Hue, Présence des Bretons dans quelques chorniques normandes, Bretons et Normands au Moyen Âge: Rivalités, malentendus, convergences, 2008 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Comets became a sign of impending disaster. It seemed so obvious. Didn't a great comet appear in a.d. 66, foretelling the Roman suppression of a great Jewish revolt in Jerusalem in 70 ? And didn't a comet again appear in 451 as a bad omen for Attila the Hun who was subsequently defeated that same year by Roman armies ? In both cases, this was Halley's Comet. We have already mentioned that the artisans of the Bayeux Tapestry considered the appearance of Halley's Comet before the decisive Battle of Hastings in 1066 an omen of impending death for Harold, last Saxon king of England.

 

The Bayeux Tapestry, which chronicles the invasion of England in 1066 by William of Normandy, shows Halley's Comet above the palace of Harold of England. The world had to wait another two centuries before the superstitious cloud was lifted from these celestial wanderers. In 1682, the great comet again made an appearance. This time it was observed carefully by a young English astronomer and friend of Isaac Newton. His name was Edmund Halley (probably pronounced Hawley in those days). Halley was aware of Newton's work on the Laws of Motion in which he describes the motion of all celestial bodies in terms of a universal force called gravity. Halley wondered if the motions of comets were governed by the same gravitational forces that control the planets. For eighteen years Halley struggled with Newton's mathematical concepts. Finally by 1705, Halley had shown without question that twenty-four comets observed over the preceding few centuries were indeed controlled by the sun's gravity. But an even more profound fact emerged from the maze of calculations. Three of these comets, ones that appeared in 1531, 1607, and the one that Halley observed in 1682 all seemed to travel almost identical orbits about the sun, and they appeared in the skies every seventy-six years. Could these be one and the same comet on a closed elliptical orbit that carried it beyond the most distant known planet only to return it to the sun every seventy-six years ? It was this thinking that led. Edmund Halley to make his famous prediction of the return of this comet in the year 1758. Halley did not live to see the great comet return, but return it did, right on schedule, sighted first by a farmer in Germany (Johann Georg Palitzsch né le 11 juin 1723 – mort le 21 février 1788) on Christmas night in 1758. Ever since that sighting, Edmund Halley has been immortalized by the most famous of comets that bears his name. It returned again in 1835 and was last seen in the spring of 1910 (The American West, Volumes 23 à 24, 1986 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Johann Georg Palitzsch).

 

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