Phaleg II, 95 1700-1701 Les lieux peuplés seront inhabitables Pour champs avoir grande division : Regnes livrés à prudents incapables : Lors les grands freres
mort & dissension. Phaleg Comme on le voit dans le quatrain suivant II, 96, le nom
biblique du fils d'Héber, Phaleg,
signifie division, partage, au temps où la terre fut partagée et les peuples
dispersés après la chute de la tour de Babel. Phaleg
avait un frère puiné Joctan. PELEGRIN, PELLEGRIN, PELEGRI, PELLEGRI, PELLERI, PELERI,
s. m., lat. PEREGRINUS, voyageur, étranger, pèlerin : Am que passava l'aigua del Var als PELLEGRINS (Vie de Saint Honorat, "Avec
quoi il passait l'eau du Var aux
pèlerins" On trouve aussi Pelech pour Phaleg Pelech, cat. Eau. V. Peleg. En lo gr an pelech de la mar. Dans la grande eau de la mer. Vie
de saint Honorat. Ety. du
lat. pelagus, la mer "Pelago", pelagus, la mer; de Peleg, Pe lamed gimel,
fluctus, un flot ; Pelagim,
les flots ; de Palag, Pe lamed gimel, dividere Cette partie, qui regarde principalement le dixième
chapitre de la Genèse, où il est parlé de la migration des premiers peuples, a
été discutée par de savans hommes. Arias Montanus en
a parlé avec une juste & savante précision, dans son troisième livre des
Antiquités judaïques; le laborieux P. Kircher en a dit des choses assez
curieuses dans le livre qu'il a fait sur la tour de Babel. Mais personne n'a
poussé cette matière aussi loin que M. Bochart, qui a
rassemblé dam son Phaleg (ou Geographia
sacra, Caen, 1646), non-seulement ce qu'il y a de plus certain sur cette
matière ; mais encore ce que le génie le plus fertile en conjectures savantes a pu faire imaginer Samuel Bochart (1599-1667)
développe et précise l’origine hébraïque du gaulois, et il a pour adeptes
Dickinson (1624-1707) en Angleterre, et P.Borel
(1620-1689) en France Grands frères Cette expression «Maison de Péleg»
du texte essénien du Commentaire de Nahum, est en elle-même fort énigmatique ;
elle ne s'était rencontrée ailleurs qu'une seule fois dans toute la littérature
qoumrânienne, à savoir dans l'Écrit de Damas, XX, 22
; mais nul critique n'avait pu jusqu'ici en deviner le sens exact. Notre
Commentaire de Nahum en révèle, croyons-nous, la signification véritable :
c'est encore un surnom, une expression moqueuse, pour désigner tout simplement
la Maison asmonéenne, c'est-à-dire cette famille, cette dynastie, alors divisée
en deux clans, en deux partis : celui d'Hyrcan II et celui d'Aristobule II. Le
mot «Péleg», en effet, qui, dans la Genèse (X, 25),
est le nom d'un des fils du patriarche 'Eber, se
rattache à une racine hébraïque courante qui signifie «diviser» : la Genèse
elle-même, dans le verset cité, joue sur ce sens en expliquant que Péleg fut ainsi nommé «parce que c'est de son temps que se
divisa (la population de) la terre». L'auteur essénien, recherchant pour la
dynastie honnie quelque sobriquet de saveur biblique, a forgé cette locution
mystérieuse qui stigmatise le mal essentiel dont souffre cette dynastie :
«Maison de Péleg», c'est-à-dire Maison de Division.
[...] Le Commentaire de Nahum nous
livre une clé nouvelle pour la solution de problèmes chronologiques
fondamentaux. Le Maître de justice n'a pas exercé son ministère sous Jonathan
ou sous Simon, au second siècle avant J.-C. : pour cette époque, l'expression
«les impies d'Éphraïm et de Manassé» n'aurait eu aucun sens, - mais au premier
siècle avant J.-C, au temps de la rivalité des deux fils de Jannée
; c'est pour ceux-ci qu'ont été précisément forgés les deux surnoms d'Ephraïm
et de Manassé, qui portent clairement la marque d'une situation historique bien déterminée Le Récit de l'enfance de Leabhar Breac nomme le père d'Alexandre Jannée Phaleg, ce qui est à mettre en rapport avec la "Maison de Phaleg" essénienne. Pourtant Flavius Josèphe explique dans la Guerre des Juifs que ce père nommé Jean était aussi connu sous le nom d'Hyrcan, mais n'explique pas la raison qui justifiait cette dénomination (fr.wikipedia.org - Jean Hyrcan Ier). 102 As for Alexander, the son of Phaleg, who held the chieftaincy of the sons of Israel, as we have related, he had two sons, Aristobulus and Hyrcanus. Now it happened that Antipater son of Herod the Ascalonite at that time had become a rich, energetic man in the land of Judah. Hyrcanus son of Alexander then went to him, and they made a pact to be united in opposition to Aristobulus son of Alexander, his own brother. [...] "Alexander the son of Phaleg" is Alexander Jannaeus, father of Aristobulus II and Hyrcanus (mentioned in Eusebius Hist. eccl. I. 6. 6) (The Infancy Narrative of the Leabhar Breac and related manuscripts, Apocrypha Hiberniae, 2001 - books.google.fr). La compilation J de l'enfance est un récit apocryphe chrétien écrit en latin portant sur l'enfance de Marie, la naissance de Jésus et son enfance. On la qualifie de compilation puisqu'il s'agit du rassemblement de plusieurs textes. La lettre J vient du nom de son premier éditeur, Montagues Rhode James. La compilation J originelle n'existe plus, cependant la recherche contemporaine a permis d'en reconstruire les sources : l'Évangile du Pseudo-Matthieu et une compilation plus ancienne, appelée compilation I, qui est également à l'origine d'apocryphes irlandais : le Liber Flavus Fergusiorum et le Récit de l'enfance de Leabhar Breac. Cette compilation I puise elle-même à deux sources : le Protévangile de Jacques et une «source spéciale», correspondant peut être au Liber de natiuitate saluatoris et de Maria uel obstetrice apocryphus mentionné dans le décret de Gélase (fr.wikipedia.org - Compilation J). Le Leabhar Breac ou «Livre tacheté» (Royal Irish Academy, Ms. 23, p. 16) est un manuscrit au contenu principalement religieux, compilé vers 1411 ou un peu avant par un des membres de la famille des MacEgans de Muscrige-Tíre, dans le nord du Tipperary. Vers le milieu du XVIe siècle, il était entre les mains d'une branche de la famille établie à Dún Daighre (Duniry) et a aussi porté le nom de «Grand Livre de Duniry» (Leabhar Mór Dúna-Daighre). Il appartient à la Royal Irish Academy qui en a publié un fac-similé exécuté par Joseph O'Longan en 1876 (Dominique Barbat-Massin, Le traité irlandais sur les couleurs liturgiques du Leabhar Breac, Corona Monastica: Moines bretons de Landévennec : histoire et mémoire celtiques. Mélanges offerts au père Marc Simon, 2015 - books.google.fr). Daniel (Donal) MacEgan, du diocèse d'Ardagh dans la province d'Armagh en Irlande, alors qu'il avait une cinquantaine d'années, était professeur de théologie à l'université de Reims en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle (Collectanea Hibernica, Volume 41, 1999 - books.google.fr). Hyrcan II ou Jean Hyrcan II est un grand-prêtre du Temple
de Jérusalem et un roi appartenant à la dynastie des Hasmonéens (mort en -30).
Il est le fils d'Alexandre Jannée et de Salomé
Alexandra. Il joue un rôle dans la prise du contrôle du royaume de Judée par
les Romains en 63 av. J.-C. Puis il permet à Hérode le Grand de devenir roi en
-37. Après la mort de Salomé Alexandra en 67 av. J.-C., une
guerre civile éclata entre ses deux fils Hyrcan et Aristobule, partisans l'un
des Pharisiens, l'autre des sadducéens. Hyrcan ajoute à sa fonction de
grand-prêtre la couronne de roi, car il avait probablement été désigné roi par
sa mère. mais son pouvoir est violemment contesté par
son jeune frère Aristobule. Celui-ci, à qui Alexandra avait confié son armée,
écrase les partisans de son frère près de Jéricho, puis prend possession de
Jérusalem. Hyrcan, assiégé dans le Temple avec ses partisans, hésite à se
servir de la famille d'Aristobule qu'il retient en otage. Les deux frères se
rencontrent dans le Temple et passent une alliance : à Aristobule revient la
royauté et à Hyrcan la charge de grand-prêtre. Pour renforcer leur alliance,
Alexandra, la fille d’Hyrcan épouse Jonathan Alexandre II, le fils
d'Aristobule. Il paraît alors renoncer au trône ainsi qu'à la dignité de
grand-prêtre en faveur de son frère cadet. En 66 av. J.-C., la guerre civile juive semble terminée, lorsque intervient Antipater, un Iduméen important d’une
famille convertie au judaïsme sous Jean Hyrcan et dont le père Antipas était
stratège (gouverneur) d’Idumée sous Alexandre Jannée.
L'ambitieux Antipater a succédé à son père dans cette fonction et il possède
des troupes qui lui sont aussi fidèles qu'elles sont efficaces. Antipater
devient le principal conseiller d'Hircan. Antipater a
plusieurs fils à qui il confie des fonctions de gouverneurs d'autres
territoires. L'un de ses fils régnera par la suite en Judée sous le nom
d'Hérode le Grand. Sous l’influence d’Antipater, Hyrcan décide de revenir sur
son accord avec Aristobule et d’exiger le pouvoir avec le soutien du roi des
Nabatéens Arétas III qui entre en guerre contre
Aristobule et détruit une partie de son armée. Celui-ci se réfugie à Jérusalem
et se retrouve assiégé dans le Temple en -64. Le peuple et les Pharisiens
soutiennent Hyrcan qui fait figure de souverain légitime en raison de son droit
d'aînesse, mais la puissante caste des Sadducéens reste majoritairement fidèle
à Aristobule. Le siège cesse lorsque le général romain Pompée, en
campagne militaire en Orient, envoie Aemilius Scaurus
à Damas. Antipater, se rend toutefois auprès de Pompée et parvient à le
convaincre de fournir un arbitrage entre Hyrcan et Aristobule. Les partisans de
ce dernier refusent d'obéir à sa rédition et se
barricadent dans le Temple. Pompée assiège Jérusalem, mais les hommes de Jean
Hyrcan II ouvrent les portes de la ville aux Romains. L'assaut final se conclut
en carnage contre les partisans d'Aristobule (-63), qui se réfugient dans le
Temple. Vers la fin de l'automne -63, après trois mois de siège, Pompée
investit le Temple. Hyrcan et Antipater se maintiennent au pouvoir à l'ombre
de Rome. En -58, Hyrcan doit fuir Jérusalem pendant la révolte d'Alexandre II,
fils de son frère Aristiobule, révolte mâté par les
Romains. En -42, avec l'aide de Ptolémée Mennaeus
Tétrarque de Chalcis, de Marion tyran de Tyr et avec la complaisance de Fabius
gouverneur de Damas, Antigone II, autre fils d'Aristobuile
II, envahit la Judée mais il est repoussé par Hérode le Grand qui gouvernait le
pays pour le compte d'Hyrcan II. Ce dernier pour remercier son sauveur et
l'intégrer dans la famille royale lui accorde la main de Mariamme,
sa petite-fille, fille d'Alexandre II fils d'Aristobule II. Aristobule III, petit-fils d’Hyrcan et frère de Mariamne l'Hasmonéenne, est alors le dernier prétendant légitime de
la dynastie hasmonéenne. Avec Hyrcan, il représente un danger pour Hérode.
Hérode lui accorde la charge de grand-prêtre bien qu'il n'ait que 17 ans, puis
le fait noyer dans son palais de Jéricho. Cela soulève contre lui sa femme
Mariamne, sa belle-mère Alexandra et Hyrcan. Hérode fait finalement tuer Hyrcan
en -30, Alexandra et Mariamne en -29, puis les deux fils qu’il avait avec
Mariamne, Alexandre et Aristobule IV, quelques années plus tard, en 7 av. J.-C. Hyrcan II et Aristobule II était frères, grands peut-être
par leur titre de grand prêtre. Cf. le quatrain suivant II, 96 - Les cadeaux des Rois
mages - 1701-1702. L'Apocalypse d'Elie serait un ouvrage juif du Ier siècle avant Jésus-Christ réutilisé et actualisé au
IIIème siècle de notre ère. Avec quelques autres pseudépigraphes préoccupés par
la fin des temps, elle représente, spécialement dans sa troisième partie, un
point de fixation important de la légende de l'Antéchrist. Sa description est
vraiment pittoresque : “C'est un petit Péleg, jeune,
aux jambes grêles ; sur le devant de sa tête, il y a une touffe de cheveux
blancs ; il est chauve ; ses sourcils vont jusqu'aux oreilles ; sur le devant
de ses mains il y a une tache de lèpre.” Le mot Péleg se trouve écrit en
copte pelèg (version akhmimique
de l'Apocalypse), pelèk (version sahidique). Certes,
en copte, la transcription de Péleg la plus courante
est phalek, mais les versions coptes se contentent
alors de reproduire la transcription grecque du mot. pelèg dans le texte akhmimique
n'est en fait que la transcription, sans doute par un intermédiaire grec, de
l'hébreu, de même que pelèk dans le texte sahidique.
Cette explication laisse entrevoir, à partir d'un exemple précis, toute une
évolution sémantique. Le nom de Péleg, simple maillon
d'une chaîne généalogique dans la Genèse, devenu à Qoumrân
le symbole de la dynastie asmonéenne honnie, en est venu à désigner dans
l'Apocalypse d'Élie l'Antichrist "incapables" Lors de la rencontre avec Piompée
en -63, aux accusations de son frère, Aristobule répondit "qu'Hyrcan avoit été déposé uniquement à cause de son incapacité : que
sa nonchalance & sa paresse le rendant absolument incapable des affaires,
le peuple l'avoit méprisé : & que lui Aristobule avoit été obligé de prendre les rênes du gouvernement pour
l'empêcher de tomber en des mains étrangères : enfin, qu'il portoit point d'autre titre que celui qu'avoit eu son père Alexandre" Avec le secours des Parthes, Antigone II renversa du
trône Hyrcan II, à qui il fit couper les oreilles pour le rendre incapable
d'exercer la souveraine sacrificature Typologie En prenant comme date pivot -55, le report de 1701 donne
-1811, date selon la chronologie samaritaine (cf. quatrain suivant II, 96), de
l'exil de Jacob en Egypte après une famine de 7 ans Après Éber, son fils Peleg. À l'âge
de 130 ans, il engendra Re'u. En tout, il vécut 343
ans. En sa centième année, le premier
roi d'Égypte, Panopis, régna 68 ans. En l'an 140
de Peleg, la terre fut partagée une seconde fois
entre les fils de Noé Canada On peut mettre en relation ce quatrain avec le I, 63
interprété comme colonisation de l'Amérique (1603-1604), réalisé par l'émigration de populations européennes :
Les fleaux passés diminué le monde : Long temps la paix
terres inhabitées : Seur marchera par ciel, terre, mer & onde : Puis de nouveau les
guerres suscitées. La Chasse doit avoir été une occupation très utile &
très nécessaire dans les tems qui ont suivi immédiatement la dispersion, tous les
Pays étant alors pleins de Bêtes sauvages, qui les rendoient
presque inhabitables : voilà pourquoi la qualité de grand Chasseur (que Nimrod possedoit probablement) étoit très propre à lui concilier l'estime & la
bienveillance de ses contemporains. C'est par cet exercice, que les anciens
Perses formoient leurs Rois à la Guerre ; &
même, encore à présent, la chasse est considérée en plusieurs Pays comme une
partie essentielle de l'éducation des Princes Phaleg a parfois été associé
aux Pélasges, peuple établi en Grèce, en Italie. Pélasges (en grec ancien Pelasgoí)
est le nom donné par les Grecs anciens aux premiers habitants de la Grèce,
avant les grandes invasions achéennes, éoliennes et ionienne Mœbius, dans son Traité des
Oracles, déclare que la race américaine eut pour ancêtres les apôtres et
quelques femmes groënlandaises qu'ils trouvèrent
égarées sur les rivages déserts du Canada, où ils venaient apporter la lumière
de l'Evangile. Le père Lafiteau pense, au contraire, que le Nouveau-Monde doit sa
population aux émigrations de ces peuples antiques si célèbres, sous le nom de
Pélasges, comme fondateurs des nations les plus civilisées de l'Ancien
Monde: les Grecs, les Etrusques, les Troyens, etc. Les Caraïbes lui
paraissaient être une tribu de Cariens, à cause de la conformité du nom, et surtout,
dit Voltaire, persiflant sans pitié le malencontreux jésuite, parce que les
femmes caraïbes accommodaient la cuisine de leurs maris absolument comme les
femmes cariennes. Une chose pourtant inquiétait Lafiteau,
la couleur rouge d'une partie de la population américaine. Mais cette
difficulté n'était pas de nature à l'arrêter longtemps, et il suppose que les
Caraïbes naissent rouges à cause de l'habitude qu'avaient jadis leurs pères de
se peindre le corps avec cette couleur, d'où il résulte que leurs femmes, les
voyant teints de cette sorte, en eurent l'imagination si frappée, que leur race
s'en ressentit pour jamais. Le temps de ces vaines explications est passé, et
nous avons accompli assez de progrès dans la science pour pouvoir traiter de
rêveries absurdes ces théories qui ont longtemps occupé les esprits les plus
sérieux. Quelques équipages phéniciens ou carthaginois, dans leurs navigations
sur les côtes occidentales de l'Afrique et sur celles des lies
de Madère ou des Canaries, ont pu être jetés par la tempête sur les plages
américaines et y apporter quelques éléments de civilisation. Mais c'est là tout
ce qu'on peut raisonnablement admettre Joseph-François Lafitau, né et
mort à Bordeaux en France (1681 - 1746), est un missionnaire jésuite en
Nouvelle-France. On le connaît surtout pour un ouvrage d'ethnographie qui lui a
valu d'être considéré comme un pionnier de cette discipline. Lafitau est un observateur attentif des coutumes
amérindiennes. Il fait paraître en 1724 Mœurs des sauvages américains comparées
aux mœurs des premiers temps, où il tente, en les mettant en parallèle avec
celles des sociétés de l’Antiquité, de démontrer que les mœurs des Iroquois ne
sont pas aberrantes. Il s’efforce aussi de prouver l’origine commune des
Amérindiens et des Occidentaux et d’étayer ainsi le concept d’unité de
l'humanité tiré de la Genèse (Adam et Ève, couple initial unique) "grands
frères" au Canada La fondation de Québec en 1608 par Samuel de Champlain,
marque en Nouvelle-France le début de l’exploitation méthodique des immenses
richesses des forêts boréales par les marchands venus de la métropole. Le
contrôle des réseaux de la traite des fourrures devient un enjeu de rivalité
entre les différentes nations amérindiennes, chacune souhaitant apparaître en
interlocuteur privilégié auprès des Européens. La «guerre des fourrures» oppose
bientôt les Hurons et les Algonquins alliés des Français aux nations iroquoises
de la puissante Ligue des cinq nations soutenues par les Hollandais puis les
colons anglais. À compter de 1697, les Iroquois se départent
progressivement de leur attitude intransigeante. Leur déclin démographique
s’est accentué au fil des conflits et des épidémies, mettant en péril jusqu’à
leur existence même. Parallèlement, le commerce en Iroquoisie
est quasi-ruiné à la fin du XVIIe siècle et seuls les marchands de
Nouvelle-Angleterre trafiquent avec les Cinq-Nations. Le verrou iroquois enfin
levé, rien ne s’oppose désormais à l’élaboration d’une paix globale profitable
à l’ensemble des parties. Jusqu’alors et tout au long du siècle, plusieurs paix
séparées avaient été conclues tant entre les Français et les Amérindiens
qu’entre nations Amérindiennes. Toutes se révélèrent sans lendemain. À la
lumière des tentatives précédentes, cette négociation décisive va faire l’objet
de plusieurs étapes préliminaires. En mars 1700, une première conférence est organisée en
territoire iroquois, à Onontagué. En septembre de la
même année, une paix préparatoire est signée à Montréal avec les Cinq nations
iroquoises. Treize marques amérindiennes figurent sur le traité. À la suite de
cette première entente, il est convenu qu'une invitation sera portée à toutes
les nations des Grands Lacs pour qu'elles se rendent à Montréal à l'été 1701
afin d’y ratifier l’entente générale. Des émissaires français, religieux et
soldats particulièrement bien introduits parmi les Amérindiens, sont chargés de
cette approche diplomatique, notamment Jean-Baptiste Nicolas Perrot, le
«Français le plus connu à l'Est du Mississippi», qui avait auparavant visité
nombre de tribus amérindiennes au cours de ses voyages et fut pionnier du
Wisconsin. Dans l’attente du grand rassemblement, les négociations continuent :
à Montréal, en mai 1701, c’est la question de la neutralité des Cinq nations
qui est abordée. La signature s’effectue le 4 août dans une grande plaine
en dehors de la ville, aménagée pour l’occasion. Les représentants de chacune
des nations apposent la marque de leur tribu au bas du traité, le plus souvent
un animal. Un grand banquet suit l’acte solennel puis le calumet est échangé
par les différents chefs, chacun d’entre eux prononçant une harangue de paix. L'entente
est importante. Elle met fin aux guerres entre les Français et les Iroquois,
ainsi qu'entre ces derniers et les autres nations autochtones alliées des
Français. Trois clauses ressortent particulièrement : tous les captifs,
autochtones ou non, sont libérés et retournés dans leur nation ; les
territoires de chasses sont mis en commun et partagés entre les autochtones.
Cette clause a toujours valeur juridique ; les nations amérindiennes demeurent
neutres en cas de conflit entre les colonies françaises et anglaises La Ligue des Cinq Nations est une confédération de tribus
iroquoises fondée en 1570 : Seneca, Cayuga, Onondaga, Oneida, Mohawks,
auxquels les Tuscarora viennent s'ajouter en 1722. Traditionnellement, le Grand Conseil de la Ligue compte
approximativement cinquante chefs issus des clans des villages qui composent
les Cinq Nations. [...] Les dissensions internes de chaque nation et entre les
nations membres étaient laissées à la discrétion du conseil de ces nations, de
même que les décisions de guerre qui semblent être une affaire individuelle.
[...] Mohawks, Onondagas
et Senecas (les grands frères) représentent le
principe paternel ou agadoni, alors que les Oneidas et Cayugas (les frères
cadets) représentent le principe maternel «Tous les êtres, qu'ils soient humains ou non, sont
parents et forment une famille. La terre est la mère de tous, la lune est la
grand-mère, les vents sont les grand-pères, les
autres Nations sont les petits et grands frères, les cousins etc. (...) L'ordre
social tout entier est basé non sur des droits mais sur le devoir qui vient de
la nature, à savoir, découvrir et suivre la place qui est assignée à chaque
élément du cercle par les dispositions du Créateur et inscrite dans la nature
des choses.» (Vachon, 1992 : 8-9) "prudents
incapables" Malheureusement, la paix à peine conclue avec les Indiens, la guerre de Succession d'Espagne, déclarée le 15 mai 1702, allait de nouveau plonger Anglais et Français d'Amérique dans la discorde. Citoyens de Montréal et de Deerfield allaient s'entretuer parce que, à des milliers de kilomètres, le Duc d'Anjou montait sur le trône d'Espagne. Cet épisode sanglant dura quelques années. En réalité, c'est à partir de 1709 que la ville s'affranchit de la guerre. En effet, les lroquois respectèrent toujours les termes de l'accord de 1 700 et lorsque les Anglais reprirent la lutte, ce fut en dehors des limites de la cité. Cette paix se prolongea jusqu'en 1760. Pourtant, par prudence sans doute, ce fut pendant cette époque de tranquillité que Montréal devint une ville fortifiée, entourée d'une muraille hérissée de bastions qui devait par la suite se révéler inutile (Roger de Groote, Sports olympiques, album officiel, Montréal 1976, 1975 - books.google.fr). Les hostilités commencèrent en Italie dès le mois de mai
1701. Dans le Milanais, Catinat commandait les contingents franco-espagnols,
auxquels le duc de Savoie, sollicité par Tessé, finit
par joindre le sien, à condition qu'il serait
généralissime et que sa seconde fille épouserait Philippe V. Le maréchal Catinat était déjà vieux; la vivacité du
prince Eugène l'éblouissait : il devint timide à force de prudence, et perdit
successivement la ligne de l'Adige et de l'Oglio, et se retira derrière l'Adda,
laissant son heureux adversaire, qui descendaient du Tyrol, maître de tout le
pays entre cette dernière rivière et l'Adige. Dans sa retraite, il fut surpris
dans le poste de Carpi (9 juillet), et n'opposa
qu'une faible résistance. Le Prince Eugène s'ouvrit la
roule du Milanais. Catinat, en pleine
campagne, fut dépouillé de son commandement et placé en second sous les ordres
de l'incapable Villeroy. Autant Catinat était modeste
et prudent, autant Villeroy était présomptueux et
téméraire. Celui-ci ordonna, au nom du roi, "de passer les rivières,
de chercher l'ennemi, de faire l'impossible pour combattre plutôt que d'avoir
la honte de voir les Impériaux hiverner en Italie". Cette précipitation
eut un effet fatal : en marchant sur Chiari, qu'il croyait inoccupé, Villeroi y
rencontra l'armée ennemie retranchée et dut battre en retraite après avoir
perdu 2000 hommes. Le duc de savoie, qui méditait une
trahison, avait contribué à cet échec, en renseignant le prince Eugène sur les
opérations projetées par Villeroi. Le 1er février 1702, un hardi coup de main du prince
Eugène valut un succès à notre armée et la débarrassa de son chef. Ayant réussi
à faire entrer la nuit, par un égout, 5000 hommes dans Crémone, il surprit la
garnison, enleva Villeroi, mais dut se retirer avec de grosses pertes quand nos
troupes se furent ressaisies. A l'armée comme à Paris, on chansonna la
captivité de ce général incapable : Français, rendez
grâce à Bellone. Votre bonheur est
sans égal, Vous avez conservé
Crémone, Et perdu voire
général. Villeroi fut remplacé par l'audacieux Vendôme Phaleg illuministe Marie-Louise de Monspey
(17331-1813), dite Églée de Vallière
ou Madame de Vallière, chanoinesse de Remiremont, est
l’une des filles de Joseph-Henri, marquis de Monspey,
comte de Vallière et de Marie-Anne-Livie de Pontevès d’Agoult. Elle fut une célèbre mystique et voyante
de son temps, se faisant appeler l'«Agent inconnu» et jouant un rôle notable
dans l'ésotérisme français de la fin du XVIIIe siècle ainsi que dans la création
de hauts grades maçonniques français et plus
particulièrement dans ceux du Rite écossais rectifié Tous les rites maçonniques, possèdent comme mot de passe,
TUBALCAIN, soit au premier grade pour les rites modernes soit au troisième
grade pour les rites anciens. Il existe
cependant une exception, à cette règle, elle concerne, le Rite Ecossais
Rectifié, qui pour les raisons développées ci-dessous, va remplacer au premier
grade, le mot Tubalcaïn par Phaleg.
"Nous sommes, tard dans la nuit, le Mardi 5 Avril
1785, Jean-Baptiste Willermoz et deux de ses proches,
reçoivent une bien étrange visite assortie d'une bien étrange révélation, qui encore
aujourd'hui marque le Régime Ecossais Rectifié. En effet, un messager,
Pierre-Paul-Alexandre de Monspey se présente à eux.
C'est un frère, membre de la Loge La Bienfaisance qui apporte à Willermoz onze cahiers rédigés par sa sœur Marie-Louise de Monspey dite Madame de Vallière,
qui sous l'emprise d'une force extranaturelle et sous l'emprise de ce qu'elle
appelle des "batteries", sortes de coups qu'elle reçoit dans son
corps, écrit ce qu'un être supérieur lui fait écrire. Que nous dit "l'Agent Inconnu" sur Tubalcaïn ? Tubalcaïn est placé sur le même
niveau qu'Adam en ce qui concerne la chute et la perversion de l'homme. Il est
qualifié d' "agent diabolique" et portant les "vices charnels», "c'est
un nom d'abomination", car Tubalcaïn est
"coupable des plus honteuses prévarications", qu'il n'apprit l'art du
travail des métaux et la maîtrise du feu que par des voies profanatrices et
sataniques. Ainsi ce nom, devait être supprimé au profit de Phaleg,
fondateur des Loges et donc de la Maçonnerie. Le 5 Mai 1785, Jean-Baptiste Willermoz remplace Tubalcaïn par Phaleg, sur décision de la Régence Ecossaise de Lyon et par
Arrêté du Directoire d'Auvergne. Arguant que la décision avait été prise à Wilhemsbad, et donc le dimanche 5 mai 1785 le Directoire
Provincial d'Auvergne avec à sa tête le Chevalier Gaspard de Savaron officialise la décision Depuis plusieurs années cependant, on constate en France
un regain d'intérêt pour l'Ordre du Temple, qui intéresse Raymond Bernard
depuis longtemps, et dont l'AMORC, du reste, évoque l'histoire largement
mythique, dans certaines monographies de son 12e degré, rédigées par Spencer
Lewis lui-même. Au nombre des quelques organisations qui se réclament de la
tradition templière, Raymond Bernard est en relation avec l'Ordre du Temple de
Jérusalem, dirigé par Jacques Gavillier, soi-disant
marquis de Vaux; il reçoit en 1963 un diplôme signé Leuprecht,
de l'Ordre souverain et militaire du Temple de Jérusalem (OSMTJ); il fréquente
les cadres de l'Ordre souverain du Temple solaire (OSTS), issu de la résurgence
d'Arginy. [...] Situé dans le Rhône, sur la commune
de Charentay, le château d'Arginy,
qu'on dit construit au XIe siècle, et qui accueillit en 1253 Louis de Beaujeu, passe
pour le berceau de l'Ordre du Temple, son grand quartier général occulte, le
lieu de réunion de son chapitre secret. C'est pure légende sans le moindre
fondement historique. Mais le château appartint à Joseph Henri de Monspey, marquis de Vallière et
comte d'Arginy, père de Marie-Louise de Monspey qui entra dans l'histoire de l'illuminisme sous le
nom de «l'Agent inconnu». Puis il fut vendu comme bien national sous la Révolution, et en 1883 il
devint propriété de la famille Chambrun d'Uxeloup de Rosemont, dont le dernier descendant, Jacques de
Rosemont, reçut en 1952 l'occultiste Jacques Breyer
(1922-1996), qui y vécut dans une tour jusqu'en 1958 Il y lance une résurgence de l'ordre du Temple médiévale,
avec, entre autres le journaliste Marcel Veyre de
Bagot et l'alchimiste et astrologue Armand Barbault :
«À l’issue d’une opération particulière, conduite le 12 juin 1952, les trois
occultistes sont convaincus d’entrer en contact avec l’égrégore de l’Ordre du Temple
médiéval et ce sera pour eux le jour d’une "nouvelle ère du Temple"» La terre de Vallières (Vallière)
échut aux Monspey par mariage de Louis de Monspey avec Lucrèce de David (fille d'Alexandre de David,
seigneur de Vallière) en 1652. Leurs descendants prirent
alors motu proprio le titre de Comte de Vallière. En
1726, Joseph-Henri de Monspey (petit-fils des
précités) dit le Comte de Vallière épousa
Marie-Anne-Livie de Pontevès, fille de Jean-François de
Pontevès et dernière survivante de la branche des
Marquis de Buous en Provence. Leurs descendants
prirent alors, à nouveau motu proprio, le titre de Marquis de Monspey. Il semblerait que les Monspey
prirent, à cette époque, l'habitude de se parer du titre de «Marquis de Vallière(s)». M. de La Chenaye-Desbois,
Dictionnaire de la noblesse, 2e édition, t. 10, p. 204-209 Louise Cornélie, une soeur de Marie-Anne-Livie,
née le 18 février 1701, professe le 24 février 1720 sous le nom de soeur Roseline, morte le 20 novembre 1795 : Note
extraite des registres du Monastère de Salette communiquée
par les Pères de la Grande Chartreuse. Celle religieuse a laissé un volume de
poésies sacrées qui nous ont été conservées par sa soeur
la Comtesse de Monspey Vallière La fondation de Salettes en
1299 est intimement liée à la famille du Dauphin. En effet Humbert Ier de La
Tour, son épouse Anne, fille de la «Grande Dauphine», ainsi que leur fils Jean
fondent la chartreuse de Salettes sur le territoire de La Balme Sœur Roseline ou Rosoline prend son nom de sainte Roseline, de la famille d’origine catalane des Villeneuve installée en Provence, aux Arcs sur Argens (Var). Elle a son tombeau près de là, dans ce qui reste de l’ancien monastère de l'ordre des Chartreux de la Celle-Roubaud. Chartreux et Phaleg Des membres français de l'ordre des Chartreux, opposés à
la bulle Unigentus condamnant le jansénisme, et
persécutés, se réfugièrent en Hollande en 1723. Dans l'Apologie des RR. PP. Chartreux Opposans au Décret Quo zelo &
à la Bulle Unigentus, ces chartreux se comparent aux
moines de Nitrie appelés "Grands Frères". Ils
étaient persécutés par Théophile d'Alexandrie sous prétexte d'origénisme. Ils durent s'exiler en Palestine, en furent
chassés par Théophile et furent reçus par Jean Chrysostôme à Constantinople Il y avait, dans les monastères d’Egypte, un grand nombre
de moines, très-vertueux assurément, mais sans aucune science. Ils avaient pris
à la lettre cette expression de la sainte Ecriture : Faisons l'homme à
notre image et ils en concluaient que Dieu avait la forme humaine; on les
appela Anthropomorphites. Les
théologiens se moquaient de la simplicité de ces pauvres moines, et se
montraient grands partisans d’Origène dont les doctrines étaient aussi
spiritualistes que la croyance des moines était matérialiste. Parmi les
moines, il y avait cependant plusieurs hommes instruits, lesquels, comme les
autres savants, admiraient les ouvrages d’Origène. Parmi eux étaient trois
moines très-célèbres qui étaient frères et que l’on appelait les grands frères, à cause de leur taille
élevée. Théophile, évêque d’Alexandrie, était un homme orgueilleux et violent.
Il dépassait les bornes, même lorsqu’il
poursuivait un but utile. C’est ainsi qu’en combattant l’idolâtrie, il avait
excité à Alexandrie une grave émeute, en faisant promener par les rues les
idoles ridicules des payens, et les preuves de la
cruauté et de l’immoralité de leurs prêtres. On l’a accusé à tort d’avoir
incendié la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, comme nous l’avons établi
précédemment, mais son caractère violent ne le met pas à l’abri d’autres
accusations parfaitement fondées. S’étant attaqué aux anthropomorphites, ces
moines firent irruption dans la ville d’Alexandrie. Ils ne cachaient pas leur
intention de tuer l’évêque. Théophile, tout en conservant ses croyances
spiritualistes, crut devoir capituler. Il se présenta aux moines en leur disant
avec plus d’esprit que de franchise : «En vous voyant je crois voir la figure
de Dieu.» Les moines furent flattés et crurent que l’évêque n’était pas origéniste, car ils donnaient ce titre à tous ceux qui
croyaient à un Dieu spirituel et invisible. Ils demandèrent donc à Théophile la
condamnation d’Origène et celui-ci leur répondit que depuis longtemps il avait
l’intention de le condamner. Telle fut l’occasion des attaques qu’il dirigea
dans ses lettres paschales contre le saint et savant
prêtre qui avait fait la gloire de l’Église d’Alexandrie. Ses lettres ne furent
pas approuvées de tout le monde. Les moines les plus savants, et surtout les
grands frères, les blâmèrent. Pour s’en venger, il obtint du gouverneur de
la province des soldats avec lesquels il
fit irruption dans le désert, saccageant et brûlant les cellules des moines opposants La bulle Unigenitus ou Unigenitus Dei Filius est la bulle que le pape Clément XI fulmine en
septembre 1713 pour dénoncer le jansénisme. Elle vise plus particulièrement
l'oratorien Pasquier Quesnel et condamne comme fausses et hérétiques cent une
propositions extraites des Réflexions morales, son ouvrage paru en 1692 et
qui continue d'asseoir son succès. Loin de mettre fin aux divisions de
l'Église, cette bulle provoque la coalition, voire la fusion de plusieurs
oppositions : gallicane, richériste et janséniste.
Face au refus du parlement de Paris de l'enregistrer et aux réticences de
certains évêques, Louis XIV cherche à l'imposer par la force Les puissances Seculieres, loin
de pouvoir les favoriser, sont au contraire tenuës de
les reprimer. Sinnich
rapporte à ce sujet l'exhortation que le Bienheureux Pierre Damien adressoit autrefois à Henry Roy des Romains, depuis
Empereur, alors fauteur du Schisme de Cadolaüs contre
Alexandre II. Cette exhortation est si forte, si touchante, si convenable, que
je crois devoir la tranfcrire ici. Noli esse Phaleg qui conjuncta
dividas, dit ce Bien-heureux
Cardinal au Roi Henry, & nous le pouvons dire aprés
lui aux Appellans, & à ceux de Meffieurs les Gens du Roy qui seroient
tentez de les favoriser dans quelques-uns de nos Parlemens.
[...] A quel danger s'exposeroient
donc des Magistrats dans quelques-uns des Parlemens
du Royaume, si aprés avoir reçû
la Constitution des mains de l'Eglise & du plus grand de nos Rois; si aprés l'avoir enregistrée comme une loy,
même de l'Etat, pour être executée, gardée &
observée suivant sa forme & teneur ; si aprés
s'être unis à l'Eglise & au Roi pour de Ro,
défendre à toutes sortes de personnes de soutenir ou favoriser, ledit Livre [de
Quesnel] & renouveller
les Propositions condamnees, à peine d'être procedé contre-eux comme
perturbateurs du repos public; si, dis-je, aprés
avoir ainsi rempli un de leurs principaux devoirs, ils s'en écartoient
aujourd'hui, en continuant de proteger ceux qui
Appellent de cette Constitution, & qui loin de l'executer,
de la garder, de l'observer, soutiennent au contraire ledit Livre, comme font plusieurs Sorbonites,
ou renouvellent au moins les Propositions condamnées, ce que font tous les Appellans jusques dans leur acte d'Appel ? Est-ce là, comme
il convient à des Magistrats Disciples de J. C. rejoindre à son corps les
membres qui s'en séparent ? Esto Discipulus
Christi, qui divisa conjungas. N'est-ce pas au contraire imiter Phaleg,
fomenter le schisme au lieu de l'éteindre, donner lieu à une plus grande division
de la robe de J. C. & se rendre coupables des malheurs que ce schisme
naissant peut causer à l'Etat ? Ce qui étonne encore davantage, c'est qu'au
lieu de punir les Appellans, qui renouvellent les Propositions
condamnées & de proceder contre eux comme
perturbateurs du repos public, conformément aux ordres du Souverain enregistrez
dans tous les Parlemens, nous voyons au contraire que
des Juges laïcs en quelques endroits du Royaume s'efforcent d'empêcher les
Evêques de se fervir du glaive, spirituel pour
procurer que la Bulle soit executée, gardée, observee ; ils vont même jusqu'à maltraiter ces Evêques zelez & leurs Ecrits En 1701, poussé
par le père de La Chaise, Louis XIV décida de frapper plus fort. À sa demande,
son petit-fils, Philippe V, roi d'Espagne, fit arrêter le père Quesnel qui,
depuis la mort d'Arnauld, survenue en 1694, était devenu, pour les jésuites, le
symbole des jansénistes tant décriés. De plus en plus hostile, le roi se
rapprocha du pape Clément XI (élu en décembre 1700), afin d'obtenir de lui une
bulle condamnant définitivement leur doctrine. En janvier 1705, il l'avertit
que, s'il demeurait silencieux, l'assemblée du clergé, convoquée au printemps,
pourrait légiférer à sa place. Cette mise en demeure précipita les choses et,
le 15 juillet 1705, la bulle Vineam Domini Sabaoth exigea qu'en
signant le formulaire, «on jugeât effectivement le livre de Jansénius infecté
d'hérésie». L'assemblée du clergé, sur l'invitation du roi, s'empressa de
recevoir ce texte, et le cardinal de Noailles, qui la présidait, donna bientôt un
mandement pour le publier, en tête duquel il mit ces mots exprès : «Contre le jansénisme.» Pierre Damien était de l'ordre des Camaldules dont
certains furent aussi appelants. Origénisme et
illuminisme Précisons tout d'abord que l'illuminisme ne prétend pas définir des vérités absolues d'ordre
théologique. Il ne fonctionne pas selon
un enseignement magistériel, il fait preuve d'audaces et soutient en effet des
thèses qui puisent à des sources diverses, à l'intérieur desquelles le
néoplatonisme et la pensée d'Origène occupent une place importante. Toutefois,
il est intéressant de constater cette identique influence néoplatonicienne et origéniste chez quelques Pères de l'Eglise comme saint
Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, Evagre le Pontique ou
encore saint Denis l'Aréopagite, pour ne citer que les principaux, ainsi que
chez de nombreux mystiques dont les rhénans, ce qui ne met pas l'illuminisme
dans une position totalement incongrue et marginale au sein de la spiritualité
occidentale, l'inscrivant dans cette sensibilité désignée sous le nom de
«théosophie chrétienne» qui surgira entre les XVIe et XVIIIe siècles en Europe,
dont participèrent par éminence, Martinès, Saint-Martin
et Willermoz, dont on se gardera d'oublier, lorsqu'on
aborde leur pensée, qu'ils sont «théosophes», c'est-à-dire ni philosophes ni
théologiens, mais des mystiques spéculatifs, qu'il convient d'accepter comme
tels sans chercher à les corriger ou les ramener à des conceptions théologiques
dogmatiques, si l'on veut conserver dans leur authenticité et leur originalité
les voies initiatiques dont ils sont à l'origine La sympathie de l'archevêque de Lyon Mgr de Montazet, au moins apparente pour les port-royalistes a pu,
en revanche, laisser entrevoir aux adeptes de l'Œuvre une possibilité d'action.
Elle se situe aussi dans un contexte régional qui stimule la résistance
janséniste. A côté des attaques dont l'archevêque est l'objet depuis le départ
des jésuites (en 1763) c'est l'Oratoire qui s'attire les foudres des opposants.
En 1768 a lieu une émeute populaire contre leur collège dont plus de cinq cents
personnes enfoncent la porte sous le prétexte qu'on y dissèque vifs des enfants
enlevés. Des bruits courent à propos d'un prince manchot qui y serait caché et
pour qui l'on couperait le bras à des enfants retenus prisonniers. Le palais de
l'archevêque, accusé de protéger les indésirables, est même menacé. Les
jésuites sont accusés d'être à l'origine de ces rumeurs. Il est fort probable
que ces événements aient provoqué diverses réactions de défense de la part de
port-royalistes favorisés jusque-là par un laxisme épiscopal ambiant, et
l'adhésion convulsionnaire pourrait être l'une de ces voies choisies. Mais le
contexte plus général de ces années soixante-soixante-dix joue un rôle dans
cette émergence. Sans insister sur la crise d'identité religieuse qui sévit
alors et touche l'ensemble du pays, il faut pourtant retenir que cette deuxième
moitié du siècle est traversée par des remises en cause de l'Église que
n'explique pas à elle seule la critique des Philosophes. Une insatisfaction
plus globale marque l'essoufflement sur le tard d'une reconquête tridentine
entamée depuis un siècle. Cette crise du sentiment religieux expliquerait la
recherche d'autres voies, d'autres cheminements, pour retrouver l'union avec
Dieu. La recherche mystique de quelques privilégiés, élus, tente de retrouver
les valeurs non souillées du christianisme primitif, et le rigorisme, qui
s'oppose ainsi au relâchement ecclésiastique ambiant, est ainsi un moyen
d'atteindre une vérité voilée. Cette analyse pourrait s'appliquer à d'autres
formes que le jansénisme convulsionnaire, notamment ces courants mystiques et
illuministes lyonnais qui lui sont contemporains : en 1753, Jean-Baptiste Willermoz
fonde à Lyon la loge de la «Parfaite Amitié», puis il tente d'obtenir une forme
supérieure de christianisme qui retrouverait la parole divine originelle.
C'est Camille Latreille qui résume en quelque sorte le mieux la situation
spirituelle des Amis : Désireux de s'attacher solidement à la religion, ils
avaient cherché de bonne foi la vérité entre les deux enseignements (janséniste et moliniste) qui partagèrent le clergé d'alors Suivant Jules Africain (IIIème siècle), contemporain et correspondant d’Origène,
le monde devait durer 6000 ans. Trois mille ans s'étaient écoulés depuis la
Création jusqu'à Phaleg, le patriarche qui divise le temps aussi
bien que les peuples, 2500 ans de Phaleg à
Jésus-Christ. Le monde n'en avait donc plus que pour trois siècles environ.
C'est aussi le système d'Hippolyte. La durée des temps est considérée comme une
grande semaine dont chaque jour dure mille ans. On déduisait cette idée d'un texte
fort connu (Psaume 89(90),4) |