Guillaume III et la guerre de la ligue
d'Augsbourg II, 82 1691-1692 Par faim la proye
fera loup prisonnier: L'assaillant lors en extreme
detresse. Le nay aiant au devant le dernier: Le grand n'eschappe
au milieu de la presse. Proie Le premier ravage du Palatinat
par Turenne en 1674 est suivi par un second ravage - désigné plus précisément
comme le "sac du Palatinat" en 1688-1689, ordonné par Louis XIV sur
les conseils de Louvois et de Chamlay et qui vise, non seulement les campagnes comme en
1674, mais aussi les villes. Cette fois, la zone touchée par les opérations de
destructions est plus vaste qu'en 1674 et ne concerne pas seulement le
Palatinat et la région autour d'Heidelberg, mais également la plupart des États
du Rhin moyen entre Coblence et Fribourg, c'est-à -dire les États des électeurs
palatins, de Mayence, de Trêves et de Cologne, le duché de Wurtemberg et le
margraviat de Bade. Il s'agit une fois encore d'assurer une «défensive sur le
Rhin» et de «vider» la zone face à l'Alsace pour en faire un glacis nu qui ne
pourra donc pas constituer une base de stationnement et de ravitaillement pour
les années ennemies. Pour parvenir à ce but, il faut pratiquer une politique de
la terre brûlée empêchant l'ennemi de subsister sur les ressources locales les
cultures sont ravagé, le bétail massacré ou volé, les arbres fruitiers coupés,
les signes arrachées, les fortifications détruites, les villes, les villages,
les châteaux, les églises sont systématiquement rasés, les ponts détruits, les
populations expulsées, molestées, parfois massacrées. Les villes de Heilbronn,
Heidelberg et Mannheim sont prises en septembre-novembre 1688. Le 27 octobre, Chamlay écrit à Louvois «J'oserais
vous proposer quelque chose qui ne sera peut-être pas de votre goût, c'est que,
dès le lendemain de la prise de Mannheim, je mettrais les couteaux dedans et
ferais passe la charrue dessus. Cette place ne vous est bonne à rien, ne vous
produit aucun argent de contribution qu'Heidelberg ne puisse faire venir, et
sera peut-être un obstacle et une pierre de scandale pour la paix. [...] Pour
conclusion de tous ces raisonnements bons ou mauvais, tandis que vous n'estes
pas inquiets et que vous êtes les maîtres, ruinez,
démolissez, et mettez-vous par là en état d'être absolument maître du Rhin en
sorte que les pays des quatre électeurs du Rhin, lorsque la guerre
recommencera, deviennent la première proie de vos troupes, et leurs
fournissent d'excellents quartiers d'hiver» (François
Pernot, les "malheurs de la guerres" sous Louis XIV, Vivre ensemble,
vivre avec les autres: Conflits et résolution de conflits à travers les âges,
2012 - books.google.fr). Le loup Une de ces lucarnes, la cinquième à gauche, en regardant
le Dôme de l'Hôtel des Invalides, est ornée de la dépouille d'un loup. On dit
que ce sont les armes parlantes de Louvois (Loup voit), dont le souvenir est
ainsi rappelé dans le monument dont il fut le principal créateur (Jean
Humbert, Hotel des invalides, Volume 2, 1978 - books.google.fr). Un des généraux français se fit une renommée épouvantable
par sa férocité : ce fut Mélac, le grand exécuteur des
cruautés de Louvois, et qui, pendant deux ans, ne fut occupe
qu'à incendier. Son nom était devenu l'effroi des peuples, et, pour se donner
l'air plus cruel, il couchait avec deux loups (Théophile
Lavallée, Histoire des Français, jusqu'en 1830, Volume 3, 1852 -
books.google.fr). La mort subite de
Louvois, le 16 juillet 1691, arrivant dans de pareilles circonstances, fit
généralement croire à un empoisonnement. Saint-Simon, Dangeau, le duc de
Luynes, tous croient à un empoisonnement. «La soudaineté du mal et de la mort
de Louvois, dit Saint-Simon, fit tenir bien des discours, bien plus encore
quand on sut par l'ou verture de son corps qu'il avoit été empoisonné.» Dionis était le chirurgien de
Louvois; c'était un chirurgien fort instruit; il publia plusieurs ouvrages
encore recherchés aujourd'hui pour les observations curieuses qu'ils
renferment. Dans l'un de ces ouvrages intitulé : Dissertation sur la mort
subite (Paris, 1710, in-12), voici comment il raconte la mort de Louvois : «Le
16 juillet 1691, M. le marquis de Louvois, après avoir dîné chez lui et en
bonne compagnie, alla au conseil. En lisant une lettre au roi, il fut obligé
d'en cesser la lecture, parce qu'il se sentoit fort
oppressé; il voulut en reprendre la lecture; mais, ne pouvant pas la continuer,
il sortit du cabinet du roi, et, s'appuyant sur le bras d'un gentilhomme à lui,
il prit le chemin de la surintendance où il étoit
logé. En passant par la galerie qui conduit de chez le roi à son appartement,
il dit à un de ses gens de me venir chercher au plutôt. J'arrivai dans sa
chambre comme on le déshabilloit; il me dit :
Saignez-moi vite, carj'étouffe. Je lui demandai s'il sentoit de la douleur plus dans un des côtés de la poitrine
que dans l'autre; il me montra la région du cœur, en me disant : Voilà où est
mon mal. Je lui fis une grande saignée en présence de M. Séron,
son médecin. Un moment après il me dit : Saignez-moi encore, car je ne suis
point soulagé. M. Daquin et M. Fagon arrivèrent, qui
examinèrent l'état fâcheux où il étoit, le voyant
souffrir avec des angoisses épouvantables; il sentit un mouvement dans le
ventre comme s'il vouloit s'ouvrir, il demanda la
chaise, et peu de temps après s'y être mis, il dit : Je me sens évanouir. Il se
jeta en arrière, appuyé sur les bras d'un côté de M. Séron,
et de l'autre d'un de ses valets de chambre. Il eut des râlements qui durèrent
quelques minutes, et il mourut. Le jugement certain qu'on peut faire de la cause de cette
mort, est l'interception de la circulation du sang; les poumons en étoient pleins, parce qu'il y étoit
retenu, et il n'y en a point dans le cœur, parce qu'il n'y en pouvoit point entrer; il falloit
donc que ses mouvements cessassent, ne recevant point de sang pour les
continuer; c'est ce qui s'est fait aussi et ce qui a causé une mort si subite. «Telle
est l'opinion des hommes de l'art, ajoute M. Le Roi; c'est à une apoplexie
pulmonaire qu'ils attribuent avec juste raison la cause de la mort, et l'on ne
voit nulle part qu'ils aient parlé d'empoisonnement, ainsi que l'affirme
Saint-Simon. D'ailleurs Louvois étoit menacé depuis
longtemps de cette affection ; il éprouvoit
fréquemment des oppressions que les médecins cherchoient
à combattre en lui donnant les eaux de Forges, qu'il alloit
prendre tous les matins dans l'orangerie, où le suivoient
ses commis pour ne pas discontinuer son travail ordinaire.» (Dionis.) Il résulte
de ces faits que Louvois a été frappé d'une attaque d'apoplexie pulmonaire, et
qu'il faut reléguer au rang des fables tous les bruits d'empoisonnement qui
circulèrent au moment de sa mort (Journal
du marquis de Dangeau: 1689-1691, Tome 3, 1854 - books.google.fr). Le piège des
alliances Surtout, en 1674, comme en 1688-1689, le ravage et le sac
du Palatinat vont à l'encontre de l'évolution globale des pratiques militaires.
Au-delà de le condamnation morale, le
ravage du Palatinat fut donc un échec complet sur le plan diplomatique et de le propagande, puisqu'il contribua à rallier presque toute
l'Europe contre la France et à noircir pour longtemps son image sur la scène
internationale. En effet, cet épisode resta, pour Fénelon et dans l'esprit
de le grande majorité des philosophes des Lumières
(Voltaire, les Encyclopédistes, Mably...) comme le symbole de l'absolutisme et
de le démesure du règne de Louis XIV S'agit-il déjà de « brutalisation de le
guerre ? Peut-être. Toutefois, il s'agit surtout de privilégier une politique
de fermeté aux dépens de solutions diplomatiques, alors même que l'Europe
s'engage dans une approche contraire, dénonçant de plus en plus
systématiquement les exactions de le soldatesque et
privilégiant le droit international pour résoudre les conflits. Bien loin de
soumettre les populations à la France, le ravage puis le sac du Palatinat
renforcent donc le coalition anti-française en Europe.
L'opinion européenne se dresse face à Louis XIV et Pierre Jurieu. écrit à son propos «Les Français passaient autrefois pour une
nation honnête, humaine, civile, d'un esprit opposé aux barbaries ; mais
aujourd'hui un Français et un cannibale, c'est à peu près la même chose dans
l'esprit des voisins». Voltaire renchérit «C'était pour le seconde fois que ce beau pays était désolé sous Louis XIV ;
mais les flammes dont Turenne avait brûlé deux villes et vingt villages du
Palatinat n'étaient que des étincelles, en comparaison de ce damier incendie.
L'Europe en eut horreur» (François
Pernot, les "malheurs de la guerres" sous
Louis XIV, Vivre ensemble, vivre avec les autres: Conflits et résolution de
conflits à travers les âges, 2012 - books.google.fr). Plus le règne avance, moins il est possible au monarque
de se lancer dans une aventure militaire sans tomber dans le piège des alliances. Le meilleur
exemple est l'enlisement de la guerre de Hollande qui aurait dû être une
«guerre-éclair» : après le passage du Rhin (1672) et la prise d'Utrecht,
Guillaume d'Orange sauve son pays en internationalisant le conflit. Ce
caractère éclate avec évidence avec la ligue d'Augsbourg (1688-1697) et la
guerre de Succession d'Espagne (1701-1713) : Ã chaque fois, une paix de
compromis est plus difficile à obtenir pour Louis XIV qui doit se résoudre à en
appeler à ses peuples (12 juin 1709) (Didier
Souiller, Périodes du XVIIe siècle français et périodes du XVIIe siècle
européen, Littératures classiques, Numéro 34, 1998 - books.google.fr). "devant derrière" : Guillaume III dernier : derrière (Pierre
Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition
Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). Other
apparently only graphic forms bore a similar cultural weight - linking italics,
for example, to what was known as sexual entry 'the preposterous Italian way'. Sexual
entry by the 'posterne' or 'back door' according to
the supposed 'Italian fashion' was one of the mon common figures for the 'arsy versy’, 'assbackwards',
or 'preposterous' in the sexual sense, evoked in the 'back-door'd
Italian' of Dekker's I Honest Whore, in Middleton's ‘’tis such an Italian
world, many men know not before from behind' in Michaelmas
Term and the sexually suggestive 'key given after the Italian fashion,
backward' in A Mad World, My Masters. 'In Italy', according to Lacy's Dumb Lady,
'both women and boys have their before behind, behind before, as well as your horses
have here'. In Mason's The Turk, a gentleman usher whose office is normally
to come 'before' remarks that his 'office' (a standard sexual term) has been 'ilalianated, I am faine to come behinde' (5.1.2156). 'Italian' and 'Italian fashion'
continued to have these associations in English writing throughout the early
modern period. [...]Â One of the many texts linking William III
with sodomy asserts that 'Billy with Benting does
play the Italian', while a 'Ladies Complaint' from the 1690s daims that King William 'Makes love like an Italian and
Rules like a Turk [...] who would ha' thought that a Low Country Stallion [...]
should prove an Italian' (Patricia
Parker, Spelling backwards, Rhetoric, Women and Politics in Early Modern
England, 2007 - books.google.fr). Le bouillant ministre Jurieu appartenait tout à la fois Ã
l'école calviniste de France et de Hollande ; ce n'était point un esprit calme
et froid comme Burnet; sa passion de controverse l'entraînait à tout attaquer,
les catholiques et la réforme elle-même. L'influence de Jurieu était éminente
néanmoins dans la politique, parce qu'aux époques passionnées les esprits
agités et convaincus prennent un immense ascendant ; ils sont en rapport avec
les idées qui brûlent. Jurieu suivait le roi Guillaume en Hollande ;
c'était son organe et son ministre auprès des États de la Haye. Jurieu,
très-lié avec le grand pensionnaire Heinsius, procurait à Guillaume III les
subsides de guerre, et l'appui ferme et persévérant de l'opinion huguenote. Ce
n'est pas sans motif que les caricatures françaises poursuivaient avec un si
profond acharnement l'évêque Burnet et le ministre Jurieu ; on savait bien que
c'étaient là les auxiliaires les plus actifs de la cause protestante, liée
désormais aux destinées de Guillaume III (Jean
Baptiste Honoré Raymond Capefigue, Louis XIV, son gouvernement et ses relations
diplomatiques avec l'Europe suivi de Philippe D'Orleans regent de France, 1844
- books.google.fr). Cf. quatrain II, 80 - La délivrance attendra - 1689-1690. "Le grand n'echappe" Le protestant de 1688, Bayle excepté, est éminemment favorable à la révolution. Il la qualifie de «bienheureuse», de «miraculeuse», ou bien l'appelle «la merveille» (Jurieu), «la grande délivrance» (Larrey), «l'admirable événement» (Larrey), tandis que Guillaume d'Orange devient «le grand», «le favori de Dieu» ou le «Libérateur» chez Bayle parodiant le style des laudateurs (J.M. Goulemot, Annales historiques de la révolution française : organe de la Société des études robespierristes, 1967 - books.google.fr). Dans le journal de Saint Simon on lit : (1693) «Le prince d'Orange
étoit campé à l'abbaye de Parc (près de Louvain) , de manière qu'il n'y pouvoit
recevoir de subsistances et qu'il n'en pouvoit sortir
sans avoir les deux armées du roi sur les bras. Il s'y retrancha à la hâte, et
se repentit bien de s'y être laissé acculer si promptement. On a su depuis qu'il écrivit plusieurs fois
au prince de Vaudemont, son ami intime, qu'il étoit perdu et qu'il n'y avoit
que par un miracle qu'il en pût échapper. Son armée étoit
inférieure à la moindre des deux du roi, qui l'une et l'autre étoient abondamment pourvues d'équipages, de vivres et
d'artillerie, et qui, comme on peut le croire, étoient
maîtresses de la campagne. « Dans une position si parfaitement à souhait pour
exécuter de grandes choses et pour avoir quatre grands mois à en pleinement
profiter, le roi déclara, le 7 juin, à M. de Luxembourg qu'il s'en retournoit à Versailles, qu'il envoyoit
Monseigneur en Allemagne avec un gros détachement et le maréchal de Boufflers.
La surprise du maréchal de Luxembourg fut sans pareille. Il représenta au roi
la facilité de forcer les retranchements du prince d'Orange et de le battre
entièrement avec une de ses deux armées et de poursuivre la victoire avec
l'autre... Mais la résolution étoit prise.
Luxembourg, au désespoir de se voir échapper une si glorieuse
et si facile campagne, se mit à deux genoux devant le roi, et ne put rien
obtenir. Madame de Maintenon avoit inutilement tâché
d'empêcher le voyage du roi ; elle en craignoit les
absences ; ne si heureuse ouverture de campagne y auroit
retenu le roi longtemps pour en cueillir par lui-même les lauriers; ses larmes
à leur séparation, ses lettres après le départ furent plus puissantes, et
l'emportèrent sur les plus pressantes raisons d'Etat, de guerre et de gloire.» Remarquons d'abord avec quel art perfide toute cette
dernière phrase est rédigée. Écoutons encore Dangeau : « Jeudi 18 juin. M. de Luxembourg, qui est campé à une lieue des
ennemis, a été reconnoître leur camp (de Parc) ; il
s'est approché d'assez près pour distinguer les rues de l'infanterie et de la
cavalerie : ils sont couverts d'un
ruisseau difficile à passer, et on ne peut pas les attaquer dans ce camp-là . »
Luxembourg resta ainsi devant le camp de Parc jusqu'au 12 juillet, sans oser
faire une seule attaque ; à la fin il se décida à décamper lui-même, s'estima
heureux de n'être pas attaqué dans sa retraite, et manœuvra alors uniquement
pour faire sortir son adversaire de sa formidable position; il y parvint. Après
dix-sept jours d'efforts, il l'attira entre les deux Gèthes,
et, le voyant sur le point de regagner son camp de Parc, il le força à livrer
bataille. C'était le 29 juillet ; c'est alors, le 29 juillet, que s'engagea la
glorieuse et stérile bataille de Neerwinde. Comme on
le voit, Louis XIV ne manqua pas une occasion unique d'écraser son rival en
n'attaquant pas un camp que Luxembourg n'osa attaquer pendant plus d'un mois,
et qu'en définitive il jugea inattaquable. Comme on le voit, sa retraite ne fut
pas motivée par la peur que lui faisait son adversaire, puisque son plan de
campagne était changé à l'avance. S'il quitta l'armée et laissa le commandement
suprême à Luxembourg, ce fut par un sentiment de délicate confiance qui était
dans ses habitudes ; enfin, s'il cessa de paraître a la tête de ses armées, ce
n'est pas parce qu'il perdit sa réputation militaire dans cette campagne, et
qu'il se sentit honteux du rôle qu'il y avait joué ; c'est parce qu'il n'était
plus jeune, et, comme il le disait aux dames de Saint-Cyr, parce qu'il croyait
que ses généraux faisaient mieux que lui (Théodore Vallée) (Philippe
de Courcillon de Dangeau, Journal, Tome 16, 1859 - books.google.fr). Nay Nous possédons un livre intitulé Récit véritable de l'horrible conspiration tramée contre la vie de Sa
Sacrée Majesté Guillaume III. Ce livre nous apprend qu'en 1691, sous le ministère de Louvois, un capitaine, nommé Grandval,
offrit aux cours de Saint-Germain et de Versailles d'assassiner Guillaume,
que ses offres furent agréées, que la tentative fut faite en 1692, que le
procès fut public, conduit avec douceur et sans torture, que l'accusé avoua
tout. Publié en Anglais, traduit en toute langue, le livre ne reçut aucun
démenti. Macaulay, si modéré et si judicieux, établit solidement qu'il n'y a
pas l'ombre d'un doute (Jules
Michelet, Histoire de France, Tome 14 : Louis XIV et le duc de Bourgogne, 2015
- books.google.fr). En Angleterre, 1690 fut l'année de la première
conspiration jacobite. Le quaker William Penn avait assuré à Jacques II qu'en
cas d'invasion de l'Angleterre depuis la France ou l'Irlande, les partisans du
roi afflueraient. Un climat d'agitation se développa, tandis que, dans le Nord
et à Londres, les Jacobites se regroupaient en compagnies. Les principaux
instigateurs du complot étaient des Protestants, dont les comtes de Clarendon et d'Ailesbury, ainsi
que Lord Dartmouth qui devait informer Jacques II et la France sur les
mouvements de la flotte anglaise. Le vicomte Preston, un Écossais, était au
centre du complot. Un ancien page de la comtesse de Melfort,
Fuller, qui servait de courrier avec Saint-Germain, dévoila leurs noms. Mais la
peur d'une invasion française dans l'opinion publique anglaise affermissait
suffisamment la position de Guillaume d'Orange pour lui permettre d'être
clément. Les mêmes conspirateurs Preston, Clarendon, William Penn, Francis Tuner, évêque d'Ely,
et Dartmouth furent impliqués dans une nouvelle conspiration. Leurs intentions
étaient d'obtenir de Jacques II des garanties pour leurs libertés civiles et
religieuses. Lord Preston et John Ashton, accompagnés d'un nommé Elliot,
totalement étranger au complot, furent arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient Ã
passer en France. On trouva sur eux des lettres qui dévoilaient toute la
conspiration, notamment un état de la flotte anglaise fourni par Dartmouth.
Ashton et Preston furent jugés et condamnés à mort. Le premier fut exécuté,
ouvrant ainsi la liste des «martyrs jacobites» dont beaucoup, de 1690 à 1756, utilisèrent
leurs derniers instants pour en faire un «Jacobite Theater of Death» et proclamer la valeur de leur cause. Cette mort
troubla profondément Jacques II qui voyait pour la première fois les institutions
judiciaires anglaises (Nathalie
Genet-Rouffiac, Le grand exil: les jacobites en France, 1688-1715, 2007 -
books.google.fr). A short
time after the disappearance of William Penn,
Lord Sidney received from him a strange communication. Penn begged for an interview,
but insisted and Sidney on a promise that he should he suffered to return
unmolested to his hidingplace. Sidney obtained the
royal permission to make an appointment on these terms. Penn came to the rendez-vous, and spoke at length in his own defence. He declared that he was a faithful subject of King
William and Queen Mary, and that, if he knew of any design against them, he
would discover it. Departing from his
Yea and Nay, he protested, as in the presence of God, that he knew of no plot,
and that he did not believe that there was any plot, unless the ambitious
projects of the French government might be called plots (Thomas
Babington Macaulay, The History of England from the Accession of James the
Second, Tome 6, 1877 - books.google.fr). Le quakerisme, on le sait, a développé une éthique forte
de l’usage du langage - et du silence - qui l’a conduit à une séparation
radicale avec «l’usage du monde». Un quaker se doit d’adopter dans ses discours
une sincérité et une transparence totales, en adéquation avec l’exigence du
«plain speech» (parallèlement au «plain dress» qui
est également requis). Le serment
apparaît ainsi comme un ornement superflu par rapport à la sainte nudité du yea et du nay. William Penn
décrit ainsi le serment comme «une manière extraordinaire de parler», hautement
artificielle et s’écartant de la simplicité et de la rectitude évangéliques.
De plus, l’obligation de prêter serment semble suggérer qu’il serait au fond
permis de mentir dans la conversation ordinaire ; il s’agirait donc bien d’une
concession excessive à la nature pécheresse de l’humanité déchue, que les
quakers ne sont pas disposés à accepter pour eux-mêmes ni pour autrui (Cyril Selzner,
Conscience radicale et contestation du serment au XVIIe siècle en Angleterre :
le cas des quakers, Études Épistémè n°24, 2013 - journals.openedition.org). Nay 2 S'il n'est pas question ici de faire la biographie de Jean de la Placette (1639 - 1718), de Jacques Abbadie (Nay 1654 - Londres 1727) ou de Jean de la Fhe, signalons d'une part que la Placette rninistre à Orthez et à Nay dut s'expatrier en 1685 à Kœnigsberg puis à Copenhague où il continua d'exercer son ministère, qu'Abbadie, élève de la Placette fut, dès avant la révocation, pasteur de l'église française de Berlin où il accueillit nombre de réfugiés après 1685, puis aumônier des troupes de Guillaume d'Orange-Nassau qu'il aida à conquérir le trône d'Angleterre en 1688. C'est dire que les œuvres de ces théologiens-moralistes, souvent publiées à l'étranger (Amsterdam, Rotterdam, La Haye) ne reflètent que partiellement les thèmes de leurs prédications et la théologie quotidienne vécue. Il est cependant intéressant de constater que si cette théologie protestante d'origine béarnaise du XVIIe siècle continue de débattre des thèmes traditionnels (la transsubstantiation, la prédestination et le problème de la liberté), elle fut aussi à  l'origine du combat contre les libertins rationalistes dans la querelle Foi-Raison (contre Spinoza et contre Bayle) (H. Bost, Présentation de la Copie dune lettre écrite de Pau en Béarn, Réformes et révocation en Béarn, XVIIe-XXe siècles, 1685-1985, 1986 - books.google.fr). |