Extension de la vigne en Languedoc

Extension de la vigne en Languedoc

 

II, 17

 

1643-1644

 

Le camp du temple de la vierge vestale,

Non esloigné d'Ethne & monts Pyrenées,

Le grand conduict est caché dens la male :

North iettés fluves & vignes mastinées.

 

Conduite

 

Quant au mode de conduite de la vigne, c'est-à-dire la manière de la tailler et de la faire pousser, en l'orientant selon la volonté des viticulteurs, la typologie de Pline apporte une référence de choix (HN, XVII). Le regard aiguisé du naturaliste distingue plusieurs systèmes, comme la vigne rampante, le gobelet sans échalas, le gobelet avec échalas, la treille et aussi la vigne mariée ou tenue ou tenue par un arbre. Le public averti peut reconnaître certains d'entre eux dans les pratiques modernes, toujours en vigueur auprès des producteurs (Jean-Pierre Bel, Vignes et vins au Liban: 4000 ans de succès, 2014 - books.google.fr).

 

Ces termes de conduire - conduite appliqués à la vigne sont anciens (Jean Laurent, Abregé pour les arbres nains et autres: contenant tout ce qui les regarde, tiré en partie des derniers auteurs qui ont écrit de cette matiere, 1675 - books.google.fr, Noël Chomel, Dictionnaire oeconomique, Tome 2, 1732 - books.google.fr).

 

Dans le Tractatus de Collatione & Singularitate Beneficiorum (chap. VI) de Guillaume d'Auvergne, Ă©vĂŞque de Paris de 1228 Ă  1249, on trouve :

 

Amplius conductus vinearius ad unam vineam bat excolendam si quis eum tempore conducere voluerit repellet eum, & dicet se esse conductum ad aliam excolendam, suam operam jam locasse & durante hujusmodi contractu conductionis sive locationis non potest simili servire contractu (Guillaume d'Auvergne, Opera Omnia, 1674 - books.google.fr).

 

"conductus" est pris ici pour "location" du côté du locataire qui paye à bail. "conducta pecunia" : argent emprunté (Gaffiot).

 

Autrement, "conductus vini" Ă©tait le charroi du vin.

 

Les monastères fesaient cultiver leurs vignes par des colons qui n'avaient que cette seule occupation. Les autres serfs à bétail devaient transporter les vins ou payaient le rachat de cette charge, conductus vini aut redemptio (N.-F Gravier, Histoire de la ville épiscopale et de l'arrondissement de Saint-Dié, département des Vosges, 1836 - books.google.fr).

 

La malle de Pandore

 

J'ai été quelque temps sans comprendre ce que ce vers pouvait signifier, et cependant j'avais interprété tout d'abord, les deux premiers vers du quatrain et le dernier d'une apparition de la Sainte Vierge. Enfin, je vis que le Prophète faisait allusion à la fable de Pandore. Bientôt le récit d'Hésiode m'expliqua parfaitement chaque expression du vers de Nostradamus, et le récit de Mgr. Villecourt me convainquit que jamais la fable n'avait ressemblé autant à la vérité. Il semble que Marie ait voulu, dans celte apparition, rappeler, et par ses vêtements mêmes, la fable de Pandore (Henri Torné-Chavigny, L'Histoire prédite et jugée par Nostradamus, 1860 - books.google.fr).

 

Pour Torné-Chavigny, avant Leoni, Ethne est à lire Elne, ville du Roussillon.

 

Pandore dispensatrice des dons de la nature

 

Avec l'olivier et le figuier, la vigne est l'objet principal sur les bords de la Méditerranée de cette culture qui parvint d'Orient à travers les îles de la mer Egée : les Hôrai en étaient les «nourricières» à Athènes. Elles sont les héritières grecques des déesses-vierges et des divinités de sagesse et de santé, des déesses-vignes et des génies de vie que l'on rencontre dans le cycle de Tammouz et Ishtar (Jacques-Numa Lambert, Georges Piéri, Symboles et rites de l'ancestralité et de l'immortalité: le vent, la pierre, l'eau et le feu dans les mythologies, 1999 - books.google.fr).

 

«Mais», dit Hésiode dans Les Travaux et les jours, à propos des maladies douloureuses, qui jusque-là ne ravageaient pas à ce qui il semble la population indigène, sitôt parvenue dans la société des hommes, «quand la femme eut soulévé de ses mains le grand couvercle de la jarre de vin ("pithos") elle les dispersa (les maladies) et fit apparaître pour les hommes des tristes soucis». Mais en refermant le réceptacle sous l'impulsion de Zeus, elle retient l'Espoir (elpis) «à l'intérieur de son infrangibile prison».

 

Il suffit de dire que nous croyons que cette légende de Pandore qui débouche la jarre de vin est l'antique précurseur de la lutte acharnée que les chefs et vieillards des tribus indigènes livraient au culte Dionysiaque qui, remarquons-nous, s'attaquait principalement aux femmes qu'il entrainait. (Georgii Vlastov, Prométhée, Pandore et la Légende des siècles: essai d'analyse de quelques légendes d'Hésiode, 1883 - books.google.fr).

 

Pandore est créée par Héphaïstos et Athéna avec la collaboration des Grâces, des Heures et d'Hermès (Claude Calame, La "katharsis" érotique dans la poésie mélique des cités grecques, Violentes émotions: approches comparatistes, 2009 - books.google.fr).

 

En Grèce, l'époque de la culture de la vigne et de l'art de faire du vin est difficile à déterminer. Les Athéniens attribuent à Pandora (1453 av. J.C.) cette culture, mais les écrits s'accordent plutôt à l'attribuer à Dionysos. En ltalie, on pense que la culture de la vigne vint de la Grèce, et ce depuis le IVe siècle av.J.C. En Gaule, la vigne atteint alors le massif des Maures, en 125 av.J.C. la Narbonnaise, la vallée du Rhône, le Bordelais, la Bourgogne jusqu'à la Moselle, la vallée de la Loire et pour finir, la vallée du Rhin (IVe ap.J.C.) (Folklore de France, Numéros 279 à 286, 2004 - books.google.fr).

 

La jarre ouverte est un symbole de mariage. [...] L'espoir resté au fond de la jarre après l'ouverture du couvercle, c'est d'abord l'espoir de l'enfant qui va être conçu. [...] Selon le pessimisme hésiodique, la jarre de Pandore est d'abord la jarre à provisions vidée de son contenu. [...] Au total la mythologie de la jarre a des racines profondes dans la vie quotidienne et de nombreuses images s'y rejoignent : au symbolisme moral du bien et du mal s'ajoute celui du sexe, au symbolisme des noces et du foyer domestique le symbolisme agraire, viticole et funéraire (Robert Triomphe, Prométhée et Dionysos, ou, La Grèce à la lueur des torches, 1992 - books.google.fr).

 

The true name of Pandora it turns out is Anesidora the “sender up of gifts, true epithet of the Earth-Mother.” Her famous box is not a box at all. The word used by Hesiod is pithos, the large jars used to store grain, wine and oil (Dolores LaChapelle, Sacred Land, Sacred Sex: Rapture of the Deep : Concerning Deep Ecology and Celebrating Life, 1988 - books.google.fr).

 

Proclus in Tim. 144, en expliquant l'étymologie du nom d'Anésidora, en souligne le caractère athénien (Robert Triomphe, Prométhée et Dionysos, ou, La Grèce à la lueur des torches, 1992 - books.google.fr).

 

L'identification de la Terre à Pandora s'appuie sur l'épithète attribuée à la Terre par les poètes, comme le dit Philon, De œtemitate mundi, 63, 3, cité par Tyard. Dès lors, Pandora est celle qui donne tout, non le don de tous, comme chez Hésiode, Théog., 70-82. Selon Hésiode, Pandora est la première femme, parée de tous les dons par les dieux qui se sont associés pour la créer, et destinée par Zeus à la punition de la race humaine. Tyard ne retient rien de cette légende bien connue, ni de son assimilation à l'Eve biblique, pourtant répandue à la Renaissance, comme le prouve l'« Eva prima Pandora » du peintre Jean Cousin, ou le poème Pandora de Jean Olivier (Lyon, 1542) (Pontus de Tyard, De recta nominum impositione, présenté par Eva Kushner, 2007 - books.google.fr).

 

Pour le rhéteur, l'inventio recèle toutes les virtualités dont le discours exploite l'infinie richesse, la copia. A l'époque de Cassandre, cette notion de thesaurus dont le recueil n'ignore pas le sens rhétorique (par exemple, Paschal "va du Arpin [Cicéron] les tresors moissonnant") (4, 95) s'incarne dans le mythe de la "boîte" de Pandore (étymologiquement: "qui a tous les dons") que Ronsard relie explicitement à la possibilité d'engendrer le discours en partant du sujet ou argument initial: "Tous les présents de la boete (var. "du coffre") à Pandore" (4, 10), tous les dons qui "cropi(ssent) au fond du Pandorin vaisseau" (4, 86) "embellissent" en effet "le sujet que (le poète) honore" (4, 10) (Notons bien que, à l'encontre d'Hésiode, Ronsard fait sortir de Pandore non les maux traditionnels, mais justement le "Saint Troupeau des Muses") (9, 62 et n. 3) (Olivier Pot, Inspiration et Mélancolie, Etudes ronsardiennes, 1990 - books.google.fr).

 

Crédit

 

Le jeu du don et du crédit se retrouve "dans une autre image elle aussi liée à la suite de l'œuvre. «Bon espoir y gist au fond, comme en la bouteille de Pandora» (Rabelais, Prologue du Tiers Livre). Le nom de Pan dora était régulièrement traduit par munus omnium («le don de tous»). Mais pourquoi une «bouteille» ? M. Screech cite en note le flascum dont parle Pictorius, en 1569. Soit. Ce n'est pourtant pas si fréquent. Les textes anciens parlent d'un "pithos", ou dolium : une jarre énorme contenant de l'huile ou du vin, et qui pouvait abriter un homme. C'est avec Erasme, par contamination du mythe de Pandore avec l'histoire de Psyché que raconte Apulée dans ses Métamorphoses, que cette jarre devient une pyxis, une petite boîte métallique ronde. Il est clair que dans le Prologue, pour parler du «conseil bacchicque», de Diogène et du vin inépuisable, la bouteille ne convenait guère, et que la jarre (Diogène) ou le tonneau étaient plus indiqués. Qui plus est, c'est dans les Emblemata d'Alciat, dans les emblèmes In simulacrum spei et Illicitum non sperandum, que Rabelais a probablement trouvé l'utilisation du mythe de Pandore comme une figure de l'Espoir, alors que la tradition y voit plutôt un mythe de la chute. Or, dans les deux emblèmes, Pandore est représentée par un tonneau. L'image inattendue de la bouteille a donc dans le Prologue une justification spécifique et répond à une intention précise. Elle constitue un indice structurel, qui relie le Prologue à l'épisode presque conclusif de Triboullet, lequel tend à Panurge une bouteille vide, qui va le décider à relancer son enquête : «et je refraischiz de nouveau mon vœu premier» (comme une bouteille encore), pour chercher «le mot de la Dive Bouteille» (p. 313). Quant au départ de cette nouvelle aventure, dans l'éloge du Pantagruélion, il sera évoqué en jurant «par les bons mots qui sont dedans ceste bouteille là qui refraischit dedans ce bac». Entre le tonneau vide qu'agite Diogène, le tonneau plein auquel nous désaltère l'auteur, la bouteille vide qu'il nous tend, celle que rend le fou en image de sa tête creuse mais peut-être aussi d'un peu plus que cela, et celle qui a été mise au frais pour nous abreuver dans la suite de l'œuvre, d'étranges relations s'établissent. Le philosophe, l'auteur, le fou, le botaniste de l'imaginaire se répondent et s'identifient presque les uns aux autres. Vide ou creuse, cette bouteille ? Question de comptable, ou de «cerveaux à bourlet», et non de pantagruéliste. Le pantagruéliste sait créditer d'un bon vin les bouteilles vides et vider à crédit les bouteilles pleines. L'important est le jeu de l'échange continuel qui fait que le texte comble et assoiffe, pour continuer avec nous, si nous voulons jouer à boire" (Jean-Raymond Fanlo, Les libations à crédit du Tiers Livre: à propos du prologue, Rabelais et le Tiers-Livre: Journées d'études du XVIe siècle de l'Université de Nice-Sophie Antipolis, Colloque de Nice, 2-3 février 1996, 1996 - books.google.fr).

 

Alors que la démarche d'espoir est une capacité à investir le futur d'un avenir en articulant des sacrifices, des objectifs et un chemin d'accès, c'est-à-dire des moyens, la démarche de dette, elle, est une fuite en avant dans un futur sans avenir, si ce n'est celui-ci de la réalisation hypothétique de l'échéance. Si le crédit est constitutif de la dette comme de l'espoir, il ne fonctionne pas de la même façon dans les deux cas. La dette ruse avec l'échéance du crédit, alors que l'espoir se construit sur des échéances, sources d'évaluation. Dans le cas de la démarche de dette, les échéances sont irréelles car on est au-delà de toute échéance, alors que dans le cas de l'espoir, les échéances sont un moment, négocié ou imposé. Un tel moment est constitutif du crédit qu'il soit d'ordre financier ou d'ordre moral. C'est en agissant sur la dette constituée par une logique du crédit que l'espoir renaît. Faire crédit est alors ici « retarder le moment de juger, différer le temps de l 'évaluation, allouer du temps sans contrepartie et sans dédommagement ». La différence est patente entre cette démarche de crédit d'ordre moral et la démarche de crédit d'ordre financier. Si dans les deux cas, il existe bien une mise à distance, un va-et-vient entre le présent et un futur, un acte de confiance, constitutif de cet acte d'« allocation de temps », dans le cas du crédit financier, l'échéance est stipulée, alors que dans le cas du crédit moral l'échéance est implicite et imprécise car elle dépend de l'œuvre et/ou des actes et du retour de confiance (Claude Giraud, De la dette comme principe de société, 2009 - books.google.fr).

 

Le crédit moral vient d'une personne extérieure, de même que le crédit financier a besoin d'une source extérieure à ses biens propres.

 

Dans le domaine économique, on peut rappeler la notion d'extériorité du capitalisme par rapport au marché selon Braudel.

 

Dans sa trilogie Civilisation matérielle, économie et capitalisme (1979), l'historien Fernand Braudel (1902-1985) procède à la distinction entre capitalisme, présenté ici comme une « superstructure », et économie de l'échange. Nous voici en présence d'une nouvelle et magnifique fresque. Son auteur y met en scène ces capitalistes qui, dès l'aube des Temps Modernes, c'est-à-dire en plein Moyen Age, sont déjà à la fois marchands, armateurs, manufacturiers, financiers. Ils savent arbitrer entre les placements les plus rentables Très loin des murs de l'État-ville (Bruges, Venise, Anvers, Gênes...) d'où rayonne leur activité, ils tissent un réseau d'échanges extrêmement lucratifs. Sur une surface considérable de territoire, ils englobent dans leurs mailles ce que Braudel appelle - l'expression a fait florès - une « économie- monde ». Dans le filet ainsi tendu se trouve prise et bientôt manœuvrée comme par en haut l'économie de marché proprement dite. Le prototype en est constitué par les foires. Les échanges y portent sur les produits et les services fournis par la multitude des modestes fabricants et artisans. Première objection : n'est-ce pas sur les foires qu'ont été inventés la banque, le change, le crédit, tous les instruments de la « superstructure » ? Selon Braudel, la dure discipline de l'échange ne s'appliquerait qu'aux acteurs directs de l'économie de marché. Transportant son modèle dans l'époque moderne (entre le passé, fût-il lointain, et le présent, il n'y a jamais de complète discontinuité), il va jusqu'à écrire : « les lois économiques n'existent pas pour les grandes entreprises ». La notion braudélienne de l'« extériorité » repose sur une espèce d'immunité au grand capitalisme, par rapport à l'économie de marché. A l'économie de marché les vertus imposées par la concurrence ; au capitalisme, qui dispose d'énormes capitaux accumulés, « le jeu, le risque, la tricherie » (Encyclopédie Universalis).

 

Vesta

 

Vesta, l'Hestia des Grecs, était la déesse du foyer et, par suite, inséparablement liée aux Pénates, Enée ayant, dit-on, apporté le feu éternel de Vesta avec les images des Pénates (Virg., En., II, 705-752, en particulier 717). Dans l'ancienne maison romaine, le foyer était la partie centrale et, chaque jour, tous les habitants se réunissaient autour pour le repas commun, accompagné d'un sacrifice offert à Vesta et aux Pénates. Par conséquent, toute maison habitée était, en quelque sorte, un temple de Vesta, ce que symbolise bien la sacralisation du seuil et du uestibulum, ainsi appelé soit parce qu'il "vêt la porte" : "quod ianuam uestiat" (Serv., En., II, 469), soit par suite du jeu de mots uestibulum - Uesta.

 

Mais, parce qu'il est question des jeunes filles qui se marient, Varron écrit qu'elles ont l'habitude de ne pas toucher le seuil afin qu'au moment de perdre leur virginité, elles ne commencent pas par un sacrilège en foulant ce qui est consacré à Vesta, c'est-à-dire à la plus chaste des divinités. D'où le vers : "Que [la jeune mariée] évite de toucher le seuil de son pied qu'on soulève". C'est que, dans une maison, tout est consacré aux dieux : le seuil à Vesta, la cuisine aux Pénates, le mur qui entoure la maison à Jupiter Hercéen (Philippe Dain, Mythographe du Vatican III, Tome 3, 2005 - books.google.fr).

 

Dans la traduction en français de la Pandora (1542) de Jean Olivier, par Pierre Bouché (1548), Pandore serait une vestale, comparée aux femmes de son temps (Dumont, Jean Olivier, Mémoires, Volumes 11 à 16, Académie des sciences et belles-lettres d'Angers, 1862 - books.google.fr).

 

"mastinées"

 

mastiner veut dire abimer ou mélanger. En terme de vigne on pense aux maladies comme l'oïdium, le mildiou, le phylloxéra (surtout au XIXème sièlce), ou bien à la greffe, à l'hybridation. (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Sans préfixe mastiner existe depuis le douzième siècle dans le Livre des manieres 1081. L'éditeur Kremer y applique la traduction « abâtardir, » qu'il avait trouvée dans Darmesteter-Hatzfeld, Le Seizième siècle en France, p. 1 85, mais il vaut mieux dire « mâtiner, couvrir » puisque Estienne de Fougieres y parle trivialement d'une femme abandonnée à des hommes indignes d'elle. Tilander, Lexique du Roman de Renart, p. 104, cite mastiner « maltraiter, traiter comme un chien » dans un des cinq glossaires judéo-français et dans deux des dix textes recueillis par Godefroy, V p. 197b. Au sens de « mater, » Godefroy le relève au seizième siècle chez La Boétie. Dans Les Vers de la mort 301 , composés trois siècles plus tôt, l'éditeur Windahl traduit mastiner par « gourmander, réprimander, » mais il me semble qu'encore une fois « mater » cadre mieux avec  le contexte : D'une june qui le confort Tu dois te vie mastiner. Mastins fait a ençaainer Qui sen maistre en traïson mort. Dans les dialectes, Jônain, Dict. du patois saintongeais, p. 44, signale amâtiné «(chien) de race croisée de mâtin,» alors que Martellière, Glos. du vendômois, p. 203, connaît matiné « homme d'une demi-éducation, demi-fortune, demi-science, demi-influence ; croisé de bien et de mal. » D'habitude  un mâtin sert à garder une maison et le gros bétail. C'est sans doute cette idée d'un chien familier, par opposition à celle d'un chien de chasse, qui a induit Dauzat à rattacher le mot au radical latin manere dans son dictionnaire. De l'avis de Gaston Paris, Mélanges linguistiques, p. 573, on a affaire plutôt au participe passé de mansuescere, qui correspond à l'adjectif mansuetum « apprivoisé, » avec le mot canem sous-entendu. Le latin vulgaire en a tiré *mansuetinum qui, en passant par *masetinum, est devenu mastin  C'est le français mastin qui est à la base des autres formes romanes. Comme l'a déjà remarqué Meyer-Lùbke, Rom. etym. Wtb., art. 5320, l'emploi du vieux français mastin comme l'épithète d'un « domestique » remonte à une scolie latine du neuvième siècle, mastinus «mediastrinus» (Raphaël Lévy, Contribution à la lexicographie française selon d'anciens textes d'origine juive, 1960 - books.google.fr).

 

Domestique renvoie à Vesta, déesse du foyer, comme manere à "mas", ferme provençale et languedocienne.

 

"Ethne" : Ethnos - Ethnè ?

 

And the end of the Roman ethnos came in the 5th century A.D., heralded as it was by the end of the cult of Vesta, and officially marked by the abdication of the last Emperor, Romulus Augustulus, in 476 A.D. The social institution thus survived the ethnos which had created it (Sputnik: Digest, Numéros 1 à 4, Novosti Printing House, 1994 - books.google.fr).

 

On peut rattacher Pandora à l'ethnos et Vesta à l'oikos. La dispersion des maux ou des dons à l'extérieur de la jarre s'oppose à l'intériorité de la domus (et de la jarre).

 

Seuls des récits mythologiques locaux ou tardifs mettent en scène l’apparition d’un premier être humain. Dans une tradition argienne (Acousilaos d’Argos FGrHist. 2 F 23 a ; cf. aussi Pausanias 2, 15, 5 et 19, 5) le premier homme est Phorôneus ; fils du fleuve et roi d’Argos Inachos, il est l’inventeur du feu (en substitution de Prométhée) et il est le premier à avoir réuni les hommes (déjà !) en communautés alors que, comme les Cyclopes, ils vivaient isolés et dispersés. Un poème épique également argien fait de Phorôneus « le père des hommes mortels » (Phoronide fr. 1 Bernabé ; cf. Hall 1997, p. 78-89). Du côté thessalien, on trouve Deucalion , le fils de Prométhée, l’époux de Pyrrha elle-même fille d’Epiméthée et de Pandôra (!), qui, à l’issue du déluge voulu par Zeus pour détruire l’espèce des hommes de bronze, crée les hommes en tant que genre humain : ánthropoi d’emblée divisés en ándres nés des cailloux jetés par-dessus tête par Deucalion, et en gunaîkes nées des pierres jetées de la même manière par Pyrrha, avant que le couple héroïque n’engendre un premier fils qu’ils appellent Hellen, le héros éponyme de la Grèce (selon le manuel de mythographie attribué à Apollodore, Bibliothèque 1, 8, 2) (Claude Calame, Anthropos, L’humain, l’homme civilisé et les cultures des autres dans la Grèce classique, Encyclopédie de l’humanisme méditerranéen, printemps 2014 - www.encyclopedie-humanisme.com).

 

También en las culturas clásicas se percibe un litigio entre los olímpicos y Hestia-Vesta, la guardiana del hogar. O la postergación (privada, familiar) de los lares y penates, progresivamente excluidos de la vida, por cuanto excluidos de la vida pública. […] Oikós y domus, como, por otra parte, ethnos ygenus, aparecen como comunidades naturales, surgidas de la tierra e implantadas en ella. Y se prolongan como comunidades morales, de pertenencia exclusiva y excluyente. Son asimismo comunidades de dominación, que impiden relaciones horizontales: natural, como el domus, es el poder absoluto del dominus sobre el domesticus (Patxi Lanceros, Política mente: de la revolución a la globalización, 2005 - books.google.fr).

 

Polybe caractérise les Ibères par un mélange de critères géographiques et culturels. Il est le premier à donner aux Ibères des frontières géographiques absolument nettes, en fixant aux Pyrénées la limite qui les sépare des Gaulois ou Celtes (Keltoi), faisant ainsi coïncider une articulation majeure de la géographie physique de l'Occident avec une frontière ethnique. Cette division radicale entre Ibères et Celtes marque un tournant définitif par rapport à la tradition grecque antérieure, puisque nous savons que les prédecesseurs de Polybe amenaient les Ibères jusqu'à l'Hérault ou jusqu'au Rhône, et les Celtes jusqu'à l'Extrême Occident, au-delà des Colonnes d'Héraclès. Perpendiculairement à la frontière pyrénéenne, Polybe introduit une autre limite géographique, celle de la ligne de partage des eaux entre «la partie qui est tournée vers notre mer, qui est appelée Ibèria, et celle qui est tournée vers la mer extérieure ou grande mer», qui n'a pas encore reçu de dénomination commune et qui est habitée par des «peuples (ethnè) barbares et populeux» (III 37.11). On a donc d'un côté un seul et vaste ensemble «ethnique», celui des Ibères, et de l'autre une multitude de petits peuples. [...]

 

Les récits historiques contemporains de la conquête de l'Espagne ou qui s'appuient sur des sources annalistiques proches des événements, comme c'est le cas de Tite-Live, présentent pour notre propos un intérêt tout particulier. Ce sont les seules, parmi toutes les sources qui nous sont parvenues, qui mettent en scène des entités politiques de type «peuple» (ethnè, gentes) et nous les montrent en action, face aux Romains ou aux Carthaginois, permettant ainsi mieux qu'une sèche description de connaître ou de deviner leur organisation, leur importance numérique, leurs alliances et parfois leur évolution. Mais ces sources comportent aussi de graves insuffisances: elles sont allusives, parfois fautives dans la transmission des noms propres, souvent contradictoires (P. Moret, Ethnos ou ethnie ? Avatars anciens et modernes des noms des peuples ibères, Identidades étnicas, identidades politicas en el mundo prerromano hispano, 2004 - books.google.fr).

 

A partir de la fin du XIXe siècle, on a forgé le terme d'ethnie - l'adjectif ethnique existait déjà, mais pas le substantif ethnie - à partir du grec ethnos, comme un concept purement culturel, ce qui renvoyait le mot race à la biologie (Henry de Lesquen, Les fractures de la société française, La France, doit-elle disparaître: actes de la XVe Université d'été de Renaissance catholique, Villepreux, juillet 2006, 2007 - books.google.fr).

 

Lorsque César arrive en Gaule, il trouva entre Rhin et Pyrénées, plus de trois cents peuples ou ethnè, vivant sur un territoire désigné par Tacite sous le nom de pagus. L'Aquitaine, seule, en compte plus de vingt d'après Strabon. César n'en énumère que onze, parce qu'il ne mentionne que les peuples voisins des Sotiates. Pline donne le chiffre complet, vingt-huit. En instituant les Cités, civitates - petits Etats, respublicae -, à l'image de Rome, Auguste va brasjsér toutes ces nations. Les vingt-huit peuples ibères-aquitains forment cinq municipes, puis neuf, puis douze. Dans toute la Gaule, les quatre cents nations ou tribus sont groupées en soixante Cités (Revue de l'Agenais, Volumes 71 à 74 - books.google.fr).

 

Romanité, viticulture et Europe septentrionale ("North")

 

Le rapport des protestants au vin présente néanmoins des caractéristiques communes. La Réforme a vu le jour dans l'Europe de la bière, c'est-à-dire l'Europe trop fraîche pour que la vigne mûrisse ses fruits, à l'exception des meilleurs coteaux des vallées du Rhin et de la Moselle. Ce n'est peut-être pas un hasard si le limes de l'Empire romain coïncide approximativement avec la limite septentrionale de la culture de la vigne, tant la civilisation romaine, héritière de la Grèce et de l'Orient, est consubstantielle au vin. Au-delà des frontières de l'Empire, les régions germaniques sont donc «barbares» : elles ignorent les langues grecque et latine, elles boivent de la cervoise issue de céréales fermentées. Victorieuse de l'Empire, cette Europe se convertit néanmoins à la romanité, au christianisme et donc au vin. D'assommoir, celui-ci accède au statut de boisson sacrée, sang du Christ de la célébration eucharistique. Mais le climat interdit qu'il devienne une boisson populaire. Les fêtes calendaires (de carnaval ou d'automne) sont noyées dans les flots de bière, lesquels ont pour fonction de créer des liens de sociabilité et de faire oublier la vallée des larmes. Pour un barbare, le vin ne saurait être vraiment un dieu Donysos, Bacchus ou le sang du Christ –, ce qu'il est pour un Grec, un Romain ou un chrétien de la Méditerranée. C'est l'une des raisons pour lesquelles les protestants rejetteront finalement la transsubstantiation, cœur de la foi catholique, ancrée dans les cultures de la Méditerranée (Jean-Robert Pitte, Le vin et le divin, 2004 - books.google.fr).

 

On croit généralement que les Phocéens en fondant Marseille y apportèrent l'olivier et la vigne, qui delà se répandirent dans les Gaules et l'Italie (Dictionnaire de la conversation et de la lecture: inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, Tome XIII, 1870 - books.google.fr).

 

Historiquement, la culture de la vigne à des fins au moins partielles de vinification semble être originaire du Caucase. Dans l'Antiquité, le bassin méditerranéen a été le siège de productions et d'un commerce intenses ; si la vigne à l'état sauvage était très ubiquiste, on peut faire remonter sa primo-domestication au VIe millénaire avant J.-C. dans le Croissant fertile. [...] En Gaule, les premières vignes auraient été plantées par des marins phocéens vers 600 av. J.-C. près de l'actuelle Marseille, probablement ensuite hybridées avec des vignes autochtones sauvages. L'implantation massive du vignoble en Europe occidentale est liée aux conquêtes romaines à partir du IIe siècle avant J.-C., en Provence puis en Bas-Languedoc. Entre 120 et 60 av. J.-C. prospère en Gaule un commerce de vins issus de la Narbonnaise assemblés avec d'autres, d'origines italienne, espagnole. Le vignoble remonte le long des voies de communication vers la péninsule ibérique et vers l'Europe occidentale «vers les ports maritimes et fluviaux qui assuraient les liaisons faciles avec l'Europe septentrionale», grâce à la sélection de plants (La vigne et le vin: mutations économiques en France et dans le monde, 2010 - books.google.fr).

 

Le Rhin, fleuve qui se jette dans la Mer du Nord, forme une limite pour la viticulture.

 

Fonteius

 

Dans la province au temps de Fonteius, de César ou même d'Auguste, les vignobles de la Provence et du Languedoc semblent alors en devenir. Jusqu'à la conquête romaine, Marseille, encerclée par les tribus celtiques, n'avait sans doute pas possédé assez de terres pour se créer un vignoble et si certains indigènes, tels ceux d'Ensérune, cultivaient la vigne, ils n'étaient probablement qu'une exception. Avec la création de la Provincia, les conditions changèrent. Marseille, libérée du souci de sa sécurité et bientôt pourvue d'un large terroir, put à loisir planter et étendre un vignoble dont les produits se vendirent abondamment et fructueusement à travers la Gaule. Les indigènes voulurent sans doute l'imiter, mais Rome mit le holà. Soucieuse de réserver aux vins italiens les marchés de la nouvelle province et, au-delà de ses frontières, ceux de la Gaule indépendante, elle interdit aux indigènes de planter de nouvelles vignes. Seules, leur furent tolérées celles qui existaient déjà et qui devaient être, à tout prendre, de peu d'étendue.

 

Une tradition rapportée par Justin XLIII, 4, et sans doute reprise de Trogue-Pompée, voulait que les Marseillais aient appris aux habitants de la Gaule méridionale à "planter l'olivier" et à "greffer la vigne" (Michel Labrousse, Toulouse antique: des origines à l'établissement des Wisigoths, 1968 - books.google.fr).

 

C'est pour en favoriser la vente que les Romains interdirent aux indigènes de planter de nouvelles vignes à une date malheureusement discutée, mais nécessairement antérieure à 54-51, époque à laquelle Cicéron nous fait connaître la mesure dans son traité Sur la République. C'est sur ce commerce des vins que le gouverneur Fonteius instaura des taxes qui constituèrent le crimen vinarium dont il  fut accusé lors de son procès en 70 av. J.-C. Le système qu'il imagina ne créa pas des péages perçus successivement dans plusieurs stations mais frappa à l'exportation tous les vins qui, de Toulouse ou de la route Narbonne-Toulouse, transitaient vers la Gaule encore indépendante. En même temps, il favorisa Toulouse comme centre de redistribution en y faisant payer une taxe moins élevée que dans les autres bureaux de douane, quatre deniers par amphore au lieu des six qui étaient perçus soit en une fois à Elesiodunum, soit en deux fois à Crodunum et Vulchalo pour les convois qui avaient quitté la grande route à Cobiomagus. On s'accorde aisément à situer Elesiodunum près du Seuil de Naurouze à Montferrand, dont l'église rurale Saint-Pierre-d'Alzonne a conservé le nom antique. Cobiomagus est vraisemblablement, déformé par un copiste du Moyen Age, le nom d'Eburomagus, c'est-à-dire Bram dans le canton de Fanjeaux. Quant à Crodunum et Vulchalo, leur localisation est désespérée. On a proposé Rodez, Verdun-en-Lauragais, Revel ou Saint-Bertrand-de-Comminges pour le premier, Alet, Limoux ou Carcassonne pour le second. Mais il faut sûrement écarter tout site de la voie d'Aquitaine, car on ne comprendrait pas qu'après avoir quitté la route à Cobiomagus les marchandises y reviennent pour s'acquitter d'une taxe. Il va de soi que le contrôle du commerce par Rome ne pouvait être complet que si elle étendait son emprise sur le système monétaire. Or, tandis que l'ensemble de la Gaule est relativement pauvre en trésors romains d'époque républicaine, une soixantaine au total, le seul département de l'Aude en compte quatre. Celui de Peyriac-de-Mer, composé d'une centaine de deniers enfouis à l'époque de Fonteius, est le plus ancien. Les trois autres ont été cachés une trentaine d'années plus tard, vers 40 av. J.-C, à Narbonne (Trauc de la Grabo), à Ferran (canton d'Alaignac) et à Saint-Frichoux (canton de Peyriac- Minervois). On en ignore la composition totale, mais plusieurs dizaines de pièces en sont actuellement conservées au musée de Carcassonne. Il est certain, cependant, que la monnaie romaine ne pouvait suffire à elle seule aux échanges. C'est qu'en fait l'existence d'un numéraire local, dont la métrologie était calquée sur celle de la monnaie romaine, dispensait Rome d'introduire une grande quantité de deniers dans le circuit. Il s'agissait des monnaies d'argent à la croix et des pièces de bronze à légende Neroncen. Celles-ci, émises à Montlaurès, se retrouvent notamment à La Lagaste, à Ferrals-les-Corbières, à Mailhacet, aux Martys. Frappées d'un taureau bondissant surmonté d'une couronne et portant à l'exergue le nom, écrit en langue ibérique, des Neroncen qui habitaient l'oppidum, elles sont actuellement datées entre 120 av. J.-C. et l'époque d'Auguste, et non plus, comme autrefois, de l'époque de l'indépendance. Il en est de même des monnaies à la croix attribuées aux Volques Tectosages. Répandues dans un vaste espace économique de l'Aquitaine à la Méditerranée, avec le couloir de l'Aude comme axe central, on les trouve en particulier, dans le département, à Moussan, Castelnau-d'Aude, Saint-Frichoux, Mailhac, La Lagaste pour ne citer que les trésors les plus importants qui en comptent chacun plusieurs centaines. Leur importance en faisait le véritable instrument des échanges de la région. Mais, comme elles étaient adaptées à l'étalon romain, elles témoignent à leur façon de la prise en charge de l'économie par Rome au Ier siècle av. J.-C. (L'Aude: de la Préhistoire à nos jours, 1989 - books.google.fr).

 

Une des accusations dans l'affaire Fontéius entre dans l'optique du "conductus"-crédit.

 

Fontéius conserva pendant deux années le gouvernement de la Province, exerçant impunément toutes sortes d'exactions personnelles qui précipitèrent la ruine du pays. Il laissa tous les cœurs ulcérés et pleins d'un vif ressentiment. Six ans après, les factions étant calmées, la République parut entrer dans la voie de la modération. La Province crut que le moment favorable était arrivé pour demander justice contre son ancien proconsul : elle envoya à Rome une députation composée spécialement d'Allobroges, présidée par Indutiomar, un de ses chefs. Fontéius fut cité et traduit en jugement. L'accusation, signée par Fabius Sanga et présentée par Pletorius, alors questeur et édile, portait sur deux chefs principaux : les cruautés du gouverneur et ses extorsions de toute espèce. Les accusateurs insistèrent peu sur le premier chef qui était très délicat : on aurait été appelé à discuter l'exercice de la souveraineté absolue de la République sur ses sujets barbares que l'on traduisait devant ses tribunaux. Quant au deuxième chef d'accusation, les preuves étaient surabondantes. On démontra que Fontéius avait obligé plusieurs peuples de la Province à emprunter à des usuriers romains, ses complices, des sommes montant à plus de six millions : sommes qu'il avait confisquées à son profit. La dette était hypothéquée sur les terres de ces peuples, et les intérêts s'accumulant chaque jour, l'impossibilité de payer devenait flagrante ; le moment approchait où des villages entiers seraient expropriés et une partie considérable du territoire provincial vendue à l'encan. On prouva de plus que, pendant que la disette régnait dans la contrée, Fontéius avait eu l'inhumanité de spéculer sur les subsistances. Il avait établi sur le vin des droits exorbitants. Il avait astreint les propriétaires riverains des grandes routes à les reconstruire à leurs frais, alors qu'elles étaient dégradées par le passage continuel des troupes et des munitions de guerre. En réparation de tant de maux, la Province réclamait l'abolition de sa dette, et le châtiment de Fontéius (M. Boudot-Challaie, Etudes sur les institutions sociales et politiques modernes considérées dans leurs rapports avec la propriété et l'agriculture: cahier de doléances, Tome I, 1868 - books.google.fr).

 

Le peuple celtique avait été fragmenté dans les premiers temps de la conquête romaine, mais la plus grande partie était restée indépendante. Dans la province de Transalpine du ier siècle avant J.-C., se trouvait donc une communauté indigène, connue par plusieurs textes. Le premier, du point de vue chronologique, se trouve dans un passage important du Pro Fonteio. Le plaidoyer date de l’année 70 ou d’une date de peu postérieure, mais son auteur, lorsqu’il se réfère aux communautés soumises à l’autorité de Fonteius, se place entre 76 et 74, après le passage de Pompée qui se dirigeait vers la péninsule ibérique afin de lutter contre Sertorius (en 77). Le gouverneur, à l’instar de Verrès en Sicile aurait, selon les accusateurs, usé de son pouvoir pour interpréter largement la « loi provinciale » et imposer aux Rutènes des charges qui en auraient fait, abusivement, les débiteurs des hommes d’affaires italiens. Ce passage est altéré, aussi n’en sait-on pas trop. Le terme de civitas désigne la partie des Rutènes placée dans la province de Transalpine. Cicéron évoque aussi leur caisse (aerarium), et il semble les considérer comme un des peuples provinciaux dont il veut majorer l’hostilité. Il s’ensuit qu’il convient non seulement de placer les Rutènes dits provinciaux entre le pays de Narbonne et le pays rutène de Gaule Chevelue, mais aussi d’accorder à leur emprise géographique, si l’on considère la ligne de front, une ampleur comparable à celle des Volques Arécomiques ou des Tolosates. C’est pour cette raison qu’il semble vraisemblable de rechercher leur emplacement dans la vallée du Jaur et dans celle de l’Orb, au pied du Massif Central, dans une dépression qui sera occupée au Moyen Âge par l’évêché de Saint-Pons dans la partie occidentale et par l’évêché de Béziers dans la partie orientale (Michel Christol, L’organisation des communautés en Gaule méridionale (Transalpine, puis Narbonnaise) sous la domination de Rome, Vivre en Gaule entre Rhône et Pyrénées, 2010 - journals.openedition.org).

 

Il y aurait eu aussi selon ses accusateurs la caisse de Fonteius.

 

Fonteius et la vestale

 

Cicéron rappelle dans son plaidoyer pour Fonteius que celui-ci avait une sœur aimante qui était vestale.

 

Dans sa défense de Fontéius, après avoir énuméré les raisons qui militaient en faveur de son client, Cicéron trouve une arme puissante dans la profession de Fontéia, sœur de l'accusé, qui, ayant imploré tant d'années sur ses juges et sur leurs enfants la protection des dieux, sollicitait leur juste bienveillance pour son frère, son unique appui, et seul objet de son affection : les gémissements de la vestale troubleraient le silence du temple; l'abondance de ses larmes pouvait éteindre le feu éternel, qu'elle avait entretenu jour et nuit, et provoquer par la cessation de ses vœux, que les dieux n'avaient pas méprisés, la ruine de la République (Jacques Marchant, Notice sur les Vestales, 1877 - books.google.fr).

 

Le champ du Temple

 

Dans le nombre, et assez éloignés de la haute chaîne, nous placerons une peuplade dont on n'a point recherché les origines, mais qu'il faut compter, sans doute aussi, au nombre des tribus des Volkes Tektosages, et qui touchaient d'un côté aux Tolosates, qui en étaient la partie principale, et de l'autre aux Volkes Tektosages qui occupaient les lieux voisins de Carcassonne et qui étaient connus sous l'épithète d'Atacini, parce qu'ils habitaient sur les bords de l'Atax ou de l'Aude. Cette peuplade est celle dont les descendants occupent l'ancien Lauraguais et dont le chef-lieu était la bourgade connue sous le nom de Laurac le Grand, qui a retenu l'ancien nom du pays, nom qui semble être la source de ceux de Laurabuc, de Lauraguel, etc.; nous y avons recueilli, ainsi qu'à Saint-Michel de Lanes, à Fanjeaux (Fanum Jovis), à Herminis, à Peyrefitte, ou Pierrefitte, à Pexiora, au Mas Saintes-Puelles (l'ancien Recaudum), des médailles, et, dans beaucoup de lieux voisins, des poteries et d'autres restes d'antiquités. La voie romaine qui conduisait à Narbonne, traversait ce canton; c'est à l'est d’Ebromagus, l'une des mutations de cette route antique, que Papulus, l'un des disciples de Saturnin, reçut la palme du martyre, et que fut fondée une abbaye célèbre, transformée plus tard en siège épiscopal

 

Suivant les légendes populaires, il y aurait eu dans la bourgade de Saint-Michel-de-Lanès, et sur le sol nommé Pesselongue [Peyrelongue], un temple desservi par des Druides. M. Trouvé (Statistique) y indique un Monastère de Druides. Il n'y a rien de druidique dans tout ce canton. On y trouve seulement des débris de monuments romains, des poteries, des médailles et quelques traces d'édifices du moyen-âge. Le nom de Champ du Temple, donné à un des tènements de cette commune et d'où l'on a retiré les matériaux d'un ancien édifice, n'a d'autre origine qu'une Maison, ou Monastère de Templiers, qui y existait encore au commencement du quatorzième siècle (Alexandre Louis C.A. Du Mège, Archéologie pyrénéenne; antiquités d'une portion de la Narbonnaise, et de l'Aquitaine, nommée plus tard Novempopulanie, 1858 - books.google.fr).

 

Dans les pastorales, les druides remplacent les prĂŞtres, et les vestales, les religieuses : on ne se prĂ©occupe pas des anachronismes : c'est une convention adoptĂ©e. Sur ce point comme sur tant d'autres, l'AstrĂ©e (1609), avec le druide Adamas et le couvent des Carnutes oĂą CĂ©ladon, dĂ©guisĂ© en fille, fait son noviciat de nonne, avait tracĂ© la voie qu'on suivait fidèlement. On trouve d'ailleurs, le plus singulier mĂ©lange dans l'ArtĂ©nice de Racan : sans cesse il y est question des dieux, car la Renaissance avait ramenĂ© la mythologie en triomphe et l'on aurait craint, en parlant de Dieu, comme des prĂŞtres et des moines, de rappeler ces Mystères du moyen âge qu'un arrĂŞt du parlement avait proscrits et qu'on mĂ©prisait comme les produits informes d'une Ă©poque barbare. Mais Racan a des distractions : l'un de ses personnages, Idalie, demande Ă  pĂ©rir « en l'infernale flamme » si elle a manquĂ© Ă  son devoir, et un autre, Licidas, s'Ă©crie : « Mon Dieu, que dois-je faire ? Â» (Victor Fournel, La pastorale dramatique au XVIIème siècle, Le Livre, NumĂ©ro 2, 1888 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le Roussillon au pied des Pyrénées est conquis par les armées de Louis XIII, roi de France, et de son ministre Richelieu, de 1640 à 1642. Le quatrain porte plus particulièrement sur la viticulture en Languedoc dans les années du règne d’Henri IV et de celui de Louis XIII. La conversion des garrigues à la vigne et à l'économie du marché a lieu entre la Ligue et la Fronde.

 

[Avec] l'expansion économique languedocienne, durant la première moitié du XVIIe siècle […], la conjoncture générale est alors favorable à la vigne : la consommation taxée, mesurée par un impôt sur le vin (l'équivalent de Languedoc) augmente fortement ; l'ivrognerie urbaine inaugure une carrière glorieuse ; le négoce maritime est actif, et dans les petits ports du golfe du Lion, d'Agde à Aigues-Mortes, les barques génoises, bien plus nombreuses encore qu'au XVIe siècle, viennent charger les vins languedociens. Vers 1638-1643, leur activité, malgré les Barbaresques, atteint des niveaux records. Sur les marchés, les prix du vin restent élevés jusqu'en 1655. Les courbes décimales enfin attestent la hausse marquée de la production du vin, durant les soixante premières années du XVIIe siècle. Cette révolution viticole bute cependant sur des obstacles, difficiles à franchir : le premier la pression démographique, qui en Languedoc croit jusqu'au-delà de la Fronde, rend dramatiques les problèmes de subsistances, en 1631, en 1643, en 1651 encore. Il est impossible, dans ces conditions, de multiplier les plantations de vigne au détriment des bonnes terres à blé des plaines. La poussée viticole est ainsi circonscrite, refoulée vers les sols les moins fertiles, ceux des garrigues, momentanément rentables en raison de l'état favorable des prix : la vigne, au surplus, plus rustique et moins exigeante en eau que les grains, s'accommode mieux qu'eux de ces mauvais terroirs. Dans une situation économique et démographique très tendue, la vocation culturale de chaque zone est ainsi exploitée au maximum, à limite de rentabilité. Cette rentabilité précaire des garrigues n'est d'ailleurs pas durable. A partir de 1655-56, c'est la crise : crise particulière du monde viticole, crise générale des affaires et de l'économie. Les prix du vin s'effondrent. La production viticole, mesurée par les dîmes, régresse, malgré les facilités d'écoulement qu'offre, en théorie, le nouveau canal du Midi. C'est seulement après 1720 qu'elle remontera vers les sommets des années 1650 (Jean-Paul Barry, Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire agricole et phytogéographie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N. 3, 1962 - www.persee.fr).

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