Guerre et politique monétaire II, 88 1695-1696 Le circuit du grand faict
ruineux : Le nom septiesme
du cinquiesme sera D'un tiers plus grand : l'estrange belliqueux Mouton Lutece, Aix
ne garantira. Aspect monétaire
du quatrain "circuit" : campagne
militaire ; "mouton" : instrument de siège (Pierre
Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition
Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). "ruineux" : on pense
aux finances de l'Etat. Pourquoi
"Lutèce", nom gaulois, alors qu'Aix est moderne ? Peut-être en
référence à Parisis, qualificatif de monnaie médiévale. le
mouton d'or est une monnaie issue de l'agnel
d'or. On pense aussi aux circuits financiers et Ă©conomiques mais dans un sens
plus moderne. Le Parisis dont retient encor
l'appellation, la sorte monnoye des solz & deniers parisis, le nom de lutece
en parisis, & les taxes en parlement de paris comprenoit
anciennement ce qui estoit depuis la porte dudict paris iusques a Pontoise
d'vne part, & iusques a
Claye, vers la Brye d'aultre ; duquel pays n'est demeuré que le surnom a quelque
villages comme a Louvres, Cormeilles, Escouan &
au tres dict en parisis
Encore disent aucûs,que la porte,que
nous disons de Paris, s'appelloit la porte, ou apport
du parisis : par ce que de cest endroict on alloit & venoit au parisis (Charles
Estienne, La guide des chemins de France, 1565 - books.google.fr). Mouton et agnel
d'or Aignel, autrement nommé Denier d’or
a l'Aignel. Nous sçavons certainement que saint Louis fut le premier, qui
fit faire cette Monnove d'or fin, qu'elle pesoit 3 deniers 5 grains trebuchans
& qu'elle valoit 12 sols 6 deniers tournois: mais
il faut remarquer que ces sols Ă©toient d'argent fin,
& qu'ils pesoient environ autant que l'Aignel, de sorte que cette espece
d'or valoit de nostre Monnoye courante 7 livres 9 sols 6 deniers. Cette Monnoye prit son nom de sa marque, & elle fut nommée Aignel d or à cause de la figure
d'un Mouton, ou d'un Aignel, comme on parloit en ce temps-lĂ , qui Ă©toit
représentée sur l'un de ses côtez. Philippe le Bel,
Louis Huttin, Philippe le Long & Charles le Bel
firent aussi forger des Aignel d'or de mesme poids & de mesme titre
que ceux de S. Louis. Ceux que le Roy Jean fit faire Ă©toient
aussi d'or fin, mais ils Ă©toient plus pesants environ
de 10 Ă 12 grains que ceux de ses Predecesseurs,
puisqu'ils pesoient 3 deniers 16 grains la piece. Charles VI. & Charles VII. en
firent aussi faire, mais ils ne pesoient que 2
deniers, & n'Ă©toient pas d'or fin. On verra sous
le règne de ces deux Rois les divers titres de ces espèces. On voit par ce que
je viens de dire que les Agnels d'or, qu'on nomma aussi Moutons d'or a la
grande Laine, & quelquefois Moutons dor a la
petite Laine, ont eu cours en France pendant prés de
200 ans. Cette Monnoye
non seulement a été fort célèbre chez nous, mais même dans les autres Etats,
& les Princes voisins de la France, Ă l'imitation de nos Rois, firent aussi
faire des Moutons d'or. Le poids & le titre de cette Monnoye ayant été fixe jusques à Charles VI. cela étoit cause que non seulement
les François, mais aussi les Etrangers aimoient fort
Ă contracter Ă cette Monnoye, & l'on trouve Ă
tout moment dans les titres & dans les Contracts
de ces temps-lĂ Mutones auri.
Au reste, on attribue plulieurs autres Monnoyes d'or Ă
saint Louis, mais fans aucune preuve (François
Le Blanc, Traité historique des Monnoyes de France; avec leurs figures; depuis
le commencement de la monarchie jusqu'Ă present, Tome 1, 1692 - books.google.fr). En 1354 et par ordonnance du 17 janvier on reprit la
fabrication du denier d'or Ă l'aignel ou mouton d'or,
monnaie connue et assez bien famée, malgré qu'elle eût été affaiblie sous Charles-le-Bel
et oubliée depuis cette époque. Le titre fut fixé à 24 karats,
la taille Ă 52 au marc, le cours Ă vingt sols parisis. Ce cours varia de vingt
à trente sols. Intrinsèquement chaque pièce pesant 88 grains 5/8 (4 gram. 70
cent.) vaut actuellement 16 fr. 70 cent. Au cours de
vingt sols parisis fixé par l'ordonnance de 1354 cette monnaie représentait 9
f. 60 c. de notre monnaie, et au cours de trente sols 14 fr.
40 cent. A cette Ă©poque le marc d'or fin valait soixante
deux livres dix sols tournois qui représenteraient aujourd'hui 507 fr. 50 cent. Le marc d'or ne vaut aujourd'hui que 852 fr. Il y a donc une différence de presque moitié; et cette
différence doit entrer en considération dans l'appréciation de sa valeur
relative. Il y avait deux espèces de deniers d'or à l'aignel
ou moutons d'or; l'un appelé mouton à la petite laine, l'autre mouton à la
grande laine. Le premier avait cours pour vingt sols parisis, le second pour
trente sols parisis; mais l'un et l'autre se fabriquaient au mĂŞme titre et au
mĂŞme type. Seulement le mouton Ă la petite laine se taillait de 104 au marc (Victor
Hippolyte Berry, Etudes et recherches historiques sur les monnaies de France,
Tome 2, 1853 - books.google.fr). Le mouton a la valeur de compte
de l'ancien franc et l'écu d'or, de valeur supérieure, en a le titre et le
poids. C'est le troisième «mouton» des rois de France, le premier étant celui
de Philippe le Bel et de Louis X (cet
agnel dont on a attribué longtemps la création à saint Louis), le second
celui de Jean II, le troisième celui de Charles VI, tous trois de poids et
module différents (Adolphe
Dieudonné, La monnaie royale depuis la réforme de Charles V jusqu'à la
restauration monétaire par Charles VII, spécialement dans ses rapports avec
l'histoire politique. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1911, tome 72 -
www.persee.fr). Le 22 août 1358, quatre jours avant la réforme flamande,
un autre grand changement intervint Ă Paris : le mouton d'or y fut en effet
remplacĂ© par le royal d'or. FrappĂ© Ă©galement en or fin, le royal Ă©tait taillĂ© Ă
66 au marc au lieu de 52 pour le mouton et vit ainsi sa masse abaissée à 3,71
g. La valeur de cours73 fut cependant maintenue Ă©gale Ă celle du mouton : 25
sous tournois (Jean Elsen,
Le double mouton du siège vacant de Cambrai (13 septembre-21 novembre 1368).
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 157, année 2001 - www.persee.fr). On remarque qu'entre le royal d'or et le mouton d'or :
66 taillés dans un marc pour le premier soit en quantité et non en valeur un tiers de plus que pour le mouton
(52/3 = 14 et 14 + 52 = 66). L'agnel d'or en
Allemagne et politique rhénane traditionnelle de la France D'après Guillaume de Nangis et les bruits populaires qui
couraient de son temps, les prélats et barons d'Allemagne auraient consenti par
un traité à ce que le roi de France «portât jusqu'au Rhin les limites de sa
domination». Aucune trace de ce traité n'existe dans les archives diplomatiques ;
néanmoins, ce qui est certain, c'est que Philippe le Bel songea à se l'aire
Ă©lire empereur et qu'il pensionnait les princes du Rhin comme le feront tous ses
successeurs : «Toujours poursuivi, comme le remarque Renan, par le
souvenir de Charlemagne dont il se prétend l'héritier, Philippe se montre
toujours attentif Ă Ă©tendre l'influence de la France en Allemagne, Ă gagner les
villes et à pensionner les princes des bords du Rhin.» Telle est l'invariable et inflexible doctrine, «le grand
dessein» de la Monarchie française à travers tout le moyen âge. C'est à sa
réalisation que s'appliquent les efforts de tous nos rois, même en pleine
guerre de Cent ans. Il n'est rien qu'ils ne tentent pour atteindre ce but. Ils
font comme les derniers Carolingiens : ils se portent candidats Ă la
couronne impériale ; ils négocient des traités, des marchés ; ils
font des expéditions militaires, constituent des apanages pour des princes de
leur famille, contractent pour eux-mĂŞmes ou pour leurs enfants des alliances
matrimoniales avec les maisons des princes lorrains, flamands, luxembourgeois,
rhénans; ils se mêlent aux incessantes querelles des princes rhénans, envoient
des émissaires aux bourgeois des villes, entretiennent partout un véritable
espionnage, payent de grosses pensions aux Electeurs ecclésiastiques de Trêves,
de Mayence, de Cologne, ainsi qu'aux souverains laĂŻques, toujours besogneux, et
jusqu'aux clercs de la basilique d'Aix-la-Chapelle et aux bourgeois de Cologne
: dans ce pays cisrhénan, tous, grands
et petits, d'un cœur unanime, adorent la belle monnaie de France, sont à genoux
devant l'Agnel d'or ou l'Ecu d'or au soleil. [...] Tout ce monde de la féodalité rhéno-allemande,
bas et vil autant que perfide, arrogant et cruel, fermé aux sentiments de
noblesse de la chevalerie française personnifiée dans Roland et dans Bavard, se
montre heureux d'être enchaîné au roi de France par ces liens dorés; ils
réclament le protectorat du roi de France aussitôt que l'empereur qui réside
bien loin, à Vienne, essaye de transformer en un rôle effectif la dignité toute
protocolaire cl nominale de suzerain suprême qu'il lient de la théorie des
institutions Féodales et de' la fiction théologique du Saint-Empire romain
rétabli. La légitimité des traditionnelles revendications du pays rhénan par la
Monarchie française fut affirmée avec un redoublement d'énergie et de
popularité, lorsqu'à la sollicitation pressante des princes protestants
d'Allemagne, le roi Henri II entreprit la conquête des Trois- Evêchés, en 1552.
Tout le monde, en France, voulait cette reprise d'un domaine trop longtemps
aliéné. Le maréchal de Vieilleville presse ardemment le Roi de réoccuper «ces
belles et grandes villes que l'on a arrachées, lui dit-il, des fleurons de vostre couronne, et que l'on vous a si frauduleusement
ravies.» L'occasion se présenté de redonner a la
Couronne île France « une frontière de telle et si grande étendue qui vous
ramène et fait rentrer au royaume d'Austrasie, qui est de nos anciens roys ». Le 15 janvier 1552, Henri II signe, à Chambord, lui
traite d'alliance avec Maurice de Saxe et les Réformés, parmi lesquels figurent
les Strasbourgeois. Le roi promet de l'argent et des troupes aux confédérés
qui, en retour, s'engagent à le laisser occuper les Trois-Evêchés. Le roi de
France appuie les princes protestants dans un but exclusif d'agrandissement
territorial, et l'on voit, par la, combien les petits souverains allemands tiennent
peu à l'Empire, qui n'est qu'un agrégat théorique, sans solidarité ni cohésion :
il n'y a point de patrie allemande, tandis qu'il y a une patrie française; les deux
pays sont distinct s, hostiles, maigre ces alliances politiques, par la race,
les mœurs, la mentalité, les tendances : l'Allemagne tudésque
est bien l'héritière de la vieille Germanie (Ernest
Babelon (1854-1924), La grande question d'Occident. au pays de la Sarre;
Sarrelouis et SarrebrĂĽck, 1918Â -
archive.org). "Estrange belliqueux" mettrait en doute aux prétentions de la France, comme étrangère, sur la Rhénanie. Politique
monétaire de Charles V et Aristote Par attraction avec le quatrain précédent qui porterait sur l’année 1355, on peut envisager situer celui-ci dans la même zone temporelle. Si on raccroche "d'un tiers plus grand",
distingué de "le nom septieme du cinquieme sera", à "l'estrange
belliqueux Mouton, Lutece" cela peut concerner
le royal d'or. C'est avec Aristote,
premier grand théoricien de l'économie, que la monnaie va accéder à la dignité
théorique, avec son Livre cinquième de l'Ethique à Nicomaque.
Elle est «la mesure commune de toutes les choses», une convention qui permet
d'acheter et d'Ă©valuer des objets dissemblables. [...] Aristote distingue
d'emblée deux richesses : celle, légitime, de la maisonnée, l'oikonomia, qui vise à rendre la vie agréable à tous, et
celle, problématique, de l'accumulation qui ne connaît aucune borne, la
chrématistique. [...] Pour autant, il n'est pas honteux de rechercher le
profit, la gloire, à condition de le faire sans intempérance. Aristote a de la
richesse une vision plus clémente que n'en auront ensuite les chrétiens : elle
fait partie des nécessités de la vie si on la couple avec la vertu et l'amitié (Pascal
Bruckner, La sagesse de l'argent: essai, 2016 - books.google.fr). L'argent
appartient donc à la communauté et à chacune des personnes qui la composent.
Aristote le dit dans le septième livre de la Politique, et Cicéron vers la
fin de l'Ancienne Rhétorique (Claude
Dupuy, Traité des monnaies de Nicolas Oresme, et autres écrits monétaires du
XIVe. siécle, 1989 - books.google.fr). Charles V fait traduire en français les œuvres
d'Aristote. Son but, en ordonnant ces traductions, n'Ă©tait pas de satisfaire
une simple curiosité d'érudit. Il voulait que les enseignements du philosophe
pussent profiter Ă ses contemporains et Ă lui-mĂŞme, et les guider dans la
conduite de leur vie et de leurs affaires. C'est
ainsi que les numismatistes sont aujourd'hui d'accord
pour reconnaître l'influence d'Aristote sur la politique monétaire de Charles
V, les doctrines d'Aristote, commentées par son traducteur Nicolas Oresme,
l'ont déterminé à s'abstenir durant tout son règne de ces changements dans le
cours des monnaies, dont ses prédécesseurs et ses successeurs ont tant
abusé (Siméon
Luce, MĂ©moire sur l'Ă©lection dau scrutin de deux
chanceliers de France sous le règne de Charles V, Revue critique d'histoire et
de littérature, 1880 - books.google.fr). On trouve la miniature de la Présentation du Livre de la
politique au roi Charles Quint, par Nicolas Oresme. Le texte dit "Au très
souverain et très excellent prince Charles, quint de
ce nom par la grâce de Dieu, roi de France, Nicolas Oresme, doyen d'une église
de Rouen, très humble chapelain, honneur, obédience et sujétion... » dans les Ethiques d'Aristote du Musée municipal de Rouen. Le
contemporain de Buridan, Nicolas Oresme (1323-1382), partageait son attitude.
Tous deux étaient très intéressés par la science. En tant que philosophes et
savants, ils s'intéressaient aussi aux travaux d'Aristote. Il écrivit des
commentaires sur l'aristotélisme et (à la demande de son roi, Charles V le
Sage) élabora la première traduction d'Aristote en français (Louis
Reichenthal Gottschalk, Loren Carey MacKinney, Earl Hampton Pritchard, Les
origines du monde moderne, 1300-1775, Partie 1, 1968 - books.google.fr). Avant de monter sur le trĂ´ne, Charles V frappa, dans le
Dauphiné, des pièces d'or et d'argent, en qualité de dauphin ; ce que ses
successeurs firent aussi. Devenu roi, il maintint la monnaie forte, et veilla
avec beaucoup de soin Ă la police du monnayage. Il fit forger le florin d'or
aux fleurs de lis, autrement dit franc Ă pied, qui Ă©tait de la mĂŞme valeur que
le franc Ă cheval (Dictionnaire
de numismatique, Nouvelle Encyclopédie théologique, Tome 32, Migne, 1852 - archive.org). Quand mourut Charles V, la France jouissait depuis quinze
ans (1365-1380) des bienfaits d'un système monétaire parfaitement stable. La
pièce d'or, au titre de fin, était ce joli «denier aux fleurs de lis»,
autrement dit franc à pied, qui représente le roi debout sous un dais, dans un
champ de fleurs de lis sans nombre ; il valait exactement une livre tournois. Le
gros tournois, de type traditionnel, Ă©tait aussi de
métal fin3; il courait pour 15 deniers tournois ou 12 deniers parisis ; il
était accompagné d'un denier blanc, au tiers de fin, de même poids, soit 5
deniers tournois ou 4 deniers parisis de cours; les deniers parisis, tournois,
au sixième de fin, et les mailles formaient la base du système. Cette monnaie
est dite au pied. Mais combien le gouvernement de Charles V avait eu de peine Ă
maintenir cette situation ! En temps de trouble, comme sous Jean le Bon, la
monnaie se cache ; on a beau la frapper, le numéraire fait défaut. La
matière première se dérobe aussi ; comme on a besoin d'en tirer de gros
bénéfices, plus elle est difficile à se procurer, plus il faut en élever le
prix d'achat. Billon, espèces : c'est partout la pénurie, partout la hausse.
Ces inconvénients, sous le règne réparateur de Charles V, n'existaient pas pour
la même raison ; croirait-on qu'ils se faisaient sentir néanmoins, quoique
atténués ? D'abord, la guerre avait recommencé et ne fut guère achevée avant la
fin du règne. Puis le renforcement des monnaies, en demeurant stable,
engendrait un certain exode de métal précieux à l'étranger, où il trouvait plus
haut prix, et il arrivait que, par le jeu naturel des lois Ă©conomiques, les
espèces monnayées elles-mêmes disparaissaient, remplacées par les pièces moins
bonnes du dehors. Enfin, comme on ne démonétisait plus à plaisir, les refontes
n'ajoutaient qu'un maigre contingent Ă l'apport des mines et du commerce. Pour
toutes ces raisons, le prix du marc de matière première montait lentement, mais
sûrement, le bénéfice de la frappe diminuait tous les jours. Certes, les
avantages de l'ordre et de la confiance, qui renaissaient peu Ă peu, devant Ă
la longue compenser largement quelques fuites, le plus sage aurait été de faire
travailler les ateliers monétaires le moins possible ; on eût choisi son heure
et triomphé de l'offre. Par malheur, on ne s'y résignait pas, d'abord parce
qu'on croyait que la frappe de l'argent Ă©tait un signe de richesse, puis parce
que nombreux étaient les intérêts particuliers qui vivaient de cette industrie.
Charles V, conseillé, dit-on, par Nicole Oresme, eut donc de grosses
difficultés à surmonter; il leva, sans le consentement des États, de lourds
impôts, mais il était résolu à conserver au royaume sa bonne monnaie, en titre,
poids et cours, et il y parvint ; il fit même des réserves en lingots. On peut
juger si l'Ĺ“uvre devait lui survivre longtemps (Adolphe
Dieudonné, La monnaie royale depuis la réforme de Charles V jusqu'à la
restauration monétaire par Charles VII, spécialement dans ses rapports avec
l'histoire politique. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1911, tome 72 -
www.persee.fr). "le nom septieme
du cinquieme sera" se rapporte alors au vers précédent
et au circuit, d'où une interprétation dantesque. "septième"
et "cinquième" peuvent appartenir à une énumération. Dans l'Enfer de Dante, le 8ème cercle
possède 10 bolges traduits parfois par circuits dont le cinquième renferme les
concussionnaires et le septième les voleurs. À la fin du XIe chant, Virgile explique à Dante
l’ordonnance de l’enfer selon l’échelle des maux pensée par Aristote (fr.wikipedia.org -
Cercles de l'Enfer). Les fraudeurs occupent les fosses (ou «bolge») de Malebolge (séducteurs, adulateurs, simoniaques,
devins, tricheurs, hypocrites, voleurs,
conseillers de fraudes, semeurs de scandales et de schismes, faussaires). Tout
au fond habitent ceux qui ont pratiqué la malice absolue, c'est-à -dire ceux qui
ont usé de tromperie contre qui a confiance, les traîtres (traîtres aux
parents, traîtres politiques, traîtres contre les hôtes, contre l'Église et
contre l'Empire). Le schéma
aristotélicien est employé par Dante avec une grande liberté, immergé dans une
invention poétique absolument imprévisible. En même temps l'intensité de ses
convictions aristotéliciennes est visible partout, par exemple dans la dimension
sociale et politique données au péché le plus grave : l'homme est, de façon
essentielle, Dante le pense après Aristote et d'après Aristote, créature
politique, «animal compagnon» : le traître détruit le fondement même du
lien social, tarit la source de toute félicité humaine possible, sa punition
doit donc être la plus grave de toutes. Conformément aux conceptions
théologiques du temps, les peines sont à la fois peines de dommage (la
privation de la vision divine) et peine du sens (les tourments physiques). Les
tourments physiques sont eux-mĂŞmes choisis sur la base du contrapasso,
c'est-à -dire par analogie ou opposition avec le péché commis (Jacqueline
Risset, Dante écrivain, ou, L'intelletto d'amore, 1982 - books.google.fr). A côté des grands seigneurs et des prélats, les
chevaleresques Philippe VI et Jean le Bon introduisirent dans le Conseil toutes
sortes de gens d'obscure origine, trop souvent des concussionnaires et des voleurs.
Aussi, les États, réunis à Paris en octobre 1356, comprirent-ils que, sans
épuration du Conseil, nulle réforme n'était possible. Le duc de Normandie, le
futur Charles V, révoqua, à leur demande, les membres les plus tarés du Conseil :
le président Simon de Bucy, Robert de Lorris, Nicolas
Braque. Dans la session du 10 mars 1357, les États firent entrer au Conseil des
adversaires du duc de Normandie qui dut s'incliner, et par son ordonnance du
mois de mars, pendant la tenue même des États, réformer minutieusement le
Conseil. Le nouveau Conseil, maître de l'État, fut habilement combattu par le
duc de Normandie devenu régent du royaume ; mais après l'émeute de 1358,
celui-ci se trouva privĂ© de tout pouvoir effectif. On sait qu'il parvint Ă
s'échapper de Paris et eût l'habileté de circonvenir les États réunis à Compiègne.
Dès le mois de mai, avant même que ses partisans l'eussent débarrassé d'Étienne
Marcel par l'assassinat, il était redevenu maître de la situation. Il rétablit
les 22 officiers dont les États avaient exigé la révocation en octobre 1356 et
mars 1357. Cependant il acheva la réforme du Conseil. Les dons, grâces,
offices, et «toutes choses touchant le domaine et la finance» devront être
examinés en Conseil, en présence du régent (Histoire
des institutions françaises au Moyen Age: Institutions royales, 1958 -
books.google.fr). Capitations Nous nous bornerons Ă parler de deux capitations qui sont
établies sous Jean le Bon, en 1355 et 1356. Les Etats généraux tenus à Paris au
mois de mars 1355 accordent au roi une capitation qui sera payée par toutes
sortes de personnes, les princes du · sang, les ecclésiastiques pour leurs
bénéfices et pour leur patrimoine, les religieux et religieuses, les veuves,
les filles « qui sont chief » (qui n'ont plus ni père
ni mère), les enfants mariés ou non, lorsqu'ils ont des biens, les monnoyers, etc. Sont exempts : les enfants au-dessous de
quinze ans, qui sont en mainbournie, et qui n'ont pas
de biens ; les serviteurs Ă gages, gagnant moins de 100
sous par an ; les mendiants et les moines cloîtrés qui n'ont pas de bénéfice ;
les religieuses qui n'ont pas 10 livres de revenus ; enfin les femmes mariées. L'impôt est assis d'une manière bien étrange. Les personnes ayant un
revenu inférieur à 10 livres les « laboureurs et ouvriers vivant de leur
labourage les serviteurs et mercenaires
Ă gages, qui vivent de leur travail et qui gagnent au moins 100 sous paieront
10 sous ; les gens ayant de 10 Ă 40 livres de revenu, 1 livre ; de 40 Ă 100
livres, 2. Les personnes qui ont 100 livres de revenu paieront 4 livres. Enfin,
par chaque centaine de livres excédant la première, l'on ne devra plus que 2
livres. C'est, comme l'a dit Henri Martin, l'impĂ´t proportionnel Ă rebours. Le
soin d'asseoir et de percevoir le nouvel impôt est remis aux délégués des
États. Il y aura trois députés dans chaque ville, un de chaque ordre. Ces trois
députés seront assistés d'un receveur et d'un clerc. Ils nommeront dans chaque paroisse
des collecteurs qui iront dans les maisons « demander et interroger le vaillant
et l'état des personnes et des biens et qui recevront ce qui leur sera payé». Au
cas où la déclaration leur paraîtrait suspecte, ils «adjourneront ceux de qui ils feront doubte
par devant les trois députés de la cité» (art. 10). Les États tenus à Paris le quinzième jour de Pâques 1356
accordent au roi deux subsides. L'un des deux est une capitation. En
conséquence de la délibération des Etats, une ordonnance est rendue le 26 mai,
aux termes de laquelle ceux qui auront de 5 à 100 livres de revenu paieront le vingt-cinquième
de leur revenu ; les nobles qui auront 5.000 livres de rente, et les non-nobles
qui en auront 1.000 livres acquitteront le cinquantième de leur revenu. On
paiera le vingtième de la valeur des meubles. Les serviteurs et les mercenaires
gagnant 10 livres devront 10 sous ; ceux qui gagnent 5 livres, 5 sous au-dessous,
ils ne devront rien. Toutes personnes, excepté les gens d'Eglise acquittant les
décimes, seront assujetties à ce subside. A plusieurs reprises, la royauté et
les Etats généraux essaient d'établir une capitation. Le Journal d'un bourgeois
de Paris mentionne en 1438 une taille «étrange» ; c'est une capitation par
classes. En 1576, les Etats de Blois veulent Ă©tablir une capitation ;
l'opposition du tiers-état fait échouer cette tentative, car le clergé et la noblesse
proposent la capitation mais ne consentent pas à sacrifier leurs privilèges. La
capitation existe mĂŞme dans les colonies avant 1695 (Georges
Lardé, La capitation dans les pays de taille personnelle, 1906 -
books.google.fr). Les Etats réunis à nouveau en 1356 prononcèrent la
suppression des aides de l'année précédente sous la réserve des droits
exigibles, pour recourir à une capitation basée sur le revenu (ord. 12 mars
1356). Mais ce subside d'un nouveau genre trompa les espérances des Etats ;
puis, quelque temps après, le roi, malgré sa bravoure, fut fait prisonnier à la
désastreuse bataille de Poitiers. D'aussi graves événements suffisaient pour
motiver le rétablissement de la gabelle. Dès son retour de captivité, à la
suite du traité de Brétigny, afin de s'assurer les 400.000 écus d'or qui chaque
année, pendant six ans, étaient dus au roi d'Angleterre pour sa rançon, Jean le
Bon rétablit de sa propre autorité et sur de et sur de nouvelles bases l'impôt
sur le sel (édit du 18 déc. 1360). Après avoir exposé à ses sujets que des
impositions étaient préférables à l'altération des monnaies, il s'attribua le
monopole de la vente de cette denrée dans tout le pays de Langue d'oïl (Paul
Cochois, Etude historique et critique de l'impĂ´t sur
le sel en France, 1902 - books.google.fr). Typologie Le report de 1696 sur la date pivot 1358 (création du
royal d'or) donne 1020. A Cologne, les ministeriales ne doivent ni cens ni
tonlieu. En 1020 déjà , il semble que
l'exemption de capitation soit la règle pour les ministeriales de l'église
Saint-Adalbert à Aix-la-Chapelle (François
Louis Ganshof, Étude sur les ministeriales en Flandre et en Lotharingie,
Numéros 1 à 3, 1926 - books.google.fr). Dans le moyen âge, le mot ministerium
s'entend d'un office, et le mot ministerialis d'un
officier en général. Parmi les ministeriales ou ministériels, les uns étaient
ordinairement des hommes libres, ayant des emplois publics ou domestiques, soit
dans l'Ă©tat ou dans le palais du roi, soit dans les Ă©glises ou dans les
monastères; les autres, des hommes de condition servile, remplissant diverses
fonctions dans les maisons ou dans les terres des seigneurs. Sont nommés ministeriales du roi, et
doivent être rangés dans la première classe, les ducs, les comtes, les
gouverneurs, gastaldii, les vicaires ou viguiers, vicarii, les centeniers, centenarii,
etc. de même que les officiers supérieurs du palais, ministeriales capitanei palatiio, tels que l'apocrisiarius, capellanus ou custos palatii, le grand
chancelier, summus cancellarius,
le camérier ou chambellan, camerarius, le comte du
palais, le sénéchal, le bouteiller ou grand échanson, buticularius,
le connétable, comes stabuli,
le mansionaire ou grand maréchal des logis, mansionarius, les premiers veneurs, au nombre de quatre, et
le fauconnier; plus les autres officiers du palais subordonnés à ceux-ci,
savoir, l'huissier, ostiarius, le trésorier ou
caissier, sacellarius, l'Ă©comome
ou dépensier, dispensator, le garde-vaisselle, scapoarduso, le bibliothécaire, bibliothecarius,
etc. La qualification de ministériel du roi pouvait même être donnée à des
abbés ainsi qu'à des diacres. On retrouve dans les églises, dans les monastères
et dans les maisons des seigneurs plusieurs des officiers qui servaient dans le
palais du roi : tels que l'apocrisiaire, le camérier, le stabularius,
le cellerier, cellerarius,
qui répond au dispensator et au buticularius
dont nous avons parlé ; le sénéchal, senescalcus, le
bibliothécaire-archiviste, bibliothecarius ou armarius, le portier, portarius,
etc. (Benjamin
Edme Charles Guérard, Polyptyque de l'abbé Irminon ou Dénombrement des manses,
des serfs et des revenus de l'abbaye de Saint-Germain-Des-Prés sous le règne de
Charlemagne, Tome 1, 1844 - books.google.fr). La politique rhénane de la France au XVIIème
siècle Jacques de Cassan, «conseiller
du Roi et son premier avocat au siège présidial de Béziers», composa à la même
époque un ouvrage plusieurs fois réimprimé, qui porte ce titre suggestif : La Recherche des droits du Roi et de la
Couronne de France sur les royaumes, duchés, comtés, villes et pays occupés par
les princes étrangers, appartenant aux rois très Chrétiens, par conquêtes,
successions, achats, donations et autres titres légitimes. Ensemble de
leurs droits sur l'Empire et des devoirs et hommages dus a
leur couronne par divers princes étrangers. Le livre est dédié à Richelieu :
c'Ă©tait quelques mois avant sa mort. Cassan expose au
ministre que les titres juridiques de la Couronne doivent être de «puissants moyens»
entre ses mains. «pour relever les intérêts du Roi et
taire valoir les avantages que la Justice lui donne sur tant de sceptres
usurpés, ...nonobstant la longueur des années qui ont coulé depuis, et qui ne
peuvent prescrire les droits des Empires et des Souverainetés». Il ajoute : «Et ce qui est à observer, on voit au
Trésor des chartes de France quarante-huit traités laits entre les rois
Philippe de Valois, Jean, Charles
cinquième, sixième et septième, Louis onzième et les Électeurs de l'Empire,
tant deçà que delà le Rhin, et avec plusieurs autres princes d' Allemagne, par
lesquels ils s'avouent vassaux et hommes-liges des rois de France, jurent et
[n'omettent aux députés du Roi de le servir fidèlement en toutes guerres,
envers tous et contre tous, excepté l'empereur et les rois des Romains. Les uns
se nomment conseillers, les autres pensionnaires: et tous se reconnaissent vasseaux et hommes-liges de cette Couronne, hormis
l'archevêque de Trêves, électeur de l'Empire, qui ne se nomme que confédéré.
L'acte du duc de Gueldre et comte de Juliers, du mois de juin 1401, commence :
Ego devenio vassallus iigius Caroli régis Francorum, etc. Aussi, les princes de l'Empire se
reconnaissant vassaux des rois de France, se sont mis suis la protection de
leur Couronne, lorsqu'ils ont été presses et travaillés par les Empereurs, et
les ont reconnus pour leurs vrais et seuls protecteurs.» Rétablir dans son intégralité légitime le vaste royaume franc
fondé par Clovis et qui s'étendait à toute la Gaule, tel fut le programme
indéfectible de tous les rois de France à travers les siècles. Ils ne le
perdent jamais de vue, même au milieu d'autres entraînements comme les
Croisades, ou d'autres nécessités comme la reconstitution de la France pendant
la guerre de Cent ans : c'est la géographie et la tradition qui leur imposent
la «raison d'Etat» dont ils ne se départiront jamais. En toute occasion, que ce
soit Henri Ier, Philippe Auguste, Louis VIII, Philippe le Bel, Philippe de
Valois, Charles V, Charles VII,
Louis XI ils traitent d'usurpation la suzeraineté féodale du Saint-Empire
romain germanique sur la rive gauche du Rhin; sans relâche et sans compter ils
maintiennent à prix d'or el par des moyens diplomatiques, leur clientèle
secrète et toujours chancelante des seigneurs et des évêques rhénans ; ils
contractent avec eux des alliances politiques et matrimoniales, soudoient dans
ce pays des agents secrets, se tiennent a l'affût de
tous les incidents susceptibles de les faire rentrer en possession d'une
contrée qui fut le foyer originaire de la monarchie franque et française. Toutes les terres lorraines et cisrhénanes sont
considérées comme faisant partie du domaine inaliénable et imprescriptible de la
Couronne : de là découle la légitimité du droit de reprise. On applique même au
pays meusien, mosellan et cis-rhénan les principes
juridiques édictés pour remédier aux inconvénients de la constitution des
apanages princiers. Ceux-ci, d'après le droit féodal français, étaient destinés
Ă l'aire, un jour ou l'autre, retour Ă la Couronne; en aucun cas, il ne pouvait
y avoir aliénation perpétuelle et définitive (Ernest
Babelon (1854-1924), La grande question d'Occident. au pays de la Sarre;
Sarrelouis et SarrebrĂĽck, 1918Â -
archive.org). Au cours de la guerre de Trente ans, l'occasion parut favorable
à Richelieu, pour reprendre la politique rhénane de la Monarchie, «l'affaire
d'Austrasie». Bientôt, à l'exempte de l'archevêque-Electeur de Trêves,
ceux de Cologne et de Mayence, ainsi que le comte palatin et les autres princes
rhénans, subissant la pression des événements, assoiffés de tranquillité et de
paix, entraînés par les succès de nos armées, attirés par le prestige et
l'Ă©clat de la cour de Louis XIV, sollicitent Ă leur tour le protectorat,
l'alliance on l'assistance du roi de France ; c'est pour eux, comme on dit, «la
carte forcée» ; ils reçoivent des pensions annuelles, en échange de quoi Louis
XIV se fait donner le droit, pour les protéger efficacement, de mettre des
garnisons dans leurs forteresses et de veiller Ă la garde du Rhin. Le grand
fleuve était devenu la barrière militaire de la France par-delà ces petits
Etats-tampons ou Etats -clients qui Ă©taient, de fait, en marge de la Monarchie,
bien plus que partie intégrante du Saint-Empire. Et toujours, nos diplomates et
nos jurisconsultes ne poussent nos armées vers le Rhin qu'au nom de la
tradition monarchique, pour revendiquer des droits anciens trop longtemps
méconnus. Ce sont ces mêmes principes de droit public dont nous allons constater
l'application dans la reprise, par Louis XIV, des pays qui forment le bassin de
la Sarre. Louis XIV avait créé une Province française de la Sarre
qui subsista depuis 1672 jusqu'au traité de Ryswick, en 1697; elle s'étendait,
Ă l'est, sur tout le Westrich. depuis
le duchĂ© de Deux-Ponts jusqu'au comtĂ© de Veldenz et Ă
Merzig. Le régiment d'Alsace eut plus tard pour colonels, de père
en fils, les princes de Birkenfeld, comtes de Deux-Fonts,
de la famille de Bavière. A la fin du xvii siècle, c'était Chrétien III de
Bavière, prince de Birkenfeld. En août 1695, au mémorable siège de Barcelone,
le régiment d'Alsace, son colonel en tête, monta le premier à l'assaut et se couvrit
de gloire. Le chef de l'armée, le duc de Vendôme, témoin de cet héroïsme,
voulut faire éloigner le prince de Birkenfeld de la tranchée ; celui-ci refusa
: «Je tiens d'autant plus à rester à mon poste, dit-il, que la brèche est
défendue par les Allemands impériaux, commandés par mon cousin de Darmstadt ;
je veux leur montrer que les Allemands de France savent faire leur devoir.» (Ernest
Babelon (1854-1924), La grande question d'Occident. au pays de la Sarre;
Sarrelouis et SarrebrĂĽck, 1918Â -
archive.org). Politique monétaire en France à la fin du
règne de Louis XIV Le gouvernement français essaya aussi de restaurer ses
finances désorganisées. Les émissions de rentes multipliées et la défiance des
particuliers avaient fait tomber les dernières créations au denier 14, et
encore ne se plaçaient-elles que très difficilement. Des déplorables opérations
sur les monnaies avaient jeté partout la perturbation. En abaissant le marc
d'argent de 26 livres 15 sous à 29 livres 44 sous, on avait gagné, à la refonte
générale, une quarantaine de millions, de 1689 à 1695, ce qui indiquait qu'il
avait passé aux hôtels des monnaies environ 400 millions. On supposait qu'une
centaine de millions avaient été enfouis, ou refondus à l'étranger par des
spéculateurs. Pour enlever aux refondeurs étrangers
ce bénéfice, et sans doute aussi par un motif moins honnête, c'est-à -dire pour
recevoir en monnaie forte après avoir payé en monnaie faible, le gouvernement
releva la monnaie, en 1692 et 1695, de 29 liv. 14 sous Ă 27 liv. 18 sous le
marc d'argent ; puis, en septembre 1695, une nouvelle refonte générale fut
ordonnée, et la monnaie fut rabaissée de 27 livres 18 sous à 52 livres 6 sous
le marc. On ne peut expliquer la participation du duc de Beauvilliers
à de tels actes, qu'en excusant sa probité aux dépens de son intelligence, et
qu'en affirmant qu'il ne comprit rien aux opérations de PontChartrain.
La nouvelle refonte produisit moins de bénéfice qu'on ne l'avait espéré; elle
ne donna qu'environ 55 millions, de 1694 à 1697, une grande partie du numéraire
ayant été resserrée ou portée à l'étranger : ce triste profit était chèrement
acheté ! Par un contraste bien affligeant pour la France, un nouveau chancelier
de l'Échiquier (ministre des finances) anglais exécutait, en ce moment même,
une opération toute contraire : le chancelier de l'Échiquier Montague, conseillé par deux hommes qui devaient être la
plus Ă©clatante gloire de l'Angleterre, et qui appliquaient Ă la politique les
méthodes de la science, par Locke et Newton, faisait adopter par le parlement
une refonte des monnaies anglaises, non pour en diminuer le titre, mais pour en
changer la mauvaise fabrication, qui avait facilité la funeste industrie des
rogneurs, et pour en rétablir le poids, en faisant supporter la perte au
Trésor; ce sacrifice intelligent rétablit l'ordre dans les transactions et
ranima la confiance publique. En France, malgrĂ© les expĂ©dients, ou plutĂ´t Ă
cause des expédients employés par Pontchartrain, la détresse de l'Etat
croissait : les charges montaient, et le revenu net baissait d'année en année.
Le revenu net fut, en 1695, de 107 Ă 108 millions ; en 1694, de 102 Ă 105; et
il ne faut pas oublier que, vu l'abaissement des monnaies, 102 millions de 1694
ne représentaient plus à peine que 85 millions de 1689. Pontchartrain avait
continué ses ruineuses créations d'offices, parmi lesquels on remarque, en
1694, de nouveaux officiers des tailles et des gabelles, des gourmels de bière en Flandre, des colonels et capitaines
quarteniers héréditaires, à la place des quarteniers électifs, etc. A bout de mauvaises
ressources, le gouvernement français se trouva enfin forcé d'en venir aux
bonnes et aux justes, quoique bien incomplétement. Un
homme fata sous d'autres rapports Ă la France, mais
doué d'un vrai génie administratif, l'intendant de Languedoc, Basville, fit proposer par les Etats de Languedoc, en
témoignage de zèle pour le bien public, l'établissement d'
une capitation sur tous les sujets du roi, par feux et familles, de
quelque condition qu'ils fussent. Le Languedoc avait déjà donné l'exemple de
cette sorte d'impôt en plein moyen âge, au temps de la captivité du roi Jean.
Il y eut beaucoup d'opposition : Pontchartrain, qui n'avait pas hĂ©sitĂ© Ă
bouleverser les transactions par les changements des monnaies, et Ă jeter sur
la France des milliers de fonctionnaires parasites, comme une nuée de
sauterelles, hésita fort devant une mesure qui froissait des intérêts et des
préjugés puissants. Il se décida enfin : toute la population du royaume fut
divisée en vingt-deux classes, depuis le dauphin jusqu'aux paysans et aux
artisans. Les princes du sang, les ministres et les gros fermiers (fermiers
généraux) payèrent 2,000 franes ; le reste, en
proportion décroisssante (18 janvier 1695). Les
valets seuls étaient exempts. Les domestiques de Paris, humiliés d'être en
quelque sorte exclus du nombre des Français, réclamèrent le droit d'être
compris dans la capitation, tandis que les nobles, les privilégiés, murmuraient
contre l'obligation de payer. Les privilégiés ne se résignèrent que sur la
promesse de supprimer le nouvel impôt trois mois après la paix. La capitation,
appliquée avec une réserve timide, ne produisit guère plus de 21 millions par
an, et n'empêcha pas de renouveler les créations d'offices, les aliénations de
domaines, les émissions de rentes au denier 14. Tous ces expédients ne
relevèrent le revenu net que d'une dizaine de millions. Les tailles furent
diminuées de 5 millions, soulagement presque imperceptible pour les campagnes,
parmi tant de nouvelles charges. Louis XIV, n'ayant pu imposer la paix, s'Ă©tait
résolu, pour cette année, à garder partout la défensive (Henri
Martin, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789,
Tome 16, 1850 - books.google.fr). La diplomatie du louis d'or devient victorieusement concurrencée
par celle de la livre sterling car les disponibilités françaises sont de plus
en plus étroites en raison des charges militaires accrues, de la misère
intérieure croissante, en raison enfin des dépenses improductives de la Cour.
Après 1704, la dévaluation de la monnaie française se précipite. A cette
décroissance des subsides français, à ce prestige accru de l'or anglais, la
Suède, les princes allemands, l'Empereur devaient être particulièrement
sensibles. Outre-mer les Anglais qui ont déjà remplacé les Hollandais à la
Nouvelle Amsterdam et l'ont rebaptisée New York, vont s'emparer au Canada de
l'Acadie française, puis de Terre-Neuve. Ils commandent aux Antilles. Ils sont
au Portugal. Combattant Philippe V d'Espagne, prince français, les voici installés
à Gibraltar, puis à Minorque. Ils combattent, puis remplacent les Français sur
toutes les routes commerciales, dans tous les points de la stratégie économique
mondiale. Face à ce prodigieux essor, la France n'est pas sans défense et,
économiquement, intrinsèquement, elle est en moins mauvaise posture qu'on n'a
tendance Ă le croire. Mais sa puissance relative dans ce domaine est bien
moindre et elle n'arrive alors qu'en seconde place. A Utrecht, il fallut
conclure (André
Bourde, Louis XIV et l'Angleterre, XVIIe siècle, Numéros 46 à 49, 1960 -
books.google.fr). Politique monétaire en Alsace Le 9 juin 1657, l'intendant Colbert rend compte de ses
expériences au cardinal Mazarin : «J'envoye à V. E. le mémoire de ce que j'ay fait à la fonderie
des mines de Geromagny pour reconnoistre
ce que les escus de fin tiennent plus que les risdalles. L'épreuve qui a esté faitte de ces deux espèces en destail
et après en gros et que j'ay encore vériffié par une
seconde Ă Fribourg, fait voir clairement que chaque escu
(le fort compensant le faible) tient un grain de fin de plus qu'une risdalle. qui est deux sols et demy
denier de France ; de plus, le Roy a le même privilège que la Maison d'Autriche
de faire monnoie des risdalles
Ă deux grains moins par marc que les Eslats de
l'Empire ; cependant si on vouloit s'arrester au titre que les risdalles
doivent avoir suivant les constitutions de l'Empire et Ă celuy
des escus suivant le règlement du Roy, il se trouve
qu'un escu n'auroit de
valeur plus que les risdalles que 4 deniers monnoye de France, mais sy l'on
se conforme à Testât présent des monnoyes
d'Allemagne, il n'y a point de doute que les escus de
France ne s'exposans point dans tout l'Empire Ă un
plus haut prix que les risdalles, on trouveroit deux sols de proffit
en convertissant un escu en une risdalle,
sur quoy néantmoins il faudroit desduire les frais du
convertissement que l'on ne peut supputer, sy on ne scait la quantité que l'on voudra fabriquer...» L'intendant envisage le coût de cette fabrication,
dépenses «à faire en une seule fois» et frais ordinaires, en partant du
rendement des métaux précieux, poids de Cologne. Mais la fourniture des
matières premières dépend de la remise en état des mines, la fabrication
suppose la présence d'une main - d'œuvre spécialisée qu'il faut loger et payer,
Les frais sont élevés, le profit est minime : en Allemagne, le rapport
s'établit entre le rixdaler et l'écu blanc. La pénétration française tournera donc
autour de cette monnaie, Ă l'Ă©quivalence reconnue et facilement convertible.
L'intendant Colbert dresse un tableau de concordance et conclut : «On suivra le même ordre doresnavant
pour les recepttes et despenses
qui se font en Alsace parce que c'est la volonté de S. E.». Il renonce à la
fabrication envisagée et adapte ses recettes et ses paiements aux modalités
locales. La France se contente ainsi jusqu'en 1673 d'assurer la régularité du
marché monétaire sans participer à la fabrication des espèces qui circulent de
la même façon qu'avant 1648. On trouve seulement dans ce domaine deux textes législatifs
; l'un pris sous l'inspiration de l'intendant Colbert : le comte de Ribeaupierre, en 1663, ordonne Ă ses sujets de
Sainte-Marie-aux-Mines de ne se servir que de la monnaie rappe de Bâle et leur
fait défense de recevoir la monnaie de Lorraine et autre monnaie à un taux plus
élevé que celui officiellement fixé. L'autre texte est une lettre de
l'intendant qui invite le bailli de Ribeauvillé à faire publier dans toute l'étendue
de la Seigneurie le décri des plappart ou
demi-schillings, frappés au coin de l'évêché de Bâle et de l'abbaye de Murbach. Pour les moyens de payement, l'intendant utilise,
à côté des versements en espèces opérés dans le pays, les voitures d'argent que
la Cour lui fait parvenir. Les abbayes
princières de Munster et de Murbach permettent au Roi
de France de jouer un rĂ´le important dans le Saint-Empire. Leurs chefs ont le
droit de siéger aux diètes et assemblées publiques de l'Empire, leur immédiateté
a été réservé formellement par l'article 89 du traité de Munster, au même titre
que celle des évêques de Bâle et de Strasbourg, de la république de Strasbourg,
et de la noblesse de Basse-Alsace. La nationalité des abbés importe peu, «
possédant à juste titre un bénéfice dépendant immédiatement de l'Empire, ils
sont sensés naturalisés, traittés et recognus pour tels...». Les abbés de Murbach
et de Munster reçoivent les communications impériales «avec l'attache du grand
sceau de l'Empire» ; Munster acquitte les contributions matriculaires,
dont elle reçoit quittance. [...] La guerre entraîne la création, par le gouvernement
royal, d'un système financier extraordinaire ; la subvention n'est plus que la
moindre partie des impositions que paye la province : capitation - Kopfsteuer ou Kopfgeld -, rachats
d'offices, dons gratuits, épis du Rhin et contributions nécessaires à la
construction et à l'entretien des fortifications La capitation, instituée en
1695, produit en 1697 la somme de 546433 livres. Elle permet d'atteindre toutes
les classes de la nation : la subvention, essentiellement roturière, étant
regardée en Alsace comme personnelle, un taillable payait sa quote-part dans le
lieu de sa demeure, quoiqu'il eût des biens dans d'autres. La capitation touche
Ă©galement Strasbourg qui, de par sa capitulation, Ă©chappe Ă la subvention. Le
contrôleur général la trouve «très juste et très équitable». Supprimée le 1er
avril 1698, elle est rétablie en 1701 et rendue perpétuelle par la déclaration
du 9 juillet 1710. Mais elle ne remplit son objet que très imparfaitement par
suite des modalités d'application qui
brisent les distinctions entre les vingt-deux classes déterminées par la
déclaration du 15 janvier 1695 et leur substituent le régime de l'abonnement. Pour
la ville de Strasbourg, le Magistrat se charge de dresser les rĂ´les : en
1696, le produit s'en élève à 52085 livres, en 1701 la ville est taxée à 80000
livres réduites à 74000, par suite du désir de l'intendant de taxer lui-même
ceux qui, en ville, n'étaient ni bourgeois, ni manants. [...] Les intendants des Flandres s'efforcent d'attirer dans leurs provinces les espèces de Hollande, grâce à une plus-value donnée sur leur fourniture aux banquiers de Hollande, d'Anvers et de Lille. La politique monétaire que l'intendance a appliquée en Alsace a manqué de cette hardiesse. On peut en soupçonner la raison : «Nul pays plus que l'Empire ne pratique davantage le billonnage, rognage des espèces, multiplication des espèces de mauvais aloi». Les dévaluations successives ruinent les petites gens qui ne peuvent placer leur argent en Suisse, les détenteurs de revenus fixes dont le pouvoir d'achat s'amenuise, les salariés pour lesquels jouent de façon rigide taxes et règlements. La politique monétaire contribue ainsi, à la fin du règne, à l'augmentation de l'indigence et à la généralisation de la misère (Georges Livet, L'intendance d'Alsace sous Louis XIV, 1638-1715, 1956 - books.google.fr). Cf. « garantir » 1690 «répondre de la qualité
d'un objet vendu et s'engager à le maintenir en état de fonctionnement» (Furetière) (www.cnrtl.fr). Dans le
cas où c’est Aix (la Chapelle) symbole du Saint Empire germanique qui ne
garantit pas. Ou « garantir qqc. à qqn » : se porter garant de quelqu'un ou de quelque chose auprès d'un tiers : d'où « l'étrange belliqueux ne garantira pas Aix, Lutèce et Mouton auprès d'un tiers plus grand » ? Politique monétaire de l’Empire Finalement en 1690 un nouveau pied de Leipzig (mark à 12
thalers) fut adopté par les cercles du Rhin, de Souabe, de Franconie et de
Bavière, et en 1693 l'empereur l'introduisit dans ses États héréditaires. Mais
le Midi conservait son propre conservait son propre système de compte par
thaler et par gulden, et Lübeck et Hambourg gardèrent leur compte par mark
(l'ancien reichsthaler). Malgré une convention
d'adoption du pied de Leipzig dans l'Empire en 1738, les désaccords
persistèrent, notamment après la paix d'Aix-la-Chapelle de 1748. La Convention
de Fuss de 1753, entre la Bavière et l'Autriche,
adopta un rapport argent/or de 14 1 /7/1, et elle fut Ă©tendue, en 1764, Ă
l'exception de la Prusse et du Hanovre. Quant à la Prusse elle avait adopté en
1751 un pied de 21 reichsthalers ou 14 florins. En
matière de monnaie d'argent, c'est finalement le thaler qui domina l'expérience
monétaire allemande (Pierre
Tabatoni, Mémoire des monnaies européennes, du denier à l'euro, 1999 -
books.google.fr). La politique d'inflation menée par l'Empereur aboutit au même résultat pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Les princes d'Empire s'entendirent d'abord pour rétablir la monnaie sur des bases solides et aboutirent aux définitions de Leipzig du rixdale (Leipziger Fuss) tout en menant des négociations avec l'Empereur qui promulgua l'édit du 27 mars 1693. Le rixdale vaudrait désormais 2 florins rhénans, soit 120 kreutzer et le 1/4 de florin (Fünfzehner) 17 kreutzer au lieu de 15 tandis que l'importation d'espèces ne correspondant pas aux définitions de Leipzig était interdite. Les particuliers étaient invités à porter les pièces décriées à la monnaie, qui entreprit de frapper de nouvelles pièces à partir de 1695 (Jean Bérenger, Finances et absolutisme autrichien dans la seconde moitié du XVIIè siècle, 1975 - books.google.fr). Il est ici question de monnaie d’argent plutôt que de monnaie d’or. Mouton Parmi les frappes de monnaie sous le règne de Louis XIV,
en France, entre 1693 et 1701 1696 DEMI-CREUTZER et PFENNING, de 4 et 2 d. t., E; 48 et 96 ? au m. (gr. 5,099 et 2,55) - Frappés à Strasbourg pour l'Alsace, au
mouton (Delombardy,
Catalogue des monnaies françaises de la collection de M. Rignault comprenant
les monnaies royales et nationales d'argent, de billon et de cuivre depuis le
XIIe siècle jusqu'en 1848, 1848 - books.google.fr). La ville de Strasbourg monnaya des pfenning
jusqu'en 1693; ils ne furent retirés de la circulation qu'en 1722. On se servait enfin, dans cette
région, de la livre de compte de Bâle, dite «livre basler,
stebler (crosse) ou heller»,
divisée en 240 deniers stebler, et de la «livre colmarieane» qui valait la moitié de la livre basloise (Georges
Avenel, Histoire économique de la propriété: des salaires, des denrées, et de
tous les prix en général, depuis l'an 1200 jusqu'en l'an 1800, Tome 1, 1894 -
books.google.fr). La capitation de 1695 La capitation, créée en 1695 pour financer la guerre de
la Ligue d'Augsbourg, est d’abord instituée à titre temporaire. Elle devient
par la suite un impôt définitif et prend la forme, dans les pays d’oïl, d’un
impôt complémentaire à la taille personnelle. C'est un impôt original qui vise
à l'universalité, puisqu'en sont seuls exempts les ordres mendiants, les
pauvres et les taillables imposés moins de 40 sols. Les foyers sont imposés en
fonction d'un classement en 22 catégories, du premier tarif de 1695 de 2 000
livres pour la première classe à 1 livre pour la vingt-deuxième classe. C'est
un classement et une hiérarchie des Français de l'époque. Elle démontre bien
que la noblesse n'est pas une classe d'un seul tenant : les princes du sang
sont classés en première classe, les ducs en deuxième classe - les marquis,
comtes, vicomtes et barons en septième classe pour 250 livres et les
gentilshommes n'ayant ni fief ni château en dix-neuvième classe comme les
garde-chasses ou les commis distributeurs de lettres Ă la poste ils paient 6
livres. Cet impôt n'a jamais été universel et égalitariste : le clergé obtient
de le payer suivant ses propres modalités, par un don gratuit, préservant ainsi
son autonomie, tandis que les nobles sont certes imposés, mais après la
première capitation ils figurent sur des rôles distincts des roturiers, et sont
taxés pour des montants faibles. L'assiette et la perception de la capitation
sont assurées suivant le principe de la régie, de la même manière que la taille
(fr.wikipedia.org
- Histoire de l'impôt en France). Dans la cinquième
classe du tarif de la capitation de 1695, on comptait les maîtres des requêtes et les Gouverneurs des places frontières ;
dans la septième classe, les marquis,
comtes, vicomtes et barons (titre de noblesse) (Enghien,
La noblesse sous l'Ancien Régime, 2013 - cocyclics.tremplinsdelimaginaire.com). Les contribuables de la première, taxés à 2,000 livres,
sont : le dauphin, le duc d’Orléans, les princes du sang, le chancelier, les
ministres, les gardes du trésor, les trésoriers de l’extraordinaire des guerres
et de la marine, les fermiers généraux ; ceux de la seconde, taxés à 1,500
livres, sont : les princes, les ducs, les maréchaux de France, les officiers de
la couronne, le premier président du parlement de Paris, les gouverneurs des
provinces, les conseillers au conseil des finances, les intendans
des finances, les trésoriers des parties casuelles. Pour les classes suivantes,
l’impĂ´t s’abaisse successivement Ă 1,000 livres, Ă 500 livres, Ă 400 livres, Ă
300 livres, Ă 250 livres, Ă 200 livres, Ă 150 livres, Ă 120 livres, Ă 100
livres, Ă 80 livres, Ă 60 livres, Ă 50 livres, Ă 40 livres, Ă 20 livres. La
dix-huitième classe impose à 10 livres les capitaines de bourgeoisie, les
commissaires aux revues, les ingénieurs des places, les recteurs et chanceliers
des universités,.. etc.,..
les mesureurs de bois, les artisans des grandes villes tenant boutique et
employant des garçons, partie des fermiers et des laboureurs, partie des
vignerons, les maîtres d’hôtel,.. etc., et la
vingtième à 3 livres seulement, les lieutenans
d’infanterie, les médecins, chirurgiens, apothicaires des petites villes, les
notaires des bourgs et villages,.. etc...
partie des fermiers et laboureurs, partie des vignerons, les valets et les
femmes de chambre,.. etc…
Enfin, la vingt-deuxième et dernière classe, dont la contribution n’est que de
une livre, comprend : les soldats, les cavaliers,..
les simples manœuvres et journaliers, et généralement tous les taillables à 40
sous et au-dessus qui ne sont pas compris dans les classes précédentes, les
bergers, charretiers et autres valets,.. les servantes des petites villes (Adolphe
Vuitry, Les Abus du crédit et le désordre financier à la fin du règne de Louis
XIV, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 61, 1884 - fr.wikisource.org). Quatrain III, 15 Le Régent de ce quatrain pourrait être le futur Charles V
qui assure la régence de son père, Jean II le Bon, prisonnier des anglais, et dont le glorieux
règne fut tout contraire au sien. Typologiquement ce serait Philippe d'Orléans,
régent de France de 1715 à 1723. |